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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (9)

 
 
 CHAPITRE 9 : La disposition d’esprit pour une vraie libéralité
           
          La préparation de la libéralité (v. 1-5)
          La vraie libéralité (v. 6-15)
         

La préparation de la libéralité (v. 1-5)

            Quelle assurance exprime Paul lorsqu’il affirme maintenant aux Corinthiens qu’il ne lui est pas nécessaire de leur écrire « concernant le service envers les saints » vivant dans la pauvreté à Jérusalem (v. 1 ; comp. 8 : 4). Il introduit ici une nouvelle pensée, celle du service (en grec : diakonia). Dans le chapitre précédent, il avait mis en avant la grâce de Dieu ; maintenant il évoque avec tact la responsabilité qui accompagne tout service.
            Une fois encore l’apôtre souligne la « promptitude » et le « zèle » des saints en Achaïe, la province grecque où était située Corinthe ; elle était  déjà « prête » l’année précédente et il s’est glorifié d’une telle disposition auprès des frères de Macédoine (v. 2 ; voir 8 : 10). Nous ne devons pas nourrir la pensée très humaine - mais charnelle - que Paul avait l’intention d’inciter les assemblées à la concurrence, en présentant une fois les Macédoniens comme exemple aux Corinthiens et en faisant maintenant l’inverse (comp. 8 : 1-2). Non, son seul désir était de veiller sur les croyants si chers à son cœur, pour les « stimuler à l’amour et aux bonnes œuvres » (Héb. 10 : 24). Le zèle que les Corinthiens avaient montré au début, dans leur participation aux collectes, avait effectivement encouragé beaucoup d’autres personnes à la libéralité. Ils s’étaient eux-mêmes malheureusement refroidis depuis, tandis que les Macédoniens, malgré leurs circonstances extérieures difficiles, avaient donné en peu de temps une preuve surabondante de leur amour.
            C’est pourquoi Paul envoie les trois frères déjà mentionnés, afin qu’ils aident les Corinthiens à passer de la promptitude « à vouloir » à la promptitude « à achever » (v. 3 ; voir 8 : 11). Si en effet cela en restait au vouloir, les éloges de l’apôtre se seraient alors manifestés excessifs ou même faux - ce en quoi il s’était glorifié des Corinthiens aurait été mis à néant. Quelle peine et quelle douleur non seulement pour lui, mais aussi pour eux, si, à la suite de la visite des trois frères, il venait à eux en compagnie de frères de Macédoine et qu’un tel manquement doive être constaté précisément chez ceux qu’il avait présentés aux autres comme un très beau modèle (v. 4) ! Quelle humiliation si ce dont il s’était glorifié auprès des frères de Macédoine et sa confiance dans les Corinthiens s’avéraient injustifiés, parce qu’à son arrivée rien n’aurait été collecté ! Il faudrait alors qu’il aille plus loin les mains vides !
            Aussi Paul a-t-il estimé nécessaire d’envoyer au préalable les trois frères pour « concrétiser cette libéralité » qu’ils avaient promise (v. 5). Par les mots « votre libéralité » (en grec, « votre bénédiction »), l’apôtre introduit ici une autre manière de parler des fonds récoltés. Celle-ci trouve son origine déjà dans l’Ancien Testament (voir Gen. 33 : 11; 1 Sam. 25 : 27 ; 2 Rois 5 : 15). Les Corinthiens devaient considérer leurs dons comme une bénédiction qu’ils pouvaient communiquer à d’autres frères et sœurs. Leurs dons ne devaient pas porter le caractère de « chose extorquée » (ou, littéralement, de cupidité), c’est-à-dire être faits à contrecœur ou par contrainte. Si l’apôtre avait désiré expressément que les collectes ne se fassent pas seulement lorsqu’il serait arrivé, c’était assurément aussi parce qu’il voulait éviter toute pression que les Corinthiens auraient pu ressentir du fait de sa présence (voir 1 Cor. 16 : 2). Remarquons qu’il  ne peut s’agir ici de cupidité chez les frères visiteurs, vu que ceux-ci étaient seulement les porteurs des dons et non pas les bénéficiaires.

 
 
La vraie libéralité (v. 6-15)

            Dans la dernière partie de cette section de l’épître, Paul montre que la vraie libéralité n’apporte pas seulement une aide à ceux qui sont dans le besoin, mais aussi une source de bénédiction pour ceux qui donnent (v. 6-11) et Dieu en est glorifié (v. 12-15). Il place au début un proverbe : « Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème largement moissonnera aussi largement » (v. 6), qui n’est, il est vrai, pas cité littéralement de la Parole de Dieu, mais dont la pensée principale se retrouve cependant tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau : « Tel disperse, et augmente encore ; et tel retient plus qu’il ne faut, mais n’en a que disette. L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Prov. 11 : 24-25). « Donnez, et il vous sera donné : on vous donnera dans le sein bonne mesure, pressée, secouée, et débordante ; car de la même mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour » (Luc 6 : 38). Les versets cités confirment à leur manière cette vérité divine que nous oublions souvent : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6 : 7). Comme l’a écrit un frère et commentateur estimé des Saintes Ecritures, la meilleure explication de ce principe est notre propre expérience !
            Dans le fait de donner, ce n’est pas l’ampleur du don qui compte en premier lieu, mais c’est la disposition de cœur. Il ne doit pas être rempli de regret ou de tristesse sur la perte apparente, ni se sentir contraint ou sous pression, mais doit plutôt être réjoui de pouvoir faire du bien, et prêt à donner de plein gré par amour pour Dieu et pour les siens, « car Dieu aime celui qui donne joyeusement » (v. 7). Ces paroles bien connues sont une allusion à une adjonction de la version des Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament) à Proverbes 22 : 8, où il est écrit : « Dieu bénit celui qui est joyeux et libéral ». Dieu aime tous ses enfants, et cependant une vie en harmonie avec sa volonté suscite particulièrement son amour (comp. Jean 14 : 23).
            Dieu a manifesté sa riche grâce pour de pauvres pécheurs dans son Fils bien-aimé, le plus grand don qui soit (comp. v. 15). A tous ceux qui croient en lui, Il a donné dans sa grâce des bénédictions et des promesses glorieuses. Où que nous regardions, nous voyons partout la grâce surabondante de notre Dieu, dont nous pouvons faire chaque jour l’expérience renouvelée. Non seulement elle nous remplit de reconnaissance, mais elle nous rend capables d’agir d’une manière qui lui corresponde, afin, dit l’apôtre, que « vous abondiez pour toute bonne œuvre » (v. 8). En faisant ainsi allusion à la grâce de Dieu et aux richesses qui sont maintenant leur part, Paul encourage les frères de Corinthe à cette bonne œuvre de la libéralité et l’explique par une citation de l’Ancien Testament : « Il a répandu, il a donné aux pauvres, sa justice demeure éternellement » (v. 9 ; Ps. 112 : 9). Ce Psaume, qui envisage prophétiquement le règne millénaire, décrit la part bénie de ceux qui craignent l’Eternel et gardent sa Parole. Ils ne seront pas seulement richement bénis comme justifiés devant Dieu, mais ils administreront pour le bien des autres ce qu’ils auront reçu et se manifesteront ainsi comme des justes, c’est-à-dire comme ceux qui agissent en accord avec la relation dans laquelle ils ont été introduits par grâce (comp. Matt. 6 : 1).
            Encore une fois, le Saint Esprit dirige nos regards vers Dieu, qui est la source de tout (comp. 8 : 1, 9 ; 9 : 8). S’Il « fournit de la semence au semeur et du pain pour se nourrir », c’est donc qu’il a donné déjà auparavant une abondante moisson, qui suffit aussi bien à rassasier de pain qu’à pourvoir à la nouvelle semence pour la prochaine moisson (v. 10) ! De la même manière, Il donnera également les moyens matériels en suffisance, non seulement pour les propres besoins, mais aussi pour servir de « semence » pour d’autres ; celle-ci produira les fruits abondants de la justice. Ici, comme au verset 9, la « justice » est le comportement qui convient à l’appel.
            On ne s’appauvrit pas en donnant, mais on devient plus riche à tous égards ! Ce fait incite à une plus grande libéralité, qui produit de nouveau, chez l’apôtre et ses compagnons d’œuvre, la reconnaissance envers Dieu, parce qu’ils peuvent voir leurs efforts couronnés de succès (v. 11). Quelle plénitude de bénédiction peut procéder des choses matérielles périssables, si nous les considérons comme des dons de l’amour de notre Dieu et Père et les employons à sa gloire !
            Ceci nous amène à considérer un nouvel aspect. Le service que les Corinthiens accomplissent avec leurs dons, ne pourvoit pas seulement à ce qui manque aux frères et sœurs pauvres de Judée, mais produit beaucoup d’actions de grâces envers Dieu. Non seulement Paul, mais également les destinataires des dons rendent grâces et glorifient Dieu pour la bonne disposition des donateurs qui est en accord avec l’évangile de Christ (v. 12-13). Mais la participation (grec : koinônia, c’est-à-dire « communion » ; voir 8 : 4) qui s’exprime dans une telle libéralité engendre les supplications des destinataires pour les donateurs. Ceux-ci expriment leur amour dans un élan spirituel vers ces frères et sœurs inconnus ; la grâce surabondante de Dieu a opéré de telle manière en eux qu’ils s’engagent en faveur des autres avec un très grand dévouement (v. 14).
            Lorsque l’apôtre pense aux effets de la participation aux dons matériels, il est ramené de nouveau à l’origine, à la source de toutes choses. Au chapitre 8 : 9, pour stimuler les Corinthiens, il leur a présenté le Seigneur Jésus dans sa grâce, dans laquelle Il s’est livré lui-même. Ici, à la fin de ses explications sur la libéralité, il se répand en actions de grâces envers Celui qui nous a fait son « don inexprimable » (v.15). En son Fils, Dieu nous a donné le plus grand de tous les dons, mais de plus, il veut nous faire don aussi, « librement, de toutes choses avec lui » (Rom. 8 : 32) ! Tout ce que nous avons - que ce soient les bénédictions spirituelles ou les bien matériels - vient de lui, le grand Donateur (comp. Jean 4 : 10). Rendons-Lui grâces tous les jours pour son don inexprimable !

 
                               Tu nous as tout donné, ô Dieu,
                              En Jésus Christ, suprême don.

                              Par lui nous entrons au saint lieu,

                              Par lui nous bénissons ton nom.

                              O Père, fais-nous mesurer
                              De ton amour l’immensité,
                              Et que déjà, sans se lasser,
                              Nos cœurs célèbrent ta bonté.

 

                                                                                       D’après A. Remmers

  

A suivre