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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (8)

 
 

CHAPITRE 8 : La grâce de la libéralité

          L'exemple des Macédoniens (v. 1-6)
          Un appel (v. 7-15)
          L’envoi de Tite (v. 16-24)
         

            Lors de son court séjour à Corinthe, Tite avait visiblement constaté que l'assemblée locale avait besoin d'une nouvelle stimulation pour procéder à ces collectes en faveur des croyants en Judée. Paul aborde maintenant avec délicatesse ce sujet.

 
L'exemple des Macédoniens (v. 1-6)

            Il présente d'abord aux Corinthiens l'exemple des assemblées en Macédoine (Philippes, Thessalonique et Bérée). En même temps, il dirige leur attention sur la grâce de Dieu qui est devenue la part de tous les croyants et qui se déploie dans les circonstances les plus diverses de leur vie (v. 1). Contrairement aux croyants de la riche ville commerçante de Corinthe, les saints de Macédoine vivaient non seulement dans une grande pauvreté, mais avaient de plus à souffrir la persécution (Phil. 1 : 29 ; 1 Thess. 2 : 14). Mais au lieu de se plaindre ou de solliciter l'aide des autres, ils étaient pleins de joie dans leurs tribulations et faisaient, malgré leur pauvreté, preuve d'une grande générosité (v. 2). Ils ne possédaient que peu, mais Paul peut témoigner avec étonnement qu'ils étaient prêts, sans aucune influence de sa part, à donner « au-delà de leurs moyens » (v. 3). Cela ne pouvait être que l'opération de l'abondante grâce de Dieu !
            Paul et ses compagnons n'avaient nullement besoin d'y encourager ces croyants apparemment démunis ; au vu de leurs circonstances, ils ne l'auraient certainement pas fait. Non, c'était exactement l'inverse : « avec beaucoup d'insistance », les frères en Macédoine demandaient de pouvoir se joindre à cette collecte qu'ils considéraient comme une occasion de manifester la grâce et la communion fraternelle avec les croyants en Judée. La grâce était la source, la communion (grec : koinônia ; le mot est traduit par « dons » en 2 Corinthiens 9 : 13 ; « contribution » en Romains 15 : 26 et par l'expression « faire part de vos biens » en Hébreux 13 : 16), l'expression pratique d'un service qu'ils désiraient remplir envers des croyants totalement inconnus pour eux, mais qu'en plein accord avec les pensées de Dieu ils considéraient comme des « saints » (v. 4). Avons-nous, nous aussi, une telle attitude spirituelle relativement aux nombreux enfants de Dieu d'autres pays qui vivent dans la plus grande pauvreté ?
            Les frères de Macédoine voyaient manifestement le but le plus élevé et le plus beau de leurs biens terrestres dans leur emploi en faveur des besoins des saints. Ils dépassaient même les attentes de l'apôtre, qui pouvait témoigner : « Ils se sont donnés eux-mêmes, d'abord au Seigneur, puis à nous, par la volonté de Dieu » (v. 5). Ce faisant, ils étaient pratiquement les imitateurs de leur Seigneur et Sauveur, qui non seulement a donné tout ce qu'il avait, mais s'est donné lui-même. Il s'est offert lui-même à Dieu sans tache, et il s'est livré aussi pour nous et pour nos péchés (voir Gal. 1 : 4 ; 1 Tim. 2 : 6 ; Tite 2 : 14 ; Héb. 9 : 14). Non seulement ils agissaient en accord avec la volonté de Dieu, mais sa volonté était le mobile de leur abnégation ! Ils étaient réellement un exemple à imiter.
            Paul et ses compagnons d'œuvre étaient tellement sous l'impression de la grâce de Dieu parmi les frères de Macédoine qu'ils avaient prié Tite d'achever maintenant aussi à l'égard des frères de Corinthe ce qu'il avait précédemment commencé. Nous ne savons pas quand ou à quelle occasion Tite avait entrepris cette démarche auprès d'eux (comp. v. 10). La même grâce qui avait opéré parmi les frères de Macédoine et avait aussi commencé d'agir parmi ces Corinthiens qui étaient dans des circonstances bien plus favorables. Tite devait maintenant mener à bonne fin la collecte de leurs dons matériels (v. 6).

 
 
Un appel (v. 7-15)

            Par le « Mais » au début du verset 7, Paul s'adresse maintenant personnellement et directement aux destinataires de son épître. Déjà dans sa première lettre, il leur avait déclaré qu'ils avaient été enrichis « en toute parole et toute connaissance », de sorte qu'ils ne manquaient d'aucun don de grâce (1 Cor. 1 : 5-7). De plus, il relève ici élogieusement leur croissance perceptible récemment dans la foi, le zèle et l'amour pour lui et ses compagnons. Comme nous l'avons remarqué maintes fois dans le cours de l'épître, il avait confiance que les Corinthiens faisaient des progrès spirituels. C'est pourquoi il peut maintenant les exhorter à abonder dans cette grâce, dont ils avaient un si beau modèle dans les frères de Macédoine (v. 7). Il ne veut cependant pas leur donner des ordres. Il fait rarement usage de son autorité apostolique (voir 1 Cor. 4 : 21 ; 9 : 2 ; 2 Cor 1 : 24 ; 13 : 10). Le mobile de son ministère est l'amour pour son Seigneur et pour les siens. Afin de toucher maintenant le cœur des Corinthiens, il utilise deux arguments : d'une part, il place encore une fois devant eux le grand zèle des Macédoniens (comp. v. 1-5), d'autre part, il veut mettre à l'épreuve la sincérité de leur amour (v. 8).
            Mais en outre, Paul leur présente le plus grand exemple de grâce, d'amour et de dévouement qui existe : « notre Seigneur Jésus Christ » (v. 9). Il n'y a aucune sphère de la vie de l'assemblée et des croyants individuellement qui ne doive être marquée et même déterminée par l'amour et la personne de notre Sauveur et Seigneur (comp. Matt. 11 : 29 ; Éph. 4 : 32 ; 5 : 25 ; Phil. 2 : 5). Il est notre plus grand modèle, celui que Paul plus que tout autre s'est attaché à suivre : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1).
            La richesse du Fils éternel de Dieu était infiniment grande dans le ciel, avant qu'Il n’accepte de devenir, comme homme, pauvre pour nous ! Il était en forme de Dieu (Phil. 2 : 6), le resplendissement de sa gloire, l'empreinte de ce qu'il est (Héb. 1 : 3), et possédait de toute éternité la gloire auprès du Père (Jean 17 : 5). Mais ensuite, Il est descendu du ciel (Jean 6 : 38), s'est anéanti lui-même et a pris la forme d'esclave (Phil. 2 : 7). Il a connu la faim, la soif et la fatigue (Matt. 4 : 2 ; Jean 4 : 6, 8). Il n'avait pas de lieu où reposer sa tête (Matt. 8 : 20), et Il a été méprisé, trahi, renié et abandonné des hommes (És. 53 : 3 ; Luc 22 : 48, 55-61 ; Marc 14 : 50). Finalement, Il a aussi été abandonné de Dieu (Matt. 27 : 46), « fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21) et parvenu au point le plus bas de son abaissement, Il a connu la mort pour nous à la croix. Il a ainsi réalisé la parole prophétique du Psaume 40 : 17 : « Et moi, je suis affligé et pauvre ». A lui soit la reconnaissance éternelle !
            Et pour qui a-t-Il pris tout cela sur lui ? Pour de pauvres pécheurs perdus ! Nous étions étrangers et gens de passage (Eph. 2 : 19), sans force et impies (Rom. 5 : 6), sans Christ, sans espérance et sans Dieu dans le monde (Eph. 2 : 12). Nous avions notre intelligence obscurcie et étions étrangers à la vie de Dieu (Éph. 4 : 18), esclaves du péché (Rom. 6 : 17), tenus en esclavage toute notre vie par la crainte de la mort (Héb. 2 : 15) et morts dans nos fautes et dans nos péchés (Éph. 2 : 1).
            Mais par la pauvreté de Christ, nous avons été rendus infiniment riches ! Par lui nous avons pu par grâce recevoir en partage une foi d'un grand prix (2 Pier. 1 : 1), nous avons en lui la vie éternelle (Rom. 6 : 23 ; 1 Jean 5 : 11), nous possédons le Saint Esprit (2 Cor. 1 : 21, 22 ; Eph. 1 : 13, 14 ; 1 Jean 2 : 20), nous sommes enfants, fils et héritiers de Dieu (Jean 1 : 12 ; Rom. 8 : 17). Nous sommes « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3). Une part, en vérité, unique, sans comparaison avec les richesses terrestres quelles qu'elles soient !
            La grâce de notre Seigneur Jésus Christ avait déjà opéré d'une manière surabondante dans les frères de Macédoine et le souhait de Paul était que ceux de Corinthe désirent les imiter - et d’abord imiter l'exemple du Seigneur Jésus. Il n'exprime cependant ni un commandement ni un simple souhait, mais place devant eux son avis spirituel bien pesé (v. 10 ; comp. 1 Cor. 7 : 25, 40). Il leur fait remarquer qu'il leur est profitable de ne pas s'arrêter à mi-chemin, après avoir bien commencé dès l'année précédente non seulement dans ce qui est visible extérieurement, le « faire », mais aussi (ce qui est encore plus important) dans leur décision intérieure de participer aux collectes (comp. v. 6). Paul suppose avec confiance que leur « promptitude à vouloir » est toujours présente, bien que, quant au « faire », ils aient entre-temps pris du retard. Ils avaient en conséquence, besoin d'être encouragés à achever - selon la mesure de leurs possibilités et de leurs moyens (v. 11). Dieu apprécie la valeur d'un don non par son importance, mais par la disposition du cœur et les possibilités de celui qui donne (v. 12). Le Seigneur Jésus l'a montré clairement par l'exemple de la pauvre veuve, en Marc 12 : 41 à 44, qui, avec deux pites, n'offrait certes qu'une somme très petite, mais en l’occurrence il s'agissait de toute sa subsistance !
            Ce n'était cependant pas dans l'intention de Dieu que les Corinthiens procurent du soulagement à des frères démunis et par là soient eux-mêmes plongés dans la pauvreté et la gêne. Ce n'aurait été qu'une transposition des besoins. Il recherche à cet égard « l'égalité » entre ses enfants, non pas l'inégalité (v. 13). L'abondance des uns, à savoir des Corinthiens, doit remédier à la pénurie des autres, en particulier ici les croyants à Jérusalem et en Judée. Si un jour les Corinthiens devaient se trouver dans le besoin, l'abondance d'autres leur profiterait. Mais il ne faut voir ici ni le cas improbable que les croyants en Judée pourraient se trouver un jour dans la situation d'aider les Corinthiens, ni, comme en Romains 15 : 27, que les Corinthiens doivent mettre à disposition leurs biens matériels parce qu'ils ont eu part aux biens spirituels du peuple terrestre de Dieu (comp. Rom. 9 : 5). Comme le montrent les expressions générales utilisées, il s'agit ici d'une question d'égalité. Ceux qui vivent dans l'abondance doivent toujours aider ceux qui sont dans le besoin (v. 14). En définitive, c'est Dieu qui attribue les biens matériels aux croyants, comme le montre la citation d'Exode 16 : 18 : « Celui qui recueillait beaucoup n'avait pas trop, et celui qui recueillait peu avait assez ». Déjà quant à son peuple terrestre, Dieu avait pourvu à la merveilleuse répartition de la manne recueillie chaque jour par les fils d'Israël. Mais comme nous le voyons ici, Il veut maintenant se servir de ses enfants, pour qu’ils soient des instruments prêts à  manifester leur amour par les soins dont ils entourent leurs frères !

 
L’envoi de Tite (v. 16-24)

            La première partie du chapitre 8 ne fait pas seulement connaître le zèle des assemblées de Macédoine pour l’œuvre du Seigneur, mais montre avant tout celui de Paul pour l’assemblée à Corinthe où il désirait tant voir des fruits de la foi. Dieu avait produit dans le cœur de Tite un zèle semblable pour les frères et sœurs à Corinthe, ce dont Paul était reconnaissant (v. 16). Lorsque l’apôtre l’invita à se rendre encore une fois à Corinthe pour rassembler les dons, Tite accepta immédiatement cette mission car il était déjà spontanément prêt à prendre sur lui ce service (v. 17). On peut déduire de la formulation de ce verset que c’est Tite qui a porté l’épître à Corinthe.
            Toutefois Paul, toujours attentif à vivre et à agir honnêtement, aussi bien devant le Seigneur que devant les hommes, ne voulait pas laisser Tite voyager seul pour ce transport d'une somme d’argent si importante (v. 21 ; comp. Rom. 12 : 17 ; 1 Cor. 10 : 31-32). Il avait certes pleine confiance en lui, mais il ne voulait donner aucun motif de soupçons. C’est pourquoi lui et ses compagnons avaient envoyé deux frères avec Tite (v. 22). Du premier, il est dit qu'il est un serviteur « dont toutes les assemblées font l'éloge à cause de l'évangile » (v. 18). L’identité de ce frère dont le nom n’est pas donné, a fait l’objet de beaucoup de spéculations ; il était manifestement si connu et estimé qu’il fut aussi accepté des Corinthiens, plutôt méfiants. Ce frère avait été choisi par les assemblées pour accompagner Paul dans le transfert des dons vers Jérusalem.
            C’était de la sagesse de la part de Paul de laisser les assemblées décider qui devait convoyer les dons rassemblés parmi elles (voir 1 Cor. 16 : 3). De la même manière, les apôtres à Jérusalem avaient laissé à l’assemblée le choix des « serviteurs » auxquels ils imposèrent les mains après avoir prié, en signe de leur accord (Act. 6 : 1-6). Mais quand il s’agit de l’appel des serviteurs de la Parole (évangélistes, pasteurs et docteurs), le Seigneur, comme chef de son Assemblée, est le seul qui décide : l’Assemblée n’a aucun « droit d’intervention » (voir Eph. 4 : 11). Cette distinction importante a été perdue de vue presque partout dans la chrétienté. La pensée prévaut qu’un véritable serviteur de la Parole doit avoir reçu une ordination ou une nomination, mais on oublie qu’il s’agit d’une
ingérence indue dans les droits du Seigneur Jésus.
            Paul appelle ici les dons une « grâce », car ils étaient le signe visible de ce que la grâce de Dieu avait opéré dans le cœur des croyants (v. 1, 4, 6-7). Le service de cette libéralité était assuré par l'apôtre et ses compagnons à la gloire du Seigneur lui-même. Il confirmait leur disposition à participer avec les saints aux besoins de leurs frères et sœurs en Judée (v. 19).
            Comme nous l’avons déjà mentionné, Paul attachait beaucoup d’importance à éviter tout motif de soupçons ou de méfiance dans le cœur des croyants, quant à l’administration et au transfert de « cette large contribution » (v. 20). Lui et ses frères veillaient « à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (v. 21). Et cela non seulement dans les choses matérielles ; il existe aussi beaucoup de situations où il ne suffit pas d’avoir une bonne conscience devant le Seigneur, mais où il est nécessaire de prendre soin d’agir honnêtement devant les hommes et d’éviter toute apparence de fausseté, afin que le nom du Seigneur ne soit pas blasphémé ! C’est pourquoi un autre frère avait été envoyé avec Tite et le frère déjà cité. Il est appelé, à la différence du premier, « notre frère ». Il avait non seulement été maintes fois mis à l’épreuve et approuvé, mais il était plein de zèle pour ce service et partageait pleinement la confiance de l’apôtre envers les Corinthiens (v. 22).
            L’apôtre termine cette section par un éloge des envoyés et un appel aux saints à Corinthe. Quant à Tite, il était un de ses intimes, son « associé » (en grec, koinônos, racine du mot « communion »), et vis-à-vis des Corinthiens, son compagnon d’œuvre. Il appelle maintenant les deux autres serviteurs, « nos frères », et « envoyés (en grec, apostolos) des assemblées, la gloire de Christ » (v. 23). Le substantif grec apostolos, « envoyé », n’a donc pas partout dans le Nouveau Testament la signification officielle d’ « apôtre », mais est parfois employé dans un sens général (comp. Phil. 2 : 25).

            Remarquons la progression dans la description de ces hommes inconnus de nous ! Ils étaient des frères par la grâce de Dieu, les envoyés des assemblées en vertu de la confiance dont ils jouissaient, mais ils étaient la gloire de Christ parce qu’ils le glorifiaient par leur service en apparence si humble (comp. v. 19 ; 9 : 13). C’est envers ces hommes fidèles que les Corinthiens devaient montrer la preuve de leur amour pour le Seigneur, pour Paul, leur père spirituel, et pour les frères et sœurs dans le besoin en Judée. Ils devaient aussi être conscients que d’autres assemblées apprendraient dans quelle mesure ils avaient participé à la collecte des dons. Il leur rappelle encore sa grande confiance en eux, qui lui a donné occasion de se glorifier d’eux à ce sujet, et en quoi il désire ne pas être déçu (v. 24 ; comp. 7 : 14).

                                                                                       D’après A. Remmers

  

A suivre