Les vêtements du Seigneur
Pendant son ministère
Sur la montagne de la transfiguration
Lors du souper de la Pâque
Avant la croix et à Golgotha
Au tombeau
Après sa résurrection
Les moindres détails mentionnés par la Parole ont leur importance, et, dans un sujet en apparence banal comme celui des vêtements portés par le Seigneur, nous pouvons trouver amples sujets de méditation et d'adoration pour nos âmes. Quand nous nous occupons de la glorieuse personne de notre Sauveur, nous ne tardons pas à découvrir que, comme l’exprime un cantique, « tout, dans sa Personne adorable, est amour, grandeur et beauté ».
En considérant le premier vêtement auquel fait allusion le terme « emmailloté », les langes du petit enfant de Bethléem, ne devons-nous pas nous prosterner devant cette crèche comme les bergers ? Ce petit enfant « emmailloté et couché dans une crèche » (Luc 2 : 12), sous les apparences de la faiblesse même, est pourtant le grand Dieu d'éternité ! Celui dont les membres sont immobilisés dans des langes est néanmoins celui qui soutient le vaste monde. C'est le mystère de la piété : « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16). Sans doute, Il aurait pu apparaître parmi les hommes comme un adulte dans toute sa splendeur, participer au sang et à la chair sans passer par la naissance, mais alors le mystère de son incarnation, de sa vraie humanité, de son suprême abaissement n'aurait pas été aussi évident. D'ailleurs le prophète Esaïe n'avait-il pas dit : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné » (Es. 9 : 6) ? Remarquons la précision de la Parole ; elle ne dit pas : un fils nous est né ; car il était Fils de toute éternité, « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » (Jean 1 : 18), mais, comme enfant, Il est « né de femme » (Gal. 4 : 4). Il était la semence de la femme, titre glorieux qu'il peut seul revendiquer. Car, si même chaque jour il naît des centaines de milliers d’êtres humains, aucun de ces nouveau-nés ne peut porter ce titre : ils sont tous la semence de l'homme. Mais le petit enfant de Bethléem venait accomplir la promesse faite à Eve dans le jardin d'Eden. Le grand orateur Cicéron a dit un jour : Quel petit dieu ces Juifs doivent avoir, qui leur a départi un si petit pays ! Qu'aurait-il dit s'il avait pu apprendre que ce Dieu s'est manifesté dans ce petit pays, dans une petite bourgade, a été placé dans la crèche d'une hôtellerie, sous la forme d'un petit enfant ! Les anges, eux, éclatent en louanges, sachant qu'ils proclament la plus grande nouvelle qui ait jamais été annoncée au monde : « Aujourd'hui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » (Luc 2 : 11). Pour la première fois, des anges voient leur créateur (1 Tim. 3 : 16) sous cette forme sublime d'abaissement, et, dans les louanges de cette multitude céleste, nous entendons un psaume : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts », une prophétie : « et sur la terre, paix » et un évangile : « et bon plaisir dans les hommes » (Luc 2 : 14).
Ce petit enfant de Bethléem va devenir un jeune homme soumis à ses parents, puis, jusqu'à l'âge de trente ans, il sera connu de ses contemporains non seulement comme le fils du charpentier, mais comme « le charpentier » (Marc 6 : 3). Adorable Sauveur ! Lui qui suspend la terre sur le néant (Job 26 : 7), qui a posé les fondements de la terre et qui a établi la charpente des cieux, a travaillé pendant tant d'années comme humble charpentier dans l'atelier de son père, inconnu du genre humain, et nous pouvons être persuadés que cet humble travail, il l'accomplissait consciencieusement et en parfaite dépendance de son Père céleste.
Mais voyons maintenant ce que la Parole nous dit des vêtements du Seigneur pendant son ministère ici-bas. Elle nous rapporte que, dans la contrée de Génésareth, « on plaçait les infirmes dans les marchés et on le priait de les laisser toucher ne serait-ce que le bord de son vêtement ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris » (Marc 6 : 56). Et qui ne se souvient de cette femme qui avait une perte de sang depuis douze ans et qui « s'approcha par derrière et toucha le bord de son vêtement » (Luc 8 : 44) et fut guérie à l'instant ? C'était un acte de foi, sans doute, mais pourquoi touche-t-elle le bord de son vêtement, et pas simplement son vêtement ? Le livre des Nombres nous donne des instructions précises et impératives pour tout Israélite pieux et fidèle quant au bord du vêtement : « Dis-leur qu'ils se fassent, en leurs générations, une houppe (ou : frange) aux coins de leurs vêtements, et qu'ils mettent à la houppe du coin un cordon de bleu. Et elle sera pour vous une houppe ; et vous la verrez, et il vous souviendra de tous les commandements de l'Eternel, afin que vous les fassiez » (Nom. 15 : 38-39). Combien cette frange, ce cordon bleu étaient importants pour les Israélites ! Ils devaient les porter de génération en génération, et, pour que leur marche ait un caractère céleste, ils devaient faire trois choses : les regarder, se souvenir des commandements de l'Eternel et les faire. Cette ordonnance parle aussi à nos consciences, mais, si nous l'appliquons au bord du vêtement du Sauveur touché par cette femme, quel tableau de la marche céleste de l'homme parfait, de « celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel » (Jean 3 : 13). Il est le seul qui n'ait jamais mis un « vêtement d'un tissu mélangé de deux espèces de fil » (Lév. 19 : 19) ; dans toute sa marche Dieu ne découvre que lumière et perfections.
Mais si le Seigneur, au milieu de ses disciples et des foules, ne portait que des vêtements humbles, n'ayant ni forme ni éclat - car les hommes vêtus de vêtements précieux sont dans les maisons des rois (Matt. 11 : 8) - il y eut dans son ministère un court instant où Il apparut, sur la montagne de la transfiguration, dans ses vêtements de gloire et de beauté. Dieu permet, pour encourager la foi des apôtres, que ses vêtements deviennent « brillants, d'une extrême blancheur, tels qu'aucun foulon sur terre ne peut ainsi blanchir » (Marc 9 : 3). C'est une scène céleste qui se déploie devant nous : un Christ glorifié, dans sa ravissante beauté, tel que nous le verrons, et Moïse et Elie représentant les deux classes de croyants qui seront associés à cette gloire : les uns, endormis en Jésus, seront ressuscités de même que Moïse est apparu en cette occasion, Dieu donnant là en figure comme un acompte sur l'œuvre de Christ ; les autres, vivants à la venue de Christ, seront transmués et enlevés au ciel, comme Elie, sans passer par la mort. Mais Moïse et Elie ne parlent pas des splendeurs du ciel qu'ils viennent de quitter, ils parlent avec Christ de sa mort qu'Il va accomplir à Jérusalem, thème éternel des louanges des rachetés. Puis ils rentrent dans la gloire, tandis que Jésus descend de la montagne, retrouve l'incrédulité et la méchanceté des hommes et dresse sa face résolument pour aller à Jérusalem (Luc 9 : 51). Pierre, Jacques et Jean ont été pendant quelques moments témoins oculaires de cette gloire magnifique, ont vu ces vêtements resplendissants du Seigneur, et cette scène est restée inoubliable pour Pierre (2 Pier. 1 : 16-19). Mais n'oublions pas que, nous aussi, « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3 : 18). Cette contemplation d'un Christ ressuscité, glorieux, imprime à notre vie un caractère céleste, en attendant le moment où nous serons toujours dans la lumière de la maison du Père. N'a-t-il pas dit lui-même : « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jean 17 : 19) ? C'est-à-dire je me mets à part, je prends une position nouvelle, « séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux » (Héb. 7 : 26) pour que cette vérité d'un Christ glorifié soit pour eux un moyen de sanctification, les sépare aussi de ce monde.
C'est surtout ensuite, dans le récit de la passion, que la Parole mentionne à plusieurs reprises les vêtements dont le Seigneur a été successivement dépouillé et revêtu.
Dans la chambre haute, le Seigneur se lève du souper, met de côté ses vêtements et se ceint d'un linge (Jean 13 : 4). Puis il lave les pieds des disciples et les essuie avec le linge dont il était ceint. Il prend ainsi la place des plus humbles serviteurs, tout comme Abigaïl disait à David : « Ta servante sera une esclave pour laver les pieds des serviteurs de mon seigneur » (1 Sam. 25 : 41). Celui qui s'est anéanti lui-même et a pris la forme d'esclave pouvait dire en vérité : « Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 27). Et, après avoir repris ses vêtements, le maître et seigneur dit aux disciples : « Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; c’est un exemple que je vous ai donné » (Jean 13 : 14-15). Hélas, combien nous sommes loin du parfait Modèle ! Il nous est si difficile d'estimer, dans l'humilité, les autres supérieurs à nous-mêmes et de nous abaisser aux pieds de nos frères. Et, dans la vie d'assemblée, que de difficultés naissent du fait que des frères aspirent à dominer, à exercer une influence, oubliant leur position de serviteurs ! La Parole ne nous exhorte pas à commander les autres, mais elle nous ordonne d'être soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ (Eph. 5 : 21). Il ne faut dans l'assemblée ni dictature, ni anarchie, mais une harmonieuse soumission des uns aux autres. Un serviteur du Seigneur a dit : Si l'on veut servir les saints, il faut être prêt à servir parfois de « paillasson » aux frères. La grammaire, enseignée traditionnellement, nous dit : 1re personne, je ; 2e personne, tu ; 3e personne, il. Mais, pour la vie chrétienne, c'est l'ordre inverse qui est la règle d'or : 1re personne, Il, le Seigneur; 2e personne, tu, les saints, et 3e personne en importance, je. Demandons-nous, sous le regard du Seigneur, jusqu'à quel point nous réalisons cette humilité que le Seigneur nous donne en exemple.
Si, lors du lavage des pieds, le Seigneur a lui-même mis de côté ses vêtements, dans les heures tragiques qui vont suivre, Il se laisse à plusieurs reprises dépouiller et revêtir par des hommes cruels et brutaux.
Hérode, poussé par une curiosité malsaine et inquiète, l'interrogea longuement, mais Jésus ne lui répondit rien. Il se tenait devant le fils du meurtrier des enfants de Bethléhem, devant le meurtrier de Jean le Baptiseur. Pas un mot de défense, pas un mot de reproche, pas un mot de condamnation. Il ne se tient pas là comme un second Jean le Baptiseur, car Hérode avait fermé la bouche qui l'avertissait de la part de Dieu. Aussi le Seigneur se tait, et ce n'est que devant le grand trône blanc qu'il lui adressera la parole pour le condamner. Mais Hérode et ses troupes traitent le Seigneur avec mépris et le revêtent d'un « vêtement éclatant », probablement blanc (Luc 23 : 11). Ce même mot « éclatant » ou « brillant » se retrouve dans les passages suivants : Act. 10 : 30 ; Apoc. 15 : 6 ; 19 : 8 ; 22 : 1, 16). Suprême dérision, car c'est ainsi que se revêtaient, dit-on, les candidats à une charge importante.
Mais le Seigneur n'avait pas encore épuisé la série des humiliations : les soldats de Pilate lui ôtent ses vêtements et lui mettent un « manteau d'écarlate » (Matt. 27 : 28), ou de pourpre (Marc 15 : 17 ; Jean 19 : 2). N'oublions pas que ces soldats romains, tout en méprisant les Juifs, vivaient dans la crainte continuelle des soulèvements si fréquents chez ce peuple remuant (comp. Act. 5 : 36-37). Ils se comportent par dérision comme si eux étaient les vaincus et comme si le roi des Juifs faisait une entrée triomphale, revêtu d'une toge de pourpre royale et portant le sceptre et la couronne. C'est une parodie de la fête de la victoire. Ils s'agenouillent comme des vaincus demandant grâce au vainqueur. Puis soudain la scène change et cette soldatesque brutale se précipite sur celui qui ne cache pas sa face à l'opprobre et aux crachats, ils le frappent avec rage, mais lui ne se retire pas en arrière (Es. 50 : 5-6). Il aurait pu, d'un mot, les anéantir, d'une parole, les faire tomber par terre, comme la compagnie de soldats dans le jardin, mais notre adorable Sauveur a tout supporté sans ouvrir la bouche.
La Parole nous dit ensuite que ces soldats lui ôtèrent le manteau et le revêtirent de ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier (Matt. 27 : 31), tout cela sans doute sans aucun ménagement. Arrivés à Golgotha, « les soldats, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat » (Jean 19 : 23). Quelle scène horrible ! En général, quand un homme meurt, ses héritiers attendent au moins qu'il ait rendu le dernier soupir pour se partager avidement ses biens. Mais ici, insensibles aux douleurs du divin crucifié, les soldats se partagent ses vêtements. Tout ce que le monde a pu lui donner, c'est une crèche, une croix et un tombeau, et ici, il lui enlève encore ses vêtements. Le Seigneur ressentait profondément dans son âme sainte l'humiliation d'être exposé aux regards moqueurs de ses ennemis. « Je suis un ver, et non point un homme » ; « je sers de chanson aux buveurs » ; « l'opprobre m'a brisé le cœur » ; « ils me contemplent, ils me regardent ; ils partagent entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils jettent le sort » (Ps. 22 : 69). « La tunique était sans couture, tissée tout d'une pièce depuis le haut » (Jean 19 : 23), combien elle nous rappelle la marche parfaite, sans faille, de l'homme Christ Jésus !
Heureusement, après toutes ces manifestations de la brutalité de l'homme incité par Satan, la scène change. Le Fils de Dieu, ayant baissé la tête, a remis son esprit. Les apôtres, dont l'un a trahi et l'autre a renié, se sont tous enfuis. Mais, au milieu de l'indifférence générale et de la haine, deux hommes s'approchent de la croix et ôtent le corps de Jésus. Ce sont Joseph d'Arimathée, qui était disciple de Jésus, en secret toutefois par crainte des Juifs, et Nicodème, qui était venu de nuit à Jésus (Jean 19 : 38-40). N'est-il pas remarquable que ce soient précisément ces deux hommes, disciples en secret, que les apôtres avaient peut-être critiqués plus d'une fois à cause de leur manque de franchise et de décision, qui montrent ici beaucoup plus de cœur et de dévouement pour le Seigneur que les apôtres ? Quelle leçon pour nous, qui avons souvent la tendance de critiquer des croyants que nous estimons moins fidèles, moins fondés dans la vérité que nous, et qui nous remplissent parfois de confusion par leur attachement au Seigneur dans des circonstances particulières ! Ces deux hommes enveloppent le corps de Jésus de linges, d'un linceul net et le mettent dans un sépulcre neuf, taillé dans le roc, où personne n'avait jamais été déposé, où l'odeur de la mort n'avait jamais passé. Ce linceul pur, ce tombeau neuf nous rappellent la pureté absolue de celui à qui le monde avait tout enlevé, jusqu'à ses vêtements. « Le Messie sera retranché et n'aura rien » (Dan. 9 : 26). « Il a été retranché de la terre des vivants… Et on lui donna son sépulcre avec les méchants ; mais il a été avec le riche dans sa mort » (Es. 53 : 8-9).
Pendant les quarante jours que le Seigneur a passés sur la terre entre la résurrection et l'ascension, et où il a été vu uniquement des siens, ses vêtements n'attiraient pas l'attention, puisque Marie le prenait pour le jardinier et que les disciples d'Emmaüs ne le reconnaissaient pas, mais, dès qu'il est remonté au ciel, la Parole nous parle de ses vêtements glorieux.
Dans le premier chapitre de l'Apocalypse, Il apparaît à Jean comme le Fils de l'homme, « vêtu d'une robe qui allait jusqu'aux pieds, et ceint à la poitrine d'une ceinture d'or » (v. 13). Ce Juge suprême, qui prend connaissance de tout ce qui se passe dans les sept assemblées d'Asie, est tellement différent de cet humble Jésus dans le sein duquel il était couché lors du souper, que Jean tombe à ses pieds comme mort. Mais Il le rassure en mettant sa droite sur lui et en disant : « Ne crains pas » (v. 17). Et nous aussi, nous supporterons cette gloire quand Il se manifestera à nous ; « nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3 : 2). Avons-nous déjà pensé à ce que sera cette entrée dans l'éternité, quand nous L'apercevrons pour la première fois ? Nous avons tous connu dans notre vie des débuts inoubliables, dont les impressions restent gravées dans notre mémoire: le premier jour à l'école, au bureau, à l'usine, le premier jour de notre conversion, de notre mariage, mais qu'est cela en comparaison de cette première rencontre entre l'Eglise et son céleste Epoux ? « Tous tes vêtements sont myrrhe, aloès, et casse, quand tu sors des palais d'ivoire d'où ils t'ont réjoui… la reine est à ta droite, parée d'or d'Ophir… son vêtement est de broderies d'or » (Ps. 45 : 8-9, 13). Quelle perspective heureuse d'être bientôt avec Jésus ! « Tes yeux verront le roi dans sa beauté ; ils contempleront le pays lointain » (Es. 33 : 17).
Enfin la Parole nous parle des vêtements que le Seigneur portera lors de son apparition en gloire pour régner : « Il est vêtu d'un vêtement teint dans le sang… il a sur son vêtement… un nom écrit : Roi des rois, et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19 : 13, 16). La pourpre royale dont les soldats romains l'avaient revêtu par dérision sera alors une terrible réalité et tout genou devra se courber jusque dans la poussière devant sa majesté.
Puissions-nous, en pensant à ces différents vêtements portés par le Seigneur, y découvrir de plus en plus ses perfections infinies !
J. Km – « Messager évangélique » (1971 p. 69-79)