Qui nous fera manger de la chair ? Car nous étions bien en Egypte !
(Nombres 11 : 4, 18)
La colère de Dieu et le feu du ciel : (Nom. 11 : 1-3)
Les pleurs des fils d'Israël qui regrettent la nourriture d'Egypte : (Nom. 11 : 4-9)
Moïse accablé par le fardeau du peuple : (Nom. 11 : 10-15)
La réponse de l'Eternel à la requête de Moïse : (Nom. 11 : 16-29)
Dieu accède à la demande des fils d'Israël : (Nom. 11 : 30-35)
Dieu montre sa bonté et sa sagesse dans les dix premiers chapitres du livre des Nombres. Avant que son peuple quitte la montagne de l'Eternel, tout est réglé pour répondre à ses besoins et assurer son bien-être dans un désert grand et terrible.
Mais pourtant, dès le commencement du chapitre onze, dans son ingratitude, Israël commence à murmurer.
Dieu entend les plaintes de son peuple (rien n'échappe à son oreille et à sa vue) et le châtie : le feu brûle parmi eux et les dévore au bout du camp. Moïse, toujours à la brèche, prie l'Eternel (Ps. 99 : 6) et le feu s'éteint (Nom. 11 : 2).
Mais la leçon n'a pas suffi : la convoitise s'allume au sein du ramassis, source permanente de trouble pour Israël. Ils sont sortis avec le peuple de Dieu, sans en faire partie, peut-être attirés par l'extraordinaire manifestation de puissance de l'Eternel. Mais si, souvent, un miracle convainc, il ne convertit pas. Ce grand amas de gens a emmené « du menu et du gros bétail, des troupeaux en très-grand nombre » (Ex. 12 : 38). Leur présence a donc pu paraître d'abord utile et sans danger. Mais bientôt leur influence se révèle néfaste, d'autant qu'il y avait peut-être parmi eux des Egyptiens mariés à des femmes hébreues (Ex. 12 : 38). Il est toujours vrai que « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs » (1 Cor. 15 : 33).
Il y a un enseignement évident pour l'Assemblée dans ce récit. Que de fois elle a été souillée et affaiblie par l'influence de ceux qui se contentaient de suivre simplement les enfants de Dieu. Il est bien préférable de se trouver en compagnie de vrais chrétiens, seraient-ils en petit nombre, plutôt qu'au milieu d'une foule de professants sans vie, qui suivent extérieurement, mais dont le coeur convoite secrètement de mauvaises choses !
En contact constant avec une telle compagnie, les fils d'Israël se mettent encore à pleurer et à dire : Qui nous fera manger de la chair ? Où sont donc ces aliments que nous mangions pour rien en Egypte ? Par principe, le mélange que Dieu a en horreur engendre de la faiblesse spirituelle. La vue de celui qui murmure est toujours faussée. Ici le peuple semble ne plus se souvenir du temps où sa vie était pourtant devenue si amère dans cette « fournaise de fer » égyptienne (Deut. 4 : 20). Ont-ils oublié le dur service imposé par leurs bourreaux, le fouet de leurs exacteurs et les briques qu'il fallait fabriquer en grand nombre sans recevoir la paille nécessaire ? (Ex. 5 : 6-9). En réalité, cet oppresseur leur avait fait payer très cher le peu qu'il donnait !
Notre âme est asséchée, disent-ils (Nom. 11 : 6) et ils regrettent ouvertement les mets de ce monde : ces poireaux, ces oignons, cet ail … (aliments à forte saveur, qui excitent l'appétit, mais qui ne sont pas nourrissants et se révèlent souvent indigestes). De quoi peut-on nourrir son esprit dans ce monde ? Les lectures se traduisent invariablement par un affaiblissement spirituel. Il est écrit : « Des étrangers ont consumé sa force et il ne le sait pas » (Osée 7 : 9). Les spectacles, l'écoute de la plupart des émissions radiophoniques et les films de la télévision, le plus souvent douteux … excitent la chair mais sont sans aucun profit pour l'âme ! Et pourtant le chrétien, s'il abandonne son premier amour et oublie ce qui est « vraiment la vie » (1 Tim. 6 : 19), ne tardera pas à soupirer en se rappelant des satisfactions charnelles qu'il a connues dans le passé.
Si Israël -et hélas, aujourd'hui des chrétiens- regrettent de tels aliments, c'est un signe irréfutable que la manne, « le pain des puissants » (Ps. 78 : 25) a perdu pour eux son goût pourtant exquis de gâteau au miel (Ex. 16 : 31) ! Elle n'est déjà plus qu'un gâteau à l'huile. On voit ici avec surprise le peuple s'efforcer de broyer la manne sous la meule ou la piler dans des mortiers ; elle ne leur suffit plus telle qu'ils la reçoivent jour après jour du ciel. Ils préfèrent un gâteau de manne, préparé, cuit, à la récolte matinale à laquelle Dieu nous convie et qui demande affection et énergie spirituelle (Nom. 11 : 8-9). A notre époque, pour éveiller l'intérêt et la curiosité des auditeurs, on voudrait joindre à la Parole de Dieu, pourtant pleinement suffisante en elle-même, des éléments archéologiques ou historiques ! Il n'y a plus qu'un pas descendant à faire pour que cette manne, figure précieuse d'un Christ humilié ici-bas, nourriture du pèlerin, soit traitée par le peuple de Dieu de pain misérable (Nom. 21 : 5) ! Chers amis chrétiens, prenons garde : le « pain de vie » peut rapidement perdre sa saveur pour notre âme (Jean 6 : 35).
Rappelons que les produits de Canaan, eux, sont en contraste au nombre de sept : froment, orge, vignes, figuiers, grenadiers, oliviers à huile et miel (Deut. 8 : 8). Quelle plénitude ! Rien ne manque ! Canaan avec toutes ses ressources est une figure des lieux célestes.
Accablé, Moïse reproche à l'Eternel de lui avoir donné, avec ce peuple, un fardeau trop lourd à porter (Nom. 11 : 11). Un état général d'infidélité met à l'épreuve les plus forts. Ici, la requête de Moïse diffère entièrement du voeu qu'il exprimait après le veau d'or : « Si tu pardonnes leur péché…. sinon, efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit » (Ex. 32 : 32). Ne nous arrive-t-il pas d'éprouver de pareils sentiments ? Mais si le Seigneur nous a confié quelque responsabilité, retenons toujours que notre capacité vient de Dieu (2 Cor. 3 : 5).
Quel contraste, si fréquent hélas dans nos vies (Ps. 107 : 26-28) ! Pourtant ce conducteur, peu de temps auparavant, avait montré une confiance en Dieu renouvelée. Au départ et au retour de l'arche, partie leur chercher du repos, il s'adresse avec foi à l'Eternel. Se fondant sur la puissance et la protection de Dieu, il évoque avec une voix de louange, les « dix mille milliers d'Israël » (Nom. 10 : 36 ; Ps. 132 : 7-8) ! Certes, il était bien incapable de porter lui seul ce peuple, mais il n'avait jamais été seul pour le faire ! L'Eternel lui-même portait Israël sur des ailes d'aigle (Ex. 19 : 4) et dans ses bras, « comme un homme porte son fils » (Deut. 1 : 31).
Les Psaumes 78 et 106 détaillent ce triste épisode : « ils tentèrent Dieu dans leurs coeurs …ils parlèrent contre Dieu…demandant de la viande selon leur désir » (Ps 78 : 18-19). Il s'agissait de mauvais désirs (Jac. 4 : 2) : ils convoitaient passionnément une chose que Dieu n'avait pas préparée pour eux. Noire ingratitude, les oeuvres de l'Eternel sont oubliées, les fils d'Israël sont vite remplis de convoitise dans le lieu désolé ! Et tout en leur donnant ce qu'ils ont demandé, Dieu envoie « la consomption dans leurs âmes » (Ps. 106 : 15). Déclaration redoutable : il est donc possible que Dieu accorde dans sa souveraineté ce que nous réclamons, pour nous montrer combien ce désir est insensé ! Souvent, insatisfaits des bienfaits de Dieu, nous voulons obtenir à tout prix une chose qui peut-être ne paraît pas mauvaise en soi et semble même légitime. Pourquoi seraient-ils privés de viande ? Tout simplement parce que le Seigneur à ce moment-là n'avait pas prévu de leur en donner. Il leur avait déjà envoyé des cailles dans le passé (Ex. 16 : 13). Tout en cédant ici à leur demande, il permet qu'il en résulte des fruits amers, aux conséquences désastreuses. L'expression employée par la Parole : « la consomption dans leurs âmes », implique un amaigrissement progressif. Et le dépérissement de notre âme n'est-il pas autrement plus grave qu'une maladie corporelle ?
Dieu seul peut nous garder de ces convoitises qui « font la guerre à l'âme » (1 Pier. 2 : 11). Avec quelle ardeur désirons-nous parfois accroître nos biens matériels, obtenir des avantages ou une position élevée dans ce monde, peut-être même obtenir une place en vue dans l'assemblée, que de choses encore ! Apprenons à être satisfaits de ce que Dieu nous donne et à l'être aussi de ce qu'il juge bon de ne pas nous donner, dans sa parfaite connaissance de nos vrais besoins (1 Tim. 6 : 6) ! Avons-nous appris à le remercier pour des prières inexaucées ?
A sa demande, Moïse se voit déchargé d'une partie de ses responsabilités, elle est confiée à soixante-dix anciens. Déjà, Aaron lui avait été adjoint pour lui servir de bouche : « Tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche ; et moi je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous ferez » (Ex. 4 : 14-15). Il est humiliant de penser que notre manque de foi oblige souvent le Seigneur à confier à d'autres serviteurs une partie du travail qu'il nous destinait.
Les anciens sont assemblés tout autour de la tente d'assignation. L'Eternel descend dans la nuée, il parle à Moïse et ôte de l'Esprit qui était sur lui et le met sur les soixante-dix anciens qui prophétisent brièvement (Nom. 11 : 24-25). Mais deux de ces hommes, Eldad et Médad, également convoqués, sont pourtant restés dans le camp où ils prophétisent. Averti, Josué, fils de Nun, qui servait Moïse, s'indigne. Il voudrait que Moïse les empêche de le faire (voir Marc 9 : 38) ! Mais c'est une bonne nouvelle pour Moïse, animé d'un réel amour pour le peuple. Paul aussi, « le prisonnier de Jésus-Christ », dans sa geôle, se réjouit sans arrière-pensée en constatant que l'évangile est annoncé, même « par esprit de parti » (Phil. 1 : 15-18).
Si Dieu nous a montré le chemin de la séparation en dehors du camp religieux chrétien, gardons-nous de juger avec un sentiment de supériorité d'autres croyants, peut-être plus dévoués et plus pieux que nous ne le sommes, mais qui n'ont pas compris cette séparation. Tout ce que nous possédons ou connaissons, c'est à la pure grâce de Dieu que nous le devons !
Inconscient, le peuple avait demandé ironiquement : « Dieu pourrait-il dresser une table dans le désert ? » (Ps. 78 : 19). Moïse lui-même avait laissé apparaître des doutes, quand le Seigneur avait affirmé qu'il leur enverrait suffisamment de viande pour en manger un mois entier, jusqu'au moment où ils l'auraient en dégoût, parce qu'ils avaient méprisé l'Eternel qui était au milieu d'eux. Et le conducteur est repris sérieusement : « La main de l'Eternel est-elle devenue courte ? » (Nom. 11 : 20-23 ; Es. 50 : 2).
Puis, envoyé par l'Eternel, se lève un vent qui apporte de la mer une quantité considérable de cailles, « comme de la poussière et comme le sable des mers » (Ps 78 : 27). Ces cailles recouvrent tout le camp des fils d'Israël, et aussi encore à environ une journée de marche en deçà et au-delà : l'épaisseur de la couche au sol dépasse le mètre !
Les fils d'Israël vont-ils prendre au sérieux les paroles de l'Eternel qui, la veille encore, les incitait à se sanctifier et les avertissait ? « Vous mangerez de la chair plus que de raison car vous avez pleuré aux oreilles de l'Eternel » ! Non, le peuple se lève ; « tout ce jour-là, et toute la nuit et tout le jour du lendemain », il amasse fébrilement des cailles (Nom. 11 : 32). Celui qui en avait amassé le moins en avait rassemblé l'équivalent de 2400 litres !
On comprend ce que sont vite devenus ces monceaux de cailles, exposés au soleil brûlant du désert. « Celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption (Gal. 6 : 8). « La chair était encore entre leurs dents, avant qu'elle fût mâchée, que la colère de l'Eternel s'embrase contre le peuple ». Il est frappé d'un fort grand coup (Ps. 78 : 31) et dans les « sépulcres de la convoitise » nombreux sont ceux qui sont ensevelis (Nom. 11 : 33-34) !
Dans ce chapitre solennel, nous sommes tour à tour attristés et mis en garde par les manquements d'Israël, mais hélas aussi de Moïse et de Josué.
Ecoutons les avertissements que Dieu nous donne par ce moyen, car « ces choses arrivèrent comme types de ce qui nous concerne, afin que nous ne convoitions pas des choses mauvaises » (1 Cor. 10 : 6). Que nos coeurs soient gardés de mépriser ce que Dieu nous donne. Avant tout cette manne céleste, ce « pain vivant descendu du ciel » (Jean 6 : 51). Veillons à ce qui nourrit nos esprits et « ne prenons pas soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises » (Rom. 13 : 14). Ne nous laissons pas asservir par les « convoitises mondaines » que Dieu dans sa grâce nous exhorte à renier (Tite 2 : 12) ! Que la Parole de Dieu soit réellement l'aliment journalier de nos âmes : la communion avec le Seigneur nous sera toujours plus précieuse et nos actions de grâces envers lui ne seront jamais interrompues.
Que Dieu nous garde de reculer devant nos responsabilités, en prétextant peut-être notre faiblesse, mais en fait en doutant de l'entière suffisance des ressources divines !
Soyons vraiment gardés de toute pensée sectaire : apprenons à reconnaître, avec la largeur de vue d'un Moïse ou d'un Paul, tous les instruments que le Seigneur se plaît à employer. Cherchons, avec l'aide du Seigneur, à imiter la douceur de Moïse qui, en dépit de ses plaintes, se montre dépourvu d'une quelconque jalousie et prêt à se réjouir des bénédictions que l'Eternel dispense, dans sa grâce, à son peuple pourtant si souvent désobéissant.
Ph.L. 13.05.06
Chaque matin, ta charité fidèle répand d'en haut mon pain quotidien ;
Et quand le soir, je m'endors sous ton aile, c'est toi qui prends souci du lendemain.
O mon rocher ! l'eau pure de ta grâce coule vers moi pour me désaltérer ;
De ton Esprit que la sainte efficace garde mon coeur de jamais murmurer
Oui, bien-aimé, c'est toi, c'est ta tendresse qui me conduit pas à pas sous tes yeux ;
Pourrais-je donc gémir dans la tristesse en m'approchant du beau séjour des cieux !