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Aperçu du début du livre des Juges

 Position d’Israël après la mort de Josué
 Infidélités du peuple et réponses divines
 Le cantique de Debora
 
            Le livre des Juges a une portée actuelle extraordinaire. Il nous condamne et nous réjouit tout à la fois. Il nous montre l'infidélité d'un peuple, mais aussi comment, toujours à nouveau, Dieu répond à sa détresse.
            Dans un temps de déclin, ne devons-nous pas, chrétiens, sentir notre responsabilité  et être profondément attristés par toutes nos fautes ? Que de « pourquoi » liés à notre situation ! Nous avons bien certainement à confesser notre ruine. Nous en trouvons les causes dans les deux premiers chapitres de ce livre.
            Toutefois, les récits suivants montrent l'intervention de Dieu et ses compassions envers Israël : « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (10 : 16). Ainsi nous sommes réjouis et encouragés en considérant les ressources de la grâce dans les temps difficiles.
 
 
Position d’Israël après la mort de Josué
 
            Le chapitre premier fait suite au livre de Josué : « Et il arriva, après la mort de Josué… » (v. 1). Il présente, par les exemples de Juda et de Caleb, un état encore heureux. Mais le récit se poursuit en montrant le déclin rapide d’Israël.
            Le chapitre 2 révèle l'état moral du peuple. Nous lisons en effet que « Josué renvoya le peuple, et les fils d'Israël s'en allèrent chacun à son héritage pour posséder le pays » (v. 6). Il est ajouté : « Le peuple servit l'Eternel tous les jours de Josué, et tous les jours des anciens dont les jours se prolongèrent après Josué, et qui avaient vu toute la grande œuvre de l'Eternel, qu'il avait faite pour Israël » (v. 7).
            Mais, bien vite, les choses changent :
                        - « Et toute cette génération fut aussi recueillie vers ses pères ; et après eux, se leva une autre génération qui ne connaissait pas l'Éternel, ni l'œuvre qu'il avait faite pour Israël » (v. 10).
                        - « Ils abandonnèrent l'Eternel… ils marchèrent après d'autres dieux » (v. 12).
                        - « Et la colère de l'Eternel s'embrasa contre Israël ; et il les livra en la main des pillards… et ils ne purent plus se maintenir devant leurs ennemis » (v. 14).
                        - « Et la colère de l'Eternel s'embrasa contre Israël, et il dit : Puisque cette nation a transgressé mon alliance, que j'avais commandée à leurs pères, et qu'ils n'ont pas écouté ma voix, moi aussi je ne dépossèderai plus un homme devant eux » (v. 20-21).
                        - « Et l'Eternel laissa subsister ces nations sans se hâter de les déposséder ; il ne les livra pas en la main de Josué » (v. 23). La raison en est donnée au chapitre 3 : « afin que les générations des fils d'Israël connussent, en l'apprenant, ce que c'est que la guerre, ceux du moins qui auparavant n'en avaient rien connu… pour éprouver par elles Israël, pour savoir s'ils écouteraient les commandements de l'Eternel » (v. 2-4).
            Moïse avait conduit le peuple à travers le désert, mais il fallait maintenant posséder entièrement le pays de Canaan, et celui-ci n'était pas facile à conquérir. Israël devait y vivre dans l'obéissance à Dieu. Or, les ennemis ne furent exterminés que partiellement.
            Josué avait laissé des dispositions testamentaires : il fallait déposséder tous les ennemis. Hélas, après sa mort, le peuple n’obéit pas.
            Au chapitre premier, nous apprenons quelle tribu a dépossédé les ennemis. Il y a une seule exception positive : c'est Caleb qui déposséda les trois fils d'Anak occupant Hébron (v. 20). Caleb avait déjà été le seul, avec Josué, à affirmer, dès le désert, que Canaan était un bon pays. Il a été fidèle jusqu'au bout, par la foi.
            Par ailleurs, un triste refrain est donné :
                        - « Manassé ne déposséda pas Beth-Shean et les villages de son ressort » (v. 27).
                        - « Il arriva que quand Israël fut devenu fort, il rendit le Cananéen tributaire ; mais il ne le déposséda pas entièrement » (v. 28). Non seulement Israël n'a pas obéi, mais il désire tirer un avantage financier de la présence de l'ennemi !
                        - « Le Cananéen… habitait à Guézer » (v. 29)
                        -  « L'Asérite a habité au milieu des Cananéens » (v. 32)
                        - « Les Amoréens repoussèrent dans la montagne les fils de Dan » (v. 34).
            Nous voyons donc qu'à un moment donné, ils commencent à prendre possession de l'héritage. L'ennemi est alors en état d’infériorité et même à d'autres moments, ils sont sans énergie et vaincus. Mais ensuite tout change, c’est le peuple de Dieu qui s’est affaibli. Un tel tableau nous fait penser aux chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, où les fidèles sont d'abord majoritaires, puis leur nombre diminue jusqu'à devenir un témoignage individuel !
            Combien il est grave de laisser l'ennemi nous priver peu à peu de notre héritage ! Nous en avons un, céleste, et nous en avons les gages : le Saint Esprit. Nous avons à le conquérir, en dépit de la présence des ennemis qui sont des entraves permanentes. Mais nous avons beaucoup de peine, par manque de foi, à entrer dans nos bénédictions célestes !
            Quand on est jeune, on peut penser, bien à tort, que tout cela n'est qu’une belle théorie. En fait, jeune encore, il faut « entrer » dans les pensées de Dieu, et dans ce que l’Ecriture nous dit, afin de le mettre en pratique. Nous en éprouverons alors une joie exceptionnelle ! La Parole crée un climat spirituel qui procure un bonheur sans pareil. Nous n'avons pas toujours su, nous-mêmes, tirer parti de la Parole de Dieu et en saisir toutes les précieuses vérités, mais elle nous a toujours apporté une paix véritable.
            Ces choses ont aussi une portée collective. Nous pouvons nous demander si chaque assemblée est assez consciente de cet héritage spirituel et de l’existence d’ennemis qui s'opposent à ce que nous en jouissions ; le réaliser nous amènera à nous engager totalement dans le combat.
            Josué et les anciens sont morts et ceux qui leur succèdent ont oublié la rédemption. L'histoire de ce peuple va être une alternance de réveils et de chutes. Il y a 150 ans, Dieu s'est plu à nous rappeler quel était vraiment notre héritage. Nous avons des trésors, qu'en faisons-nous ?
            Il y a donc un héritage et des combats à livrer : il s’agit de « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude v. 3). C'est le rôle de l'Assemblée de maintenir la vérité, même si nous sommes encore limités pour saisir pleinement ces choses et réaliser un véritable témoignage pour Dieu. L’assemblée est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15). Aimons-nous les rencontres fraternelles, ces moments où nous nous réunissons autour du Seigneur ? Venons-nous pour être autour de Lui en nous séparant de ce qui fait obstacle à la réalisation de la vérité ?
            Chaque fois qu'il y a du mélange - l'histoire de l'Eglise nous le rappelle - dans nos propres vies et, bien souvent dans nos relations fraternelles, il en résulte une perte pour nous. Salomon, un roi béni entre tous par l’Eternel, a épousé des femmes étrangères et montré par là son attachement aux faux dieux et aux idoles. Ici aussi, « ils marchèrent après d’autres dieux… et se prosternèrent devant eux… ils provoquèrent à colère l'Eternel » (2 : 12. Tout mélange avec l'erreur amènera la ruine.
            L’Eternel a permis que les ennemis restent, et même à un moment donné Il dit à Israël : Tu n'es plus digne de rester dans ton héritage. Il peut le dire d'une assemblée, si l’on introduit le mélange. On ne peut jamais mesurer exactement ici-bas la gravité et les conséquences d'une infidélité !
            Dieu fait sentir à son peuple ses erreurs et Il fait peser sa main sur lui en jugement, parce qu'il est devenu un peuple mélangé.
            Dieu laisse subsister les ennemis et Il en donne quatre raisons :
                        - « Dieu les livra en la main de pillards » (2 : 14). Il vendit son peuple, alors qu'Il l'avait racheté et qu'un cantique de délivrance s'était élevé sur les bords de la Mer Rouge.
                        - « Je ne déposséderai plus un homme devant eux » (2 : 21, pour les éprouver, « s'ils garderont la voie de l'Eternel pour y marcher » (2 : 22). C'est le cœur de Dieu qui s’exprime. Il attend de savoir si, dans la souffrance, ils reviendront à Lui.
                        - « Pour savoir s'ils écouteraient les commandements de l'Eternel » (3 : 4). Dieu attendait de voir s'ils allaient devenir un peuple obéissant, cherchant dans leur vie individuelle et collective - avec un désir nouveau dans leur cœur- à garder Ses commandements.
                       - « Afin qu'ils apprennent ce que c'est que la guerre » (3 : 2).
 
 
Infidélités du peuple et réponses divines
 
            Dieu veut nous apprendre à combattre sur la terre, pour Ses intérêts. Les Israélites avaient oublié que c'était Lui qui leur avait donné à manger dans le désert et les avait désaltérés. Alors il faut qu'ils le réapprennent par la souffrance et ils vont être accablés par des oppresseurs pendant vingt ans, quarante ans, et même quatre-vingts ans !
            Ils crient à l'Eternel en Lui demandant : Agis en notre faveur !  Dieu intervient par l'intermédiaire d'un juge, mais ils retombent bien vite ; ce seront continuellement des « hauts » et des « bas ».
            Dans nos existences, nous avons crié à Dieu et nous avons connu la délivrance. Le secours divin est une réalité que l’on peut expérimenter à chaque pas. Mais pour combattre, il faut des armes. Or nous lisons en 1 Samuel 13 : 19 : « Il ne se trouvait pas de forgeron dans tout le pays d'Israël ; car les Philistins avaient dit : Que les Hébreux ne puissent faire ni épée ni lance. Et tout Israël descendait vers les Philistins pour aiguiser chacun son soc, et sa houe... Et il arriva que, le jour du combat, il ne se trouva ni épée ni lance dans la main de tout le peuple qui était avec Saül et Jonathan ». N'était-ce pas tragique ?
            En Ephésiens 6, l’apôtre Paul décrit « l’armure complète de Dieu » ; c’est dans des moments de prospérité et de communion avec Dieu que l’on apprendra à s'en servir. Les Philistins empêchaient Israël de posséder des armes, d’où ce tableau très sombre de l’état du peuple. Toutefois, la piété individuelle contraste avec l'infidélité du peuple ; c’est le cas d’une étrangère, Ruth. Elle vient en Israël, à Bethléem, aux champs de Boaz, en ces jours là.
            Debora et Jaël sont également des figures saillantes. Au chapitre 4, Debora jugeait Israël (4 : 5). Elle restait à sa place, dans sa maison et ne dépassait pas sa compétence. Dieu ne fera pas ses confidences à un infidèle, mais à un croyant pieux.
            Debora pensait qu'il fallait délivrer Israël, mais elle réalisait qu’il ne lui appartenait pas de prendre cette position d'autorité. Elle va trouver Barak, qui acquiesce mais ne part pas tout seul ; elle doit l’accompagner. Dieu peut aider un homme dans ses combats, mais il doit recevoir les instructions directement de Lui. Il sera accompagné s’il se montre obéissant.
            Dix mille hommes sont rassemblés et l'ennemi arrive avec ses chars, mais il est anéanti. Un orage a sans doute fait déborder les eaux du torrent ; le sol est couvert de boue, et les chars s’y enfoncent.
            Jaël, par fidélité pour son Dieu, saisit l’occasion de mettre l'ennemi à mort. Sisera est tué, mais Jabin reste. L'instrument utilisé est faible, pour montrer que c'est Dieu qui délivre :
                     - une femme conduit l'action de Barak.
                     - une femme, encore, met l'ennemi  à mort « dans sa tente » : elle reste  à sa place.
 
            Si le chapitre 4 rend compte des faits historiques, le chapitre 5 met en évidence les sentiments intérieurs des intervenants. Il n’y avait pas eu de cantique depuis celui d'Exode 15. A ce moment-là, toutes les femmes étaient là pour chanter (Ex. 15 : 20-21). Dans le livre des Nombres, on trouve un autre cantique : « Monte, puits ! Chantez-lui : Puits, que des princes ont creusé, que les hommes nobles du peuple, avec le législateur, ont creusé avec leurs bâtons ! » (21 : 17-18). Quelle en est la signification ? Où le peuple peut-il trouver de l'eau dans le désert ? Dans le puits des patriarches ! Il n’y a pas lieu de creuser de nouveaux puits ? Ne devons-nous pas revenir à ce qui est dès le commencement, et déboucher, s’il y a lieu, les mêmes puits ? Personne n'a réalisé plus que nos devanciers que nous sommes des pèlerins. Quand le peuple a vraiment soif, il cherche et trouve des puits.
            En Deutéronome 31, le cantique de Moïse rappelle les interventions de Dieu. Il  va monter sur la montagne, où Dieu l’ensevelira, après lui avoir montré le pays promis. Bien qu’il ait lieu de penser que le peuple était alors désobéissant, Moïse, dans sa foi, le contemple du haut des rochers (Nom. 23 : 9). Objet de la grâce de Dieu, Israël ira plutôt, hélas, à cause de sa désobéissance, de défaite en défaite. Moïse avait passé quarante ans en Egypte, quarante ans aussi en Madian, puis encore quarante ans dans le désert ;  âgé maintenant de 120 ans, au moment de monter sur le mont Pisga, il chante la fidélité de Dieu.
            Nous trouvons donc, successivement, dans l’Ecriture :
                        - le cantique de la rédemption
                        - le cantique du désert
                        - le cantique du serviteur qui, en achevant sa vie, proclame la fidélité de Dieu - mais aussi Son jugement, si on Lui désobéit.
                        - le cantique de victoire : c’est celui de Debora.
 
 
Le cantique de Debora
 
            Debora était seule ; elle se joint à Barak qui se soumet à la volonté de Dieu. Ils étaient peu nombreux pour aller au combat devant un si terrible ennemi. Pourtant, il a été vaincu, car « le peuple a été porté de bonne volonté ». Demandons à Dieu qu’Il produise, aujourd’hui encore, une telle énergie morale, au milieu de la faiblesse générale. « Bénissez l'Éternel » (v. 2, 9). Tout est de Dieu !
            « Les chemins étaient délaissés » (v. 6).  Nos conducteurs nous ont montré un chemin clair. Mais, hélas, chacun ne fait-il pas bien souvent ce qui est bon à ses yeux (21 : 25), en prenant le chemin qui lui plaît ?
            « Les villes ouvertes étaient délaissées » (v. 7). Personne n’avait confiance pour venir dans ces villes. S'il n'y a pas de murailles ni de portes, si l’on ne maintient pas soigneusement les vérités chrétiennes, la confiance manque au milieu du peuple de Dieu.
            « On choisissait de nouveaux dieux » (v. 8). On se soumettait aux idoles.
 Il n'y avait plus « ni bouclier ni pique ». Le peuple subissait l'oppression et n'avait plus aucune force pour réagir. « Mon cœur est aux gouverneurs d'Israël qui ont été portés de bonne volonté parmi le peuple. Bénissez l'Eternel ! » (v. 9).
 
            Les mentions qui suivent font penser au tribunal de Christ, où tout sera manifesté (2 Cor. 5 : 10).
            Ceux qui sont montés « sur des ânesses blanches » et « assis sur des tapis » sont occupés de leurs aises. Ruben a de « grandes délibérations de cœur » (v. 16). Il a écouté le bêlement des troupeaux dans les étables, il est occupé à ses affaires. Aujourd'hui, on souhaite entretenir des relations agréables plutôt que de soutenir le combat de l'Éternel !
            Galaad n'a pas traversé le Jourdain. Aser a préféré vaquer à son commerce. Seuls, Zabulon et Nephtali ont exposé leur vie !  Ils sont montés sur le Thabor pour écraser l'ennemi. Les rois sont venus et ont combattu, mais leurs efforts sont restés inefficaces, car le combat de l'Eternel a été mené depuis le ciel : « Les étoiles ont combattu contre Siséra » (v. 20). Même les conditions météorologiques ou le torrent de Kison sont à Son service. La victoire a été remportée !
            « Maudissez Méroz, dit l'Ange de l'Eternel ; maudissez, maudissez ses habitants ! car ils ne sont pas venus au secours de l'Eternel » (v. 23). Ils sont restés tranquilles, terrés chez eux. On voit dans ces versets que Dieu bénit, mais qu’Il maudit aussi.
            « Bénie soit, au-dessus des femmes, Jaël… » (v. 24). Elle a saisi une opportunité qu’elle a reçue de la main de Dieu. Elle a pris un pieu et elle l'a enfoncé dans la tempe de Sisera. Elle n'a pas réfléchi longtemps. Elle avait peu d'instruments à sa disposition, mais elle savait s'en servir- les femmes en Israël avaient l'habitude d'enfoncer les pieux.
           « Entre ses pieds il s'est courbé, il est tombé… » (v. 27). La mère de Sisera pensait déjà recevoir le butin ; elle attendait son fils, mais il était mort. L'ennemi va porter le deuil ; c’est le fruit de la foi courageuse d'une femme !
 
            Le pays sera en repos durant quarante 40 ans, du fait de la communion de cette femme avec son Dieu. Il vaut la peine de vivre ainsi individuellement et collectivement en communion avec Dieu. Pensons qu'une femme, être fragile, a pu obtenir des victoires aussi retentissantes ; ce n’était pas à cause de sa force, mais de sa foi !
 
 
                                                       D’après les notes prises lors d’une méditation (18. 05. 94)