Le sermon sur la montagne (14)
Ne soyez pas en souci (Matt. 6 : 25-34)
Le Seigneur Jésus vient de mettre ses disciples en garde contre le danger de poursuivre les biens terrestres, concluant par ces mots : « Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses » (v. 24). Les enseignements suivants sont en relation directe avec ce qui précède : « C'est pourquoi je vous dis : Ne soyez pas en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus : la vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (v. 25).
Prévoyance ou souci
Aujourd'hui plus que jamais, soucis et peur de l'avenir accablent beaucoup d'hommes. L'inquiétude semble être quelque chose de naturel pour l'homme, et combien plus, lorsque la stabilité économique et politique est ébranlée.
Le Seigneur Jésus dit à ses disciples que ces soucis caractérisent les nations qui ne connaissent pas Dieu (v. 32). C'est pourquoi, à plusieurs reprises dans ce passage touchant, il invite ses disciples à ne pas se mettre en souci (v. 25, 27, 28, 31, 34). Celui qui se met en souci pour ses besoins terrestres et pour son avenir est semblable à celui qui veut devenir riche ; ses pensées sont orientées de la même façon ! Une telle conclusion peut paraître excessive, mais elle ressort clairement des mots « c'est pourquoi » par lesquels le Seigneur introduit cet enseignement. Puisque Dieu ne veut pas que nous servions Mammon (les richesses), nous ne devons pas, nous, disciples de Jésus, nous mettre en souci pour notre nourriture et notre vêtement, c'est-à-dire pour les besoins légitimes de notre vie terrestre. Car nous ne vivons pas uniquement pour manger et nous vêtir. Si nous sommes disciples du Seigneur, nous pouvons et devons nous tenir, corps et âme, à Sa disposition, et le servir.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas travailler diligemment pour pourvoir à notre subsistance. Mais nous ne devons pas confondre la prévoyance que nous demandent nos responsabilités personnelles, familiales ou autres, avec des soucis inquiets concernant notre profession, notre avancement ou notre avenir. Paul écrira plus tard aux Ephésiens : « Que celui qui volait ne vole plus, mais plutôt qu'il travaille en faisant de ses propres mains ce qui est bon, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin » (Eph. 4 : 28). Dans ce domaine comme dans les autres, il donnait lui-même le bon exemple (2 Thes. 3 : 7-12).
Deux exemples
« Observez les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n'amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup mieux qu'eux ? » (v. 26). Le Seigneur prend l'exemple des oiseaux pour montrer à ses disciples les soins de Dieu envers ses créatures. Le fait que les oiseaux ne sèment, ne moissonnent, ni n'amassent dans des greniers ne signifie pas que nous devions agir comme eux. En Proverbes 6 : 6, la fourmi est présentée au paresseux comme un exemple de diligence. Les oiseaux aussi sont obligés de chercher leur nourriture, mais ils ne sont pas en souci pour autant. Dieu qui les nourrit (Ps. 147 : 9) n'est pas nommé « leur », mais « votre » Père céleste. Ici, il n'est pas le Père de tous les hommes, encore moins des animaux, mais le Père de ses enfants (voir Matt. 5 : 16, 45, 48).
« Qui d'entre vous, par le souci qu'il se donne, peut ajouter- une coudée à sa taille ? » (v. 27). Personne ne peut, par ses efforts ou ses soucis, y changer quoi que ce soit, ce qui serait d'ailleurs complètement inutile.
Le Seigneur cite un second exemple, qu'il tire également de la nature, mais cette fois-ci du monde végétal. « Et pourquoi êtes-vous en souci du vêtement ? Etudiez les lis des champs, comment ils croissent : ils ne travaillent ni ne filent ; mais je vous dis que même Salomon dans toute sa gloire n'était pas vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui est là aujourd'hui, et qui demain est jetée au four, ne le fera-t-il pas à plus forte raison pour vous, gens de petite foi ? » (v. 28-30).
Les oiseaux sont obligés de faire quelque chose pour trouver leur nourriture ; en revanche, les lis ne contribuent aucunement à leur habillement ! Ils poussent et s'épanouissent pour ainsi dire d'eux-mêmes. Nous voyons en eux la glorieuse grandeur du Créateur, qui se manifeste dans la riche variété des couleurs, dans toute la beauté et les merveilles du monde végétal - et cela pour notre joie. Même la gloire pourtant renommée du roi Salomon, telle qu'elle est décrite en 1 Chroniques 9, ne peut pas être comparée avec la beauté de ces fleurs. Et pourtant, cette splendide floraison - surtout dans les climats chauds de l'orient - ne dure que peu de temps. Les tiges et les feuilles des fleurs fanées étaient souvent utilisées pour chauffer les fours.
Dieu, comme Créateur, a pourvu à tout, et entretient d'une manière admirable le monde animal et végétal. Combien plus, comme Père, accordera-t-il aux siens, qui sont bien au-dessus de simples créatures, la nourriture et le vêtement qui leur sont nécessaires ! Mais quelles gens de petite foi sommes-nous souvent à cet égard !
Le Seigneur Jésus conclut : « Ne soyez donc pas en souci, disant : Que mangerons-nous ? ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous habillés ? Car tout cela, les nations le recherchent ; et votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela » (v. 31-32).
Dans le monde, c'est ce qui est visible qui compte. Il faut se démener pour avancer, prospérer et être considéré. Il en était ainsi autrefois et il en est de même aujourd'hui. Contrairement aux nations païennes, les Juifs possédaient des promesses divines concernant des bénédictions matérielles et spirituelles, particulièrement pour le royaume de Dieu qui devait venir. Mais quel était l'état de ce peuple ? L'avidité à amasser les choses terrestres, et les soucis qui s'y rattachent, ne les avaient pas plus épargnés que les autres peuples.
Nous aussi, chrétiens, devons confesser qu'à cet égard nous ne nous distinguons guère des personnes qui nous entourent. Et pourtant nous avons des bénédictions bien plus grandes que celles d'Israël. En plus, nous avons au ciel un bon Père qui connaît nos besoins, qui prend soin de nous et qui veut nous faire librement don de toutes choses avec son Fils bien-aimé, lui, le don par excellence (Rom. 8 : 32 ; 1 Pier. 5 : 7) !
C'est pourquoi, dans le verset suivant, le verset capital de ce passage, le Seigneur Jésus dirige le regard de ses disciples vers la chose essentielle : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus » (v. 33). Le Seigneur Jésus ne dit pas : cherchez uniquement le royaume de Dieu… mais : cherchez premièrement le royaume de Dieu… car Il ne veut pas que nous négligions nos autres devoirs. Mais Il montre clairement à ses disciples ce qui doit occuper la première place dans leur vie.
Que signifient pratiquement pour nous les paroles : « Mais cherchez d’abord le royaume de Dieu » ? Elles nous invitent à donner au Seigneur Jésus la première place dans nos circonstances, dans nos devoirs et dans nos occupations terrestres. Qu'il s'agisse de notre temps, de nos forces ou de notre argent, en toutes choses, Il désire occuper la première place:
Consacrons-nous du temps chaque jour à la prière, à la lecture de la Parole de Dieu, à la communion avec nos frères et sœurs ? Saisissons-nous l'occasion quand les siens se réunissent au nom du Seigneur ?
Comment employons-nous les moyens matériels qu'Il met à notre disposition ?
Et voici la question la plus importante : Prenons-nous nos décisions, grandes et petites, dans sa dépendance, avec prière, nous attendant à Lui ? Le laissons-nous véritablement régner dans notre vie ?
Le Seigneur termine ce sujet d'une manière qui rappelle la façon dont Il l'avait introduit au verset 25 : « Ne soyez donc pas en souci pour le lendemain, car le lendemain sera en souci de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (v. 34). Combien souvent les difficultés et les soucis que nous nous étions nous-mêmes créés se sont dès le lendemain avérés complètement injustifiés ! Combien souvent avons-nous été ainsi confus et avons nous dû confesser au Seigneur notre manque de foi ! C'est pourquoi, à la fin de ce passage, il nous rappelle encore une fois, à nous ses disciples, de ne pas nous mettre en souci aujourd'hui pour demain.
A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1995 p. 124-128)
A suivre