Privilèges et faillite de la sacrificature
(Lévitique 10)
Le péché de Nadab et d'Abihu
La mise en garde des sacrificateurs contre le danger du vin et des boissons fortes
La nourriture des sacrificateurs
L'invitation à « manger le sacrifice pour le péché dans un lieu saint »
La mise en garde des sacrificateurs contre le danger du vin et des boissons fortes
La nourriture des sacrificateurs
L'invitation à « manger le sacrifice pour le péché dans un lieu saint »
La première partie du livre du Lévitique place devant nous, d'une façon ordonnée, les différents sacrifices prescrits par l'Eternel. Comme nous le savons, ces sacrifices présentent la plénitude de l'oeuvre de Christ sous tous ses aspects. Dans l'holocauste, nous le voyons comme s'offrant lui-même en bonne odeur à Dieu. Dans l'offrande de gâteau qui l'accompagnait, nous avons la vie parfaite du Seigneur manifestant celui qui était destiné à être l'holocauste. Dans le sacrifice de prospérités, nous avons la communion entre Dieu, ses sacrificateurs et le peuple. Les autres offrandes ne parlent ni de bonne odeur ni de communion, mais du besoin de l'homme, auquel Dieu a pourvu : le sacrifice pour le délit répond au délit et le sacrifice pour le péché au péché.
Puis le grand sacrificateur est introduit, dans ses vêtements de gloire et de beauté, et ses fils dans leurs vêtements de service. Ils étaient placés à côté de l'autel, et servaient dans les saintes choses de Dieu. Tout est selon Dieu : les sacrifices, les encensoirs ; et Dieu, par sa sainte présence, sanctionne le tout par le feu. Quel merveilleux spectacle ! Tout a lieu d'une façon conforme à la pensée de Dieu, tout lui est agréable.
Mais lorsque nous arrivons au chapitre 10 du Lévitique, quel contraste soudain et solennel ! Le feu semble descendre de la présence de Dieu pour consumer l'offrande en un instant, mais peu après, le feu descend du même lieu (nous ne disons pas le même feu), pour consumer, non pas l'offrande selon la pensée de Dieu, mais ces hommes qui servent à l'autel, en jugement, en discipline. Ils avaient osé ignorer l'ordre divin ou préféré lui substituer leurs propres pensées.
Nadab et Abihu n'ont pas péché en sacrifiant à des dieux étrangers. Il n'y a rien de comparable ici au veau d'or ; ils n'avaient pas l'intention de substituer autre chose au Dieu vivant. Il n'y avait pas quelque chose de mauvais dans le feu en question – c'était sans doute le feu qu'ils utilisaient pour des usages ordinaires ; mais ce n'était pas le feu que l'Eternel avait commandé, le feu qui avait été déjà allumé sur l'autel, le feu qui avait déjà consumé le sacrifice, et qui désormais était prêt à consumer l'encens et à le faire monte en odeur agréable à Dieu. C'était un feu étranger : l'Eternel ne l'avait pas commandé – quelque chose qui était ajouté à Parole de Dieu ou qui se substituait à celle-ci. C'était leur pensée personnelle : extérieurement tout semblait parfaitement juste. Quelle était la différence ? L'obéissance à Dieu. Il fallait reconnaître leur dépendance de Dieu ; d'où toute la différence entre une adoration acceptable devant lui et leur retranchement, sa main s'exerçant en discipline.
Que de fois nous voyons la faillite de l'homme se manifester rapidement quand Dieu a introduit quelque chose pour la bénédiction. S'Il fait entrer une personne comme Abraham dans le pays de Canaan, vite après, hélas, il descend en Egypte. S'Il fait sortir d'Egypte un peuple comme Israël et le fait chanter sur les bords de la Mer Rouge, très rapidement les murmures, l'incrédulité et la désobéissance se produisent !
Très vite dans le Nouveau Testament, le péché, la faillite et la désobéissance s'introduisent au milieu du peuple de Dieu. Ne sommes-nous pas enseignés, bien-aimés, à être beaucoup plus sur nos gardes contre de tels pièges ? Ne voyons-nous pas qu'il y a, dans chaque bénédiction dont nous jouissons, un danger consécutif à notre négligence, à notre propre volonté, à notre esprit d'indépendance ? Ces sacrificateurs avaient sans doute déjà joui de la bénédiction, du sentiment de la présence de Dieu, mais la jouissance des choses de Dieu semble bien avoir ouvert la voie à la négligence et au relâchement qui lui ont succédé. Ce n'est pas qu'il y ait quelque chose dans les choses de Dieu qui produise un tel résultat, mais ce sont nos coeurs trompeurs qui passent rapidement de la jouissance proprement dite au simple souvenir de la jouissance.
Nous avons un autre exemple de ce danger dans les jours de Gédéon. Après sa glorieuse victoire sur les Madianites et tous les ennemis de Dieu qui s'étaient présentés contre le peuple de l'Eternel, cet homme fait un éphod avec les anneaux d'or dont les autres s'étaient emparés (Jug. 8 : 27). Il prend plus que ce que Dieu lui avait donné. Après la victoire que Dieu lui avait accordée, Gédéon refuse la royauté qui lui était offerte, mais il ne sait pas refuser la sacrificature. Il fait son éphod avec l'or pris aux ennemis, ce qui devient un piège pour tout Israël – la bénédiction fait place à la faillite.
N'avons-nous pas besoin, chers frères, de nous souvenir constamment de ce que Dieu nous dit et de prendre garde afin de ne pas tomber dans la même faillite par négligence, par indifférence ou encore par notre propre volonté ? Nous aurons alors besoin d'être ramenés par sa discipline. Pourquoi ne pas marcher simplement avec Dieu, sous sa direction bénie, comme il l'a commandé ? C'est que cela implique d'obéir et de dépendre absolument de lui, et alors l'homme est mis de côté. On est tenté par le souvenir de la bénédiction, et puis on cherche à continuer, mais en comptant sur ses propres forces. On s'imagine pouvoir suivre ses propres voies ; mais Dieu doit intervenir et nous enseigner qu'il ne peut rien accepter en dehors de ses pensées personnelles. S'il a l'intention de nous bénir, c'est dans son chemin ; et pour que nos offrandes soient acceptées, elles doivent être celles qu'il nous a données, et nous devons les présenter de la manière qu'il a commandée.
L'encens évoque l'adoration et la louange. Il exprime la forme la plus élevée de relation avec Dieu. Elle est fondée, si elle est l'expression d'une vraie adoration, sur l'expiation ; c'est l'une des grandes pensées que nous trouvons ici. Or cette adoration n'était pas liée avec l'expiation, avec le feu de l'autel, mais avec un feu étranger qu'ils avaient eux-mêmes allumé et qui ne pouvait donc pas plaire à Dieu.
Peut-être pensons-nous que ce jugement de la part de Dieu, par le retranchement, semble avoir été trop sévère ? Dieu ne montre-t-il pas ainsi qu'il ne traite pas à la légère ce que nous, nous traitons ainsi. Il a une juste appréciation du péché. Si quelqu'un adore et le fait an se servant de ses propres forces, nous passons facilement par-dessus en disant : c'était une énergie charnelle ; les saints n'en ont pas joui, il n'y avait pas de fraîcheur, pas d'onction ; mais après tout, nous pensons que c'est sans grande importance ! Supposons que Dieu agisse maintenant à notre égard comme il le faisait alors : n'y aurait-il pas encore des Nadab et des Abihu à juger ? Dieu nous a donné des principes, il a fait connaître sa vérité. Sans doute il ne nous retranchera pas, comme il l'a fait pour ceux qui ont péché de la même manière - nous en voyons encore l'exemple solennel avec Ananias et Sapphira (Act. 5 : 1-11). Dieu n'agit pas envers nous de cette façon. Il nous donne sa vérité et nous montre son jugement du mal, et il nous laisse agir par la foi : il veut que nous nous laissions conduire par sa précieuse Parole.
Nadab et Abihu ont donc présenté un feu étranger à Dieu. Quelle différence avec Elie quand il était confronté aux prophètes de Baal auxquels il voulait montrer qui était le vrai Dieu (1 Rois 18 :19-39). Il dit à ces hommes qui ont bâti leur autel et y ont placé leur sacrifice, d'invoquer Baal ! Et ils le font jusqu'au coucher du soleil. Ils se font des incisions et ils crient : « Baal, réponds-nous ! ». Ils utilisent tous les moyens possibles et imaginables pour faire descendre le feu, mais c'est impossible. En contraste, regardez Elie s'approcher de Dieu. Y a-t-il de l'excitation dans son comportement ? Il s'approche au temps de l'offrande du soir et dit d'abord au peuple : « Remplissez d'eau quatre cruches, et versez-les sur l'holocauste et sur le bois... Et l'eau coula autour de l'autel ; et il remplit d'eau aussi le fossé ». Il y avait de l'eau partout – c'était le contraire du feu. Alors le feu naturel s'éteint ; il n'y a plus ce danger qui est représenté par l'énergie humaine. La réponse doit descendre de Dieu, et si Dieu ne décide pas de parler, l'homme ne peut rien. Elie se rejette entièrement sur Dieu, qui va parler pour lui-même. Le prophète s'approche simplement et dit : « Que ce peuple sache que toi, Eternel, tu es Dieu, et que tu as ramené leur coeur ». Quand il parle, Dieu répond avec son feu ; il n'y a pas besoin d'excitation, ni de grandes démonstrations de puissance, ni du déploiement d'une grande énergie. Ce n'est pas ce dont nous avons besoin. Répandons de l'eau sur tout ce qui est de la nature ; arrosons tout, et laissons la puissance de Dieu se manifester. Elle sera d'autant plus manifeste qu'il s'agit de sa puissance.
Il semble que ce soit précisément en relation avec cela que nous avons des instructions qui sont données ensuite dans le chapitre 10 du Lévitique.
La mise en garde des sacrificateurs contre le danger du vin et des boissons fortes (Lévitique 1O : 8-11)
Dieu dit à Aaron que lui et ses fils ne doivent boire ni vin ni boisson forte avant d'entrer dans le sanctuaire pour faire leur service ; ils doivent renoncer à toute excitation de la nature pour ne pas se tromper. Il ne doit rien y avoir de la sorte ; ils doivent être absolument sans stimulant, absolument faibles, sans secours, de sorte que tout soit manifestement de Dieu (Lév. 10 : 8-11). Dieu recommande dans l'épître adressée aux Ephésiens : « Ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l'Esprit » (Eph. 5 : 18). L'action du Saint Esprit est tout à l'opposé de l'excitation qui vient de la nature. Le peuple de Dieu n'a pas besoin d'excitation, de force humaine, mais du Saint Esprit qui habite en chacun des rachetés. Son ministère n'est pas entravé quand il n'y a rien qui vienne de la nature dans sa présence bénie. Dieu avertit qu'ils ne doivent pas prendre ni vin ni boisson forte avant de venir servir en sa présence. Tout doit être de Dieu.
Ces deux pensées semblent être liées. Plusieurs ont pensé que le péché de Nadab et Abihu était dû au fait qu'ils étaient sous l'emprise de la boisson forte, mais quoi qu'il en soit, il est significatif que ces deux choses soient présentées ensemble. Les sacrificateurs de Dieu doivent adorer par l'Esprit de Dieu. L'apôtre nous dit : « Nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n'avons pas confiance en la chair » (Phil. 3 : 3). Ce qui revient à dire : ne buvons ni vin ni boisson forte, rien qui soit de nature à exciter la chair, mais restons simplement dépendants de l'Esprit pour adorer Dieu.
Il y a dans la suite du chapitre 10 du Lévitique un contraste béni avec tout ceci. Dieu dit en quelque sorte : Maintenant que la propre volonté, l'indépendance de Dieu ont été jugées, que je vous ai dit ce que vous ne pouvez pas boire, je vais vous dire ce que vous pouvez manger.
Si nous n'avons pas besoin de stimulants, nous avons besoin de nourriture. Moïse dit à Aaron et à ses fils : « Prenez l'offrande de gâteau ». C'est ce qu'ils pouvaient manger (v.12-13). Vous ne pouvez boire de vin ni de boisson forte – ce qui vous excitera et vous ferait imaginer que vous êtes un peuple merveilleux, mais par contre vous pouvez manger de l'offrande de gâteau. Bien-aimés, il est précieux de penser que si Dieu nous retire d'une main ce qui nous enflerait d'orgueil, il nous donne de l'autre ce qui nourrit nos âmes, savoir Christ ! S'il vous faut laisser de côté ce qui est de la nature, par contre vous pourrez avoir Christ. Vous pouvez prendre l'offrande de gâteau ; c'est une vraie nourriture, ce n'est pas quelque chose de passager qui vous laissera plus faible, et même avec moins de force que vous n'en aviez avant, mais quelque chose qui nourrira votre être entier, vous édifiera et vous maintiendra en communion avec Dieu. Il avait dit que l'offrande de gâteau était la portion des sacrificateurs. Nous devons nous nourrir de Christ, du Seigneur lui-même. L'offrande de gâteau présente Christ dans sa parfaite humanité, sans péché, comme l'Homme qui a marché avec Dieu ici-bas – le pain de Dieu qui est descendu donner sa vie pour le monde. Celui qui était la fine fleur de farine, préparée par toutes les circonstances dans lesquelles il s'est trouvé, peut être le pain du peuple bien-aimé de Dieu – Christ dans sa vie est notre nourriture.
Mais il y a encore plus de nourriture pour nous : « Et vous mangerez la poitrine tournoyée et l'épaule élevée… » (Lév. 10 : 14). C'étaient des parties importantes de ces sacrifices de prospérités qui avaient été consumés sur l'autel. Elles étaient pour les sacrificateurs. La poitrine parle des affections de Christ ; l'épaule de la force et de la puissance de Christ ; il y avait, dans les vêtements de gloire et de beauté du grand sacrificateur, des pierres précieuses et des pierres d'onyx : les noms des enfants d'Israël étaient gravés sur ces dernières, placées sur ses épaules ; ces mêmes noms étaient aussi gravés sur les pierres précieuses qui se trouvaient sur le pectoral. Elles parlent du caractère immuable de Dieu, de sa gloire, et en relation avec cette gloire, comme gravés sur cette gloire, se trouvaient les noms des enfants de Dieu. Nous avons ici l'épaule du sacrifice – Dieu déclare que c'est la nourriture qui convient pour son peuple. La force éternelle qui soutient son peuple doit être leur nourriture ; cette force doit les soutenir dans sa toute-puissance. C'est la force du bon Berger, celui qui est sorti pour chercher et trouver la brebis perdue : et l'ayant trouvée, il la prend sur ses épaules et la ramène tout joyeux à la bergerie (Luc 15 : 4-6). Cette épaule parle de la force du Berger qui nous porte. C'est de cette force que nous tirons la nôtre ! Il n'y a donc rien dont nous pouvons nous glorifier en parlant de notre « soi-disant » force, qui n'est en fait que faiblesse méprisable. Mais par contre, bien-aimés, nous avons comme nourriture l'épaule du sacrifice, la toute-puissance de Christ : elle est notre force et notre soutien.
De plus nous avons la poitrine. Qui peut mesurer l'ampleur de l'amour de Christ ? En priant pour que les saints à Ephèse puissent connaître la hauteur et la profondeur et la longueur et la largeur de ces merveilleuses bénédictions qui étaient les leurs, l'apôtre Paul demande aussi qu'ils puissent connaître l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance (Eph. 3 : 18 -19). C'est quand on se nourrit des affections de Christ que l'on commence à connaître quelque chose de celles de Dieu. Le Fils qui demeure dans le sein du Père – le Fils qui connaît les affections du Père – le Fils qui a toujours été en communion avec le Père, dans toute sa vie, était l'objet de l'amour du Père. C'est ce Fils qui nous reçoit sur son sein, c'est-à-dire sur son coeur avec son amour pour nous nourrir, pour que nous y trouvions nos délices et soyons réjouis. Bien-aimés, quand nous sommes nourris de cet amour de Christ, nous pouvons saisir cette parole bénie : « En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima » (1 Jean 4 : 9). Quand notre seule occupation c'est cet amour de Christ, alors que nous ne méritons rien, nous sommes fortifiés pour être des sacrificateurs ; l'adoration en découle, car il y a alors de la force pour l'offrir !
Voilà donc la nourriture des sacrificateurs. N'est-ce pas une riche portion ? La Personne de Christ, sa toute-puissance, son amour éternel ! Frères, Dieu déclare que telle est notre portion ! Mais peut-être avez-vous bu du vin ou de la boisson forte et vous êtes étonnés que Dieu ne puisse pas accepter votre adoration ? Etes-vous surpris de la froideur de votre coeur ? Vous êtes-vous nourris du précieux blé moulu en fine fleur de farine, devenu du pain cuit au feu sur la poêle ? Le Seigneur Jésus Christ, ce blé finement moulu, le blé de Dieu – est-il votre nourriture ? Alors votre coeur sera plein de fraîcheur pour le Seigneur. Mais si vous ne vous êtes pas nourris de cette manière, si Christ n'a pas été par excellence votre aliment, comment vous étonner, bien-aimés, si votre adoration offre un caractère monotone ? Dieu peut-il y prendre plaisir, accepter vos prières et la louange que vous pensez lui offrir, si elles sont produites par votre propre énergie, par vos propres forces ?
L'âme doit se nourrir de Christ ; nous devons le connaître. Comment est-ce possible ? Seulement en apprenant de plus en plus au sujet de sa personne bénie, par sa Parole, et en étant en communion avec lui. Alors nous pouvons vraiment nous nourrir de l'offrande de gâteau et jouir de ses affections typifiées par la poitrine tournoyée. Nous réalisons aussi que nous sommes portés sur une épaule qui ne nous laissera jamais tomber. Que le Seigneur nous donne de nous nourrir de plus en plus de ce qui est notre portion de sacrificateurs !
Si nous agissions ainsi, il y aurait moins de feu étranger présenté à Dieu, moins d'attraction pour les plaisirs du monde. Le peuple de Dieu se tourne si souvent vers de tels plaisirs, en particulier les plus jeunes. Ils disent facilement : Nous devons bien chercher notre plaisir ! Comme si les choses de Dieu ne procuraient pas de plaisir ! La vie est trop éphémère pour que nous puissions la gaspiller, nous occuper d'autres choses que de Christ ! Beaucoup de choses, qui réclament beaucoup de temps, nous rendent absolument impropres à jouir des choses meilleures. Soupirons-nous après d'autres nourritures, comme le firent les Israélites dans le désert ? Ils semblaient penser essentiellement à tout ce qu'il y avait en Egypte – aux poireaux, à l'ail, aux oignons et aux pots de chair. Par contre, ils avaient perdu le goût de la manne. Ils l'appelaient : « ce pain misérable ». Il y avait pourtant une chose qu'ils oubliaient : c'était le terrible esclavage qu'ils avaient connu en Egypte. Moïse, lui, avait préféré l'opprobre de Christ aux richesses de l'Egypte (Héb. 11 : 26).
Il y a toutes sortes de plaisirs dans ce monde. Le vin et la boisson forte engendrent une certaine gaieté, mais quand les croyants regrettent les plaisirs de ce monde, ils oublient qu'ils ont été arrachés au jugement du monde. Ils oublient leurs gémissements, leur esclavage sous le joug du péché. Satan leur fait oublier ces choses et ils se souviennent seulement des plaisirs éphémères. Mais si nous nous souvenons des conditions de notre esclavage, de la frayeur, de l'anxiété dans lesquelles nous étions, alors au contraire nous oublions les plaisirs du monde ! Souvenons-nous que « celui qui veut être ami du monde est ennemi de Dieu » (Jac. 4 : 4). Si des jeunes chrétiens qui commencent juste leur carrière prétendent tirer le meilleur parti de leur vie, prendre « du bon temps », qu'ils se souviennent que le meilleur emploi de leur temps est de connaître le plus possible Christ, de se nourrir de sa poitrine et de son épaule. C'est quand vous jouissez de l'amour que vous êtes heureux ! Rien d'autre ne peut véritablement satisfaire nos coeurs. Si notre vie est occupée de l'amour de Christ, elle sera une joie constante, une adoration permanente aussi. En tant que sacrificateurs, Christ est la base de tout.
Nous venons de voir quelle était la nourriture personnelle du sacrificateur – l'offrande de gâteau, le poitrine tournoyée et l'épaule élevée, la personne de Christ, ses affections et sa puissance ; mais il a aussi une autre nourriture : c'est celle que nous trouvons dans la dernière partie du chapitre 10 du Lévitique.
Moïse cherche la chair du sacrifice pour le péché et découvre qu'on l'a brûlée au lieu de l'avoir mangée. Le sacrifice pour le péché générique ou principal, celui dont le sang était amené à l'intérieur du voile, était toujours brûlé hors du camp, au grand jour des expiations, comme on le voit au chapitre 16 du Lévitique. Mais quand le sacrifice pour le péché n'était pas brûlé hors du camp, le sacrificateur devait le manger. C'était, bien sûr, tout différent du sacrifice de prospérités. Le sacrifice de prospérités parle de communion, le sacrifice pour le péché de jugement du péché.
Dans un sens, le croyant n'a rien à faire avec le péché ; de la manière la plus bénie, l'Agneau de Dieu l'a ôté ; « mais maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par son sacrifice » (Héb. 9 : 26). Il n'est plus question de mon péché, ni du péché de mon frère. Nous regardons au loin, « hors du camp », là où le feu de Dieu brûlait, et nous voyons nos péchés jugés sur notre Substitut quand il les a portés sur la croix ; nous n'avons dans ce sens plus rien à faire avec eux ; ils ont été éloignés pourtoujours. Mais, dans un autre sens, nous devons nous occuper du mal, du péché, quand il se manifeste. C'est une des chargessacerdotales. Il y a deux façons d'être occupé du péché : d'une manière en quelque sorte naturelle et à la manière de Dieu. La manière naturelle, c'est de se nourrir volontiers de ce qui est impur; et, chers frères, c'est ce qu'aime la chair ; comme le corbeau qui, sorti de l'arche, a trouvé quelque chose pour se nourrir, des choses impures flottantes sur les eaux alentour. Par contre, la colombe, n'a rien trouvé à manger sur cette scène désolée, elle a dû revenir dans l'arche pour trouver quelque chose qui convienne à ses besoins personnels. La chair trouve naturellement ses délices dans le mal. Et il ne s'agit pas seulement de la chair des incrédules, mais aussi de celle qui est encore en vous et en moi, pourtant rachetés – elle aime à être occupée du péché ! Quelle chose humiliante, bien-aimés, de savoir que nous sommes naturellement occupés du mal, de quelque chose qui n'est pas Christ, de quelque chose qui met Christ decôté, si nous ne veillons pas, si nous ne nousjugeonspas. Si je m'occupe de mon frère sans être en communion avec Dieu, mon coeur ne sera pas occupé par le bien qui se trouve en mon frère ; je ne me réjouirai pas de sa foi en Christ. Si je ne marche pas en communion avec Dieu, lorsque je pense à mon frère, je suis porté à penser à son péché, à ses inconséquences, à ses manquements. L'Esprit de Dieu nous met en garde contre cela.
Il est nécessaire que nous soyons avertis à ce sujet. S'il y a une chose à laquelle nous, les enfants de Dieu, sommes vraiment exposés dans nos relations les uns avec les autres, c'est bien à l'occupation du mal dans nos frères. Satan voit le mal et le rapporte à Dieu, bien que, heureusement, il ne soit pas écouté ! Et nous, nous pouvons voir aussi très facilement le mal. Nous remarquons en quoi la foi de notre frère fait défaut, nous voyons s'il trébuche. Ce n'est pas le signe d'un grand discernement spirituel ; et c'est une chose très facile, quand je vois mon frère pécher, d'aller vers mon voisin et de le lui dire. Pensez-vous faire une chose exceptionnelle quand vous parlez du péché de votre frère ? N'importe qui peut voir les manquements ; et c'est la chose la plus facile, la plus naturelle si nous ne marchons pas avec Dieu et ne nous jugeons pas, de nous occuper ainsi du péché de notre frère. Savez-vous ce que la Parole en dit ? C'est de la médisance. Mais, dites-vous, c'est la vérité, il a vraiment fait telle et telle chose ; je ne dis que la vérité. Peut être, mais c'est de la médisance. C'est parler du mal sans être en communion avec Dieu. Pensez-vous que par médisance il faut entendre mensonge ? Médire d'un frère ne signifie pas mentir à son sujet (ce qui est de la calomnie) ; tout ce que vous pouvez dire peut être parfaitement vrai, mais c'est le motif qui ne convient pas. Est-ce simplement pour blesser cette personne ou y a-t-il un vrai désir d'agir en tant que sacrificateur, d'agir en communion avec Dieu, au sujet du manquement de mon frère et de son péché ?
Frères, quand nous y pensons, que de choses impures ! Combien peut-être, dans un rassemblement d'enfants de Dieu, de bruits qui courent, de conversations secrètes concernant ce qui n'est pas le bien ! De telles choses ne correspondent pas à ce que l'apôtre recommande en Philippiens 4 : 8-9 : « Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, - s'il y a quelque vertu et quelque louange, - que ces choses occupent vos pensées ». C'est être occupé du bien qui est dans l'autre, de ce qui évoque Christ dans nos frères. Dans la même épître, on voit, au chapitre 3, un homme qui oublie les choses qui sont derrière et qui tend vers celles qui sont devant, pour obtenir le prix : Christ lui-même.
Mais n'est-ce pas une chose courante : vous et moi sommes plus souvent nourris du péché que du sacrifice pour le péché ? Ne sommes-nous pas nourris comme ces oiseaux de proie impurs desquels Dieu nous met en garde au chapitre suivant (Lév. 11) ? N'est-il pas facile de se nourrir de ces rapaces qui aiment la charogne ? Je suis certain que nous avons besoin d'être avertis de ne pas être occupés des manquements et du péché chez notre frère, de façon simplement naturelle. Nous savons bien que c'est une chose que nous devons désapprouver, combattre, juger comme étant un péché : « Le vent du nord enfante les averses ; et les visages indignés, une langue qui médit en secret » (Prov. 25 : 23).
Si quelqu'un vient murmurer à notre oreille quelque chose qui n'est que du péché et non le sacrifice pour le péché, reprenons-le. Mais ce n'est qu'un côté des choses : l'autre danger est d'être complètement indifférent au péché et aux manquements chez l'autre. C'est marcher simplement dans la négligence et dire : Le Seigneur l'aime et il s'occupera de lui ; je sais qu'il y a plusieurs choses qui ne conviennent pas chez lui, mais nous jouirons de la communion ensemble autant que faire se peut. Prenons garde alors à ne pas oublier que nous ne pouvons pas jouir de la communion avec Christ aussi longtemps que n'avons pas jugé le péché en nous !
Si nous devons présenter de l'encens à Dieu, jouir de l'adoration, nous nourrir des choses précieuses de Christ et les partager les uns avec les autres, il est absolument nécessaire que nous nous occupions du mal qui se présente à nous, mais nous devons le faire d'une manière qui soit selon Dieu. Quelle est cette manière ? C'est manger le sacrifice pour le péché. Christ est le sacrifice pour le péché (là, ce n'est pas une odeur agréable à Dieu, s'offrant en parfaite consécration à lui), mais dans sa mort, sous le jugement de Dieu contre le péché, rappelant l'horreur divine du péché (du péché du croyant, comme de tout péché).
En mangeant ce sacrifice pour le péché, nous avons le péché du croyant en relation avec Christ. Nous pouvons manger le sacrifice pour le péché, car nous pouvons nous occuper du péché quand nous le mettons en relation avec Christ. En Jean 13, le Seigneur est occupé des manquements de ses disciples et il se ceint pour laver leurs pieds. « Si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi », dit-il. Sans cela, personne ne peut reposer sa tête sur son sein – ce qui était la place de Jean, mais aussi la nôtre. Son sein est assez large pour nous tous. Nous ne pouvons pas jouir d'une libre communion avec lui à moins qu'il ne s'occupe, comme notre Avocat, de nos manquements. Il applique sa précieuse Parole pour nous les montrer.
Souvent, hélas, « s'occuper du péché » est en contraste avec « s'occuper de Christ ». Mais si je m'occupe du péché de mon frère en communion avec Christ, je suis en sûreté. C'est peut-être une triste charge, une charge amère, mais, s'il y a du péché, je dois m'en occuper, mais seulement avec Christ. Quelle différence alors, car si je suis avec Christ, je suis ma face contre terre et je réalise mes propres manquements, mon néant. Ce ne sera pas : « O Dieu, je te rends grâces… » (Luc 18 : 11) ; nous ne nous réjouissons pas de ne pas être tombés dans telle ou telle faute, mais nous réalisons que nous sommes tout aussi capables de pécher que notre frère.
Si nous réalisons une vraie communion avec Christ, notre but sera d'aider notre frère qui a commis une faute. Le Seigneur dit : « Si donc moi, le seigneur et le maître, j'ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13 : 14). Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces : ici, il nous est en exemple pour nous occuper du mal, seulement en communion avec lui. Mais, frères, quel exercice cela implique de considérer le péché dans la présence du Seigneur et de le lui confesser ! C'est une chose très facile d'aller et de rapporter une chose scandaleuse à l'oreille d'un frère, et de trouver une oreille attentive ; mais il n'y a pas de joie à prendre ce péché, à en parler au Seigneur. C'est une chose humiliante. Et quand nous le faisons, le Seigneur lui-même nous rappelle peut-être des choses similaires en nous-mêmes, et nous découvrons que cela appelle plus encore le jugement de soi que de jugement de son frère. La première chose requise pour s'occuper du péché de manière sacerdotale est de le faire dans la présence du Seigneur – ce doit être fait en communion avec lui. Sinon, ce sera en communion avec Satan : nous serons en communion avec l'accusateur des frères ; quel en sera alors le résultat ? Il y aura des murmures, puis des ressentiments, des luttes. N'y a-t-il pas des ressentiments au milieu du peuple de Dieu ? La chair n'agit-elle pas ? Ces choses qui parlent de l'oeuvre du mal – qui s'occupent du péché de la mauvaise manière. Prenez tout le mal et murmurez-le dans l'oreille du Seigneur : il n'y aura pas de ressentiments.
Il y a une pensée complémentaire quant à se nourrir du sacrifice pour le péché – c'est se nourrir de ce qui a ôté le péché. Le sacrifice pour le péché est une figure de ce qui a effacé pour toujours nos péchés. Mais, frères, pensez à la puissance qui en découle si on vient devant le Seigneur, non seulement pour avoir communion avec lui au sujet du péché, mais parce qu'il a lui-même ôté le péché, parce que le péché a déjà été jugé sur sa personne bénie, de sorte qu'il a été ôté pour toujours de devant Dieu. Voilà qui nous laisse libres – nous nous occupons d'une personne justifiée, d'une personne entièrement purifiée quant à sa position devant Dieu ; nous réalisons la solennité de notre démarche vis-à-vis de cette personne, tout en étant fermes, quand nous avons été devant le Seigneur et si nous avons réalisé qu'il s'agit de son bien-aimé purifié de tout péché. Combien cela nous donne envie de le débarrasser de ce péché-là ! Il n'y aura pas de crainte. Que de crainte souvent dans nos relations les uns avec les autres ! Nous pensons que nous allons blesser notre frère. Comment pourrons-nous le blesser si nous nous nourrissons ensemble de ce qui est le témoignage que le péché a été jugé et ôté en Christ ? Nous aurons communion avec Christ à son sujet, et notre désir sera alors que notre bien-aimé frère ou soeur juge ce péché et qu'il en soit vraiment délivré.
Frères, est-ce que je n'exprime pas notre pensée en disant qu'il n'y a rien qui souille plus que de s'occuper du mal ? Combien alors la louange languit ! Au lieu d'une douce adoration semblable à l'encens s'élevant en odeur agréable, il y a la stérilité, la mort, la contestation ou le vin et la boisson forte. Cela ne révèle-t-il pas que nous n'avons pas mangé du sacrifice -ni du sacrifice pour le péché, ni du sacrifice de prospérités- et qu'au contraire, hélas, nous avons eu recours au vin ? Peut-être y a-t-il du feu étranger parce nous avons négligé de juger en nous-mêmes ou chez d'autres, le mal que Dieu hait et avec lequel il ne peut s'associer. Pensez à avoir communion avec lui à ce sujet, le mal devenant un moyen de communion avec Dieu. Pensez à vous nourrir de ce qui a ôté le péché, ayant ainsi communion avec Christ au sujet du péché pour être avec lui pour vous en occuper ; alors il y aura de la puissance, la seule sorte de puissance qu'il peut y avoir en s'en occupant.
Que le Seigneur donne à ses bien-aimés de comprendre leur position de sacrificateurs, leur liberté dans l'adoration, de voir qu'ils peuvent en avoir fini avec tout ce qui est de la nature, et jouir ainsi de la nourriture pour leurs âmes. Cette nourriture, Christ, nous voudrons aussi la partager avec d'autres, comme les espions qui étaient entrés dans le pays et avaient ramené une belle grappe de raisin (Nom. 13 : 24, 27). Où que nous allions dans notre héritage, par l'Esprit de Dieu, pour avoir part aux riches dons de Christ, nous aurons aussi toujours le désir de les communiquer à d'autres ; c'est notre sécurité pour le service que d'être toujours occupés de ces précieuses choses de Christ.
Si le mal apparaît, il faut dans un sens s'en occuper, mais nous ne devrions jamais le faire sans vraiment jouir de l'oeuvre précieuse qui l'a ôté pour toujours, et qui nous donne la puissance pour le faire, en amour comme en sainteté, jusqu'à ce qu'il soit pratiquement ôté du milieu du bien-aimé peuple de Dieu.
D'après une méditation de Samuel RIDOUT
Pour toute souillure
C'est toi qui te ceins,
Et lavant d'eau pure
Les pieds de tes saints,
Tu dis au fidèle :
« Sois l'imitateur
Du parfait Modèle,
Du vrai Serviteur ».