Petite introduction à l’évangile de Marc
Que sait-on sur Marc ?
Le plan de l’Evangile
Les destinataires de l’Evangile et le but de l’évangéliste
Le caractère particulier de l’évangile de Marc
Le plan de l’Evangile
Les destinataires de l’Evangile et le but de l’évangéliste
Le caractère particulier de l’évangile de Marc
Les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean n’en forment en réalité qu’un seul. Le mot « évangile », qui signifie « bonne nouvelle », indique l’étendue, le contenu et la valeur de ces quatre récits. On trouve dans tous les livres de la Bible ce que l’on pourrait appeler des « nouvelles », mais ils n’apportent pas tous de « bonnes » nouvelles !
Les bonnes nouvelles ont été apportées par Dieu au temps convenable. Il a été « manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16) pour la rédemption de l’homme. Dans le livre d’Esaïe, qui a été appelé « l’évangile de l’Ancien Testament », nous lisons : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut… » (52 : 7). L’apôtre Jean déclare : « La Parole devint chair et habita au milieu de nous (et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité… de sa plénitude en effet, nous tous nous avons reçu et grâce sur grâce… la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, l’a fait connaître » (Jean 1 : 14, 16-18).
Le premier Evangile à avoir été écrit est sans nul doute celui de Marc. Il présente le Seigneur Jésus comme le Serviteur de Dieu, Celui dont Esaïe avait dit, selon la parole de l’Eternel : « Voici mon Serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui ; il fera valoir le jugement à l’égard des nations » (42 : 1). Ce Serviteur est « Jésus Christ, Fils de Dieu », comme le précise le premier verset de l’évangile de Marc.
Deux apôtres ont été choisis pour rédiger les évangiles de Matthieu et Jean, tandis que les auteurs des deux autres, Marc et Luc, ne faisaient pas partie des « douze ».
Le livre des Actes mentionne que la mère de Marc vivait à Jérusalem (12 : 12). Sa maison servait probablement de lieu de réunion aux premiers chrétiens. C’est chez elle que Pierre se rendit après avoir été miraculeusement délivré de la prison par un ange. Ce fait peut expliquer l’affection toute paternelle de l’apôtre pour le jeune Marc. Ce dernier portait aussi le nom de Jean - « l’Eternel fait grâce » (Act. 12 : 12, 25 ; 13 : 5 ; 15 : 37).
Marc était un cousin de Barnabas (Col. 4 : 10 ; Act. 4 : 36-37, 11 : 19-30) ; le chemin était donc tout tracé pour qu’il entre en relation avec Paul, l’apôtre des nations. Marc accompagne d’abord Barnabas et Paul jusqu’à Antioche, puis il part avec eux pour le premier voyage apostolique de Paul. Cependant, leur jeune compagnon ne tardera pas à les quitter. Peut-être Marc était-il encore trop inexpérimenté et s’est-il découragé devant toute l’opposition rencontrée ? (Act. 13 : 4-13).
Cet abandon de Marc va produire de l’irritation entre Paul et Barnabas et les conduira à se séparer. Paul refuse de prendre à nouveau Marc pour le nouveau voyage prévu. Barnabas fera voile, avec Marc, pour l’île de Chypre, tandis que Paul partira avec Silas pour la Syrie et la Cilicie (Act. 15 : 36-41). Il ne sera plus question de Marc dans l’Ecriture durant une longue période, dix ans environ.
Plus tard, les épîtres aux Colossiens et à Philémon montrent Marc associé à des compagnons de l’apôtre, dans des salutations envoyées par Paul. Ce dernier parle alors de lui en termes élogieux et lui rend toute sa confiance et son affection (2 Tim. 4 : 11).
Il n’est pas impossible que Marc soit resté assez longtemps en compagnie de l’apôtre Pierre. Il aurait alors joué auprès de lui le même rôle que Baruc autrefois auprès de Jérémie (Jér. 45 : 2). La tradition le clame mais la Parole de Dieu n’en dit rien. Une expression, dans la première épître de Pierre (5 : 13), est utilisée par certains pour supposer que Marc avait été converti par le ministère de Pierre. Il l’appelle en effet « mon fils », mais il pourrait s’agir après tout d’un simple terme d’affection. La tradition affirme beaucoup d’autres choses à l’égard de Marc, mais rien n’est confirmé par les Ecritures et notre désir est de nous fonder sur elles seules.
Marc fait abstraction de l’enfance et même de toutes les années cachées de Jésus, avant son ministère. Il omet aussi la première partie de son ministère en Judée. Son plan est ensuite à peu de chose près celui de l’évangile de Matthieu ; il se veut toutefois plus proche de l’ordre chronologique et ne groupe pas les faits de manière aussi logique et systématique.
On peut diviser son livre en trois parties :
1- Le ministère public de Jésus Christ parmi son peuple (1 : 1 à 10 : 31)
Le précurseur, Jean le Baptiseur, annonce la venue du Messie. Jésus est baptisé par Jean sur le bord du Jourdain. L’Esprit descend sur Lui sous la forme d’une colombe, et la voix du Père déclare : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (1 : 10-11).
Jésus, tenté au désert, est vainqueur de Satan. Il appelle ensuite des pêcheurs, au bord de la mer de Galilée, à Le suivre. Il va exercer son ministère de lieu en lieu (Act. 10 : 37-38). Il se rend d’abord dans la partie orientale de la Galilée (1 : 14 à 7 : 23), puis dans ses parties occidentale et septentrionale (7 : 24 à 9 : 51). Il vient ensuite en Judée, puis ce sera le dernier voyage à Jérusalem (10 : 1-52).
2- Les derniers jours de notre Seigneur Jésus Christ et sa mort (11 : 1 à 15 : 47)
Le Messie est d’abord présenté comme Roi et semble, un instant, triompher (11 : 1 à 13 : 37).
Puis Il est rejeté, souffre, et meurt sur la croix (14 : 1 à 15 : 47).
3- La résurrection du Sauveur (16 : 1-20)
Jésus donne ses ordres à ses disciples et Il est ensuite élevé dans le ciel - c’est son ascension. « Exalté et élevé, et placé très haut » (Es. 52 :13), Il s’assied à la droite de Dieu (v. 19) - Marc seul le signale.
Matthieu écrit d’abord aux Juifs. Marc s’adresse plutôt aux convertis du paganisme, en particulier aux chrétiens de Rome. La plupart avaient la même origine gentile.
L’enseignement fondamental de cet évangile est instructif et clair. Si Marc cite quelques mots en hébreu ou en araméen, ils sont habituellement traduits (3 : 17, 22 ; 5 : 41 ; 7 : 11, 34…). Il explique les coutumes juives (7 : 3, 11 ; 12 : 42 ; 14 : 12 …) et situe les localités palestiniennes, supposées être inconnues des lecteurs (1 : 5, 9 ; 11 : 1). Il n’est toutefois pas question de Bethléem ; en revanche le Mont des Oliviers est situé (13 : 3). On trouve en outre quelques mots latins qui ne sont pas dans d’autres évangiles (6 : 7 ; 7 : 4 ; 12 : 42…).
L’évangéliste s’applique à ne pas être « barbare », ce qui est en accord avec le vœu exprimé plus tard dans l’épître aux Corinthiens à l’attention de ceux qui présentent la Parole (1 Cor. 14 : 11). Ce doit être toujours notre désir, chaque fois que nous nous adressons à des personnes qui sont encore étrangères aux merveilles contenues dans la Parole de Dieu.
L’évangile du Serviteur-prophète
Il n’est pas question de « généalogie » dans cet Evangile. Marc parle peu de la Loi mosaïque, des mœurs des pharisiens, et de tout ce qui concerne plus exclusivement la nation juive. Le livre s’ouvre par une citation de l’Ancien Testament (1 : 1-3), mais c’est une exception. Marc ne se réfère lui-même que rarement à l’Ecriture ; quand elle est citée, c’est Jésus Christ ou d’autres qui le font (2 : 25 ; 4 : 12 ; 7 : 6, 10 ; 9 : 43…).
Marc indique clairement, dès le début, ce qu’il se propose d’exposer : c’est l’évangile du Serviteur-prophète. Jésus a vécu et œuvré parmi les hommes, avec une grande énergie ! Ce Serviteur s’est abaissé jusqu’à la mort pour vaincre. Il est entré en vainqueur dans cette forteresse de l’Ennemi (Zach. 3 : 8 ; Es. 52 : 13 à 53 : 12).
Jésus est le Messie. Il est aussi le « Fils de Dieu » et le « Fils de l’homme ». Il dit aux disciples : « Car, aussi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour un grand nombre » (Marc 10 : 45), une déclaration de portée centrale dans le livre. Le dernier témoignage humain est celui du centurion. Il se trouvait en face de Jésus crucifié, et les paroles de cet homme païen font écho à celles du Seigneur : « Véritablement, cet homme était Fils de Dieu » (15 : 39). On remarque que le Seigneur n’est appelé qu’une seule fois dans cet Evangile, le « Fils de David » (10 : 47).
La divinité de Jésus est attestée tout au long de l’Evangile : par le Père (1 : 11 ; 9 : 7), par Jésus Lui-même (12 : 1-11 ; 13 : 32 ; 14 : 61-62) et par les démons (1 : 24 ; 3 : 11 ; 5 : 7). Son autorité sur les éléments naturels - « le vent et la mer lui obéissent » (4 : 35-41) - aussi bien que sur la maladie et la mort, salaire du péché (1 : 32-34 ; 2 : 11-12 ; 5 : 21-43), est la preuve manifeste de sa divinité.
Cependant Jésus était également « Homme parfait », sujet à la fatigue et à la faim (4 : 38 ; 6 : 31 ; 11 : 12). Il a connu la déception et soupiré devant l’impiété des hommes (8 : 12). Il s’est mis en colère devant l’endurcissement de leur cœur - c’était une sainte colère (3 : 5 ; 10 : 14 ; 11 : 15-17). Il s’est étonné de la profonde incrédulité qu’Il a dû constater « dans son pays » ; elle était si grande qu’Il n’a pu y faire de miracles (6 : 4-6). Il a été également saisi d’effroi, très angoissé et saisi de tristesse au jardin de Gethsémané (14 : 34).
Jésus est plein de compassion à l’égard des foules (1 : 41 ; 6 : 34 ; 8 :2 ), Il se réjouit de la simplicité et de la « crédulité » des enfants qu’Il serre dans ses bras (9 : 36 ; 10 : 14-16). Elle contraste avec le terrible endurcissement des hommes faits !
Le récit des miracles de Jésus
Marc atteint son grand but - glorifier le Seigneur - en mettant admirablement en relief les miracles de Jésus. Son Evangile a été appelé « l’évangile des miracles ». Ils sont l’expression visible de Sa puissance et de Son amour, et mettent en évidence Sa divinité. Les paroles de ce cantique, fort ancien, le rappellent :
Quel autre voudrait, quel autre pourrait,
Me voyant gémir, me tirer d’angoisse et me secourir ?
Marc mentionne la plupart des nombreux miracles (16) relatés dans l’Evangile de Matthieu. Il présente en outre deux miracles dont il est le seul à donner entièrement le récit ; ils concernent le sourd qui parlait avec peine (7 : 32-37) et un aveugle (8 : 22-26). Ce dernier a été complètement guéri, après que le Seigneur ait touché ses yeux par deux fois.
Marc sait fort bien décrire l’effet produit sur les disciples par les miracles et aussi la stupéfaction des foules présentes (4 : 41 ; 6 : 51 ; 10 : 24, 26, 32) : Dans le dernier passage cité, il est, par exemple, précisé qu’ils étaient « étonnés » - « étonnés excessivement » ou « frappés de stupeur ».
Les discours et les paraboles
La plupart des « discours », fréquents dans les autres Evangiles, sont complètement omis - par exemple le « sermon sur la montagne » qui occupe une si grande place dans l’évangile de Matthieu (5 à 7). Concernant la plupart des autres, il n’en donne qu’un court extrait (3 : 23-35 ; 6 : 8-11 : 12 : 38-40…). La seule exception est en faveur de l’importante et solennelle prophétie du Seigneur : elle traite d’abord de la ruine de Jérusalem et annonce un évènement qui est encore à venir : le moment extraordinaire où la terre et le ciel passeront - alors que Ses paroles, elles, « ne passeront pas » (13 : 1-37). Cependant l’évangéliste abrège beaucoup le récit qui, dans l’évangile de Matthieu, occupe deux chapitres entiers (24 et 25).
On peut sans doute considérer que cet Evangile contient 9 paraboles, mais aucune d’elles n’est longuement développée. A la parabole de « la semence qui croît en secret », propre à Marc seul (4 : 26-29), s’ajoutent : « le morceau de drap neuf à un vieil habit » et « le vin nouveau dans de vieilles outres » ((2 : 21-22), « le semeur » (4 : 3-8), « la lumière sous le boisseau » (4 : 21-22), « le grain de moutarde » (4 : 30-32), « les cultivateurs de la vigne » (12 :1-9), « le figuier » (13 : 28-33), « l’homme qui part en voyage » (13 : 34-37).
Cet évangile est, de loin, le plus court. Son caractère particulier tient à la concision et la brièveté, et d’autre part au rythme rapide, animé, de l’ensemble du livre. Les faits dont il rend compte sont présentés de façon très condensée. Ils abondent pourtant en « petits détails », de grande valeur, que l’on ne trouve pas ailleurs. On les découvre même dans les plus courts épisodes, une telle « richesse » ressort de la lecture de multiples passages : 1 : 35 ; 3 : 16 ; 4 : 35 ; 5 : 13 ; 6 : 7 ; 6 : 32 ; 10 : 46 ; 11 : 4 ; 12 : 41…
La rapidité avec laquelle les épisodes se succèdent, la clarté des descriptions, l’emploi fréquent du présent de narration (1 : 21, 40, 44 ; 5 : 15 ; 6 : 1 ; 9 : 2 ; 11 : 15 …) et du langage direct (3 : 11 ; 4 : 39 ; 5 : 8 ; 6 : 35 ; 13 : 1…), contribuent à communiquer beaucoup de vie et de force au récit. On remarque aussi, par moments, une certaine emphase dans le style de Marc (1 : 45 ; 4 : 8 ; 14 : 68).
On comprend mieux, en lisant cet Evangile, l’activité incessante du Seigneur (Ps. 69 : 9a). On croirait « Le voir », tant ses regards (3 : 5, 34 ; 5 : 30-32 ; 6 : 41 ; 7 : 34 ; 10 : 21, 23 ; 11 : 11), ses gestes même (7 : 33 ; 8 : 33 ; 9 : 36 ; 10 : 16…), sont minutieusement décrits. L’attention est attirée sur ses mains remplies d’amour : Il prend par la main la belle-mère de Pierre, couchée avec de la fièvre, et aussitôt la fièvre la quitte et elle les sert (1 : 31). Emu de compassion, Il touche un lépreux et lui dit : « Je veux, sois guéri » et la lèpre se retire (1 : 41-42). Il prend la main d’une enfant déclarée morte et lui dit : Lève-toi ; aussitôt elle se lève et marche (5 : 41). Nous sommes également dans Sa main (Jean 10 : 28) ; c’est une grâce de s’en souvenir !
On remarque dans cet Evangile l’emploi très fréquent (42 fois) d’un mot grec traduit le plus souvent par l’adverbe « aussitôt », ou parfois par un mot de signification voisine. Par exemple, au premier chapitre, le Seigneur se rend successivement au Jourdain, dans le désert, au bord de la mer, dans la synagogue, une maison, un lieu solitaire et les villes de la Galilée !
Ce Serviteur était toujours prêt à obéir au Père : Il se hâtait d’aller à la rencontre des immenses besoins de son peuple affligé (1 : 10, 12, 20, 21…). Toutefois, Marc précise onze fois que le Seigneur cesse son activité - soit pour échapper à ses ennemis, soit dans le but de rafraîchir son âme par des moments de prière.
C’est le seul évangile où il soit précisé qu’Il était le « charpentier » (6 : 3), jetant ainsi un trait de lumière sur les années passées à Nazareth, avec Marie et Joseph.
On peut essayer de donner une brève analyse du « programme » très varié du Serviteur parfait, en suivant le fil de cet Evangile :
- Le Serviteur est confirmé dans son service (1 : 1-13).
- Il est surtout question de Lui (1 : 14-45), de son autorité (2 : 1 à 3 : 6), de ses amis (3 : 7 à 6 : 6), de l’influence qu’Il exerce (6 : 7 à 8 : 26), de l’instruction qu’Il donne (8 : 27 à 10 : 52), du chemin qu’Il suit (11 : 1 à 12 : 44).
- Le Serviteur présente ensuite une prophétie (13 : 1-37).
- Il est rejeté (14 : 1 à 15 : 47).
- Il est exalté (16 : 1-20).
Cet évangile de Marc est souvent négligé. Dieu l’a pourtant donné à son peuple racheté pour que ses serviteurs puissent y trouver, en Jésus, le parfait Modèle qui les aide à exercer leur propre service avec la même humilité.
Une lecture parallèle serait très utile pour une étude profitable de Marc - celle de l’Evangile de Matthieu. L’étude conjointe de deux évangiles mettra en évidence la « beauté » avec laquelle ces épisodes successifs sont relatés dans Marc. Elle fera également ressortir à quel point la puissance divine a guidé, de façon infaillible, ces deux hommes de Dieu à composer leurs écrits.
Ph. L le 01. 02. 12
O Dieu, ta Parole recèle
Le trésor le plus précieux,
Car ton Esprit nous y révèle
Jésus, le seul chemin des cieux.
Ta Parole à ton Fils Lui-même
Veut sans cesse attacher nos cœurs,
Dévoilant les gloires suprêmes
De la Personne du Seigneur.