LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (2)
LA PARABOLE DES TROIS AMIS (Luc 11 : 5-8)
Différentes manières de Dieu pour exaucer nos prières
Une prière instante
Comparaison sommaire avec la parabole de « la veuve » (Luc 18)
Certaines paraboles ont été prononcées pour montrer comment et quand les disciples devaient prier. D’autres donnent des exemples de prières (bonnes ou mauvaises).
Deux paraboles nous enseignent la valeur de la prière instante et persévérante : celle des « trois amis » en Luc 11 et celle de « la veuve et du juge inique » en Luc 18. Nous désignons la première par le titre des « trois amis » parce que nous y voyons trois amis : l’un a faim, l’autre demande, et le troisième reçoit une demande.
Différentes manières de Dieu pour exaucer nos prières
Parfois, Dieu nous laisse prier longtemps pour une seule et même chose, pour éprouver notre foi et notre persévérance. Par exemple, Daniel a mené deuil « trois semaines entières » avant de recevoir une réponse (Dan. 10 : 2). Dieu lui donnait l’occasion de s’unir à ses intérêts et ses pensées, et c’était certainement un temps de communion précieuse avec Dieu. La persévérance dans la prière rend plus profondes la communion avec Dieu et la conscience de notre dépendance de Lui.
D’autres fois, Il exauce notre prière immédiatement et directement. Lorsque Daniel s’est humilié devant Dieu, la réponse est venue aussitôt, alors qu’il priait encore (Dan. 9 : 21).
Dans d’autres cas, nous sommes invités à cesser de prier. C’est ce qu’ont vécu l’apôtre Paul (2 Cor. 12 : 9) et Moïse (Deut. 3 : 26).
Ces contrastes dans la manière dont Dieu répond à nos prières peuvent être un sujet de difficultés pour nous. Cependant nous avons besoin de la foi dans tous les cas, soit que Dieu nous exauce immédiatement, soit qu’Il nous fasse attendre, soit que nous devions cesser de prier. La paisible soumission à la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, ne peut être réalisée que dans une pleine confiance en sa bonté et en sa sagesse.
Une prière instante
« Il (Jésus) leur dit encore : Qui parmi vous, s’il a un ami, ira le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.
L’autre lui répondra-t-il, de l’intérieur : Ne me dérange pas ; la porte est déjà fermée et mes enfants et moi, nous sommes au lit ; je ne peux pas me lever pour te donner du pain. Je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour lui donner en qualité d’ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui donnera tout ce dont il a besoin » (v. 5-8).
Au début du chapitre 11, Luc rapporte l’exemple du Seigneur, comme Homme dépendant, priant son Dieu. Stimulés par l’exemple de leur Maître, les disciples paraissent avoir reconnu la nécessité de la prière, en sorte que l’un d’eux demande au Seigneur : « Seigneur, enseigne-nous à prier ». Alors le Seigneur leur donne la prière qu’on appelle le « Notre Père » - une prière merveilleuse qui était parfaitement adaptée à la situation et à l’époque où se trouvaient les disciples. Ceux-ci ne se trouvaient pas encore dans la position chrétienne, car le Seigneur n’était pas encore passé par la mort et la résurrection. Il aurait été inutile qu’Il leur enseigne à ce moment-là des demandes qu’ils n’auraient absolument pas été en mesure de comprendre en tant que Juifs. Cette « prière du Seigneur », comme on l’appelle souvent, a eu une grande importance pour le résidu juif de l’époque, et en aura aussi une grande pour le résidu juif futur.
Même si elle ne concerne pas l’époque chrétienne, cette prière n’en contient pas moins des principes moraux que nous ne devons pas méconnaître aujourd’hui.
Pour approfondir chez ses disciples la conscience de l’importance de la prière, le Seigneur ajoute la parabole des trois amis. En partant du comportement typique d’un homme, des conclusions sont tirées sur le comportement de Dieu.
L’ami qui demande
Il ne demande pas pour lui-même, mais pour un autre ; il intercède en sa faveur. Sachons voir au-delà de nos propres intérêts et ne négligeons pas la prière pour les autres – « en faveur de tous les saints » (Eph. 6 : 18) et « pour tous les hommes » et « tous ceux qui sont haut placés » (1 Tim. 2 : 1-2). C’est la première chose que nous avons à apprendre ici.
La concision et la précision de la requête sont frappantes : « Ami, prête-moi trois pains ». Il n’a pas besoin de deux, ni de quatre pains, mais de trois, et c’est ce qu’il dit à son ami. Combien nous avons à apprendre de cet exemple ! Spécialement quand nous prions en public, efforçons-nous de prier de façon précise et concrète, et ne nous perdons pas en considérations interminables. Faire un exposé à Dieu quand nous sommes à genoux, c’est le contraire de ce que le Seigneur nous enseigne ici. On ne peut pas toujours éviter les prières ayant un contenu général ; mais des demandes concrètes dévoilent un intérêt profond pour la personne ou la chose dont il s’agit.
Le caractère pressant et insistant de la demande est encore souligné dans la parabole par le fait que celui qui adresse la requête se présente à la porte de son ami à une heure tout à fait indue. Il est trop pauvre, ou il n’est momentanément pas en mesure de nourrir son ami arrivé de voyage ; il va donc en confiance chez son ami qui est dans l’aisance, et il frappe à sa porte à l’heure où l’on dort. Il ne se laisse pas plus impressionner par son refus : « Ne me dérange pas », ni par ses explications sur l’impossibilité de l’aider aussitôt.
Dieu prend plaisir à ce que ses enfants manifestent une certaine insistance dans leurs prières, voire même de la ténacité. Nous trouvons cette pensée chez les prophètes : « Vous qui faites se ressouvenir l’Eternel, ne gardez pas le silence, et ne lui laissez pas de repos... » (Es. 62 : 6-7). Abraham avait manifesté cette ténacité lorsqu’il intercédait devant l’Eternel en faveur de Sodome (Gen. 18 : 22-33).
Une telle persévérance dans la prière honore le Dieu Tout-puissant. « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il récompense ceux qui le recherchent » (Héb. 11 : 6).
L’humble confession de notre propre indigence est une condition supplémentaire importante pour que la prière soit agréable à Dieu. L’ami qui venait demander était conscient de son dénuement et de son incapacité à venir en aide à son ami affamé. Nous aussi, nous sommes entièrement incapables de nourrir à l’aide de nos propres ressources les personnes affamées qui nous entourent, qu’il s’agisse des besoins des pécheurs perdus ou de ceux des enfants de Dieu manquant du nécessaire. Pourtant nous connaissons Celui qui est riche – « riche aussi en miséricorde » (Eph. 2 : 4) : c’est notre Dieu et Père. Allons à Lui lorsque nous avons besoin de pain, tant pour nous-mêmes que pour les autres !
L’ami à qui la requête est adressée
Le caractère de notre Dieu est en contraste avec celui de l’ami qui reçoit la demande ici, et ce sont justement les contrastes qui nous instruisent dans ces versets.
Bien que le Seigneur Jésus n’ait pas honte de nous nommer ses « frères » ou ses « amis ». (Héb. 2 : 11, 12 ; Jean 15 : 14-15), nous devons toujours être conscients de la grandeur de la Personne à qui nous adressons notre prière ; nous ne prions pas un ami sur un pied d’égalité, mais Dieu Lui-même. Que nous nous adressions au Seigneur Jésus ou au Père, c’est toujours Dieu que nous prions, infiniment élevé au-dessus de nous - Souverain absolu.
D’autre part, l’ami aisé satisfait la demande importune, non à cause de son amitié, mais à cause de son égoïsme, de sa crainte d’être dérangé plus longtemps ! Bien sûr, ce n’est pas la manière de donner de Dieu. Dieu n’allèguera jamais une quelconque excuse pour nous renvoyer. Au contraire, nous lisons : « Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (Ps. 121 : 4). Notre Père est l’amour parfait et la bonté parfaite. Il aime à nous bénir, et il bénit surabondamment ceux qui, en toute confiance, viennent à lui avec leurs besoins. Il aime à donner et Il donne plus que ce que nous Lui demandons ; Il est toujours bien disposé (v.9-10). Nous n’avons jamais à craindre de troubler son repos, ni de le fatiguer.
Il n’y a donc pas de leçon morale à retirer de l’attitude de l’ami aisé ! La leçon essentielle de notre parabole est la suivante : si la persévérance est arrivée à surmonter l’égoïsme de cet homme, combien plus Dieu répondra-t-Il aux appels persévérants de ses enfants qui se confient fermement en Lui !
Le Seigneur conclut la parabole par le principe divin suivant : « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert. Car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à qui frappe, il sera ouvert » (v. 10. Combien cela nous encourage à insister auprès de notre Dieu et Père qui se complaît à nous répondre. Mais faisons bien attention à ceci : l’urgence et la persévérance, c’est à nous de les avoir, non pas à Dieu.
Comparaison sommaire avec la parabole de « la veuve » (Luc 18)
L’ami aisé de Luc 11, comme le juge inique de Luc 18, sont contraints de répondre favorablement à la requête à cause de la persévérance du demandeur. Si la ténacité arrive à ses fins même de la part de gens mal disposés, combien plus le Dieu de bonté laissera-t-il se déverser sa bénédiction sur nous quand nous Lui demandons avec sérieux, avec persévérance et avec foi.
Ainsi le Seigneur nous enseigne dans ces deux paraboles à prier pour nous-mêmes et pour les autres, jusqu’à ce que nous soyons exaucés. Ces deux paraboles illustrent l’exhortation : « Demandez, et il vous sera donné » ; et « frappez, et il vous sera ouvert ».
D’après Ch. Briem
A suivre