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LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (15a)

 
 
 
CHAPITRE 15
 
LA RÉSURRECTION DES MORTS

            Nous ne savons rien de précis de l'arrière-plan et du motif de l'exposé que l'apôtre Paul fait dans ce qui suit. De son argumentation, nous pouvons cependant déduire que la résurrection corporelle des morts prêchée par les apôtres était quelque chose d'impossible aux yeux de certaines personnes dans l'assemblée à Corinthe, probablement des Grecs imbus de culture philosophique et, selon eux, éclairés. Il semble qu'ils n'allaient pourtant pas aussi loin que les sadducéens juifs qui niaient non seulement la résurrection, mais aussi l'existence des anges et des esprits (comp. Act. 17 : 32 ; Matt. 22 : 23 ; Actes 23 : 8). Leur affirmation qu'il n'y avait pas de résurrection des morts (v. 12) allait visiblement dans le sens que la vie des croyants dans l'éternité se limitait à la continuation de la vie de l'âme. Cette doctrine introduite par la ruse de Satan qui attaque le fondement de la foi chrétienne, donne à Paul l'occasion d'écrire la dernière grande section de sa première épître aux Corinthiens, dans laquelle nous sont présentées de glorieuses révélations concernant la résurrection de Christ et des croyants.


                        L'évangile et la résurrection de Jésus Christ (v. 1-11)

            Du fait que la résurrection du Seigneur fait partie intégrante de l'évangile, Paul doit d'abord faire honte aux Corinthiens en leur rappelant la parole qu'il leur avait annoncée au commencement. Ils avaient reçu ce message de Dieu par la foi et se trouvaient désormais non seulement établis sur ce nouveau terrain de vie, mais savaient aussi qu'ils étaient par là même sauvés. L'assurance de leur foi reposait toutefois sur les deux conditions suivantes : qu'ils demeurent fermement attachés à la Parole qui leur avait été annoncée et qu'ils n'aient pas cru en vain (v. 1-2).
            L'évangile que Paul avait annoncé alors aux Corinthiens lui avait été confié par révélation du Seigneur Jésus (v. 3 ; comp. Gal. 1 : 11-12). Trois faits en relation avec le salut, déjà annoncés par des prophéties et des types dans l'Ancien Testament (v. 4), constituent le fondement de ce message.
                 - Christ est mort pour nos péchés. Le gouffre établi entre l'homme et Dieu en raison du péché et de la désobéissance envers Dieu, ne pouvait être comblé que par un sacrifice expiatoire parfait. Ce sacrifice a été offert par le Fils de Dieu, lorsqu'il est devenu homme et a pris sur lui à la croix la mort, salaire du péché. Le seul juste a souffert, là, pour nous les injustes (1 Pierre 3 : 18). À lui notre reconnaissance éternelle ! Différents types, tels que l'agneau pascal et les sacrifices sous la loi, l'annoncent à l'avance, mais aussi les psaumes et les prophètes parlent de la mort expiatoire du Sauveur, particulièrement Ésaïe 53 : 12 : « ... parce qu'il aura livré son âme à la mort, et qu'il aura été compté parmi les transgresseurs, et qu'il a porté le péché de plusieurs, et qu'il a intercédé pour les transgresseurs ».
                 - Christ a été enseveli. En plus du coup de lance du soldat romain, le fait de sa mort a été ainsi confirmé. Par conséquent, le Seigneur a été trois jours et trois nuits dans le tombeau. Trois est à la fois le nombre de Dieu et celui d'un témoignage complet.
                 - Christ a été ressuscité le troisième jour. Par la résurrection, Dieu a reconnu la valeur parfaite et éternelle de l'œuvre de la rédemption. De plus, la résurrection du Seigneur Jésus est la confirmation de Dieu pour la justification éternelle de ceux qui croient en lui (Rom. 4 : 25). Pour nous, il n'y a pas de relation avec Christ si ce n'est par sa mort et par sa résurrection. Ce n'est que lorsque le grain de blé est mort qu'il a porté beaucoup de fruit, et ainsi, seuls ceux qui croient en Celui qui est la résurrection et la vie reçoivent la vie éternelle (Jean 11 : 25 ; 12 : 24). Enfin la résurrection du Seigneur est aussi la garantie de celle de nos corps mortels (Rom. 8 : 11), car c'est dans des corps glorifiés que nous goûterons les bénédictions de la maison du Père dans le ciel (comp. Jean 14 : 3 ; Phil. 3 : 21). Pour voir au ciel le Seigneur glorifié comme Il est, nous Lui serons semblables (1 Jean 3 : 2). La résurrection du Seigneur et notre résurrection sont ainsi un élément essentiel du message du Nouveau Testament.  La résurrection du Seigneur le troisième jour a également été annoncée prophétiquement et symboliquement dans l'Ancien Testament (comp. Ps. 16 : 10 et Actes 2 : 24-32 ; Jonas 2 : 1 et Matt. 12 : 40).
   
            Aux déclarations des écrits de l'Ancien Testament, Paul ajoute encore six autres preuves, qui forment ensemble un septuple témoignage divinement parfait de la résurrection de Christ (v. 5-8).
                 - D'abord, des onze apparitions du Seigneur ressuscité, il en mentionne cinq particulièrement importantes : la rencontre seul à seul avec Pierre, le jour de la résurrection (Luc 24 : 34) ; son apparition à ceux qui, malgré l'absence du traître, sont appelés les « douze » ce même jour, ou une semaine plus tard (Jean 20 : 19-29) ; à plus de cinq cents frères la fois, dont la plupart vivaient encore ; à Jacques, le frère du Seigneur, puis encore une fois à tous les apôtres (Jean 20 : 26 ; Luc 24 : 50). Il omet néanmoins les rencontres avec Marie de Magdala (Jean 20 : 11-18), avec les femmes (Matt. 28 : 8-10), avec les disciples d'Emmaüs (Luc 24 : 13-33), avec les sept disciples au bord du lac de Génésareth (Jean 21 : 1), et une des apparitions aux apôtres.
                 - Comme septième témoignage, Paul mentionne le fait que le Seigneur ressuscité et maintenant glorifié dans le ciel lui était aussi apparu. Il est vrai que, dans la file des témoins, il était le dernier, mais, compte tenu de ce qu'il a vu, il était semblable à un avorton (v. 8). Ce qu'il a vu, étant dans une certaine mesure une anticipation d'un événement ou d'un état encore futur. Tandis qu'en fait, tous les autres témoins nommés avaient vu le Seigneur sur la terre, il était apparu à Paul du haut du ciel, et dans une gloire telle qu'elle surpasse l'éclat du soleil. Cette merveilleuse vision du Seigneur ne sera notre part que lors de sa venue pour l'enlèvement des croyants.

            Paul se souvient encore une fois que, lorsque le Seigneur l'a arrêté, il était en route vers Damas pour persécuter les croyants (Act. 9). Quand il considère sa vie avant sa conversion, il confesse qu'il n'est pas digne d'être appelé apôtre, parce qu'il a persécuté l'assemblée de Dieu (v. 9). Mais le profond changement survenu en lui sur le chemin de Damas montrait que seule la grâce de Dieu pouvait transformer un ennemi de Christ en un apôtre. Et cette grâce envers lui n'avait pas été vaine. Elle l'avait rendu capable d'accomplir son ministère comme apôtre des nations (Gal. 2 : 7-9), par lequel des milliers ont été amenés à la foi au Sauveur Jésus Christ (v. 10). Même si lui et les autres apôtres du Seigneur - en particulier Pierre - avaient des champs d'activité différents, le thème de leur prédication était pourtant le même. C'était l'évangile du salut, dont la mort et la résurrection de Jésus Christ, le Fils de Dieu constituaient le fondement. C'est ce qu'il avait lui-même prêché aux Corinthiens, et c'est ce qu'ils avaient cru (v. 11).


                        Conséquences de la négation de la résurrection (v. 12-19)

            Paul n'en vient que maintenant au motif véritable de son exposé dans ces versets : « Or si Christ est prêché comme celui qui a été ressuscité d'entre les morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection de morts ? » (v. 12). Après les sept témoignages concernant la réalité de la résurrection du Seigneur Jésus, de laquelle un historien a dit une fois qu'elle est le fait le mieux certifié de toute l'Antiquité, Paul déduit sept conséquences de l'affirmation audacieuse, mais dictée par l'incrédulité, de quelques Corinthiens, qu'il n'y a pas de résurrection de morts. Mais il ne formule ces conséquences que pour exposer aux Corinthiens toute l'absurdité d'une telle affirmation. Christ, le Ressuscité, est la preuve divine du fait surnaturel de la résurrection. Il est la réponse à toutes les questions et à tous les doutes.
                 - Si, selon l'affirmation de quelques Corinthiens, il n'y a pas de résurrection de morts, il n'y a premièrement pas non plus une exception qui serait celle de la résurrection de Christ (v. 13) ! Cela signifie donc ceci : soit l'affirmation est vraie, et le Seigneur n'est pas non plus ressuscité ; soit - et Paul en a apporté la preuve - il est réellement ressuscité, et l'allégation est fausse.
                 - Mais, deuxièmement, si Christ n'est pas ressuscité, la prédication est « vaine » - vide, inconsistante.
                 - Et troisièmement, la foi de ceux qui l'ont reçue est aussi vaine (v. 14). Les Corinthiens pouvaient vérifier dans leur propre cœur et dans leur vie s'ils avaient cru en une prédication creuse et vide, ou s'ils avaient connu par elle la puissance de Dieu (comp. 2 : 5).
                 - Quatrièmement, les apôtres seraient de faux témoins, s'ils annonçaient la résurrection du Seigneur, bien qu'il n'y ait pas de résurrection (v. 15). Arrivé à ce point, Paul répète sa première conclusion quant à l'affirmation des sceptiques qu'il n'y a pas de résurrection de morts : il n'y a donc pas non plus de résurrection de Christ (v. 16) ! 
                 - Cinquièmement, si Christ n'a pas été ressuscité, alors la foi des Corinthiens n'avait pas de sens ni de but, et ils n'avaient pas le pardon de leurs péchés (v. 17).
                 - Si donc, malgré la foi au Seigneur Jésus, nos péchés ne sont pas pardonnés, alors, sixièmement, tous ceux qui s'étaient déjà endormis dans une fausse assurance de foi étaient éternellement perdus (v. 18) !
                 - Enfin comme septième conclusion, Paul ajoute encore : « Si, pour cette vie seulement, nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes » (v. 19). S'il n'y a pas de résurrection de morts, le christianisme serait alors limité à la vie précédant la mort. Mais il n'y aurait pas de rémission des péchés, pas de paix avec Dieu, et aucune espérance pour l'éternité - nous n'aurions rien ! Suivant cette vaine illusion, nous nous détournerions du monde pour ne rien posséder à la fin ! La foi au Seigneur Jésus sur le témoignage de la Bible serait alors la plus grande tromperie qui soit !

            Il n'y a sans doute aucun autre passage du Nouveau Testament où les conséquences d'un christianisme dépouillé d'une telle manière de sa substance sont ainsi poussées à leur extrême.  Mais grâce soit rendue à Dieu, il n'en est rien !


                        La résurrection et son déroulement (v. 20-28)

            Presque triomphalement Paul peut continuer : « Mais, maintenant, Christ a été ressuscité » (v. 20). Le paragraphe qui commence par ces mots et dans lequel la résurrection du Seigneur est présentée comme le commencement d'un ordre de choses complètement nouveau, se trouve intercalé entre les versets 19 et 29 par une parenthèse. Après les sept témoignages concernant la résurrection du Seigneur et les sept conséquences négatives tirées de la négation de la résurrection des morts, Paul peut affirmer : « Mais, maintenant, Christ a été ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis ». Il n'est pas seulement « réellement ressuscité », comme les disciples pouvaient dire en Luc 24 : 34, mais en même temps, il est le premier à l’être, Celui qui sera suivi de beaucoup d'autres, qui sont morts dans la foi. L'expression « prémices » renvoie à la fête israélite de l'offrande de la gerbe des prémices. Selon Lévitique 23 : 10, le lendemain du sabbat consécutif à la Pâque, une gerbe des prémices de la nouvelle moisson était offerte. Si la Pâque est un type de l'œuvre rédemptrice de Christ (1 Cor. 5 : 7), la gerbe des prémices typifie la résurrection du Seigneur le premier jour de la semaine.
            Selon l'ordre divin, il fallait que ce soit un homme qui apporte aux hommes la résurrection des morts pour la vie éternelle, puisque c'est aussi par un homme que la mort était entrée dans le monde (v. 21). De même que, par le péché et la mort, Adam était devenu en quelque sorte le chef d'une humanité mortelle, ainsi, par sa résurrection, Christ est devenu le chef de tous ceux qui, par la foi, seront lors de sa venue rendus vivants aussi pour ce qui concerne leur corps. Comme en Romains 5, deux « familles » différentes sont placées devant nous ici : d'un côté l'ensemble de l'humanité déchue depuis Adam, de l'autre tous ceux qui, comme croyants, sont « rendus vivants » dans le Christ.
            De même que, dans le type de l'Ancien Testament, la moisson suivait l'offrande de la gerbe des prémices, de même aussi, lors de la venue du Seigneur, les croyants délogés seront ressuscités par Lui. Après les prémices vient la moisson : « puis ceux qui sont du Christ, à sa venue » (v. 23). Le terme « venue », ou « présence » (grec : parousia), peut désigner aussi bien la venue du Seigneur pour l'enlèvement des croyants que son apparition en gloire. Il est donc plus général que les expressions « apparition » ou « révélation » qui suggèrent toujours la venue de Christ pour l'établissement du royaume millénaire. La résurrection des croyants aura lieu en deux étapes. Selon 1 Thessaloniciens 4 : 15 à 17, lors de la venue du Seigneur, tous les morts en Christ seront d'abord ressuscités et, ensemble avec les croyants vivants transmués, iront à la rencontre de leur Seigneur dans les nuées, pour être toujours avec lui. Cependant, durant la période suivante de la grande tribulation, beaucoup de ceux qui viendront à la foi par la prédication de l'évangile du royaume mourront comme martyrs. Lors de l'apparition du Seigneur avec les siens avant le royaume millénaire, ces croyants de la grande tribulation seront aussi ressuscités, pour régner avec Lui. La première résurrection prend fin avec ce second groupe de croyants (Apoc. 20 : 4-5).
            L'auteur passe par-dessus toute la période du royaume millénaire pour continuer : « ... ensuite « la fin », quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli tout pouvoir, toute autorité, et toute puissance » (v. 24). C'est la fin de tout gouvernement indirect sur le monde. Depuis la chute originelle, toute domination sur la terre servait à réprimer le mal, mais tous les gouvernements humains ont failli. Pourtant, durant le règne millénaire du Fils de l'homme, il y aura un homme qui gouvernera en justice et en paix, et achèvera ainsi l'histoire de ce monde conformément aux pensées de Dieu. Certes Satan sera alors lié, mais la mort sera encore là et atteindra tous ceux qui s'élèveront contre la domination du Prince de paix (Ps. 101 : 8 ; Ésaïe 66 : 24). Après le règne de mille ans, Satan sera jeté dans l'étang de feu (Apoc. 20 : 10), et ensuite la mort et l’Hadès le seront aussi, après avoir été contraints de rendre les corps et les âmes de ceux qui sont perdus et qui recevront alors leur condamnation éternelle (Apoc. 20 : 13-20).
            Lorsque tous les ennemis de Dieu et des siens auront été ôtés, la parole prophétique du Psaume 8 (v. 4-6) concernant le Seigneur Jésus trouvera son parfait accomplissement : « Qu'est-ce que l'homme, que tu te souviennes de lui, et le fils de l'homme que tu le visites ? Tu l'as fait de peu inférieur aux anges, et tu l'as couronné de gloire et d'honneur ; tu l'as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (comp. Eph. 1 : 22 ; Héb. 2 : 6-8).
            Le verset 27 établit clairement qu'il s'agit ici de la position de Christ « comme homme ». Comme Fils éternel de Dieu, Il est un avec le Père, mais comme homme, Il s'est abaissé volontairement et a pris une place de soumission. Lorsque le conseil de Dieu aura été accompli, à savoir que son Fils reçoive comme homme glorifié la domination universelle, alors seulement l'ancienne création prendra fin et laissera place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. Dieu sera alors tout en tous. Cependant le Fils de l'homme gardera éternellement sa place comme homme, car, même si nous Lui serons rendus semblables, ce n'est qu'ainsi que nous pourrons Le voir comme Il est (1 Jean 3 : 2).


                                                                                                   A. Remmers