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LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (14)

  LES MINES (Luc 19 : 11-27)
     L'absence du Seigneur
     La mission confiée par l'homme de haute naissance à ses esclaves
     « Ses concitoyens le haïssaient »
     Le retour du maître et l'appel des esclaves
     Le méchant esclave

LES MINES (Luc 19 : 11-27)

            La parabole des mines de Luc 19 est distincte de la parabole des talents de Matthieu 25, même si elles se ressemblent beaucoup. Le Seigneur les a données à des moments différents et en des lieux différents : la première à Jéricho, et l’autre à la montagne des oliviers ; elles diffèrent aussi dans leur contenu.
            « Comme ils entendaient cela, Jésus ajouta une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et parce qu’ils pensaient, eux,  que le royaume de Dieu allait immédiatement paraître » (v. 11). Par cette parabole, le Seigneur Jésus avait l’intention précise de corriger l’espérance prématurée des disciples. Le fait d’arriver près de Jérusalem les renforçait dans l’idée que le royaume de Dieu allait bientôt paraître. Or si le Seigneur était près de Jérusalem, c’était qu’Il s’approchait de la croix, et non pas encore du règne de mille ans.



L'absence du Seigneur

            « Il dit donc : Un homme de haute naissance se rendit dans un pays éloigné, pour recevoir un royaume et revenir » (v. 12).

            Au début de cette parabole, le Seigneur Jésus se décrit comme un homme de haute naissance. Effectivement, Fils de Dieu par son origine, Il était fils de David, de lignée royale par Joseph selon la loi (Matt. 1 : 16).
            Ce voyage dans un pays lointain est sans aucun doute une allusion à sa résurrection et à son ascension. Bien que ces deux grands événements ne soient jamais positivement nommés dans les paraboles, ils en sont la base, sous des expressions variées : quitter sa maison, s’en aller, ou comme ici, d’entreprendre un voyage dans un pays lointain.
            En Luc 10, le bon samaritain « allait son chemin » - faisant allusion à Christ devenu Homme, dans « son chemin » descendant du ciel vers la terre. « Voici, je viens pour faire ta volonté » (Héb.10 : 9). Mais dans notre parabole, le Seigneur quitte la terre et monte au ciel. « Je viens à toi » (Jean 17 : 11).

            Sept paraboles décrivent l’état de choses en l’absence du Seigneur, chaque fois sous un point de vue différent - des événements qui auront lieu entre le temps du rejet du Roi et l’établissement final du règne de paix jusqu’alors différé.

               1 - Dans la parabole de la « semence qui croît », tandis que le propriétaire est absent jusqu’au temps de la récolte (Marc 4 : 26-29).

                 2 - Dans la parabole du « Roi qui fit des noces pour son fils » (Matt. 22 : 2-14) et dans la parabole parallèle du grand souper (Luc 14 : 16-24), ni le roi ni l’hôtelier ne sont présents parmi les invités. Le roi revient quand la salle des noces est remplie d’invités.

                 3- Le « bon samaritain » laisse l’homme tombé entre les mains des voleurs, pour un temps dans l’hôtellerie (Luc 10 : 30-37).

                 4 - En Marc 13 : 34-37, un homme quitte sa maison et voyage à l’étranger.

                 5 - L’époux sera ôté à ses compagnons (Matt. 9 : 15).

                 6 - Dans la parabole des « dix vierges », l’époux est absent, mais son retour approche (Matt. 25 : 1-12).

               7 - Les paraboles correspondantes des « talents » et des « mines » nous montrent le maître des esclaves absent pour longtemps (Matt. 25 ; Luc 19). Il est allé au ciel pour y recevoir un royaume de la part de Dieu, pas de la part des hommes ni dans ce monde. Ayant trouvé une croix ici-bas, il doit premièrement être honoré au ciel avant de recevoir aussi sur la terre l’honneur qui lui revient. « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père » (Luc 1 : 32), selon la prophétie de Daniel où nous voyons quelqu’un « comme un fils d’homme » venir vers l’Ancien des jours. « Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté » (Dan. 7 : 13-14).

            Cette introduction : « Un homme de haute naissance se rendit dans un pays éloigné, pour recevoir un royaume et revenir » établit ainsi clairement trois points :
                  - Le Seigneur Jésus aura un royaume visible, mais « maintenant son royaume n’est pas d’ici » (Jean 18 : 36) ; il est encore à venir.
                  - Il reçoit ce royaume dans le ciel de la part de Dieu.

                 - Le Seigneur reviendra (Il apparaîtra) en puissance et en gloire, comme Celui qui a reçu le royaume, c’est-à-dire comme « prince des rois de la terre » (Apoc. 1 : 5).
            Le fait
que l’homme noble aura un royaume est certain, mais le moment de sa réapparition est inconnu.

            Venons-en maintenant à ce qui se passe durant le temps intermédiaire entre son départ au ciel et son retour sur la terre.



La mission confiée par l'homme de haute naissance à ses esclaves

            Deux groupes de personnes sont décrites : les esclaves du maître, ensuite les citoyens du pays. « Il appela dix de ses esclaves, leur donna dix mines et leur dit : Faites-les fructifier jusqu’à ce que je revienne » (v. 13).

            Non seulement le contexte, mais aussi le nombre dix parle de responsabilité (« dix vierges », « dix commandements »). C’est ici la pensée principale : la responsabilité des esclaves vis-à-vis de leur maître. Chacun reçoit une mine de la part du maître, avec la mission de « les faire fructifier jusqu’à ce qu’il vienne ». Dans la parabole des talents de Matthieu 25, la pensée dominante est celle de la souveraineté de Dieu. Ici le maître donne la même somme à chacun des esclaves, mais la récompense sera différente suivant la façon dont chacun aura fait face à sa responsabilité.
            Le Seigneur attache manifestement à la « mine » une pensée différente de celle du « talent ». Les « talents » sont les dons spirituels particuliers que le Seigneur a conférés à ses serviteurs selon leur capacité. La « mine » représente la révélation et la connaissance de Dieu en Christ - une connaissance qui découle pour nous de la Parole de Dieu. Cette révélation de Dieu en Christ est un « capital » inestimable confié au même degré (une mine) à chaque disciple du Seigneur. Quand le Sauveur était ici-bas, Il a fait connaître Dieu, lui le Fils unique (Jean 1 :18) ; c’était une nouveauté absolue. Maintenant qu’Il est au ciel, Dieu veut utiliser ses esclaves dans le même but. Nous ne devons pas garder pour nous la révélation de la grâce de Dieu qui nous a été confiée. C’est une tâche merveilleuse que nous pouvons tous remplir de plusieurs manières. Une mère qui parle du Seigneur Jésus à son enfant, fait exactement ce dont il est question dans la parabole : elle fait fructifier sa « mine ». Chacun de nous, croyants, a une mine, qu’en faisons-nous ? N’est-ce pas quelque chose de grand que d’aider un autre à comprendre quelque chose de plus au sujet de Christ ?
            « Jusqu’à ce que je vienne ». L’expression en grec est différente de celle de 1 Cor. 11 : 26 ; elle signifie ici « pendant que je viens ». Tout le temps de l’absence de l’homme noble est considéré comme une seule époque pendant laquelle il vient. Il doit être attendu à chaque instant. Nous faisons notre travail dans la conscience heureuse que cette période d’attente peut prendre fin à chaque instant par la venue de notre Seigneur.



« Ses concitoyens le haïssaient » 

            « Or ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent après lui une délégation pour dire : Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (v. 14).

            La scène de la parabole s’élargit maintenant pour englober « ses concitoyens ». Les esclaves servaient leur maître, tandis que « ses concitoyens » le haïssaient, et malgré tout, il est dit de chacun d’eux qu’ils sont siens. Nous ne devons pas oublier que l’homme noble était supposé avoir un royaume. « Ses concitoyens » sont donc les Juifs, nettement distingués des disciples du Seigneur.
            La haine des « concitoyens » contre l’homme noble, s’est exprimée en crucifiant leur Messie. Aucune raison n’en est donnée, car il n’y en avait aucune : « Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15 : 25). Ils haïssaient Jésus bien que comme homme il fût de leur peuple et de lignée royale et bien que selon sa nature, il fût Dieu, le plus élevé de tous ceux qui demeuraient parmi eux.
            Mais ils firent plus. Ils envoyèrent une ambassade après lui pour dire : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Ceci s’est passé quand ils ont rejeté le témoignage rendu par Etienne au Seigneur glorifié, et qu’ils ont lapidé le fidèle témoin de Dieu (Act. 7). A ce moment-là, le Seigneur était prêt à revenir encore vers eux. Avant Etienne, Pierre avait justement encore appelé les Juifs à la repentance. Il avait promis des temps de rafraîchissement au cas où ils auraient suivi son invitation et se seraient convertis ; il avait ajouté que Dieu leur enverrait Jésus Christ qui leur était destiné (Act. 3 : 19-21). Cependant les Juifs rejetèrent le témoignage de Pierre comme celui d’Etienne. Non, ce peuple ne voulait pas que Jésus règne sur eux, et il ne le veut toujours pas aujourd’hui. Ils continuent à le haïr. Que fera-t-il finalement avec ces « concitoyens » qu’il désigne au verset 27 comme étant « ses ennemis » ? Ils seront jugés devant Lui quand Il reviendra en gloire et en puissance.



Le retour du maître et l'appel des esclaves

            « Et il arriva, à son retour, après qu’il eut reçu le royaume, qu’il fit appeler auprès de lui ces esclaves auxquels il avait donné l’argent, afin de savoir ce que chacun avait gagné en le faisant fructifier. Le premier se présenta et dit : Maître, ta mine a rapporté dix mines. Le maître lui dit : Bien, bon esclave, parce que tu as été fidèle en ce qui est très peu de chose, aie autorité sur dix villes. Le second vint et dit: Maître, ta mine a produit cinq mines. Il dit aussi à celui-ci : Et toi, sois établi sur cinq villes » (v.15-19).

            Quand l’homme noble aura reçu le royaume et reviendra, il ne se bornera pas à juger ses ennemis, mais il récompensera aussi ses esclaves. Ce sera un moment sérieux et sublime quand le Seigneur « fera les comptes » avec ses esclaves.
            « Maître, ta mine a produit dix mines » - on ne peut s’exprimer ainsi que si la mine se rapporte à la révélation de Dieu dans le Christ Jésus, et non pas à des dons de grâce conférés. La mine a, pour ainsi dire, produit quelque chose d’elle-même. L’esclave le reconnaît humblement. Il ne dit pas : « J’ai gagné… ».

            Dans sa réponse, le Seigneur parle de ce qui est « très peu de chose » : « parce que tu as été fidèle en ce qui est très peu de chose… ». Le Seigneur considère que le fait d’avoir assumé notre responsabilité est le petit côté des choses. Ce que nous, nous pouvons faire par fidélité est très petit. Ce qui est grand, c’est ce qui est dans le cœur de Dieu, et ce que Lui a fait et fait dans son Fils. Cependant dans la mesure où la grâce infinie de Dieu remplit notre cœur, nous sommes stimulés à être fidèles dans notre « petit » domaine.

            Les deux esclaves n’entendent pas la même parole d’approbation. Seul celui qui a les dix mines reçoit la parole de reconnaissance « Bien, bon esclave » ; le maître l’établit sur dix villes (des villes du royaume que le Seigneur aura reçu). L’autre, dont la fidélité a été moindre sera établi seulement sur cinq. Les deux conservent ce qu’ils ont acquis et en jouissent. Il n’est pas dit qu’ils aient à rendre les mines ; pensée consolante ! Mais la position des esclaves dans le royaume sera différente selon leur fidélité. Ce côté n’est pourtant pas le plus élevé comme on l’a déjà remarqué dans Matthieu 25, où l’on trouve l’invitation : « Entre dans la joie de ton maître ». Partager sa joie au ciel et en jouir sera quelque chose de plus grand que de régner avec lui sur la terre.



Le méchant esclave
 
              Après les deux esclaves fidèles, nous voyons paraître un « autre » esclave. « Puis un autre vint et dit : Maître, voici ta mine que j’ai mise de côté dans un linge ; car j’ai eu peur de toi, parce que tu es un homme sévère : tu retires ce que tu n’as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n’as pas semé » (v. 20-21).

            Ce méchant esclave a enfermé sa mine dans un linge, et s’est comporté ensuite comme s’il n’avait jamais reçu de « mine ». Quel mépris de son maître cela exprime ! Il n’est pas considéré par le Seigneur comme infidèle ou rebelle, mais comme méchant. C’est quelqu’un qui professe l’avoir pour Maître, qui accepte extérieurement la connaissance de Dieu qui lui a été accordée (c’est ce que signifie la mine), mais qui n’en fait rien, ni pour lui ni pour les autres. Il n’en a rien fait parce qu’il n’y attribue aucune valeur. C’est un capital inutilisé !
            L’esclave prétend qu’il vivait dans une crainte perpétuelle de lui. C’était faux car il ne craignait pas de refuser l’obéissance à son maître. Sa crainte n’était pas la vraie crainte de Dieu - celle de Lui déplaire.
            En outre, pour se justifier, il attribue hypocritement et faussement à son maître des caractères de sévérité, de dureté, de méchanceté. Le maître lui avait remis la « mine » en main propre ; comment pouvait-il prétendre qu’il n’avait rien « déposé » ? La vérité était que cet esclave ne connaissait ni n’aimait son maître. Il n’a éprouvé à aucun moment l’honneur qu’il y avait à ce que le maître veuille faire de lui un administrateur de ses biens.
            Avec cette fausseté et cet égoïsme, cet esclave est l’image de tous ceux de la chrétienté qui certes professent être à Christ, et prétendent Le servir, mais qui ne le connaissent pas et ne l’aiment pas. La manière dont on obéit montre si on l’aime ou pas. « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime » (Jean 14 : 21).

            « Il lui dit : Je te jugerai par ta propre parole, méchant esclave : tu savais que je suis un homme sévère, retirant ce que je n’ai pas déposé et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent à la banque, et une fois revenu, je l’aurais retiré avec l’intérêt ? » (v. 22-23).
            Ce méchant esclave se condamne par ses propres paroles, et il en est toujours ainsi. Le maître se place sur le terrain de son argumentation. Si elle avait été juste, il aurait au moins mis l’argent du Seigneur à la banque et le Maître, à son retour, aurait pu alors récupérer l’intérêt.
            Il y a une leçon pour nous tous. Peut-être nous sentons-nous incapables de travailler nous-mêmes avec les biens qui nous ont été confiés. Ne devrions-nous pas alors au moins penser que d’autres peuvent travailler et prier pour eux ?

            « Puis il dit à ceux qui étaient présents : Ôtez-lui la mine et donnez-la à celui qui a les dix mines. -Ils lui dirent : Seigneur, il a dix mines ! - Car je vous le dis : A quiconque a, il sera donné ; et à celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté » (v. 24-26).
            A l’inverse de Matthieu 25, le jugement du méchant esclave n’est pas mentionné ici. Il le subira en même temps que les ennemis du roi qui seront tués devant lui. Être dépouillé de sa mine ne signifie rien moins qu’être jeté pour toujours dans la mort et les ténèbres.
            On peut être surpris que la mine ôtée au méchant esclave soit donnée à celui qui avait déjà dix mines. Nous avons là un principe divin général, qui est aussi à appliquer aux enfants de Dieu : « A quiconque a, il sera donné ; et à celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté ». Quand la grâce et la révélation de Dieu ont suscité en nous une réponse d’amour, alors ce que nous avons et dont nous avons joui, non seulement ne nous sera pas ôté, mais il y sera ajouté de la grâce supplémentaire. Cela est déjà vrai aujourd’hui, et ce sera aussi vrai quand nous entrerons dans la gloire du royaume. Ce que nous avons gagné ici-bas ne sera pas perdu pour nous dans l’autre monde. Inversement, si la connaissance de Christ est une vérité sans effet sur notre conscience, tôt ou tard, le Seigneur ôtera une telle connaissance. Ainsi non seulement nous ne devenons pas plus riche, mais nous perdons même ce que nous croyons avoir. Ce que la chrétienté actuelle aura paru posséder lui sera enlevé et donné à ceux qui avait la réalité de la profession chrétienne.
 
            L’enseignement de la parabole des « mines » peut bien se résumer par cette parole de l’apôtre Paul : « Travaillant à cette même œuvre, nous aussi, nous vous exhortons à ne pas avoir reçu en vain la grâce de Dieu » (2 Cor. 6 : 1).
 
 

                                                             D’après Ch. Briem