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Tite, un collaborateur de l’apôtre Paul

 
 Un croyant d’origine grecque appelé à servir Dieu parmi les nations 
 Associé et compagnon d’œuvre de Paul auprès des Corinthiens
 Son service difficile en Crète
 Quelques enseignements de l’épître à Tite 
 

            Il n’est pas parlé de Tite dans le livre des Actes, mais il ne faudrait pas en conclure que ce serviteur n’a pas été lié de bonne heure au ministère de l’apôtre Paul. Lors du concile de Jérusalem en Actes 15, il était présent: Paul l’avait pris avec lui (Gal. 2, 1). On trouve son nom une douzaine de fois dans les épîtres (2 Cor. 2, 13; 7, 6, 13, 14; 8, 6, 16, 23; 12, 18; Gal. 2, 1, 3; 2 Tim. 4, 10; Tite 1, 4).

 

Un croyant d’origine grecque appelé à servir Dieu parmi les nations

            Tite était Grec d’origine, donc incirconcis. Converti, il n’a pas été « contraint à être circoncis », malgré la pression des « faux frères ». Paul ne leur a pas cédé un instant, « afin que la vérité de l’évangile demeure avec vous », dit-il aux Galates (2 : 3-5). Nous ignorons quand, où, et dans quelles conditions Tite a été converti, mais il est probable que l’apôtre Paul ait joué un rôle lors de sa conversion et de ses premiers pas dans le chemin de la foi, puisqu’il l’appelle « mon véritable enfant » (Tite 1 : 4). Tite appartient donc à la première génération de chrétiens que Dieu, dans sa grâce, a tiré des nations. Vraisemblablement plus âgé que Timothée, il paraît plus aguerri que lui. Paul est moins inquiet de la façon dont les autres le traitent, qu’il ne l’est pour Timothée.
            L’apôtre avait Tite en haute estime. Dans la seconde épître aux Corinthiens, il l’appelle « mon frère » (2 : 13), et « mon associé et mon compagnon d’œuvre auprès de vous » (8 : 23). C’était l’homme de confiance qu’il pouvait charger de gérer une affaire d’argent. C’était aussi l’homme énergique et sage qu’il pouvait laisser en Crète pour mettre en ordre les choses qui restaient à régler (Tite 1 : 5).
            N’ayant pas subi l’influence juive, Tite connaissait mieux le climat qui régnait parmi les nations. Ainsi, il sera appelé à servir Dieu à Corinthe, en Crète et en Dalmatie – selon ce qui nous est rapporté. Tite savait bien de quelle manière les gens des nations étaient maintenus dans les ténèbres par leur culte idolâtre. Ce qu’il avait vécu lui-même lui permettait de mieux comprendre ce que pouvaient éprouver les nouveaux convertis, confrontés à de si grands changements dans leur manière de vivre (cf. 1 Pierre 4 : 3-4). Quand quelqu’un a souffert d’une maladie ou traversé une épreuve, il est plus apte à comprendre celui qui souffre de la même manière ; il peut lui apporter sa sympathie et son aide. Notre éducation et nos racines terrestres peuvent avoir une influence sur notre service. Et Dieu peut s’en servir pour le bien.
            Tite avait toutefois besoin – et chaque croyant aussi – d’acquérir personnellement des aptitudes lui permettant de servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable. Le Saint Esprit qui habite en nous peut former et entretenir des capacités d’ordre spirituel qui se développent. Ce travail de l’Esprit contribuera à modifier notre comportement vis-à-vis des autres. Son influence heureuse deviendra visible dans notre façon de répondre aux besoins de notre entourage et de contrôler nos réactions dans les situations difficiles qui ne manquent pas de surgir autour de nous. Laissons le Saint Esprit agir librement en nous. Une transformation progressive et inconsciente s’opérera peu à peu, nous rendant plus conformes à Christ.
            Tout montre, à la lecture des épîtres, que Tite était un chrétien dévoué, animé d’un amour profond pour Christ, travaillant avec courage et zèle pour lui. Il a été rendu capable d’aider les saints, en particulier à Corinthe et en Crète, en les entourant de ses soins et de son affection.

 

Associé et compagnon d’œuvre de Paul auprès des Corinthiens

            Paul a chargé Tite de l’aider à régler des affaires épineuses dans l’assemblée à Corinthe, et Tite s’y est employé avec zèle et clairvoyance.
            La première épître aux Corinthiens, relativement sévère, a été écrite en raison des multiples désordres qui s’étaient développés parmi eux. Après l’envoi de cette lettre, l’apôtre était inquiet, craignant qu’elle ne soit pas reçue dans les consciences et dans les cœurs. C’est alors qu’il a envoyé Tite à Corinthe.
            En Troade pour l’évangile du Christ, et bien qu’une porte lui soit ouverte dans cette contrée, l’apôtre n’a pas de repos dans son esprit parce qu’il ne trouve pas Tite, dont il attend avec impatience le retour (2 Cor. 2 : 13). Il part alors en Macédoine, où il ne connaît « aucun repos ». Il est « affligé en toute manière : au-dehors, des combats ; au-dedans, des craintes » (7 : 5). Mais Dieu lui apporte une immense consolation. Tite arrive auprès de lui et lui rapporte de bonnes nouvelles de Corinthe. Le cœur de l’apôtre déborde de reconnaissance : « Mais celui qui console ceux qui sont abaissés, Dieu, nous a consolés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais aussi par la consolation dont il a été rempli à votre sujet » (v. 6-7). La communion dans le service et dans la recherche des intérêts de Christ lie admirablement ces deux serviteurs. Tout comme l’apôtre, Tite s’était efforcé de venir en aide aux Corinthiens sur le plan spirituel. Son grand désir était de voir la gloire de Christ occuper les pensées et diriger les cœurs des croyants au milieu desquels il œuvrait. Paul rend le témoignage : « C’est pourquoi nous avons été consolés. Et au-delà de notre propre consolation, nous nous sommes encore plus abondamment réjouis de la joie de Tite, parce que son esprit a été apaisé grâce à vous tous. Car si, devant lui, je me suis glorifié en quelque mesure à votre sujet, je n'ai pas eu à en rougir ; mais comme nous vous avons tout dit selon la vérité, de même aussi ce qui a motivé notre sujet de gloire devant Tite s’est trouvé vrai ; et son affection pour vous augmente encore, quand il se souvient de votre obéissance à tous, et de la façon dont vous l’avez reçu, avec crainte et tremblement. Je me réjouis de ce qu’en toutes choses j’ai de la confiance à votre égard » (v. 13-16). Ce n’était certes pas facile d’aider les Corinthiens à accepter les exhortations de Paul, surtout lorsqu’il s’agissait de reproches.
            Ayant reçu les bonnes nouvelles que Tite lui apportait, Paul écrit aux Corinthiens sa seconde lettre, et renvoie auprès d’eux son compagnon d’œuvre (8 : 6). Il s’agit de les encourager à participer avec plus d’engagement aux collectes organisées en faveur de leurs frères pauvres de Judée, et au sujet desquelles l’apôtre leur avait déjà écrit à la fin de sa première épître (1 Cor. 16 : 1-3).
            Les Corinthiens avaient été « prompts à vouloir », mais il fallait qu’ils soient aussi « prompts à achever », et qu’ils agissent conformément à leurs bonnes intentions (2 Cor. 8 : 11). Bien qu’étant matériellement à l’aise, ils étaient loin de considérer, comme les Macédoniens, que c’était « une grâce » de pouvoir participer à cette action de bienfaisance – et de demander instamment, comme eux, le privilège d’y participer (cf. 8 : 3).
            Tite est donc chargé de les encourager à cet égard. Paul écrit à ce sujet : « Grâces soient rendues à Dieu qui a mis le même zèle pour vous dans le cœur de Tite ; car il a bien reçu l'exhortation, mais c'est avec plus de zèle encore qu'il est allé spontanément auprès de vous » (v. 16-17). Attaché à eux par un véritable amour fraternel, il désirait, comme l’apôtre, les servir quoi qu’il puisse lui en coûter (cf. 12 : 15). A la fin de l’épître, Paul rend encore ce témoignage remarquable : « J’ai fait appel à Tite et j’ai envoyé le frère avec lui. Est-ce que Tite s’est enrichi à vos dépens ? N’avons-nous pas marché dans le même esprit ? N’avons-nous pas marché sur les mêmes traces ? » (12 : 18).

 
Son service difficile en Crète

            L’apôtre écrit à Tite : « C'est pour cela que je t’ai laissé en Crète, pour que tu mettes en bon ordre ce qui reste à régler, et que, dans chaque ville, tu établisses des anciens, comme je te l'ai ordonné » (1 : 5). Nous ne savons pas ce qui a conduit l’apôtre à quitter la Crète, mais ce n’était probablement pas de gaieté de cœur qu’il avait laissé seul celui qu’il appelle « mon véritable enfant selon notre commune foi » (v. 4).
            Dieu allait se servir maintenant de Tite, ce serviteur auquel Paul pouvait faire confiance, pour achever une œuvre que l’apôtre aurait volontiers poursuivie lui-même. Le Seigneur peut-il se servir de nous à tout moment? Sommes-nous immédiatement disponibles, disposés à accepter même – en comptant sur le secours divin – de lourdes responsabilités ?
            Une nouvelle fois, Tite se trouve dans un environnement difficile ! Nous aimerions tous, de préférence, que tout aille pour le mieux, mais c’est rarement le cas.
            L’île de Crète est très montagneuse à l’intérieur, avec des pics culminant à plus de 2000 mètres. Pour se rendre en bateau de l’autre côté de l’île, il faut toute une journée. De plus, il était notoire que ses habitants portaient des traits de caractère peu plaisants. Il y avait parmi eux des personnes qui contredisaient l’enseignement de l’apôtre, des insubordonnés et de vains discoureurs – en particulier ceux de la circoncision (1 : 10).
            L’apôtre commande à Tite de leur « fermer la bouche » (v. 11). Ces personnes bouleversaient des familles entières, enseignant ce qui ne convenait pas, pour un gain honteux. « Quelqu’un d’entre eux, leur propre prophète, a dit : Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux » (v. 12). « Ce témoignage est vrai », reconnaît Paul, sans doute par expérience personnelle. Il recommande à Tite : « C’est pourquoi reprends-les sévèrement, afin qu’ils soient sains dans la foi, au lieu de s'attacher à des fables judaïques et à des commandements des hommes qui se détournent de la vérité » (v. 13, 14).
            Heureusement, Tite n’était pas de ceux qui abandonnent facilement le combat. La lettre de Paul était destinée à le soutenir et à l’encourager, et elle est bien à propos pour fortifier tout serviteur que Dieu appelle à un service éprouvant.
            Des difficultés particulières attendaient donc Tite, et nous pouvons comprendre qu’il devait nécessairement avoir une envergure particulière. Une réelle force de caractère était indispensable. Il devait être énergique et dévoué au Seigneur !
            Une des premières tâches que Paul lui confie est de nommer des anciens (1 : 5). Il lui fallait pour cela un bon jugement spirituel, afin de discerner ceux qui étaient en mesure de conduire le troupeau de Dieu. L’apôtre indique les caractères moraux nécessaires à l’accomplissement de cette tâche – particulièrement difficile au milieu des Crétois (v. 7-9). Tite devait aussi mettre en bon ordre les choses qui restaient à régler (v. 5). Que de mains lassées et de genoux défaillants à redresser, pour « que ce qui est boiteux ne se démette pas, mais plutôt se guérisse » et que les sentiers deviennent droits (Héb. 12 : 13) !
            Les difficultés qu’un serviteur doit affronter aujourd’hui ne sont pas très différentes de ce qu’elles étaient autrefois. Ne nous dérobons pas devant ces travaux, parfois laborieux et délicats, dont le Seigneur veut bien nous charger, à sa gloire.
            Il y avait beaucoup de travail pour Tite avant l’arrivée prochaine d’Artémas ou de Tychique dans l’île. Et il fallait que Tite s’empresse de rejoindre Paul à Nicopolis, où l’apôtre avait résolu de passer l’hiver (3, 12).

 
Quelques enseignements de l’épître à Tite

            « Exhorte de même les jeunes hommes à agir sagement, te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres » (2 : 6-7). Si un chrétien exhorte les autres – qui l’entendent et le voient – à faire ce qu’il ne pratique pas lui-même, ses paroles sont sans force. Ou même, elles ont un effet négatif. Paul dit à Timothée : « Sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté » (1 Tim. 4 : 12), et Pierre encourage les anciens à être « les modèles du troupeau » (1 Pierre 5 : 3).
            L’exemple des conducteurs est primordial. Tous ceux que Dieu appelle à remplir un tel service doivent s’appliquer à être des modèles, c’est-à-dire un exemple vécu et visible de ce qu’ils enseignent. Nos enfants, nos premiers et très exigeants observateurs, nous entendent parfois insister sur l’importance de certaines vérités de l’Ecriture. Notre conduite, qu’ils ne manquent pas d’observer, en est-elle l’illustration ? Ne soyons pas légers ou négligents à ce sujet, ni dans notre cercle de famille, ni dans nos relations avec nos voisins ou avec nos compagnons de travail. Nous sommes tous appelés à vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement et pieusement », en attendant la venue de notre Seigneur (Tite 2, 12, 13).
            Un encouragement particulier est donné aux esclaves, en dépit de leur humble condition sociale. En étant « soumis à leurs propres maîtres », en cherchant « à leur donner toute satisfaction », en « n’étant pas contredisant », en « montrant toute bonne fidélité », ils ont le magnifique privilège « d’orner à tous égards l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur » (2 : 9-10). Ayons à cœur d’orner, nous aussi, dans notre vie journalière, l’enseignement divin qui est l’objet de notre foi.
            L’apôtre enseigne Tite sur la façon de présenter la Parole, qui doit toujours être avec exactitude, sans y ajouter ni en retrancher quoi que ce soit. Il dit : « …faisant preuve, dans l’enseignement, de pureté de doctrine, de gravité, de parole saine qu’on ne peut condamner, afin que celui qui s’oppose soit confus, n’ayant rien de mal à dire de nous » (v. 7-8). Les besoins variés que nous rencontrons nous conduisent à adapter le message que nous transmettons – comme le Seigneur Jésus nous en a montré l’exemple – mais ce message doit être préservé dans son intégrité. Veillons à ne jamais « tordre les Ecritures », comme le font les « ignorants » et les « mal affermis » (2 Pierre 3 : 16).
            Sommes-nous préparés, par la prière en particulier, à écouter notre interlocuteur, à chercher à comprendre ses problèmes, sa souffrance ? Si nous nous montrons durs envers lui, voire pleins de suffisance, il se sentira facilement offensé, ou incompris. Quand nous manquons de douceur, de compréhension, nous ne pouvons pas aider, même si nous avons de bonnes intentions. A l’école de Dieu, apprenons à écouter les autres afin qu’ils puissent ressentir en nous une vraie sympathie.
            Il y avait aussi des choses à fuir : « Mais évite les folles recherches, les généalogies, les querelles et les disputes sur la loi, car elles sont inutiles et vaines » (3 : 9).
            Dans certains cas, Tite devait avoir une attitude courageuse et énergique, en s’opposant sans équivoque au mal qui aurait pu s’étendre. Aux « insubordonnés » et aux « séducteurs », il fallait « fermer la bouche » (1 : 11). Les menteurs et les paresseux devaient être « repris sévèrement » (v. 12-13). L’homme qui développait un parti devait être « écarté… après un premier et un second avertissement » (3 : 10). En fait, dans ces interventions sévères, Tite devait agir de la part de l’apôtre, comme étant son délégué. C’est pourquoi Paul lui dit : « Exhorte et reprends, avec toute autorité » (2 : 15) – une autorité qui n’appartient à personne aujourd’hui.
            Tout au long de cette épître, l’emphase est mise sur les bonnes œuvres. Certains de ceux qui professaient connaître Dieu étaient, « à l’égard de toute bonne œuvre, disqualifiés » (1 : 16). Tite devait lui-même être « un modèle de bonnes œuvres » (2 : 7). Christ nous a rachetés afin que nous soyons « zélés pour les bonnes œuvres » (2 : 14). Ainsi, ceux qui ont cru doivent être « prêts à toute œuvre bonne » (3 : 1) et même être « les premiers dans les bonnes œuvres » (3 : 8, 14).

                                                                                      Ph. L - Article paru dans le "Messager évangélique" (05-2012)