David à Adullam, Kehila et Ziph
C’est comme une perdrix poursuivie dans la montagne (1 Sam. 16 : 20) que David a dû fuir devant le roi Saül devenu son irréductible ennemi. Une vie errante commençait pour ce pauvre proscrit. Il a dû tout abandonner et, dès lors, les promesses de royauté qui lui avaient été faites paraissaient fortement s’éloigner.
Son trop court séjour auprès de Samuel le réconforte, mais il sera suivi de deux faux-pas. A Nob, la ville des sacrificateurs, il ment pour obtenir de l’aide, et chez Akish, un prince des Philistins, il se conduit comme un insensé pour s’échapper (Ps. 34 : titre ; v. 1).
Cette caverne sert « pour un temps » de refuge à David ; mais heureusement l’Eternel est son constant refuge (Ps. 142 : 5 ; 57 : 1). Il exprime dans ses psaumes les sentiments que l’Esprit de Dieu produit dans son âme. Ses expériences de foi et de confiance ont servi aux enfants de Dieu à travers les siècles ; ils y ont puisé la force et les encouragements indispensables.
Un refuge pour la foi
Avec le roi rejeté, en attendant son règne
Dans sa folie sanguinaire, Saül va faire passer par le fil de l’épée toute la ville de Nob (v. 19). Des sacrificateurs y vivaient et ils étaient « coupables » à ses yeux d’avoir reçu et aidé David. Un seul échappe à cette tuerie : Abiathar ! Il vient rejoindre l’oint de l’Eternel à Kehila. David est conscient d’être à l’origine de ce drame ; il le confesse au fils de cet Akhimélec, le souverain sacrificateur, qui vient d’être massacré. Nous ne pouvons pas toujours réparer les conséquences de nos fautes ; cherchons cependant à le faire, dans la mesure de nos possibilités.
Gad, le prophète -image de la divine Parole- était venu lui aussi avertir David de ne pas rester dans la caverne : il devait entrer dans le pays de Juda (1 Sam. 22 : 5). C’est là que David apprend que les Philistins, infatigables maraudeurs, sont à nouveau en campagne. Ils font la guerre à Kehila et pillent les aires (1 Sam. 23 : 1). Dans nos temps prétendument « modernes », ces ennemis n’ont pas changé de tactique : ils s’ingénient toujours à affamer l’âme du croyant en le privant de la nourriture indispensable.
Dans la détresse, on a pensé, semble-t-il, à faire appel à David plutôt qu’à Saül ! On sait où se trouve le secours, mais sera-t-on disposé à rendre au sauveur selon le bienfait reçu ? (Ps. 103 : 2).
David, on le sait, était lui-même serré de près ; il aurait pu penser que c’était l’affaire de Saül de protéger le pays. Le vainqueur de Goliath n’avait-il pas été tout récemment mis de côté par le peuple oublieux et son roi Saül, jaloux et haineux ? Dans de telles conditions, fallait-il s’étonner de voir l’ennemi intérieur relever la tête avec audace ?
Aussi forte soit la « pression » que des épreuves personnelles peuvent exercer sur nous - si notre cœur est rempli du même esprit que celui de David au Psaume 57, et si notre ressource est la grâce divine -, nous ne verrons pas un croyant dans la détresse sans être pressé de lui venir en aide !
David interroge l’Eternel : « Irai-je, et frapperai-je ces Philistins ? » (1 Sam. 23 : 2). Il a pris cette excellente habitude de s’enquérir d’abord auprès de Dieu au sujet de Sa volonté. Il ne se sent pas libre d’agir de son propre chef, même s’il s’agit d’ennemis (voir 2 Sam. 5 : 18-19, 22-23). C’est en agissant ainsi que nous nous montrons véritablement dépendants du Seigneur.
Alors l’Eternel répond à David : « Va, et tu frapperas les Philistins et tu sauveras Kehila » (1 Sam. 23 : 2). David avait déjà expérimenté la délivrance divine, il est prêt à partir ! Mais ses compagnons, maintenant au nombre d’environ six cents hommes, sont remplis de crainte. Ils tentent de décourager David en parlant « des troupes rangées des Philistins ». Or ceux-ci sortaient plutôt par bandes pour faire leurs razzias.
David doit apprendre à avoir affaire à l’incrédulité des hommes. Ceux-ci font penser aux disciples de Jésus qui « étaient frappés de stupeur et le suivaient avec crainte » (Marc 10 : 32). Pour encourager ceux qui hésitaient à le suivre, David s’adresse à nouveau à l’Eternel, qui lui répond de façon encore plus précise. « Et David alla avec ses hommes à Kehila, et combattit contre les Philistins et emmena leurs troupeaux, et leur infligea une grande défaite. Et David sauva les habitants de Kehila » (v. 5 ; 2 Chr. 14 : 11).
Son dévouement ne sera pas récompensé. N’en a-t-il pas été de même avec le Seigneur, Lui qui était venu délivrer son peuple de l’esclavage de Satan ? Aussi ne se fiait-Il pas à eux. « Il connaissait tous les hommes… lui-même connaissait ce qui était dans l’homme » (Jean 2 : 24-25). Il lit aujourd’hui dans chacun de nos cœurs. Peut-il y voir la gratitude de ceux qui ont été les objets d’un si grand salut ?
Une nouvelle épreuve formatrice attend David. On rapporte à Saül que le fugitif est entré dans Kehila. Aveuglé, endurci, le roi déclare : « Dieu l’a rejeté et livré en ma main » (v. 7). Il veut tirer partie de la présence de David dans une ville. Il convoque alors tout le peuple pour la guerre, mais David l’apprend et il demande à Abiathar de venir vers lui avec l’éphod. Puis il interroge l’Eternel : Saül viendra t-il et les hommes de Kehila, qu’il vient de délivrer, le livreront-ils à son ennemi ? (v. 12). Cet échange entre David et l’Eternel a lieu avec beaucoup de simplicité. Les questions du fugitif sont claires ; la réponse solennelle de Dieu est simple : « Ils te livreront » (v. 13).
David, cet homme « selon le cœur de Dieu », vivait alors en marge de la société. Il avait affaire à l’injustice, à la méchanceté. Les hommes dans leur haine, leur jalousie et leur ingratitude, étaient prêts à le trahir. Avertis, David et ses hommes « s’en allèrent où ils purent » (v. 13).
Jonathan a rejoint David au désert de Ziph, « dans le bois » (v. 16) ; il l’encourage et fortifie son âme en Dieu (v. 16). Ainsi, dans sa miséricorde, le Seigneur peut permettre que nous soyons l’objet d’une véritable sympathie humaine. Le fils du roi Saül, insulté par son père à cause de sa fidélité à David, cherche à fortifier le fils d’Isaï en lui disant : « Tu régneras sur Israël » (v. 17). Mais cet ami de David, jusqu’ici fidèle, s’en retourne « à sa maison » (v. 18). Ils ne se reverront plus, Jonathan mourra avec son père face aux Philistins. David poursuivra sans lui son chemin de souffrance et de rejet.
La trahison des Ziphiens
L’hostilité acharnée des Ziphiens va, elle aussi, se manifester à deux reprises (voir aussi 1 Sam. 26 : 1). Pour complaire à Saül, ils l’informent de la retraite où se cache David dans le désert de Juda (1 Sam. 23 : 19 ; Ps. 63). Et lui n’hésite pas à prendre le nom de Dieu en vain pour appeler la bénédiction sur eux (v. 21) !
Ces Ziphiens font penser à Judas, qui a vendu son Maître, Jésus. Le Roi rejeté a rencontré, plus encore que David, le débordement du mal, la « contradiction des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12 : 3). Son cœur, infiniment sensible, en a profondément souffert.
Le Psaume 54 montre l’état d’esprit de David à ce moment-là : « Des étrangers se sont levés contre moi » (v. 3), dit-il ; mais il ajoute aussitôt : « Voici, Dieu est mon secours » (v. 4). Il en a fait l’expérience à maintes reprises, et tout particulièrement ici. Au moment où Saül et ses hommes semblent sur le point de l’encercler et de se saisir de lui, un messager arrive et dit au roi : « Hâte-toi, et viens, car les Philistins se sont jetés sur le pays (v. 27) ». Ainsi « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rom. 8 : 28). Saül, qui respirait menace et meurtre comme plus tard son homonyme (Act. 9 : 1), doit abandonner sa poursuite (1 Sam. 23 : 28).
Chers lecteurs croyants, nous sommes affligés, « si cela est nécessaire ». Dieu nous fait passer par des épreuves formatrices, qui mettent notre foi à l’épreuve (1 Pier. 1 : 6). Ainsi, Il veut faire de chacun de nous un vase « utile au maître » (2 Tim. 2 : 21), propre au service qu’Il veut nous confier (Act. 13 : 2), en attendant que nous soyons amenés à la pleine et éternelle conformité de son Fils bien-aimé. Par une fidèle discipline, ce Dieu de sainteté fait abonder le fruit chez chacun de ses rachetés, à Sa gloire.
Ph. L le 27. 08. 11
Aux jours d’épreuve amère, de luttes, de douleur,
Quand, sous la main du Père, il faut verser des pleurs,
Ne perdons pas courage, en paix soumettons-nous,
Dieu permet la détresse afin de nous bénir,
Jamais sa main ne blesse pour nous faire souffrir.
Le sarment qu’Il émonde c’est celui qu’Il chérit,
Afin que dans ce monde il porte plus de fruit.