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LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (13)

 
 LE PHARISIEN ET LE PUBLICAIN  (Luc 18 : 9-14)

             La propre justice
             La prière du publicain
             La sentence du juge

           La parabole du pharisien et du publicain suit immédiatement celle du juge inique. L'une et l’autre présentent le sujet de la prière ; celle du juge inique nous dit quand nous devons prier (toujours), la seconde comment nous devons prier (avec humilité).
           Ces deux paraboles ont une différence caractéristique : celle du juge inique met l’accent sur le point de vue prophétique, celle du pharisien et du publicain  dépeint des comportements moraux qui conviennent au royaume de Dieu, ce que Dieu apprécie chez ceux qui s’approchent de Lui dans le temps présent ou plus tard.
            La propre justice déplaît à Dieu ; en revanche, Il trouve son plaisir dans un esprit brisé. Cette parabole n’enseigne pas la manière dont l’homme est justifié devant Dieu ; la doctrine de la justification par la foi ou de l’expiation des péchés ne pouvait pas se trouver dans un évangile, avant que l’expiation soit accomplie.



La propre justice

 
                        Le but du Seigneur
 
            « Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes comme s’ils étaient justes et qui tenaient le reste des hommes pour rien... » (v. 9).

            Le Seigneur lit dans les cœurs des hommes et Il sait que certains se confient en eux-mêmes et s’estiment justes. Selon leur estimation orgueilleuse d’eux-mêmes, ils pensent avoir atteint un haut niveau devant Dieu et devant les hommes, et cela les amène nécessairement à avoir les autres en petite estime.

            Ces quelques mots d’introduction à la parabole visaient les pharisiens, mais aussi tous ceux qui sont animés du même esprit qu’eux. L’esprit pharisaïque manifeste en effet un sectarisme de la pire espèce qui s’est maintenu jusqu’à nos jours. Ne se cache-t-il pas en chacun de nous un petit « pharisien » ?  Il faut donc nous appliquer la parabole aussi à nous-mêmes.
 
 
                        Deux juifs religieux

            « Deux hommes montèrent au temple pour prier, l’un pharisien et l’autre publicain » (v.10).

            La scène se passe au temple à Jérusalem, à l’heure habituelle de la prière. Ce sont deux Juifs qui ont par conséquent les mêmes privilèges. Mais l’un est pharisien, au sommet apparent de la dévotion religieuse, l’autre publicain, un pécheur banni de la société juive. L’un et l’autre reconnaissent le Dieu d’Israël, et tous deux ont une requête à Lui présenter. Mais leurs cœurs, que Jésus connaît, sont dans des états aussi différents que possible.

 

                        Le pharisien

            « Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ; ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout mon revenu » (v. 11-12).
            Le pharisien se tient debout, dans une position qui correspond, pense-t-il, à sa dignité et il commence alors à prier. Probablement une longue prière (l’imparfait signifie : il commence et continue à prier) ainsi que les pharisiens en avaient coutume, pour être vu des hommes afin qu’ils soient émerveillés de leur dévotion (Matt. 6  : 5). Ce qui est rapporté ici, n’est que la « substance » de sa prière qui trahit son état intérieur. Sa prière - si elle peut être désignée par ce mot - n’était pas une demande pour lui-même ou pour d’autres. C’était seulement une expression de suffisance pour ce qu’il pensait être lui-même, à ses propres yeux ; elle était de pure forme, sans aucun remerciement pour la grâce de Dieu à son égard. Ses paroles ne sont que des félicitations adressées à lui-même. Il ne demande rien et ne recevra rien ! A ses yeux, Dieu avait de quoi être satisfait de lui, car il faisait même plus que ce que la Loi demandait : il jeûnait deux fois par semaine, alors que la Loi n’avait prescrit qu’un jour de jeûne dans l’année, au grand jour des propitiations (Lév. 16 : 29 ; 23 : 27). Il donnait aussi la dîme de tout ce qu’il gagnait ; il payait même celle de « la menthe, de la rue et de toute sorte d’herbes » ! (Luc 11 : 42). N’était-il pas un homme exemplaire ?
            Cette « prière » du pharisien suffisait pour démontrer la vérité de ce que Jésus avait dû reprocher précédemment aux pharisiens : ils se justifiaient eux-mêmes - ils se présentaient eux-mêmes comme justes - devant les hommes (Luc 16 : 15). En vérité, cet homme très religieux, ne se tenait pas devant Dieu, mais devant les hommes.

            N’en est-il pas de même aujourd’hui pour beaucoup de prières ? Il y a tout lieu de craindre que bien des gens religieux de la chrétienté n’aient la même attitude de propre justice que celle du pharisien, et soient perdus pour l’éternité. Quand on ne justifie pas Dieu, mais qu’on se justifie soi-même et ses propres actions, quand on n’a rien à lui dire sur ses propres péchés, où le chemin peut-il se terminer sinon dans l’éloignement éternel de Dieu ?

 

La prière du publicain           

                        Il se tient « loin »

            « Le publicain, se tenant loin, ne voulait même pas lever les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine, en disant : Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! » (v. 13).

            La prière du publicain fait le plus grand contraste avec celle du pharisien. Il se tient dans le temple, selon l’habitude, mais il n’est pas à l’écart pour prendre une position particulière de supériorité. Le Seigneur ajoute qu’il se tenait « loin », aussi éloigné que possible du sanctuaire tant il avait honte devant Dieu. En signe de contrition et de tristesse, il se frappait la poitrine.
            Dans l’évangile de Luc, nous rencontrons souvent une pensée d’éloignement, exprimée par les mots « loin » ou « près », à partir du chapitre 11 (11 : 31 ; 14 : 32 ; 15 : 1, 13, 20 ; 16 : 23 ; 17 : 12 ; 18 : 13 ; 19 : 12 ; 20 : 9 ; 22 : 54 ; 23 : 49 - comp. Ps. 38 : 11 ; 88 : 8, 18 ; 24 : 15). Tous les « loin » et les « près » dans ces passages ont leur propre histoire, touchante, sur laquelle il vaut la peine de méditer.


                        Une prière qui parvient à Dieu

            Le publicain se tenait loin, et faisait monter une prière concise : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! ». Cette courte prière mentionne cependant l’essentiel : le péché et la grâce de Dieu - deux éléments que l’on cherche en vain dans la prière du pharisien.
            Le publicain commence sa prière de la même manière que le pharisien, en s’adressant à Dieu : « Ô Dieu ! », mais ici c’est un cœur étreint qui s’adresse réellement au Dieu vivant. Cet homme se considère comme « le pécheur », un pécheur de notoriété publique. A l’inverse du pharisien, le publicain ne considère que lui-même comme pécheur, il ne pense pas aux autres. C’est là un signe d’une réelle humiliation devant Dieu. Il ne se dit pas qu’il existe beaucoup d’autres gens pécheurs qui ont peut-être fait pire que lui. Il ne voit que lui-même devant Dieu, comme « le pécheur » incapable de rendre compte devant Lui de ses nombreux péchés. Une tristesse sincère quant à soi-même se traduira toujours par une confession loyale devant Dieu. C'est pourquoi il est parlé plus loin, dans le Nouveau Testament, de « repentance envers Dieu » (Act. 20 : 21).
            Le publicain sait qu’il n’a rien mérité d’autre que le jugement. C’est pourquoi il court se réfugier vers la grâce de Dieu : « Sois apaisé envers moi ! ». Il ne pouvait encore rien savoir de l’œuvre expiatoire de Christ à la croix ni de Christ comme « propitiatoire » (Rom. 3 : 25), car tout cela était encore à venir. Mais il supplie et implore, pour que Dieu soit apaisé envers lui et qu’Il veuille lui pardonner. Pour nous qui vivons après l’œuvre de Christ à la croix, il est facile de saisir par la foi que la « grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes », dans la personne du Seigneur Jésus (Tite 2 : 11).



La sentence du juge

            « Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (v. 14).
            Avec les mots « Je vous le dis », nous percevons la voix d’autorité du Juge qui prononce maintenant la sentence : le publicain est descendu dans sa maison justifié plutôt que le pharisien.
            Il est évident que le Seigneur ne parle pas encore ici d’une justification judiciaire devant Dieu, car l’évangile de la grâce de Dieu n’était pas encore connu. C’est seulement après la croix que la précieuse vérité de la justification fondée sur la mort et la résurrection du Seigneur Jésus nous a été annoncée (Rom. 4 : 24 à 5 : 1). Comme cela a déjà été signalé au début, nous ne devons pas chercher la doctrine de la justification par la foi ou de la propitiation dans de tels passages, au commencement du Nouveau Testament.
            Cependant la question est soulevée ici de savoir lequel a l’attitude correcte. Le pharisien pensait que c’était lui et il condamnait le publicain. Mais la sentence divine, la seule déterminante, est que le publicain a été « justifié plutôt que l’autre ».

            Finalement, le Seigneur attire encore l’attention sur un principe général : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé ». C’est la manière dont Dieu agit envers nous en fonction de notre comportement (Luc 14 : 7-11). Le pharisien s’était élevé mais le Seigneur le met à la dernière place. Le publicain s’était abaissé et le Seigneur le met à la première place.
            Dans l’absolu, un pécheur ne peut pas s’abaisser, puisqu’il occupe déjà la place la plus basse. Mais il peut prendre cette place consciemment, et c’est cela que le Seigneur met en évidence par l’exemple du publicain.

            Les enfants de Dieu peuvent et doivent s’abaisser eux-mêmes. C’est là l’enseignement que nous devons retirer de la parabole. Nous en trouvons le parfait exemple dans l’abaissement du Seigneur Jésus, « Lui qui, étant en forme de Dieu… s’est anéanti lui-même… et s’est abaissé lui-même ». Quelle a été la réponse de Dieu à cette attitude ? « Dieu l’a élevé très haut et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom… » (Phil. 2 : 6-9). Nous sommes exhortés à agir selon son exemple : « Ayez donc en vous cette pensée... » (v. 5).

            Il est de la plus grande importance, pour notre vie pratique, de tirer pour nous-mêmes les justes conclusions de la parabole du pharisien et du publicain. C’est ce qui me paraît être le plus important : Ne nous justifions jamais nous-mêmes. Laissons à Dieu le soin de nous « élever » - s’Il le juge bon - en nous abaissant nous-mêmes ! C’est de loin le meilleur chemin, celui que notre Sauveur a suivi.
 
 

                                                             D’après Ch. Briem

A suivre