bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

 Le sermon sur la montagne (1)

 Bienheureux les humbles en esprit
 Bienheureux ceux qui mènent deuil
 Bienheureux les débonnaires
 
 
            On donne communément le nom de « sermon sur la montagne » au discours que le Seigneur Jésus prononça au début de son ministère, discours qui occupe les chapitres 5 à 7 de l’Evangile selon Matthieu. Il commence par une série de déclarations qu’on appelle les béatitudes : « bienheureux ceux qui... ; bienheureux les... ».
 
            Ces béatitudes contiennent des instructions très pratiques, nécessaires à tous ceux qui appartiennent au royaume de Dieu. Elles s’appliquent à trois catégories de personnes :
                        - premièrement aux disciples, à l’époque du rejet du Seigneur Jésus
                        - deuxièmement aux croyants de nos jours, alors que le Seigneur est absent
                        - troisièmement au résidu juif futur dans les temps de tribulations qui précéderont l’apparition du Seigneur Jésus comme roi.
 
            Les qualités mentionnées par le Seigneur dans ces béatitudes ne sont pas celles de l’homme naturel : elles impliquent la nouvelle naissance. Le Seigneur Jésus dit à Nicodème : « Si quelqu’un n’est pas né de nouveau, il ne peut pas voir le royaume de Dieu » (Jean 3 : 3). Seul l’homme qui a reçu la vie nouvelle, la vie éternelle, par la foi en Jésus, et qui se laisse constamment enseigner et former par Lui, peut manifester ces qualités de Christ dans sa vie.
 
            Le mot « bienheureux », mentionné une cinquantaine de fois dans le Nouveau Testament, évoque bien davantage que la simple joie que l’on peut ressentir dans certaines circonstances. Etre bienheureux a une portée plus importante. Il s’agit de l’état que le Seigneur Jésus lui-même attribue aux âmes qui réalisent Ses principes dans leur vie.
 
 
 
Bienheureux les humbles en esprit
 
            « Bienheureux les humbles (litt. : pauvres) en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux » (Matt. 5 : 3).
 
            La pauvreté en esprit est l’équivalent moral de la pauvreté extérieure. Mais il ne s’agit pas, comme on le pense quelquefois, d’un manque de facultés spirituelles ou d’intelligence. Certes, la Bible s’adresse parfois aux petits enfants et les encourage, mais ici il est question d’autre chose.
            Le « pauvre en esprit » est un croyant qui n’a pas une grande opinion de lui-même, qui se place dans la lumière divine et réalise ainsi l’humilité. Cette attitude est déjà évoquée dans l’Ancien Testament par les expressions « esprit abattu » et « esprit brisé » (Ps. 34 : 18 ; 51 : 17). En Esaïe 57 : 15, une promesse est liée à un tel état d’esprit : « J’habite le lieu haut élevé et saint, et avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit, pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits, et pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus ».
            Lorsque, dans la présence et la lumière de Dieu, nous nous voyons tels que nous sommes réellement, nous devenons humbles en esprit ; car la gloire et la grandeur humaines ne peuvent subsister devant son regard. Abraham, Job, Esaïe, le publicain dans le temple, Pierre, sont des exemples d’une telle attitude (Gen. 18 : 27 ; Job 42 : 5-6 ; Es. 6 : 1-5 ; Luc 18 : 13 ; Luc 5 : 8). Lorsque nous nous considérons nous-mêmes, ou que nous nous comparons à d’autres croyants, nous croyons toujours trouver une raison d’être contents de nous-mêmes. Ce qui importe dans le monde - et malheureusement parfois aussi parmi les chrétiens - ce sont les signes extérieurs de la réussite, une position élevée, la considération. Mais la plupart du temps, il en résulte de l’orgueil et de la présomption. C’est seulement en nous tenant constamment dans la présence de Dieu que nous serons et resterons « humbles en esprit ».
            Le Seigneur Jésus l’était, dans toute la force de l’expression. Il ne cherchait ni sa propre volonté ni sa gloire, mais uniquement la gloire de son Père. Il existe pourtant une grande différence entre Lui et nous : c’est en quelque sorte la différence qu’il y a entre l’humilité et l’humiliation. Le Seigneur Jésus était « humble de cœur » (Matt. 11 : 29), et ainsi, Il n’avait jamais besoin de s’humilier, contrairement à nous.
            Notre vrai bonheur consiste non seulement à imiter notre Seigneur, mais aussi à nous tenir dans sa présence et à y rester.
 
 
 
Bienheureux ceux qui mènent deuil
 
            « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés » (Matt. 5 : 4).
 
            Personne ne trouve son bonheur dans le deuil ! Souvent on préfère même se détourner des personnes affligées ; il est si difficile d’apporter quelques paroles de consolation à une âme qui connaît le deuil d’un proche.
            Toutefois, dans cette deuxième béatitude, en qualifiant de bienheureux ceux qui mènent deuil, le Seigneur Jésus ne pense pas au deuil suscité par la perte d’un être cher. Ses paroles ont une signification toute différente.
            Ce verset nous parle du royaume de Dieu, que le Seigneur, en tant que Roi, était venu annoncer (comp. 12 : 28). Mais quel accueil son peuple Lui avait-il réservé ! « Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1 : 11). A sa naissance, il n’y eut pas de place pour Lui dans l’hôtellerie et le roi Hérode chercha à Le tuer. Plus tard, ses proches Le déclarèrent hors de sens. Même ses disciples, qui L’ont pourtant connu de si près durant les trois années de son service, ne Le comprenaient pas toujours ; l’un d’eux Le renia, un autre alla jusqu’à Le livrer à ses ennemis !
            Oui, notre Seigneur eut bien des motifs de tristesse. Il pleura sur Jérusalem et s’écria à son sujet : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée déserte, car je vous le dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matt. 23 : 37-39). Il ne recevra de consolation de la part de son peuple qu’après son apparition glorieuse, lorsque, reconnu et salué avec joie, Il viendra établir le règne millénaire.
            Le résidu juif croyant connaîtra lui aussi un deuil profond durant la grande tribulation, peu avant l’apparition de Christ ; il mènera deuil sur l’état d’une partie du peuple, dont le cœur sera endurci et soumis à l’Antichrist, comme aussi sur la culpabilité du peuple juif et sa complicité lors de la mort du Messie. Mais eux aussi seront consolés par le Seigneur lui-même : « L’Eternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem » (Zach. 1 : 17). « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai ; et vous serez consolés dans Jérusalem » (Es. 66 : 13 ; comp. 40 : 1 ; 49 : 13 ; 51 : 3-12 ; 61 : 2).
            Et de nos jours, n’y a-t-il pas lieu de mener deuil parmi le peuple de Dieu ? Réalisons-nous combien le Seigneur Jésus est déshonoré dans la chrétienté ? Beaucoup de vrais chrétiens ne prennent plus au sérieux la Parole de Dieu ; on voit de plus en plus la dureté de cœur au lieu de l’amour, la volonté propre au lieu de l’obéissance, le formalisme au lieu de la dépendance du Seigneur, la mondanité au lieu de la séparation du mal. Restons-nous indifférents à un tel état de choses, ou le considérons-nous avec hauteur en le jugeant de façon pharisaïque ? Ou au contraire faisons-nous ce qui est juste et agréable devant le Seigneur en menant vraiment deuil sur un état qui révèle le rejet et le mépris de notre bien-aimé Seigneur ?
            L’Ancien Testament nous montre l’exemple d’un tel deuil dans la personne de Néhémie. Il dit au roi Artaxerxés : « Pourquoi mon visage ne serait-il pas triste, quand la ville, le lieu des sépulcres de mes pères, est dévastée, et que ses portes sont consumées par le feu ? » (Néh. 2 : 3). Daniel et Esdras également mènent deuil sur l’infidélité du peuple de Dieu et ses conséquences (voir Dan. 9 ; Esd. 9 : 10). Ces exemples renferment un enseignement important. A considérer leur âge, aucun de ces hommes ne pouvait être personnellement tenu pour coupable du péché qui avait causé la déportation. Mais ils ne s’élevaient pas au-dessus du peuple comme des pharisiens. Ils confessaient les péchés du peuple et s’identifiaient avec lui. Ils reconnaissaient qu’ils n’étaient pas meilleurs et qu’ils faisaient partie de ce peuple. C’est pour cette raison que Dieu pouvait les exaucer et les approuver. Ils furent ainsi consolés.
            Si nous manifestons une telle attitude dans les temps actuels, la déclaration de notre Seigneur s’appliquera à nous : « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés ». Certes, cette consolation ne sera entière qu’à la venue du Seigneur, mais déjà maintenant, nous pouvons la goûter dans la perspective du moment où Dieu lui-même essuiera toute larme de nos yeux, quand il n’y aura plus de deuil (Apoc. 21 : 4).
 
 
 
Bienheureux les débonnaires
 
            « Bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre » (Matt. 5 : 5).
 
            Telle est la troisième déclaration du Seigneur. Alors que la promesse attachée à la première béatitude est : « car c’est à eux qu’est le royaume des cieux », il est précisé ici : « car c’est eux qui hériteront de la terre » (ou : du pays). Pour les auditeurs du Seigneur, qui étaient alors sous la domination des Romains, il y avait là une allusion au temps futur du règne millénaire (comp. Ps. 37 : 11).
            Le mot « débonnaire » veut dire à la fois « doux, aimable, indulgent ». Dans le monde, la débonnaireté, souvent mise au même rang que la faiblesse, est peu estimée. Ceux qui réussissent dans ce monde suscitent l’admiration pour leur audace, et même pour leur absence de scrupules ! La débonnaireté que le Seigneur approuve ici n’est pourtant ni de la faiblesse ni une soumission servile. Un enfant de Dieu débonnaire supportera la méchanceté et la dureté sans penser à se venger, parce qu’il se sait porté par un plus fort que lui : c’est le Seigneur lui-même qui donne ce trait de caractère à ceux qui sont véritablement ses disciples.
            Le modèle parfait de la débonnaireté est en effet le Seigneur Jésus lui-même. Il dit en Matt. 11 : 29 : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes ». Et pourtant, il venait d’être traité par les conducteurs d’Israël de « mangeur » et de « buveur » (v. 19), il venait de réprimander les villes dans lesquelles la plupart de ses miracles avaient été opérés et qui ne s’étaient pas repenties (v. 20-24) ! Mais néanmoins il pouvait lever ses yeux et dire : « Je te loue, ô Père... » (v. 25).
            Le Seigneur Jésus était débonnaire, et nous ne pouvons apprendre une telle vertu qu’en Le suivant. Si nous sommes irrités par notre entourage, prions : « Seigneur, accorde-moi de manifester tes sentiments ».
            Moïse, cet homme de Dieu de l’Ancien Testament, a appris la débonnaireté auprès de Dieu durant les quarante ans où il paissait le bétail de Jéthro en Madian. Dans sa jeunesse, il s’était laissé emporter par la colère, et avait tué un Egyptien qui maltraitait un homme israélite (Ex. 2 : 11, 12 ; Act. 7 : 23-24). Mais plus de quarante ans après, lorsque sa sœur Marie et son frère Aaron parlent contre lui, le Saint Esprit peut lui rendre ce témoignage : « Et cet homme, Moïse, était très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre » (Nom. 12 : 3). Cette débonnaireté de Moïse était le résultat de la discipline à l’école de Dieu. Cependant, bien que Moïse ait été le plus doux de tous les hommes, il n’a pas pu entrer dans le pays promis, contrairement aux débonnaires de notre verset, qui, eux, hériteront du pays.
            Remarquons qu’il n’est pas dit : ils acquerront la terre, mais ils l’hériteront. On entend parfois interpréter le sermon sur la montagne d’une façon qui rapporte tout à l’homme naturel, aux temps actuels et au monde. Les personnes qui appliqueraient les enseignements de ce sermon obtiendraient la victoire et posséderaient en paix la terre. Mais cela est impossible. Le Seigneur Jésus parle ici de ses vrais disciples, de ceux qui L’ont accepté par la foi et qui Le suivent. L’héritage leur sera remis sur la base de l’œuvre de la rédemption qu’Il a accomplie (comp. Ps. 2 : 7-8 ; Héb. 1 : 2 ; Eph. 1 : 10-11).
            Les fidèles du résidu juif qui persévéreront lors de la tribulation à venir et qui seront gardés par Dieu lui-même, auront pour héritage la terre d’Israël durant le règne millénaire. Chacun d’eux s’assiéra « sous sa vigne et sous son figuier » (Mich. 4 : 4). Mais l’héritage des disciples vivant à l’époque du Seigneur, et ces croyants du temps de la grâce, est bien plus étendu : ce sera la terre tout entière, toute la création (Héb. 2 : 7-8). L’assemblée recevra et possédera cet héritage parce qu’elle est unie à Christ qui le possédera.
            Certains croyants ont peut-être de la peine à comprendre que, tout en étant du côté du Vainqueur, ils doivent néanmoins endurer des souffrances ou être injustement traités. Mais bientôt, nous partagerons avec Lui sa position de force. C’est par cette pensée que, dans notre verset, le Seigneur console les disciples, tout comme Il consolera plus tard les Thessaloniciens en leur faisant dire par le moyen de l’apôtre Paul : « ...si du moins il est juste pour Dieu de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et de vous donner, à vous qui la subissez, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus venant du ciel avec les anges de sa puissance » (2 Thes. 1 : 6-7).
            Le Seigneur Jésus lui-même a marché dans ce chemin. En Esaïe 53 : 7, il est dit de Lui : « Il a été opprimé et affligé, et il n’a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche ». Et les conséquences en sont indiquées au verset 12 : « C’est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts ».
 
 
                        A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1994 p. 23-30)
 
 
A suivre