L’EPITRE AUX GALATES (2)
1 - La deuxième visite de Paul à Jérusalem : v. 1-10
2 - La troisième rencontre de Paul avec Pierre : v. 11-16
3 - La justification par la foi : v. 17-21
Au début du chapitre (v. 1-10), l'apôtre rappelle ce qui s'était passé lors de sa deuxième visite à Jérusalem après sa conversion. Puis il raconte un incident qui s'était passé à Antioche, peu de temps après sa deuxième visite à Jérusalem ; cet incident avait une portée directe sur le point qui était en cause avec les Galates.
1 - La deuxième visite de Paul à Jérusalem : v. 1-10
La première visite à Jérusalem avait eu lieu trois ans après sa conversion (1 : 18), et la seconde quatorze ans plus tard (2 : 1). Cette dernière est manifestement l'événement au sujet duquel Actes 15 nous fournit d'abondantes informations. Il sera utile de lire attentivement ce passage avant d'aller plus loin. Il contient plusieurs détails intéressants.
Actes 15 commence en nous disant que « quelques-uns, étant descendus de Judée » jusqu'à Antioche, enseignaient que la circoncision était nécessaire pour être sauvé. Remarquons qu'ils ne sont pas appelés des « frères ». En Galates 2, Paul les nomme sans hésitation « des faux frères, furtivement introduits » (v. 4). Ainsi, très tôt, des inconvertis se sont glissés parmi les croyants, malgré la vigilance et le soin des apôtres. C'est une chose triste que de telles personnes puissent s'introduire furtivement en dépit des précautions prises. Et c'en est une plus triste encore lorsque des principes laissant la porte ouverte à de telles personnes sont enseignés et pratiqués.
Dans les Actes, nous lisons qu'ils « résolurent » que Paul, Barnabas et d'autres feraient une visite à Jérusalem. Mais ici, Paul nous dévoile l'arrière-plan de cette scène et nous apprend qu'il y est monté « selon une révélation » (v. 2). La tentation pouvait être grande pour lui de rencontrer et de vaincre ces faux frères à Antioche, mais le Seigneur lui avait révélé qu'il devait interrompre les controverses et amener la discussion à Jérusalem, où les vues de ses opposants étaient encore plus fortement défendues. C'était un déplacement hardi, mais une démarche qui, dans la sagesse de Dieu, préservait l'unité dans l'Eglise. Le résultat de son obéissance à cette révélation, c'est que le problème fut réglé contre les affirmations de ces faux frères, à l'endroit même où ils comptaient le plus de sympathisants. Si ce problème avait été réglé à Antioche, parmi les Gentils, le danger d'une division aurait été grand.
En Actes 15, il est simplement dit que « quelques autres d'entre eux » monteraient avec Paul et Barnabas à Jérusalem. Galates 2 nous apprend que parmi ces « quelques autres » se trouvait Tite, un Grec. Le problème était ainsi soulevé sous sa forme la plus aiguë. Mais l'apôtre n'avait voulu faire aucune concession à ses opposants. Il ne voulait absolument pas se soumettre à eux. C'est pourquoi Tite ne fut pas contraint à être circoncis (v. 3).
En contraste, la manière d'agir de Paul avec Timothée est d'autant plus remarquable (Act. 16 : 1-3). Ainsi nous voyons que des choses auxquelles il faut vigoureusement résister dans certaines circonstances doivent être acceptées dans d'autres. Dans le cas de Tite, la circoncision aurait eu pour but d'établir un principe qui sapait les bases mêmes de l'évangile. Dans le cas de Timothée, aucun principe de ce genre n'était en jeu. La question avait été entièrement réglée. Paul a circoncis Timothée, dont la mère était juive et le père grec, pour que son service puisse s'exercer aussi bien parmi les Juifs que parmi les nations, afin qu'il puisse « gagner les Juifs » (1 Cor. 9 : 20). Pour Paul lui-même, pour les Corinthiens - et pour nous aussi- la circoncision et l'incirconcision ne sont « rien » (1 Cor. 7 : 19).
Il est possible que nous voyions un serviteur de Christ agir de la même manière aujourd'hui. Ne soyons pas pressés de l'accuser d'inconséquence. Il agit peut-être avec un discernement divin dans des cas où nous n'avons pas discerné de différence. L'apôtre parle de « la liberté que nous avons dans le Christ Jésus » (v. 4). C'était cette liberté qui le conduisait à refuser la circoncision là où elle impliquait un asservissement à la Loi, mais à la pratiquer, un ou deux ans après, lorsqu'elle n'impliquait aucune question de principe.
1. 2 Les entretiens de Paul avec les autres apôtres
Paul a profité de sa visite à Jérusalem pour exposer aux autres apôtres l'évangile qu'il prêchait parmi les nations. Bien qu'il l'ait reçu directement du Seigneur, il éprouvait le besoin de leur présenter ce qu'il avait compris de la révélation. Les apôtres les plus instruits, ainsi que les anciens de Jérusalem, n'eurent rien à objecter. Au contraire, ils reconnurent que Paul avait été clairement appelé de Dieu pour apporter l'évangile parmi les nations, alors que Pierre avait reçu une mission semblable parmi les Juifs. Ainsi Jacques, Céphas et Jean - considérés tous les trois comme « des colonnes » (v. 9) - ayant reconnu la grâce qui avait été donnée à Paul, exprimèrent une pleine communion et une entière solidarité avec lui dans son œuvre.
Ce fait avait une incidence directe sur le problème qui concernait les Galates. Si les hommes qui avaient fait du mauvais travail en Galatie attaquaient Paul comme étant un « parvenu » ne possédant aucune autorité, ce dernier pouvait faire valoir qu'il avait reçu son message du Seigneur par une révélation de première main. Son autorité était ainsi établie. D'autre part, s'ils l'attaquaient comme un homme agissant de sa propre autorité et se mettant en opposition avec ceux qui étaient apôtres avant lui, il pouvait rétablir la vérité en rappelant que Jacques, Pierre et Jean lui avaient témoigné une pleine confiance et avaient exprimé leur communion avec lui après un entretien minutieux.
Il restait à montrer qu'il y avait eu « un moment » où Pierre lui-même avait quelque peu cédé à l'influence d'hommes semblables à ceux qui s'opposaient maintenant à Paul. Celui-ci raconte alors comment il avait résisté à Pierre et pour quelles raisons il l'avait fait.
2. 1 La dissimulation de Pierre
Le livre des Actes ne mentionne pas la visite de Pierre à Antioche, mais il est évident qu'elle a eu lieu après la décision du concile de Jérusalem rapporté au chapitre 15. Lors de cette rencontre, Pierre avait présenté des arguments en faveur de la réception des Gentils convertis, précisant que la loi de Moïse ne devait pas leur être imposée. Il avait alors parlé de la Loi comme étant « un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter » (Act. 15 : 10). Mais à Antioche, lorsque quelques-uns étaient venus d'auprès de Jacques, avec des vues strictes quant à la valeur de la circoncision, Pierre n'avait plus voulu manger avec les croyants des nations et s'était retiré d'eux. Son exemple avait eu un grand poids et d’autres l'avaient suivi - y compris Barnabas, qui auparavant s'était tenu aux côtés de Paul (v. 2, 12).
Pour certains, sans doute, cela pouvait sembler être une affaire insignifiante, une simple erreur sur laquelle on pouvait fermer les yeux, un caprice duquel on pouvait sourire. Pour Paul, c'était bien différent. Il discernait que, sous la question apparemment anodine de la manière dont Pierre prenait sa nourriture, des principes très importants étaient en question, et que l'attitude de Pierre n'était pas droite « selon la vérité de l'évangile » (v. 14a).
Que Dieu nous donne à tous de saisir ce qui nous est enseigné ici de façon si sérieuse ! L'éloignement de la vérité, même le plus grave, nous est souvent présenté sous le couvert de circonstances insignifiantes et innocentes. Plusieurs d'entre nous auraient peut-être été tentés de s'exclamer : « Oh ! Paul, tu es trop exigeant ! Comme il est difficile de te plaire ! Pourquoi faire toute une histoire avec un petit détail ? Si cela fait plaisir à Pierre de ne manger qu'avec des Juifs, pourquoi ne pas le laisser faire ? Pourquoi provoquer des chicanes et troubler la paix à Antioche ? ». Nous ignorons souvent les plans de Satan. Il essaie de nous détourner de la vérité par des choses en apparence inoffensives. C'est sur un très petit tronçon que le train dévie de la voie principale pour s'engager sur une voie de traverse.
L'idée que l'Eglise était en paix et libre de toute controverse durant la période apostolique n'a pas de fondement dans l'Ecriture. Depuis le commencement, la vérité a dû être conquise et maintenue à travers des conflits - la plupart internes, et non avec le monde. Il serait illusoire d'espérer aujourd'hui une absence de conflits et de problèmes ! Les occasions ne manquent pas dans lesquelles le seul moyen d'obtenir la paix est de faire des compromis. Celui qui a du discernement et qui réalise la nécessité d'élever la voix pour protester doit s'attendre à être accusé de manquer de charité.
Cependant, s'il nous arrive d'être dans une situation où nous nous sentons moralement obligés de protester, demandons instamment à Dieu de nous donner de le faire de la même manière que Paul. « Quand je vis... je dis à Céphas » (v. 14b). Notre tendance naturelle est d'exprimer nos reproches aux oreilles de tout le monde sauf à celles du coupable lui-même ! En Marc 2, lorsque les pharisiens trouvent à redire à la façon de faire de Jésus, ils se plaignent auprès des disciples (v. 16), et lorsqu'il s'agit du comportement des disciples, ils se plaignent au Seigneur (v. 23, 24). Nous ferions bien d'avoir pour règle, lorsqu'une répréhension est nécessaire, de la faire directement à la personne concernée, plutôt que derrière son dos.
Paul la fit « devant tous » : la raison en est que le manquement de Pierre avait déjà affecté plusieurs personnes et que l'affaire était devenue publique. Dans la plupart des cas, il serait faux de faire d’abord une répréhension publique. Il y a beaucoup de manquements et de difficultés qui ne sont pas connus de tous ; s'ils sont traités fidèlement, dans un esprit de grâce, en privé avec la personne concernée, ils pourront bien ne jamais devenir publics ! Ainsi beaucoup de trouble et de sujets de scandale seront évités. Mais un manquement public doit être traité publiquement.
Paul a commencé sa répréhension en posant à Pierre une question concernant sa façon de faire précédente, et le changement soudain qui s'était produit. Pierre avait abandonné les coutumes juives pour vivre plus librement, comme les nations (voir Act. 10 : 28). Comment pouvait-il maintenant abandonner cette position d'une manière qui équivalait à dire que, finalement, les nations devaient vivre comme les Juifs ? C'est la question que nous trouvons au verset 14.
2. 2 La base de la justification : la foi en Jésus Christ
Aux versets 15 et 16, une affirmation de l'apôtre fait suite à la question du verset 14. Dans ce qu'il dit ici, Paul peut lier Pierre à lui-même sans que celui-ci puisse objecter quoi que ce soit. « Nous qui, par nature, sommes Juifs », nous avons reconnu que la justification n'est pas obtenue par « des œuvres de loi, ni autrement que par la foi en Jésus Christ ». Ainsi, nous nous sommes tournés de la Loi vers Christ et avons été justifiés par Lui.
3 - La justification par la foi : v. 17-21
3. 1 Une pensée fausse, reniant le fondement de la conversion
Une nouvelle question est posée au verset 17. S'il est vrai, comme l'attitude de Pierre semble le suggérer, que même lorsque nous nous tenons devant Dieu dans toute la valeur de l'œuvre de Christ, nous avons encore besoin de quelque chose pour compléter notre justification - comme d'observer la loi ou les coutumes juives - cela ne jette-t-il pas du discrédit sur l’œuvre de Christ ? Paul présente cette question dans un langage extrêmement vigoureux : Christ serait-il alors « au service du péché », plutôt qu’à celui de la justification ? Poser une telle question, c’est y répondre. C'est pourquoi l'apôtre ajoute aussitôt : « Absolument pas ! » (v. 18a).
Au verset 18b, nous trouvons une seconde affirmation, une affirmation qui a dû avoir l'effet d'un coup de massue sur la conscience de Pierre. Non seulement son action pouvait conduire à la conclusion que Christ était au service du péché, mais elle était aussi visiblement de nature à reconstruire le mur mitoyen de clôture entre les Juifs et les Gentils croyants (voir Eph. 2 : 14). Or l'évangile avait détruit ce mur et Pierre lui-même l'avait fait par sa prise de position dans la maison de Corneille. Où que se trouve ce qui était juste, Pierre se trompait dans l'une ou l'autre de ces deux actions. S'il avait raison maintenant, il s'était trompé auparavant. S'il avait eu raison auparavant, il se trompait maintenant. Il était convaincu comme étant lui-même un « transgresseur ».
En fait, il avait tort maintenant. Auparavant, il avait agi, instruit par Dieu dans une vision. Maintenant, il agissait de façon impulsive, gouverné par la crainte des hommes.
Dans ces quelques mots sortis des lèvres de Paul, l'Esprit de Dieu nous révèle la vraie portée de l'action de Pierre, même si elle pouvait paraître innocente à beaucoup. Seulement deux questions et deux affirmations de la part de Paul ; mais quels effets elles eurent ! Elles détruisirent la fausse position dans laquelle Pierre s'était placé.
Mais l'Esprit de Dieu ne se contente pas de cela. Il conduit Paul à proclamer immédiatement ensuite la vraie position chrétienne.
3. 2 La vérité de l’évangile
L’apôtre Paul avait discerné d'emblée que Pierre et ceux qui le suivaient « ne marchaient pas droit, selon la vérité de l'évangile » (v. 14). Il présente alors très clairement, et en très peu de mots, la vérité de l'évangile. Il ne la présente pas sous forme de doctrine, mais comme une expérience - sa propre expérience. Maintenant il ne dit plus « nous » mais « je », mot qui apparaît constamment dans les versets 19 et 20.
Dans les Actes, nous trouvons des exemples frappants de la prédication de l'évangile par la bouche de Paul. En Romains 1 à 8, nous avons l'exposition de l'évangile par sa plume. En Galates 1, nous avons la défense de l'évangile - par la présentation de ses traits caractéristiques. Ici nous allons considérer la vérité de l'évangile.
Dans ces derniers versets du chapitre 2, Paul parle pour lui seul. Précédemment (v. 15-17), il avait dit « nous », puisqu'il parlait de la vérité généralement acceptée par les chrétiens, y compris Pierre. Mais maintenant, il en vient à une vérité que l'action de Pierre avait mise en cause ; il ne peut donc plus supposer que Pierre la reconnaisse sans réserve. Pourtant c'était la vérité et Paul, qui en jouit et réalise sa puissance, peut la présenter de manière personnelle et expérimentale.
A ce moment, Pierre avait la Loi devant lui : il vivait « à la Loi ». Mais moi, dit Paul en substance, j'ai Dieu et non pas la Loi devant moi, et je vis « à Dieu ». Combien Dieu, qui a donné la Loi - et qui s'est révélé en Christ - est plus grand que la Loi qu'Il a donnée ! Mais qu'est-ce qui a libéré Paul de la Loi à laquelle il était auparavant lié - aussi bien que Pierre ? C'est la mort. Il est « mort à la loi » (v. 19) et ceci par l'action de la loi !
Pourtant, il est bel et bien en vie, puisqu'il peut s'opposer à Pierre. Comment donc est-il « mort à la Loi » ? Et que signifie cette expression ? La réponse à ces deux questions se trouve dans la merveilleuse affirmation : « Je suis crucifié avec Christ » (v. 20).
Ici, nous voyons Paul se saisir de la vérité de l'évangile et lui donner une application éminemment personnelle. Le Seigneur Jésus, dans sa mort, non seulement a été notre substitut en portant nos péchés, mais Il s'est aussi entièrement identifié avec nous dans notre état de péché, ayant été « fait péché pour nous », bien que n'ayant pas lui-même connu le péché (2 Cor. 5 : 21). Ceci a eu lieu d'une façon si vraie et si réelle que l'une des choses que nous devons connaître - comme étant un élément de base de la doctrine chrétienne - est que « notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Rom. 6 : 6). La crucifixion de Christ est par conséquent la crucifixion de tout ce que nous étions comme enfants d'Adam déchus. Ici nous trouvons comment Paul s’approprie personnellement cela. Et puisqu'il est crucifié avec Christ, il est « mort à la Loi » (v. 19).
La crucifixion de Christ n'est pas seulement l'action commise par des hommes méchants. D'un point de vue divin, elle est - dans son essence même - l'action de Dieu par laquelle Christ a été fait péché pour nous et dans laquelle Il a porté pour nous la « malédiction de la Loi » (3 : 13). En mourant sous la malédiction de la Loi, Christ est mort « par la Loi » et, comme étant crucifié avec Christ, Paul pouvait dire qu'il était mort à la Loi « par la Loi » afin de vivre à Dieu.
La force de ce passage sublime peut nous devenir claire si nous considérons les cinq prépositions employées :
- « à » indique le but en vue : vivre à Dieu, c'est vivre avec Dieu comme but de l'existence.
- « avec » indique l'identification ou l'association : nous sommes crucifiés avec Christ en raison de l'identification complète réalisée dans sa mort pour nous ; en conséquence, sa mort est notre mort ; nous sommes morts avec lui.
- « en » - « Christ vit en moi » - indique le caractère de notre vie : bien que crucifiés, nous vivons. Nous sommes toujours des personnes vivantes sur la terre, mais nous ne vivons plus selon l'ancien caractère de vie. Nous vivons une vie d'un nouvel ordre ; une vie dont le caractère, résumé en un mot, est Christ. Saul de Tarse avait été crucifié avec Christ. Pourtant l'homme connu comme Saul de Tarse était toujours en vie. Toujours en vie, mais avec un caractère complètement différent. En le considérant, on ne voyait pas s'exprimer le caractère de « Saul de Tarse » mais celui de « Christ ». En accord avec cela, il n'a pas gardé son ancien nom, mais, peu après sa conversion, il a été connu sous le nom de Paul, ce qui signifie « petit ». Il fallait qu'il soit petit à ses yeux pour que Christ vive en lui.
- « dans » - « dans la foi » - place devant nous l'objet qui dirigeait l'âme de Paul et rendait possible le nouveau caractère de sa vie. Bientôt, quand la vie que nous vivons dans la chair - c'est-à-dire dans nos corps mortels - sera achevée, nous vivrons dans la vue du Fils de Dieu. En attendant, nous vivons dans la foi en Lui. Si la foi est active en nous, Il deviendra une brillante et vivante réalité pour nos âmes. Plus Il est devant nous objectivement, comme l'objet merveilleux qui remplit et satisfait nos cœurs, plus Il sera vu en nous subjectivement.
Le « grand sceau » du Ministre de la Justice est certainement un objet remarquable. Mais si vous désirez le voir, il vous sera sans doute impossible d'y avoir accès. On vous dira peut-être : nous ne pouvons pas vous laisser voir le sceau lui-même, mais regardez la cire apposée sur ce document officiel. Là vous voyez virtuellement le sceau, il s’agit de l’empreinte qu’il a laissée. La cire à cacheter a été marquée par la pression du sceau. Ainsi vous voyez le sceau subjectivement, bien que vous ne puissiez pas le voir objectivement. Ceci illustre le passage que nous considérons, et nous montre comment d'autres peuvent voir Christ vivre en nous, s'il est l'Objet qui remplit nos âmes.
- « pour » - « il s'est livré lui-même pour moi » - exprime la substitution. Ce mot nous révèle ce qui était la puissance contraignante et motivante de la vie merveilleuse de Paul. L'amour du Fils de Dieu l'étreignait ; cet amour s'était manifesté en ce que Christ avait donné sa vie en sacrifice pour lui, comme substitut.
Nous pouvons résumer ce sujet comme suit. Le cœur de Paul était rempli de l'amour du Fils de Dieu qui était mort pour lui. Non seulement il avait compris son identification avec Christ dans sa mort, mais il l'avait acceptée de cœur dans tout ce qu'elle impliquait. Dans le Fils de Dieu élevé dans la gloire, il avait trouvé l'objet qui satisfaisait son cœur. Par conséquent, la sentence de mort s'appliquait à tout ce qu'il était par nature, et Christ vivait en lui et caractérisait sa vie. Ainsi, Dieu lui-même, tel qu'Il s'est révélé en Christ, était devenu le but suprême de son existence.
Voilà ce qu'il en était de Paul. En est-il de même pour nous ? Le fait que notre vieil homme a été crucifié est tout aussi vrai pour nous que pour lui. Nous sommes morts avec Christ exactement comme lui, si nous sommes réellement des croyants. Mais avons-nous saisi cela dans notre expérience, comme Paul l'avait fait ? Est-ce pour nous seulement une affaire de doctrine chrétienne - aussi important qu’elle puisse être à sa place -, ou est-ce aussi une affaire d'expérience spirituelle qui transforme et ennoblit nos vies ? Il est à craindre que la plupart d'entre nous, nous ne le réalisions que d'une manière bien petite. Pour quelle raison ? Peut-être parce que nous avons été peu captivés par la réalité de l'immense amour de Christ et avons peu apprécié la merveille de son sacrifice pour nous. Notre conviction quant à l'horreur de notre culpabilité pourrait ne pas avoir été très profonde, et ainsi notre conversion avoir été assez superficielle. Si nous examinons les choses à leur source, l'explication se trouve peut-être simplement là.
Si la flamme de notre amour est ravivée dans nos cœurs, il y aura des progrès dans la bonne direction.
Les derniers mots de l'apôtre, dans le dernier verset du chapitre, signifient que la position que Pierre avait prise était de nature à annuler la grâce de Dieu. Son attitude tendait à conclure qu'après tout la justice pourrait être « par la Loi ». Alors Christ serait mort « pour rien ». Quelle conclusion aberrante ! Pourtant c'était la conclusion logique, avant l’intervention de Paul.
D’après F. B. Hole