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LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (9)

 
L’INTENDANT INFIDELE (Luc 16 : 1-13)

         L'intendant destitué de son administration
         La prudence de l'intendant
         Fils de ce monde et fils de la lumière
         Quand les richesses injustes viennent à manquer
         Servir deux maîtres ?
 

            La leçon de cette parabole est confirmée dans l’histoire de « l’homme riche et du pauvre Lazare » où le Seigneur tire quelque peu le voile sur le monde invisible des esprits des trépassés. Contrairement aux trois paraboles de Luc 15, il ne s’agit pas de trouver des « perdus », mais de montrer ce que les « trouvés » doivent faire des biens terrestres.
            Toutes les paraboles de ces chapitres 15 et 16 ont été prononcées devant un auditoire mélangé : des pharisiens, des publicains, des pécheurs, ou ses disciples.


L'intendant destitué de son administration

« Jésus dit aussi à ses disciples : Un homme riche avait un intendant ; et celui-ci fut accusé devant lui de dilapider ses biens. Il l’appela et lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ta gestion ; car tu ne pourras plus l’assurer » (v. 1-2).

            Le Créateur avait confié à l’homme des « biens » (voir la parabole du « fils prodigue »), un esprit, une âme, un corps, et des capacités qu’il devait utiliser pour glorifier son Créateur. Dans cette mesure il était un intendant (ou : administrateur) de Dieu ; mais il n’a pas répondu à ce devoir. Le fils prodigue a dissipé son bien dans un pays éloigné, et l’administrateur injuste a fait de même dans la maison de son Maître. Dieu ne le considère plus comme un administrateur. Il a perdu cette position par son infidélité ; mais sa responsabilité subsiste vis-à-vis de son Créateur, car Dieu l’a encore laissé en possession des biens terrestres.
            L’administrateur injuste est aussi en particulier une image d’Israël. Dieu lui avait donné la Loi et avec elle des promesses et le service divin (Rom. 9 : 4-5). Mais ce peuple a été infidèle vis-à-vis des biens qui lui avaient été confiés ; il est tombé dans l’idolâtrie et a finalement tué son propre Messie. Dieu ne l’a alors plus considéré comme son administrateur. Il l’a appelé : « Lo-Ammi… vous n’êtes pas mon peuple, et je ne serai pas à vous » (Osée 1 : 9).
            La destitution de l’administrateur injuste de son poste est imminente. Comment va-t-il agir dans le temps qui lui reste avec les biens qui appartiennent à son maître, et non à lui ? Comment va-t-il utiliser les possibilités et capacités qui lui restent ? C’est alors qu’intervient une application de la parabole à laquelle nous ne nous serions pas attendus.


La prudence de l'intendant

« L’intendant dit en lui-même : Que vais-je faire, puisque mon maître m’ôte la gestion ? Je n’ai pas la force pour bêcher la terre ; j’ai honte de mendier : je sais ce que je vais faire, afin qu’une fois écarté de ma gestion je sois reçu dans leurs maisons.
Il appela chacun des débiteurs de son maître et dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?  Il répondit : Cent baths d’huile. L’intendant lui dit : Prends ton compte, assieds-toi vite et inscris cinquante. Puis il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Il dit : Cent cors de froment. L’intendant lui dit : Prends ton compte et inscris quatre-vingts 
» (v. 3-7).

             La « prudence » de l’administrateur est largement dépeinte. Il réfléchit rapidement pour échapper aux conséquences amères de sa destitution ; il va profiter de la position influente qu’il occupait jusqu’alors pour se faire sur la terre des amis.
             D’un côté, il n’envisage pas de gagner sa vie en bêchant, car il n’en a pas la force. L’homme, Juif ou païen, ne possède aucune force pour répondre aux exigences de Dieu, pour faire le bien et pour laisser le mal : « nous étions encore sans force » (Rom. 5 : 6).
             D’un autre côté, il a honte de mendier, reconnaissant son véritable état. Son orgueil lui interdit d’adopter une attitude de demandeur.
            C’est pour ces deux raisons principales, l’incapacité totale et l’orgueil, que les gens refusent l’évangile et haïssent la grâce de Dieu. Ainsi la grâce met en relief que l’homme est sans force, et qu’il ne peut la recevoir qu’en tant que suppliant, sans la mériter.

         Cet administrateur remet donc, « libéralement », à ces deux débiteurs une partie considérable de leur dette (50% de 100 baths d’huile, c’est-à-dire environ 4000 litres et 20% de 100 cors de blé, soit à peu près 40 m3!). Certes il a été malhonnête au détriment de son maître, mais il s’est assuré son propre avenir en se faisant des amis. C’est un comportement injuste, mais prudent.


Fils de ce monde et fils de la lumière

« Le maître loua l'intendant malhonnête parce qu'il avait agi prudemment. Car les fils de ce siècle (de ce monde) sont plus prudents, à l'égard de leurs semblables, que les fils de la lumière » (v. 8).

            Pourquoi son maître le loue-t-il ? Qu’approuve-t-il dans le comportement de son intendant ? En fait, il ne peut s’empêcher de reconnaître sa prévoyance, sa prudence. Il avait su se faire des amis avec ce qui ne lui appartenait pas en vue du temps qui arriverait « après » sa destitution.
            Beaucoup de personnes agissent à l’inverse et sacrifient l’avenir au présent ; et quand ils se soucient de l’avenir, ce n’est qu’en vue d’un avenir dans ce monde ! Leur prudence ne va pas plus loin. Ils vivent pour ce monde, et ce qui vient après ne les intéresse pas. C’est pourquoi ils sont appelés « fils de ce siècle ». L’homme riche dans le dernier paragraphe du chapitre sera comme un « fils de ce siècle », tandis que le pauvre Lazare était un vrai « fils de la lumière ».

            A partir du verset 9, le Seigneur Jésus applique la parabole à ses disciples. La fin du verset 8 : « car les fils de ce siècle sont plus prudents, à l’égard de leurs semblables, que les fils de la lumière » constitue la « morale » de la parabole. Elle parle de la prudence des fils de ce monde par rapport à leur « génération ». En cela ils se montrent plus intelligents que les fils de la lumière.


Quand les richesses injustes viennent à manquer
 
« Et moi, je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que, quand elles viendront à manquer, vous soyez reçus dans les demeures éternelles. Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit est fidèle aussi dans ce qui est grand ; et celui qui est injuste dans ce qui est très petit est injuste aussi dans ce qui est grand. Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les vraies ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est vôtre ? » (v. 9-12).

            Pour interpréter correctement la parabole, il ne faut pas oublier que le Seigneur s’adresse à ses disciples (v. 1). Ses paroles ne concernent donc pas la manière dont on devient disciple ; elles n’indiquent pas comment on parvient à la vie éternelle, comment on accède au ciel. Il n’est pas question d’acheter le ciel avec des richesses injustes.
 
            Il faut considérer la parabole comme un tout (voir le tableau ci-dessous) :

 
                  La parabole
       Son application aux croyants

L’homme est l’administrateur……………….

Des biens lui sont confiés……………………

Il s’en fait des amis (avec prudence)………...

Il s’agit de richesses injustes………………...

Elles viennent à manquer……………………

Les fils de ce monde recherchent des maisons terrestres …………………………...

En fait, les uns sont motivés par l’injustice….

 
=> nous le sommes aussi

=> à nous aussi

=> c’est aussi ce que nous devons faire
 
=> pour nous aussi

=> à nous également

=> les fils de la lumière recherchent des demeures éternelles !

=> les autres au contraire, par la justice

 

                        Les richesses injustes et les amis qui reçoivent

            Les richesses terrestres sont dites « injustes », parce qu’elles sont caractérisées par l’injustice de la terre de plusieurs manières :

                        - Elles ont souvent été acquises de manière injuste.
                        - Elles conduisent facilement à l’injustice.
                        - Elles sont souillées pour avoir circulé (par exemple, la monnaie) dans les mains d’hommes pécheurs, et pour avoir servi à l’accomplissement de péchés.

            L’argent et les richesses ne perdent pas ce caractère d’injustice quand ils arrivent dans les mains d’enfants de Dieu. Mais elles ne nous appartiennent pas ; nous ne sommes que des administrateurs de ce que Dieu nous a confié. « Les richesses sont injustes parce que l’homme en chute se les est appropriées, au lieu de les considérer comme appartenant à Dieu » a écrit un commentateur.
            Ainsi elles peuvent et doivent nous servir pour la bénédiction des autres, dans un esprit de grâce. Au lieu de les garder pour nous, utilisons-les pour le bien des autres. Le croyant doit les employer en vue du ciel, non pour s’y assurer une place, mais afin de trouver là, pour l’éternité, une fois introduit dans la gloire, les conséquences de l’usage qu’il en aura fait. Ce sont là, en langage figuré, ces « amis » qu’il faut se faire, dans les « demeures éternelles ». Au fond, ces amis, c’est Dieu.

            « Afin que, quand elles viendront à manquer, vous soyez reçus dans les demeures éternelles ». Certes l’expression « afin que … vous soyez reçus » est volontairement très imprécise ; mais seul Dieu lui-même peut recevoir dans le ciel. Pour chacun de nous, il arrive inévitablement un moment où les richesses terrestres viennent à manquer : à l’heure de la mort ou à celle de « l’enlèvement ». En tous cas, tout homme doit connaître l’heure de la vérité. On peut amasser « des trésors dans le ciel » et amasser « un bon fondement pour l’avenir » (Matt. 6 : 20 ; 1 Tim. 6 : 19). Nous ne pouvons pas être justifiés par des bonnes œuvres ; mais si elles sont accomplies par la foi, elles sont une preuve de la grâce de Dieu opérant en nous. Et par cela nous sommes affermis dans le chemin de la foi.


                        Ce qui est très petit et ce qui est grand

            « Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit est fidèle aussi dans ce qui est grand ; et celui qui est injuste dans ce qui est très petit est injuste aussi dans ce qui est grand ». Le Seigneur ne parle plus directement de la prudence de l’administrateur injuste, mais Il met l’accent sur l’injustice et l’infidélité dans l’administration des richesses terrestres. Aux yeux du Seigneur, Mammon (les richesses terrestres) est ce qui est très petit, et nous devons apprendre à partager son estimation. A l’inverse de l’administrateur injuste, nous devons gérer fidèlement pour Lui ce qui est très petit, les biens terrestres qu’Il nous accorde. C’est justement la fidélité dans les petites choses qui nous met à l’épreuve. Si nous réussissons à être fidèles dans ce qui est petit, la porte nous sera ouverte pour ce qui est « grand », les choses du ciel. Cela inclut tout ce dont, comme enfants de Dieu, nous pouvons nous réjouir dans le Seigneur, tout le domaine spirituel de notre vie. Nous ne nous attendions certainement pas à ce que les richesses temporelles et les bénédictions éternelles soient liées de cette manière.

 
                        Les vraies richesses – ce qui est « vôtre »
 
            « Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les vraies ? ». Les richesses injustes ne sont pas seulement « très petites » ; elles sont aussi fausses, superficielles, fugaces ; elles trompent et n’apportent pas le bonheur. Le Seigneur les met maintenant en contraste avec les « vraies ». Il attend en premier lieu de nous la fidélité dans les « richesses injustes » : nous servir des biens terrestres pour la bénédiction des autres, et alors Il nous confiera les vraies.

            « Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est vôtre ? 
». Nous sommes administrateurs, et ces richesses que nous possédons sur la terre appartiennent à un Autre. Si nous les utilisons au service de notre Seigneur et Maître, Il nous donnera ce qui est « nôtre ». Tout ce qui appartient à Christ est à nous (1 Cor. 3 : 21-23), et Il nous le donnera pour notre joie ici-bas dans le temps présent, et là-haut dans la gloire éternelle. Si nous sommes infidèles dans ces richesses terrestres, non seulement nous nous privons de joie, mais nous en privons d’autres.


Servir deux maîtres ?

« Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres ; en effet, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre ; vous ne pouvez pas servir Dieu et les richesses » (v. 13).

            Le Seigneur dit que servir deux maîtres, Dieu et les richesses (Mammon), n'est pas difficile, mais impossible ! On comprend bien que nous devons répondre à nos obligations terrestres avec fidélité et soin, mais c'est tout autre chose que de diriger nos pensées sur la multiplication de notre avoir terrestre.
            Prenons au sérieux la parole de notre Seigneur !
« servir » signifie « servir comme esclave ». Comme il est impossible à un esclave de servir deux maîtres, nous ne pouvons pas être en même temps esclave de Dieu et esclave des richesses (Mammon) : « ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre ». Autrement dit, dans son coeur et ses pensées il n'y aura qu'un seul des deux maîtres qu'il considérera comme son maître réel, et c'est à lui qu'il consacrera son service de coeur. L'autre ne sera servi qu'extérieurement ; ce
ne sera qu'un service apparent.

               Dieu ne nous a pas donné la vie éternelle pour gagner le plus d’argent possible. Nous oublions parfois que nous avons été achetés à un prix très élevé, le prix de son sang (1 Cor. 6 : 20), et que nous n’appartenons plus à nous-mêmes. C’est pourquoi notre maître ne peut être qu’unique.

                                                                                                      D'après Ch. Briem

A suivre