BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (22)
1.1 Un festin de noces pour le fils du roi (v. 1-2)
Dans ce chapitre, le Seigneur s’exprime à nouveau en paraboles. Il n’appartenait pas à la haine de l’homme de mettre un terme à son ministère. Rien ne pouvait le détourner de sa voie (Luc 13 : 32-33). Il présente une nouvelle parabole du royaume des cieux : celui-ci « a été fait semblable à un roi qui fit un festin de noces pour son fils » (v. 2). L’enseignement donné s’inscrit dans le cadre de celui du chapitre 13. Il n’est pas question de l’Eglise même si elle fait partie du Royaume, ni des noces de l’Agneau.
Celui auquel nous appartenons est le Centre des conseils de Dieu ; il n’est pas directement question de nous, chrétiens. L’épouse n’est pas mentionnée ici, ni dans la parabole des vierges (chap. 25), bien qu’elle soit dans la pensée de Dieu pour son Fils, dès le début de la Genèse (2 : 18, 24 21-22). L’Eglise est un « mystère tenu caché de tout temps en Dieu » qui sera révélé par Paul (Eph. 3 : 9).
Cette parabole est la neuvième de l’évangile : six se trouvent au chapitre 13 (sans compter celle du semeur), trois sont situées dans les chapitres 21 et 22, et trois autres aux chapitres 24 et 25 (le figuier, les vierges et les talents). Elles sont relatives au royaume de Dieu futur, mais leurs principes moraux ont cours actuellement car « le royaume des cieux, ce n’est pas manger et boire, mais justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14 : 17). Elles ont donc pour nous un caractère évangélique. Les trois présentement envisagées font ressortir la désobéissance, la méchanceté et l’incrédulité des responsables du peuple en présence du message de l’évangile.
1.2 Le refus des premiers invités et l’invitation générale (v. 3-10)
Au verset 3, des esclaves sont envoyés ; ce travail est confié à l’homme. Dans la scène parallèle de Luc 14, il est question d’un seul esclave, figure du Saint Esprit auquel il peut alors être dit : « Contrains les gens à entrer » (v. 23).
Il y a deux séquences dans les invitations :
- Ceux qui étaient invités sont d’abord conviés (v. 3-7) : c’est le peuple juif choisi par Dieu.
* Un premier refus devant les appels multipliés des prophètes (v. 3) correspond au rejet du Seigneur Jésus.
* D’autres esclaves sont envoyés annonçant que tout est prêt (v. 4) : c’est une allusion au sacrifice expiatoire de l’Agneau divin. On peut penser à la période de grâce, ouverte au peuple par la prédication des apôtres après la crucifixion, évoquée dans le livre des Actes jusqu’au chapitre 6. La réponse des Juifs est caractérisée par le martyre d’Etienne (chap. 7).
« Le roi... fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville » (v. 7). Cela a été historiquement réalisé lors de l’incendie de Jérusalem par Titus en 70. Le peuple romain n’a alors fait qu’accomplir la pensée de Dieu.
Le refus (v. 5-6) manifeste plusieurs caractères du peuple juif et de tout homme : l’indifférence et l’activité dans ce monde qui font que l’on ne tient pas compte de l’appel divin ; la violence et l’opposition ouverte à Dieu, par orgueil. Les versets 26-31 du chapitre 10 de l’épître aux Hébreux soulignent la responsabilité terrible de « celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu… et qui a outragé l’Esprit de grâce ». Il n’y a aucun espoir si l’on refuse la grâce de Dieu.
- Ceux qui sont invités ensuite (v. 8-10) : la grâce de Dieu se tourne alors vers les nations, en apparence encore moins dignes d’entrer que les premiers car dit l’apôtre : « Vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés de tout droit de cité en Israël… et étant sans Dieu dans le monde » (Eph. 2 : 11-12).
Les esclaves assemblent tous ceux qu’ils trouvent, « tant mauvais que bons » (v. 10) ; tous auront besoin de l’habit de noces. Tous sont des pécheurs perdus, bien que dans des conditions morales différentes selon l’appréciation humaine. Ils n’entreront dans la salle des noces qu’en vertu de la grâce infinie de Dieu. Il veut que Sa maison soit remplie ; c’est le but de Dieu, son propos d’amour qui doit s’accomplir malgré l’opposition et le dédain de l’homme.
1.3 L’invité sans l’habit de noces (v. 11-14)
Selon la coutume orientale, les invités se voyaient remettre une robe de noce. Celle-ci évoque la justice de Christ lui-même dont nous sommes revêtus (Gal. 3 : 27 par exemple). Celui qui n’a pas de robe de noce représente une profession religieuse sans état intérieur correspondant. Cette parabole nous fait penser à celle du « filet jeté dans la mer et rassemblant des poissons de toute sorte » (Matt. 13 : 47-50).
C’est seulement la robe donnée par le roi qui est valable et à son honneur. Ainsi dans la parabole de Luc 15, le père fait revêtir son fils de « la plus belle robe » (v. 22). Il s’agit aussi de l’appréciation de Dieu sur la justice dont Il revêt le croyant ; ce sont les « vêtements du salut… la robe de la justice » (Es. 61 : 10).
« Comment es-tu entré ici... ? » (v. 12). Il n’avait pas voulu accepter la robe qui lui avait été certainement proposée. Il faut l’accepter personnellement, se considérer comme des gens indignes qui doivent recevoir la grâce de Dieu.
La bouche de cet homme est fermée (Rom. 3 : 19), sa condamnation est aussi terrible que celle des premiers invités.
Trois questions-piège sont posées par les ennemis du Seigneur Jésus :
- la première (v. 16-22) concerne les taxes à payer et les relations avec les autorités
- la deuxième (v. 23-33) est au sujet la résurrection
- la troisième (v. 34-40) relève d’une question d’éthique et de loi
Le Seigneur, à son tour, pose une double question (v. 41-46) ; elle s’adresse à chacun personnellement et la réponse conditionne notre avenir éternel.
2.1 A qui payer le tribut ? (v. 15-22)
Les pharisiens, chefs religieux en rébellion contre le joug romain, connaissaient bien la Loi. Les hérodiens, hommes politiques du parti d’Hérode, collaborateurs des Romains, ne s’entendaient pas avec les pharisiens, mais ils s’unissent avec eux dans leur haine contre Jésus et leur volonté de « le prendre au piège dans ses paroles ». Ils enrobent leur question de flatteries (v. 16), dont ils ne croient pas un mot. Pourtant, ils ne disent que la vérité, car Jésus seul est vrai, il conduit au Dieu de vérité et dit toujours la vérité. Il n’est pas un homme pour mentir, comme, par exemple, Tertulle l’orateur quand il s’adresse à Félix (Act. 24 : 3). User de flatterie, de mensonge est d’un emploi courant dans le monde (Ps. 55 : 21 ; 1 Sam. 18 : 22). Mais si ces hommes se présentent d’une façon sournoise et ténébreuse, ils vont se trouver en face de celui qui est lumière, qui « prend les sages dans leurs ruses » (Job. 5 : 13).
Ils pouvaient être fiers de leur question : Faut-il payer l’impôt à César ou non ? Si Jésus répond oui, Il se met du côté de l’oppresseur et se compromet aux yeux du peuple. S’Il dit non, Il est condamné par la loi romaine comme rebelle. Mais sa réponse est la démonstration de sa grandeur. Les hommes méchants n’ont pas de prise sur Lui, ils sont pris à leur propre piège, eux « qui tendent des pièges à ceux qui reprennent à la porte » (Es. 29 : 21) ; sans doute auraient-ils aimé échapper à l’impôt romain et à cette domination qu’ils avaient en horreur mais sous laquelle ils s’étaient placés par leur propre désobéissance aux commandements de Dieu (Néh. 9 : 36-37) ! Par leur question, ils rappellent eux-mêmes qu’ils sont asservis et « imposés » par l’empereur, qui a son effigie sur toute la monnaie en circulation.
Jésus commence par dénoncer leur hypocrisie. Puis, Il demande à voir une pièce de monnaie, car Lui, le Créateur, n’a même pas un denier en poche. Tout au long de sa vie, Il a été Celui qui ne possédait rien ici-bas. Mais quand Il donne sa réponse, ces contradicteurs ont la bouche fermée. « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (v. 21). Il met les hommes devant leur double responsabilité : face au gouvernement humain et face à l’autorité divine. Souvent, les hommes ne citent en proverbe que la première partie de cette réponse. Mais les deux sont importantes :
- être honnête et payer ce qu’on doit, être soumis aux autorités (Rom. 13 : 1, 6-7), même injustes (une seule exception en Act. 5 : 29-30) ;
- être fidèle au Seigneur et Lui obéir (Rom. 12 : 1 ; 2 Cor. 8 : 5).
Les pharisiens fulminaient contre le Seigneur Jésus en prononçant leur paroles fielleuses mais lui, connaissait leur méchanceté. Attention à nos paroles car « il y a tel homme qui dit légèrement ce qui perce comme une épée » (Prov.12 : 18). Mais que dit David ? - « La parole n’est pas encore sur ma langue, que voilà, ô Eternel ! tu la connais toute entière » (Ps.139 : 4). Ces versets doivent nous faire réfléchir.
2.2 Question des sadducéens au sujet de la résurrection (v. 23-33)
Les sadducéens - pseudo-scientifiques incrédules - cherchaient à démontrer l’absurdité de la résurrection (Act. 23 : 8). Ils niaient la résurrection des corps et l’existence des anges. Ils ne croyaient que ce qu’ils voyaient. Ils ne reconnaissaient comme vrais que les cinq livres de Moïse. Mais, justement, le Seigneur Jésus leur ferme la bouche par un passage de l’Exode. Il met en évidence deux sources d’erreur : leur méconnaissance des Ecritures et leur ignorance de la puissance de Dieu.
Les sadducéens ont la prétention d’utiliser une parabole à la manière du Seigneur, mais c’est leur récit qui est ridicule et non la difficulté imaginaire qu’ils croient mettre en évidence. Le Seigneur leur répond avec fermeté : « N’avez-vous pas lu ce qui vous est dit par Dieu ? » (v. 31). Il saisit alors l’occasion d’enseigner sur un sujet touchant l’au-delà, soulevant ainsi un coin du voile en montrant que le mariage est une institution pour la terre mais qu’il n’a plus de raison d’être dans nos corps ressuscités. On peut connaître la Bible et même s’y référer (v. 24), mais en faire une application complètement erronée ; c’est ce que l’apôtre Pierre appelle « tordre les Ecritures » (2 Pier. 3 : 16).
Par Moïse, Dieu avait donné la loi du lévirat (Deut. 25 : 5) : une veuve sans enfant pouvait épouser son beau-frère, pour obtenir par son moyen une descendance afin que la propriété du mort reste dans la famille. C’est un des enseignements de l’histoire de Ruth, la Moabite et de Boaz, un ami de son père qui s’était acquis le droit de rachat. C’était montrer que l’héritage donné par Dieu avait du prix.
Que répond le Seigneur ? « Vous êtes dans l’erreur, vous ne connaissez pas les Ecritures ni la puissance de Dieu ; car, dans la résurrection, on ne se marie pas... » (v. 29-30). Dans le ciel, hommes et femmes seront « comme les anges ». Le Seigneur sera le centre de leurs pensées ; il n’y aura pas une nouvelle existence en couple et en famille. Ce sera une tout autre condition !
La citation du verset 32 montre qu’aux yeux de Dieu les morts n’ont pas cessé d’exister. Le Dieu vivant est (temps présent) le Dieu des vivants, (même s’ils sont actuellement morts pour la terre, comme Abraham, Isaac et Jacob). Ils ressusciteront tous. C’est un point capital du christianisme : d’abord la résurrection de Jésus Christ – « les prémices » - puis successivement celle de tout homme (1 Cor. 15 : 20-23), soit pour la vie éternelle, soit pour le jugement.
Comment ressusciteront les croyants ? Avec un corps spirituel, incorruptible, glorieux. Il gardera probablement son individualité puisque sur la montagne de la transfiguration Moïse était distinct d’Elie (Luc 9 : 31-33), mais il sera changé ; il sera d’une autre nature, n’obéissant plus aux lois physiques terrestres : « Nous porterons l’image du céleste » (1 Cor. 15 : 49-50). Après sa résurrection, le Seigneur avait un corps glorifié, pouvant traverser les murs. Il est un « Homme » glorifié dans le ciel, portant dans son corps la marque des clous, comme l’annonce le prophète : « On lui dira : Quelles sont ces blessures à tes mains ? » (Zach. 12 : 6).
« Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous », dit Paul aux croyants de Rome. Aussi attendons-nous avec une parfaite assurance « la délivrance de notre corps » (Rom. 8 : 11, 23). La relation que le croyant commence avec Christ sur la terre continuera dans l’éternité (Phil. 1 : 23), quand « nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » (1 Jean 3 : 2). Ainsi donc, avec joie et adoration nous pouvons être certains de la réalité de la résurrection !
« Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire… » (Phil. 3 : 21).
2.3 Les deux grands commandements (v. 34-40)
Les pharisiens ont vu comment le Seigneur a réduit au silence leurs adversaires, ce qu’ils n’avaient jamais pu faire eux-mêmes. Ils envoient un docteur de la Loi, pour le mettre à l’épreuve par une dernière question : « Quel est le grand commandement dans la Loi ? » (v. 36). A cet homme Jésus dit en Marc 12 : 34 : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu ». Mais avait-il un réel intérêt pour la loi de Dieu ? Les religieux à l’époque avaient répertorié 613 commandements et ils passaient leur temps à les classer, pour chercher les plus importants. Pourtant, dit Jacques 2 : 10, si on trébuche sur un seul point, on est coupable sur tous. Le Seigneur ne va pas répondre en citant un point du décalogue (Ex. 20 ou Deut. 5). Mais avec Deut. 6 : 5 et Lév. 19 : 18, Il cite « non la lettre mais l’esprit », et ces deux citations résument la Loi tout entière. On obéit à Dieu parce qu’on l’aime. La source de tout est dans le cœur. Avec l’évangile, on apprend qu’aimer Dieu, c’est obéir à sa Parole et c’est aimer son prochain, son voisin (Jac. 2 : 8 ; Rom. 13 : 9-10 ; Gal. 5 : 13-14 ; Matt. 19 : 19). Cette loi, Jésus seul a pu la réaliser en perfection sur la terre. Maintenant, elle a son application morale, elle n’est plus imposée de l’extérieur ; elle est « intériorisée » et elle a pour mobile l’amour pour le Seigneur. Aussi est-elle plus exigeante. Elle ne consiste plus à « aimer son prochain comme soi-même » (avec soi-même comme centre de référence), mais en un commandement nouveau. « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez- vous l’un l’autre » (Jean 13 : 34). Comment le Seigneur Jésus nous a-t-il aimés ? Non seulement en se faisant le serviteur de tous, mais en donnant sa vie pour nous sauver (1 Jean 3 : 16 ; 4 : 9-10). Il est ainsi un modèle pour chacun de nous.
2.4 Question de Jésus aux pharisiens (v. 41-46)
Jésus interroge maintenant lui-même les pharisiens : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il fils ? » (v. 42). Pour ces Juifs lettrés, la réponse est évidente : « De David » (v. 43).
Alors une nouvelle question, embarrassante, leur est posée par le Seigneur en leur rappelant le premier verset du Psaume 110. Si en parlant de Christ dans ce passage, « David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? » (v. 45).
Le Messie devait bien être de la descendance de David - « son fils » - selon les promesses qui lui avaient été faites. Mais les pharisiens auraient dû savoir qu’il serait d’origine divine. Le Psaume 110 le confirme : le Christ est Seigneur de David, sa séance à la droite de Dieu témoigne de sa nature divine. Après avoir été rejeté par les hommes, Il a été élevé dans la gloire et, lorsqu’Il reviendra exercer sa domination universelle, Il détruira ses ennemis.
La bouche des opposants de Jésus est fermée (v. 46). Seule la foi pouvait discerner en Lui « Jésus, qui est appelé Christ » (1 : 16). Les pharisiens ne veulent plus interroger le Seigneur, préférant rester dans leur ignorance et leur haine contre Lui. Bien des personnes adoptent, hélas, cette position. Elles continuent à raisonner, et à refuser de reconnaître leur véritable état en présence de la lumière divine en acceptant sa grâce offerte en Jésus. Laisser passer le « temps favorable… le jour du salut » comme Félix en Act. 24 : 25, c’est s’exposer à la perdition éternelle.
« Voici, c’est maintenant le temps favorable ; voici, c’est maintenant le jour du salut » (2 Cor. 6 : 2).