APERCU DU LIVRE DE JOSUE (4)
LE PASSAGE DU JOURDAIN (chapitres 3 et 4)
Quels sont les ordres donnés par Josué avant de franchir le Jourdain ?
En quoi l’arche est-elle un type de Jésus Christ ?
Qu’apercevait le peuple à environ 1 kilomètre devant lui ?
A quel moment les eaux du Jourdain ont-elles été coupées ?
Quelle tâche est confiée aux douze Hébreux choisis par Josué ?
Quelle est la signification spirituelle du passage du Jourdain ?
Quelle est la signification spirituelle des deux monuments érigés par Josué ?
LE PASSAGE DU JOURDAIN (chapitres 3 et 4)
Quels sont les ordres donnés par Josué avant de franchir le Jourdain ?
Les préparatifs prévus par Josué terminés (1 : 11), le peuple quitte Sittim (3 : 1), mais il doit, semble-t-il, attendre encore trois jours avant de traverser le fleuve. Ce nouveau délai résulte du retour tardif des espions qui ont dû se cacher dans la montagne (2 : 22). Les trois jours signalés dans les chapitres 1 : 11 et 3 : 2 ne sont pas identiques.
Josué ordonne aux siens de :
- Regarder l’arche qui doit passer devant eux (3 : 3). Ce coffret précieux sera le signe visible de la présence de l’Eternel livrant miraculeusement passage aux enfants d’Israël.
- Suivre l’arche : « Vous marcherez après elle » (3 : 3). L’arche les conduira sur un chemin nouveau et les introduira dans un pays qu’ils ne connaissent pas (3 : 4b). Sur ses traces, ils ne s’égareront pas.
- Se sanctifier (3 : 5). Avant de partir, chacun doit faire sa toilette, revêtir des habits propres et se séparer de tout ce qui pourrait attrister l’Esprit de Dieu (Gen. 35 : 2 ; Ex. 19 : 10, 15). On n’entre pas dans le pays de la promesse sans ce retour préalable sur soi-même.
- Partir : « Vous partirez de là où vous êtes » (3 : 3). Se mettre en marche pour traverser le fleuve, alors qu’il roule encore beaucoup d’eau, est un acte de foi qui honore l’Eternel.
En quoi l’arche est-elle un type de Jésus Christ ?
La parole même de l’Eternel nous autorise à voir en l’arche un symbole de Jésus Christ : « A ceci vous connaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu’il dépossèdera certainement devant vous le Cananéen, et le Héthien, et le Hévien, et le Phérézien, et le Guirgasien, et l’Amoréen, et le Jébusien : voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain » (3 : 10-11). Or, « Dieu au milieu des hommes » n’est-ce pas exactement ce qu’est Jésus d’après la signification même de son nom : Emmanuel, c’est-à-dire : « Dieu avec nous » (Matt. 1 : 23) ? A l’instar d’Israël avançant derrière l’arche, le chrétien marche « les yeux fixés sur Jésus », Celui qui a traversé les eaux du jugement pour nous ouvrir le ciel et nous introduire dans la Canaan céleste (Héb. 4 : 8-11 ; 10 : 19-20 ; 12 : 1-2).
Qu’apercevait le peuple à environ 1 kilomètre devant lui ?
L’arche transportée au moyen de 2 barres posées sur les épaules des sacrificateurs qui, au préalable, avaient eu soin de recouvrir cette arche d’une valeur incomparable de plusieurs couvertures opaques, « par-dessus un drap tout de bleu », image merveilleuse de Christ, l’Homme venu du ciel (Nom. 4 : 5-6). Mesure importante car voir l’or de l’arche ou la toucher était une imprudence qui coûtait la vie (Nom. 4 : 18-20) ; souvenons-nous du cas d’Uzza (2 Sam. 6 : 6-8).
- Pour la première fois l’arche passe devant le peuple, alors qu’elle occupait le centre du convoi lorsque Israël se déplaçait dans le désert (Nom. 2 : 17).
- L’arche, ordinairement à l’abri des regards dans le lieu très saint du Tabernacle est, en cette circonstance, visible de tous, comme du reste lors des multiples déplacements du peuple dans le désert.
- Une distance de deux mille coudées séparait l’arche du peuple qui suivait (3 : 4). Trop près de lui, elle n’aurait été vue que des hommes des premiers rangs. Il fallait donc cette distance pour qu’elle soit vue distinctement de tous.
Christ est le seul - et en cela Il nous distance - qui ait foulé jusqu’au bout le chemin de la sainteté (Phil. 2 : 8). Il est le parfait modèle qu’il faut imiter, le bon Berger qui marche devant ses brebis pour leur ouvrir la voie (Jean 10 : 4).
- L’arche entre dans le fleuve. Le récit précise à plusieurs reprises que les sacrificateurs chargés de l’arche sont réellement entrés dans l’eau - ils se mouillent les pieds (3 : 8, 13, 15) -, alors que le peuple passe à sec (3 : 17). Jésus n’a-t-Il pas réellement traversé les eaux du jugement et de la mort, portant les péchés des hommes, subissant leur condamnation afin qu’ils échappent au châtiment et entrent librement dans le royaume de Dieu ? Dans la Bible, le Jourdain est constamment associé à une idée de mort physique et spirituelle (2 Rois 5 ; Matt. 3 : 13).
- Les eaux du fleuve sont coupées au moment où les sacrificateurs posent le pied dans l’eau (3 : 15-16). Nous savons, par le Nouveau Testament, que les flots de la colère divine se sont arrêtés lorsque Jésus Christ a rendu l’esprit sur la croix. Alors la justice de Dieu a été satisfaite à la vue du sang versé. C’est pourquoi, grâce au sacrifice expiatoire du Seigneur, il n’y a désormais « aucune de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8 : 1). C’est Lui « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thes. 1 : 10).
- Les sacrificateurs s’arrêtent au milieu du Jourdain, c’est-à-dire à l’endroit le plus profond du lit de la rivière (3 : 17). Ce lieu symbolise le Calvaire, où le Sauveur a connu l’abîme le plus profond de la détresse et de la souffrance, en particulier lorsqu’Il a expérimenté l’abandon de son Dieu, buvant jusqu’à la lie la coupe de sa colère.
- Hommes, femmes, enfants, bétails et matériel traversent le Jourdain à sec, sans la moindre difficulté (3 : 17 ; 4 : 1) et sans inquiétude puisque l’arche reste au fond du fleuve, « jusqu’à ce que toute la nation ait achevé de passer » (3 : 17). Quiconque se confie en Jésus (comme Israël se fiait à l’arche) n’a pas à craindre les flots du jugement (Jean 5 : 24).
- Les eaux du fleuve reprennent leur cours normal lorsque toute la nation et l’arche ont atteint l’autre rive (4 : 18). Ici, un détail est à noter : « Le peuple se hâta et passa » (4 : 10-11), conscient qu’il est sage de ne pas s’attarder dans le lit du fleuve car, malgré la présence rassurante de l’arche, nul ne sait quand les eaux se remettront à couler. Sans doute le peuple est-il en mesure de traverser rapidement le Jourdain, son franchissement pouvant s’effectuer sur plusieurs kilomètres de largeur. La hâte des enfants d’Israël nous rappelle qu’il faut entrer dans le Royaume tandis qu’il en est temps. Quiconque s’obstine à refuser le Christ et son œuvre trouvera la porte fermée. Le temps de la grâce n’est pas illimité. S’il demeure dans son incrédulité, le pécheur devra traverser le jugement et subir le châtiment promis aux rebelles.
- Une fois sur le sol de Canaan, l’arche reprend la tête du convoi (4 : 11), comme le Ressuscité prend la direction de toute vie qui s’abandonne à Lui. Des 144 000 représentant le résidu futur d’Israël, il sera dit qu’« ils suivent l’Agneau où qu’il aille » (Apoc. 14 : 4).
A quel moment les eaux du Jourdain ont-elles été coupées ?
Dès l’instant où les sacrificateurs portant l’arche ont posé leurs pieds dans l’eau du fleuve, les eaux se sont retirées devant eux et se sont arrêtées ; « elles s’élevèrent en un monceau très loin, près d’Adam, ville qui est à côté de Tsarthan » (3 : 16), soit à quelque vingt-cinq kilomètres en amont de Jéricho, où le lit du fleuve est très resserré. Que se passa-t-il à ce moment-là ? Nous ne le savons pas, sinon que le Tout-Puissant a accompli là un prodige comparable à celui de la mer Rouge, un miracle qui a dû produire une forte impression sur les enfants d’Israël et donner en même temps une autorité accrue à leur chef, Josué (3 : 7).
Selon le Nouveau Commentaire Biblique, « un historien arabe raconte qu’en 1266 après J.-C., près de Tell ed Damiyeh (que beaucoup d’experts ont assimilé à Adam), le lit du fleuve resta sec pendant dix heures à la suite d’un glissement de terrain… Plus tard en 1927, un tremblement de terre provoqua l’effondrement de la berge obstruant le Jourdain pendant plus de vingt et une heures ». Quoi qu’il en soit, nous croyons que le Dieu souverain a la puissance de partager, quand Il le juge bon, les eaux de n’importe quel fleuve, surtout quand il s’agit de livrer passage à une nation qu’Il chérit.
Quelle tâche est confiée aux douze Hébreux choisis par Josué ?
Sur l'ordre de l'Eternel, ces hommes ont été chargés d'ériger deux monuments de douze pierres, l'un à Guilgal avec des pierres provenant du milieu du fleuve, l'autre au milieu du Jourdain, à l'endroit même où s'est arrêtée l'arche (4 : 3, 8-9, 20). Ces monuments sont destinés à commémorer un événement des plus importants de la vie d'Israël. Ils rappelleront aux générations futures qu'un peuple tout entier (les douze pierres représentent les douze tribus d'Israël, 4 : 5) a traversé à sec le Jourdain, sain et sauf, et posé le pied sur la Terre Promise grâce à l'intervention miraculeuse de Dieu. L'Eternel charge les parents d'éclairer leurs enfants sur la signification de ces deux monceaux de pierres : "Vous leur direz : Les eaux du Jourdain ont été coupées devant l'arche de l'alliance de l'Eternel... Elles seront à jamais un souvenir pour les enfants d'Israël" (4 : 7).
Quelle est la signification spirituelle du passage du Jourdain ?
La descente dans le lit du fleuve
Dans la Bible, avons-nous dit, le Jourdain est associé à une idée de mort physique ou spirituelle, de mort au moi. Le peuple qui descend rejoindre l’arche immobilisée au fond du fleuve fait penser au croyant qui réalise qu’il est mort avec Christ, ce dont le baptême est le signe. Par cet acte symbolique, il atteste publiquement qu’il est uni au Christ dans sa mort, ayant été enseveli avec lui dans le tombeau (Rom. 6 : 4). Et comme l’entrée dans le Jourdain marque la fin d’une vie errante dans les solitudes d’une terre désolée, de même la réalisation de la mort avec Christ « aux principes du monde » (Rom. 6 : 8 ; Col. 2 : 20) marque la fin d’une vie d’indépendance, qui avait pour mobile le « moi » et pour but la satisfaction personnelle. Le Jourdain rappellera désormais que « les choses vieilles sont passées » (2 Cor. 5 : 17).
La sortie du fleuve
Une existence nouvelle, qui ne ressemble en rien à celle qu’il avait vécue jusque-là, commence pour Israël dès l’instant où, sortant du lit de la rivière, il pose le pied sur l’autre rive. La terre promise est un pays merveilleux, totalement différent de celui qu’il avait foulé durant quarante ans.
Cette terre promise est en effet :
- Un pays de sources d’eau : « L’Eternel, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eau, de sources, et d’eaux profondes, qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes » (Deut. 8 : 7).
- Un pays riche, « ruisselant de lait et de miel » (5 : 6). « Tu y recueilleras ton froment, et ton moût, et ton huile » (Deut. 11 : 14).
- Un pays de repos et de victoires (1 : 5, 15). La sortie du fleuve est l’image de notre résurrection avec le Christ. Le croyant baptisé qui sort de l’eau atteste qu’il renaît à une vie nouvelle. Par la « nouvelle naissance », il est devenu un fils du Royaume, vivant en communion avec le Ressuscité, un citoyen du ciel inscrit sur les registres de Dieu.
Quelle est la signification spirituelle des deux monuments érigés par Josué ?
Les 12 pierres du Jourdain
Elles ont été dressées à l’endroit même où l’arche a été posée (4 : 9), tandis que le peuple passait en hâte. Ce lieu le plus profond du fleuve représente la croix, comme nous l’avons vu. C’est en effet sur le Calvaire que Jésus, notre arche, s’arrêta pour nous sauver et nous ouvrir la porte du Royaume. Après la sortie de l’arche, les douze pierres ont été complètement submergées par les eaux du fleuve et ces pierres, ajoute le texte, « sont là jusqu’à ce jour » (4 : 9). Ce monument symbolise la vieille nature, ensevelie tel un cadavre laissé au fond de la rivière pour toujours. Instrument du péché, cette nature est jugée par l’Ecriture incurable et totalement incapable de satisfaire Dieu (Rom. 7 : 19-24 ; 8 : 7). Il n’y a rien à espérer d’elle, car elle ne peut s’améliorer. Mais Dieu soit béni, le pécheur repentant est uni à Christ dans sa mort. Il ne doit plus dire : A quoi bon ? C’est plus fort que moi ! Je serai toujours vaincu. Péchons afin que la grâce abonde. Qu’il se regarde comme mort, comme cloué par les traits de la justice de Dieu, et il lui sera donné d’échapper à la tutelle du moi et à la domination de Satan car « celui qui est mort est justifié du péché » (Rom. 6 : 7) – il est quitte, libéré du péché.
Le monument dressé à Guilgal (4 : 3, 8)
Il est fait de pierres prises là où s’est arrêtée l’arche (c’est-à-dire au milieu du fleuve) et transportées dans le lieu même où le peuple dresse ses tentes (il campera à Guilgal durant toute la conquête, jusqu’au partage du pays). Ces pierres représentent l’homme nouveau que revêt celui qui croit au Christ mort et ressuscité (Col. 3 : 10). Et parce qu’il a reçu une nature nouvelle, ses désirs, ses affections, ses buts, ses aspirations… sont tout autres. Le Saint Esprit habite en lui et lui communique jour après jour la force de servir son Seigneur dans l’amour et la sainteté. Ainsi, « toutes choses sont devenues nouvelles pour lui ».
Par un tableau succinct, donnons les grandes lignes de ce qui précède :
Israël Le chrétien
Le peuple descend dans le fleuve, Nous avons été ensevelis... en sa
le fleuve, tandis que l’arche est au mort. Nous sommes morts avec
milieu du Jourdain. Christ (Rom. 6 : 4, 8).
Josué dresse douze pierres là où ... sachant que notre vieil homme
les sacrificateurs se sont arrêtés. a été détruit, afin que le corps du
Ces pierres sont abandonnées au péché fût détruit (Rom. 6 : 6).
fond de l'eau.
Israël sort du fleuve (Jos. 4 : 19) Nous sommes ressuscités avec
Christ, afin que "nous marchions
en nouveauté de vie" (Rom. 6 : 4).
Douze pierres, prises au fond du "... ayant revêtu l'homme nouveau
fleuve, sont transpuortées et qui se renouvelle dans la connais-
dressées à Guilgal sance, selon l'image de celui qui
l'a créé' (Col. 3 : 10).
« Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5 : 17).
D'après A. Adoul
A suivre