LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (13)
Un avertissement (v. 1-2)
Paul et les Corinthiens (v. 3-10)
Conclusion (v. 11-13)
Dans le dernier chapitre, l’apôtre revient encore une fois sur son intention de visiter les croyants à Corinthe. Il les avertit à l’avance que cette visite pourrait avoir de sérieuses conséquences. Il possédait, comme apôtre appelé du Seigneur, une autorité qui n’existe plus actuellement dans les assemblées. Cette autorité apostolique avait cependant été contestée à Corinthe, alors que les croyants avaient tous les motifs de la reconnaître. Paul revient finalement encore une fois sur ce point avant de leur souhaiter, comme il le fait habituellement dans ses lettres, la paix et la grâce.
Lorsque Paul parle de venir à Corinthe « cette troisième fois », il sous-entend son troisième projet, qu’il désire maintenant concrétiser (v. 1 ; comp. 12 : 14). Il avait dû renoncer à sa deuxième visite initialement projetée à cause de l’état de l’assemblée à Corinthe et l’avait remplacée par cette épître, dans laquelle il leur adresse tant de sérieuses exhortations. Lors de cette rencontre tout, y compris les péchés mentionnés dans le chapitre12 (v. 20-21), serait cependant clarifié, en accord avec les paroles du Seigneur Jésus (Matt. 18 : 16), avec l’appui des témoignages nécessaires et sans partialité. C’est là un principe fondamental dans toutes les questions qui peuvent surgir entre frères et sœurs et dans une assemblée. Soyons sur nos gardes contre tout jugement qui ne repose pas sur le témoignage de deux ou trois témoins fiables et fidèles. Les paroles « par la bouche de deux ou de trois témoins » ne peuvent guère se rapporter à la première visite et aux deux lettres de l’apôtre, vu qu’il s’agit du témoignage d’une seule personne.
L’apôtre répète et souligne encore une fois « comme si j’étais présent pour la seconde fois, et maintenant étant absent », qu’il n’épargnerait plus ni ceux qui avaient péché, ni tous les autres (v. 2 ; comp. 10 : 11 ; 1 Cor. 4 : 21). Il écrit comme s’il était venu une deuxième fois, bien qu’il ait alors été absent. Cette épître doit remplacer la deuxième visite.
Paul reprend une fois de plus la question de son appel et de son autorité comme apôtre. Puisque les Corinthiens cherchaient une preuve que Christ avait parlé par lui dans la prédication de la Parole de Dieu, il les somme de s’éprouver eux-mêmes. Si le Seigneur n’avait pas parlé par son moyen, ils ne seraient pas venus à la foi vivante, et Christ ne pourrait pas habiter en eux. Mais s’ils reconnaissaient que Christ était en eux, parce qu’ils l’avaient reçu par la foi, c’est qu’Il avait parlé par l’apôtre, car celui-ci avait été l’instrument de leur conversion. S’ils mettaient en doute l’apostolat de Paul, ils ébranlaient en même temps l’authenticité de leur foi. Or il n’existait pas le moindre doute à cet égard ni quant à eux ni quant à lui, bien qu’il ajoute cette réserve : « …à moins que vous ne soyez des réprouvés » (v. 5 ; comp. 1 Cor. 9 : 1-2). Le mot « réprouvé » (grec : adokimos) se retrouve dans d’autres passages tels que Romains 1 : 28 ; 1 Cor. 9 : 27 ; 2 Tim. 3 : 8 ; Tite 1 : 16 ; Héb. 6 : 8. Il ne s’agit donc pas seulement ici de la pratique, ou de la marche, mais de la question : sauvé ou perdu.
Les mots : « lui qui n’est pas faible envers vous, mais puissant au milieu de vous… », au milieu du verset 3, introduisent une parenthèse qui va jusqu’à la fin du verset 4. Paul y décrit son ministère, comme il l’a exposé au chapitre 12. On ne pouvait certes voir en lui et en ses compagnons d’œuvre que faiblesse et indignité, mais la puissance était en Dieu. Ainsi aussi Christ avait été crucifié en faiblesse, mais ressuscité par la puissance de Dieu (comp. Eph. 1 : 19-20). Si même leur service était caractérisé extérieurement par la faiblesse, en réalité la puissance de Dieu s’y manifestait - une puissance que les Corinthiens aussi avaient appris à connaître par la foi.
La pensée interrompue au verset 3 après les mots : « Puisque vous cherchez une preuve que Christ parle en moi », est reprise au verset 5 : « examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi… ». Ces paroles ne doivent pas être retirées de leur contexte, pour en déduire que le croyant doit continuellement s’examiner pour savoir si Christ est en lui !
Si toutefois les Corinthiens n’étaient pas des chrétiens, il en serait de même pour l’apôtre et ses collaborateurs, qui leur avaient annoncé l’évangile. C’est pourquoi ceux-ci espéraient qu’ils reconnaîtraient qu’ils n’étaient pas des réprouvés » (v. 6). Pourtant, ils ne se préoccupaient pas d’eux-mêmes, mais de la bénédiction des croyants à Corinthe. Paul prie pour qu’ils se détournent du mal, non afin qu’ils fassent ce qui est bon. Si ce but est atteint, il leur est indifférent, à lui et à ses compagnons d’œuvre, qu’ils soient jugés approuvés ou réprouvés (v. 7).
Ils ne connaissaient qu’un seul critère : la vérité de Dieu. Elle était la règle et le contenu de leur ministère et ils savaient qu’ils ne pouvaient jamais agir contre la vérité, mais que Dieu était avec eux uniquement quand ils s’en tenaient à cette vérité (v. 8). C’était seulement alors qu’ils avaient de la puissance morale et de l’autorité. Combien cela est sérieux pour nous qui, si facilement, pouvons nous éloigner de la vérité. Mais si cela est arrivé, il y a toujours une issue. Nous pouvons confesser notre manquement dans l’humiliation et la repentance. Ceci vaut aussi bien pour un individu que pour toute une assemblée.
Pour l’apôtre et ses compagnons, ce serait une joie de voir les croyants dans un si bon état spirituel qu’ils n’auraient pas besoin de faire usage de leur autorité, et ainsi ils pourraient être « faibles », car ce serait un signe que les Corinthiens étaient « puissants » (ou « forts », grec : dunatos). Le perfectionnement des saints, tel était le sujet de leurs prières (v. 9). Ce perfectionnement diffère de la perfection pratique que nous trouvons par exemple en Phil. 3 : 15 et Héb. 5 : 14. Dans ces passages, il s’agit du résultat de la croissance spirituelle, qui peut être aussi rendu par « adultes ». Le mot traduit dans notre verset par « perfectionnement » (grec : katartisis), est tiré d’un verbe qui a le sens de « remettre en ordre » ; il est rendu, par exemple, en Matt. 4 : 21 par « réparer » (les filets) et en Gal. 6 : 1 par « redresser ».
Quel enseignement pour tout serviteur du Seigneur, qui ne doit pas avoir peur d’appeler le péché par son nom, mais - contrairement aux chefs et aux grands de ce monde - jamais non plus se montrer autoritaire ou arrogant. Selon les paroles et l’exemple du Seigneur Jésus, seul celui qui, à l’égard de ses frères et sœurs dans la foi, se présente comme serviteur et esclave, c’est-à-dire dans la faiblesse, est réellement grand (Matt. 20 : 25-28 ; Luc 22 : 27).
Au début de cette épître, l’apôtre avait déclaré vouloir coopérer à leur joie, et non pas dominer sur leur foi (1 : 24). Maintenant, arrivé à la fin, il explique pourquoi il a dû leur écrire d’une manière parfois très ferme et même sévère. Il est animé du désir sincère de pouvoir renoncer le plus possible, lors de sa prochaine visite, à toute sévérité, et de pouvoir utiliser l’autorité que le Seigneur lui a conférée, non pour la destruction, mais pour l’édification des saints (v. 10 ; comp. 10 : 4, 8). C’est ainsi que se termine cette partie de sa lettre, commencée au début du chapitre 10, au sujet de son autorité comme apôtre.
Conclusion (v. 11-13)
Le vœu et encouragement final de l’apôtre pour les frères (c’est-à-dire tous les croyants) à Corinthe résume encore, en cinq exhortations, ce qui leur manquait tant :
- au lieu de la jalousie, de l’irritation et des disputes, il leur fallait se réjouir dans le Seigneur (comp. Phil. 2 : 18 ; 3 : 1 ; 4 : 4) ;
- au lieu d’être spirituellement des petits enfants, ils devaient se perfectionner (ou : se redresser) ;
- ils devaient être ainsi consolés (comp. v. 9) ;
- l’apôtre leur souhaite d’avoir un même sentiment ;
- il désire qu’ils vivent en paix - un point sur lequel ils avaient justement tellement manqué (comp. 12 : 20).
Le souhait de l’unité de pensée se retrouve dans presque toutes les épîtres de l’apôtre Paul aux assemblées, ce qui nous montre d’une part l’importance pour la vie d’assemblée, mais d’autre part le constant danger de la désunion : Rom. 12 : 16 ; 1 Cor. 1 : 10 ; 10 : 16-22 ; 12 : 20-27 ; Eph. 4 : 1-3 ; Phil. 1 : 27 ; Col. 3 : 14-15). Si cependant ils demeuraient dans l’harmonie et la paix, le Dieu d’amour et de paix les conduirait en toutes choses, les fortifierait et les affermirait, ce qui était impossible dans l’état dans lequel ils se trouvaient (v. 11).
La salutation finale commence par le souhait que les croyants à Corinthe puissent se saluer les uns les autres « par un saint baiser ». Une telle salutation signifie plus que simplement tendre la main droite en signe de communion (comp. Gal. 2 : 9) ; mais pour pouvoir être l’expression de l’amour fraternel, il faut cependant que ce baiser soit saint, ce qui veut dire pur et sincère (v. 12). En signe de leur communion pratique, tous les saints en Macédoine faisaient saluer les croyants à Corinthe (v. 13). Bien que la plupart des croyants à Corinthe et en Macédoine ne se soient pas connus personnellement, ils exprimaient de cette manière leur unité en Christ comme membres de son corps par le Saint Esprit.
Le dernier verset, qui est devenu dans la chrétienté la « formule de bénédiction et d’adieu » habituelle termine cependant d’une manière très appropriée toutes les exhortations de l’apôtre dans cette épître. « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ! » (v. 13). Paul leur souhaite l’accompagnement de « la grâce du Seigneur Jésus Christ », dont il jouissait lui-même journellement si abondamment (comp. 12 : 9), « l’amour de Dieu », qui se manifeste non pas seulement à l’égard des pécheurs perdus, mais d’une manière si particulière envers ses enfants, et finalement « la communion du Saint Esprit », non pas la communion avec le Saint Esprit, mais la communion avec le Père, le Fils et les autres enfants de Dieu, qui ne peut être produite que par l’Esprit et est toujours caractérisée par lui.
D’après A. Remmers