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PREMIERE EPITRE A TIMOTHEE (6a)

 
 CHAPITRE 6

            Les esclaves (v. 1-2)
          De saines paroles (v. 3-5)   
          Contentement ou amour de l’argent (v. 6-10)
 
Les esclaves (v. 1-2)

            L’apôtre aborde maintenant les circonstances que traverse le chrétien sur cette terre, circonstances à travers lesquelles il est appelé à glorifier son Seigneur. Les deux premiers versets s’adressent aux esclaves.
            L’esclavage est une conséquence de la chute de l’homme dans le péché. Il n’était pas dans les intentions de Dieu, que des hommes, créés à son image, soient assujettis à leurs semblables (Gen. 9 : 26-27). Dans l’Antiquité gréco-romaine, les esclaves n’étaient guère considérés comme des êtres humains mais plutôt comme des objets. Propriété absolue de leur maître, ils ne possédaient aucun droit, car ils occupaient l’échelon le plus bas de l’échelle sociale.
            La nouvelle création, résultat de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu, abolit toutes les différences qui existaient entre les hommes de l’ancienne création. « Il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus ni homme, ni femme ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3 : 28). Tous ceux qui croient en son nom sont les prémices de cette nouvelle création. Le chrétien porte les caractères de Christ ; ayant dépouillé le vieil homme qui se laisse façonner par ce monde, il a revêtu le nouvel homme, selon l’image de celui qui l’a créé (Col. 3 : 10-11).

            Les diverses conditions qui sont celles des chrétiens n’en sont pas pour autant niées. Et ces passages soulignent l’attention accordée aux esclaves chrétiens.


                        Glorifier Dieu dans nos circonstances

            Sous la grâce, Dieu n’intervient plus directement dans l’état du monde, mais Il attend que chaque croyant Le serve et Le glorifie quelles que soient les circonstances rencontrées. C’est pourquoi la Parole de Dieu n’incite jamais les esclaves à se révolter et à conquérir leur liberté par la violence. Il serait tout aussi vain de chercher dans la Bible quelque justification de l’esclavage. Dans les ordonnances que Dieu avait laissées au peuple d’Israël, le sort douloureux de telles personnes était adouci par sa grâce ; un serviteur hébreu devait « sortir libre, gratuitement » la septième année de son service (Ex. 21 : 3).
            Dans le Nouveau Testament cependant, rien de pareil n’est suggéré aux maîtres ou aux esclaves. Il est vrai que Paul espérait que Philémon libérerait Onésime, son esclave converti, afin qu’il puisse lui être utile dans le service. Aussi encourage-t-il ceux qui pouvaient être libres à saisir cette occasion (1 Cor. 7 : 21).

                        Orner l’enseignement de notre Dieu Sauveur

            Même s’il existe une grande différence entre les salariés d’aujourd’hui et les esclaves d’autrefois, les directives mentionnées dans ces versets contiennent des instructions encore applicables de nos jours.
            L’expression « sous le joug » (v. 1) rappelait aux esclaves que leur position de subordonné devait être acceptée comme venant de la part de Dieu. Ils devaient estimer leurs maîtres dignes de « tout honneur » et les reconnaître comme leur supérieur. L’explication en est donnée aussitôt : « afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés ». Si ces esclaves, qui confessaient appartenir à Christ, avaient négligé leur devoir ou n’avaient pas obéi à leur maître terrestre, ils se seraient rendus indignes de leur Maître céleste, qui avait lui-même pris la forme d’esclave et était devenu obéissant jusqu’à la mort (Phil. 2 : 5-8). Par une telle conduite, le saint nom de Dieu et la saine doctrine de l’évangile auraient été blasphémés. De nos jours, le croyant doit également être conscient qu’il ne sert pas les hommes mais le Seigneur Christ. Dans l’accomplissement de ses devoirs, comme dans son amour du prochain sur son lieu de travail, il doit manifester et orner, à tous égards, l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur (Col. 3 : 24 ; Tite 2 : 10).
            Que de paroles légères prononcées sur le lieu de travail blasphèment le nom de Dieu et la saine doctrine ! Le chrétien, « au milieu d’une génération dévoyée et pervertie » (Phil. 2 : 15), ne doit pas perdre de vue sa position et continuer à présenter la parole de vie, à briller comme un luminaire tout en exerçant ses tâches professionnelles.

 
                        Ne pas utiliser les relations spirituelles pour un avantage personnel

            Au verset 2 l’apôtre Paul s’adresse aux esclaves qui avaient des maîtres croyants. Pour eux, le problème n’était pas de porter le témoignage du Seigneur dans le monde, mais d’adopter une attitude juste à l’égard de leur frère. Le danger était de manquer de respect à leur maître croyant. Répétons l’enseignement fondamental de ces passages : si, au regard de la position céleste, tous les croyants sont égaux devant Dieu, des différences subsistent néanmoins dans leurs relations terrestres.
            Un esclave, parce qu’il était croyant, aurait pu souhaiter un sort plus enviable, ou plus de faveurs que son compagnon incrédule. Mais de telles pensées n’auraient pas été en accord avec la Parole, et auraient révélé un manque d’humilité chrétienne et un certain mépris à l’égard de la position du maître. Ce sont justement ces pensées que les esclaves devaient éviter en tant que vrais serviteurs de Christ, mais est-il ajouté « qu’ils les servent d’autant mieux que ceux qui profitent de leur bon et prompt service sont des croyants et des bien-aimés ». Ils ne devaient pas seulement accomplir leurs devoirs, mais aussi considérer leur maître comme des fidèles et des frères bien-aimés qui, discernant l’amour qui animait leurs esclaves croyants dans leur travail, ressentiraient leur bon et prompt service comme un bienfait.
            La vraie vie spirituelle se manifeste dans les sentiments chrétiens que nous témoignons envers les gens du monde et nos frères et sœurs. Toutefois, nous essayons parfois d’abuser ou de tirer profit des relations spirituelles, au lieu d’accomplir toutes choses dans le but de produire de la bénédiction et de la joie chez notre prochain. Adopter un tel comportement en faisant jouer les contacts fraternels, c'est une façon d’estimer que la piété peut être une source de gain (v. 5). L’apôtre se sent obligé d’avertir les esclaves mais un tel travers guette tout chrétien.

            « Enseigne cela et exhorte » (v. 3) : cette exhortation souligne l’importance des deux versets précédents. Elle sert à la fois de conclusion aux versets 1 et 2, et d’introduction au texte qui suit.

 
 
De saines paroles (v. 3-5)

            Avec le verset 3, l’apôtre Paul n’aborde pas un nouveau sujet, mais condamne avec détermination tout écart par rapport à la doctrine qu’il vient d’exposer. Celui qui voudrait saper la relation établie par Dieu entre les esclaves croyants et les maîtres, prétendrait que la vie quotidienne et la vie de foi sont deux sphères distinctes sans rapport entre elles. Il fallait lui objecter que c’est précisément dans les circonstances familiales et sociales que se réalise « la doctrine qui est selon la piété ». Tout comportement manquant de respect et de soumission déshonore Dieu…

 
                        La doctrine selon la piété

            Paul enseignait de « saines paroles » destinées à nourrir et à fortifier la vie de la foi. Ces paroles sont « celles de notre Seigneur Jésus Christ ». Il ne s’agit pas de paroles prononcées par la bouche même du Seigneur mais bien de l’expression de ses pensées et de sa volonté (le mot grec « logos » signifie aussi « pensée »). De telles paroles sont donc inspirées par l’esprit de Christ et ne diffèrent pas, dans leur principe, de l’enseignement dispensé par le Seigneur dans les Evangiles. « La doctrine qui est selon la piété », est une expression générale qui ne se rapporte pas exclusivement à ce que Paul vient d’énoncer mais à l’ensemble de la doctrine du Nouveau Testament.
            Le mot piété est un mot clé de la première épître à Timothée. Il apparaît huit fois, c’est-à-dire plus souvent que dans toutes les autres épîtres (2 : 2-3 ; 4 : 7-8 ; 6 : 3, 5, 11). « Piété » ou « dévotion » (du grec eusebeia) signifie tout simplement une vie de dévouement à la gloire de Dieu. C’est donc une expression qui se rapporte à notre vie chrétienne quotidienne.
            Cette doctrine « selon la piété » nous montre de quelle façon notre vie doit se manifester pratiquement, en harmonie avec les pensées de Dieu. Cette expression ne souligne-t-elle pas aussi l’unité de la doctrine des Saintes Ecritures ?

 
                        L’orgueil

            Celui qui s’oppose à ces doctrines divines offre l’affligeante image d’un homme enflé d’orgueil et ignorant, qui a « la maladie des questions et des disputes de mots » (v. 4). Tous ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes ou pensent avoir quelque mérite particulier sont enflés d’orgueil et entretiennent des illusions sur eux-mêmes. Par des « contestations », ils croient faire valoir leurs opinions ; en réalité, ils ne font que manifester leur maladie dont les symptômes sont : l’envie, les querelles, les paroles injurieuses, les mauvais soupçons, les violentes disputes. N’est-il pas solennel de constater que la Parole de Dieu associe ces tendances, présentes parfois même parmi les chrétiens, à des symptômes de maladie ? Mais grâces à Dieu, la « saine doctrine » peut nous en préserver ! Si la foi opère par l’amour, le « saint » fruit de l’Esprit peut parvenir à maturité en amour, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi (Gal. 5 : 6-22). Mais si ce « médicament » n’est pas absorbé de manière régulière, la maladie progresse.
            La chair, la vieille nature, est capable du pire. Si le chrétien ne veille pas et n’exerce pas le jugement de lui-même continuellement dans la présence du Seigneur, ces tendances risquent de se développer rapidement dans sa vie. Dans notre paragraphe, elles sont dénoncées cependant comme étant les caractéristiques d’hommes qui sont « corrompus dans leur intelligence et privés de la vérité » (v. 5). Et l’apôtre Paul, manifestement, n’envisage pas seulement cette hypothèse. Peut-être constate-t-il déjà les premiers germes du gnosticisme (système de pensée philosophico-religieux, qui prétend faire accéder l’esprit de l’homme à la connaissance du divin - et au salut - par la seule révélation intérieure que transmettent les « initiés »), par lequel Satan essaya très tôt de corrompre la vérité divine. Les raisonnements tortueux révèlent le véritable état de l’homme qui n’a pas une relation de foi vivante avec la vérité de Dieu.

 
                        L’appât du gain

            Ce qui se présentait chez les esclaves (v. 2) comme un danger possible est devenu chez de tels hommes un principe manifeste. Ils utilisaient les relations spirituelles en vue d’un profit matériel. On pourrait objecter qu’il y a pourtant une énorme différence entre des esclaves croyants et de faux docteurs incrédules. C’est vrai en ce qui concerne leur position devant Dieu. Mais lorsqu’il s’agit de la vie pratique, l’Esprit Saint établit souvent une relation directe entre des « tendances », même si elles ne se sont pas pleinement déclarées, et les résultats auxquels elles conduisent. Souvenons-nous de la remontrance de Paul à Pierre rapportée dans le chapitre 2 des Galates. Pierre avait émis le souhait de continuer à observer les commandements de la loi au sujet des aliments. Mais pour Paul, c’était abandonner le droit chemin selon la vérité de l’Évangile et il lui « résista en face » (v. 11). Parlant de sa propre conduite, il avait écrit aux Corinthiens : « Je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor. 9 : 27). Le vrai but des hommes désignés par le verset 5 demeure le gain temporel, et pour eux la piété est un moyen pour y parvenir. Il existe, jusqu’à ce jour, bien des exemples de cette triste vérité. Nombre d’organisations et d’individus se réclamant du nom de chrétiens essayent avec habileté - et, hélas, avec succès - de s’enrichir aux dépens de leurs semblables en usant de motifs et d’arguments qui n’ont que l’apparence de la piété.

 
 
Contentement ou amour de l’argent (v. 6-10)

            A cette idée qui considère la piété comme une source de gain, Paul oppose la vraie piété qui, si elle est conjuguée avec le contentement, est « un grand gain ». Au gain temporel et éphémère, il oppose la recherche d’un gain permanent, source de satisfaction pour le croyant et que le Seigneur récompensera dans l’avenir.

 
                        Le contentement
 
            Pour les stoïciens, le terme contentement recouvrait une notion essentielle ; leur philosophie affirmait que l’homme, moyennant un effort de volonté, pouvait être « content » dans toutes les situations et résister à l’influence des circonstances de la vie. Mais les stoïciens sont plus connus pour leur insensibilité et leur indifférence que pour leur aptitude à saisir le bonheur. Même s’ils avaient atteint leur but, leur contentement orgueilleux aurait été très éloigné de la modestie propre à la piété dans le Christ Jésus ! Rappelons ce verset dans la même épître : « La piété est utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie à venir » (4 : 8). Le chrétien qui vit de cette manière jouit d’une paix intérieure profonde, car il sait que son Dieu et Père prend soin de lui et lui accorde tout, tout ce qu’il estime dans sa sagesse être bon pour son enfant (Rom. 8 : 32). Le Seigneur Jésus, qui est notre grand modèle en toutes choses, manifesta une vraie piété avec le contentement lorsque, dans le désert, il repoussa les diverses tentations du diable (Matt. 4 : 1-10).
            Le verset 7 précise la raison pour laquelle Paul exhorte au contentement. Par des paroles brèves et claires, il nous rappelle le caractère temporaire et futile des choses qu’il traverse : « Car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ». Ce constat objectif qui concerne tous les hommes sans exception est repris dans de nombreux versets. « Comme il est sorti du ventre de sa mère, il s’en retournera nu, s’en allant comme il est venu » (Eccl. 5 : 15).

            Les hommes qui ne croient pas à une vie après la mort font tout ce qu’ils peuvent pour rendre leur vie aussi agréable que possible. « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Cor. 15 : 32). Plus que jamais aujourd’hui, fidèles à cette maxime, bien des incrédules essayent, au détriment de leur âme, de jouir au maximum durant leur brève existence des joies charnelles et éphémères que le monde leur offre.
 
 
                        Notre vraie richesse

            Mais tous ceux qui ont cru au Seigneur Jésus possèdent en Christ la vie éternelle et sont bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (Eph. 1 : 3). C’est là leur vraie et permanente richesse ; les biens matériels et provisoires occupent par conséquent une place très secondaire. Celui qui trouve dans le Seigneur Jésus la substance, le modèle, le but et la force de sa vie, n’éprouvera pas de peine à se contenter des circonstances qu’il traverse et de ce qu’il possède présentement (Héb. 13 : 5).
            Pour cette raison l’apôtre poursuit au verset 8 : « Alors, ayant nourriture et vêtement, nous serons satisfaits ». Dieu avait déjà fait savoir à son peuple Israël qu’Il aimait l’étranger pour lui donner le pain et le vêtement (Deut. 10 : 18). De la même manière, il a promis aux siens, également étrangers sur cette terre, ce dont ils ont besoin pour leur vie sur la terre (Matt. 6 : 31-33). Le luxe et les vêtements coûteux n’en font pas partie…

 
                        L’amour de l’argent

            En contraste avec ceux qui se confient en leur Dieu et Père pour leur subsistance, il y a ceux qui cherchent à devenir riches. Les versets 9 et 10 parlent de la poursuite effrénée des richesses de ce monde et des conséquences qui en découlent. Sous l’ancienne alliance, Dieu avait promis beaucoup de biens temporels à Israël. C’est pourquoi la richesse a souvent été considérée par les Israélites comme une preuve de la bénédiction divine. Dans la période de la grâce, ce sont les bénédictions spirituelles données par Dieu qui occupent en quelque sorte la place des biens matériels. La recherche de la richesse matérielle trahit par conséquent l’ignorance ou le mécontentement quant aux trésors de la foi et le manque de confiance envers Dieu et sa bonté. Au lieu de s’occuper de l’éternelle richesse, on aspire aux biens temporels et l’on s’exténue souvent à les obtenir.
            Pour satisfaire sa cupidité, on peut facilement abandonner le sentier de l’honnêteté. Une fois engagé sur le chemin escarpé, il devient difficile d’échapper au piège auquel mène la tentation. Les manipulations financières, les spéculations boursières et les jeux de hasard sont quelques-uns des désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. L’assouvissement de désirs toujours nouveaux conduit à la ruine matérielle et morale. Ces pensées développées par l’apôtre concernent les hommes en général et non les croyants, car les mots ruine et perdition ne concernent pas seulement dans le Nouveau Testament le temps présent, mais aussi l’éternité.
            L’amour de l’argent est un aspect de la cupidité. La Parole est claire : c'est une « racine de toutes sortes de maux » (v. 10). Quelques-uns de ceux qui avaient cherché leur intérêt dans la maison de Dieu avaient montré ce qui en fait remplissait leur coeur. A cause de cet amour de l’argent, ils s’étaient égarés de la foi et avaient abandonné le chemin de la bénédiction. Ils étaient devenus semblables à des brebis errantes tombées dans les fourrés du péché du monde ; les épines - une illustration de la malédiction du péché (Gen. 3 : 18) - les avaient transpercés. Les déceptions amères, des liens de famille brisés, des enfants dévoyés, la crainte d’essuyer des pertes financières et bien d’autres maux transpercent l’âme comme des épines venimeuses. Finalement, en constatant trop tard que rien de ce que l’on a poursuivi durant toute une vie ne sera emporté dans l’éternité, il reste l’amère douleur d'une conscience tourmentée et mal à l'aise devant Dieu. Peut-on se représenter une fin plus triste ?

 

                                                 D’après A. R – extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 10)

 
 

A suivre