Edifier dans la maison de Dieu
Travailler ensemble à l’œuvre de Dieu
Responsabilité d’édifier avec de bons matériaux sur le fondement posé, Jésus Christ
« Nous sommes collaborateurs de Dieu ; vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.
Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement, et un autre édifie dessus ; mais que chacun considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, qui est Jésus Christ. Si quelqu’un édifie sur ce fondement de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’ouvrage de chacun sera mis en évidence, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu ; et ce qu’est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera. Si l’ouvrage que quelqu’un aura édifié dessus demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même sera sauvé, toutefois comme à travers le feu.
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes » (1 Cor. 3 : 9-19).
S’occuper de la prestance ou de l’éloquence d’un serviteur plus que de la valeur scripturaire de son enseignement est une forme d’enfantillage, fréquente hélas. Cette façon de se comporter montre que nous sommes encore « charnels » (1 Cor. 3 : 3). Nous en venons ainsi à recevoir la vérité seulement dans la mesure où celui qui la présente nous convient. Nous pouvons, hélas, aussi écouter un serviteur de Dieu avec, à son égard, un parti-pris tel que nous considérons d’emblée qu’il n’a rien à nous apporter !
Les Corinthiens, enfermés dans leurs jalousies et leurs querelles – deux fruits de la « chair » cités 4 fois ensemble dans le Nouveau Testament –, prétendaient suivre chacun le plus sage des docteurs, selon leur appréciation ; mais celle-ci était bien différente de celle des Béréens (Act. 17 : 11). Avec une telle attitude, ces croyants de Corinthe ne faisaient pas de progrès dans la connaissance de la vérité. Craignons beaucoup de leur ressembler !
Personne ne peut poser, pour la maison de Dieu, un autre fondement que celui qui a déjà été posé, savoir Jésus Christ ! Il a été posé à la croix et ensuite par l’envoi du Saint Esprit sur la terre. Paul, « selon la grâce de Dieu qui lui avait été donnée » et à laquelle il se réfère toujours (v. 10 a ; Rom. 1 : 5 ; 12 : 3), s’était comporté « comme un sage architecte » et il avait posé ce fondement à Corinthe (1 Cor. 2 : 2), comme partout où il annonçait l’évangile. Ensuite de nouveaux serviteurs - comme Apollos, et bien d’autres encore - ont été appelés à poursuivre cet ouvrage. L’apôtre évoque leur responsabilité. C’est une merveilleuse grâce de faire partie des « collaborateurs » de Dieu ! Il aurait pu faire seul tout le travail ou envoyer d’autres messagers, en particulier des anges.
Chacun de ses serviteurs parmi les hommes doit s’appliquer à travailler personnellement sous les ordres du Seigneur, là où il est placé. Il doit s’assurer de rester vraiment en communion avec Lui et être animé du même esprit d’humilité que Jean le Baptiseur : « Il faut que lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30). Personne n’est appelé à travailler avec ses propres forces, mais à se servir de celles que lui donne le Saint Esprit qui « habite en lui » (1 Cor. 1 : 18).
Le travail divin est comparé ici à un champ que Dieu cultive. Il le « laboure » et se sert de ses serviteurs - l’un plante de Sa part et l’autre arrose. Mais c’est Lui seul qui donne l’accroissement ! Le Seigneur Jésus se servait de ces images en se présentant à ses disciples comme le semeur et en les invitant à lever les yeux pour regarder les campagnes, déjà « blanches pour la moisson » (Matt. 13 : 3 ; Jean 4 : 35).
L’œuvre de Dieu est comparée à un édifice « en voie de construction » (Eph. 2 : 21-22), dont Christ est la maîtresse pierre d’angle, choisie, précieuse (1 Pier. 2 : 6). Toutes les pierres, parfois très grandes, sont retirées de la carrière de ce monde et alignées au fur et à mesure sur Lui, dans la maison de Dieu.
Or nous pouvons apporter des matériaux très divers sur ce « chantier ». Parmi les matériaux nobles, nous pouvons - par exemple - être appelé à présenter un aspect ou un autre de la vérité divine. On parlera de la justice de Dieu, figurée par l’or, ou de la rédemption typifiée par l’argent, ou encore on cherchera à mettre en valeur les gloires variées de Christ dont les pierres précieuses sont toutes des images.
Ces premiers apports de matériaux peuvent souvent se faire de façon discrète, sans sonner de la trompette comme Saül s’empressait de le faire (1 Sam. 13 : 3) ; cependant certains services ne peuvent rester cachés ; raison supplémentaire d’être gardé dans l’humilité.
Dieu seul peut « apprécier » de façon juste, chez les siens, la réalité de leurs affections ; leur dévouement à son égard peut prendre parfois des formes inattendues et s’exercer dans des situations étonnantes ! Ainsi, au chapitre 6 de Zacharie, trois voyageurs, Heldaï, Tobija, Jedahia - leurs noms signifient : « endurant », « l’Eternel est bon » et « Il sait » - se rendent à Jérusalem auprès de Joshua, au moment même où Zacharie est appelé par l’Eternel à placer des couronnes sur sa tête. Ce souverain sacrificateur est une figure du « Germe » ; c’est l’un des noms de Christ. Ces membres du résidu Lui apportent de la part des captifs à Babylone de l’or et de l’argent ! Ils ont pu, par pure grâce, préparer ce don dans un lieu bien surprenant, en terre d’exil (v. 10-14). Souvenons-nous aussi des saints en Macédoine : dans la persécution et une extrême pauvreté, quelle grande générosité ils ont manifesté (2 Cor. 8 : 1-5) !
Tout appartient à Christ, toutes les couronnes sont pour Lui. Il en décernera aussi plus tard à d’humbles fidèles qui L’ont honoré au moment où Il était l’Homme méprisé (v. 14). Serons-nous parmi ceux qui recevront ces couronnes et pourront les mettre à Ses pieds (Apoc. 4 : 10) ?
Ces « bons » matériaux, l’or, l’argent, les pierres précieuses, subsisteront pour l’éternité à la gloire de Celui qui nous les a confiés ! Mais l’Ecriture en cite d’autres : le bois, le foin, le chaume. Le caractère commun de ces derniers est de tenir beaucoup de place, et d’avoir ici-bas une grande apparence. Cependant leur durée est très limitée, ce qui n’empêche pas certains de les utiliser volontiers dans leur service. Ils prétendent participer par ce moyen à l’édification de la maison de Dieu. Or ces matériaux ne résisteront pas à l’épreuve ultime du feu.
Soyons sur nos gardes ! Tout ce qui est « charnel » et vient de l’homme, tout ce qu’il accepte venant du monde, peut rapidement « gâter » le travail que le Saint Esprit se plaît à opérer dans l’Assemblée. Une certaine partie, hélas, de ce que l’on appelle facilement « des œuvres pour le Seigneur », est en réalité le fruit d’une chair active en nous.
Toutefois, ne jugeons rien avant le temps (1 Cor. 4 : 5a). Nos regards s’arrêtent si aisément sur « l’apparence », sur ce qui frappe le regard au premier abord. Ainsi le prophète Samuel, un homme pieux, avait été envoyé pour oindre un nouveau roi sur Israël, à la place de Saül. Il voit le fils aîné d’Isaï, Eliab, et pense aussitôt : c’est certainement lui que l’Eternel a choisi ! Son apparence lui plaisait, comme celle de Saül pour le peuple d’Israël (1 Sam. 9 : 2 ; 10 : 23) ! Mais Samuel se méprend et l’Eternel le corrige. Celui que Dieu a choisi est « divinement beau », comme l’était pour Lui Moïse (Act. 7 : 20 ; 1 Sam. 16 : 12 : 13). Dieu « regarde au cœur » (1 Sam. 16 : 6-7).
Le jour venu, tous les rachetés seront « manifestés » devant le « tribunal de Dieu » (Rom. 14 : 10-12) - encore appelé le « tribunal de Christ » (2 Cor. 5 : 9-10). Les choses jusqu’alors cachées seront mises en lumière. Elles seront « éprouvées » et jugées au feu de la sainteté divine. Seuls les matériaux venant de Dieu supporteront l’épreuve, tandis que tout ce qui vient de l’homme sera détruit.
Alors seulement nous connaîtrons la « vraie » valeur de notre contribution à la construction de la maison de Dieu ! Et « chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail (v. 8) – ou « sa propre louange » (1 Cor. 4 : 5). Il est encourageant de se souvenir que Jésus dit : « Quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau fraîche à l’un de ces petits, en qualité de disciple, en vérité, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense » (Matt. 10 : 42).
En parlant d’une de ses servantes, Il dira : « Elle a fait une bonne œuvre envers moi… ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait » (Marc 14 : 6, 8).
Chacun s’est vu confier des « biens » par son Seigneur. Il a reçu « selon sa propre capacité » un certain nombre de talents à faire valoir pour Lui. Il est responsable de les faire fructifier. Serons-nous parmi ceux qui, approuvés pour leur bonne gestion, entreront dans Sa joie (Matt. 25 : 14-30) ?
Si l’ouvrage de quelqu’un demeure, il recevra une récompense. Si, au contraire, il vient à être consumé, il en éprouvera une perte. Il y a donc de « bons » et de « mauvais » ouvriers. Toutefois, si un vrai croyant n’a tristement rien apporté qui résiste au feu, il sera sauvé comme à travers le feu (v. 15). Il ne peut jamais perdre son salut !
On voit combien l’exhortation est importante : « Que chacun considère comment il édifie dessus » - sur Christ, le seul fondement immuable (v. 10 b). Quels sont nos vrais motifs, que recherchons-nous ? Est-ce bien la gloire de Dieu et le bien spirituel des hommes qui nous entourent ?
D’autres « mobiles » interviennent, plus ou moins dissimulés sous une grande activité. Nous pouvons rechercher la gloire qui vient de l’homme, avoir le désir d’acquérir une réputation ou d’obtenir la préséance au milieu de nos frères (Jean 5 : 44). Se pourrait-il que l’un ou l’autre d’entre nous soit mû, peut-être secrètement, par un esprit de parti (Phil. 1 : 15) ?
Jésus a donné aux siens un « test » pour les aider à se former une appréciation aussi juste que possible, eux qui ne peuvent pas lire les motifs du cœur : une activité, un service, apportent-ils de la bénédiction - ou au contraire, causent-ils du tort ? « C’est au fruit que se reconnaît l’arbre « bon » ou « mauvais » (Matt. 12 : 33). Dieu seul connaît les mobiles qui nous font agir : « Tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4 : 13).
L’apôtre Paul rappelle ensuite aux Corinthiens - et à tous les croyants - qu’ils forment déjà le temple de Dieu. Il s’agit encore d’un édifice en construction - jusqu’à la venue du Seigneur. A ce moment béni, attendu de chaque croyant, « il fera sortir la pierre de faîte avec des acclamations : Grâce, grâce sur elle » (Zach. 4 : 7). Mais les rachetés sont déjà aussi ensemble l’habitation de Dieu, son temple ! Le Saint Esprit n’habite pas seulement dans chaque racheté individuellement, mais aussi au milieu de l’Assemblée.
La caractéristique de ce temple, c’est en effet la présence de Dieu. Quiconque s’attaque à ce temple - et cherche en particulier à y répandre de fausses doctrines - recevra de Dieu un juste châtiment : il sera perdu pour l’éternité.
Il ne s’agit pas ici de « croyants charnels », même s’ils ont, eux aussi, causé du tort dans l’Eglise. Ce sont des faux-docteurs qui cherchent « volontairement » à répandre l’erreur là où règne l’immuable vérité divine. Ce ne sont pas des chrétiens. Il en est apparu un grand nombre, hélas, dans l’histoire de l’Eglise, au cours des siècles. Ils sont responsables d’immenses dégâts dans le temple de Dieu et envers les fidèles qui en font partie ; ceux-ci en ont beaucoup souffert. Le terme « détruit » est ici en contraste avec « sauvé ».
Chrétiens, n’oublions pas que le regard pénétrant du Seigneur se pose sur chacun de nous. Il regarde ce que nous apportons pour Dieu. Nous Le voyons dans l’évangile, assis en face du Trésor du temple et regardant comment la foule jette de la monnaie au Trésor. Plusieurs riches y jettent beaucoup ! Or une pauvre veuve s’approche avec une touchante obole, les quelques centimes qu’il lui restait pour vivre. Rafraîchi et ému par sa vive affection pour l’Eternel et pour sa Maison, le Seigneur s’adresse à ses disciples : « En vérité, je vous dis que cette veuve, pauvre, a jeté au Trésor plus que tous ceux qui y ont jeté ; car tous y ont jeté de leur superflu, mais celle-ci y a jeté de son dénuement, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » (Marc 12 : 41-44). Quelle offrande extraordinaire : cette femme montre, sans chercher à être vue des autres, tout son amour pour Dieu et, en même temps, sa totale confiance en Lui, pour subvenir à tous ses besoins !
Que discerne le Seigneur au moment où nous jetons « au Trésor » ? Que voit-Il dans notre for intérieur ? De l’indifférence - ou pire, des regrets de donner « ce qui est très petit » - ou au contraire les élans d’un cœur qui L’aime et réalise que tout en nous est à Lui. Qu’Il veuille ranimer en nous la vie, augmenter notre foi. Qu’Il nous aide à édifier dans sa Maison avec les matériaux que Lui-même fournit, en attendant le jour où toutes choses seront manifestées dans la pleine lumière : « Dieu amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Ecc. 12 : 14).
Ph. L. Le 08. 06. 11