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 Miracles de Jésus entre Capernaüm et Génésareth
 
 
Lire : Matthieu 14 : 13-34
 
  
Jésus « ému de compassion » envers les foules (v. 13-14)
   Les disciples appelés à donner à manger aux foules affamées (v. 15-18)
   La multiplication des pains (v. 19-21)
   Jésus « sur la montagne, à l’écart, pour prier » (v. 22-23)
   La barque sur la mer, « battue par les vagues » (v. 24)
   Jésus marche sur la mer (v. 25-27)
   Pierre marche sur les eaux (v. 28-29)
   La foi de Pierre chancelle (v. 30-31)
   Dans la barque (v. 32-33)


Jésus « ému de compassion » envers les foules (v. 13-14)

            Le Seigneur se retire « dans un lieu désert, à l’écart » (v. 13), mais dans sa grâce et sa puissance, Il reste toujours en activité en faveur de ceux qui sont dans le besoin.
            Les disciples ont rapporté à Jésus « ce qui était arrivé » (v. 12) ; il s’agit de la décapitation de Jean le baptiseur, par la volonté d’une femme poussée par Satan. Le Seigneur est touché douloureusement par ce qu’Il a entendu ; Jean, cet homme de foi, cet envoyé de Dieu, qui avait parlé de Lui d’une manière remarquable, a été mis à mort. Il sent combien la puissance de l’Ennemi contre ce témoin fidèle se tourne aussi contre Lui.
            Jésus s’est retiré pour être seul avec son Dieu, son Père, et Il lui a parlé de tout ce qui avait touché son cœur. Les foules l’apprennent et le suivent à pied ; elles viennent vers Lui. N’est-ce pas un encouragement que Dieu Lui donne ? Il lui montre qu’il y a quand même de l’intérêt pour Lui : une foule vient Le voir et L’entendre.
            Le Seigneur est face à cette foule de 5000 hommes. Il est « ému de compassion » (v. 14). Son cœur est étreint car Il voit ce qu’il y a dans le secret des cœurs : les soucis, les maux, les peines invisibles aux hommes alors que Lui connaît tout, encore aujourd’hui, de nos soucis, de nos peines, que nous Lui avons présentés à plusieurs reprises. Il sait que nous avons besoin de son secours même dans les détails de notre vie.
            Jésus a vu les infirmes et Il les a guéris. Nous ne savons pas exactement comment, mais Il en était capable. Les « infirmes » sont les personnes qui sont faibles de quelque manière que ce soit (corporelle ou dans leur esprit ou leur âme). Ce sont des faiblesses qui ne sont pas toujours visibles pour les hommes. Ce peut être un souci au sujet d’un enfant, un grand problème dans la famille, dans l’assemblée. Mais le Seigneur les voit et les guérit. De même aujourd’hui, Il nous voit et veut nous secourir ! Sachons tout Lui dire. Il a déjà la solution !


Les disciples appelés à donner à manger aux foules affamées (v. 15-18)

            « Le lieu est désert et il est tard ; renvoie les foules… », disent les disciples à Jésus (v. 15). C’est une pensée qui peut sembler très raisonnable. Le soir vient, ils ont faim, ils doivent partir. Le Seigneur les a enseignés, leur a donné quelque chose pour leur cœur. Quand Il nous parle, puissions-nous avoir les oreilles ouvertes et faire ce qu’Il nous demande. Pensons à Esdras : il avait lu et étudié la Parole, il l’a mise en pratique et enseignée (Esd. 7 : 10). C’est la bonne démarche, un exemple pour nous aujourd’hui. Nous ne pouvons pas enseigner sans avoir d’abord fait. Le Seigneur est le Modèle parfait : enfant, déjà, Il écoutait et « croissait » en connaissance et en grâce, jusqu’au moment où Il s’est présenté publiquement devant son peuple.
            « Renvoie les foules » : ce n’est pas la manière d’agir du Seigneur ! Il ne renvoie jamais quelqu’un qui vient vers Lui avec une question ou avec repentance. Ici, Il ne dit pas : « Je vais leur donner à manger », mais : « vous, donnez-leur à manger » (v. 16). Quelle réponse ! Quelle admirable condescendance ! Ce sont les disciples eux-mêmes qui doivent les nourrir : Jésus va leur donner les moyens de le faire ! Dans l’évangile de Marc, les disciples suggèrent que ces hommes aillent acheter du pain dans les campagnes et les villages alentour (6 : 36), mais le Seigneur est là, prêt à donner richement.
            Les disciples disent : « Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons » (v. 17) - dans l’original : « nous n’avons rien sauf cinq pains et deux poissons ». Et c’est vrai ! Ils n’ont rien, mais il y a tout de même ces cinq pains et ces deux poissons qui appartiennent au petit garçon. Dans l’évangile de Jean, un disciple peut dire : « Qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » (6 : 9). Or, dans la main du Seigneur, ces aliments vont nourrir toute une foule. Les disciples vont faire l’expérience de la grâce merveilleuse de Dieu.          
            « Apportez-les moi » (v. 18). Ce sont des choses que le Seigneur a données. Le Seigneur a pourvu à tout ; tout vient de Lui. Il emploie les disciples, mais c'est sa puissance qui agit (1 Cor. 3 : 6). Nous avons à rendre grâces pour tout ce que nous avons reçu. Nous devons l’apporter à Celui qui nous l’a donné. David peut dire : « Tout vient de toi ; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons » (1 Chr. 29 : 14). Que ce soit des bénédictions matérielles ou spirituelles, nous devons les employer pour d’autres ; si modestes qu'elles paraissent, Dieu ne veut pas que nous les conservions pour nous-mêmes, mais qu'elles puissent profiter à d'autres !
  

La multiplication des pains (v. 19-21)

            Pour nourrir ces personnes, le Seigneur les fait asseoir sur l’herbe (v. 19). Il les prépare à recevoir de la nourriture. Faire asseoir une telle foule - « cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants » - par groupes, dans le silence, paraît très difficile à vue humaine ! Mais le Seigneur donne l’ordre, et il est suivi. Tous sont prêts pour recevoir quelque chose de la main de Jésus et de ceux qu’Il envoie.
            Dieu veut que nous soyons assis, tranquilles, attentifs à ce qu’Il va donner. Nous avons besoin d’être chaque jour dans cette attitude et de prendre ainsi le temps de nourrir nos âmes de la Parole de Dieu.
            Le Seigneur prend les cinq pains et les deux poissons, regarde vers le ciel et bénit. Tout vient de sa main. Il est « sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Rom. 9 : 5). Il est aussi cet homme sur la terre qui a pris cette position d’abaissement, de dépendance envers son Dieu. Il portera à nouveau ses regards vers le ciel devant le tombeau de Lazare avant d’exercer sa puissance divine (Jean 11 : 41). On voit cette liaison directe et continuelle avec Dieu.
            Puis Jésus rompt les pains, les donne aux disciples, et ceux-ci aux foules ; elles partagent encore et donnent à chacun. Tous mangent et sont « rassasiés » (v. 20). Ils ont tous reçu autant qu’ils pouvaient en prendre (c’est le sens de rassasier) ; chacun, selon sa faim, a reçu ce qui lui convenait. C’est une image de ce que le Seigneur voudrait faire pour chacun de nous. Pour un petit enfant qui écoute sa Parole, le Seigneur donne ce qu’il peut comprendre, comme Il donne aussi pour les plus âgés, les plus spirituels.
            « Cinq pains », c’est la nourriture nécessaire ; ce chiffre « cinq » est celui du besoin humain. Le Seigneur a d’abord répondu aux besoins qui sont là. Mais il y avait encore deux poissons : Dieu veut que nous nous goûtions quelque chose « de plus ». C’est comme une maman qui prépare un repas, ce qui est nécessaire pour les besoins de sa famille ; mais elle veut qu’il y ait quelque chose de plus, un dessert ! « Dieu… nous donne tout, richement, pour en jouir » (1 Tim. 6 : 17). Il est « le conservateur de tous les hommes » (1 Tim. 4 : 10).
            Le mot « panier » désigne, dans l’original grec, une corbeille à anses, ce qui permet d’apporter quelque chose à quelqu’un. C’est un service que nous devons accomplir comme les disciples l’ont fait. Le Seigneur emploie l’un ou l’autre de ses serviteurs, comme Il le veut. Il ne s’agit pas seulement d’exposer la Parole ; il faut aussi aller vers une personne âgée, un malade, pour leur apporter une parole de consolation. Dans l’assemblée locale, il y a peut-être des personnes qui ne peuvent pas toujours venir au rassemblement ; certaines manquent de nourriture spirituelle… Mais le Seigneur ne veut pas cela. Il veut que le pain soit apporté à chacun.
            Cinq mille hommes sont comptés, alors que les femmes et les enfants ne le sont pas. Sont-ils moins importants ? Bien sûr que non ! C’est un enseignement pour nous : ces hommes ont une responsabilité envers les femmes et les enfants. C’est à eux qu’incombe la première responsabilité de nourrir leur famille, non seulement matériellement, mais aussi spirituellement. C’est une belle responsabilité de laquelle dépend la bénédiction de nos épouses, de nos enfants. Nos épouses ont également besoin d’une lecture personnelle de la Parole, de prier personnellement. Le Seigneur veut bénir chacun ! Il le montre ici. On voit sa condescendance pour les infirmes et pour toute une foule qu’Il nourrit. Aujourd’hui, Il a ce même amour pour chacun de nous, pour nous nourrir et répondre à nos besoins, pour nous aider à Le glorifier. Quel Sauveur, quel Seigneur avons-nous !
 

Jésus « sur la montagne, à l’écart, pour prier » (v. 22-23)

            « Le soir étant venu », Jésus reste seul sur la montagne, après avoir contraint les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive de la mer. Lors de la première traversée (8 : 23-27, le Seigneur était avec les disciples, tandis qu’ici Il les a envoyés seuls. Les deux aspects sont également vrais pour nous : le Seigneur est avec nous, près de nous, même si nous avons l'impression qu'Il dort ; et Il est aussi dans le ciel comme intercesseur en notre faveur. Il nous dit, comme à ses disciples : Maintenant, pour vous, ce sera un chemin de foi. Tenez ferme et marchez selon cette foi.
            Alors qu’Il est dans le ciel, le Seigneur prend soin des siens de deux façons :
                       
- nous pouvons nous approcher du trône de la grâce où nous trouvons du secours au moment opportun (Héb. 4 : 16). C’est pour les difficultés du chemin que le Seigneur Jésus est là. Il est là comme souverain sacrificateur qui prend soin de nos faiblesses.
                        - le Seigneur est aussi là comme Celui qui nous rend capables de rendre culte, d’adorer, malgré les difficultés du chemin.

            Les croyants peuvent avoir des problèmes dans le chemin ; ils peuvent aussi pécher. C’est quelque chose de grave, c’est certain. Un inconverti pèche dans les ténèbres, mais un croyant pèche dans la lumière, ce qui est plus grave encore ! Mais le Seigneur, là aussi, ne nous laisse pas seuls. Nous avons « un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le Juste » (1 Jean 2 : 1). Si nous sommes tombés dans un péché, nous pouvons le confesser (1 Jean 1 : 9) ; nous serons purifiés et nous retrouverons la communion avec Dieu. C’est ce que le Seigneur fait encore aujourd’hui pour tous. Il est le Berger qui prend soin de ses brebis dans les difficultés du chemin. Il ne laisse aucune d’elles chuter et périr. On sait qu’une brebis qui tombe est perdue si le berger ne vient pas la secourir – si elle est couchée sur le dos, il faut que le berger la remette sur ses pieds.

            Nous avons aussi dans cette scène une image prophétique : le Seigneur Jésus montre que les siens doivent traverser la mer avant d’arriver à « l’autre rive », c’est-à-dire au ciel. Il indique l’état actuel du royaume de Dieu.
            Dans une première phase, le royaume de Dieu a commencé au moment où le Seigneur Jésus est venu ici-bas. Il avait le droit d’être Roi sur la terre, mais Il n’a pas été reçu. Il a été rejeté, de même que ses disciples.
            Dès lors le royaume de Dieu a revêtu un caractère mystérieux ; c’est sa deuxième phase, dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Le Seigneur est dans le ciel. Le royaume se trouve sur la terre, tandis que le Roi est dans le ciel : son royaume est devenu le « royaume des cieux ». Le Seigneur est toujours rejeté, mais quelques-uns lui appartiennent et acceptent sa domination. Ils Le reconnaissent comme leur Seigneur, malgré son absence. Ceux qui lui appartiennent (les vrais chrétiens) sont rejetés comme Il l’a été lui-même ; beaucoup, dans le monde entier, sont persécutés parce que les hommes sont opposés au Seigneur Jésus dont ils ne veulent pas.
            Après l’enlèvement de l’Eglise, quand le Seigneur sera venu sur les nuées pour prendre son Eglise, commencera la troisième phase du royaume de Dieu. Il y aura un temps de tribulation pour le peuple d’Israël mais « l’évangile du royaume » sera de nouveau prêché sur la terre, à ceux qui ne le connaissent pas encore. Eux aussi seront persécutés. A la fin de cette période de tribulation, le Seigneur reviendra sur la terre et établira son règne. Il sera alors reconnu par tous comme le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.
 

La barque sur la mer, « battue par les vagues » (v. 24)

            En traversant la mer, les disciples rencontrent les vagues, le vent contraire ; ce sont des images de ce que nous connaissons sur le chemin de la foi. Le Seigneur ne nous a pas promis une vie facile, agréable. Il nous avertit que sur le sentier de la foi il y aura des difficultés, mais Il nous assure que nous ne serons pas seuls pour les affronter.
            Nous connaissons des problèmes, des soucis, beaucoup de choses qui nous font souffrir. Il y a aussi l’opposition du monde (le vent contraire), et derrière ce vent, il y a l’Ennemi qui ne veut pas que le croyant reste fidèle sur le chemin de la foi. Il veut le tenter, le faire tomber, lui faire abandonner sa voie. Les disciples rencontrent tout cela durant la traversée.
            Douze hommes sont là, dans la nacelle. On peut penser que l’un dit : « On n’aurait pas dû partir ! » ; l’autre : « Mais le Seigneur nous l’a dit ! ». Oui, Il les a contraints de faire cette traversée ! S’il y a des difficultés dans le chemin de la foi, ce n’est jamais le signe que le chemin est faux. Quand tout va bien, ce n’est pas non plus la preuve de l’approbation du Seigneur. Attention, si nous ne regardons qu’à ces circonstances ! Il faut une prière sérieuse devant le Seigneur pour savoir la direction que nous devons prendre et ne pas nous laisser simplement conduire par des circonstances favorables. Le Seigneur ne nous abandonnera pas dans un chemin qu’Il nous a Lui-même montré ! Faire la volonté de Dieu n'empêchera pas que nous ayons affaire aux vagues et au vent. Le Seigneur Jésus a promis d'être « avec nous » dans le chemin, mais Il ne garantit pas qu’il sera facile (Jér. 1 : 17-19 ; Act. 9 : 16). L’apôtre Paul disait : « Une porte... m'est ouverte, et il y a beaucoup d'adversaires » (1 Cor. 16 : 9).


Jésus marche sur la mer (v. 25-27)

            Le Seigneur avait calmé la tempête ; les vents et la mer lui avaient obéi (8 : 26). Il se manifeste encore ici dans sa suprématie absolue. Si la tempête est un sujet de détresse pour les disciples, elle n’est rien pour Celui dont il est écrit : « Ta voie est dans la mer, et tes sentiers dans les grandes eaux ; et tes traces ne sont pas connues » (Ps. 77 : 19).
            En Marc 6 : 48, le Seigneur a vu les disciples « se tourmenter à ramer ». Il tient toujours ses yeux sur nous. Il ne nous délaisse jamais ! Et maintenant, Il vient vers eux. Il devient visible. Ils ne l’ont pas reconnu, et pourtant, c’est Lui. Ils croient que c’est un fantôme et ils ont peur. Cela peut nous arriver aussi de ne pas Le reconnaître et d’avoir peur.
            Il existe deux « peurs » différentes :
                       
- une peur justifiée, parce que l’ennemi est là et veut nous faire du mal ; c’était le cas des disciples dans la chambre haute, les portes étant fermées « par crainte des Juifs » (Jean 20 : 19). Le Seigneur ne leur dit pas : « N’ayez pas peur », mais : « Paix à vous ! ». Il ne les blâme pas. Cette peur justifiée peut nous arriver aussi : on peut avoir peur pour son enfant, par exemple, car il est dans une situation dangereuse. Va-t-il tenir ferme ou tomber ?
                        - une peur injustifiée, inutile, superflue, si l’on ne compte pas entièrement sur le Seigneur ; c’est un manque de foi !

            Jésus vient vers ses disciples et voit qu’ils ont peur. « Ayez-bon courage ; c’est moi, n’ayez pas peur ! », leur dit-Il. A Moïse, Dieu avait dit : « Je suis celui qui suis » (Ex. 3 : 14). Jésus a dit : «  C’est moi » (Jean 18 : 5-6) quand on venait pour Le prendre et, à cette parole, les soldats sont tombés à terre (Jean 18 : 5-6). Ces mots : « C’est moi » décident de tout ! Le courage est donné et la peur s’en va ! Dans toutes nos difficultés, Il veut nous faire entendre sa voix et nous encourager par sa Parole. Il connaît nos soucis, nos tristesses, nos angoisses… aucune des afflictions que nous traversons ne Lui est inconnue. « Du fait qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2 : 18).
       

Pierre marche sur les eaux (v. 28-29)

            Dans la deuxième partie de cette scène, nos regards sont dirigés vers Pierre. Jusqu’ici, les disciples ensemble ont peur. Puis ils voient le Seigneur qui leur fait sentir sa présence comme Il le fait pour nous. Que dit Pierre ? « Seigneur, si c’est toi, commande-moi d’aller vers toi sur les eaux » (v. 28). Qu’aurions-nous dit ? « Seigneur, arrête les vagues », ou bien : « Seigneur, fais-moi marcher sur les vagues », ou encore comme Pierre : « Commande-moi d’aller vers toi sur les eaux » ? On voit ce désir du cœur et cette dépendance complète chez Pierre. « Je peux marcher sur les eaux comme toi tu le fais ». Demande incroyable ! Il aurait pu demander : « Permets-moi de marcher sur les eaux comme toi », mais il dit : « Commande-moi d’aller vers toi ». C’est une question de foi chez ce disciple, liée à une complète dépendance.
            Le Seigneur répond simplement : « Viens » (v. 29). Quelle joie lui procure ce désir de son disciple d’aller à Lui, d’être près de son Seigneur même au travers des difficultés !

            En revenant au côté prophétique du récit, nous voyons le peuple de Dieu traversant la mer pour arriver à l’autre rive. Les disciples sont dans une barque ; c’est le début de la marche chrétienne par la foi. Au début des Actes, les croyants sont encore dans la « barque du judaïsme », jusqu’à ce qu’ils aient quitté ce qui en fait partie. Avec la venue de l’apôtre Paul, ils sont sortis de cette barque judaïque. Pierre est une image de ceux qui, délivrés du judaïsme, marchent par la foi. C’est la vraie marche chrétienne, qui n’a pas besoin de barque, de rampe, de béquille ; c’est celle que réalisent ceux qui peuvent marcher par la foi, se tenant toujours près du Seigneur.
            Malheureusement, dans la chrétienté aujourd’hui, on cherche toujours d’autres barques. On pense que l’on ne peut pas marcher seulement par la foi, réunis autour du Seigneur seul. Pour se rassembler, on cherche à avoir une organisation, un règlement, un prédicateur… Mais c’est par la foi qu’on peut se réunir dans la présence et sous la direction du Seigneur, et par la puissance de son Esprit. C’est le chemin suivi uniquement par la foi, le regard sur Lui ! Il est Celui qui veut nous bénir et nous conduire au but, à l’autre rive !
 

La foi de Pierre chancelle (v. 30-31)

            Pierre n’est pas parti à la rencontre du Seigneur avant qu’Il lui ait dit de le faire. Exposé aux vagues et au vent, il est soutenu dans sa foi aussi longtemps qu'il regarde au Seigneur. Mais il voit que le vent est fort et il a peur (v. 30). Plus il y a de foi, plus il y aura d’opposition ; celle-ci est représentée par l’image du vent. Malheureusement, Pierre commence à enfoncer ! C’est ce qui nous arrive quand nous ne regardons plus exclusivement au Seigneur ! Reconnaissons d’ailleurs qu’il ne nous est pas davantage possible de marcher sur des eaux calmes que sur une mer agitée. Mais si notre foi s’appuie uniquement sur Christ, elle est vraiment forte !
            « Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50 : 15). C’est ce que Pierre va faire. Dans sa détresse, il crie : « Seigneur, sauve-moi ! » (v. 30). Aussitôtle Seigneur le saisit, le soulève et l’empêche de s’enfoncer entièrement. Le bon Berger voit sa brebis sur le chemin de la foi, perdant de vue Celui vers qui elle veut aller. C’est le Seigneur qui prend la main de Pierre et non l’inverse, car Pierre aurait pu la lâcher.
            Nous pouvons faire une comparaison avec ce qu’ont réalisé ces croyants aux 18ème et 19ème siècles. Ils ont compris la pensée du Seigneur au sujet du témoignage qu’Il a confié aux siens, et ils ont regardé uniquement à Lui. C’était quelque chose de difficile que de quitter les églises pour faire confiance au Seigneur seul, que de se trouver sans soutien humain. C’était un chemin de foi totale ! Mais c’était aussi un chemin de bénédiction ! Et aujourd’hui, ne voyons-nous pas souvent que le vent est fort ?

            Pierre est un « homme de petite foi » (v. 31). Ne lui ressemblons-nous pas bien souvent ? Le Seigneur peut nous dire aussi, bien souvent : « Pourquoi as-tu douté ? ». Il ne blâme pas son disciple. Il ne lui dit pas : « Tu n’as pas de foi », mais une « petite foi » - elle doit être encouragée ! Il lui dit : « Tu as douté, tu n’avais pas une pleine confiance en Moi. Crois-tu que, en me regardant, tu ne peux pas venir à Moi ? ». Quatre fois dans cet évangile, le Seigneur fait remarquer aux disciples leur petite foi (6 : 30 ; 8 : 26 ; 14 : 31 ; 16 : 8). Il reconnaît, au contraire, une grande foi chez deux personnes, deux étrangers (8 : 10 ; 15 : 28).
        

 
Dans la barque (v. 32-33)

            « Quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba » (v. 32). Celui qui a « rassemblé le vent dans le creux de ses mains et qui a serré les eaux dans un manteau » (Prov. 30 : 4) était là. C'est Lui qui avait envoyé ses disciples sur la mer. « Il a commandé, et a fait venir un vent de tempête qui souleva ses flots », afin qu'ils voient « ses merveilles dans les eaux profondes ». Maintenant, « Il arrête la tempête, la changeant en calme, et les flots se taisent » (Ps. 107 : 24-29).

            « Ceux qui étaient dans la barque » présentent une image du « résidu juif » qui, à travers les difficultés de la mer, arrive enfin à l’autre rive. Ces fidèles du peuple juif, après avoir traversé la grande tribulation - la «  détresse de Jacob » -, reconnaîtront Celui qui est mort pour eux et qui viendra à leur rencontre. Ils accepteront alors leur Messie et leur Sauveur (Es. 63 : 8), Celui qu’ils ont crucifié (Zach. 12 : 10) et ils seront sauvés sur la base de son sacrifice. Ce sera une scène de bénédiction complète ; ils Le recevront comme « Fils de Dieu » et Lui rendront hommage (v. 33).
            Nous n’attendons pas ce moment-là ; nous attendons le jour où nous serons arrivés « à l’autre rive », auprès du Seigneur, lors de l’enlèvement de l’Eglise. Il prend ici Pierre pour être avec Lui ; nous aussi, « nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4 : 17). Nous avons encore à traverser des difficultés ici-bas, mais nous avons Celui qui nous voit ! Il prend soin de nous continuellement, comme Souverain sacrificateur qui a compassion de nos faiblesses, et comme Avocat quand nous avons péché. Il nous amènera au but, c’est certain ! Combien sera grande notre joie quand nous verrons le Seigneur « comme il est » ! (1 Jean 3 : 2). Nous serons rassasiés à la vue de sa Personne adorable. Quelle joie profonde lorsque nous adorerons notre bien-aimé Sauveur !


                                                                    R. Br - D’après des notes prises lors de deux méditations