MEDITATIONS SUR LE MINISTERE D'ELISEE (2)
« DU SEL DANS UN VASE NEUF »
Elisée à Jéricho, une ville marquée par la malédiction
Des eaux mauvaises et une terre stérile
Elisée apporte la grâce
La réponse de la grâce : les eaux sont assainies
Christ nous a « rachetés de la malédiction de la Loi »
Un changement profond opéré par la grâce
« Il (Elisée) habitait à Jéricho ... Et les hommes de la ville dirent à Elisée : Tu vois que l'emplacement de la ville est bon, comme mon seigneur le voit ; mais les eaux sont mauvaises, et la terre est stérile. Et il dit : Apportez-moi un vase neuf, et mettez-y du sel. Et ils le lui apportèrent. Et il sortit vers le lieu d'où sortaient les eaux, et y jeta le sel, et dit : Ainsi dit l'Eternel : J'ai assaini ces eaux ; il ne proviendra plus d'ici ni mort ni stérilité. Et les eaux furent assainies jusqu'à ce jour, selon la parole qu''Elisée avait prononcée » (2 Rois 2 : 18-22).
Elisée à Jéricho, une ville marquée par la malédiction
Une ère nouvelle et heureuse commence pour Jéricho lorsqu'Elisée vient pour y demeurer. Auparavant, elle était « la ville de la déception ». En effet, sa situation était plaisante mais les eaux étaient mauvaises, et la terre stérile - c'est ce que les hommes de la ville eux-mêmes ont reconnu. Depuis le jour où la ville a été fondée sur les ruines de la cité précédente, une malédiction reposait sur elle (Jos. 6 : 26) : ses eaux étaient polluées à la source, et la terre alentour ne produisait que des épines comme résultat du travail de ses habitants. Il n’en avait pas toujours été ainsi, car il y a eu un temps où elle était appelée « la ville des palmiers » (Deut. 33 : 3), mais c’était de l’histoire ancienne ; pourtant, compte tenu de ce fait, ses habitants avaient le sentiment qu’il était possible d’en espérer mieux grâce à sa situation plaisante. Ils ont espéré et travaillé, mais en vain ! Il est très probable qu’ils étaient au bord du désespoir quand Elisée, l'homme de Dieu, leur a fait cette mémorable visite. Et « il habitait là » : il est certain qu’il désirait bénir la ville. Il est demeuré au milieu d’eux jusqu’à ce qu’ils soient assez humbles et honnêtes pour lui avouer dans quelle situation critique ils se trouvaient.
Moralement parlant, certains de nos lecteurs habitent peut-être depuis longtemps la ville de Jéricho, ayant fait l’expérience de déceptions succédant aux espoirs. Ils espèrent ardemment des temps meilleurs ; ils prennent avec sincérité des engagements et des résolutions ; ils cherchent sérieusement à parvenir à une vie meilleure et plus fructueuse que celle qu’ils ont connue jusque-là, mais sans y parvenir. Pourtant, ils sont bien conscients qu’il ne devrait pas en être ainsi. La vocation essentielle d’un homme n’est-elle pas de glorifier Dieu, de jouir de Lui sans cesse, et d'être ainsi parfaitement heureux et en bénédiction pour les autres ? Alors, pourquoi les eaux de leur existence sont-elles si amères, et la terre si stérile ? Voyons si nous pouvons en découvrir la cause, et trouver le remède.
Des eaux mauvaises et une terre stérile
Tout d’abord, pour comprendre la situation, il est nécessaire de faire un petit exposé de doctrine. Lorsque l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, il était indiscutablement comme « la ville des palmiers » (2 Chr. 28 : 15). Plein de fraîcheur et de beauté, avec des facultés intactes, il était en mesure de porter du fruit pour Dieu et d’être un canal de bénédiction pour tous. Mais il est déchu de cette position élevée. Exactement comme la ville de Jéricho s’est défiée de la volonté de Dieu, Adam s’est délibérément et volontairement détourné du commandement de Dieu ; et dans ce jour de folie, il est tombé aussi inéluctablement que Jéricho.
Il est tout à fait naturel que les enfants d’Adam se soient efforcés de recouvrer ce qu'ils avaient perdu, mais ils l'ont fait en excluant Dieu, et leurs efforts ont été vains. La sentence de mort repose sur la race humaine, comme elle a reposé sur Hiel, le Béthelite (1 Rois 16 : 34) : celui-ci a rebâti Jéricho, et a perdu son fils aîné lorsqu’il en a posé les fondations, et son plus jeune fils lorsqu’il en a posé les portes. Une famille entière sous la sentence de mort .... « Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé à tous les hommes, du fait que tous ont péché ... » (Rom. 5 : 12).
Dans son épître fondamentale aux chrétiens de Rome, Paul souligne cette doctrine essentielle dans le chapitre 5. Mais, arrivé au chapitre 7, il montre ce qu’elle produit dans la vie de quelqu'un qui, ayant été réveillé au sentiment de ce qui est juste, réalise ce que Dieu attend de lui et s'efforce d'y répondre. Quelle histoire que celle-là ! Quel combat ! Quelle expérience poignante ! Il nous semble presque entendre la respiration haletante et les sanglots de l’âme de cet homme, alors qu’il apprend cette amère leçon que « les eaux sont mauvaises et la terre stérile » ; jusqu’à ce qu’enfin, réalisant que ses meilleurs efforts aboutissent à une défaite et que ses combats sont vains, il s’écrie : « Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom. 7 : 24). Certains de mes lecteurs ont longtemps vécu cette expérience, en ayant un tel cri sur les lèvres.
Maintenant, disons un mot d'Elisée, si justement appelé « l’homme de Dieu » (2 Rois 4 : 7). Il présente un grand contraste avec Elie, qui, lui aussi, était un homme de Dieu (1 Rois 17 : 24). Elie représentait la loi, et faisait peser ses exigences sur le peuple. Il était venu pour leur dire que « l’Eternel, c’est lui qui est Dieu ! » (1 Rois 18 : 39) Il venait pour insister sur ses justes exigences, pour leur dire ce qu’ils auraient dû être et faire. Et, parce qu’ils ne rendaient pas à Dieu ce qui Lui était dû, et n’étaient pas ce qu’ils auraient dû être, la condamnation et le jugement ont toujours accompagné son ministère au milieu d’eux. En contraste, Elisée est venu, non pas en exigeant, mais en donnant. Il manifestait la bonté de Dieu envers un peuple misérable. Il dispensait grâce et miséricorde, et toutes sortes de gens furent bénis par son moyen. Il ne se détournait jamais non plus de ceux qui venaient à lui en reconnaissant leurs besoins.
De même qu'il n’y avait aucun espoir pour Israël dans le ministère d’Elie, il n’y a aucun espoir pour nous sous la Loi. « Elle est faible par la chair » (Rom. 8 : 3), déclare Paul, qui savait cela par expérience. Elle ne peut pas faire de nous ce que nous devrions être. Elle ne peut pas transformer la terre stérile, ou adoucir les eaux amères. Elle ne peut que faire ressortir et mettre le doigt sur la stérilité et l’amertume, et nous condamner. C'est ce qu'elle a déjà fait ; et nous sommes sous sa condamnation, si nous avons eu recours à elle. C’est lorsque nous avons atteint ce point, que nous sommes prêts à rencontrer Elisée et « le sel dans un vase neuf », que nous sommes prêts à rencontrer notre Seigneur Jésus Christ, dans la position glorieuse qui est la sienne maintenant, comme dispensateur de la grâce de Dieu. Il est le grand Libérateur, Celui dont les compassions s’abaissent vers les hommes dans leur misère.
La réponse de la grâce : les eaux sont assainies
La manière dont s'exprime le porte-parole de la délégation envoyée au prophète est remarquable (v. 19). Son discours est direct et bref. Il ne cherche pas à excuser leur condition présente, il ne la cache pas non plus. Il expose le cas avec franchise en quelques mots, et il attend. Il ne dit même pas ce qu’ils aimeraient que le prophète fasse. Il sent qu’il suffit de lui exposer le cas. Cela suffit en effet, et sa confiance en Elisée rencontre une réponse immédiate de grâce et de bénédiction. Et, remarquons bien que c'est Jéricho, la ville maudite du pays, qui reçoit la bénédiction. Elie s’était rendu dans cette ville, et l’avait laissée comme il l’avait trouvée. Il ne semble pas que ses habitants se soient souciés de faire appel à lui. Mais, tandis qu’Elisée s’attardait au milieu d'eux, ses paroles et sa manière d'être ont dû les encourager à s’approcher de lui. C’est bien à celui qui semblait si accessible, si plein de sympathie, si attirant, qu’ils pouvaient aller.
Quelle parole précieuse lisons-nous au début de l'évangile de Jean : « La Parole devint chair et habita au milieu de nous ... pleine de grâce et de vérité. De sa plénitude en effet, nous tous nous avons reçu et grâce sur grâce. Car la Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (v. 14-17). En fait, Jésus était l’Eternel devant qui Elisée se tenait, et toutes les grâces qu’il y avait en Elisée étaient comme la lumière de la lune reflétant celle du Soleil qui allait se lever – Jésus, la vraie Lumière.
Quel merveilleux amour que celui qui l’a fait descendre jusqu’à nous, et demeurer avec nous, au milieu de vies stériles dans un monde aride. Et cela, non pour exiger, et faire peser lourdement sur nous les exigences de la loi, ou pour nous condamner à cause de nos iniquités et de nos péchés, mais pour nous sauver. « Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il juge le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3 : 17). Il est venu en grâce, Il en était rempli, et Il est venu pour donner. Nous n’avons pas besoin d'un témoignage extérieur pour apprendre cela, Il l’a dit lui-même : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive » (4 : 10). « En la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tenait debout, et il cria : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, comme l'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive couleront du plus profond de son être » (7 : 37-38). Il est venu avec le « nouveau vase » de la grâce. La vérité contenue dans le « vieux vase » de la Loi, venue par Moïse, ne pouvait que nous condamner. En effet, les bénédictions dont elle parlait ne pouvaient être obtenues et conservées que par une obéissance absolue et continuelle à ses commandements. Sa malédiction reposait sur tous ceux qui ne persévéraient pas dans toutes les choses qui étaient écrites en elle pour les faire. Mais la vérité contenue dans le « vase neuf » n’apportait que bénédiction, car elle était la déclaration que Dieu est amour, et que son amour était déterminé à bénir les hommes.
Christ nous a « rachetés de la malédiction de la Loi »
Aucune illustration, même celles que Dieu nous donne, ne peut égaler la vérité. Ces récits de l’Ancien Testament ne sont que des ombres des biens à venir, et non leur vraie image. Maintenant, la réalité est là, la substance de ces choses est apparue, et cette substance, c’est Christ. Il a fait pour nous ce qu’Elisée n’aurait jamais pu faire pour ces hommes de Jéricho : il nous a « rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous - car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Gal. 3 : 13). Quel amour que celui qui l'a conduit là ! En méditant sur une telle expression de la vérité, nous ne pouvons faire autrement que de dire : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (2 : 20). « Ce qui était impossible à la Loi, du fait que la chair la rendait sans force, Dieu - ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché - a condamné le péché dans la chair ». Ceci, afin qu'il n'y ait plus « ni mort ni stérilité », mais que « la juste exigence de la Loi soit accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l'Esprit » (Rom. 8 : 3-4).
La vérité (si bien représentée par le sel) quant à ce que nous sommes et à ce que Dieu est, nous a été apportée, en grâce surabondante. C’est « la grâce de Dieu qui apporte le salut » (Tite 2 : 11) ; et, à mesure qu’elle pénètre nos âmes, nous réalisons notre propre stérilité, et à quel point l'état de la chair n’a pas le moindre espoir d’amélioration. En elle, il n’habite aucun bien, de sorte que nous nous détournons d’elle pour nous rejeter entièrement sur Christ.
C'est alors que la vérité, que nous avions souvent lue dans la Parole sans jamais l'avoir reçue dans nos âmes, devient enfin vivante pour nous et en nous. La loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus nous affranchit de la loi du péché et de la mort (Rom. 8 : 2). Et désormais, le moyen d'être délivré de la stérilité et de la mort, c'est de ne pas cultiver plus longtemps la chair, mais de confesser avec droiture qu’il n’y a rien de bon en elle, et de se tourner vers Christ qui en a porté la condamnation pour nous, quand Il a été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). Nous savons qu’Il a été ressuscité d’entre les morts, cela fait partie intégrante de la vérité de l’évangile que nous avons cru, et cela signifie que nous sommes justifiés de toutes nos offenses (Rom. 4 : 25). C’est la grâce qui nous a justifiés de notre passé coupable, mais sur ce fondement absolument sûr et juste, de sorte que la question de notre culpabilité ne sera plus jamais soulevée. Et c'est cette même grâce qui nous fait passer de l’ancienne vie en Adam - vie qui repose sur la condamnation et la mort et qui ne peut produire aucun fruit - vers Christ, notre Sauveur ressuscité ; et c'est ainsi que, là où le péché abondait, la grâce a surabondé (Rom. 5 : 20). Et ceci, afin que, étant maintenant libérés du péché et étant devenus esclaves de Dieu, nous ayons notre fruit dans la sainteté, et pour aboutissement la vie éternelle (6 : 22).
Un changement profond opéré par la grâce
Ce n’est pas tout, car nous lisons : « C'est Christ qui est mort, bien plus, qui est ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui intercède aussi pour nous ! » (Rom. 8 : 34) Il est mort pour que nous puissions être justifiés, Il vit et intercède afin que nous vivions comme un peuple justifié. Mais tout est de Lui - la vérité est en Jésus (Eph. 4 : 21). Elle est venue à nous dans une grâce merveilleuse, et c'est elle qui opère un changement profond. Elle nous rend capables d'en finir avec le chapitre des solennelles résolutions et des amères déceptions, et d'en commencer un nouveau, celui d'un parfait repos dans notre Seigneur Jésus Christ, d'un fruit abondant pour Dieu son Père, et de bénédictions pour d’autres.
La ville de Jéricho devient une fois de plus « la ville des palmiers » ; ceux qui étaient nus sont vêtus, les affamés sont nourris, les faibles trouvent de l’aide ; là aussi, des frères longtemps séparés sont réunis, et le peuple obéit à la Parole de Dieu. Il en sera ainsi pour quiconque se tourne entièrement vers le Seigneur et s'attache à Lui d'un cœur ferme. La grâce qui a commencé par nous sauver ne nous fera pas défaut, elle suffit pour chacune des étapes de nos vies, jusqu'au bout. Alors qu’elle nous enseigne à vivre « sobrement, justement et pieusement dans le présent siècle » (Tite 2 : 12), elle nous garantit une vie nouvelle, libre, féconde et bénie, une vie dans laquelle le bonheur abonde.
D'après J.T. Mawson
A suivre