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FILS D’HOMME, CES OS REVIVRONT-ILS ?


Lire : Ezéchiel 37

 Une longue prophétie durant la captivité d’Israël en Babylonie
 La promesse d’un avenir et d’une espérance
 Le rétablissement d’Israël
 

            « Fils d’homme, ces os revivront-ils ? » (v. 3). Cette question a été posée par l’Eternel à Ezéchiel alors que le prophète avait devant lui la vision impressionnante d’os secs remplissant une plaine. Avant de considérer les chapitres auxquels se rattache cette vision, nous donnerons quelques brèves indications concernant le prophète Ezéchiel et le contexte historique de son livre.

Une longue prophétie durant la captivité d’Israël en Babylonie

            Ezéchiel, comme Jérémie, était sacrificateur (Ezé. 1 : 3). Mais étant captif en Chaldée, il ne pouvait pas exercer sa charge. Le nom sous lequel Dieu s’adresse à lui tout au long du livre - « Fils d’homme » - met en évidence sa fragilité. Il se sait responsable d’être obéissant aux directions qu’il reçoit de Dieu.
            Les tribus de Juda et de Benjamin n’ont pas été emmenées en captivité en une seule fois. C’est lors de la seconde déportation, sous Jehoïakin (2 Chr. 36 : 10), qu’Ezéchiel a été emmené. Il s’assied, plein d’amertume, stupéfait, au milieu des captifs (Ezé. 3 : 14-15). Cinq mois plus tard, son ministère commence : il prophétisera en terre étrangère pendant vingt-trois ans environ.
            Daniel aussi a été parmi les captifs ; il a rendu témoignage, par sa conduite fidèle et par les messages dont Dieu l’a chargé, devant les rois successifs des nations.
            Au chapitre 11, Ezéchiel apporte aux captifs, de la part de Dieu, une parole qui a été en consolation à travers les âges à beaucoup de chrétiens isolés contre leur gré. « Bien que je les aie éloignés parmi les nations… toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays où ils sont venus » (v. 16). Que de circonstances, en effet, peuvent nous obliger à rester à l’écart, à passer peut-être plusieurs dimanches solitaires, loin d’un rassemblement autour du Seigneur ! Il peut s’agir d’un voyage, de la maladie, des persécutions, ou même, comme tant de croyants aujourd’hui, d’un emprisonnement. L’apôtre Jean, exilé dans l’île de Patmos, a été « en Esprit, dans la journée dominicale » (Apoc. 1 : 9-10) ; ses pensées se sont concentrées sur la Personne de Jésus et sur les choses spirituelles. Son âme a pu ainsi se réjouir en son Dieu, et parce qu’il était occupé de lui, le Seigneur lui a parlé.
            Le début du livre d’Ezéchiel a été écrit avant la prise de Jérusalem (chap. 1-24). Les trois premiers chapitres nous entretiennent de la première vision du prophète et de son appel. Ensuite, la destruction de la ville de Jérusalem est annoncée; la gloire de l’Eternel s’en va (chap. 8-11), et le siège commence. Ezéchiel est alors appelé à prophétiser contre sept nations (chap. 25-32). Jérusalem est frappée (33 : 21).
            Il est question ensuite de restauration spirituelle (chap. 34-36) et nationale d’Israël (chap. 37), deux aspects de la restauration dont nous dirons quelques mots plus loin. Le verset cité en tête se réfère à la seconde.
            Ezéchiel parle ensuite de Gog (chap. 38-39) et d’Israël revenu dans sa terre, pendant le règne millénaire (chap. 40-48). On contemplera alors ce spectacle majestueux, tant espéré: la gloire du Dieu d’Israël revenant du côté de l’Orient et la terre en étant tout illuminée. Ezéchiel tombera sur sa face en voyant la gloire remplir à nouveau la maison (43 : 2-6).


La promesse d’un avenir et d’une espérance

                        Un nouveau berger

            Par le moyen des prophètes, l’Eternel a voulu révéler à son peuple ses desseins de grâce envers eux, « pour leur donner un avenir et une espérance » (Jér. 29 : 11). Il commence par leur parler des soins pastoraux qu’il leur prodiguera et du Berger qu’il va leur envoyer (Ezé. 34 : 11-16, 23-24). Il va susciter un serviteur fidèle, qui est appelé ici David (v. 23). C’est Christ, son Bien-aimé, en contraste avec tous les « mauvais pasteurs » qui ont fait des brebis leur proie (34 : 7-10). L’Eternel lui-même va rechercher ses brebis et en prendre soin. Il les rassemblera, les paîtra et les fera reposer dans un bon pâturage.
            Le Seigneur Jésus s’est présenté comme « le bon Berger », avec une mission et des caractères que le prophète Ezéchiel ne pouvait pas connaître encore (Jean 10 : 11-18). Le plus remarquable d’entre eux, c’est qu’il a donné sa vie par amour pour ses brebis. Après une si grande œuvre en leur faveur, la communion s’est établie entre lui et elles. C’est la source en elles d’une joie complète. Le Seigneur apporte au croyant la certitude d’un salut éternel.

                        Un cœur nouveau

            Cependant, l’activité bénéfique d’un Berger en faveur de son peuple terrestre ne peut suffire. Dieu accomplira aussi, par le moyen de son Esprit, le travail intérieur indispensable pour qu’une bénédiction réelle soit possible. Il faut un cœur nouveau. « Je vous rassemblerai… Je vous purifierai… Je vous donnerai un cœur nouveau … je mettrai au- dedans de vous un esprit nouveau… » (Ezé. 36, 24-32). Tels sont les points mis en évidence dans le travail d’amour que Dieu effectuera : la purification au moyen d’eaux pures (v. 25) - une figure de l’efficacité de la parole de Dieu - et l’action du Saint Esprit dans les cœurs (v. 27).
            Remarquons le parallélisme frappant entre ce passage et l’enseignement de Jean 3 au sujet de la nouvelle naissance. Dans son entretien avec Nicodème, le Seigneur parle d’être « né d’eau et de l’Esprit » (v. 5), et déclare à deux reprises qu’il faut « être né de nouveau » (v. 3, 7). Dans plusieurs passages, l’eau est une figure de la Parole (Eph. 5 : 26). C’est elle qui opère la régénération : « Vous… êtes régénérés… par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pier. 1 : 23). « Il nous a engendrés par la parole de la vérité » (Jac. 1 : 18). Il faut aussi l’action puissante de l’Esprit qui applique cette Parole à la conscience et au cœur. « Notre Dieu Sauveur… nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint » (Tite 3 : 4-5).
            Nicodème aurait dû connaître ces choses (Jean 3 : 10). Jérémie et Ezéchiel ne les avaient-ils pas annoncées (Jér. 24 : 7 ; Ezé. 11 : 19) ? La bénédiction du peuple « terrestre » de Dieu n’était pas possible sans une nouvelle naissance. A fortiori, en est-il ainsi quant aux réalités « célestes » (Jean 3 : 12). Cette nouvelle naissance est devenue possible parce que Jésus est descendu du ciel pour accomplir l’œuvre de notre salut. C’est en lui qu’il faut croire pour avoir la vie éternelle.

                        Conséquences de la nouvelle naissance

            Revenons aux expressions employées par Ezéchiel dans ce passage du chapitre 36. Comment peuvent-elles s’appliquer à nous ?
            Au verset 24, Dieu annonce comment Israël sera rassemblé du milieu des nations où il a été dispersé. Aujourd’hui, Dieu agit de la même manière. Il tire de ce monde, « de toute tribu, et langue, et peuple, et nation », des rachetés pour lui-même (Apoc. 5 : 9). Il les purifie de toutes les impuretés et de toutes les idoles qui encombraient leurs cœurs (v. 25) - ce qui correspond à la sanctification. Dans ce but, il se sert de la Parole, et ensuite il met en nous son Esprit (v. 27 ; Eph. 1 : 13 ; Rom. 8 : 9).
            Il enseigne aux siens à marcher (v. 27). Ce n’est plus comme autrefois en respectant des statuts ou des ordonnances, mais en nouveauté de vie, par la foi et dans l’amour - comme Jésus a marché.
            Il leur prépare aussi une demeure (v. 28). Pour le racheté aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un pays sur la terre, mais d’une maison spirituelle, dont Christ est le fondement inébranlable. Et il leur donne aussi de la nourriture (v. 29, 30).
            La conclusion pourrait nous paraître étrange : « Et vous aurez horreur de vous-mêmes » (v. 31). Ne faut-il pas reconnaître ses fautes et ses péchés avant d’en être purifié ? Oui, assurément. Mais en général, quand nous le faisons, c’est dans une bien faible mesure encore. Il faut souvent marcher longtemps avec le Seigneur pour apprendre à mieux se connaître. Alors nous comprenons davantage ce que nous sommes par nature, et d’où nous avons été tirés. Ce travail de conscience et de cœur est indispensable pour saisir l’immensité de la grâce de Dieu.
            « Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations » (v. 31 ; cf. 6 : 9 ; 20 : 43). C’est un travail que Dieu opère dans une âme régénérée. A la fin de son épreuve, Job est amené à dire : « J’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (42 : 6). Parfois, Dieu produit aussi cela dans une famille ou dans une assemblée, ou même dans un groupe d’assemblées. Laissons-le opérer ce travail nécessaire. Comme David, demandons-lui de nous sonder (Ps. 139 : 23-24). « Soyez honteux et soyez confus à cause de vos voies », dit l’Eternel aux siens (Ezé. 36 : 32). C’est ainsi que nous apprendrons à mieux apprécier l’amour de Dieu.
            Quand Israël a été détruit, les nations ont osé se moquer de l’Eternel et de son peuple (36 : 2-3). Lors de la restauration, « les nations qui demeureront de reste autour de vous, sauront que moi, l’Eternel, j’ai rebâti les villes renversées, j’ai planté ce qui était désolé » (v. 36). Et la maison d’Israël recherchera Dieu, avec le désir qu’il leur fasse du bien. Les passants diront : « Ce pays qui était désolé, est devenu comme le jardin d’Eden » (v. 35). Cette bénédiction abondante du peuple d’Israël sera un puissant témoignage rendu à la gloire de Dieu.
            Aujourd’hui aussi, chaque vie d’homme transformée par la foi en Jésus Christ et par la nouvelle naissance est un témoignage rendu à la grâce et à l’amour de Dieu. L’œuvre de Dieu devrait être visible en nous par ses fruits. Qu’en est-il ?


Le rétablissement d’Israël

                        La vision des os secs (37 : 1-14)

            La main de l’Eternel est sur Ezéchiel. Il le fait sortir en esprit et le place au milieu d’une plaine remplie d’ossements très secs. Les faits sont très anciens; tous ces morts n’ont même pas été ensevelis. Invité à prophétiser sur eux, Ezéchiel obéit. Soudain il entend un bruit. Il voit les os se rapprocher les uns des autres, puis se couvrir de nerfs, de chair et de peau, mais sans que la vie revienne dans les corps.
            Le prophète reçoit alors une seconde instruction : « Prophétise au souffle… et dis : …Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces tués, et qu’ils vivent » (v. 9). Alors seulement, « le souffle entra en eux, et ils vécurent, et se tinrent sur leurs pieds, - une immense armée » (v. 10).
            L’Eternel lui-même donne l’interprétation de cette vision. « Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël » (v. 11). Dieu les fera sortir de leurs « sépulcres » - c’est-à-dire de toutes les nations parmi lesquelles ils sont actuellement dispersés - et les ramènera dans leur terre. Cette restauration, qui se déroulera par étapes, commence par un rassemblement sans que la vie soit encore là ; c’est donc un mouvement politique en vue d’ébaucher une réorganisation nationale. On a pu voir les premiers signes du sionisme à la fin du 19e siècle, et en 1948, la formation de l’Etat d’Israël.
            La prophétie d’Esaïe 18 semble devoir se dérouler parallèlement à celle d’Ezéchiel 37. Sous l’égide d’une grande nation maritime située en dehors de la terre prophétique, nous voyons « une nation répandue loin et ravagée… un peuple merveilleux… une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds » (Es. 18 : 2) - Israël sans doute - appelée à revenir dans son pays, à l’étonnement général. La trompette du rassemblement sonne (v. 3), mais ce retour encore partiel a lieu sans l’intervention directe de l’Eternel. En effet, il déclare : « Je resterai tranquille, et je regarderai de ma demeure » (v. 4). Ce retour sera suivi d’une période de grande désolation (v. 5-6). Les hommes seront livrés « aux oiseaux de proie » et « aux bêtes de la terre ». Ils avaient cru un instant pouvoir connaître, sans Dieu, une période de prospérité. Mais c’était impossible.
            A la suite de ces tribulations, le peuple retournera vers l’Eternel et vers son sanctuaire (Zach. 12). C’est alors seulement que la seconde partie de la vision d’Ezéchiel s’accomplira.
            Selon la prophétie d’Ezéchiel, le « souffle » - même mot que vent, esprit (v. 5-6, 8-10) - de l’Eternel viendra sur cette « grande armée » et lui redonnera la vie. Dieu mettra son Esprit en eux et ils vivront (v. 14). Il est toujours Celui « qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient » (Rom. 4 : 17). Il produit la nouvelle naissance par son Esprit et sa Parole.
            En contraste avec d’autres prophètes, Ezéchiel trace seulement un aperçu succinct des faits qui aboutissent à la restauration d’Israël en tant que peuple dans son pays. Il parle peu des épreuves qui l’accompagneront. Il présente simplement un sommaire des étapes de cette résurrection nationale, depuis le moment où les os se rapprochent jusqu’au jour où Israël, à nouveau en relation avec son Dieu, pourra demeurer tranquille dans sa terre.
            Beaucoup d’autres événements et de tribulations se produiront avant que la prophétie ne s’accomplisse entièrement. En particulier, le Seigneur Jésus va revenir pour enlever son Eglise avant que « l’heure de l’épreuve » n’atteigne « la terre habitée tout entière » (Apoc. 3 : 10). La « grande tribulation » fondra aussi sur Israël - « la détresse pour Jacob » (Jér. 30 : 7). Les révélations beaucoup plus complètes, confiées à Jean dans l’Apocalypse, le montrent.

                        Un point majeur à éclaircir : l’union des douze tribus

            Après la mort de Salomon, Israël a été divisé en deux parties. Les tribus de Juda et de Benjamin sont restées soumises à la maison de David, tandis que les dix autres - sous la direction d’Ephraïm - ont servi des rois d’origines diverses. « C’est de par moi que cette chose a eu lieu », avait dit l’Eternel (1 Rois 12 : 24).
            La restauration nationale annoncée par Ezéchiel concerne-t-elle seulement les deux tribus restées fidèles aux descendants de David ? Ou bien, est-ce tout Israël qui va être rassemblé ? La seconde moitié du chapitre 37 répond avec clarté à cette importante question. Sous les yeux de ceux qui l’entourent, le prophète doit inscrire sur deux bois le nom des deux royaumes et les rapprocher l’un de l’autre « pour qu’ils soient un seul bois… dans sa main » (v. 15-17). Et il annonce : « Ainsi dit le Seigneur, l’Eternel : Voici, je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes… Et mon serviteur David sera roi sur eux, et il y aura un seul pasteur pour eux tous ; et ils marcheront dans mes ordonnances, et ils garderont mes statuts et les pratiqueront… Je ferai avec eux une alliance de paix, ce sera, avec eux, une alliance éternelle… et ma demeure sera sur eux » (v. 21-27). La demeure annoncée ici, c’est le sanctuaire futur, décrit à partir du chapitre 40. Ezéchiel ne parle pas de la venue en gloire du Seigneur Jésus. Il constate seulement qu’il est lui, le roi, leur pasteur.

 
                                                 Ph. L - Article paru dans le "Messager évangélique" (12/2011)