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Le sermon sur la montagne (12)

 Le jeûne (Matt. 6 : 16-18) 
 Deux sortes de trésors (Matt. 6 : 19-21)

 
Le jeûne (Matt. 6 : 16-18)
 
                        Pas de commandement

            Le jeûne est souvent mentionné dans la Bible, et il est pratiqué encore de nos jours par bien des chrétiens. On ne trouve cependant aucun commandement à ce sujet, ni dans l'Ancien, ni dans le Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus n'ordonne pas plus à ses disciples de jeûner, qu'il n'a ordonné de faire l'aumône dans les versets précédents. Il suppose tout simplement que ses disciples pratiquent le jeûne.
            Mais quelle est la véritable signification du jeûne biblique ? Pour la plupart d'entre nous, nous devons sans doute avouer que nous nous sommes peu préoccupés de cette question. Nous ne pouvons cependant pas passer simplement à côté. Voyons donc de près la portée de ce court passage du sermon sur la montagne.


                        Le jeûne dans l'Ancien Testament

            En Exode 34 : 28, nous lisons que Moïse ne mangea ni ne but durant quarante jours, lorsqu'il fut sur la montagne de Dieu pour recevoir la loi pour Israël. C'est la première fois qu'il est parlé du jeûne dans la Parole de Dieu. On peut aussi remarquer que le Seigneur Jésus commença son service sur la terre par un jeûne de quarante jours (Matt. 4 : 2). En tant que peuple, Israël jeûna pour la première fois lors du combat fratricide contre la tribu de Benjamin (Jug. 20 : 26).
             Dans bien des passages nous voyons que si des hommes pieux jeûnaient, c'était pour prier instamment (Néh. 1 : 4 ; Dan. 9 : 3), ou pour s'humilier dans l'affliction et la repentance (1 Sam. 7 : 6 ; 1 Rois 21 : 27 ; 2 Chr. 20 : 3 ; Esd. 8 : 21). Après la captivité babylonienne, différentes périodes annuelles de jeûne furent instituées en mémoire de la transportation de Juda (voir Zach. 7 : 5 ; 8 : 19).
             Le verset 13 du Psaume 35 montre clairement la signification du jeûne : « Mais moi, quand ils ont été malades, je me vêtais d'un sac; j'humiliais mon âme dans le jeûne ». Le jeûne que Dieu appréciait était donc la manifestation publique d'une profonde humiliation intérieure. C'est pourquoi, bien que cela ne soit pas demandé expressément, les Juifs ont de tout temps interprété les paroles de Lévitique 16 : 29 : « vous affligerez vos âmes », comme un commandement de Dieu de jeûner lors du grand jour des propitiations.
             Mais le prophète Esaïe, déjà, doit dénoncer publiquement l'abandon du vrai sens du jeûne et rappeler le peuple à un jeûne selon Dieu et à une vraie repentance (Es. 58 : 1-7). Les Israélites jeûnaient et pratiquaient en même temps les pires péchés. Dieu haïssait ces comportements hypocrites.


                        Le jeûne dans le Nouveau Testament

            Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi la coutume du jeûne en usage parmi les Juifs. La prophétesse Anne servait Dieu en jeûnes et en prières nuit et jour (Luc 2 : 37). Contrairement aux disciples du Seigneur, ceux de Jean le baptiseur et les pharisiens jeûnaient fréquemment (Matt. 9 : 14).
            Dans la parabole de Luc 18 : 11-12, le Seigneur Jésus prête au pharisien satisfait de lui-même les paroles suivantes : « O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères ; ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tout mon revenu ». Il ressort de ces versets que le jeûne était un exercice religieux en vogue, comme il l'est aujourd'hui dans certaines églises chrétiennes et dans diverses religions (par exemple l'Islam).

                        « Et quand vous jeûnez… »

            Ce même passage montre que le Seigneur Jésus n'interdit pas le jeûne, mais ne l'ordonne pas non plus. Il le laisse relever d'un exercice de cœur personnel, mais il met en garde - comme pour l'aumône et la prière - contre toute forme d'hypocrisie. Pour paraître aussi pieux que possible, l'hypocrite prend un air morne ou triste, afin que les hommes prennent sa piété au sérieux. Mais comme nous l'avons déjà constaté aux versets 2 et 5, notre Dieu et Père ne pourra ni ne voudra nous récompenser si nous recherchons l'approbation de notre prochain, et surtout si c'est par une piété qui n'est qu'apparente.
            La vraie source d'une vie de foi se trouve dans la relation intime avec notre Dieu et Père. Nous ne pouvons pas servir publiquement le Seigneur, si nous n'avons pas, dans le secret, nos genoux ployés devant lui. C'est pourquoi le Seigneur condamne si sévèrement cette tendance à vouloir impressionner nos frères et nos sœurs, ou notre prochain en général, par un comportement n'ayant de la piété que l'apparence, et n'étant pas en accord avec l'état de notre âme et de notre cœur.
            Dieu dit un jour à Samuel : « Car l'Eternel ne regarde pas ce à quoi l'homme regarde, car l'homme regarde à l'apparence extérieure, et l'Eternel regarde au cœur » (1 Sam. 16 : 7). Le Seigneur Jésus dit ici : « Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage, pour ne pas laisser voir aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui demeure dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera » (v. 17-18). Le Seigneur ne précise pas quand et comment le Père récompensera. Mais nous savons que Dieu « récompense ceux qui le recherchent » (Héb. 11 : 6).

                        Le jeûne : une pratique toujours actuelle ?

            Le fait que le jeûne soit devenu aujourd'hui, dans certains milieux de la chrétienté, un simple exercice religieux, ne doit pas nous faire oublier que les premiers chrétiens le pratiquaient avec beaucoup de sincérité et de sérieux (cf. 2 Cor. 6 : 5). Avant le premier voyage missionnaire de Paul et de Barnabas, les frères jeûnèrent et prièrent (Act. 13 : 3). Et lorsque ces deux serviteurs, durant leur voyage de retour, eurent choisi des anciens dans chaque assemblée de l'Asie Mineure, ils prièrent avec jeûne, et recommandèrent les croyants au Seigneur (Act. 14 : 23).
            Les paroles du Seigneur en Matthieu 17 : 21 au sujet du jeûne en rapport avec la prière sont également très instructives. Citons à ce sujet un extrait d'un article paru dans le Messager Evangélique de 1864 :
                  « Le jeûne implique l'oubli, l'éloignement des choses naturelles et terrestres ; la prière implique un cœur occupé des choses spirituelles et célestes. Le jeûne est un moyen d'obstruer le canal de communication entre notre être naturel et le monde qui nous entoure; la prière est un moyen d'ouvrir le canal entre l'homme spirituel et le ciel. Le jeûne renferme l'idée d'une saine abnégation du vieil homme; la prière, l'idée de l'état de complète dépendance du nouvel homme. Toutefois, nous devons nous garder soigneusement de tout ce qui, dans le jeûne, ressemblerait à l'esprit monastique, ascétique ou légal, à ce qui ne tendrait qu'à élever ce qui doit être tenu dans l'abaissement ».

 
 
Deux sortes de trésors (Matt. 6 : 19-21)
 
            Dans les versets 19 à 34 du chapitre 6, le Seigneur aborde un nouveau sujet: la position de ses disciples dans ce monde. Il les met d'abord en garde contre la poursuite des richesses terrestres (v. 19-24). Ils n'ont pas à chercher à satisfaire des intérêts ou des penchants qui sont opposés à leur confession et à leur mission. Ils ne peuvent amasser deux sortes de trésors, avoir un œil double - c'est-à-dire deux « champs visuels » différents - et servir deux maîtres.

            D'autre part, le Seigneur veut décharger ses disciples des soucis liés aux nécessités de la vie de tous les jours (v. 25-34). Pour cela, il attire leur attention sur la tendre sollicitude de leur Père céleste et sur la valeur qu'ils ont à ses yeux. Mais Il veut aussi toucher leur cœur lorsqu'Il leur dit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus » (v. 33).


                        Des trésors terrestres

            « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la mite et la rouille détruisent, et où les voleurs font effraction et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la mite ni la rouille ne détruisent, et où les voleurs ne font pas effraction ni ne dérobent ; car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur » (Matt. 6 : 19-21). Les trésors, ce sont des objets ou des biens précieux auxquels on attribue une grande valeur. Autrefois, ils se composaient essentiellement de vêtements, d'étoffes et de métaux précieux. On se constituait ainsi des réserves pour pouvoir faire face à un avenir incertain, mais aussi pour exhiber sa richesse (voir 2 Rois 20 : 13 ; Luc 12 : 16-21).
            Les Juifs admettaient facilement qu'une grande fortune était nécessairement une preuve de la bénédiction de Dieu et que la poursuite de ces biens lui était agréable. En Deutéronome 28 : 1-14, Dieu avait promis à Israël prospérité, richesse et pratiquement toutes les bénédictions terrestres, si le peuple gardait ses commandements. Dans ce passage, le ciel, d'où descend la pluie nécessaire à la croissance et à la vie, est appelé de façon significative le « bon trésor » de Dieu (v. 12).

            « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre ».
L'avertissement que le Seigneur Jésus adressait à ses disciples n'avait nullement en vue la recherche de la bénédiction divine pour la terre, mais bien la poursuite avide de la richesse et de la sécurité matérielle. Le livre des Proverbes en parlait déjà : « Ne te fatigue pas pour acquérir des richesses, finis-en avec ta prudence. Jetteras-tu tes yeux sur elles ?… Déjà elles ne sont plus ; car certes elles se font des ailes, et, comme l'aigle, s'envolent vers les cieux » (23 : 4-5).

                        Apparente sécurité

            Les richesses et les trésors terrestres sont fragiles, et par conséquent tout à fait incertains. C'est l'enseignement que le Seigneur Jésus présente à ses disciples. La mite, petit papillon insignifiant, peut détruire en très peu de temps les plus précieuses étoffes ; la rouille peut endommager les objets apparemment les plus durables et les plus précieux (voir Jac. 5 : 2-3) ; et les voleurs peuvent d'un seul coup tout emporter. Durant la première moitié de notre siècle, combien de personnes - y compris des enfants de Dieu - à cause de la guerre, de l'exil ou de l'inflation, ont dû faire l'expérience de la fragilité de leurs biens terrestres ! L'apôtre Paul, lui aussi, avertit sérieusement les croyants riches de la précarité de leurs richesses (1 Tim. 6 : 17).
            Mais les biens matériels ne sont pas les seuls trésors auxquels on peut s'attacher ; il y a aussi l'estime et les honneurs du monde, tout ce qui fascine notre cœur et nous éloigne des traces de notre Seigneur. Si la poursuite de ces trésors occupe nos pensées, le véritable état de notre cœur se manifestera. « N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde : si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui ; parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, n'est pas du Père, mais est du monde ; et le monde s'en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 : 15-17).
            Tous ces prétendus trésors sont passagers et vains. Celui qui se laisse attirer par eux cède à une illusion dangereuse. Et, chose plus triste encore, son cœur est détourné des vrais trésors.

                        Des trésors permanents

            « Mais amassez-vous des trésors dans le ciel ».  Les trésors permanents et véritables ne se trouvent pas sur la terre, c'est-à-dire dans ce monde, mais dans le ciel. Le Seigneur Jésus oriente maintenant le regard de ses disciples dans cette direction.
            Il existe sans doute des trésors célestes que la grâce de Dieu seule nous assure. Lui-même « a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ », et chaque croyant possède déjà actuellement ce « trésor » (2 Cor. 4 : 6-7). Dieu nous a aussi régénérés pour une espérance vivante et pour « un héritage incorruptible, sans souillure, inaltérable, conservé dans les cieux pour nous » (1 Pier. 1 : 3-4). Mais ces bénédictions chrétiennes n'étaient pas encore connues lorsque le Seigneur était sur la terre. C'est donc d'autre chose qu'il parle quand il dit : « amassez-vous des trésors dans le ciel ». Il parle de trésors que chaque disciple d'alors, ou d'aujourd'hui, peut amasser lui-même.
            Mais comment amasser de tels trésors dans le ciel ? En Matthieu 19 : 21, le Seigneur Jésus dit au jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens, suis-moi ». De la même manière, Paul écrit à Timothée : « Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle… qu'ils fassent du bien ; qu'ils soient riches en bonnes œuvres ; qu'ils soient prompts à donner, généreux, s'amassant comme trésor un bon fondement pour l'avenir, afin de saisir ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6 : 17-19). Ces paroles de l'Ecriture contiennent un enseignement clair et simple. Celui qui veut suivre le Seigneur et ne considère pas ses biens terrestres comme un vrai « trésor » personnel, mais les administre selon les pensées de Dieu et pour sa gloire, en faisant du bien, acquiert ainsi d'autres trésors, bien meilleurs. Aux yeux de Dieu, il ne devient pas plus pauvre, mais plus riche !
            Tout croyant qui donne aux nécessiteux, ou pour l'œuvre du Seigneur, acquiert un trésor dans le ciel : c'est le bon plaisir de Dieu, car « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (Héb. 13 : 16 ; 2 Cor. 9 : 7). Mais Dieu ne trouve pas son plaisir seulement en ceux qui font du bien. Il le trouve aussi, et davantage, en tous ceux qui l'aiment, accomplissent sa volonté, et marchent d'une manière digne de lui (voir Jean 14 : 23 ; Col. 1 : 10).

                         Le plus grand trésor

            Toutefois, les plus grands trésors que nous pouvons amasser sont en Christ lui-même. Plus nous serons occupés de Lui, plus nous considérerons son amour dans toutes nos circonstances, plus nous Le connaîtrons, plus Il deviendra notre vrai trésor dans le ciel. Paul aurait pu se vanter de posséder bien des avantages, auxquels il avait attaché une grande importance avant sa conversion. Mais depuis l'heure du chemin de Damas, où le Seigneur Jésus s'était révélé à lui, il considérait tous ces « trésors » comme une perte et comme des ordures, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur (Phil. 2 : 7-8). Il comparait dès lors toutes choses avec Lui, mesurait tout par rapport à Lui, son bien-aimé Sauveur et Seigneur. Il désirait Le connaître toujours mieux, et souhaitait que ce soit aussi la part des Colossiens, à qui il écrivait : « … unis ensemble dans l'amour, ils parviennent à toutes les richesses de la pleine certitude d'intelligence, à la connaissance du mystère de Dieu dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2 : 2-3). Ce mystère de Dieu n'est autre que le Christ glorifié, le chef (ou la tête) de l'assemblée.
            « Car là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur ».
 Les trésors ont un attrait irrésistible sur le cœur humain. Et ainsi, ce sont nos propres pensées qui indiquent l'endroit où nous cherchons notre trésor. Si nous nous occupons beaucoup des choses de la terre et laissons nos pensées fixées aux choses du monde, nous montrons où se trouvent nos trésors. Mais si nous vivons comme ayant été ressuscités avec le Christ, et n'occupons pas nos cœurs des choses qui sont sur la terre, mais de celles qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu (Col. 3 : 1-2), nous amassons vraiment des trésors dans le ciel.

 

                                                       A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1995 p. 49-57)

 
 
A suivre