LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (8)
LE FILS PRODIGUE (Luc 15 : 12-32)
La responsabilité de l'homme naturel
Le caractère du péché
Dans le pays éloigné
Conversion, repentance et confession
La grâce surabondante de Dieu
La joie de Dieu
Revêtu de la plus belle robe
Le propre juste
LE FILS PRODIGUE (Luc 15 : 12-32)
Les trois paraboles de Luc 15 sont une réponse du Seigneur aux pharisiens propres justes qui lui reprochaient de recevoir les pécheurs et de manger avec eux. Dans la parabole de la « brebis perdue », nous avons le berger, le Fils de Dieu ; dans celle de la « drachme perdue », une image de l’activité du Saint Esprit par l’assemblée. Dans celle du « fils perdu », c’est un père qui attend son fils perdu jusqu’à ce qu’il revienne, et qui l’accueille avec émotion. Toute la Trinité - Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit et Dieu le Père - est occupée en grâce au salut des pécheurs. Dans les trois paraboles le résultat en est la joie au ciel au sujet d’un seul pécheur qui se repent.
Cette troisième parabole qui se rapporte à la vie de la famille comprend deux parties. Dans chacune d’elles, on voit le père : dans la première partie, il reçoit le fils perdu ; dans la seconde, il supplie l’autre fils, qui est un propre juste.
La responsabilité de l'homme naturel
« Il dit encore : Un homme avait deux fils » (v.11-12). Cette phrase introductive indique l’origine de l’homme comme créature de Dieu. La doctrine sur ce sujet se trouve dans l’épître aux Ephésiens (4 : 6) : « un seul Dieu et Père de tous (créateur de tous les hommes), qui est au-dessus de tout et partout, et en nous tous ». « Car aussi nous sommes sa race. Puisque nous sommes la race de Dieu… » (Act. 17 : 26-29). En Luc 3 : 38, l’origine d’Adam est rattachée directement à Dieu : « d’Adam, de Dieu ».
Le diable a combattu avec acharnement cette origine de l’homme créé par Dieu par la théorie de l’évolution, par laquelle il cherche à mettre Dieu de côté, en tant que Créateur, aux yeux des hommes. Notre responsabilité vis-à-vis de notre Créateur réside donc dans le fait que nous sommes des créatures de Dieu, créées à son image et selon sa ressemblance (Gen. 1 : 26), douées d’intelligence et de raison. Nous sommes responsables personnellement vis-à-vis de Dieu à double titre :
- parce qu’Il nous a confié des dons et des capacités ;
- parce qu’Il désire que nous Le manifestions dans ce monde par le moyen des capacités reçues.
Même si l’homme ne comprend pas la Bible, ou n’a rien entendu au sujet de Christ, il reste que le Créateur lui a fait connaître sa puissance éternelle et sa divinité par le moyen de la création visible, et ce fait rend tout homme responsable devant Dieu, et le rend « inexcusable » s’il se détourne (Rom. 1 : 18-25). C’est pourquoi tout homme lui doit l’obéissance.
Encore un point pour prévenir des pensées erronées : ces deux fils ne représentent pas des enfants de Dieu déjà « nés de nouveau », mais des hommes naturels dans leur position et leur responsabilité devant Dieu, à qui ils doivent leur existence.
Le caractère du péché
Le principe du péché est mis ici très fortement en relief : le plus jeune fils voulait s’en aller loin du père pour pouvoir faire entièrement sa propre volonté : c’est à proprement parler le principe du péché : s’éloigner de Dieu pour ne faire que sa propre volonté, c’est l’iniquité (une marche sans loi, sans frein selon 1 Jean 3 : 4) ; une vie de débauche n’en est que l’aboutissement. Pour ce jeune homme, sa propre volonté est à la source de tout son malheur ; il tourne le dos au père pour disposer de sa vie sans lui, et être heureux sans lui.
C’est le chemin de tout homme. Depuis que le péché est entré dans le monde par le premier homme, l’homme s’en va comme « une brebis errante » ; « chacun s’est tourné vers son propre chemin » (Es. 53 : 6), comme Caïn, loin de la face de Dieu, pour faire ce qui lui plaît (Gen. 4 : 16). Où que l’on regarde, ce principe régit le monde. Ce principe d’indépendance de Dieu et de propre volonté est le péché au sens propre ; il imprègne le monde entier, à tous les niveaux et dans tous les domaines.
Le père était-il un homme dur, sans amour, qu’il fallait fuir au plus vite ? Le reste de l’histoire montre le contraire. Cependant le jeune homme était très pressé de partir au loin ; « peu de jours après », ayant tout vendu, il part « pour un pays éloigné » (v. 13). Combien ce père a dû souffrir de cette situation ! Nous avons tous suivi, sans exception, ce triste chemin ; nous avons tous péché contre Dieu, et nous lui avons pour ainsi dire « tourné le dos », pour nous en aller sur notre chemin. David parle de ce « peu de jours après », en disant que « les méchants se sont égarés dès la matrice ; ils errent dès le ventre » (Ps. 58 : 3).
Nous arrivons maintenant à un autre point. En tant qu’hommes, nous faisons des différences entre les pécheurs ; certains vivent dans la débauche (1 Cor. 6 : 11) et d’autres ont eu une conduite tout à fait honorable. Mais si nous regardons le cœur de l’homme, où habite la racine de notre péché, ces différences disparaissent totalement. En ce qui concerne l’état de l’âme, le plus jeune fils n’était pas un plus grand pécheur quand il a vécu dans la débauche que quand il a tourné le dos à son père. Le mal résidait dans son cœur qui voulait être heureux sans son père.
Il en est ainsi pour tout homme par nature : son cœur, et par suite sa volonté, sont étrangers à Dieu ; nous étions tous allés dans un pays éloigné pour vivre loin de Dieu. Et le Seigneur Jésus prend justement en exemple ce jeune fils dégradé pour montrer jusqu’où la grâce de Dieu peut aller.
Dans le pays éloigné
Le père n’avait pas défendu à son plus jeune fils de s’en aller ; au contraire nous lisons : « il leur partagea son bien » (v.12). C’est ainsi que Dieu n’empêche pas l’homme de choisir sa propre volonté. Toutefois, il le met à l’épreuve en lui remettant son bien : on allait voir ce qu’il en ferait, mais l’homme est responsable de ses actes. Dieu permet à l’homme de faire ce qu’il veut de ce qu’il lui a confié ; mais cela ne fera que manifester ce qu’est son cœur. Combien cette pensée nous sonde ! (Ecc. 7 : 29)
Le jeune homme se trouvait heureux dans le « pays éloigné », éloigné de Dieu, avec l’argent qu’il dilapidait ; mais cela ne durera pas.
Le Créateur a doté les hommes d’un esprit, d’une âme, d’un corps avec des capacités qui font clairement voir que tout cela provient de la main d’un bien plus grand qu’eux. Et Dieu veut qu’ils utilisent ces capacités à le glorifier « de peur que tu ne donnes ton honneur à d’autres, et tes années à l’homme cruel ; de peur que des étrangers ne se rassasient de ton bien… et que tu ne gémisses à ta fin, quand ta chair et ton corps se consumeront ; et que tu ne dises : Comment ai-je haï l’instruction, et mon cœur a-t-il méprisé la répréhension ? » (Prov. 5 : 9-12).
Mais l’homme sans Dieu ne tient pas compte de ces avertissements et gaspille ses forces à de vains projets, à assouvir sa propre volonté, en bref pour le péché. « Après qu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là ; et lui aussi commença à être dans le besoin. Il alla se joindre à l’un des citoyens de ce pays-là, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Et il désirait se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs ; mais personne ne lui donnait rien » (v. 14-16). L’homme qui tourne le dos à Dieu, malgré sa prétendue sagesse, son savoir et ses efforts, malgré sa course aux plaisirs et au bonheur, se dégrade moralement toujours plus, il s’appauvrit dans son âme. Tôt ou tard, il commence à être dans le besoin. Le diable ne donne rien, il ne fait que prendre. C’est pourquoi il n’y a aucune satisfaction réelle dans le « pays éloigné ». Ce monde n’a rien qui peut réellement satisfaire l’âme, ou la rassasier. « Tout est vanité et poursuite du vent » (Ecc. 2 : 17).
Première réaction de l’homme dans la détresse
Certainement c’est Dieu qui a suscité la famine dans ce pays éloigné pour que le fils « revienne à lui-même ». Mais celui-ci, quand le besoin se fait sentir de manière trop sensible, ne pense pas à son père pour avoir de l’aide, mais se joint à l’un des citoyens de ce pays-là.
C’est bouleversant de voir que même la « famine » n’amène pas les hommes à Dieu. « Tu les as frappés, mais ils n’en ont point ressenti de douleur… ils ont refusé de revenir » (Jér. 5 : 3). L’homme cherche refuge auprès de l’homme, auprès de la chair, mais non pas auprès de Dieu qui est le dernier auquel il pense. Cela montre mieux à quel point l’homme est éloigné de Dieu. Il n’y a rien de plus misérable, rien de plus pitoyable, hormis la damnation éternelle, que d’habiter dans le « pays éloigné » !
Ce citoyen le connaît bien, car il a beaucoup contribué à lui faire gaspiller son bien et le jeune homme espère qu’il l’aidera. Ce citoyen incarne le diable et le monde qui ne donnent rien, font tout payer très cher et ne rendent jamais. Ils exigent un prix élevé pour leurs demi-mesures, pour leurs « solutions » illusoires de remplacement, pour leurs semblants de bonheur : c’est le prix de l’âme, et ensuite ils abandonnent l’homme nu et affamé. « Il désirait se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs ; et personne ne lui donnait rien » (15 : 16). C’est une expérience cruelle : « personne ne lui donnait rien ». Dieu seul peut et veut donner ; mais on ne veut pas de lui.
La bonté de Dieu qui pousse à la repentance
Nous arrivons ici à un tournant significatif dans la vie du jeune homme : il revient à lui-même. C’est sans aucun doute l’œuvre de Dieu, car c’est sa bonté qui « pousse à la repentance », et non la peur de Dieu (Rom. 2 : 4).
- Dieu lui-même fait naître chez lui la conscience de son véritable état : il n’est pas seulement dans le besoin (cela ne suffit pas pour conduire à Dieu), mais il périt. C’est là qu’il faut en arriver dans le pays éloigné : se rendre compte qu’on périt de faim.
- Mais la bonté de Dieu réveille aussi dans son âme la conscience qu’heureusement il y a du pain, assez de pain, dans la maison du père à laquelle il a autrefois tourné le dos avec tant d’ingratitude, et même il y en a plus qu’assez pour les ouvriers. La bonté de Dieu attire le cœur de celui qui sait qu’il « périt ici ». Et ainsi la grâce produit dans le cœur le désir d’aller à Dieu. « Je me lèverai, je m’en irai vers mon père » (v. 18).
Le fils perdu ne prend pas la bonne résolution de s’améliorer avant de pouvoir se présenter devant son père. Nombreux, malheureusement, sont ceux qui font l’inverse ; ils ignorent leur état misérable, et quand ils le reconnaissent, ils veulent d’abord se sauver eux-mêmes, pour pouvoir se présenter devant Dieu avec leurs propres mérites.
Non, le fils perdu est venu à bout de lui-même, sa conscience est réveillée et son cœur attiré. La bonté de Dieu a éveillé la confiance en son père dans son for intérieur, et il est prêt à s’en aller vers son père. Il exprime les mêmes paroles qu’Éphraïm : « Après que j’ai été converti, je me suis repenti ; et, après que je me suis connu, j’ai frappé sur ma cuisse ; j’ai été honteux, et j’ai aussi été confus, car je porte l’opprobre de ma jeunesse » (Jér. 31 : 19). C’est le point auquel il faut tous que nous en arrivions un jour, si nous ne voulons pas rester éternellement loin de Dieu ; et c’est ce que le Seigneur Jésus veut nous enseigner ici.
Conversion, repentance et confession
« Il se leva et vint vers son père » (v. 20). Se lever et retourner vers son père, est ce que l’Ecriture appelle la conversion. (Act. 3 : 19 ; 26 : 20). On se convertit de quelque chose vers - ou à - quelque chose d’autre : «…pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu ; pour qu’ils reçoivent le pardon des péchés » (Act. 26 : 18) ; « …comment vous vous êtes tournés vers Dieu, vous détournant des idoles… » (1 Thes. 1 : 9). C’est la conversion.
Jusqu’à présent, son visage s’était tourné de son père vers les choses du monde. Mais maintenant il se détourne du monde, et son visage se dirige vers son père. Il n’a pas encore le père, il ne sait pas encore comment il le recevra ; autrement dit, il n’a encore aucune paix, mais il veut aller à lui.
La conversion, si elle est authentique, est toujours accompagnée de la repentance. C’est un changement de sentiments toujours accompagné d’une tristesse d’âme selon Dieu en rapport avec son propre état et ses propres voies (2 Cor. 7 : 10). Il ne s’agit pas d’un changement rationnel de ses sentiments (comme on change de chemise), mais on a honte de soi-même, on a honte d’avoir déshonoré Dieu si profondément.
Cette tristesse d’âme conduit tout à fait naturellement à une confession du péché devant Dieu : « et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils… » (v. 18-19). Qu’il est difficile pour l’homme de faire une confession pareille ! Combien de temps, d’expériences amères il faut d’abord traverser, avant d’en arriver finalement à se condamner soi-même et à avouer sa culpabilité ! Mais le chemin du salut passe par la confession de la culpabilité ; cette confession est le fruit qui convient à la repentance (Matt. 3 : 8).
Remarquons que le chemin vers Dieu passe par Golgotha. Le Père pardonne les péchés à cause de son Fils (par son nom -1 Jean 2 : 12), qui a expié notre culpabilité à la croix. Il ne pardonne qu’à celui qui croit en son Fils, Jésus Christ (Act. 16 : 31 ; 10 : 43). Christ est le chemin vers Dieu, et personne ne vient au Père que par lui (Jean 14 : 6 ; voir Col. 1 : 14 ; Act. 4 : 12 ; 1 Jean 1 : 7b.
La confession du plus jeune fils est une confession authentique, une preuve de la foi et de la vie nouvelle, et le père la reçoit. Cela devrait encourager tous ceux qui sont repentants à s’approcher de Dieu.
Les sentiments du fils ne sont pas encore très profonds, car non seulement il n’était effectivement plus digne d’être appelé son fils, mais il méritait de rester éloigné pour toujours de la maison du père, et d’être jeté dans les ténèbres de dehors. Il n’était « digne » de plus rien du tout ! Il envisage dans son esprit de dire à son père : « Traite-moi comme l’un de tes ouvriers » (v. 19) - mais il ne méritait même pas d’être traité comme un ouvrier ! Cela montre deux choses :
- il ne se connaissait pas lui-même entièrement, ni la gravité de son éloignement ;
- il ne connaissait pas l’amour de son père.
Il n’en avait pas fini avec lui-même. Encore rempli d’un esprit légal, il n’était pas arrivé à reconnaître que seule la grâce, et rien d’autre que la grâce, ne pouvait remédier à sa situation. Mais au fond de son cœur, il y avait une véritable conscience de son péché et de sa culpabilité, même si cette conscience était encore bien faible ; et comme il se confiait en la bonté du père, il se mit en route pour venir devant son père afin de confesser sa culpabilité.
La grâce surabondante de Dieu
Il n’est pas dit du fils qu’il « courut » vers son père. L’incertitude et la honte devaient se mêler à l’espérance, et son pas se ralentir. Mais le père « courut » en avant vers son fils qui revenait en haillons. Il l’avait déjà vu quand il était encore loin ; manifestement, il l’attendait depuis longtemps. L’état misérable de son fils dégradé n’était qu’une raison pour lui d’être « ému de compassion » à son sujet. Ni rancune, ni colère, ni le moindre reproche !
« Dieu… donne à tous libéralement sans faire de reproches » (Jac. 1 : 5). « …le Seigneur est bon » (1 Pier. 2 : 3). Non, le père ne fait pas le moindre reproche au fils ; il se jette à son cou, et le couvre de baisers (v. 20). Il l’accueille tel qu’il est, et l’aime malgré tout. Notons bien : avant que le fils ait pu prononcer le moindre mot de la confession qu’il avait prévue, son père se jette à son cou, et le couvre de baisers. C’est un amour vraiment immérité, la grâce ! Merveilleuse grâce, amour merveilleux de Dieu dont nous avons ici l’esquisse ! « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés… » (Eph. 2 : 4). Cet amour de Dieu envers nous, a été démontré en ce que «… lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5 : 8). « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5 : 20). C’est une vérité infinie que nous ne pouvons jamais saisir en entier, mais que nous pouvons croire : « Dieu est pour nous » (Rom. 8 : 31). Bien évidemment, Dieu est plein de grâce, mais Il est aussi un Dieu juste (Jean 17 : 25 ; Rom. 3 : 21-26 ; 2 Tim. 4 : 8 ; 1 Jean 1 : 9 ; 3 : 7…).
Alors le fils dégage sa conscience : « Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (v. 21), mais il ne dit pas : « traite-moi comme l’un de tes ouvriers » ; il ne pouvait plus le dire en face d’un tel amour. Impossible ! Cela aurait été une injure à l’amour de son père.
Apprenons cependant ceci dans notre cœur : Dieu nous traite selon l’amour de son cœur à Lui, parce qu’Il est amour, non pas parce que nous sommes aimables ! Dieu n’agit pas selon ce que nous comprenons, ou selon ce que nous ressentons de Lui, mais d’après ce que Lui ressent et pense, d’après ce que Lui est.
Les hommes, et même de vrais enfants de Dieu ont souvent de la difficulté à propos de la grâce de Dieu, parce qu’ils se mettent sur un terrain légal, et qu’ainsi ils jugent de Dieu et de ses actes d’après eux-mêmes. Par exemple, beaucoup de vrais chrétiens se contenteraient tout à fait de n’importe quelle petite place modeste, d’un « petit coin au ciel », avec une apparence de modestie. Celui qui a de telles pensées méconnaît Dieu, et il ne sait pas encore ce qu’est réellement Son amour. Un « petit coin au ciel » ne correspondrait pas aux « immenses richesses de sa grâce », à la merveilleuse grandeur de Sa grâce et de Son amour. Une place modeste, pour ne pas dire médiocre, ne témoignerait-elle pas continuellement à l’encontre de son amour, comme cela aurait été le cas si le père avait donné à son fils à son retour la place d’un ouvrier ?
La joie de Dieu
« Mais le père dit à ses esclaves : Apportez dehors la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des sandales aux pieds ; puis amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à faire bonne chère » (v. 22-24).
C’est la joie de Dieu de ramener le pécheur et de le recevoir. C’est sa joie de pardonner tous ses péchés. Certes le pécheur a toute raison de s’en réjouir, mais ici, comme dans les deux paraboles précédentes, il s’agit de la joie de Dieu Lui-même. C’est le père lui-même qui se réjouit, et il se réjouit avec ses serviteurs.
Le retour du fils perdu ne produit pas seulement de la joie au ciel, mais aussi sur la terre, dans la maison du père. Car nous ne devons pas déplacer cette scène au ciel ; elle n’est pas une image de ce que nous vivrons au ciel ; mais c’est plutôt « l’esprit du ciel » que nous pouvons déjà respirer sur la terre, et qui aboutit à l’adoration. C’est la joie de Dieu de nous avoir dans sa présence.
Maintenant, c’est le père qui paraît au premier plan ; c’est lui qui parle et qui agit. Il ne parle pas au fils, mais aux serviteurs : « Apportez dehors la plus belle robe, et l’en revêtez » (v. 22). C’est la joie du père de donner, et de donner sans mesure. Maintenant rien n’est trop bon pour le fils retrouvé. La plus belle robe, l’anneau, les sandales, tout est apporté à celui qui est encore dehors, à l’extérieur de la maison, là où son père l’a rencontré.
C’est très significatif. Le père a couru à sa rencontre et l’a embrassé alors qu’il était encore dans ses haillons, et ce n’est qu’ensuite qu’il l’a fait revêtir de la plus belle robe. La grâce et le cœur de Dieu sont parfaitement ouverts au pécheur repentant, sans qu’il y ait à attendre aucune prestation préalable. Ah ! que tout lecteur de ces lignes puisse se réfugier dans les bras grand ouverts du « Père », sur son cœur. Et qu’il le fasse maintenant, immédiatement ! Lui aussi sera alors reçu sans condition, et il pourra vivre dorénavant ce qu’on va maintenant voir en image avec le fils perdu, mais retrouvé.
Revêtu de la plus belle robe
« Apportez dehors la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des sandales aux pieds » (v. 22).
Il ne s’agit plus pour le père d’accueillir son fils et de pardonner ses péchés, mais de le faire entrer dans la maison, c’est-à-dire dans la communion intime avec lui et avec son foyer, il faut le revêtir de la plus belle robe que le père a pour lui. Le plus jeune fils n’avait jamais porté auparavant cette plus belle robe ; comme l’anneau et les sandales, ce que seuls les enfants de la maison portaient, cette plus belle robe est un témoignage de la relation de grâce dans laquelle il est maintenant introduit. Il ne doit pas se trouver dans la maison du père comme un serviteur : ce serait un rappel continuel de son péché. Non, c’est comme fils qu’il doit y être, porteur de la plus belle robe, de l’anneau et des sandales, en témoignage continuel à l’amour et à la grâce du père, à ce que celui-ci pense de son fils retrouvé, et à la joie qu’il a de l’honorer ainsi.
Merveilleuse grâce de Dieu ! Non seulement elle nous libère de nos haillons, mais elle nous revêt de Christ. La plus belle robe que Dieu a pour nous, c’est son propre Fils. « Vous avez revêtu Christ » (Gal. 3 : 27). C’est Christ qu’il a livré à la mort pour les pécheurs (Rom. 8 : 32). Dieu ne nous a pas seulement pardonné par le (à cause du) nom de son Fils (1 Jean 2 : 12), mais nous sommes devenus « justice de Dieu » en Lui (2 Cor. 5 : 21). Ce sont en fait des vérités infinies, et, faisons-y attention, elles ont finalement pour but la glorification de son Fils.
Mais ce n’est pas tout, et ce n’est pas suffisant. « Amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous » (v. 23- 24b). Le veau gras est aussi une image de Christ, comme nourriture de son peuple. Dieu trouve sa joie profonde dans la personne et le sacrifice de son Fils, notre Seigneur ; et nous sommes rendus dignes de participer déjà maintenant à cette joie. C’est ce dont nous avons une image ici dans ces paroles « mangeons et réjouissons-nous ».
Naturellement, la joie du Père en son Fils Jésus Christ est parfaite ; notre joie, comme jouissance pratique, est très déficiente ; mais quant au principe, c’est la même joie : la joie parfaite du Père au sujet de son Fils. En fait, c’est la communion dont nous pouvons nous réjouir dans la maison du Père, ce domaine de bénédictions où la grâce de Dieu nous a introduits. « Or notre communion et avec le Père, et avec Son Fils Jésus Christ » dit l’apôtre Jean, à quoi il ajoute « nous vous écrivons ces choses afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean 1 : 3-4). Dans cette parabole aussi, la joie est le résultat de la communion avec le Père et avec son Fils : « et ils se mirent à faire bonne chère ». C’est une joie commune, c’est la joie de la communion.
Il est parlé du commencement de cette joie, mais nous n’entendons pas dire qu’elle ait une fin…parce qu’elle n’aura jamais de fin. Elle trouvera son plein accomplissement au ciel quand nous verrons et adorerons l’« Agneau comme immolé » (Apoc. 5).
« Car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie… » (v. 24)
Bien que vivant, le fils était mort, mort pour le père (cf la drachme perdue). Ainsi l’homme loin de Dieu est mort pour Dieu. Mais par la grâce de Dieu le fils est « passé de la mort à la vie » (Jean 5 : 24).
Le propre juste
« Ton frère est revenu, et ton père a tué le veau gras parce qu’il l’a retrouvé sain et sauf » (v. 27). Le retour de son frère et la consolation de son père n’éveille chez lui aucun sentiment heureux, mais au contraire colère et refus d’entrer dans la maison (v. 28).
Pourquoi donc ? Parce que ce fils aîné était un propre juste. Le Seigneur Jésus s’en sert comme image de tous ceux qui n’ont pas de relation vivante avec Dieu, mais qui pensent qu’ils peuvent se présenter devant Dieu avec leur propre justice.
« Il se mit en colère et ne voulait pas entrer » (v. 28). Ce fils aîné n’acceptait pas la grâce dont le père avait usé en faveur du plus jeune fils. Il est une image des pharisiens et des scribes ; eux aussi s’étaient scandalisés de ce que le Seigneur recevait les pécheurs et mangeait avec eux (v. 2). Eux-mêmes n’entraient pas dans le royaume des cieux, et ils ne laissaient pas entrer ceux qui le voulaient (Matt. 23 : 13): cela a toujours été l’attitude des Juifs propres justes. Ils s’opposeront violemment à Paul quand il annoncera la parole de la grâce de Dieu (Act. 13 : 45 ; 1 Thes. 2 : 15).
Le propre juste ne peut pas comprendre la bonté de Dieu envers les perdus. Il a de la haine pour la grâce parce qu’il pense ne pas en avoir besoin! C’est pourquoi il ne peut partager la joie de la grâce ; elle lui est insupportable.
Le fils aîné était « aux champs », il travaillait. Le Seigneur Jésus indique ainsi que l’homme religieux, propre juste, n’est pas seulement loin de la maison du Père, mais qu’il est aussi actif : il veut mériter le ciel par ses vertus personnelles et ses œuvres. « Voici tant d’années que je te sers ; jamais je n’ai désobéi à un de tes commandements » (v. 29). Tous les professants chrétiens qui cherchent à satisfaire Dieu par toute la peine qu’ils se donnent, sont sur ce terrain de l’autosatisfaction et de la propre justice ; ils pensent ne pas avoir besoin de la grâce de Dieu. Les Juifs sous la loi se mettaient aussi sur ce terrain-là. Comme nation, ils avaient été mis au bénéfice d’une rédemption extérieure et d’une relation extérieure avec Dieu, et c’était la seule nation sur la terre à avoir une telle position. C’est aussi la raison pour laquelle le père dit au fils aîné qui personnifie cette nation : « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi » (v. 31).
Malgré la bonté et l’insistance du père, il n’a pas voulu changer d’attitude (v. 30). Enflé de sa bonne opinion de lui-même, il est en colère et reproche au père de ne jamais lui avoir donné un chevreau pour faire bonne chère avec ses amis. Ainsi le propre juste a l’audace d’accuser Dieu d’injustice et de condamner ce qu’Il fait. Il se considère lui-même comme quelqu’un qui l’a servi depuis déjà de nombreuses années, et qui n’a jamais transgressé aucun commandement de Dieu. Un tel homme, sur ce terrain des bonnes œuvres accomplies dans le champ de la philanthropie chrétienne, a la conviction qu’il n’a pas besoin d’un Sauveur ; et en effet le Seigneur Jésus n’est pas venu appeler des justes (qui se croient justes), mais des pécheurs (Luc 5 : 32).
Dans cette parabole, le Seigneur Jésus ne parle pas de jugement ; il décrit le jour de la grâce. Mais nous savons que quiconque refuse la grâce, sera condamné au jour du jugement. L’homme doit voir ses prétendues justices comme Dieu les voit, comme un « vêtement souillé » (Es. 64 : 6) !
Ce fils aîné propre juste, n’a pas voulu entrer dans la maison du père, préférant rester dehors - mais dehors, en fait, pour toujours (Apoc. 22 : 15). Le plus jeune fils, autrefois perdu, est maintenant retrouvé. Revêtu de la plus belle robe, il est entré dans la maison du Père, pour ne plus la quitter jamais. Un bonheur sans fin en partage : être amené du pays éloigné jusque dans la maison du Père où il y a une plénitude de joie, et cela pour l’éternité !