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DANIEL, LE PROPHÈTE (12)

 
CHAPITRE 12

      La grande tribulation (v. 1-4)
      La conclusion des visions prophétiques de Daniel  (v. 5-13)


           
La grande tribulation (v. 1-4)

            Le premier verset de ce chapitre jette quelque lumière sur la question discutée à la fin du chapitre précédent : la fin du roi du nord (v. 45) est-elle le jugement final sur l'Assyrien ? Les termes : « Et en ce temps-là se lèvera Micaël » se réfèrent à la période des événements décrits au chapitre 11 (v. 36-45), parce qu'ils sont suivis par la déclaration que « ce sera un temps de détresse » - la période de douleurs indicibles pour les Juifs dans le pays avant l'apparition de Christ. Puis il est dit : « En ce temps-là ton peuple sera délivré », c'est-à-dire, comme nous le savons par d'autres passages, à la fin de la tribulation, et par conséquent après la destruction tant de l'Antichrist que de l'Assyrien.

                        L'action de Micaël

            Trois choses importantes sont contenues dans ce premier verset. La première, c'est l'action de Micaël. Nous avons appris par le verset 21 du chapitre 10 que cette intelligence supérieure avait une relation spéciale avec les Juifs dans la disposition du gouvernement providentiel de Dieu et que, par conséquent, il était appelé par l'ange s'adressant à Daniel : « Micaël, votre chef ». Nous apprenons maintenant que, quelles qu'aient été ses fonctions particulières jusqu'à cette époque, au moment indiqué par les premiers mots du verset 1 il commence à agir d'une façon énergique, intervenant avec puissance en faveur de la nation confiée à ses soins. Avons-nous un moyen quelconque de découvrir ce que sera l'action particulière signifiée par les mots : « En ce temps-là se lèvera Micaël » ? Si nous nous tournons vers Apocalypse 12, nous lisons : « Et il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le Dragon. Et le Dragon combattit, ainsi que ses anges ; mais il ne fut pas le plus fort, et il ne fut pas trouvé de place pour eux dans le ciel. Et... le grand dragon... fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui ». Et alors il y eut une grande explosion de joie au ciel, « car l'accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit, a été précipité » (v. 7-10). Sans doute avons-nous là le commencement de l'activité de l'archange, lorsqu'il se lèvera pour le peuple de Daniel.
            Cette conclusion est renforcée par le fait que le temps sans pareil de détresse suit cet événement, et cela s'harmonise avec ce que nous trouvons dans l'Apocalypse : « Malheur à la terre et à la mer ! car le diable est descendu vers vous, dans une grande fureur, sachant qu'il a peu de temps ». Et dans le verset suivant, nous lisons : « Quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il persécuta la femme (Israël) qui avait enfanté le fils mâle (Christ) » (Apoc. 12 : 12, 13). Remarquez en outre, car cela intéresse directement le sujet, que la femme est dotée de puissance pour échapper à son ennemi et est « nourrie un temps, des temps et la moitié d'un temps, loin de la face du serpent » ; et aussi que lorsque le dragon fut empêché de réussir dans sa tentative de détruire la femme, il fut irrité contre elle et « alla faire la guerre contre le reste de la descendance de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus » (Apoc. 12 : 14-17).
            Si cette interprétation est correcte, on comprendra sans difficulté la phrase suivante de ce verset.

                        La détresse de Jacob

            « Et ce sera un temps de détresse tel, qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation jusqu'à ce temps-là ». Il y a deux autres allusions remarquables à cette même période de souffrances et de tribulation. En Jérémie nous lisons : « Car ainsi dit l'Eternel : Nous entendons la voix de la frayeur ; il y a la peur, et point de paix. Demandez, je vous prie, et voyez si un mâle enfante. Pourquoi vois-je tout homme tenant ses mains sur ses reins comme une femme qui enfante, et pourquoi tous les visages sont-ils devenus pâles ? Hélas ! que cette journée est grande ! Il n'y en a point de semblable ; et c'est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé » (Jér. 30 : 5-7). Et le verset suivant décrit sa délivrance par le Seigneur lui-même, tout comme en Daniel le temps de détresse est suivi par la délivrance. Notre Seigneur a aussi parlé de cette période en ces termes : « Car alors il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais plus. Si ces jours-là n'avaient pas été abrégés, personne n'aurait été sauvé ; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24 : 21, 22). Pour prévenir toute possibilité d'erreur quant à l'époque de cette tribulation, le Seigneur la lie expressément avec l'établissement de « l'abomination de la désolation, dont il a été parlé par le prophète Daniel... dans le lieu saint » (v. 15). On se souviendra, d'après ce qui a été dit de la soixante-dixième semaine, lorsque nous avons considéré le chapitre 9, que cet événement se situe au milieu de cette semaine.
            Cette période de détresse est donc sa dernière demi-fraction - le « temps et des temps et une moitié de temps » du chapitre 7 : 25 ; le « temps déterminé, et des temps déterminés, et une moitié de temps » du verset 7 de ce chapitre ; et les 1260 jours ou quarante-deux mois de l'Apocalypse. Satan est l'instigateur de la détresse ; mais ses agents, comme nous l'apprenons ailleurs, seront les deux grands ennemis du résidu fidèle parmi les Juifs, les deux bêtes d'Apocalypse 13, et leur ennemi de l'extérieur, l'Assyrien. Mais si Satan est le principal auteur de toute la détresse que le peuple de Daniel devra traverser, souvenons-nous que Dieu s'en sert comme de Sa verge judiciaire pour punir son peuple de leur péché capital : le rejet de leur Messie. Restaurés dans leur pays, après la captivité de Babylone, quand l'accomplissement du temps fut venu, Christ vint et naquit à Bethléhem, selon la prédiction de leurs prophètes ; et son précurseur, Jean le Baptiseur, proclama sa venue ; mais quand Il « vint chez lui… les siens ne l'ont pas accueilli » (Jean 1 : 11) ; ils le refusèrent et le rejetèrent, allant même jusqu'à dire : « Nous n'avons pas d'autre roi que César » (19 : 15), et à accepter la culpabilité de sa mort, s'écriant : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Matt. 27 : 25). Dieu ne pouvait que châtier la nation coupable et ce « temps de détresse » est la période durant laquelle sa verge, quels qu'en soient les instruments, s'abattra en coups successifs et toujours plus lourds, jusqu'à ce que l'indignation soit accomplie.
            Mais au milieu de la colère, Il se souviendra de la miséricorde, car si ces jours-là n'avaient pas été abrégés, comme nous l'avons vu, personne n'aurait été sauvé ; mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés.

 
                        La délivrance de Juda et Benjamin

            « Et en ce temps-là ton peuple sera délivré : quiconque sera trouvé écrit dans le livre » (v. 1c). La période indiquée se situe évidemment à la fin du « temps de détresse ». Comme en fait nous l'apprenons par d'autres prophètes, ce sera au moment où tout espoir semblera avoir disparu, au moment précis où les mâchoires du lion rugissant seront prêtes à se fermer sur sa proie, que le Seigneur apparaîtra subitement pour secourir et sauver les pauvres et les affligés de son peuple (voir Zach. 12 à 14 ; Es. 25 et 26 par exemple).
            Il est intéressant de noter la distinction faite ici entre la masse de la nation et le résidu élu. Tous ne sont pas délivrés, mais « quiconque sera trouvé écrit dans le livre ». Il est donc très clair que Dieu a ses élus parmi son peuple terrestre, et aussi que ceux qui forment son peuple céleste sont les objets de son choix éternel en Christ. Ils sont également mentionnés dans l'Apocalypse, après le compte rendu de la conduite blasphématoire de la première bête du chapitre 13, comme « ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n'a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l'Agneau immolé ».
            Ainsi, dès la fondation du monde, non pas avant sa fondation comme dans le cas des saints célestes (Eph. 1 : 4), Dieu avait choisi ce résidu qui aurait à prouver son élection en refusant d'adorer l'image de la bête ; et c'est de ceux-ci que l'ange dit qu'ils seront délivrés. Certains en fait scelleront leur fidélité par le martyre, mais alors ils obtiendront une meilleure délivrance, car ils seront mis en réserve pour la bénédiction céleste, participant à la première résurrection. Mais qu'il en soit ainsi ou que, comme les 144 000 sur la montagne de Sion, ils aient à traverser le temps de détresse, tous seront rachetés de la main de leurs ennemis par la fidélité et la puissance de leur Dieu.

                        La délivrance d’Israël

            Le verset 2 est plus facile. « Et plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour être un objet d'horreur éternelle ». Souvenons-nous que pendant le « temps de détresse » seules deux tribus, Juda et Benjamin, sont dans le pays ; les dix autres seront perdues, comme elles le sont maintenant, parmi les nations ; et c'est à celles-ci que ce verset se réfère. Après que le Seigneur sera apparu et aura secouru le résidu fidèle en Juda et à Jérusalem (Zach. 12), Il établira son trône sur la montagne de Sion, et alors il rétablira son peuple perdu, comme nous le lisons dans le prophète Ezéchiel : « Je suis vivant... si je ne vous fais sortir d'entre les peuples, et ne vous rassemble hors des pays dans lesquels vous êtes dispersés... et si je ne vous introduis dans le désert des peuples, et là n'entre en jugement avec vous face à face !... et je séparerai d'entre vous les rebelles et ceux qui se sont révoltés contre moi... Et vous saurez que je suis l'Eternel, quand je vous aurai fait entrer dans la terre d'Israël, dans le pays touchant lequel j'ai levé ma main de le donner à vos pères » (Ezé. 20 : 33-42).      
            Eh bien, ce passage s'occupe exclusivement d'Israël - c'est-à-dire des dix tribus distinguées des Juifs (les deux tribus) ; et on verra, si on le considère attentivement, qu'il parle de deux classes : l'une qui sera ramenée dans le pays pour la bénédiction, et l'autre qui sera jugée dans le désert. C'est de ces deux mêmes classes que parle le verset 2. Toutes les deux sont vues comme dormant dans la poussière de la terre pendant le temps où elles sont perdues et dispersées parmi les nations ; mais lorsque le Seigneur « enverra ses anges avec un grand son de trompette » pour rassembler « ses élus des quatre vents, d'une extrémité des cieux à l'autre » (Matt. 24 : 31), tous seront réveillés ; les uns, comme nous le lisons ici, pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour être un objet d'horreur éternelle. On trouve le même contraste dans le jugement des nations vivantes, d'entre lesquelles certains s'en iront dans les tourments éternels, et d'autres, dans la vie éternelle (Matt. 25 : 31-46). Ce dernier passage est important en ce qu'il montre que les saints terrestres pendant le Millénium jouiront de la vie éternelle, non pas du même caractère que celle que possèdent les chrétiens, mais selon la révélation que Dieu fera de Lui-même à son peuple de cette dispensation. Ce sera la « vie pour l'éternité » dont David parle dans le Psaume 133 comme caractérisant la félicité millénaire.
            Certains se demanderont toutefois si ce verset 2 ne parle pas plutôt de la résurrection. Deux considérations montreront, à notre avis, que tel n'est pas le cas ; et que l'interprétation donnée plus haut est selon l'enseignement de l'Écriture. D'abord, l'image du « réveil » est constamment employée dans un sens moral dans l'Ancien Testament (voir Es. 51 : 17 ; 52 : 1…) ; et même dans le Nouveau Testament, elle est employée d'une manière très frappante. L'apôtre, par exemple, écrivant aux Ephésiens, dit : « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Eph. 5 : 14) ; personne ne saurait mettre en doute le sens figuratif dans ce passage. Secondement, le prophète Ezéchiel se sert de l'image de la résurrection manifestement dans le sens d'un rétablissement national. Nous disons « manifestement », car l'application que fait le prophète lui-même montre incontestablement de quoi il s'agissait (voir Ezé. 37 : 1-14).
            Ce que nous apprenons donc, c'est que Dieu, d'une manière spéciale et extraordinaire, réveillera son peuple dispersé de la léthargie dans laquelle il est tombé, et allumera une fois encore dans leurs cœurs l'attente de l'accomplissement des promesses prophétiques concernant leur restauration et leur bénédiction sous le règne de leur Messie. Mais parallèlement au réveil de leurs espérances nationales, Dieu, en vue de leur restauration, séparera d'entre eux les rebelles, de sorte qu'il sera littéralement vrai que certains se réveilleront pour la vie éternelle et certains pour l'opprobre, pour être un objet d'horreur éternelle.

 
                        Les sages

            Le verset 3 parle, à notre avis, de la classe mentionnée au chapitre précédent (v. 33), seulement ici il se peut qu'ils soient divisés en deux classes : les sages et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude... Cette dernière expression indique le témoignage puissant suscité par Dieu au milieu des Juifs pendant la dernière demi-semaine, lors de la manifestation de la puissance de Satan sans frein ni obstacle. Même alors il y en aura certains, choisis et soutenus par Dieu, qui, ne se laissant pas arrêter par les terreurs des temps, maintiendront courageusement l'autorité de la Parole de Dieu et chercheront inlassablement à amener « la multitude » sous son influence et sous sa puissance. Lorsque le royaume sera établi, quelles qu'aient été leurs souffrances, ou même leur   martyre, « couronnement » de leur témoignage, leur service passé sera reconnu et ils occuperont une place spéciale. Les sages, ayant eu la pensée de Dieu et ayant été doués d'une sagesse divine, brilleront comme la splendeur de l'étendue ; ils seront manifestés de façon visible comme jouissant de la faveur spéciale de Dieu. Ceux qui ont enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à toujours et à perpétuité ; il leur sera donné une place d'autorité et de dispensateur de lumière pendant toute la durée du royaume (comp. Luc 19 : 15-19).

 

                        Le livre scellé

            La révélation donnée par le visiteur céleste de Daniel est maintenant achevée ; et il reçoit le commandement : « Et toi, Daniel, cache les paroles et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Plusieurs courront ça et là ; et la connaissance sera augmentée » (v. 4). Il a souvent été remarqué, en contraste avec cette instruction à Daniel, qu'il est dit à Jean, à la fin du livre de l'Apocalypse, de ne pas sceller « les paroles de la prophétie de ce livre » ; et la raison est donnée : « le temps est proche » (Apoc. 22 : 10). Cela explique la différence entre les positions occupées respectivement par Daniel et par Jean. Le temps n'était pas proche pour Daniel, aussi son livre devait-il être scellé jusqu'au temps de la fin. Si l'on demande comment il est possible que nous possédions le moyen de comprendre ce qui devait être scellé « jusqu'au temps de la fin », la réponse est que cette période est déjà arrivée pour les chrétiens. Paul parle des « derniers jours » et Jean, de la « dernière heure » (2 Tim. 3 : 1 ; 1 Jean 2 : 18). La mort de Christ qui, en fait, a pris place « en la consommation des siècles » a inauguré le temps de la fin ; et d'autre part pour les vrais chrétiens, possédant le Saint Esprit, il n'y a rien de caché (Jean 16 : 13 ; 1 Jean 2 : 20). Par l'Esprit de Christ donc, « le temps de la fin » étant arrivé, le livre de Daniel n'est pas scellé pour nous ; et si nous ne comprenons pas ce qui lui a été communiqué, c'est soit parce que nous ne sommes pas dans l'état d'âme qui donne l'oreille ouverte et l'entière soumission à la parole divine (voir Es. 50 : 4, 5), soit que nous n'avons pas porté une attention sérieuse à ce qui a été révélé.
            La constatation que plusieurs courront ça et là et que la connaissance sera augmentée, semblerait donner les caractéristiques de la période entre les jours de Daniel et « le temps de la fin ». Combien cela est vrai de l'époque actuelle ; et jusqu'à la venue du Seigneur, cela sera encore davantage démontré.

 
 
La conclusion des visions prophétiques de Daniel  (v. 5-13)

                        La vision de deux anges au bord du Tigre

            Daniel est toujours au bord du fleuve Hiddékel et il nous dit : « Et moi, Daniel, je regardai ; et voici deux autres personnages qui se tenaient, l'un deçà, sur le bord du fleuve, et l'autre delà, sur le bord du fleuve. Et il dit à l'homme vêtu de lin qui était au-dessus des eaux, du fleuve : Jusques à quand la fin de ces merveilles ? » (v. 5-6). La réponse explique la question. L'homme vêtu de lin « leva sa main droite et sa main gauche vers les cieux, et jura par Celui qui vit éternellement que ce serait pour un temps déterminé, et des temps déterminés, et une moitié de temps ; et lorsqu'il aura achevé de briser la force du peuple saint, toutes ces choses seront achevées » (v. 7). De part l'introduction de la période familière, « un temps déterminé, et des temps déterminés, et une moitié de temps », c'est-à-dire la dernière demi-semaine, nous comprenons que la question avait trait à la durée du « temps de détresse » mentionné au verset 1. La réponse établit qu'elle est limitée à trois ans et demi, ou 1260 jours. La dernière partie de la réponse établit aussi que lorsque Dieu aura rassemblé son peuple dispersé, après avoir accompli ce qu'Il s'était proposé en les dispersant - c'est là la force, à notre avis de cette phrase, quelque peu difficile -, toutes ces choses seront achevées. Deux choses sont ainsi révélées :
                      - la période de tribulation ne s'étendra pas au-delà de la demi-semaine ;
                      - à la fin de celle-ci, ayant secouru la partie de son peuple déjà dans le pays, Dieu rassemblera tout son peuple rejeté de tous les lieux où ils ont été dispersés.

            Ces deux choses sont confirmées par un serment divin - un des deux actes irrévocables, dans lesquels il est impossible que Dieu mente (Héb. 6 : 18) - car une comparaison de ce passage avec Apocalypse 10 : 5-7, mènera infailliblement à la conclusion que Celui qui profère ce serment est plus qu'un homme.

                        Repos et bénédiction pour Daniel

            Daniel entendit, et ne comprit pas ; il dit alors : « Mon Seigneur, quelle sera l'issue de ces choses ? » (v. 8). Il lui est rappelé que « ces paroles sont cachées et scellées jusqu'au temps de la fin » ; puis une autre communication est faite : « Plusieurs seront purifiés et blanchis et affinés ; et les méchants agiront méchamment, et aucun des méchants ne comprendra ; mais les sages comprendront » (v. 10). Il est évident que la référence est de nouveau au « temps de détresse » de la dernière demi-semaine. Nous apprenons que le Seigneur prendra les souffrances et les épreuves de ce temps et s'en servira comme d'une discipline nécessaire pour ceux qui s'attendent à lui - son résidu fidèle au milieu de la méchanceté et de l'apostasie qui les entoureront. Quelles que soient leurs souffrances, « plusieurs seront purifiés et blanchis et affinés » (v. 10). C'est selon ce principe que Dieu agit toujours, comme l'apôtre aussi enseigne que Dieu nous discipline « pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12 : 10). Mais si Dieu purifie ainsi son peuple de ses scories, les méchants - les méchants d'entre les Juifs, selon nous - « agiront méchamment ». Sous la conduite de l'Antichrist, ils « pécheront avec fierté », rejetteront tout frein et tomberont dans l'apostasie ouverte et reconnue.
            La dernière partie du verset fait allusion au verset 8, où Daniel dit qu'il ne comprit pas ; et là, nous avons un principe d'une importance constante. Cela nous donne la condition indispensable pour comprendre les choses divines comme elles sont révélées dans la Parole de Dieu. Il est dit : « Aucun des méchants ne comprendra ; mais les sages comprendront ». Il peut y avoir le témoignage le plus clair, mais si le cœur, éloigné de Dieu, est incliné à la méchanceté, il ne le comprendra pas. Ce qui, pour les enfants de Dieu, est la lumière la plus pure, sera l'obscurité la plus dense pour les pécheurs parmi la nation. Le sage seul comprendra ! Souvenons-nous toujours que « la crainte de l'Eternel est le commencement de la sagesse » (Ps. 111 : 10). Christ, dans le temps présent, est la seule sagesse des siens. Il est bon de s'en souvenir maintenant surtout où les Ecritures de vérité sont attaquées avec persistance, pour ne pas dire avec virulence, par des hommes de science et de grande puissance intellectuelle. « Personne ne connaît les choses de Dieu... si ce n'est l'Esprit de Dieu » (1 Cor. 2 : 11). « L'homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car pour lui elles sont folie ; et il ne peut pas les connaître, parce qu'elles se discernent spirituellement » (v.14). Personne, sinon les sages, les spirituellement sages, ne peut, en aucune dispensation, entrer dans la pensée de Dieu, si clairement qu'elle soit révélée dans sa Parole.
            C'est sur la base de ce principe, en réponse à la question de Daniel : « Mon Seigneur, quelle sera l'issue de ces choses ? » (v. 8), que « l'homme vêtu de lin » donne de nouvelles révélations au prophète. Il lui dit maintenant dans le langage le plus formel que, « depuis le temps où le sacrifice continuel sera ôté et où l'abomination qui désole sera placée, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours » (v. 11). C'est ce passage que notre Seigneur cite en Matthieu 24 pour ce qui concerne l'abomination de la désolation ; au chapitre 9 : 27, nous avons vu que ces choses auront lieu au milieu de la soixante-dixième semaine ; et s'il en est ainsi, il ne restera plus que 1260 jours pour que ces semaines prophétiques soient achevées. Mais ici, trente jours sont ajoutés. Est-il possible d'en expliquer la raison ? Rien de sûr ne peut être affirmé ; mais il est clair, d'après de nombreuses références tant dans ce livre que dans l'Apocalypse, que les 1260 jours déterminent la durée du « temps de détresse », qui prendra fin par l'apparition de Christ. A sa venue en gloire, la bête et le faux prophète sont capturés et jetés vivants dans l'étang de feu (Apoc. 19 : 20). Il sortira et combattra les nations qui, à ce moment, assiégeront Jérusalem. Il y a donc plusieurs événements importants qui suivront la fin de la dernière demi-semaine et prépareront l'établissement du trône du Messie en Sion ; il est possible que ce soit la raison des trente jours supplémentaires. Il y a cependant encore quarante-cinq jours de plus : « Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours ! » (v. 12). La forme même dans laquelle cette période supplémentaire est introduite indique évidemment le plein établissement de la bénédiction dans l'ordonnance du royaume. Nous citerons sur ce point les paroles d'un auteur connu : « Je pense qu'il est possible que ce calcul provienne de ceci : un mois intercalé, ajouté aux douze cent soixante jours, ou trois années et demie, puis quarante-cinq jours, si les années étaient des années ecclésiastiques, nous amèneraient à la fête des tabernacles ; mais je ne prétends pas avoir une opinion sur ce point. Quoi qu'il en soit, il nous est positivement dit que, alors, le sanctuaire de Dieu à Jérusalem sera purifié ». Il est clair, d'après le chapitre 9 : 24, que la période inclut l'onction du saint des saints. Si donc les trois années et demie, 1260 jours, déterminent la durée du temps de détresse, une autre période pourrait être indiquée ainsi pour l'introduction de la pleine bénédiction. Si le lecteur veut bien se reporter à Lévitique 23, il comprendra la portée de la remarque quant à la fête des tabernacles ; il constatera en effet que c'est la dernière du cycle des fêtes - une fête qui devait célébrer le repos d'Israël et sa possession du pays, après avoir erré dans le désert ; une fête, par conséquent qui, jusqu'à présent, selon l'enseignement d'Hébreux 3 et 4, n'a pas eu d'accomplissement complet. Elle attend sa réalisation selon les pensées de Dieu, lorsque le vrai Salomon, après avoir, comme le vrai David, exécuté le jugement sur ses ennemis, donnera le repos à son peuple, quand ils puiseront de l'eau avec joie aux fontaines du salut (Es. 12 : 3 ; comp. Jean 7 : 37).
            Mais Daniel n'entre pas dans cette scène de joie millénaire. Il est occupé des temps des Gentils jusqu'à la délivrance de son peuple. Il était réservé à d'autres prophètes de parler de l'établissement du royaume et des bénédictions du règne du Messie. Il est remarquable combien peu nombreux sont les passages qui traitent des bénédictions réelles du règne de Christ. Parmi les Psaumes, par exemple, seuls les Psaumes 72 et 145 le font. Il y en a beaucoup plus qui traitent de sa venue et de la joie des siens en le recevant, mais ils s'arrêtent avant le règne millénaire lui-même. Esaïe non plus, qui le plus souvent fait allusion prophétiquement aux gloires futures du règne d'Emmanuel, ne va pas beaucoup plus loin.

            Et maintenant le livre se termine par une dernière parole au prophète. Vase de la pensée divine quant aux temps des Gentils et à la délivrance de son peuple, son œuvre est achevée et il lui est commandé de se retirer de la scène : « Et toi, va jusqu'à la fin ; et tu te reposeras, et tu te tiendras dans ton lot, à la fin des jours » (v. 13). Le repos allait suivre l'achèvement de ses travaux, et il aurait sa place spéciale dans le Royaume à la fin des jours. Notre Seigneur lui-même a dit : « Beaucoup viendront d'orient et d'occident, et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux » (Matt. 8 : 11) ; et Daniel aura part aux gloires de ce jour. Maintenant il est l'un des « esprits des justes parvenus à la perfection » (Héb. 12 : 23) ; alors il participera à la première résurrection ; et revenant avec tous les saints ressuscités avec Christ en gloire, il se tiendra dans son lot, occupera la place spéciale qui lui est assignée dans le royaume de Celui qu'il avait vu dans les visions de la nuit comme le Fils de l'homme venant avec les nuées des cieux.

 
 
                                                                                     D’après E. Dennett