« Il est le Rocher, son œuvre est parfaite » (Deut. 32 : 4)
La Loi donnée une deuxième fois
Un cantique en témoignage contre Israël
La proclamation de la grandeur de l’Eternel
Les soins de Dieu à l’égard de son peuple
« Le Rocher »
L’ingratitude d’Israël et la réponse de l’Eternel
C’est à la fin de sa course que Moïse prononce les paroles du livre du Deutéronome (31 : 24). Les fils d’Israël sont alors dans la quarantième année après leur sortie d’Egypte. Onze jours auraient pu suffire pour qu’ils atteignent Canaan, « depuis Horeb, par le chemin de la montagne de Séhir, jusqu’à Kadès-Barnéa » (1 : 2). Or quarante ans se sont écoulés et « la plupart d’entre eux tombèrent dans le désert » (1 Cor. 10 : 5) ; ils n’ont pas pu entrer dans le pays promis, à la suite de leur incrédulité et de leur mépris de ce « bon pays » (Nom. 14 : 30-31).
Ce cinquième livre de Moïse est cité vingt et une fois dans le Nouveau Testament. Parmi ces citations, on relève les trois réponses que le Seigneur Jésus adresse à Satan lors de la tentation au désert (Matt. 4 : 4, 7, 10).
La Loi donnée une deuxième fois
Le Deutéronome présente à nouveau la Loi aux fils d’Israël ; il s’adresse à la nouvelle génération appelée à entrer dans le pays après la mort de ses pères. Il faut enseigner tous ces jeunes et les avertir, afin qu’ils ne perdent pas eux aussi un temps précieux. Ils doivent s’attacher désormais à l’Eternel et garder ses commandements. Moïse parle à leur cœur d’une façon touchante : « Ecoute, Israël ». Ont-ils écouté ? Sommes-nous disposés à le faire ?
Dès le début de notre vie chrétienne le Saint Esprit désire nous présenter les vérités et les principes d’une marche vécue sous le regard de Dieu. Or, plusieurs parmi nous doivent reconnaître avec tristesse qu’ils ont perdu des années. Que de choses nocives pour nos âmes pullulent dans ce monde, comparables à ces invasions d’insectes destructeurs décrites par le prophète Joël (1 : 4) ! Ces « locustes » se sont employées avec succès à dévorer, avant leur maturité, les fruits normalement destinés au propriétaire de la vigne (Es. 5 : 4 ; Ps. 78 : 46).
Dès le début du livre (1 : 16-17), une tendance à se quereller en chemin (Gen. 45 : 24) est dénoncée. Il est très humiliant et solennel de reconnaître qu’elle peut se manifester même dans les moments les plus graves (Luc 22 : 24).
Peut-être, chers jeunes lecteurs, avez-vous constaté des manquements et des faiblesses chez les chrétiens plus âgés : les aînés ne donnent pas toujours le bon exemple ! Parfois il y a aussi bien peu d’édification dans les réunions auxquelles vous assistez. Si nous regardons aux « hommes » nous sommes toujours, tôt ou tard, déçus. Mais si nos regards se portent en haut, vers Jésus, il n’y a plus aucun risque de déception. On trouve en Lui une inépuisable provision de grâce : elle répond à toutes les formes d’insuffisance chez l’homme.
Un cantique en témoignage contre Israël
Moïse a été averti de ce qui se produira après son témoignage ici-bas. Il réunit les anciens et les magistrats et leur dit : « Je sais qu’après ma mort vous vous corromprez certainement, et vous vous détournerez du chemin que je vous ai commandé ; et il vous arrivera du mal… » (Deut. 31 : 29).
Josué agira de même à la fin de sa carrière (Jos. 24 : 14-15). Paul s’adressera également aux anciens d’Ephèse : « Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et du milieu de vous-mêmes se lèveront des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour entraîner les disciples après eux. C’est pourquoi veillez… » (Act. 20 : 29-31).
Avant sa mort, Moïse reçoit l’ordre d’écrire un cantique et de le mettre dans la bouche d’Israël. Il servira de témoignage contre eux (Deut. 31 : 19 -22), alors qu’ils auraient dû être eux-mêmes des témoins pour l’Eternel !
Dieu est en droit de recevoir de la reconnaissance de la part des siens. Il s’attend à ce qu’ils s’attachent à sa Parole pour la mettre en pratique. Nous qui sommes assurés de l’intercession de Christ, toujours prêt à nous secourir, comptons sur les effets de Sa grâce divine. Nous sommes aussi les objets constants de la discipline paternelle pour nous éduquer. Mais prenons garde ! Si nous nous trouvons dans la prospérité matérielle, comme ce fut plusieurs fois le cas pour Israël, le risque grandit d’oublier que tout vient de la grâce de Dieu et de nous « élever » dans notre esprit (1 Cor. 4 : 7).
La proclamation de la grandeur de l’Eternel
En réalité, ce cantique de louange a été dicté à Moïse par Dieu lui-même. Il fallait que le peuple entier l’entende, et aussi les cieux et la terre ! Il exalte d’abord la Parole de Dieu ; elle descend « comme la rosée, comme une pluie fine sur l’herbe tendre, et comme des ondées sur l’herbe mûre » (Deut. 32 : 2). Elle est ainsi en bénédiction à tous les croyants, aux « jeunes cœurs » comme à ceux qui sont déjà plus avancés dans la connaissance du Seigneur (Ps. 119 : 103).
Le nom de l’Eternel est proclamé, sa grandeur affirmée ; ses caractères de fidélité, de justice et de droiture sont revendiqués (32 : 4). Ce nom subsistera à toujours : il est établi sur un fondement solide et impérissable.
- YHWH, l’Eternel (v. 3a) : l’éternité de son Etre
- ELOHIM, forme plurielle de la Déité (v. 3b)
- EL (v. 4) : le Fort, juste, fidèle ;
- ELION (v. 8) : le Très-haut ;
- ELOAH, forme singulière d’Elohim (v. 15).
Les soins de Dieu à l’égard de son peuple
Le Très-haut a trouvé Israël « dans un pays désert, et... dans les hurlements d’une solitude » (v. 10). Il l’a conduit çà et là, prenant soin de lui. Il l’a gardé « comme la prunelle de son œil » (Néh. 9 : 19-21 ; Ps. 78 : 14-40).
Une belle image suit, celle de l’aigle qui multiplie ses soins à l’égard de ses petits. Il les éveille, il plane au-dessus de son nid, il étend ses ailes, prend ses aiglons et les porte sur ses plumes (v ; 11 ; Ex. 19 : 4). Combien plus grande encore est la sollicitude du Seigneur à l’égard de ses bien-aimés enfants, en tout temps et à travers chacune des « dispensations » !
Qu’il est précieux d’être conduit par le Seigneur seul et de ne pas avoir affaire à un dieu étranger ! Chers lecteurs, est-ce votre part (Ps. 32 : 8) ?
Dieu a fait passer Israël, à cheval, sur les « lieux hauts » de la terre (v. 13a). L’accès en est parfois difficile ; qu’importe, à chaque pas, les ressources viennent de Lui.
L’Eternel donnait de la nourriture à son peuple terrestre en vue de le fortifier : celui-ci pouvait manger le « produit des champs », sucer le « miel du rocher, et l’huile du roc dur » (v.13b). Leur régime habituel comprenait encore le « caillé des vaches », le « lait des brebis », la « graisse des agneaux », des « béliers » et des « boucs », la « fine graisse du froment », et finalement une boisson : du « vin pur » appelé « le sang du raisin » (v. 14).
Ainsi, du côté divin rien ne manque ! Soyons assurés qu’Il fournit aux siens encore aujourd’hui la meilleure nourriture spirituelle : Sa Parole. En s’approchant d’elle avec humilité et un esprit de prière, chacun y trouve ce qui est la réponse parfaite aux besoins actuels de son âme.
Après avoir ensuite exposé les pensées divines au sujet des tribus, on comprend que Moïse termine en s’écriant : « Le Dieu d’ancienneté est ta demeure, et au-dessous de toi sont les bras éternels…Tu es bienheureux ! Qui est comme toi, un peuple sauvé par l’Eternel, le bouclier de ton secours et l’épée de ta gloire ? Tes ennemis dissimuleront devant toi, et toi, tu marcheras sur leurs lieux élevés » (33 : 27-29). Quel triomphe connaîtra, durant la période milléniale, ce peuple si longtemps persécuté !
Chers lecteurs chrétiens, nous venons de prendre connaissance ensemble de la « portion » que Dieu réserve à son peuple terrestre. Mais, la plupart d’entre nous font partie des nations. Aussi étions-nous « sans Christ, privés de tout droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance… sans Dieu dans le monde » (Eph. 2 : 12). Toutefois maintenant, au bénéfice de la merveilleuse grâce de Dieu, nous qui étions loin, nous avons été « approchés par le sang du Christ » (v. 13). Désormais nous avons part aux merveilleuses conséquences de l’œuvre parfaite de la croix, étant à l’abri du sang précieux de Christ, versé une fois pour toutes en rémission des péchés. Si nous confessons nos péchés et acceptons le salut de Dieu largement offert à tous les hommes, nous sommes sauvés par sa grâce, par le moyen de la foi (Eph. 2 : 8). Appartenant alors à Christ, pour l’éternité, nous avons part au céleste héritage !
Nous aimerions nous arrêter un peu sur l’un des précieux titres de Dieu dans ce chapitre 32 du Deutéronome : le « Rocher ». Ce terme est mentionné à neuf reprises dans ce cantique de l’Ecriture, dont quatre fois avec une majuscule, s’appliquant alors de façon claire à Christ.
- « Incline vers moi ton oreille, hâte-toi, délivre-moi ; sois pour moi un rocher, une forteresse, une maison qui me soit un lieu fort, afin de me sauver » (Ps.31 : 2).
- « Sois pour moi un rocher d’habitation, afin que j’y entre continuellement ; tu as donné commandement de me sauver, car tu es mon rocher et mon lieu fort » (Ps. 71 : 3)
- « Il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride » (Es. 32 : 2).
Un Dieu fidèle
Ce nom de « Rocher » évoque l’immuabilité divine. Il est le Même et le fidèle trouve toujours en Lui un appui inébranlable, un constant refuge, une habitation, une ombre bienfaisante et de l’eau vive ! Pour le croyant, Christ est le Rocher frappé à la croix (Ex. 17 : 6 ; 1 Cor. 10 : 4) ; pour l’Eglise, la précieuse et sûre pierre de fondement ; pour les Juifs et les incrédules, une pierre d’achoppement ; pour ses adversaires, au moment de l’établissement de son règne, une pierre qui tombera sur eux en jugement.
Certes, je peux trembler sur le Rocher, avoir les mains lassées de servir et des genoux défaillants, ce qui m’amène à négliger la prière (Héb. 12 : 12). Mais ce puissant « Rocher des siècles » auquel j’ai affaire reste ferme.
Comme un abri tutélaire, au sein des flots a placé.
Mon rocher, ma forteresse, mon asile protecteur,
Mon recours dans la détresse, c’est Jésus, le Rédempteur.
Le Rocher du salut, qui a engendré Israël, oublié par son peuple
Le verset 15 de ce chapitre 32 du Deutéronome s’adresse à Israël qui se targuait d’être un peuple droit, juste, mais qui ne l’était pas. « Jeshurun » est une appellation poétique d’Israël ; celui-ci s’est engraissé, il a regimbé : « tu es devenu gras, gros, replet ; et il a abandonné le Dieu qui l’a fait, et il a méprisé le Rocher de son salut ».
Au verset 18, le peuple est fortement repris : « Tu as oublié le Rocher qui t’a engendré, et tu as mis en oubli le Dieu qui t’a enfanté ». Toutes sortes de châtiments sont envoyés contre eux : « J’accumulerai sur eux des maux ; j’épuiserai contre eux mes flèches » (v. 23). Leurs iniquités s’aggravent tellement que c’est leur Rocher qui va les « vendre » à l’ennemi (v. 30) ; Il va le « fortifier » contre eux (Jug. 3 : 12). La domination des ennemis sur les hommes d’Israël sera si grande qu’un seul en fera fuir mille d’entre eux, et deux, dix mille ! Leur lâcheté sera devenue telle que le bruit d’une feuille les poursuit et les faire fuir (Lev. 26 : 36) ! Le peuple de Dieu est sans force aucune si Dieu se doit d’être contre lui.
En revanche, s’Il est pour nous, « qui sera contre nous ? » (Rom. 8 : 29-31). Le « rocher » des ennemis - un rocher tout relatif - « n’est pas comme notre Rocher » (v. 31). Les ennemis du peuple de Dieu en ont fait l’expérience dans tous les temps. Moïse demande ici, avec ironie : « Où sont leurs dieux, le rocher en qui ils se confiaient » (v. 37 ; Jug. 5 : 7).
La suprématie de Dieu est indiscutable ; hors de Lui, tout n’est que sable mouvant ! « C’est moi, moi, le Même, et il n’y a point de dieu à côté de moi ; Moi, je tue, et moi, je fais vivre ; moi, je blesse, et moi, je guéris ; et il n’y a personne qui délivre de ma main » (v. 39).
L’ingratitude d’Israël et la réponse de l’Eternel
Le cantique que Moïse enseigne aux fils d’Israël ne comporte malheureusement pas qu’une seule strophe ! Le verset 5 contraste avec le thème général de cette première strophe qui célèbre la grandeur de Dieu. Le côté de l’homme infidèle et perverti doit être, hélas, envisagé dans la strophe suivante.
Les riches dons que Dieu a faits à son peuple l’ont conduit à s’engraisser lui-même (v. 15) ! Au lieu de s’attacher de plus en plus au « Rocher de son salut », et de veiller à lui offrir justement la graisse des agneaux et les libations attendues, de vin ou d’huile, Israël a abandonné l’Eternel ; il l’a méprisé, provoqué et finalement oublié, montrant l’étendue de son ingratitude.
Posons-nous sérieusement la question : Ne ressemblons-nous pas parfois à son peuple terrestre ? Nous nous « engraissons » aussi volontiers que lui avec l’abondance matérielle dont notre Père peut nous combler. Nous cherchons à faire prospérer nos propres affaires ici-bas, au lieu d’agir comme des économes et de rendre au Seigneur ce qui lui appartient ! Ne mettons pas notre confiance dans l’incertitude des richesses, mais dans le Dieu qui nous donne toutes choses richement pour en jouir (1 Tim. 6 : 17) !
Nous avons déjà vu à quel point Israël avait « perdu le conseil » : il n’y avait plus en lui d’intelligence. Si ces hommes avaient été sages, ils auraient considéré leur fin (v. 28-29). Demandons au Seigneur de nous aider à gérer avec sagesse Ses dons ; nous devrons Lui en « rendre compte » à son retour.
Dieu aura le dernier mot : Il exercera sa vengeance sur ses ennemis, restés longtemps impunis. En revanche, « Il pardonnera à sa terre, à son peuple » (v. 43).
Les enseignements de Moïse s’achèvent par un dernier appel à l’obéissance : « Appliquez votre cœur à toutes les paroles par lesquelles je rends témoignage parmi vous aujourd’hui, pour les commander à vos fils, afin qu’ils prennent garde à pratiquer toutes les paroles de cette loi » (v. 46). Le rôle parental capital est clairement affirmé. Il ne suffit pas d’avoir le désir sincère de voir nos enfants se tourner vers le Seigneur, il faut les y aider et d’abord par notre conduite !
On entend souvent, ici et là, des paroles vaines, inutiles. Ici, c’est tout le contraire. Il s’agit de notre vie. Moïse dit à ses auditeurs : « Vous prolongerez vos jours sur la terre - il est question de Canaan - où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de la posséder » (v. 47 ; Es. 55 : 3 ; Prov. 4 : 13 ; 7 : 2).
Certains jeunes pensent que pour « vivre leur vie » à leur gré, ils doivent s’affranchir de toute tutelle : « Ni Dieu ni maître », proclament-ils fièrement. Ces versets affirment, et notre petite expérience le confirme, que se plier au joug béni du Seigneur, c’est en fait saisir « ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6 : 19).
Ainsi prend fin cet admirable cantique : il commence et finit avec Dieu. Il résume toute l’histoire d’Israël, révèle les desseins de Dieu vis-à-vis de la descendance d’Abraham. Il annonce le jugement final de toutes ces nations qui ont agi, et agissent encore, pour s’opposer à Israël.
Quand le peuple élu sera restauré et béni, ceux qui sont sauvés dans les nations se réjouiront avec lui. Quelle gloire se dégage de tout ce que Dieu opère ainsi. En contemplant la perfection du plan que Dieu présente à nos âmes, on ne peut que s’écrier : Dieu est le Rocher, toute son œuvre est parfaite !
En ce même jour, l’Eternel commande à son fidèle serviteur de monter sur le mont Nebo. Moïse peut y contempler Canaan - « tout le pays » que Dieu allait donner en possession aux fils d’Israël (Deut. 34 : 1-4). Moïse meurt là et c’est Dieu lui-même qui va l’ensevelir (v. 5-6). Le gouvernement de Dieu est une chose solennelle ; mais on retrouve Moïse aux côtés du Seigneur sur la montagne de la transfiguration (Matt. 17 : 3).
Le service de Moïse envers son peuple bien-aimé était terminé. Il l’avait servi en servant d’abord son Dieu. Il fait partie de ces conducteurs qui nous ont annoncé la Parole de Dieu et dont il faut se souvenir (Héb. 13 : 7). Ainsi les serviteurs se succèdent, tandis que « Jésus-Christ est le Même, hier, et aujourd’hui, et éternellement » (Héb. 13 : 8).
Ph. L le 26. 07. 11