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Marie, sœur de Moïse

 Le partage de l’épreuve avec un peuple opprimé (Exode 1 ; 2 : 1-3)
 L’intervention courageuse auprès de la fille du Pharaon (Exode 2 : 4-10)
 Le chant des femmes à l’Eternel  (Exode 15 : 20-21)
 La plaie de lèpre et l’exclusion du camp (Nombres 12)
 

            Ses parents, Amram et Jokébed (Ex. 6 : 20), appartenaient tous deux à la tribu de Lévi (Ex. 2 : 1). Amram était chef d’une famille des Kehathites ; son mariage avec Jokébed était « dans le Seigneur » (1 Cor. 7 : 39), en accord avec la pensée divine : « Les tribus des fils d’Israël resteront attachées chacune à son  héritage » (Nom. 36 : 8-9). Ils appartenaient désormais ensemble à cette tribu de Lévi, appelée à devenir la tribu sacerdotale. Ils faisaient partie de ces familles qui « portent à l’épaule » ; leur espoir commun était de jouir de leur héritage et de le conserver intact. Or pour l’instant, hélas, les fils d’Israël étaient, du fait en particulier de leur idolâtrie, des esclaves en Egypte. Ils soupiraient après la délivrance et le retour dans leur patrie, et l’Eternel avait entendu leurs gémissements (Ex. 3 : 7-8).


Le partage de l’épreuve avec un peuple opprimé (Exode 1 ; 2 : 1-3)

            Dès ses premiers pas, Miriam a pu profiter du « capital » spirituel de piété amassé par ses parents. C’est un grand privilège, une grande responsabilité aussi. Plusieurs sans doute parmi les lecteurs ont reçu par pure grâce, après leurs ancêtres, cette part bénie.
            Avec ses parents et son frère Aaron qui a trois ans de moins qu’elle, Miriam partage un peu les épreuves que connaît à ce moment-là le peuple de Dieu ; ils apprennent ainsi à mieux s’appuyer sur l’Eternel seul. Un nouveau Pharaon règne sur l’Egypte. Il n’a pas connu Joseph, qui avait pourtant sauvé l’Egypte lors du règne précédent et conservé la vie à tout son peuple ; Joseph est maintenant entièrement oublié ! Ce roi voit d’un mauvais œil que les fils d’Israël soient devenus plus nombreux et plus forts que son propre peuple. Aussi les opprime-t-il ; il les asservit avec dureté et leur rend la vie amère. Vainement d’ailleurs, car malgré toutes ses exactions, ils augmentent toujours en nombre ! Les Egyptiens prennent peur. Instrument docile dans la main de Satan, le Pharaon parle aux sages-femmes et leur ordonne de faire mourir, dès leur naissance, tous les enfants mâles de ces fils d’Israël (Ex. 1 : 15-16). Mais ce monarque est « dans une grande erreur » ; il ne connaît pas Dieu et ses conseils immuables (Marc 12 : 24-27). Les sages-femmes craignent l’Eternel et n’obéissent pas à cet ordre (v. 17 ; Héb. 11 : 23). Le roi d’Egypte fait alors un pas de plus dans la violence et le crime : c’est à tout son peuple qu’il ose commander maintenant de jeter dans le fleuve tous ces enfants (v. 22).
            C’est au milieu de circonstances aussi dangereuses que Jokébed conçoit un troisième enfant. Elle enfante un fils (Ex. 2 : 2) et voit qu’il est beau - « beau à Dieu », dira plus tard Etienne devant le sanhédrin (Act. 7 : 20). Aussi le cache-t-elle pendant trois mois. Hébreux 11 précise que les parents agissent d’un commun accord. Que d’alarmes durant les semaines suivantes ! Que d’inquiétudes chaque fois que leur enfant rappelle sa présence par ses cris (v. 6), comme le font tant d’autres enfants !
            Admirons la foi en activité dans cette famille : ils ne craignent pas l’ordonnance du roi. Nous sommes vite « craintifs », au milieu de ce monde agité, au lieu de nous confier en Dieu (1 Pier. 3 : 14-15). La foi compte sur Lui au travers des difficultés, mais face aussi à des « impossibilités » !
            « Et comme elle ne pouvait plus le cacher » (v. 3), Jokébed prend un coffret de joncs et l’enduit soigneusement, avec amour, de bitume et de poix. Elle y dépose son enfant et le met au milieu des roseaux, au bord du Nil. Comme plus tard Marie, la mère de Jésus, on peut penser que le cœur de cette mère est comme transpercé par une épée. Elle doit se résigner à « exposer » ainsi son nourrisson ; il risque fort, à vue humaine, d’être jeté sans autre dans le fleuve par un passant soucieux de complaire à son monarque.  Les parents chrétiens connaissent des exercices similaires avec leurs enfants si exposés dans le monde actuel. Mais Jokébed s’attend à Dieu et Il lui répondra au-delà de tout ce qu’elle pouvait demander ou même penser (Eph. 3 : 20). L’Eternel va accorder à cet enfant une merveilleuse délivrance et le préparer à jouer plus tard auprès du peuple un rôle capital à la gloire de Dieu !


L’intervention courageuse auprès de la fille du Pharaon (Exode 2 : 4-10)

            Miriam, âgée d’environ treize ans, a partagé les craintes de ses parents. Son tout jeune frère Moïse lui tient très à cœur. Elle montre un réel courage malgré sa jeunesse. Elle se tient à distance « pour voir ce qu’on lui ferait » (v. 4). L’Eternel conduit alors la fille du Pharaon à se promener avec ses jeunes filles là où le coffret est déposé. Elle l’aperçoit et envoie sa servante le prendre ; elle l’ouvre : quelle surprise ! C’est un petit garçon qui pleure. Elle pense aussitôt qu’il s’agit de l’un des enfants des Hébreux et elle a compassion de lui (v. 5-6). Hardiment, Miriam s’approche et demande, avec beaucoup d’à-propos, à la fille du Pharaon : « Irai-je et appellerai-je auprès de toi une nourrice d’entre les Hébreues et elle t’allaitera l’enfant ? Et la fille du Pharaon lui dit : Va. Et la jeune fille alla » (v. 7-8). En fait de nourrice, elle choisit la mère de l’enfant.
            La fille du Pharaon dit à Jokébed : « Emporte cet enfant, et allaite-le pour moi, et je te donnerai ton salaire » (v. 9). Alors la femme prend l’enfant, et l’allaite. Mais elle a certainement pour lui d’autres désirs, d’ordre spirituel ; elle lui inculque l’essentiel touchant le Dieu d’Israël. L’enfant grandit, et elle l’amène à la fille du Pharaon. « Il fut son fils ; et elle appela son nom Moïse - sauvé des eaux » (v. 10). Une fois encore le diable va être vaincu par ses propres armes. Chacun des lecteurs sait sans doute quel sera le rôle de Moïse en faveur d’Israël. « Dieu se montre merveilleux en conseil et grand en sagesse » (Es. 28 : 29) ! Rejetons sur Lui tout notre souci, avec simplicité. En réponse à notre foi, Il répondra merveilleusement.  
            Dieu s’est servi de la fille du Pharaon. Il emploie souvent des incrédules comme des « maillons inconscients » pour l’accomplissement de ses conseils (Ps. 119 : 91). Il a confié à Miriam, cette jeune Israélite, un rôle convenable, vu son âge, et fort utile. Il choisit souvent de très faibles instruments, sans prétention aucune, pour agir à Sa gloire ! D’autres enfants, dans l’Ecriture, ont joué un rôle en accord avec les pensées de Dieu. Citons, par exemple, la jeune servante, prisonnière chez Naaman. Pleine de compassion envers celui qui la retient captive, elle rend témoignage, malgré sa jeunesse, à la puissance de Dieu. Elle est persuadée que le lépreux, en s’adressant au prophète, va retrouver la santé (2 Rois 5 : 3-4, 14). Sa foi sera récompensée : ce grand capitaine syrien sera non seulement guéri, mais deviendra un croyant désireux d’agir avec fidélité.
            Un petit garçon, au milieu d’une foule, ne se lasse pas d’écouter le message d’amour de Jésus. Lui seul a cinq pains et deux poissons ; tous les autres, fatigués et affamés, sont sans ressources. Comment leur donner à manger ? C’est si peu de chose, mais ce petit garçon le tend sans hésiter au Seigneur qui multiplie miraculeusement « ce peu » en faveur des besoins de tous (Jean 6 : 9).
            Un autre jeune, le neveu de Paul, avertit le chiliarque qui a la garde de Paul, du complot tramé par les Juifs en vue de tuer l’apôtre. Et Dieu dispose le cœur de ce responsable romain à prendre au sérieux le message de ce jeune inconnu. Il fait alors partir Paul, sous escorte, dans une autre ville, loin de la fureur meurtrière de ses ennemis (Act. 23 : 16-22).


Le chant des femmes à l’Eternel  (Exode 15 : 20-21)

            Bien des années plus tard, nous retrouvons Miriam, appelée maintenant la prophétesse. Elle a été préparée par l’Eternel à jouer auprès des femmes d’Israël un rôle très utile. Le peuple d’Israël vient d’être délivré de la fournaise de fer de l’Egypte (Deut. 4 : 20). Hommes, femmes et enfants sont réunis sur la rive de la Mer Rouge, traversée grâce à l’intervention divine ! Ils sont libres et heureux sur la rive de la « résurrection ». Leur conducteur, Moïse, et tous les fils d’Israël entonnent un magnifique chant de triomphe pour célébrer leur délivrance de cet ennemi qui les retenait captifs. Dans cet hymne, tout se rapporte à l’Eternel, du commencement à la fin. C’est un vrai « culte » selon la pensée de Dieu ! Le peuple s’écrie : « Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation » (Ex. 15 : 2). Le cantique commence par la rédemption et se termine dans la gloire.
            Ensuite, vient le tour de Marie, sœur d’Aaron, de s’exprimer. Elle prend un tambourin - il était utilisé au moment des victoires (Ps. 68 : 25 ; 149 : 3). Toutes les femmes sortent après elle, avec des tambourins et en chœurs (de danse). Marie leur répond : « Chantez à l’Eternel, car Il s’est hautement élevé ; il a précipité dans la mer le cheval et celui qui le montait » (Ex. 15 : 20-21). L’ampleur de cette strophe est certes bien moindre que ce qui précède, où plusieurs thèmes de louange sont successivement abordés. Des entraves liées à l’activité du « moi » empêchent ainsi parfois le culte de s’élever au milieu de la compagnie des enfants de Dieu. Chacun doit veiller, avant d’aller adorer, au jugement indispensable de soi-même, et à ne pas laisser la moindre place à ce qui pourrait venir de « l’homme » au cours du culte. Les plus faibles voix peuvent se joindre à la louange collective et chanter la gloire de Celui qui les a délivrés. Une telle adoration plaît à son cœur : « Même le plus jeune cœur peut être un temple au Seigneur » (1 Cor. 3. 16), affirme à juste raison un cantique. Soyons de ceux qui encouragent tous leurs frères et sœurs à louer le Seigneur (Ps. 87 : 7).
            La partie du cantique prononcée par Miriam et les autres femmes d’Israël s’attachait à un aspect essentiel de la victoire du Rédempteur. L’ennemi est définitivement vaincu !  Un cantique l’exprime de façon concise et claire :

                    Gloire à l’Agneau ! Louange au Rédempteur !
                    En Lui la mort a trouvé son vainqueur.
                    L’ennemi même a connu sa puissance,
                    Et le tombeau lui rend obéissance.


            Marie donne ici « le ton » au chant des femmes, comme Moïse, son frère, à celui des hommes. A cette place d’honneur, elle répond à toutes ses compagnes, sorties avec elle. Toutes n’ont, à ce moment-là, qu’un seul désir : louer l’Eternel ! Qu’en sera-t-il par la suite ? Notre vie nouvelle avec Christ peut commencer avec beaucoup d’ardeur et s’affaiblir ensuite, hélas, en raison des épreuves ou de notre éloignement progressif du Seigneur.


La plaie de lèpre et l’exclusion du camp (Nombres 12)

            Les expériences de la vie au désert vont suivre et des murmures ne tardent pas à s’élever contre Moïse ; les plaintes sont de plus en plus vives. La première épître aux Corinthiens en donne un aperçu (10 : 5-10). Ceux que Dieu a placés à la tête du peuple, avec une responsabilité accrue, sont eux aussi « contaminés ». Est-ce possible ! La jalousie se développe chez Marie et Aaron. Ils parlent contre leur frère, contre Moïse. Leur prétexte ? Le conducteur a pris une femme éthiopienne - un mariage qui,  à vrai dire, paraît être plutôt un témoignage rendu à la grâce divine qui s’étend au-delà des limites d’Israël.
            Marie et Aaron disent : « L’Eternel n’a-t-il parlé que par Moïse seulement ? » (v. 2). Ils ambitionnent d’avoir le rôle de leur plus jeune frère. Pourtant Aaron avait une part remarquable : n’était-il pas le souverain sacrificateur, associé à Moise, et recevant souvent des révélations divines ? Marie, on le sait déjà, était prophétesse !
            Leurs critiques sont le fruit vénéneux de l’envie, dissimulée sans doute depuis longtemps dans leur cœur. Un péché qui se montrera bientôt au grand jour chez Coré et les « hommes de renom » qui l’ont suivi. La terre s’ouvrira et ils seront engloutis vivants (Nom. 16) ! C’est toujours triste et très grave de voir la jalousie se développer au sein du peuple de Dieu. Jacques pose une question : « L’Esprit qui demeure en nous a-t-il des désirs qui mènent à l'envie » ? (Jac. 4 : 5). La réponse est évidemment négative. L’apôtre ajoute : « Il donne une grâce plus grande !... Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles. Soumettez-vous donc à Dieu. Résistez au diable, et il fuira loin de vous (v. 6-7).
            La langue est « un monde d’iniquité », un « mal désordonné, plein d’un venin mortel » (Jac. 3 : 6, 8). Terrible description, valable pour ma langue comme pour la vôtre. Ce petit membre propage promptement des rapportages, des moqueries, des critiques, des mensonges au sujet des autres ; et c’est par son moyen que nous nous vantons… Tout cela donne une idée de ce dont on peut fort bien se rendre coupable au cours d’une seule journée ! Avec la même bouche, « nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu ; de la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction » (v. 9). C’est une constatation vraie aussi pour Marie et Aaron. Où en sommes-nous à cet égard, chers lecteurs croyants ? Confessons sans plus tarder au Seigneur nos manquements à ce sujet et implorons Son secours pour les jours à venir.
            Moïse était très chargé par le souci que lui causait le peuple. Il aurait pu espérer trouver un peu d’aide du côté de sa famille, il y trouve de nouveaux sujets de peine. Toutefois il « était très doux, plus que tous les hommes sur la terre » (Nom. 12 : 3), et son comportement devant cette attaque directe le confirme. Avons-nous essayé d’apporter la même réponse que cet homme de Dieu, une réponse dictée par la douceur ? Elle opère parfois des miracles !
            Moïse ne se plaint pas à l’Eternel. Mais Dieu entend toujours (Gen. 29 : 33, 2 Rois 19 : 4). Moïse était son ami (Ex. 33 : 11). Dieu descend dans la colonne de nuée - c’est un fait rare - à l’entrée de la tente d’assignation (voir Nom. 14 : 10 ; 16 : 42 ; 20 : 6). Puis Il appelle les coupables, Marie et Aaron, à comparaître devant Lui, à l’entrée de la tente - Marie ne devait évidemment pas pénétrer là. Dieu va les juger Lui-même : en prenant Moïse pour cible, le frère et la sœur ont touché à la prunelle de l’œil de l’Eternel (Zach. 2 : 8). Il confirme d’abord devant eux la fidélité de son serviteur dans toute la maison de Dieu et rappelle un fait remarquable : Moïse parlait habituellement avec Lui, « bouche à bouche » (Nom. 12 : 7-8a), ce qui ne sera pas le cas avec Josué, le successeur de Moïse. Il leur dit ensuite : « Pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? » (v. 8b). Sa colère s’embrase contre eux. Il s’en va et la nuée se retire de dessus la tente d’assignation.
            Aaron se tourne alors vers Marie, et voici, elle était « lépreuse comme la neige » (v. 12 ; Deut. 24 : 9) ! Elle était sans doute l’instigatrice de ce grave péché, celui de la médisance ; elle semble avoir conçu elle-même ces attaques contre Moïse (Héb. 4 : 13). En tout cas, elle est devenue lépreuse suite à sa jalousie ; Guéhazi le sera définitivement, du fait de sa convoitise et de son mensonge effronté au prophète Elisée (2 Rois 5 : 25 -27). Ozias aussi le restera jusqu’à la fin de sa vie à cause de son orgueil. Il s’est obstiné à désobéir à l’ordre établi par Dieu (2 Chr. 26 : 19-21).
            Déjà avancée en âge, Marie s’était laissée aller au point de porter des accusations contre le chef de son peuple. En prenant de l’âge, nous devrions toujours être des « modèles » pour tout le peuple de Dieu. Les vieillards et les femmes âgées sont exhortés à ce sujet, et ces dernières ne doivent pas être médisantes (Tite 2 : 2 -3) !     
            Aaron reconnaît alors devant Moïse la gravité de son péché, le même que celui de Marie. « Ah ! mon seigneur ! » : il reconnaît sa supériorité. « Ne mets pas, je te prie, sur nous, ce péché par lequel nous avons agi follement et par lequel nous avons péché » (v. 11). Ses terribles conséquences étaient visibles chez Marie et semblaient durables (v. 12). Aaron comptait visiblement sur la mansuétude de son frère, pensant qu’il userait de son intimité avec Dieu. En effet, Moïse crie à l’Eternel au sujet de sa sœur : « O Dieu ! Je te prie, guéris-la, je te prie » (v. 13). Courte mais fervente prière, qui sera exaucée.
            Moïse ressemble à l’Homme Christ Jésus, toujours en prière pour les siens (Héb. 7 : 25). Le conducteur se sert de son rôle d’intercesseur - ici en faveur de sa propre sœur qui l’a offensé. Cet homme de Dieu donne un bel exemple de l’oubli volontaire de ses « droits » - ceux que nous prétendons si souvent défendre (Phil. 4 : 5). Il était le seul à pouvoir intercéder ainsi. Aaron - tout souverain sacrificateur en titre qu’il soit - n’était pas dans l’état convenable. Il aurait dû reprendre en temps voulu les paroles déplacées de Marie ; il l’avait au contraire lâchement approuvée. Il s’était montré faible envers elle, comme il l’avait été avec le peuple, en ciselant lui-même le veau d’or (Ex. 32 : 4). Si, parfois, nous sommes lâches, il faut le confesser devant Dieu. Tout péché est d’abord contre Lui et nous avons aussi la responsabilité de reprendre notre prochain ; la Parole nous y invite.
            Dans sa grâce immense, Dieu répond aussitôt favorablement à la prière de son serviteur Moïse. Il assigne une limite à ce jugement : Marie, à sa honte, sera exclue du milieu du peuple et devra supporter la séparation totale qui était la part d’un lépreux (Deut. 25 : 9 ; Job 17 :6). Elle passera sept jours « hors du camp » (Lév. 13 : 46). Toutefois, Dieu précise qu’on devra ensuite la recueillir, ce qui suppose que le peuple devait l’attendre. Il devait rester arrêté sur la route vers le pays de la promesse. La nuée qui les conduisait de jour et de nuit restait immobile. Ce fait très solennel met en évidence la responsabilité de Marie ; elle peut aussi être souvent la nôtre ! Le peuple est appelé également à réaliser la gravité d’une telle faute, alors qu’on passe souvent légèrement sur le péché. Il en partage ici les conséquences. De même, Josué et Caleb ont connu, malgré leur fidélité personnelle, les quarante années de pérégrination du peuple à travers le désert, en conséquence de l’incrédulité manifestée par leurs frères israélites. Nous sommes, dans l’assemblée, « membres les uns des autres » (Eph. 4 : 25) ; si l’un des membres souffre, tous souffrent avec lui (1 Cor. 12 : 25-26). Prenons garde à notre propre conduite.
            Marie peut donc participer à nouveau au voyage jusqu’au jour où elle parvient à Kadès Barnéa, aux portes du Pays (Nom. 20 : 1). Là, elle meurt et elle est ensevelie. Pour la terre, sa voix s’est tue ; avec les saints désormais, autour du trône, son âme heureuse psalmodie, en attendant la gloire.


            Le Seigneur est juste dans ses appréciations. Il n’oublie pas un service longtemps fidèle, en dépit d’une chute, toujours humiliante. Longtemps après, par le moyen du prophète Michée, Il rappellera que Marie a fait partie de ceux qu’Il avait envoyés devant son peuple. Il lui dit : « Je t’ai fait monter du pays d’Egypte, et je t’ai racheté de la maison de servitude ; et j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Marie » (Mich. 6 : 4). Nous avons affaire à ce Dieu miséricordieux. « Il sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière » et Il a compassion (Ps. 103 : 14). Demandons-Lui de mettre, en retour, Sa crainte dans notre cœur (Ps. 86 : 11). Si nous avons le privilège de vivre tout près des choses saintes, le danger est plus grand d’oublier toute la gravité de pécher à leur sujet. Nous pouvons y tomber, du fait des « habitudes » qui, peu à peu, se créent ; ainsi des choses élevées peuvent nous sembler banales ! Soyons donc sur nos gardes ; vaquons à la prière à ce sujet. N’oublions jamais la grandeur de Celui devant qui nous nous tenons, « avec la liberté d’un fils devant son père et le saint tremblement d’un mortel devant Dieu ».

                                                                           Ph. L  le 13. 01. 12



                     Bien que des ennemis nombreux
                     Assaillent ma faiblesse,
                     Et de leurs pièges dangereux
                     M’environnent sans cesse,

                     Je puis néanmoins, chaque jour,     
                     M’attacher à ta trace,
                     Et de ton ineffable amour
                     Savourer l’efficace.

                     Veuille, ô Jésus, mon Rédempteur,
                     M’animer d’un saint zèle !
                     Fais qu’à jamais ton serviteur
                     Te demeure fidèle.