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ENRACINÉS ET ÉDIFIÉS EN LUI (7)

 
 

Le combat chrétien (suite)

                         
    Le monde

            « Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde » (1 Jean 5 : 4). Il a une nature et un principe qui surmontent les difficultés que le monde oppose à sa marche. Sa nature est la nature divine, car il est né de Dieu ; son principe est celui de la foi. La foi est insensible aux attraits que ce monde offre à la chair, et cela parce que cette nature a, complètement en dehors de ce monde, un esprit indépendant, un objet à elle qui la gouverne. La foi dirige ses pas ; or la foi ne voit pas le monde, ni ce qui est présent. Le monde n’a pas d’empire sur elle. Les affections et la confiance de cette nature sont fixées sur Jésus, qui a été crucifié. Ainsi, le croyant, détaché du monde, a le courage de l’obéissance et fait la volonté de Dieu.

            Mettons de côté tout ce qui est une perte pour nous ; il y a toujours un ver rongeur dans les choses de la terre auxquelles nos cœurs s’attachent encore si souvent avec ardeur. Il n’y a pas, pour la foi, d’autre « trésor » que le Seigneur Jésus dans le ciel (Matt. 6 : 21). Si nous Le négligeons, c’est qu’il n’a pas pris, dans nos cœurs, la place à laquelle Il a droit. Demandons instamment à Dieu qu’Il nous donne de pouvoir répondre à notre appel céleste. Quand le cœur est ainsi engagé avec le Seigneur en haut, de telle sorte que nos affections trouvent en Lui leur objet, il se produit tout naturellement un effet correspondant dans la marche : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées » (Luc l2 : 35). Il faut que nos reins soient ceints afin que, l’homme intérieur étant toujours sous le contrôle et l’autorité de la Parole, nous soyons gardés de la souillure de ce monde.

            Les choses célestes et les choses terrestres ne peuvent aller ensemble. Regarder en haut et en bas, avoir nos motifs dans le ciel et sur la terre en même temps, est impossible ; être tenté par les choses terrestres, avoir à les combattre, ce n’est pas les avoir pour objet. La raison toutefois de cette abnégation des choses d’ici-bas, se trouve dans notre position. L’apôtre Paul nous dit : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3 : 3). Telle est la précieuse et consolante vérité, à l’égard du chrétien, en vertu de ce que Christ est mort pour nous. Nous avons reçu la vie de Christ, et tout ce que Christ a fait pour nous dans cette vie, nous appartient.

            Christ et le péché ne peuvent cohabiter, et nous ne pouvons avoir sa présence avec l’amour du monde.

            Un chrétien céleste tient pour une honte toute marque du monde sur lui.

            Un cœur distrait est un fléau pour le chrétien. Quand le cœur est rempli de Christ, il n’a pas de place ni de désir pour les vanités du monde. Si Christ habite dans notre cœur par la foi, nous ne nous poserons pas la question si fréquente : Quel mal y a-t-il en ceci ou cela ? Nous nous demanderons plutôt : Est-ce que je fais ceci pour Christ ? Peut-il m’approuver en cela ? Si nous sommes en communion avec Lui, nous découvrirons facilement ce qui n’est pas selon Lui. Ne laissons pas le monde intervenir et détourner nos pensées.

            Ce qui nous empêche de nous réjouir, ce ne sont pas les difficultés du chemin, mais un cœur partagé. Quand un chrétien marche avec le monde, sa conscience lui fait des reproches, et s’il rencontre des chrétiens spirituels, il est malheureux en leur compagnie : de fait, il n’est heureux nulle part.

            Il est une marche aisée, un chemin facile de mondanité, et rien n’est plus triste que de voir un chrétien vivre tranquillement et confortablement, allant de l’avant, jour après jour, sans aucune dépendance du Seigneur.

            Tout signe du monde est un opprobre pour celui qui est céleste. Le principe de la mondanité est déraciné chez celui qui est mort et ressuscité avec Christ, et qui vit d’une vie céleste. La vie d’un ressuscité n’est pas de ce monde ; elle n’a pas de lien avec lui.

            Le croyant se montre infidèle à Christ en proportion de la communion qu’il entretient avec le monde. Nous sommes morts au monde et vivants avec Christ. Nous sommes à la fois participants de son rejet sur la terre et de son acceptation dans le ciel ; et la joie de cette acceptation nous fait compter pour rien l’épreuve qui se rattache au rejet.

            Qu’est-ce que le monde ? La Parole de Dieu le définit avec une parfaite précision : ce qui « n’est pas du Père » (1 Jean 2 : 16). Ainsi, plus ma communion avec le Père sera profonde, plus aussi mon discernement sera exercé à l’égard de ce qui est du monde. Plus vous vous réjouissez dans l’amour du Père, plus aussi vous rejetez le monde. Mais qui est-ce qui révèle le Père ? C’est le Fils. Et Il le fait par la puissance du Saint Esprit. C’est pourquoi plus je sais, dans la puissance d’un Esprit non contristé, m’abreuver dans la révélation que le Fils fait du Père, plus mon discernement de ce qui est du monde est juste. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas la convoitise de la chair » (Gal. 5 : 16). Marchez avec Dieu et vous ne marcherez pas avec le monde. Quel bonheur ce serait, si tous ceux qui font profession de sortir d’Egypte, s’en éloignaient véritablement et savaient bien reconnaître la croix et la tombe de Christ comme formant la limite entre eux et le monde.

            Qu’il est triste de voir des chrétiens rechercher les choses du monde ! Cela prouve clairement qu’ils sont « dégoûtés » de la manne céleste et qu’ils l’estiment être un « pain misérable » (Nom. 21 : 5). Ils servent ce qu’ils devraient mortifier. L’activité de la vie nouvelle est toujours liée au dépouillement du « vieil homme avec ses actions » (Col. 3 : 9) ; et plus ce dépouillement aura lieu, plus on désirera se nourrir du « véritable pain » (Jean 6 : 32), celui qui « soutient le cœur de l’homme » (Ps. 104 : 15).

            A quoi servons-nous si, dans notre marche, nous nous identifions à un monde qui a rejeté Christ ?

            Quand un chrétien a honte de confesser Christ (quelque part), la première chose qu’il doit examiner, est celle-ci : ne se trouve-t-il pas en un lieu et dans une compagnie où le chrétien devrait avoir honte de se trouver ? Paul considérait le monde comme une chose qui devait être clouée à la croix ; et le monde, en crucifiant Christ, avait crucifié tous ceux qui lui appartenaient.

            Notre association avec Christ nous ouvre le ciel et nous rejette hors de ce monde ; or, si nous faisons profession d’être du ciel sans que le monde nous rejette, cela prouve qu’il y a quelque chose de faux dans la position que nous avons prise.

            Il vaut mieux être attiré par les joies du ciel, que poussé en haut par les chagrins de la terre. Le croyant ne devrait pas attendre que le monde l’abandonne pour abandonner le monde ; il devrait laisser les choses de la terre, par la puissance de la communion des choses qui sont En haut. Quand, par la foi, on a saisi Christ, il n’est pas difficile de laisser le monde ; la difficulté alors serait plutôt de rester attaché au monde.

            Ce n’est que par la foi que nous pouvons surmonter le monde. L’incrédulité nous place sous la puissance des choses présentes, ou, en d’autres termes, donne au monde la victoire sur nous ; tandis que l’âme qui, par l’enseignement du Saint Esprit, a appris à connaître que Dieu suffit parfaitement, est entièrement indépendante des choses d’ici-bas. « La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (1 Jean 5 : 4).

 Les pires et les plus dangereux instruments de Satan sont des croyants possédant la vérité et en jouissant, peut-être, mais craignant l’opprobre et l’inimitié du monde. Reculer devant la croix, c’est renier le christianisme.

            La même œuvre qui a pour toujours enlevé nos péchés nous a retirés (littéralement : arrachés avec force) hors de ce « présent siècle mauvais » (Gal. 1 : 4). Les deux choses vont ensemble. Christ m’a non seulement délivré des conséquences de mes péchés, mais aussi de la puissance actuelle du péché ou des exigences et des influences de ce système que l’Ecriture appelle « le monde ».

 Ceux qui se disent chrétiens, tout en reniant leur appel et leur caractère célestes, ou en agissant comme s’ils étaient citoyens de ce monde, font un tort considérable à la cause de Dieu et au témoignage de Christ. Ils deviennent des instruments dont Satan sait tirer parti. Un chrétien indécis, partagé, est plus inconséquent qu’un mondain sincère ou qu’un véritable incrédule.

 
                        La Loi

            La Loi n’a rien amené à la perfection ; elle a été, du reste, mise de côté « à cause de sa faiblesse et de son inutilité » (Héb. 7 : 18-19). Elle a maudit les coupables et n’a pu en sauver aucun. Notre Sauveur a subi cette malédiction pour ceux qui croient en lui, afin que  la bénédiction nous parvienne « dans le Christ Jésus » (Gal. 3 : 13-14). La Loi est retournée au trône de Dieu, avec toute la gloire qu’elle a reçue, par la sanction que Dieu a fait reposer sur elle, par le jugement de notre divin Substitut, afin qu’au lieu de la malédiction que nous avions encourue, nous recevions la vie et le Saint Esprit, puissance de cette vie. Lorsque Christ a subi le jugement, nous avons été atteints nous-mêmes par ce jugement et devons le réaliser heure par heure, en portant la croix chaque jour. Ainsi la Loi qui s’adressait à l’homme pécheur, l’ayant condamné et maudit, n’a plus rien à nous dire, puisque nous avons été « mis à mort à la Loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts » (Rom. 7 : 4). Notre Sauveur ayant pris notre place sous le jugement, la Loi ne s’adresse plus à nous ; nous sommes délivrés de son autorité et de sa malédiction, et vivons d’une vie nouvelle de résurrection en Christ ressuscité, dans laquelle nous n’avons plus rien à faire avec la Loi. Ce n’est cependant pas que nous soyons sans loi quant à Dieu, mais nous sommes « légitimement soumis à Christ » (1 Cor. 9 : 21). Ainsi les justes exigences de la Loi se trouvent réalisées en ceux qui, sans être placés sous l’autorité et sous la malédiction de la Loi, ne marchent pas « selon la chair », mais « selon l’Esprit » (Rom. 8 : 4).

            La grâce dans laquelle nous sommes, ôte à la chair tout pouvoir sur nous. Si la Loi est la « puissance du péché » (1 Cor. 15 : 56), la grâce le rend impuissant. La Loi donne au péché de la puissance sur nous ; la grâce nous donne de la puissance sur le péché.

            Dieu a des exigences de sainteté et de justice que je suis appelé à remplir : c’est la Loi. Or, si celle-ci signifie que Dieu me demande d’accomplir certaines choses, l’affranchissement de la Loi signifie qu’Il ne me le demande plus pour mériter sa faveur, parce que, dans sa grâce, Il y a pourvu lui-même. La Loi signifie que Dieu me demande de faire quelque chose pour Lui ; la délivrance de la Loi signifie qu’Il m’exempte de le faire, parce que, dans sa grâce, Il le fait lui-même.

            Les exigences de Dieu n’ont pas changé, mais ce n’est pas nous qui avons à y répondre. Que Dieu soit loué ! C’est Lui qui a donné les commandements, et lui-même qui les accomplit.

            Tant que nous nous efforçons de faire quelque chose, Dieu ne peut pas agir pour nous.

            Quand nous abandonnons la partie, Dieu la prend en mains. Il attend que nous soyons à la fin de nos ressources et que nous ne puissions plus rien par nous-mêmes. Dieu a condamné tout ce qui est de la vieille création et, en la Personne de notre Seigneur Jésus, l’a clouée sur la croix. La chair ne sert de rien ! Si nous essayons de faire quelque chose selon la chair, nous rejetons « virtuellement » la croix de Christ. Dieu a déclaré que nous ne méritions que la mort. Lorsque nous le croyons réellement, nous confirmons le verdict de Dieu en abandonnant tout effort charnel pour Lui plaire.

            La vie chrétienne ne consiste point dans l’observation de certaines ordonnances, commandements ou traditions. Elle est une divine réalité. C’est Christ dans le cœur, et Christ reproduit dans la vie de chaque jour, par la puissance du Saint Esprit. C’est l’homme nouveau, formé d’après le modèle de Christ lui-même, et se révélant dans les moindres détails de notre conduite et de notre marche au milieu du monde, au sein de nos familles, dans nos transactions avec nos semblables, dans nos manières, notre humeur - en un mot, dans tout ce qui est nous-mêmes. Ce n’est point une affaire de profession ou de dogme, d’opinion ou de sentiment, mais une réalité vivante et incontestable. C’est la dépendance de Dieu établie dans le cœur, étendant sa domination bénie sur tout l’être moral, et répandant sa douce influence sur toute la sphère où nous sommes appelés à vivre. C’est le chrétien marchant sur les traces bénies de Celui qui « a passé de lieu en lieu, faisant du bien » (Act. 10 : 38), trouvant son plaisir à donner et à servir, toujours prêt à soulager et à sympathiser avec les cœurs affligés ou découragés.

            Je ne dis pas que l’autorité de la Loi se soit affaiblie ou ait cessé : ce que je dis, c’est que j’y suis mort. La Loi a de l’autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit, et ne peut en avoir plus longtemps (Rom. 7 : 1). Or je ne suis plus vivant dans la chair. Délivré, tout à fait hors d’elle, par la rédemption, je suis mort et ressuscité ; je suis « en Christ » (2 Cor. 5 : 17).

 

                                                                                              Marc Tapernoux