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NOTES SUR LE LIVRE DU PROPHETE ESAIE (4)
 
 
 
B – LE JUGEMENT DES NATIONS
 
 
               Nous abordons maintenant la seconde partie du livre du prophète Esaïe. Dans les douze premiers chapitres, comme nous l'avons vu, c'est Israël qui se trouve au premier plan ; dans la seconde partie, ce sont les nations qui sont à l'avant-scène. Les unes et les autres, et chacune en son temps, auront affaire au gouvernement de Dieu, auquel nul ne peut échapper. Les hommes et les nations, tôt ou tard, devront rencontrer, en jugement, Celui dont les séraphins proclamaient la sainteté.
            Ce gouvernement s'occupe toujours en premier lieu de ceux qui sont le plus près de Dieu, de ceux qui sont les plus privilégiés. C'est pourquoi Esaïe commence par Israël, ensuite il prononce des oracles sur les nations qui ont été en contact avec ce peuple et, enfin, ces oracles s'étendent à toutes les nations. « L'Eternel des armées a pris ce conseil, et qui l'annulera ? Et sa main est étendue, et qui la lui fera retirer ? » (14 : 26-27). S'il commence ainsi avec son peuple, qu'en sera-t-il de ses ennemis ? Si le juste est sauvé difficilement, où paraîtront l'impie et le pécheur ? Questions solennelles, qui s'adressent maintenant, d'une manière particulière, à la chrétienté.
 
            Remarquons encore que cette seconde partie du livre se termine par un cantique, comme la première. Si Dieu va châtier les nations, le dessein qui est au fond de son coeur à leur égard, c'est de les bénir, à la fin, avec son peuple, lorsque sera venu celui qui est l'objet du désir de toutes les nations. Que réclament-elles, et après quoi soupirent-elles aujourd'hui, plus que jamais, si ce n'est après la venue d'un homme puissant qui apportera partout la justice, la paix, l'abondance et la joie ? L'incrédule ne regarde que vers la terre et ne voit jamais venir le libérateur. La foi regarde en haut, et voit là, dans les cieux, Celui qui est déjà venu il y a deux mille ans, mais que le monde a rejeté alors et qui reviendra bientôt en gloire et en puissance.
            Dans l'attente de son retour, la parole prophétique nous fait savoir à l'avance quels sont les événements devant se dérouler pour aboutir à l'établissement de son règne, après l'anéantissement de ses ennemis. Des événements qui se sont déroulés dans le passé peuvent avoir été un accomplissement partiel de quelques prophéties : par exemple, la destruction de l'Assyrien devant Jérusalem sous le règne d'Ezéchias ; toutefois la prophétie dirige nos regards vers les temps de la fin et de la consommation du siècle qui aboutissent à l'exaltation de Christ et à son règne. Ce règne s'établira non seulement sur la terre d'Israël, comme les Juifs l'attendent, mais il s'étendra aussi sur tout l'univers.
 
 
 
               1- Babylone : chapitres 13 à 14 : 23
 
                                   1.1 L'oracle sur Babylone (13 : 1-22)
 
                        La première cité sur laquelle l'Eternel fait prononcer ses oracles est Babylone, la ville de Nebucadnetsar, cette ville que, dans son orgueil, celui-ci avait bâtie par la puissance de sa force pour être la maison de son royaume et la gloire de sa magnificence (Dan. 4 : 30). Ville remplie d'idoles et dans laquelle ce monarque avait apporté les vases sacrés tirés du temple de l'Eternel, à Jérusalem. C'est aussi dans cette ville qu'il avait emmené les captifs de Sion, bien loin du lieu où l'Eternel avait mis son nom. Dans leur douloureux exil, ils disaient : « Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion. Aux saules qui étaient au milieu d'elle, nous avons suspendu nos harpes. Car là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient des cantiques, et ceux qui nous faisaient gémir, de la joie : Chantez-nous un des cantiques de Sion. Comment chanterions-nous un cantique de l'Eternel sur un sol étranger ? Si je t'oublie, ô Jérusalem, que ma droite s'oublie ! Que ma langue s'attache à mon palais si je ne me souviens de toi, si je n'élève Jérusalem au-dessus de la première de mes joies ! » (Ps. 137).
 
                        L'Eternel pourrait-il oublier la dévastation de la ville où Il avait mis son nom et la violence faite à son peuple qu'Il avait racheté ? Pourrait-Il être sourd à la prière et aux larmes de son peuple ? Les accents de détresse exprimés par les fidèles dans le psaume que nous venons de citer pourraient-ils laisser son coeur froid et indifférent ? Non ! Cela est impossible. S'Il avait dû châtier son peuple à cause de ses iniquités, Il est néanmoins ému de compassion envers Jérusalem et envers ses fils. Il va s'enflammer d'un grand courroux contre ceux qui ont aidé au mal et qui, n'écoutant que leur haine farouche contre son peuple, l'ont frappé sans merci. Il va tourner sa colère sur ceux qui l'ont désolé. O Babylone ! C'est à ton tour maintenant et tu vas être détruite. « Bienheureux qui te rendra la pareille de ce que tu nous as fait », disait le psalmiste.
 
                        L'orgueil de Babylone date de loin. Il s'est déjà manifesté dans la plaine de Shinhar, lorsqu'on y construisit une tour dont le sommet devait atteindre jusqu'aux cieux, scène qui s'est terminée par le jugement de Dieu et la confusion des bâtisseurs. Ce même orgueil s'est montré à nouveau, dans la grande ville des Chaldéens, dont le prophète annonce ici la chute qui eut lieu, plus tard, par la main des Mèdes et des Perses. Il réapparaît tout à la fin, dans la Babylone sur le front de laquelle est inscrit un nom : « Mystère ». Ce que nous avons ici, concernant la Babylone de jadis, peut également s'appliquer à la Babylone moderne. Les mêmes principe s'y trouvent dans l'une et dans l'autre : l'opulence, l'orgueil qui s'élève jusqu'aux cieux, l'idolâtrie et la haine contre le peuple de Dieu. La fin de l'une sera aussi à la fin de l'autre : « une destruction du Tout-puissant » ! (v. 6 ; Apoc. 18 : 8).
 
                        N'y a-t-il pas de quoi réjouir les coeurs des bien-aimés du Seigneur en lisant les premiers versets de ce chapitre 13 ? La grâce de notre Dieu y brille d'un vif éclat et vient éclairer la scène du jugement qui y est annoncé. Avant toute chose, Dieu pense à son peuple qui est dispersé, châtié et subissant les conséquences de ses iniquités. Si l'Eternel va exécuter le jugement sur ses ennemis, c'est pour la délivrance de ses bien-aimés. Un étendard, signe de ralliement, est élevé sur une montagne haute où rien ne pourra le masquer (v. 2) ; il est élevé afin que chacun puisse le voir et que tous ses saints, ceux qui ont de la piété, ses nobles, se rassemblent. Babylone peut les avoir tenus en captivité fort longtemps ; rien n'empêchera l'Eternel de les rassembler sous le sceptre glorieux d'Emmanuel.
 
 
 
                                            1.2 Retour de captivité et cantique de la délivrance (14 : 1- 23)
 
                        Lorsque Babylone sera jugée, le peuple de Dieu chantera le cantique de la délivrance que nous trouvons au chapitre 14, à partir du verset 3. De la même manière aussi, lorsque la Babylone de l'Apocalypse sera jugée, le cantique des noces de l'Agneau sera chanté dans les cieux, comme par la voix d'une foule nombreuse, une voix de grandes eaux et de forts tonnerres (Apoc. 19).
                        Remarquons le contraste entre le jugement qui est annoncé contre la terre d'Israël et celui que nous avons ici. Dans le premier, les champs cultivés et les riches vignobles du pays que l'Eternel avait donné à son peuple sont abandonnés aux troupeaux et aux bergers. Ici, le jugement qui atteindra Babylone sera tel que l'Arabe même n'y dressera pas sa tente, et les bergers n'y feront pas reposer leurs troupeaux. On n'y trouvera que des chacals et des chiens sauvages ; tout y sera abandonné aux bêtes du désert. Triste et humiliante fin d'une cité pleine d'ambition et de ceux qui, autrefois, subjuguaient les peuples. Alors les fils de Jacob seront dans le repos de la terre promise. Ils prendront pour serviteurs et pour servantes ceux qui, autrefois, les avaient emmenés captifs. Mais de la race des méchants, il ne sera plus jamais fait mention. Babylone et ses enfants seront balayés « avec le balai de la destruction, dit l'Eternel des armées » (v. 23).
 
 
 
               2- Destruction de l'Assyrien et jugement des Philistins : chapitre 14 : 24-32
 
                        La fin du chapitre 14 contient deux courtes subdivisions qui annoncent la destruction de l'Assyrien (v. 24-27) et le jugement qui atteindra les Philistins (v. 28-32).
                        
                        En premier lieu, le Saint Esprit nous transporte à la fin des temps où l'Assyrien de cette époque sera brisé et foulé aux pieds sur les montagnes dans le pays de l'Eternel. C'est là le conseil de l'Eternel des armées. Qui peut l'empêcher de l'accomplir et, lorsque sa main est étendue, qui la lui fera retirer ?
 
                        En dernier lieu, nous avons un oracle qui est prononcé sur les Philistins. C'étaient des ennemis acharnés du peuple d'Israël : sans cesse ils étaient en lutte avec lui, car ils habitaient dans les limites mêmes de son territoire. Guerroyant constamment, ils cherchaient à s'emparer de l'héritage que l'Eternel avait donné à son peuple. La prophétie que nous lisons ici est datée de la mort du roi Achaz. Les Philistins, assujettis par le roi Ozias (2 Chr. 26 : 6) pouvaient penser que, Achaz étant mort, la verge qui les frappait était brisée et qu'ils pourraient secouer le joug qui pesait sur eux. Au contraire, ils n'avaient encore reçu que les premiers coups de la justice divine. Ezéchias, fils d'Achaz, fut un roi fidèle et pieux. Il s'attacha à l'Eternel et ne se détourna pas de lui. Aussi l'Eternel fut-il avec lui. Partout où ce roi allait, il prospérait. Il frappa les Philistins jusqu'à Gaza et ses confins, depuis la tour des gardes jusqu'à la ville forte et la main de Dieu pesa sur eux plus durement qu'auparavant. Nous avons là un enseignement des plus importants concernant le gouvernement de Dieu. Quand les circonstances par lesquelles il trouve bon de nous faire passer changent, nous pouvons penser que nous allons être délivrés et que tout ira bien. C'est une grave erreur ; nous oublions que Dieu dispose de toutes choses et que rien ne peut être un obstacle à l'accomplissement de ce qu'il s'est proposé à notre égard. Les Philistins, au lieu d'être délivrés par la mort d'Achaz, devaient hurler de douleur sous les nouveaux coups qu'ils allaient recevoir. Tant qu'ils n'avaient pas jugé leur haine contre l'Eternel et contre son peuple, ils devaient recevoir le juste châtiment dû à leur méchanceté. Mais le Dieu qui frappe ses ennemis est le refuge même des pauvres et des affligés de son peuple. Les jugements qui fondront sur les nations ennemies aboutiront à la bénédiction des pauvres de son peuple. L'Eternel va fonder Sion et ces pauvres y trouveront un refuge. C'est là le message qu'Il envoie aux nations.
 
 
 
            3- L'oracle concernant Moab : chapitres 15 et 16
 
                              Ces deux chapitres contiennent l'oracle concernant Moab, un des deux descendants du juste Lot, ce juste qui eut une vie et une fin si misérables. Moab était donc, selon la chair, un parent d'Israël ; cela ne l'a pas empêché d'être le premier de ses ennemis, qui a cherché à s'emparer de l'héritage que l'Eternel avait donné à son peuple. Il a tenté de le faire peu après l'entrée d'Israël dans son pays. Il nous est dit que Moab prit possession de la ville des palmiers (Jug. 3 : 12-13).
 
                        Plus tard, le roi David frappa Moab et il les mesura au cordeau. Les faisant coucher par terre, il en mesura deux cordeaux pour les faire mourir et un plein cordeau pour les laisser vivre.
 
                        Les Moabites devinrent serviteurs de David. Ils lui apportèrent des présents (2 Sam. 8 : 2). Dans le second livre des Rois (3 : 4-5), nous apprenons que le tribut payé par le roi de Moab était de cent mille agneaux et de cent mille béliers avec leur laine, tribut auquel il chercha à se soustraire.
 
                        Ce qui caractérisait Moab, c'était l'orgueil, la hauteur, la fierté, la rage, les vanteries, l'arrogance, le coeur altier. Les prophètes Esaïe et Jérémie (chap. 48) nous font un triste tableau de l'état de ce peuple. Aussi nous comprenons qu'il ait attiré sur lui le jugement de Dieu.
 
                        Si les Philistins avaient offensé l'Eternel en haïssant son peuple et en se réjouissant de sa calamité, les Moabites, eux, ne l'avaient pas moins fait par leur orgueil et leur arrogance ; aussi le jugement qui allait tomber sur eux était-il effrayant : dévastation, pleurs, hurlements et ténèbres. L'Eternel hait l'orgueil et la hauteur : l'orgueil va au-devant de l'écrasement (Prov. 8 : 13 ; 16 : 18). Moab allait en faire la douloureuse expérience. Son hurlement se ferait entendre au loin, même jusqu'à Beër-Elim, là où le peuple d'Israël avait chanté auprès d'un puits d'eau dans le désert, peu de temps avant d'entrer dans le pays de la promesse. Ici Moab hurle de douleur en recevant le juste châtiment dû à son orgueil. Toutes les têtes sont chauves, toutes les barbes sont coupées : la barbe est la gloire de l'homme, en contraste avec la chevelure qui est la gloire de la femme. Leurs ceps exquis allaient être abîmés, la joie et l'allégresse disparaîtraient de leurs champs fertiles. Et il arrivera que, lorsque Moab « entrera dans son sanctuaire pour prier, il ne prévaudra pas » (16 : 12). Dans sa détresse, ses idoles ne lui seront d'aucun secours.
 
                        Le premier verset du chapitre 16 semble faire allusion au tribut d'agneaux que Moab apportait au roi David, qui avait usé de grâce envers eux alors qu'il aurait pu les faire mourir. Lorsqu'ils étaient soumis à David et à sa maison, leur pays était dans la prospérité ; maintenant que, dans leur orgueil, ils se révoltaient contre la maison de David, les pires calamités allaient fondre sur eux et leur pays devait être ruiné.
 
                        Un autre avertissement est donné à Moab : « Un trône sera établi par la bonté, et il y en aura un qui y siégera dans la vérité » (16 : 5), dans la tente de ce David qu'ils rejetaient. Que subsistera-t-il d'eux, en ce jour-là ? Un petit résidu, peu de chose : c'est tout ce qui restera du juste Lot dans le règne du Messie. Telle est la parole que l'Eternel a prononcée, jadis sur Moab. 
 
 
 
           4- L'oracle concernant Damas : chapitre 17 : 1-14
 
                        Nous avons ici un court, mais bien solennel oracle touchant Damas. « Voici, Damas va cesser d'être une ville, et elle sera un monceau de ruines » (v. 1).
 
                                            4.1 La destruction de Damas et de la Syrie (17 : 1-6)
 
                        La ville de Damas est l'une des plus anciennes cités dont nous parlent les Ecritures. Au chapitre 15 du livre de la Genèse, le serviteur d'Abraham est appelé Eliézer de Damas ; cette ville existait donc du temps du patriarche.
                        Malgré son ancienneté et le rôle joué par elle dans l'histoire du monde, puisque des rois et des nations ont regardé vers cette cité, espérant y trouver du secours, comme le fit Ephraïm (Es. 7), le jour vient où elle sera renversée. Le Dieu Tout-puissant l'a décrété, son jugement a été prononcé et s'exécutera : la fin de cette ville est d'être ruinée. Il y a ici un fait particulièrement remarquable : Ephraïm qui, avec Damas, avait formé de mauvais desseins contre Jérusalem, se trouve enveloppé avec elle dans le même jugement. Ils s'étaient alliés pour faire le mal, et l'Eternel les associe sous les coups de sa justice.
 
                        Bien que, plusieurs fois déjà, elle ait été détruite par des tremblements de terre et ravagée par des armées ennemies, Damas subsiste encore aujourd'hui. Pourtant, la parole de l'Eternel s'accomplira à la lettre dans un jour à venir, et elle sera une ruine.
                        Sa gloire, nous dit le prophète avec ironie, « sera comme la gloire des fils d'Israël » (v. 3). Qu'en est-il, en effet, de cette gloire d'Israël, depuis la transportation des dix tribus par Shalmanéser, roi d'Assyrie ? Il n'en reste rien ! Celui qui aidait et celui qui était aidé se trouvent enveloppés dans une même confusion.
 
 
                                   4.2 Le jugement final des peuples (17 : 7-14)
 
                        Ce jugement aura lieu à la fin ; il sera exécuté par une invasion de peuples nombreux, qui bruiront comme le bruit des mers et comme le tumulte des grandes eaux emportant tout sur leur passage. Que fera Damas en présence d'un tel déploiement de puissance ? L'Eternel a décrété ces choses pour le jugement de ses ennemis et la délivrance finale de son peuple. Certes, Il n'épargnera pas ce peuple, à cause de ses péchés : il sera affaibli, amaigri, réduit à un petit nombre, semblable à quelques olives suspendues aux branches de l'olivier que l'on vient de secouer (v. 6) ; mais l'épreuve l'amènera à juger son idolâtrie et à regarder vers le Saint d'Israël.
                        Au matin sera la délivrance de tous ses ennemis. « Le juste est délivré de la détresse, et le méchant y entre à sa place » (Prov. 11 : 8).