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Nous proposons la lecture de cette remarquable introduction de la Bible écrite à la fin du 19ème siècle par l’un de nos frères conducteurs, John Nelson Darby (1800-1882).
 
 

INTRODUCTION A LA BIBLE (1)

           
            Ecrire une introduction à la Bible est une entreprise assurément difficile et sérieuse au plus haut degré.
            Comment en serait-il autrement lorsqu'il s'agit de présenter :
                        - un livre qui renferme l'ensemble de toutes les pensées de Dieu et de toutes ses voies relativement à l'homme, ainsi que son propos arrêté à l'égard du Christ et de l'homme en Lui,
                        - un livre qui fait connaître en même temps ce que Dieu est, quelle est la responsabilité de l'homme envers Lui, ce qu'il a fait pour l'homme, et les nouvelles relations avec Dieu dans lesquelles celui-ci entre par Christ, 
                        - un livre qui révèle ce que Dieu est moralement dans sa nature, et les économies au cours desquelles Il se glorifie devant les cieux et leurs habitants,
                        - un livre qui dévoile les secrets du cœur humain et met à nu son état, et qui, en même temps, place à découvert devant lui les choses invisibles,
                        - un livre qui commence au point où le passé touche à l'éternité, et qui nous conduit, par le développement et la solution de toutes les questions morales, au but où l'avenir se perd dans l'éternité selon Dieu,
                        - un livre enfin qui sonde les questions morales dans la parfaite lumière de Dieu pleinement révélé, et nous fait connaître les fondements de nouvelles relations avec Lui selon ce qu'Il est en Lui-même et selon ce qu'Il est en amour infini ?
           
            Prendre un tel livre pour montrer l'enchaînement de ses diverses parties, leur relation entre elles et avec l'ensemble, afin d'ouvrir à l'esprit humain (dans la mesure où il est donné à l'homme de le faire, car Dieu seul le peut d'une manière efficace) le chemin pour comprendre les voies de Dieu comme Il les a révélées, est une tâche dont la difficulté et le sérieux sont bien propres à faire reculer l'esprit de celui qui veut l'entreprendre, car il se trouve en présence des pensées de Dieu exprimées par Lui-même.
            Quelle chose, en effet, digne de toute admiration, que cette divine parenthèse ouverte entre l'éternité passée et l'éternité à venir ! Durant son cours, la fébrile activité de l'homme déchu, sous l'instigation de celui qui exerce la puissance du mensonge et du meurtre, se déploie en des pensées qui périront toutes, mais dans cette même période aussi, la nature et les pensées de Dieu, son être moral et son propos arrêté, jusqu'alors cachés en Lui de toute éternité, se révèlent et s'accomplissent par le moyen du Fils, - tout en mettant l'homme à l'épreuve et manifestant ce qu'il est - afin de paraître, en leur résultat final, dans une éternité de gloire où Dieu, entouré de créatures bénies rendues capables de le connaître et de le comprendre, se manifestera comme lumière et comme amour dans le fruit de ses pensées éternelles et impérissables. Alors tout ce qui a été opéré par sa grâce et sa sagesse, à travers les choses qui paraissent ici-bas, sera mis en évidence dans ses fruits glorieux et éternels ; alors Dieu - Père, Fils et Saint Esprit, connu de Lui-même avant que le temps fût - sera connu d'innombrables êtres heureux, connu dans la jouissance de leur propre bonheur, quand le temps ne sera plus. Et ce monde est la scène où tout ce qui se fait concourt à ce but ; et le cœur de l'homme est le lieu où tout se passe et se réalise moralement, si Dieu, en qui et par qui et pour qui sont toutes choses (Rom. 11 : 36), demeure en lui par son Esprit pour lui donner de l'intelligence, et si Christ, objet et centre de tout ce que Dieu accomplit, est aussi son unique objet. Or la Bible est la Révélation que Dieu nous a donnée de tout ce merveilleux système et de tous les faits qui s'y rapportent.
            Ne comprend-on pas que l'on recule devant la tâche d'exposer de telles choses ? Mais nous avons à faire à un Dieu de bonté. Il prend plaisir à nous aider dans tout ce qui peut nous servir à entrer dans l'intelligence de la Révélation qu'Il s'est plu à nous donner de ses pensées.
 
 
Les grands principes de la Révélation de Dieu
 
            De grands principes caractérisent la révélation des pensées de Dieu : nous en dirons un mot avant de nous occuper des détails.
 
                        Le premier homme et le second
            La première grande idée qui imprime son caractère sur la révélation de Dieu, est celle des deux Adam. Il y a deux hommes, le premier et le second : l'un, l'homme responsable ; l'autre, l'homme des conseils de Dieu, en qui, tout en confirmant le principe de la responsabilité, Dieu se révèle Lui-même, et en même temps fait connaître ses conseils souverains et la grâce qui règne par la justice. Ces deux principes dominent tout le contenu de la Bible. Seulement, bien que les voies de Dieu sa bonté se montrât continuellement jusqu'à la venue de son Fils, la grâce, dans la pleine force du terme, ne se révélait que prophétiquement avant cette venue, et encore assez voilée pour ne pas porter atteinte à l'état où en étaient alors les relations de l'homme avec Dieu ; aussi le faisait-elle souvent sous des formes qui ne se comprennent que lorsque le Nouveau testament en a fourni la clef.
            Cela nous conduit à considérer deux autres principes qui se trouvent révélés et développés dans les Ecritures : le gouvernement de Dieu et sa grâce souveraine.
 
                        Le gouvernement de Dieu
            Le gouvernement de Dieu dans la scène de ce monde, un gouvernement sûr, a été longtemps caché, excepté en Israël où il se manifestait sur une petite échelle. Mais, là même, il apparaît encore peu distinct aux yeux des hommes, parce que l'iniquité prévalait (Ps. 73), et que Dieu avait au milieu de ce gouvernement des voies plus profondes et des bénédictions plus grandes pour les siens - voies dans lesquelles, pour le bien spirituel de ceux-ci, il se servait de maux infligés selon les principes de son gouvernement. La partie historique de la Bible fait connaître à l'homme spirituel le cours de ces voies ; les Psaumes présentent les réflexions faites sur elles par l'Esprit de Christ dans les fidèles, les expressions s'élevant parfois jusqu'à l'expérience de Christ lui-même, et devenant ainsi directement prophétiques. Mais n'anticipons pas.
                           
                        La grâce souveraine de Dieu
            Elle prend de pauvres pécheurs, efface leurs péchés, et les place dans la même gloire que le Fils (devenu homme dans ce but), « conformes à l'image de son Fils », et cela selon la justice de Dieu, en vertu du sacrifice de Christ par lequel Il a pleinement glorifié Dieu à l'égard du péché. Des traits de cette grâce souveraine se retrouvent dans le gouvernement de Dieu, et se montrent quand ce gouvernement a produit son effet ; mais c'est dans la gloire céleste qu'elle est pleinement révélée.
 
                        La Loi
            Au gouvernement de Dieu se rattache étroitement la Loi, qui présente la règle du bien et du mal, selon Dieu, et qui fonde cette règle sur Son autorité. Le Seigneur nous en fournit l'expression en tirant de diverses parties du Pentateuque les principes qui, s'ils étaient établis dans le cœur et y opéraient, conduiraient à l'obéissance envers Dieu et à l'accomplissement de sa volonté, et produiraient ainsi la justice humaine. Les dix commandements ne créent pas le devoir ; l'existence de celui-ci est fondée sur les relations dans lesquelles Dieu a placé l'homme.
            Il y a entre les dix commandements et les principes de la Loi posés par Jésus, cette différence, que ceux-ci, extraits par Lui des livres de Moïse, embrassent le bien absolu tout entier, sans question de péché, tandis que les dix commandements supposent le péché, et, sauf un seul, sont prohibitifs de toute infidélité aux relations dont ils traitent. Il est important de remarquer que le dernier de ces commandements défend le mouvement du cœur vers les péchés précédemment condamnés : « l'aiguillon est dans la queue ». Outre cela, les diverses relations sont la base du devoir, les commandements défendant aux hommes d'y manquer. Mais le principe de la Loi, de toute loi, est que l'approbation de Celui envers qui je suis responsable, mon acceptation par Celui qui a le droit de juger de la fidélité à ma responsabilité, ou de mes manquements, - mon bonheur, en un mot – dépend de ce que je suis à cet égard, de ce que je suis envers Lui. Les relations sont établies par la volonté et l'autorité du Créateur, et lorsque j'y manque, je pèche contre Lui qui les a établies, je Lui désobéis et je méprise son autorité. Le principe de la Loi est que l'acceptation de la personne dépend de sa conduite ; la grâce, au contraire, fait ce qu'elle veut, agissant en bonté, selon la nature et le caractère de Celui qui fait grâce.
 
                        Les promesses
                 Il y a, en contraste avec la Loi, un autre élément important des voies de Dieu, savoir les promesses. Elles commencent avec la chute ; mais, comme principe dans les voies de Dieu, elles datent d'Abraham, alors que le monde était déjà tombé, non seulement dans le péché, mais dans l'idolâtrie, Satan et les démons s'étant mis à la place de Dieu dans l'esprit de l'homme. Or l'élection d'Abram, son appel, et le don des promesses qui lui a été fait, se rattachent tous à la grâce. Aussi Abram a suivi Dieu - il ne l'a fait d'abord qu'à moitié, mais nous parlons ici des voies de Dieu - vers le pays que Dieu lui indiquait, mais il n'y posséda pas où poser son pied. C'est ce qui introduit un autre principe vital : vivre de foi, recevoir la parole de Dieu comme telle, et compter sur la fidèle bonté de Dieu. La promesse dépendait évidemment de la grâce ; elle n'était pas la chose donnée, mais la Parole de Dieu assurait celle-ci. La foi comptait sur cette promesse, et, plus ou moins clairement introduisait la pensée d'une bénédiction en dehors du monde ; autrement celui qui avait la foi n'aurait rien eu par sa foi. La conscience de la faveur de Dieu était sans doute beaucoup, mais elle dépendait de la foi en sa fidélité relativement à ce qu'Il avait promis.
            Au sujet des promesses il est un point à signaler : il y a des promesses sans condition, et des promesses sous condition. Les promesses faites à Abraham, à Isaac, et à Jacob, étaient sans condition ; celles faites en Sinaï le furent sous condition ; la Parole de Dieu ne confond jamais les unes et les autres. Moïse rappelle celles qui furent faites à Abraham, à Isaac, et à Israël, c'est-à-dire à Jacob (Ex. 32 : 13) ; Salomon parle de ce qui est arrivé sous Moïse (1 Rois 8 : 51-53). Ce qui est dit en Néhémie 1 se rapporte à Moïse, et en Néhémie 9, d'abord à Abraham comme source de tout, puis à Moïse, lorsqu'il s'agit des voies de Dieu. C'est cette différence que l'apôtre établit aux versets 16-20 du chapitre 3 de l'épître aux Galates. Sous la Loi, lorsqu'il y avait un médiateur, la jouissance de l'effet de la promesse dépendait de la fidélité d'Israël aussi bien que de la fidélité de Dieu ; mais alors on voit que tout était perdu dès le commencement. L'accomplissement de la simple promesse de Dieu dépendait de Sa fidélité ; dans ce cas, tout était sûr. Le passage de l'épître aux Galates auquel nous avons fait allusion, nous apprend de plus que c'est à Christ, second homme, que les promesses faites à Abraham ont été confirmées, et elles s'accompliront certainement - « en lui est le oui et en lui l’amen » (2 Cor. 1 : 20) - quand arrivera Son jour, que les prophètes ont toujours eu en vue. Ici la différence, déjà signalée, entre le gouvernement de ce monde et la grâce souveraine retrouve son application. Les prophètes ne parlent pas de la grâce qui nous place dans le ciel ; en effet, la prophétie se rapporte à ce qui est terrestre, et, pour ce qui concerne le Seigneur Jésus, elle renferme la révélation de ce qu'Il devait être sur la terre à sa première venue ; puis, continuant le sujet, elle nous dit ce qu'Il sera sur la terre lorsqu'Il reviendra, sans qu'il soit fait allusion à ce qui devait avoir lieu entre les deux événements. Toutefois les faits relatifs à la personne du Seigneur sont annoncés dans les Psaumes qui nous révèlent davantage son histoire personnelle : sa résurrection (Ps. 16), son ascension (Ps. 68), sa séance à la droite de Dieu (Ps. 110) ; et, quand au Saint Esprit, ils nous apprennent qu'Il le recevra comme homme, que les dons ne sont pas seulement des dons de Dieu, mais que Christ les recevra « dans l'homme », c'est-à-dire comme homme en rapport avec l'humanité. D'un autre côté, sauf les souhaits de David aux Psaumes 72 et 145, où il s'agit de ce qui concerne la personne du Seigneur, il n'est pas question, dans les Psaumes, de l'état de choses qui suivra son retour, tandis que cet état futur est largement dépeint dans les prophètes, quant à l'accomplissement des promesses faites aux Juifs et quant aux conséquences qui en découleront pour les nations. - Un autre point est à remarquer : lorsque les prophètes donnent de la part de Dieu des encouragements à la foi pour le temps où ils parlaient et les circonstances pénibles d'alors, l'Esprit de Dieu s'en sert pour porter les pensées en avant dans l'avenir, quand Dieu interviendra en faveur de son peuple. Cela se rattache à ce qui est dit en 2 Pier. 1 : 20-21. Les circonstances du moment n'expliquent pas la portée des prophéties des Ecritures ; ce qui est dit fait partie du grand système des voies de Dieu.
                 Finalement, quand le péché était déjà là, quand la Loi avait été violée, quand les prophètes même, envoyés de Dieu, avaient vainement rappelé Israël à son devoir et réclamé pour Dieu du fruit de sa vigne, le Messie promis arrive avec les preuves évidentes de sa mission, preuves que l'intelligence humaine pouvait reconnaître et que, de fait, elle a reconnues (Jean 2 : 23 ; 3 : 2). Dieu parle dans la personne du Fils (Héb. 1), le grand Prophète promis. Mais en même temps le Père a été révélé dans le Fils, et l'homme n'a pas voulu Dieu. Le Fils de Dieu était là, délivrant l'homme de tous les maux extérieurs que le péché avait introduits dans le monde et de la puissance de Satan qui s'y rattachait ; mais cette manifestation de Dieu en bonté n'eut pour effet que de faire ressortir la haine contre Dieu, qui se trouve dans le cœur de l'homme : les Juifs ont perdu ainsi tout droit aux promesses, et l'homme a rejeté Dieu manifesté en bonté ici-bas. L'histoire de l'homme responsable était terminée, car nous ne parlons pas ici de la grâce, sauf en tant que la présence de Dieu en grâce mettait cette responsabilité à l'épreuve. Non seulement le péché et la violation de la loi étaient déjà là, mais les hommes, alors que Dieu était présent en bonté, ne leur imputant pas leurs péchés, ne pouvaient supporter sa présence. Toute relation de l'homme avec Dieu était impossible sur le terrain de ce que l'homme se montrait être, malgré les miracles, tous de bonté - sauf une seule exception, la malédiction du figuier, qui est l'expression de cet état de choses à la fin de la carrière du Seigneur - et non seulement de puissance, accomplis par Jésus, ainsi qu'Il a dit lui-même (Jean 15 : 22-25) : « Ils n'ont pas de prétexte pour leur péché... ; ils ont et vu, et haï et moi et mon Père » ; (Jean se sert toujours de l'expression de « Père », quand il parle de Dieu agissant en grâce). Oui, et c'est une vérité solennelle, l'histoire de l'homme est terminée moralement ! Mais elle prend fin pour ouvrir, Dieu en soit béni, la porte de la grâce infinie devant Celui qui, dans le Fils, se révèle comme le Dieu de grâce (Jean 12 : 31-33). La croix du Christ dit : L'homme ne veut pas Dieu, même quand Il vient en grâce (2 Cor. 5 : 17-19) ; mais elle dit aussi : Dieu est infini en grâce, n'épargnant pas même son Fils (Rom. 8 : 32) pour réconcilier l'homme avec Lui-même. Le rejet du Christ, venu comme Messie promis et étant en même temps Dieu manifesté en chair, la fin des voies de Dieu envers son peuple, ainsi que la manifestation de la haine de l'homme contre Dieu, coïncidaient ; la déchéance d'Israël de tout droit aux promesses, et la condamnation de l'homme dans son état de nature, sur le principe de la responsabilité, avaient lieu simultanément.
 
                        Les voies de Dieu et la responsabilité de l'homme
            Retraçons brièvement, au point de vue historique, les voies de Dieu à l'égard de la responsabilité de l'homme.
            Il est frappant de voir, dans l'histoire de celui-ci, que toutes les fois que Dieu a établi quelque chose de bon, la première chose que l'homme ait faite a toujours été de le ruiner. Le premier acte de l'homme a été un acte de désobéissance : il est tombé dans le péché et a rompu toute relation entre lui et Dieu ; dès lors il a eu peur de Celui qui l'avait comblé de bontés. Noé, échappé au déluge qui avait englouti tout un monde, à sa famille près, s'enivre, et en lui l'autorité se déshonore et se perd. La loi ayant été donnée, Israël se fait un veau d'or avant que Moïse fût descendu de la montagne. Dès le premier jour de leur service, Nadab et Abihu offrent du feu étranger, et Aaron reçoit la défense d'entrer dans le lieu très-saint avec ses vêtements de gloire et de beauté (Lév. 16). Salomon, fils de David tombe dans l'idolâtrie, et le royaume est divisé. Le premier chef des nations, celui à qui Dieu avait remis le pouvoir, fait une idole et persécute ceux qui étaient fidèles à l'Éternel. L'église extérieure, ou de profession, n'a pas échappé davantage à la loi commune de la désobéissance et de la ruine.
            Si nous considérons maintenant les voies de Dieu à l'égard de l'homme dans le laps de temps qui s'écoule entre Adam et le Christ, nous trouvons d'abord l'homme innocent jouissant, sans peine quelconque, des biens terrestres ; et pour lui le mal n'existait pas. La responsabilité était mise en évidence par la défense de manger du fruit d'un certain arbre. C'était une simple affaire d'obéissance. Cette défense, ou cette loi, ne supposait pas le mal : Adam aurait pu manger du fruit de l'arbre comme de tout autre ; il n'y aurait eu en soi aucun mal à le faire, si cela n'avait pas été défendu. L'homme succombe à la tentation. Il perd Dieu, et se cache de devant Lui avant d'être chassé par Lui. Puis il est exclu judiciairement du jardin où il pouvait jouir de la présence de Dieu, qui, en effet, venait l'y chercher au frais du jour ; il acquiert une conscience : il apprend, et cela malgré lui, - non par une loi imposée, mais intérieurement - à faire la différence entre le bien et le mal. Sans doute la conscience peut être horriblement endurcie ou fourvoyée ; toutefois elle est là, dans l'homme : quand un homme fait ce qui est mauvais, sa conscience le condamne. La loi de Dieu est la règle de la conscience, mais elle n'est pas elle-même la conscience qui se sert de cette règle. L'homme est désormais déchu, car il a désobéi : il a renoncé à dépendre de Dieu et à Lui être soumis, il a peur de Dieu et cherche à se cacher de Lui (si cela était possible) ; puis il est chassé du jardin, privé de toutes ces bénédictions au milieu desquelles il goûtait la bonté de Dieu, dans lesquelles il pouvait le reconnaître et même jouir de sa présence, car « l'Eternel Dieu se promenait dans le jardin » (Gen. 3 : 8). La volonté propre et la convoitise étaient entrées dans la nature de l'homme, la culpabilité et la peur de Dieu, dans sa position ; mais ensuite il est chassé judiciairement d'un lieu qui ne convenait plus à son état, et, moralement, il est chassé d'auprès de Dieu. Quelle chose horrible s'il avait pu manger de l'arbre de vie, et remplir le monde de pécheurs immortels ne craignant pas plus la mort que Dieu ! Dieu ne l'a pas permis.
            Mais nous avons à noter des circonstances très intéressantes, qui se rattachent au jugement sous lequel l'homme est tombé. Nous l'avons vu, Adam a fui la présence de Dieu. Le jugement prononcé sur lui, sur Adam et Eve (Gen. 3 : 14-19), est un jugement terrestre et non un jugement de l'âme. Adam, Eve aussi, sont placés tous deux dans le malheur et sous le joug de labeur, des souffrances et de la mort. Avant d'être chassé, Adam, par la foi, à ce qu'il semble, reconnaît la vie là où la mort est entrée (Gen. 3 : 20) : mais il y a plus : il y a la promesse, quant à la femme, de la semence qui briserait la tête du serpent. Le Christ, semence de la femme par qui le mal est entré dans le monde, devait détruire toute la puissance de l'Ennemi ; puis, comme le péché avait détruit l'innocence de l'homme et lui avait donné, par la honte de sa nudité, la conscience qu'elle était perdue, Dieu lui-même, en faisant intervenir la mort, revêt Adam et sa femme et couvre leur nudité (Gen. 3 : 21). Auparavant il y avait chez l'homme l'inconscience du mal ; maintenant le mal lui est connu, mais il est couvert par l'acte même de Dieu. L'homme avait cherché à se cacher à lui-même son péché, mais lorsqu'il entend la voix de Dieu, à quoi servent les feuilles de figuier ? Elles ne sont rien pour une conscience réveillée en la présence de Dieu : « Je me suis caché », dit-il, « car je suis nu » (Gen. 3 : 10). Remarquons qu'avant de le chasser, Dieu ne lui rend pas l'innocence ce qui était impossible ; Il fait mieux : afin de voir son œuvre à Lui, Il revêt Adam et sa femme, chose que leur état rendait nécessaire à ses yeux et qu'Il accomplissait dans sa grâce ; à cela s'ajoute la déclaration de l'écrasement futur de celui qui les avait induits au mal. Cependant l'homme est chassé du jardin où il jouissait, sans la foi, de toutes les bénédictions de Dieu. Il devra labourer la terre, mourir, et, jusqu'à ce qu'il meure, être séparé du Dieu qui, auparavant, se promenait au frais du jour dans le jardin où l'homme demeurait. Désormais l'homme ne peut plus connaître Dieu que par la foi, si la foi est dans son cœur - principe nouveau et de toute importance. Il avait perdu Dieu, acquis une conscience, et devait travailler péniblement pour gagner sa vie temporelle ; il devait vivre, s'il le pouvait ; trouver Dieu, s'il le pouvait ; mais il était dorénavant hors de l'enceinte que Dieu visitait, et où l'abondance de ses bénédictions était dispensée sans être accompagnée de peine, ni de labeur. L'homme avait fui la présence de Dieu, et Dieu avait chassé l'homme. Adam n'était plus, ni quant à l'état de son âme, ni judiciairement, dans la relation où Dieu l'avait formé afin qu'il fût avec Lui : il était dans le péché. Nous le répétons, l'homme avait fui la présence de Dieu, et Dieu l'avait chassé de la position dans laquelle Il l'avait placé en le créant ; il était maintenant étranger à Dieu, avec une mauvaise conscience, n'ayant que juste assez de connaissance de Dieu pour avoir peur de Lui. Il avait appris toutefois que la semence de la femme écraserait la tête du serpent. La grâce et l'œuvre de Dieu l'avaient pourvu d'un vêtement qui, tout en rendant témoignage à la mort, couvrait parfaitement et de la part de Dieu la nudité dont il avait conscience, et qui était l'expression de sa chute et de son état de péché. L'homme est dehors ; y aura-t-il un lieu où il puisse entrer auprès de Dieu pour l'adorer et pour être moralement avec Celui qu'il avait abandonné ?
            Cette nouvelle question surgit maintenant dans l'histoire d'Adam.
 
 
                                                                                             D'après  J. N.   Darby
 
A suivre