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DANIEL,  LE PROPHÈTE (11a)
 
 

 CHAPITRE 11 : Prophéties sur les rois du nord et du midi

        Les rois de Perse et Alexandre le Grand (v. 1-4)
       Les rois du Nord et du Midi, de -305 à -175 (v. 5-20)  
       Antiochus Epiphane et le peuple de Dieu (v. 21-35)
      

            Comme nous l'avons déjà relevé plus haut, les chapitres 10 à 12 forment une révélation ou prophétie continue. Tout le chapitre 10, avec le premier verset du chapitre 11, constitue une introduction relatant les circonstances dans lesquelles la révélation fut faite et les exercices par lesquels Dieu faisait passer le prophète pour le rendre moralement capable de recevoir ces développements divins concernant l'avenir.
            Jusqu'à la fin du verset 35 du chapitre 11, nous avons un compte rendu des événements qui devaient avoir lieu en relation avec les royaumes en lesquels la Grèce fut divisée après la mort d'Alexandre le Grand. Et ceux-ci sont choisis parce qu'ils placent devant nous deux monarques, le roi du nord et le roi du midi - ainsi nommés en raison de la position géographique de leurs territoires respectifs relativement au « pays de beauté ». Ils sont eux-mêmes des types des adversaires des Juifs aux derniers jours. Leurs actes, tels qu'ils sont décrits ici, sont maintenant passés depuis longtemps ; mais leur signification prophétique demeure. Sinon ils n'auraient aucun intérêt pour le lecteur, sauf en ce qu'ils révèlent la prescience divine ainsi que les soins de Dieu envers son peuple, même lorsque, comme tel, il Lui est infidèle.
           

 
Les rois de Perse et Alexandre le Grand (v. 1-4)

                        La protection de Daniel à la cour de Darius

            Le premier verset contient une révélation remarquable. Chacun doit être frappé, à la lecture du chapitre 6, de la sincérité avec laquelle Darius épouse la cause de Daniel et cherche à le délivrer des machinations de ses ennemis. Le secret nous en est maintenant découvert, illustrant le fait que Dieu tient les cœurs de tous les hommes entre ses mains et les incline à tout ce qui lui plaît pour l'exécution de ses desseins. « Et moi », dit l'ange à Daniel, « dans la première année de Darius, le Mède, je me tins là pour l'aider et le fortifier ». Darius ne le savait pas ; mais le fait est maintenant révélé qu'il y avait une influence divine œuvrant en secret pour l'aider dans une certaine voie, et pour le fortifier contre ceux qui complotaient contre le témoin de Dieu à la cour du roi. Nous pouvons bien apprendre par cela à détourner nos regards de toute cause secondaire et à nous reposer dans l'assurance que Dieu travaille en silence en vue du but qu'Il s'est proposé, au travers de toute la confusion apparente des desseins humains, et face à toutes les démonstrations de puissance de l'ennemi.

                        Les quatre rois de Perse

            Les trois versets suivants (v. 2-4) donnent un bref aperçu de ces événements proches qui formeraient la base des développements subséquents que l'Esprit de Dieu allait tracer.
            D'abord, quatre rois de Perse devaient encore se lever ; « le quatrième deviendra riche de grandes richesses plus que tous ».
            Trois d'entre eux (les trois premiers) sont mentionnés en Esdras 4 : Assuérus, Artaxerxès et Darius. Remarquons que ce n'est pas ici Darius, le Mède (v. 1), mais Darius Hystaspe, tel qu'il est connu dans l'histoire. On suppose que cet Assuérus et cet Artaxerxès sont les monarques désignés par les auteurs profanes comme Cambyse et Smerdis.
            Le quatrième fut le fameux Xerxès qui « devenu fort par ses richesses » excita « tout contre le royaume de Javan ». La défaite écrasante de son armée mélangée, puis l'invasion et la conquête de son royaume par Alexandre - faits bien connus de tout lecteur de l'histoire, et auxquels il a été fait allusion au chapitre 8 (v. 7) - sont passés sous silence ici. Alexandre, « un roi vaillant » est aussitôt introduit.

                        Alexandre le Grand

            « Un roi vaillant se lèvera et exercera une grande domination, et il agira selon son bon plaisir » (v. 3). Il nous est ensuite dit que « quand il se sera levé, son royaume sera brisé et sera divisé vers les quatre vents des cieux, et ne passera pas à sa postérité, et ne sera pas selon la domination qu'il exerçait ; car son royaume sera arraché, et sera à d'autres, outre ceux-là » (v. 4). Tout croyant sincère recevant la Parole inspirée de Dieu n'aura aucune peine à voir là une description précise dans tous les détails de ce qui eut lieu à la mort d'Alexandre - si précise que pour l'expliquer, l'incrédule est obligé de prétendre qu'elle a été écrite après l'événement ! L'ingéniosité de l'incrédulité pour éviter de reconnaître que Dieu a parlé à l'homme dans sa Parole et que l'avenir est là tout entier devant son regard, est simplement stupéfiante. Les suppositions de l'incrédulité sont facilement reçues et sont répandues comme des faits ; mais les vérités du récit divin sont rejetées avec mépris. Et qui est le perdant ? Certainement l'homme qui, dans l'orgueil de son contentement de lui-même, ferme les yeux à la lumière. La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne la comprennent pas.
            Pour en revenir à notre sujet, il est bien connu (les faits ont été établis plus haut) qu'à la mort de ce « roi vaillant », après bien des conflits, son royaume fut
« divisé vers les quatre vents des cieux », et ne passa « pas à sa postérité », mais à quatre de ses généraux. Deux de ces royaumes disparurent bientôt ; deux subsistèrent plus longtemps, ceux qui, sous les appellations « roi du midi » et « roi du nord », apparaissent dans ce récit ;  ils représentent les deux fameuses dynasties des Ptolémées (Egypte) et des Séleucides (Syrie).

 
 
Les rois du Nord et du Midi, de -305 à -175 (v. 5-20)

            Il faut se souvenir d'un fait en suivant ce récit : le roi du Nord et le roi du Midi ne désignent pas toujours les mêmes personnes. Ce sont des titres comme Pharaon, par exemple ; ils s'appliquent ainsi à tous les monarques de la même lignée. Si donc un roi du nord venait à mourir, son successeur portait la même désignation. Cela sera facile à comprendre. 
          

                        Premiers conflits entre le Nord et le Midi

            Le premier des monarques sur lequel notre attention est dirigée est le roi du midi - c'est-à-dire le roi d'Egypte comme le verset 8 l'indique. Il est caractérisé par la force ; mais « un autre sera plus fort que lui » et « sa domination sera une grande domination » (v. 5). Cette phrase s'applique au roi du nord ; et nous avons ici les fondateurs de leurs dynasties respectives, c'est-à-dire Ptolémée et Seleucos, deux des quatre qui succédèrent au royaume d'Alexandre.
            Les monarques sont maintenant à leur place, au sud et au nord de la Palestine ; ensuite nous avons un compte rendu de leurs relations et de leurs conflits. Il n'est cependant pas nécessaire de les considérer dans tous les détails ; il suffira d'indiquer les grandes lignes des événements présentés ici.
            Au verset 6 nous lisons que « au bout de plusieurs années, ils s'uniront ensemble ; et la fille du roi du midi viendra vers le roi du nord pour faire un arrangement droit ». Cela s'est accompli exactement ; car après qu'une querelle eut éclaté entre les successeurs immédiats des premiers rois grecs de Syrie et d'Egypte, le roi d'Egypte chercha à restaurer l'amitié, et donna sa fille (Bérénice) en mariage au roi du nord. Mais, comme cela est dit ici : « elle ne conservera pas la force de son bras ; et il ne subsistera pas, ni son bras ; et elle sera livrée, elle, et ceux qui l'ont amenée, et celui qui l'a engendrée, et celui qui lui aidait dans ces temps-là ». C'est ce qui se passa. Car cette reine (Bérénice), avec son mari (le roi du nord), son fils et ses serviteurs, furent assassinés ; et ainsi le moyen proposé pour renouer l'amitié devint le motif de dissensions et de conflits futurs. Les trois versets suivants (7-9) décrivent la vengeance du meurtre de Bérénice par un homme issu d'un rejeton de ses « racines », un autre roi du midi, qui envahit la Syrie, entra « dans la forteresse du roi du nord », et prévalut (v. 7). En fait sa victoire fut totale et il étendit ses conquêtes jusqu'à Antioche, et à l'est jusqu'à Babylone, avant de rentrer triomphalement en Egypte avec un grand butin de dieux et de trésors, comme le relate le verset 8. « Et celui-ci viendra dans le royaume du roi du midi et il retournera dans son pays » (v. 9). Le nom de ce roi du midi était Ptolémée III, connu aussi sous le titre d'Evergète (Bienfaiteur), titre qu'il se donna ou qu'il reçut.

                        De nouveaux conflits impliquant le « pays de beauté »

            Le contexte établit clairement que le terme « ses fils » au verset 10, s'applique aux successeurs du roi du nord qui avait été vaincu par Ptolémée III ; et en fait les deux rois du nord suivants - ce fut d'abord Seleucos Kéraunos qui ne régna qu'un ou deux ans ; et ensuite son frère et successeur, Antiochus le Grand - attaquèrent l'Egypte avec un grand déploiement de forces, mais sans succès ; et le second des deux connut une défaite des plus désastreuses, selon la prédiction du verset 11 : « La multitude  (l'armée du roi du nord) sera livrée en sa main » - dans la main du roi du midi  (l'Egypte). Mais, comme nous le lisons au verset 12, le roi d'Egypte ne profita pas de sa victoire - la bataille par laquelle cette victoire fut remportée est connue sous le nom de Raphia, et le roi qui la remporta était Ptolémée Philipator. Son cœur s'exalta et bien qu'il fît tomber des myriades, il ne prévalut pas. La raison en est donnée au verset 13 : « le roi du nord reviendra et mettra sur pied une multitude plus grande que la première ; et au bout d'une période d'années, il s'avancera avec une armée nombreuse et de grandes richesses » (v. 13). Beaucoup d'autres aussi « se lèveront contre le roi du midi » ; et outre ceux-ci une autre classe est nommée, « les violents de ton peuple » (c'est-à-dire du peuple de Daniel), dont il est dit qu'ils «  s'élèveront pour accomplir la vision », pour vérifier la parole divine, « mais ils tomberont » (v. 14).
            Tout ceci, il est presque superflu de le remarquer, a eu lieu exactement ; car Antiochus le Grand et Philippe III de Macédoine formèrent une ligue, avec d'autres, contre l'Egypte, et plusieurs des insurgés juifs et patriotes professants, « les violents de ton peuple », rejetèrent, à la même époque, leur soumission à l'Egypte. Le résultat de cette coalition contre le roi du midi est constatée dans le verset 15. Antiochus et ses alliés conquirent « les villes fortes », s'emparèrent de toute la Judée et vainquirent définitivement l'armée égyptienne. Il agit donc selon son gré et il n'y eut personne qui lui résistât (v. 16). Alors il est dit : « Il se tiendra dans le pays de beauté, ayant la destruction dans sa main ». Le pays de beauté est la Palestine et il est fait allusion à une action du roi du nord à l'égard de la Terre Sainte. Certains maintiennent que le mot « destruction » devrait être « accomplissement », et il semble établi que le roi du nord en cette occasion agit en tant qu'ami des Juifs et coopéra à l'achèvement ou à l'embellissement du temple.
            En soi la circonstance n'est pas très importante mais elle nous rappelle pourquoi les conflits de ces souverains rivaux nous sont racontés : ils sont donnés avec tant de détails à cause de leur portée sur les Juifs et le pays de beauté. On le comprendra si on considère la position géographique de la Palestine relativement à la Syrie et à l'Egypte. Elle est située entre les deux et formait par conséquent la voie d'accès de l'un et de l'autre pays. Dans leurs invasions mutuelles, les armées des deux pays hostiles étaient donc continuellement amenées à fouler le pays ; et en outre, la Judée appartenait au monarque victorieux du moment. La Palestine était ainsi nettement le champ de bataille, vu qu'elle constituait l'avant-poste du territoire des deux royaumes. Dieu ne pouvait pas être indifférent à ce qui affectait ainsi le bien-être de son pauvre peuple, rentré de Babylone. Et c'est pourquoi l'Esprit de Dieu a voulu que le récit de toutes ces guerres soit rapporté. Cela nous montre l'intensité de l'amour de Dieu pour son peuple quel que fût son état ; et nous enseigne qu'Il a égard aux mouvements des nations portant atteinte aux intérêts de son peuple.

                        Le stratagème et les attaques d’Antiochus le Grand

            La section suivante (v. 17-19) contient les actes subséquents de ce roi du nord (Antiochus le Grand) et le récit de sa mort.
            Tout d'abord, il médita une autre attaque contre l'Egypte ; mais changeant d'avis, il conclut une alliance avec le roi du midi, lui donnant sa fille Cléopâtre pour femme, afin d'assurer sa propre influence dans la cour égyptienne. « Pour la pervertir » traduit son désir que sa fille agisse dans ses intérêts à lui plutôt que dans ceux de son mari. Mais elle, en vraie femme sous cet aspect, s'attacha à son mari.
            Ayant, à son avis, tout assuré en Egypte par ce mariage, Antiochus se mit à attaquer, d'après le plan qu'il avait dressé, « les îles » - les îles de Grèce - et il en prit beaucoup ; mais là s'acheva sa carrière de victoires.
            « Un chef » apparut sur la scène, un général romain (Scipion), car la république romaine était alliée à la Grèce, l'attaqua et le vainquit dans deux batailles décisives : Thermopyles (191 avant Jésus Christ) et Magnésie (190 avant Jésus Christ). Puis il le contraignit à céder à ses vainqueurs la moitié occidentale de son empire outre le paiement d'un lourd tribut. Pour se procurer le moyen de payer ce tribut, le roi du nord fit une expédition contre un riche temple et fut tué en cherchant à le piller, selon la prédiction : « il bronchera et tombera, et ne sera pas trouvé » (v. 19).
            Son successeur, un « exacteur » (v. 20), cherchant à lever le tribut aux Romains, pilla le temple à Jérusalem, et « en quelques jours » il fut brisé, « non par colère, ni par guerre ». L'homme même dont il s'était servi pour piller le temple fut l'instrument de son assassinat.

 
 
Antiochus Epiphane et le peuple de Dieu (v. 21-35)

            Nous arrivons maintenant à l'avènement d'un monarque, « un homme méprisé » (v. 21) toutefois, qui a été spécialement choisi pour être le type de l'Assyrien ou roi du nord des derniers jours. C'est pour cette raison que sa carrière est donnée avec tant de détails, à partir du verset 21.

                         L’homme méprisé

            Cet « homme méprisé » qui « s'élèvera » est connu dans l'histoire sous le nom d'Antiochus Epiphane ; son règne débuta vers 175 avant Jésus Christ. Il ne lui fut pas donné « l'honneur du royaume », car il n'était pas l'héritier légal ; mais « il entrera paisiblement, et prendra possession du royaume par des flatteries », et il répondit à la lettre à cette description. S'étant établi lui-même dans le royaume, ses divers actes sont rapportés, ses succès, ses tromperies et sa force croissante, l'agrandissement de son territoire et sa prodigalité insensée (v. 22-24).

                         Les expéditions contre l’Egypte

            Comme ses prédécesseurs, Antiochus Epiphane partit en expédition contre le roi du midi. Aidé par des traîtres dans la cour et le camp de son ennemi, il le vainquit entièrement. On dit qu'il fit quatre expéditions contre l'Egypte, dans les années 171, 170, 169 et 168 avant Jésus Christ ; mais deux seulement sont rapportées dans le récit sacré, à moins que trois ne soient vues au verset 29 - celles-ci sont évidemment choisies à cause de leurs conséquences quant aux Juifs.
            Un traité semblerait avoir été conclu, d'après le verset 27, les deux monarques cachant sous le masque de l'amitié la traîtrise de leur cœur : ils « diront des mensonges à une même table ; mais cela ne réussira pas, car la fin sera encore pour le temps déterminé ». Ayant réglé pour le moment ses affaires avec le roi d'Egypte, Antiochus retourna dans son pays « avec de grandes richesses » (v. 28). Alors son inimitié contre « la sainte alliance », c'est-à-dire contre la religion juive, l'alliance de Dieu avec son peuple, fut en quelque sorte manifestée. On dit que sur son chemin de retour, il attaqua Jérusalem, massacra des milliers de ses habitants et profana le temple, à cause de l'insurrection des Juifs à la suite d'un faux rapport concernant sa mort (voir 1 Macchabées 1 : 21-24).
            Au verset 29, nous lisons : « Au temps déterminé il retournera et viendra dans le midi ». Le « temps déterminé », si nous comprenons bien, signifie, comme le verset 27 l'établit, le temps fixé par Dieu pour la fin de l'alliance trompeuse que ce monarque avait faite avec le roi du midi. Elle ne devait pas réussir et, par conséquent, Antiochus, au mépris des obligations qu'il avait prises dans son traité, reprit les hostilités contre son allié ; « mais », comme cela fut dit à Daniel, « il n'en sera pas la dernière fois comme la première ». Dans les occasions précédentes, il avait réussi dans ses desseins, mais maintenant une autre puissance s'avance - celle qui bientôt allait succéder, comme quatrième empire prophétique, à celui de Grèce dans le gouvernement du monde. Cette puissance arrête la carrière victorieuse d’Antiochus : « les navires de Kittim viendront contre lui » (v. 30) ; ce sont les navires d'Italie, une flotte, en fait, de la République romaine. Arrêté par le consul romain dans la poursuite de ses objectifs en Egypte, et impuissant en présence d'un tel ennemi, il est contraint de retourner. Son état d'esprit en voyant sa proie ravie de sa gueule est décrit en ces termes : « Et il sera découragé, et retournera et sera courroucé contre la sainte alliance » (v. 30).

                        Les actes d'Antiochus Epiphane à Jérusalem et dans le pays de beauté

            Nous arrivons à l'objet principal de ce récit qui est maintenant historique mais qui a été relaté par l'ange longtemps avant que les faits n'arrivent, démontrant, on peut l'affirmer une fois de plus, à la fois la présence de Dieu et le caractère de l'inspiration. De nos jours, on a l'habitude de rechercher parmi les ruines anciennes et les inscriptions et tablettes antiques la confirmation des récits bibliques. On semble oublier que Dieu n'a pas besoin que l'homme vienne authentifier la révélation qu'il a faite, et que si la Parole de Dieu n'est pas son propre témoin (voir Jean 3 : 33), nulle somme de preuves humaines ne l'établira comme telle dans l'âme. D'ailleurs, les faits allégués et les traductions faites d'après d'anciens cylindres et monuments prennent un aspect et une importance très différents selon les vues des divers interprètes. Mais, acceptant la Bible comme la véritable Parole de Dieu et maintenant par conséquent l'impossibilité qu'elle se trompe, nous avons un guide infaillible, un point d'appui sur lequel on peut compter. Nous avons la certitude que les événements prédits doivent avoir un accomplissement réel et véritable et que les faits historiques rapportés sont donnés avec la plus fidèle précision. Il est de toute importance, si nous voulons comprendre les récits divins, de commencer par une foi implicite dans l'infaillibilité des Ecritures.
            Du milieu du verset 30 à la fin du verset 35, nous avons le récit des actes d'Antiochus à Jérusalem et dans le pays de beauté - actes si diaboliques que cet homme est choisi comme type du puissant ennemi d'Israël aux derniers jours. Il est peut-être même pire que leur dernier ennemi, l'Assyrien, car il semble concentrer en lui-même presque tous les éléments de l'hostilité et de la profanation qui seront trouvés non seulement dans le roi du nord, mais dans les deux bêtes d'Apocalypse 13.
            Il nous est dit d'abord qu'il « sera courroucé contre la sainte alliance, et il agira » ; c'est-à-dire, si nous comprenons bien, qu'il agit sous l'impulsion de son courroux contre les Juifs et contre la sainte alliance. En outre il porte son attention sur les Juifs apostats. Cette histoire est relatée dans les livres des Macchabées. On y voit qu'il s'efforça de paganiser les Juifs, et comme Nebucadnetsar au chapitre 3, d'unifier ses possessions en contraignant tous ses sujets à adorer les mêmes faux dieux. Qu'il y parvint dans une large mesure parmi les Juifs ressort de ce récit prophétique. Les apostats sont mentionnés dans les versets 30 et 32.
            Dans la poursuite de ses desseins, le temple se trouverait nécessairement sur son chemin et appellerait son hostilité la plus mortelle. Le verset 31 décrit ainsi sa conduite à cet égard : « Et des forces se tiendront là de sa part, et elles profaneront le sanctuaire de la forteresse, et ôteront le sacrifice continuel, et elles placeront l'abomination qui cause la désolation » (v. 31). Il y est fait allusion en 1 Macchabées dans les paroles suivantes : « Le roi envoya aussi, par les messagers, à Jérusalem et aux villes de Juda, des édits leur enjoignant de suivre des coutumes étrangères à leur pays, de bannir du sanctuaire holocaustes, sacrifice et libation, de profaner sabbats et fêtes, de souiller le sanctuaire et tout ce qui est saint, d'élever autels, lieux de culte et temple d'idoles, d'immoler des porcs et des animaux impurs... oubliant ainsi la loi et altérant toutes les observances ». Et nous lisons en outre que « le quinzième jour de Kisleu en l'an cent quarante-cinq, le roi installa l'abomination de la désolation sur l'autel » et que « le vingt-cinq de chaque mois, on sacrifiait sur l'autel dressé sur l'emplacement de l'ancien autel des holocaustes » (1 : 44-59). Par d'autres sources, nous apprenons que le culte qu'Antiochus ordonna à la place de celui du Dieu des cieux était celui de Zeus (Jupiter) Olympien.
            Ces faits permettront au lecteur de comprendre au verset 30 à la fois le caractère effrayant des actes de profanation et de méchanceté de ce roi du nord, et aussi les souffrances que sa conduite entraînait pour les Juifs qui restaient fidèles à leur Dieu et à sa Parole. Certains, « ceux qui agissent méchamment à l'égard de l'alliance », il les corrompit par des flatteries ; mais Dieu préserva un résidu fidèle, et ceux-ci, connaissant leur Dieu, furent fort et agirent (v. 32). Dans le verset suivant, notre attention est attirée sur une classe plus restreinte : « les sages du peuple ». Il y avait ainsi, à ce que nous comprenons, trois classes de Juifs ; d'abord, la masse qui fut corrompue par des flatteries ; deuxièmement, le résidu fidèle qui refusa de renoncer à observer la loi de son Dieu ; et enfin, certains d'entre le résidu qui, enseignés de Dieu, étaient capables de l'instruire dans la parole et de l'encourager dans le sentier de la fidélité, quelle que fût la persécution à laquelle il pouvait être soumis. Cette classe est de nouveau mentionnée au chapitre 12 (v. 3), et ceux qui la composent sont nommés « les Maskilim ». C'était contre cette classe, ceux qui étaient publiquement identifiés avec le témoignage de Dieu sur la terre, que l'inimitié de Satan était spécialement dirigée ; aussi l'ange dit : « et ils tomberont par l'épée et par la flamme, par la captivité et par le pillage, plusieurs jours » (v. 33). Le lecteur de l'Apocalypse se souviendra d'expériences semblables relatées dans ce livre (voir chap. 11 ; 12 : 17 ; 13 ; 14 : 12, 13...).
            Mais ils ne sont pas totalement abandonnés entre les mains de l'ennemi, car « quand ils tomberont, ils seront secourus avec un peu de secours, et plusieurs se joindront à eux par des flatteries » (v. 34). Il n'était guère possible que, dans ce récit prophétique, aucune allusion ne fût faite à la résistance naissante et vaillante des Macchabées contre les cruautés et la profanation de leur oppresseur. Car il y eut, du moins au commencement de leur rébellion, un zèle incontesté pour Dieu, pour son temple, et pour sa loi ; et un grand succès leur fut accordé. Pendant des années, ils refoulèrent les assauts de toute la puissance du roi du nord, et maintinrent, par des victoires répétées, leur cause juste et sainte. Tout ceci appartient maintenant à l'histoire et n'est rappelé ici que pour expliquer la dernière partie du verset 34 : « plusieurs se joindront à eux par des flatteries » - car après le règne d'Antiochus, lorsque la Syrie fut déchirée par des factions et des disputes internes, les chefs des Macchabées furent aussi plus souvent flattés que menacés.
            Mais que le lecteur s'en souvienne : si tout cela est de l'histoire, ce n'est pas seulement de l'histoire. Antiochus lui-même est un personnage typique et plusieurs des événements liés à son règne, et spécialement ses actes dans Jérusalem, se reproduiront à la fin. Nous en citons deux :

                      - Antiochus fit établir « l'abomination qui cause la désolation » dans le temple (v. 31) ; au chapitre 12 (v.11), nous apprenons que ce geste se répétera dans un jour futur. Aussi notre Seigneur cite-t-il le chapitre 12 en Matthieu 24, parce qu’Il parle là de ce qui n'avait pas encore eu lieu. Si cette distinction avait été observée avec plus de précision, moins d'erreurs auraient été commises dans l'interprétation de ces écrits prophétiques.
                      - Dieu permettra que « d'entre les sages » il en tombe, pour éprouver la foi du résidu et « pour les purifier » et « pour les blanchir, jusqu'au temps de la fin » (v. 35) ; le langage même qui est utilisé montre que ce qui eut lieu alors est donné comme échantillon d'une chose qui se répétera aux derniers jours. Ainsi, en Apocalypse 14, après l'annonce du jugement sur ceux qui adoreront la bête et son image, le résidu est décrit ; et c'est alors que le commandement vient du ciel : « Écris : Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur » (v. 9-13 ; comp. 13 : 5-15).

            A la lecture de ce chapitre, quelqu'un est peut-être tenté de demander : Quel profit retire-t-on de ces détails historiques ? La réponse est celle-ci : Dieu a permis que ces choses soient rapportées en vue de préparer les fidèles à ce qui arrivera au temps de la fin. Il y a très peu d'événements purement historiques dans les Ecritures pour la raison déjà mentionnée que les récits rapportés sont en eux-mêmes typiques et prophétiques. C'est un point important, une aide immense pour l'étude des Ecritures, que de comprendre ce principe. Il convient aussi de se souvenir que ces révélations étaient pour la direction et la consolation des Juifs pendant la période de ces guerres entre la Syrie et l'Egypte, autant qu'elles le seront pour l'instruction du résidu pieux aux derniers jours.

 

                                                                                     D’après E. Dennett

 
A suivre