bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :
 

Le sermon sur la montagne (5)

 
Le sel de la terre

« Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes » (Matt. 5 : 13).

            Les versets 13 à 16 forment une petite parenthèse dans laquelle le Seigneur parle de la position des disciples. En disant « vous », il ne s'adresse pas seulement à ses disciples ou à de futurs conducteurs dans le royaume de Dieu, mais, comme dans les béatitudes, à tous ses disciples de toutes les époques - y compris la nôtre !
            Le Seigneur Jésus se sert ici de deux images faciles à comprendre : le sel et la lumière. De par sa nature, le sel est salé ; et naturellement, la lumière brille. Mais dans la vie spirituelle, rien n'est automatique. Il arrive, hélas ! bien trop souvent, que la force divine en nous soit entravée par notre activité charnelle. C'est précisément pour cela que le Nouveau Testament nous donne tant d'exhortations. Cependant, sans la vie divine en nous, ces exhortations seraient vaines. Ainsi le Seigneur ne dit pas ici : « Vous devez être le sel et la lumière », mais « vous êtes le sel de la terre… la lumière du monde ».

 
                        Le sel

            Depuis l'Antiquité, le sel s'utilise pour assaisonner et conserver les aliments. Il a une saveur forte, mais il conserve ce qui est bon ; il empêche la décomposition et la corruption. Dans l'Ancien Testament, le « sel de l'alliance » devait, selon l'ordonnance divine, être présenté sur toutes les offrandes (Lév. 2 : 13). Ainsi, le sel est une image de la force divine, sanctifiante et protectrice, qui doit être manifestée en nous. Nous ne sommes pas sucre ni miel, mais le sel de la terre. Si, à l'école, au travail, ou à d'autres occasions, nous entendons que l'on se moque des choses de Dieu et que nous reprenons les moqueurs au lieu de rester indifférents, si nous ne rions pas de certaines plaisanteries, alors nous sommes, pratiquement, le sel de la terre. Et ensuite, notre seule présence exerce une retenue sur les incrédules.
            Deux passages de l'Ecriture nous montrent que le « sel » ne doit pas être confondu avec la sévérité, encore moins avec l'agressivité. Le Seigneur dit à ses disciples en Marc 9 : 51: « Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous ». Paul écrit aux Colossiens : « Que votre parole soit toujours dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel » (4 : 6). La grâce et la paix ne sont donc pas en opposition avec le sel, au contraire, ils se complètent mutuellement.
            Le sel est un ingrédient simple et discret, dont on ne se rend pas toujours compte de la grande utilité. Cependant, il agit dans le secret, et avec le temps. Il peut nous sembler vain d'être les seuls dans notre entourage à défendre la volonté et les pensées de notre Seigneur, mais encourageons-nous par ces paroles : « Vous êtes le sel de la terre ».
            Contrairement au verset suivant, le Seigneur parle ici de la terre. La terre n'est pas la même chose que le monde. Le mot grec peut signifier aussi bien « pays » que « terre ». Dans notre verset, il s'agit de la scène sur laquelle le témoignage de Dieu est rendu. Cela a d'abord été le pays d'Israël, dans lequel les disciples vivaient. Mais cela comprend sans doute le vaste domaine du témoignage de Dieu dans la chrétienté actuelle, ce qui correspond à la sphère du royaume des cieux. Or c'est précisément là où la lumière de la vérité et de l'évangile de Dieu a brillé de son plus grand éclat que se manifestera dans l'avenir la plus grande apostasie de tous les temps. Le Seigneur l'indique dans les paroles qui suivent.

 
                        Plus bon à rien

            « Mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi sera-t-il salé ? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes ». Le sel de l'Antiquité n'avait pas la pureté du sel de cuisine utilisé aujourd'hui. En particulier, le sel qui était extrait de la mer Morte contenait de nombreux minéraux. Si l'on ne prenait pas de précautions pour son stockage, il devenait humide, se délavait, perdait sa saveur, car seuls subsistaient les composants sans valeur. On le jetait alors, et son sort était d'être foulé aux pieds par les hommes.
            Le Seigneur parle dans ce passage de la position des disciples dans le royaume de Dieu. Le sel évoque l'influence du témoignage rendu à la sainteté de Dieu. Celui dont le témoignage n'a pas cette puissance n'est plus bon à rien. Ainsi Jérusalem, la ville qui a rejeté son propre roi, sera foulée aux pieds par les nations (Luc 21 : 24). La chrétienté, qui a détenu durant des siècles le message de la grâce et du salut en Christ, apostasiera et subira un jugement en conséquence.
            Il n'est pas question ici de savoir si un chrétien régénéré peut perdre ou non son salut. A ce sujet, la parole de Dieu est très claire: celui qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle et personne ne peut le ravir de la main du Fils ni de la main du Père (Jean 3 : 36 ; 10 : 28, 29).

 
                        Un avertissement

            Ces paroles du Seigneur contiennent néanmoins une sérieuse exhortation pour chacun de nous. Notre vie spirituelle et notre témoignage ne sont-ils pas souvent faibles et fades ? Nous ne sommes alors pratiquement plus bons à rien pour le Seigneur ! Nous ressemblons à du sel qui a perdu sa saveur et sa force. Il nous faut être quotidiennement en communion avec le Seigneur par la prière et la lecture de la Parole de Dieu, sans quoi notre vie spirituelle se desséchera, sera sans joie et sans force.
            Si, dans nos relations avec nos semblables, nous pensons devoir manifester uniquement la douceur, la patience et l'amabilité, la saveur du sel nous manquera. Il y a des situations où nous devons intervenir pour défendre les droits du Seigneur, même si cela doit faire mal. Nous avons déjà dit que, dans de tels moments, nous ne devons oublier ni la grâce, ni la paix.
            Le plus grand danger demeure cependant la conformité au monde. Lot, le neveu d'Abraham, était un croyant qui s'était installé dans la ville impie de Sodome. Lorsqu'il avertit ses gendres du jugement imminent de Dieu sur la ville, ils eurent le sentiment qu'il plaisantait (Gen. 19 : 14).
            Bien des chrétiens concluent de ce verset 13 que nous devons nous associer avec la chrétienté et ses organisations, ou même avec le monde, afin de renforcer l'influence chrétienne sur les autorités, sur les lois et sur la société en général. Mais telle n'est pas la pensée du Seigneur quand il dit : « Vous êtes le sel de la terre ». Notre influence sur notre entourage et notre témoignage pour le Seigneur ne résultent pas de la force du nombre, mais de notre attitude morale dans la séparation du mal (comp. Rom. 12 : 2 ; 2 Cor. 6 : 14-18 ; 7 : 1 ; 2 Tim. 2 : 21 ; Héb. 13 : 13).
            D'autre part, la séparation indispensable d'avec le monde ne doit pas non plus dégénérer en un isolement charnel. Car alors nous ne pourrions assumer la responsabilité à laquelle nous sommes appelés: être le sel de la terre.



Vous êtes la lumière du monde

 « Vous êtes la lumière du monde : une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Aussi n'allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le boisseau, mais sur le pied de lampe ; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison » (Matt. 5 : 14-15).

            Le deuxième caractère des vrais disciples du Seigneur est la lumière : « Vous êtes la lumière du monde ». Notre vie quotidienne est si dépendante de la lumière que chacun en comprend le sens et l'importance. La lumière évoque la vue et le discernement, comme aussi la chaleur et la vie. Le soleil est la source de cette lumière dont dépend toute existence sur notre planète. Sans lui, tout serait sombre, froid et inerte. Il en est ainsi dans le domaine moral.

 
                          Dieu est lumière

            Dans la Bible, la lumière est souvent mentionnée en rapport avec Dieu. Déjà au Psaume 36, il est dit : « En ta lumière, nous verrons la lumière » (verset 9). Mais lorsque le Seigneur Jésus enseignait ses disciples sur la montagne, ceux-ci ne connaissaient évidemment pas encore les paroles simples et puissantes que l'un d'entre eux serait conduit à écrire plus tard : « Dieu est lumière » (1 Jean 1 : 5). 
            La nature divine ne peut pas être décrite plus brièvement et plus clairement. Et le fait que Dieu habite « la lumière inaccessible » (1 Tim. 6 : 16) met encore davantage en évidence la pureté, la sainteté et la gloire absolue de notre Dieu. La lumière de Dieu est merveilleuse: elle apporte la vie. Les ténèbres, par contre, dans le Nouveau Testament, caractérisent toujours le péché et l'éloignement de Dieu. Lorsque le Seigneur Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde », il était lui-même ici-bas la vraie lumière. Le Fils éternel de Dieu, « le resplendissement de sa gloire et l'empreinte de sa substance », était venu dans le monde comme la lumière, afin de manifester Dieu (comp. Jean 1 : 4-9 ; 8 : 12 ; 9 : 5 ; 12 : 46).
            Tous ceux qui l'acceptent par la foi sont amenés des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu ; bien plus encore, autrefois ténèbres, ils sont maintenant lumière dans le Seigneur (1 Pier. 2 : 9 ; Eph. 5 : 8).

 
                        Vous êtes la lumière

            Lorsque le Seigneur Jésus déclarait : « Vous êtes la lumière du monde », les disciples ne connaissaient certainement pas encore toute la signification morale du mot « lumière ». Ils pouvaient néanmoins comprendre que le Seigneur parlait de leur témoignage dans ce monde. Tandis que le sel agit à l'intérieur et de manière imperceptible, la lumière est visible de loin.
            « Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ».
Qu'un ennemi voulût l'attaquer ou un voyageur s'y réfugier, une ville située sur une montagne en Israël se remarquait immédiatement, de jour par la blancheur de ses édifices et de nuit par la lumière de ses habitations. De même la conduite des disciples du Seigneur doit être dans ce monde une lumière perceptible pour tous les hommes.
            « Aussi n'allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous le boisseau, mais sur le pied de lampe; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison ».
Les petites lampes à huile de l'Antiquité, trouvées par milliers dans les lieux de fouilles, ne pouvaient émettre qu'une faible lumière. Pour cette raison, on les plaçait sur un support suspendu au plafond, fixé au mur, ou posé par terre. Dans le tabernacle, le chandelier d'or à sept branches comportait également un pied de lampe. On augmentait de cette manière la lumière rayonnée.
            Quelle absurdité ce serait de placer une telle lampe sous un boisseau, c'est-à-dire de la cacher ! Un boisseau était un récipient d'une capacité d'environ 8,75 litres, utilisé par exemple pour mesurer les quantités de céréales. Si on en avait retourné un sur la lampe, la petite flamme serait devenue invisible et se serait bientôt éteinte !
            En Marc 4 : 21, en plus du boisseau, le Seigneur Jésus mentionne le lit. Les deux peuvent obscurcir la lumière. Il y a là un double avertissement : d'une part la mise en garde contre une activité purement humaine (la lumière sous un boisseau), et d'autre part le danger de l'indolence et du sommeil spirituel (la lumière sous le lit).


                        Que votre lumière luise

« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre père qui est dans les cieux » (verset 16).

            Comme la ville située sur la montagne, la clarté de la lampe doit donc être visible pour tous. Cette lumière est la profession de foi du disciple du Seigneur. C'est ainsi qu'il manifeste son appartenance à Christ. Confessons donc le Seigneur partout et en toutes circonstances.
            Quand nous mangeons au restaurant, avons-nous le courage de rendre grâces avant le repas, à côté de voisins de table peut-être incrédules qui continuent leur conversation ou même pourraient se moquer de nous ?
            Quand des personnes nous parlent de leurs distractions mondaines, ou évoquent des questions morales d'actualité (union libre, avortement, etc.) et sollicitent notre avis, savons-nous saisir l'occasion de mentionner la parole de Dieu et d'inviter à s'y soumettre ?  
            Sommes-nous justes, aimables, serviables et pacifiques envers nos collègues de travail, nos voisins et tous ceux que nous côtoyons ? S'il en est ainsi, nous faisons luire notre lumière devant les hommes. « Faites toutes choses sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d'une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie » (Phil. 2 : 14-15). Nous ferons luire cette lumière morale si nous laissons agir notre nouvelle nature. Par notre conduite, nous montrerons alors au monde que nous sommes des enfants de Dieu et des témoins de notre Seigneur.

 
                        Les bonnes œuvres

            Dans ces versets, le Seigneur Jésus ne parle pas de l'évangile qui apporte le salut aux hommes perdus. Le sermon sur la montagne ne traite pas de cette question, mais donne des instructions aux disciples du Seigneur concernant leur conduite. Bien que les hommes du monde y soient souvent mentionnés, le but de l'enseignement du Seigneur n'est pas leur bénédiction ou leur salut, mais la manifestation des caractères du royaume de Dieu par ses disciples. Nous sommes donc directement concernés.
            Dans ce passage, les bonnes œuvres résultent de l'action de la lumière divine dans l'âme. Si notre lumière brille, les bonnes œuvres l'accompagnent. Toutefois, l'accent n'est pas mis ici sur les œuvres, mais sur la lumière.
            Dans le monde également, beaucoup de bonnes œuvres sont accomplies, que ce soit par des personnes dévouées ou par des collectivités. Ces derniers temps précisément, les organisations humanitaires ont pu faire beaucoup de bien à des gens dans la détresse. Si, étant enfants de Dieu, nous nous engageons dans de telles œuvres, nous ne sommes pas forcément un témoignage pour notre Seigneur, car nous nous trouvons pratiquement au même niveau que les gens du monde. Mais le Seigneur désire que nous soyons un témoignage pour LUI. C'est pourquoi il ne nous exhorte pas ici aux bonnes œuvres, mais à faire luire notre lumière devant les hommes. Nous devons penser à LUI et non pas à « nos » œuvres. Celles-ci suivront. L'apôtre Paul parle du fruit de la lumière, qui consiste en toute bonté, et justice, et vérité (Eph. 5 : 9).
            « …et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».
Si nos bonnes œuvres portent le caractère de la lumière divine, les hommes ne diront pas seulement de nous : « Voilà un homme de bien », mais ils pourront être conduits eux-mêmes dans la vraie lumière, et être amenés à glorifier Dieu. Lorsque la lumière luit, les actions sont vues dans leur relation avec cette lumière.
            Pour la première fois dans le Nouveau Testament, Dieu est appelé « votre Père ». Il est vrai que l'Ancien Testament mentionne aussi le nom de « Père » en parlant de Dieu. Cependant cette appellation ne se rapporte pas à la relation personnelle d'un Israélite ou d'un croyant avec Dieu, mais à celle du peuple terrestre de Dieu dans son ensemble. Dans un sens, l'Eternel était le Père d'Israël (comp. Ex. 4 : 22-23 ; Deut. 32 : 6 ; Es. 63 : 16).
            C'est seulement lorsque le Fils de Dieu est venu sur la terre pour révéler le Père, que les croyants ont pu être amenés personnellement dans cette merveilleuse relation filiale. « Vous avez reçu l'Esprit d'adoption par lequel nous crions : Abba Père ! » (Rom. 8 : 15). Mais pour cela, il fallait la mort et la résurrection du Seigneur. C'est après sa résurrection qu'il chargera Marie de Magdala du merveilleux message : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 : 17). Ce moment était encore futur. Pourtant, le Seigneur parle déjà à ses disciples de « votre Père qui est dans les cieux », bien qu'ils n'aient pu connaître ni le fondement de cette nouvelle relation - son œuvre à la croix -, ni sa profondeur et sa puissance - ce qu'ils comprendraient après la venue du Saint Esprit.

 

                        A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1994 p.154-157 ; 177-181)

 
 
A suivre