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             Christ sur la montagne, dans l’évangile de Matthieu

  Le sermon sur la montagne  (Matt. 5-7)
  « Sur la montagne, à l’écart, pour prier »  (Matt. 14 : 23)
  La montagne de la transfiguration  (Matt. 17 : 1-9)
  Sur la montagne des Oliviers (Matt. 24-25)
  Vers le mont Calvaire  (Matt. 26-27)
  « En Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d’aller » (Matt. 28 : 16-20)

 
            En parcourant l’Ancien Testament, nous trouvons six hommes dont la vie et le témoignage sont particulièrement liés à une montagne :
                        - Noé et la montagne d’Ararat (Gen. 6-9)
                        - Abraham à Morija (Gen. 22)
                        - Moïse au Sinaï (Ex. 19-40)
                        - Caleb et la montagne d’Hébron (Jos. 14, Jug. 1 : 10-15)
                        - David et le mont Sion (2 Sam. 5 : 6-10)
                        - Elie au Carmel (1 Rois 18).
 
            Tous ces hommes de Dieu, à côté de brillantes victoires, ont connu des « vallées » à la suite de leurs fautes et aussi de leurs défaites. Plus haute a été la montagne, plus profonde s’est avérée la vallée. Mais Dieu possède des ressources parfaites pour aider à affronter les moments les plus difficiles (Ezé. 3 : 22). N’en déplaise aux ennemis, Il n’est pas seulement un Dieu des montagnes ; Il est aussi celui  des vallées (1 Rois 20 : 23, 28).
            Après des moments heureux passés sur les hauteurs (Hab. 3 : 19), il est fréquent que nous ayons à suivre péniblement des vallées profondes - à chaque montagne correspond une vallée (Ps. 84 : 6). Les meilleures heures de la vie d’un chrétien ici-bas sont celles qu’il passe sur la montagne : c’est là, souvent dans la solitude, qu’il rencontre Dieu qui se révèle à lui. Ces moments  peuvent être plus ou moins longs, mais leur souvenir est gravé pour toujours dans son cœur. Nous sommes alors amenés à dire : « Combien sont aimables tes demeures, ô Eternel des armées ! Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Eternel ; mon cœur et ma chair crient après le Dieu vivant » (Ps. 84 : 1-2).
 
                    Je veux monter sur la montagne, c’est là que l’on rencontre Dieu ;
                    C’est là que la joie nous inonde et que pour nous s’ouvrent les cieux ;
                    Je veux laisser les joies du monde et me tenir tout près de Dieu ;
                    Je veux monter sur la montagne, c’est là que l’on est heureux.
 
            Le Seigneur était continuellement « en esprit » sur la montagne, et beaucoup plus haut encore : « Le fils de l’homme… est dans le ciel (Jean 3 : 13) ! Le premier Evangile, Matthieu, rappelle des scènes qui sont autant de moments « forts » durant son ministère sur la terre ; chacun correspond à un tournant important.
 
 
Le sermon sur la montagne  (Matt. 5-7)
 
            Celui qui parle est le Messie, le roi d’Israël. Son enseignement a été appelé la charte du royaume - ce sont les conditions que doivent remplir ceux qui deviendront ses « sujets ». Il y a d’abord les « béatitudes ». On peut les comparer à Gal. 5 : 22. Elles ne peuvent se réaliser qu’avec le secours de la puissance du Saint Esprit. Le mot « béni » est un des attributs de Dieu (1 Tim. 1 : 11). En se tenant séparé du mal, le chrétien joue sur la terre un  rôle comparable au sel qui préserve de la corruption. Il est aussi lumière, responsable de faire briller les caractères moraux de Dieu devant les hommes. Et cela est vrai d’abord à l’égard de ceux qui sont déjà dans la Maison.
            Il y a deux grands dangers : le boisseau, symbole d’une activité fébrile courante chez l’homme qui vit au niveau de la terre et s’y disperse, et le lit, celui de la paresse. Tous deux sont susceptibles d’éteindre tout le rayonnement que chaque enfant de Dieu doit avoir au milieu du monde pour Lui (Phil. 2 : 15).
            Parlant de la solennelle loi de Dieu, le Seigneur en donne une interprétation plus sévère encore. Cette loi, Il est venu l’accomplir (Matt. 5 : 17). Jésus met en évidence que les mauvaises « racines » qui sont en nous ont plus d’importance encore que les mauvaises actions elles-mêmes (5 : 19, 22, 28, 32, 34, 39, 44). Un cœur rebelle en secret est prêt à produire ouvertement toutes sortes de mauvaises choses (15 : 19).
            Pour être rendu capable de répondre à l’injonction du Seigneur : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (5 : 48), il faut que le Saint Esprit ne soit pas contristé et puisse agir librement en nous. L’amour, l’humilité, le renoncement, sont absolument absents dans l’esprit de ce monde. Certains chrétiens les réalisent, et c’est de leur part un puissant témoignage. Dieu veille sur eux et les délivre s’Il le juge bon, au moment opportun (Héb. 11 : 34, 37). Mais nous sommes humiliés en mesurant un peu mieux la distance qui nous sépare de Celui qui parlait avec l’autorité que lui conférait sa conduite parfaite (1 Pier. 2 : 22-23 ; Matt. 7 : 29).
 
            Le chapitre 6 s’intéresse particulièrement à l’état intérieur d’un citoyen du royaume des cieux. Les aumônes (v. 1-4), les prières (v. 5-15) et les jeûnes sont les trois principales actions par lesquelles les hommes pensent s’être acquittés de leurs « devoirs religieux ». Quand ces actes sont accomplis de manière à se faire remarquer d’autrui, la « considération » que nous en retirons tient lieu de récompense (v. 6, 2, 5, 16 ; Jean 5 : 44).
            Hélas, le cœur humain est si rusé qu’il se sert des meilleures choses pour se donner de l’importance. Les dons les plus généreux - pourvu qu’on les voie - peuvent aller de pair avec un égoïsme foncier. Ils doivent être faits « sous l’œil de Dieu et avec sa direction ». Les prières doivent avoir lieu dans le secret. La contrition peut être sur le visage, et le contentement de soi dans le cœur. Le jeûne doit correspondre à un exercice spirituel profond, sans être vu en public.
            Le Seigneur nous enseigne à prier. Prier n’a rien de « méritoire », c’est l’humble présentation de nos besoins à Dieu. On remarque d’ailleurs que c’est d’abord la gloire de Dieu, ses intérêts qu’un enfant de Dieu présentera s’il désire vraiment les voir se réaliser.
Suit une prière - appelée à tort « dominicale » (v. 9-13) - qui convenait parfaitement aux besoins du moment ; mais elle est devenue par la faute des hommes, dans la plupart des cas, une vaine redite. L’œil simple se porte sur un seul objet - pour le croyant, c’est Christ. Etre occupé de Lui et chercher simultanément à amasser les biens de la terre est incompatible. Personne ne peut servir deux maîtres (v. 24).
            Mais alors, pensera-t-on, ne va-t-on pas s’exposer à des privations ? Le Seigneur dit : « Ne soyez pas en souci …. » (v. 25, 34). Il y a dans la création des témoins constants de la sollicitude du Père céleste : les fleurs, les oiseaux… (Ps. 147 : 9). « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus… à chaque jour suffit sa peine » (v. 33-34).
 
            Au début du chapitre 7, le Seigneur met en garde contre la critique hypocrite des autres : je propose d’ôter le fétu dans l’œil de mon frère, sans voir la poutre qui est dans le mien (v. 3-4). Nous sommes aussi avertis de ne pas donner ce qui est saint, dans l’enseignement divin, aux chiens (des êtres vils) et à ne pas mettre des « perles » devant les porcs (des animaux impurs). Dans leur ignorance, ils pourraient tout piétiner et, se retournant, nous déchirer (v. 6). Dieu a en revanche de précieuses réponses pour ceux qui lui présentent des demandes. Ceux qui cherchent ou qui frappent à la porte ne le font pas en vain (v. 7-11).
            Jésus nous donne une règle d’or : « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, vous, faites-leur de même » (v. 12).  L’amour est toujours la réponse : ripostez par l’amour,  peut-on lire sur le mur d’une maison de retraite chrétienne. Demandons au Seigneur son secours pour le mettre en pratique.  
            Les versets 13 à 27 établissent une série de « contrastes » entre ce qui est juste et faux. Il y a deux portes, deux chemins ; ils ont des destinations totalement différentes : la vie éternelle ou la perdition (v. 13-14).
            Le Seigneur nous met en garde contre les faux prophètes, souvent « déguisés en brebis » (v. 15). Pour aider le croyant à les reconnaître, le Seigneur les compare à deux arbustes. Ils sont seulement capables de produire, l’un des épines, l’autre des chardons, et incapables de porter des raisins ou des figues ! « Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits » (v. 18). Il y a une vraie et une fausse profession chrétienne. Tous s’autorisent sans doute à dire : « Seigneur, Seigneur », qu’ils fassent ou non Sa volonté. Mais à ceux qui ne l’auront pas faite, Il répondra : « Je ne vous ai jamais connus » (v. 21, 23).
            Pour illustrer la différence entre ceux qui « mettent en pratique » et ceux qui se contentent simplement d’écouter d’une oreille distraite, le Seigneur se sert ensuite de l’image de deux bâtisseurs ; l’un est prudent et l’autre insensé. Aussitôt la question se pose : de quel côté sommes-nous ? Chacun bâtit une maison, mais les fondations sont bien différentes : l’une est sur le rocher (1 Cor. 3 : 11) et l’autre sur le sable. Il y a deux enseignements possibles : celui du Roi et celui des scribes. Les foules étaient frappées de l’enseignement de Jésus : le Roi parlait avec autorité – à la différence de leurs scribes.
        
            « Quand Il fut descendu de la montagne, de grandes foules le suivirent » (Matt. 8 : 1). Le service d’amour et de justice du Seigneur succède alors à son enseignement. « Lui-même a pris nos infirmités et a porté nos maladies ». Il a pris sur lui le péché qui en est la source. « Mais les pharisiens sortirent et tinrent conseil pour le faire mourir » (12 : 14). Le Roi et son royaume sont officiellement rejetés et Jésus commence à parler de sa mort et de sa résurrection. Il s’exprime désormais en public d’une manière cachée sur le royaume des cieux. Il s’adresse en paraboles à un peuple qui a volontairement fermé ses yeux et bouché ses oreilles.
            Apprenant la mort de Jean le Baptiseur, Jésus se retire en barque dans un lieu désert (14 : 13) ; cependant les foules Le suivent à pied. Il est « ému de compassion » ; cette expression revient, et seulement dans sa bouche, sept fois dans les Evangiles. Alors Il guérit une fois encore leurs infirmes. Le soir est venu et les disciples lui demandent de renvoyer tous les assistants. Il leur répond : « Vous, donnez-leur à manger » (v. 17). Puis Il associe en grâce, à son geste de bonté, leurs faibles ressources : cinq pains et deux poissons. Il accomplit alors un grand miracle : la première multiplication des pains (v. 18-21). Il doit ensuite contraindre ses disciples, grisés par l’accueil enthousiaste de la foule (Jean 6 : 17), à monter dans une nacelle et à le précéder à l’autre rive (v. 22). Lors de la première traversée du lac, Il était avec eux (Marc 4 : 35-41). Il dormait au fort de la tempête et devant leur angoisse, Il avait repris le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! ». Mais ici, les douze vont être encore plus profondément éprouvés : leur maître n’est pas avec eux. Durant une longue nuit - il est question de la quatrième veille - ils se tourmentent à ramer, le vent leur est contraire. Pourtant ce lac ne faisait guère plus de 12 km de large.
Or pendant ce temps, le Seigneur est monté sur une montagne pour prier. (Matt. 14 : 23 ; Marc 6 : 46).
 
 
« Sur la montagne, à l’écart, pour prier »  (Matt. 14 : 23)
 
            Le soir est venu. Jésus est là, à l’écart, pour s’adresser à son Père. Il a voulu avoir ce moment de solitude pour prier librement. Contemplons à distance notre Modèle, afin d’apprendre à l’imiter. La prière a occupé une place majeure durant tout son ministère. En deux autres occasions, la Parole précise qu’Il a passé « toute la nuit » à prier (Luc 6 : 12 ; Jean 7 : 52-8 : 1). C’est toujours le serviteur parfait, dépendant de son Père en toutes circonstances. Il ne se repose pas sur sa « propre » puissance, mais sur son Père qui l’a envoyé.
            Maintenant, remonté au ciel, Il s’occupe de ceux qui, en attendant son retour, affrontent la nuit orageuse de ce monde. Il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur (Héb. 7 : 25). Il connaît les dangers de ce chemin qu’Il a lui-même suivi et Il peut secourir « au moment opportun » ceux qui y marchent à sa suite.  
            Or, tout en priant, Il voyait ses disciples se tourmenter à ramer (Marc 6 : 48). Il vient donc à leur rencontre et par sa voix qui rassure, se fait aussitôt reconnaître : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur » (Matt. 14 : 27).
            Jésus visite ensuite les quartiers de Tyr et de Sidon et retourne encore vers son peuple avec le désir de le bénir. Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Il interroge ses disciples : « Qui dit-on que je suis ? ». Il demande ensuite : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ». Simon Pierre répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (16 : 13-16).
            Le moment de sa mort est maintenant tout proche : Il annonce à ses disciples qu’Il va monter à Jérusalem et y souffrir beaucoup de la part des anciens et des principaux sacrificateurs. Ensuite Il sera mis à mort et ressuscitera le troisième jour (v. 21). Mais auparavant Il va être « transfiguré », un des moments les plus extraordinaires durant sa vie ici-bas. Les trois Evangiles synoptiques en parlent et il est possible que Jean 1 : 14 y fasse allusion. Pierre en parle dans sa seconde épître : le souvenir de cette scène grandiose est resté très vivace dans son cœur (1 : 13-19).
 
 
La montagne de la transfiguration  (Matt. 17 : 1-9)
 
            Cette apparition en gloire du Seigneur fait suite à une promesse aux disciples : « En vérité, je vous le dis : quelques-uns de ceux qui sont ici présents ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16 : 28). Marc dit : « avant d’avoir vu le royaume de Dieu venu avec puissance » (9 : 1).
            « Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, puis les mène à l’écart sur une haute montagne» (17 : 1). Peut-être était-ce sur les flancs de l’Hermon, tout proche à ce moment-là de la petite troupe apostolique qui suivait le Seigneur.
            Ces trois disciples forment un cercle intime autour du Seigneur. Il les a choisis pour être témoins de moments exceptionnels, d’une haute signification. Ils ont été avec Lui au moment où Il a ressuscité la fille de Jaïrus (Marc 5 : 37-43. Ils vont ici voir Sa gloire (Matt. 17 : 1-8 ; Marc 9 : 2-8 ; Luc 9 : 28-36). Et peu après, ils assisteront, en se tenant à un jet de pierre, à son agonie morale dans le jardin de Gethsémané (Marc 14 : 33).
            Dans les deux dernières occasions, ils s’endorment. A Gethsémané, Jésus les trouve « endormis de tristesse », précise Luc (22 : 45). C’est une figure de l’état actuel d’Israël. Il est tombé dans un lourd sommeil au sujet des souffrances et de la gloire de son Messie. Un jour prochain, ils s’éveilleront (Zach. 12 : 10).
 
            C’est encore pour prier que Jésus est venu à l’écart (Luc 9 : 28-29). Il est transfiguré, alors qu’Il prie, et l’apparence de son visage devint tout autre  (Luc 9 : 29). Ce visage resplendit comme le soleil et ses vêtements deviennent blancs comme la lumière (Matt. 17 : 2). Les termes « transfiguré » ou « métamorphosé » traduisent le même mot dans l’original.
            Ils reconnaissent Moïse et Elie, qui apparaissent « en gloire », s’entretenant avec Jésus de Sa mort – ou de sa sortie – qu’il allait accomplir à Jérusalem (Luc 9 : 30-31). Ce sera aussi le thème de la louange au ciel.
            Les disciples s’étaient d’abord endormis pendant que Jésus priait. Ils se réveillent et sont « les témoins oculaires de sa majesté » (2 Pier. 1 : 17). Pierre fait une offre irréfléchie et aussitôt une nuée lumineuse les couvre, une voix sort de la nuée. Dieu veille à ce que Jésus ne soit pas mis au même rang que ses deux compagnons de gloire (Col. 1 : 18-19). « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le » (Matt. 17 : 5-6).  La Loi (Moïse) et les prophètes (Elie) ont pris fin : dorénavant Dieu parle « dans le Fils » (Héb. 1 : 2). Saisis d’une très grande peur, les disciples se jettent à terre, mais Jésus s’approche, les touche et dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur. Eux, levant les yeux, ne virent personne, sinon Jésus seul » (v. 7-8).
 
            Cette transfiguration est un prélude au moment où le Fils de l’homme viendra dans son royaume (Matt. 16 : 28). Pierre en donne plusieurs raisons (2 Pier. 1 : 13-19) :
                    - C’est un tableau de la puissance et de la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Ces trois disciples sont les témoins oculaires de Sa majesté. Dieu la leur montre clairement, afin qu’ils soient gardés « des fables ingénieusement imaginées » (v. 16).
                    - La parole prophétique est ainsi rendue « plus ferme » (v. 19). Elle brille dans un lieu obscur. La vision et la Voix qui sort de la nuée apportent la preuve que Christ est le Fils et le Messie.
                    - La transfiguration montre la relation qui existe entre la croix de Jésus et sa venue. Les disciples espéraient un royaume terrestre immédiat. La transfiguration a pour but d’éclairer leurs pensées. Les souffrances de Christ ont lieu premièrement et font place à Ses gloires.
                    - Les hommes ont osé cracher sur le visage qui brille ici comme le soleil, quand il luit dans sa force ! A la croix, au lieu d’une voix venue du ciel, il y eut un terrible silence. Les places occupées ici par Moïse et Elie l’ont été par deux brigands. Mais la gloire et la majesté de son règne comme le Roi des rois sont bien établies. Une espérance bénie est notre part. Nous serons changés et faits semblables à Lui.
 
 
Sur la montagne des Oliviers (Matt. 24-25)
 
            Dans la vallée où Jésus et ses disciples descendent ensuite, l’ambiance est tout autre. Durant la dernière semaine qui précède la croix, le Seigneur s’adresse à un auditoire restreint. Sur le mont des Oliviers et dans la chambre haute, c’est en présence des représentants du résidu pieux, des apôtres, appelés à être le « noyau » de l’Eglise, qu’Il parle d’abord de l’avenir prophétique et présente aussi les fondements du christianisme. Tous ces entretiens se sont achevés par une prière d’adieu.
            Jésus sort pour la dernière fois du temple et s’en éloigne. Alors les disciples cherchent à lui faire partager leur fierté au sujet des bâtiments du temple, qui semblaient capables de défier le temps. Mais Jésus leur répond qu’ils seront bientôt détruits : « Il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à terre » (v. 1-2).
            Les disciples lui demandent « en privé » de répondre à leurs questions. Jésus est alors assis sur le mont des Oliviers.  Il va leur exposer dans ces chapitres. 24 et 25 l’ordre dans lequel vont se succéder les événements prophétiques. Il répond aussi à leurs trois questions : Quand auront lieu ces choses ? (v. 15-28). Quel sera le signe de ta venue ? (v. 29-31). Quel est le signe de la consommation du siècle ? (v. 32-51).
            Toutefois Il s’adresse d’abord à leur conscience : « Prenez garde que personne ne vous séduise » (v. 4). Une vérité révélée doit avoir toujours sur nous son effet moral ! La crainte de Dieu et l’amour pour le Seigneur doivent augmenter. Faute de quoi seule notre « curiosité » est nourrie.
            Ils connaissaient le Père : Jésus le leur avait révélé (11 : 27). Mais ils n’étaient pas encore armés contre les antichrists (1 Jean 2 : 18) et leurs erreurs diverses. Ils avaient besoin - et nous aussi - d’être avertis au sujet de ce danger continuel. Ne nous laissons pas, nous non plus, troubler par ceux qui se présentent comme s’ils étaient « le Christ ». Veillons à ce que notre amour pour le Seigneur, et pour nos frères, ne se refroidisse pas !
            Les événements annoncés ensuite concernent Israël seulement. Ils auront tous lieu après l’enlèvement de l’Eglise. Mais pour montrer tout ce qui résulte de son rejet, le Seigneur s’adresse à ses disciples comme si leur propre génération allait traverser cette terrible période.
            Au moment où l’Antichrist séduira les nations, il souillera aussi le Temple (v. 15). Les Juifs fidèles seront persécutés (v. 16). Mais tous les vrais chrétiens de l’économie présente ne seront déjà plus sur la terre. Tous les avertissements et les encouragements donnés ici ne s’adressent donc pas directement à nous. Ces circonstances précéderont la venue en gloire du Seigneur (v. 30).
            Jésus sympathise profondément aux souffrances des fidèles à ce moment-là. Et Il estime que « ses amis » partagent son intérêt, sa sympathie (Jean 15 : 15). En parler ainsi à l’avance (v. 25) est de Sa part une marque de confiance et d’amour (comp. Gen. 18 : 17). C’est aussi pour nous une raison suffisante de chercher à comprendre les sujets de la prophétie. Elle est d’ailleurs une source d’exhortations profitables en tout temps à tous les témoins du Seigneur. En lisant ces expressions : persévérer (v. 13), prier (v. 20), veiller (v.42), retenons qu’elles doivent rester gravées dans nos cœurs.
            Le Seigneur interrompt son exposé prophétique (v. 32-51) pour exhorter les siens à la vigilance et à un service diligent. Le jugement va tomber subitement sur le monde. « C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts » (v.  44). Et au verset suivant, un précieux service est placé devant les serviteurs « fidèles et sages » que le Seigneur établit pour distribuer la nourriture autour d’eux (Act. 20 : 28 ; 1 Tim.1 : 12). Chers lecteurs chrétiens, nous sommes concernés !
            Parmi ceux qui se disent croyants, il y a de « méchants » esclaves qui ne croient pas au retour du Maître. Ils dominent durement sur les autres et cherchent à assouvir leurs convoitises dans le monde (1 Thes. 5 : 7) ; tandis qu’un esclave fidèle attend la venue du Seigneur d’un instant à l’autre (Ps. 130 : 6). Justement, la coutume orientale veut qu’un époux, arrivant de nuit au festin des noces, soit escorté par des jeunes filles, amies de l’épouse (Ps. 45 : 9,15). Le Seigneur doit être « attendu » de cette manière. Amis croyants, tenons donc nos lampes allumées ! Hélas, beaucoup de chrétiens se sont lassés d’attendre et se sont endormis, comme les vierges de la parabole (Matt. 25 : 4). Cependant, dans l’histoire de l’Eglise, un « réveil » a eu lieu. Un cri s’est fait entendre : « Le Seigneur vient, voici l’époux ! ».
            Il a fait apparaître une différence capitale. Les vierges prudentes avaient de l’huile dans leur lampe -  une figure du Saint Esprit ; à cet égard, les vrais croyants sont prêts pour la venue de l’Epoux. Mais d’autres, qui se parent indûment du titre de chrétien, ne sont pas en réalité sauvés. Ils n’ont pas été scellés du Saint Esprit. Le réveil sera terrible, la porte sera alors définitivement fermée (v. 11-12). Ce sera trop tard pour acheter « sans argent et sans prix » cette huile indispensable (Rom. 8 : 9b).
 
            Ensuite la parabole des talents présente le côté du service. Chaque croyant est responsable de faire fructifier ceux que le Seigneur lui a confiés, au lieu de les enfouir dans la terre, par égoïsme et paresse.
            Le Seigneur pourra-t-il nous faire entrer dans sa joie ? (Héb. 12 : 2). La fidélité - plus que l’importance des résultats – a du prix à Ses yeux !
 
            Avec le verset 31 du chapitre 25, le cours de la prophétie reprend. Pour son peuple, ce sera le moment si attendu de la venue du Seigneur pour le délivrer et régner en puissance sur tout l’univers. Pour les nations encore présentes sur la terre après les jugements d’Apocalypse 6 à 19, sonnera le jour des récompenses ou celui du châtiment (v. 32). Tout dépendra de la façon dont ils auront accueilli les ambassadeurs du Roi (ses frères – ici donc les Juifs : v. 40). Ont-ils vraiment reçu ceux qui leur annonçaient l’évangile du royaume ? (24 : 14).
            La déclaration du Roi est riche également en enseignements pour les chrétiens. Si le Seigneur était aujourd’hui sur la terre, avec quel empressement nous Le recevrions, cherchant à répondre à ses moindres désirs ! Or ces « occasions-là », nous les avons tous les jours. Les dons, l’hospitalité, les visites aux malades… tout ce que nous faisons par amour pour quelqu’un, c’est d’abord pour Lui que nous le faisons (comp. Jean 13 : 20 ; 1 Cor. 12 : 12). Mais ce qui n’est pas fait pour « un de ces plus petits qui sont ses frères », est en fait refusé au Seigneur !
 
 
Vers le mont Calvaire  (Matt. 26-27)
 
            Les événements vont maintenant se précipiter. Dans cet Evangile, le Seigneur en a fini avec ses enseignements. Il est reçu dans la maison de Simon le lépreux et y reçoit l’onction royale. Une scène de ténèbres suit immédiatement : Judas, qui a pourtant respiré, lui aussi, l’odeur du parfum, se rend coupable de son odieux forfait et reçoit des sacrificateurs son « salaire » : trente pièces d’argent, le prix d’un esclave (Zach. 11 : 13). Il ira bientôt se pendre.
            Jésus mange la dernière pâque avec ses disciples, avant d’être lui-même l’Agneau sacrifié (1 Cor. 5 : 7). Il institue la Cène qui rappellera pendant son absence l’œuvre accomplie.
            Les disciples assistent ensuite de loin au combat de Jésus à Gethsémané - où Il accepte de la main de son Père la coupe des souffrances (26 : 36-46).
            Judas arrive à la tête d’une troupe menaçante et Jésus se livre entre leurs mains (v. 50, 55). Il est conduit dans la maison du souverain sacrificateur, où scribes et anciens se sont réunis en pleine nuit pour accomplir une suprême injustice (Ps. 94 : 21).
            L’Homme parfait n’offre aucune prise à leurs accusations ; alors ils cherchent de faux témoins (v.59). La peine de mort est prononcée ; leur brutalité et leur lâcheté se donnent libre cours (v. 67-68).
            Devant Pilate (Matt. 27 : 2), Jésus se conduit « comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ». Accusé faussement, Il garde le silence (Es. 53 : 7 ; Matt. 27 : 12, 14 ; 26 : 63). Le gouverneur, surpris par cette réserve inhabituelle, a la conviction que c’est un juste : sa femme (v. 19) et sa conscience (v. 24) le lui disent aussi. Et pourtant, pour complaire aux juifs, il livre Jésus - après l’avoir fait fouetter - à cette foule déchaînée conduite par ses chefs impies. Pilate cherche à rejeter la responsabilité sur le peuple Juif ; celui-ci accepte les yeux fermés : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (v. 24-25). C’est vers le mont Calvaire que Jésus est alors conduit pour être crucifié. Il s’est Lui-même chargé de ce terrible fardeau du péché - que personne n’aurait pu prendre à sa place ! Il est crucifié entre deux malfaiteurs et ses bourreaux se partagent ses vêtements (27 : 35). Son accusation écrite est placée au-dessus de sa tête. En réalité, elle s’applique à ce peuple qui crucifie son roi.
            A travers le sobre langage de la Parole, on comprend qu’aucune forme de souffrances n’a été épargnée à ce bien-aimé Sauveur. Il endure certes des souffrances physiques, mais avant tout, morales. Des ennemis moqueurs l’injurient et sous l’impulsion de Satan, le mettent au défi de descendre de la croix et de se sauver lui-même (v. 42). Mais justement, Il y reste pour sauver les coupables. En raillant, ils osent ajouter : « Il s’est confié en Dieu, qu’Il le délivre maintenant s’il tient à lui, car il a dit : Je suis Fils de Dieu » (v. 43).
            Toutefois Sa plus grande souffrance est d’être abandonné de Dieu, durant les trois heures de ténèbres. Alors Son cœur infini, sous ce poids d’un moment,  porte l’éternité de notre châtiment ! Jésus est fait malédiction et Il expie devant Dieu les péchés de tous les croyants.
 
            L’œuvre de la rédemption est achevée, la victoire définitive remportée. Avec un puissant cri de triomphe : « C’est accompli », Christ rend l’esprit à son Père et entre dans la mort (v. 50). Dieu donne aussitôt des preuves tangibles de cette victoire. Il déchire le voile du temple depuis le haut jusqu’en bas. L’homme peut désormais entrer dans Sa présence avec une pleine liberté. Un grand tremblement de terre a lieu : les tombeaux s’ouvrent, beaucoup de corps des saints endormis ressuscitent. Et après Sa propre résurrection, ils entrent dans la ville sainte et apparaissent à plusieurs (v. 51-53).
            Dieu veille à l’honneur dû à son Fils : son corps est déposé dans le tombeau d’un homme riche qui, pieusement, s’occupe de sa sépulture (Es. 53 : 9). Les soldats, que les sacrificateurs ont envoyés au tombeau ainsi gardé et scellé, serviront uniquement à démontrer de façon plus éclatante la réalité de la résurrection deJésus !  A ce moment-là, un autre tremblement de terre a lieu : un ange du Seigneur descend, roule la pierre qui fermait le tombeau, et s’assied sur elle (Matt. 28 : 2). Aux femmes venues au sépulcre, il dit : « Pour vous, n’ayez pas peur ; je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici, car Il est ressuscité…. » (v. 5-7).
 
 
« En Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d’aller » (Matt. 28 : 16-20)
 
            Les onze disciples se rendent en Galilée sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d’aller (v. 16). Le voyant, ils lui rendent hommage… Alors Jésus s’approche et leur dit : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (v. 18- 20).
            Il leur donne donc leur ordre de route, une mission précise qu’Il fixe Lui-même. Toute cette autorité royale que l’homme lui a refusée, Dieu la lui a donnée dans le ciel et sur la terre. Tout lui sera bientôt soumis. En attendant, ses disciples ont la charge de faire connaître à tous les hommes la réalité de cette suprématie.
            Jésus fait encore une très précieuse promesse aux siens : celle d’être avec eux tous les jours ! Cette promesse suprême, toujours tenue, soutient notre foi au milieu même des épreuves les plus sévères.
 
                                                                       Ph. L    le 14. 06. 11