Le sermon sur la montagne (19)
Entendre et mettre en pratique (Matt. 7 : 24-29)
La maison bâtie sur le roc
« Ainsi, quiconque entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc » (v. 24).
Le paragraphe précédent nous a montré qu'il ne suffit pas de confesser le Seigneur de ses lèvres pour être accepté de lui. Ici, le Seigneur indique quel est le point véritablement important pour le disciple : non seulement entendre ses paroles, mais les mettre en pratique. Jacques, dont l'enseignement rappelle si souvent celui du Seigneur, écrit : « Seulement, mettez la Parole en pratique, et ne vous contentez pas de l'écouter, vous abusant vous-mêmes… » (Jac. 1 : 22-27).
Le Seigneur Jésus se sert ici d'une maison comme image de la vie humaine. De même qu'une maison doit avoir de solides fondations pour tenir debout, l'homme a besoin, lui aussi, d'un sûr fondement pour sa vie. Et le terrain idéal pour bâtir une maison, c'est le rocher.
Le terrain rocheux sur lequel l'homme prudent bâtit la maison de sa vie, c'est Christ. Il est le « Rocher » qui accompagna le peuple d'Israël durant son voyage à travers le désert (1 Cor. 10 : 4) ; il est également le « Roc » sur lequel est bâtie son assemblée (Matt. 16 : 18), et il est la « pierre vivante » pour celui qui croit en Lui (1 Pier. 2 : 4). Ici, à la fin du sermon sur la montagne, où il est question de vie pratique, le Seigneur Jésus se présente aussi comme étant le fondement inébranlable de la vie de la foi. L'homme prudent bâtit la maison de sa vie sur Jésus Christ : c'est le rocher qui lui procure une stabilité éternelle. L'homme prudent, pour toutes les questions de sa vie, se réfère au Seigneur Jésus et à sa parole. C'est d'ailleurs la seule manière de montrer notre amour pour lui : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime… Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14 : 21-23).
« Et la pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé, ils se sont jetés contre cette maison ; et elle n'est pas tombée, car elle avait été fondée sur le roc » (v. 25).
Une maison peut donner l'impression d'avoir été construite d'une façon sûre, mais seule l'épreuve révélera si elle a été bâtie sur un terrain ferme et résistant.
Dans certains pays du sud, en Israël notamment, il n'est pas rare de voir de violentes chutes de pluie changer des rivières desséchées en torrents impétueux. Lorsque la pluie tombe à verse, que la crue baigne de tous côtés les soubassements de la maison et que la tempête s'acharne contre elle, alors quoi de plus essentiel que ses fondations ? Si la maison est établie sur un rocher surélevé, la tourmente peut certes l'endommager, mais non la détruire.
« Car le juste tombe sept fois, et se relève » (Prov. 24 : 16). Même un disciple qui désire être fidèle au Seigneur et obéir à sa parole peut faillir. Les épreuves ne lui sont pas épargnées. Il y a des expériences et des événements qui peuvent secouer de fond en comble la vie du croyant le plus vigoureux. Mais, à travers tout, il a l'assurance que sa maison est bâtie sur des fondations solides. Elle ne s'écroulera pas. Et au regard de l'éternité, il possède une pleine et inébranlable certitude quant à son salut.
La maison bâtie sur le sable
L'homme insensé ne réfléchit manifestement pas beaucoup. Il construit sa maison comme il lui plaît, sans prendre garde à la nature du sous-sol. Hélas ! la tentation est grande, en construisant sa vie, de n'accorder d'importance qu'aux choses visibles et de négliger le fondement absolument indispensable d'une vie pour Dieu. C'est ce que fait celui qui, tout en écoutant et en connaissant les commandements du Seigneur, n'y obéit pas.
Il apparaît clairement ici qu'il ne s'agit pas simplement de manquements dans la vie quotidienne, mais de quelque chose de bien plus essentiel. Le roc sur lequel l'homme prudent bâtit sa maison n'est pas quelque chose de temporel, mais le Fils éternel de Dieu et ses paroles éternelles. Pour cette raison, la maison résiste aux assauts des intempéries et reste debout. Mais celle de l'insensé s'écroulera complètement, et sa chute sera grande. Les deux avaient entendu les paroles du Seigneur, mais un seul les a observées !
Cette parabole n'enseigne pas que l'homme est sauvé par ses œuvres. On ne peut se tenir devant Dieu en vertu de ses propres œuvres, mais uniquement par une foi vivante - une foi qui produit, ensuite seulement, des œuvres de foi. Tel est l'un des enseignements du Sermon sur la montagne. Une confession sans foi est sans valeur, et de même il n'y a pas de vraie foi sans œuvres.
Le fait que le Seigneur termine ce long discours en indiquant le triste sort de l'homme insensé fait ressortir le poids éternel de ses paroles. La responsabilité placée autrefois avec tant d'insistance et de sérieux sur les cœurs des auditeurs est placée de la même manière sur les cœurs des lecteurs d'aujourd'hui.
La conclusion du Sermon sur la montagne
Le discours du Seigneur est terminé. Bien que ses paroles aient été en premier lieu adressées à ses disciples (voir 5 : 1), une foule importante l'écoutait. Beaucoup, ayant entendu ces enseignements clairs et sérieux, s'en étonnaient. D'autres passages font également allusion à cet étonnement des auditeurs à l'égard de la doctrine de notre Seigneur, en particulier Matthieu 13 : 54 ; 22 : 33. Jésus ne parlait pas comme les scribes, que les Juifs avaient l'habitude d'entendre. Il enseignait comme ayant autorité, ses paroles étaient pleines de sagesse et de grâce (Marc 1 : 22 ; 6 : 2 ; Luc 4 : 22).
« Car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes » (v. 29).
Cette autorité incontestable Lui était propre. Ses paroles étaient les paroles de Dieu, et par conséquent elles étaient plus pénétrantes qu'aucune épée à deux tranchants (voir Héb. 4 : 12). Comme Fils de Dieu, Il révélait les pensées de Dieu, mais Il connaissait également le cœur de l'homme, dans lequel ses paroles pénétraient comme une épée.
Les scribes juifs, en revanche, fondaient leur enseignement sur l'autorité de rabbins connus ayant vécu avant eux. Leurs déclarations étaient souvent touffues et sèches. Durant les quatre siècles ayant suivi les derniers prophètes de l'Ancien Testament s'étaient développées différentes écoles. Les pharisiens, les sadducéens et d'autres, défendaient leurs théories. Ils étaient divisés, non seulement sur des questions de principe, mais souvent à propos de futilités. Leurs raisonnements stériles étaient d'ailleurs difficiles à comprendre. Et certaines allocutions bibliques de nos jours ne valent guère mieux.
Certainement y a-t-il eu des auditeurs, qui, bien qu'étonnés des paroles du Seigneur, restèrent incrédules. Ils furent comme autrefois leurs pères, à l'époque où le prophète Esaïe devait dire avec tristesse : « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l'Eternel a-t-il été révélé ? » (53 : 1). Cependant nous pouvons penser qu'après ces discours, bien des personnes se sont sérieusement examinées. Elles ont alors eu de sérieuses pensées quant à leur vie, se sentant atteintes au plus profond d'elles-mêmes par les paroles du Seigneur. Ce sont « les paroles de la vie éternelle » (Jean 6 : 68) et les recevoir, c'est notre bénédiction !
A. Remmers - article paru dans le « Messager Evangélique » (1995 p. 264-268)