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Le Messie

 La promesse faite à Eve (Genèse 3), puis confirmée à Abraham
 L’annonce de la venue du Messie de plus en plus précise
 L’abaissement de Christ et les gloires qui ont suivi
 « Dieu a été  manifesté en chair »
 

 
            La chute de l'homme en Eden est une catastrophe qui a profondément troublé les relations entre Dieu et sa créature. Ce n'est plus un être innocent en communication intime avec un Créateur bienveillant, mais c'est plutôt un sujet ingrat et rebelle qui doit affronter la juste colère d'un monarque puissant et offensé. Mais ce Dieu, qui n'a nullement été pris au dépourvu par le péché d'Adam, a en réserve des trésors de grâce pour le coupable, en vertu de ses conseils éternels. Et si Eden a été le berceau de toutes les tragédies qui depuis ont endeuillé cette terre, c'est là aussi que retentit pour la première fois la plus merveilleuse des promesses, celle d'un Libérateur.
 
 
La promesse faite à Eve (Genèse 3), puis confirmée à Abraham
 
            Dans son juste gouvernement, Dieu fait tomber le châtiment mérité sur le serpent, l'homme et la femme, mais Il promet aussi que la semence, la postérité de la femme écraserait la tête du serpent ancien, tandis que ce dernier la blesserait au talon. Ces expressions suggèrent l'image de quelqu'un qui, brusquement mis en présence d'un serpent au bord du chemin, essaie de le mettre hors d'état de nuire en lui écrasant la tête sous son pied ; mais l'animal se défend furieusement et parvient à le piquer au talon avant de mourir.
            Sans doute Eve aura-t-elle pensé, à la naissance de son fils premier-né, que la promesse s'accomplissait déjà, car elle dit à Caïn : « J'ai acquis un homme - ou : l'homme » (Gen. 4 : 1). Hélas ! Il fallait qu'elle sente beaucoup plus profondément la misère du péché et les conséquences de sa faute. Cet homme sur qui elle fondait ses espoirs va devenir le premier meurtrier. Néanmoins, le souvenir de la chute de l'homme et celui de la promesse divine se sont gravés profondément dans la mémoire des descendants d'Adam. Les anciennes traditions de l'Inde, de la Perse, de la Chine, quoique souvent entachées d'un grossier polythéisme, mentionnent toutes cette attente universelle d'un puissant libérateur.
            Cette première promesse de Genèse 3, cet évangile éternel comme on l'a appelé, a un caractère assez vague, indéterminé ; tout au plus la foi peut-elle saisir que la délivrance sera opérée par un homme, un descendant d'Eve, et non par un ange, par exemple ; aucune précision n'est donnée. Mais au cours des siècles, par les révélations successives de l'Esprit de Dieu, le cercle des recherches va se restreindre graduellement, et les contours de cette figure, peu distincte d'abord, vont se dessiner toujours plus nettement, jusqu'à ce qu'elle arrive enfin à présenter une image si précise et si complète, qu'il suffira de la voir apparaître pour que la foi s'écrie : « Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1 : 29).
            En premier lieu, la promesse faite à Eve est confirmée à Abraham, après le sacrifice d'Isaac à Morija : « Toutes les nations de la terre se béniront en ta semence » (Gen. 22 : 18 ; voir aussi Gal. 3 : 16). Dès ce moment, Abraham comprend que le peuple issu de lui deviendra le dépositaire de cette promesse précieuse entre toutes, à l'exclusion d'autres puissantes nations de son temps, telles que les Babyloniens ou les Egyptiens. Des deux fils d'Abraham, Ismaël est mis de côté au profit d'Isaac ; de même, le profane Esaü voit la bénédiction passer sur la tête de Jacob ; et quand ce dernier, sur son lit de mort, bénit ses douze fils, il est conduit par l'Esprit de Dieu à désigner Juda comme étant l'héritier direct de la promesse ; Juda aura la prééminence sur ses frères, et le prince, Shilo, sortira de lui (Gen. 49 : 10 ; 1 Chr. 5 : 2).
            Ainsi nous connaissons non seulement le peuple, mais aussi la tribu d'où surgira ce rédempteur promis. Plus tard encore, nous apprenons de quelle famille il viendra : ce sera un descendant de David, et Dieu dit de lui : « J'affermirai son trône pour toujours. Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils » (2 Sam. 7 : 13, 14 ; 1 Chr. 17 : 12, 13).
 
 
L’annonce de la venue du Messie de plus en plus précise
 
            Que de chemin parcouru déjà depuis la première révélation en Eden ! Mais ce n'est pas tout, car Dieu se plaît à ajouter continuellement de nouveaux traits à ce tableau. Tous les prophètes annoncent sa venue (Act. 3 : 24). Il est appelé l'objet du désir de toutes les nations (Agg. 2 : 7) et, plus les temps s'écoulent, plus les détails sont précis et plus l'attente devient vive. Un prophète nous parle de sa naissance miraculeuse, d'une vierge (Es. 7 : 14) ; un autre nous donne l'endroit exact de sa naissance, Bethléhem (Mich. 5 : 2) ; un troisième nous révèle même l'année de sa venue (Dan. 9 : 25, 26).
            Or Dieu ne se contente pas de nous dire quelle sera sa filiation, où, quand et comment Il naîtra ; Il nous donne en plus une foule de détails concernant sa vie. Grâce aux prophètes qui, l'un après l'autre, complètent le tableau, y ajoutent de nouvelles révélations, il serait presque possible de décrire la vie du Christ sur la terre d'après les prophéties de l'Ancien Testament. N'y trouvons-nous pas, en effet, le massacre des enfants de Bethléhem (Jér. 31), la fuite en Egypte (Osée 11), son ministère de grâce et de guérison (Es. 61), son entrée glorieuse à Jérusalem (Zach. 9), la trahison de Judas (Ps. 41 et 55) pour trente pièces d'argent (Zach. 11), sa mort sur la croix (Ps. 12), les paroles qu'Il y a prononcées, les moqueries des passants, le partage de ses vêtements par le sort, sa soif étanchée avec du vinaigre, son cri d'angoisse pendant l'abandon aux heures sombres, son ensevelissement (Es. 53), sa résurrection (Ps. 16), son ascension (Ps. 110), sa seconde venue (Zach. 14), les résultats infinis et éternels de son œuvre expiatoire (Ps. 22) ?
            Quel saisissant et douloureux tableau est ainsi évoqué devant nos yeux étonnés ! Révélation étrange, qui rendait perplexes les prophètes d'autrefois ; ils s'informaient, s'enquéraient avec soin, ils cherchaient à comprendre ce mystère. Comment ! Ce rédempteur promis, ce juste parfait allait être un homme de douleurs, méprisé, rejeté ; Il donnerait sa vie en rançon pour des injustes ; Il allait mourir crucifié : « Ils ont percé mes mains et mes pieds » (Ps. 22 : 16). Ce dernier verset est une preuve merveilleuse de l'inspiration des Ecritures, car lorsque les Juifs mettaient quelqu'un à mort, ils le lapidaient ou le pendaient (Deut. 21 : 18-23), tandis que la crucifixion était un supplice en usage chez les Romains ; or David annonce que le Messie mourra sur une croix des centaines d'années avant que l'on ne parle de l'empire romain.
 
 
L’abaissement de Christ et les gloires qui ont suivi
 
            Mystère profond de l’abaissement volontaire de Christ jusqu'à la mort de la croix ! Impossible d'énumérer tous les versets qui nous parlent de l'humiliation profonde de Celui qui est venu ici-bas, n'ayant ni forme, ni éclat, ni apparence. Un des noms sous lequel l'Ancien Testament se plaît à le désigner est celui de Germe, petite branche, et chacun des passages où ce titre apparaît annonce un évangile d'une façon frappante : Il est le Germe de David en Jérémie 23 : 5 et 33 : 15 (évangile de Matthieu) ; mon Serviteur, le Germe en Zacharie 3 : 8 (évangile de Marc) ; un homme dont le nom est Germe en Zacharie 6 : 12 (évangile de Luc) ; le Germe de l'Eternel en Esaïe 4 : 2 (évangile de Jean).
            En revanche, une autre série de versets parle des gloires qui suivraient son abaissement, de sa résurrection, de sa majesté, de sa domination qui s'étend jusqu'au bout de la terre (Ps. 72, 89, 110 ; Es. 11 ; Zach. 9, etc.), et c'est cette apparente contradiction entre un Messie souffrant et un Messie glorieux qui a souvent embarrassé les prophètes, les Juifs, et même les disciples avant la descente du Saint Esprit.
 
 
« Dieu a été  manifesté en chair »
 
            Si un Messie abaissé, souffrant, a été une pierre d'achoppement pour les espérances charnelles des Juifs opprimés par les Romains, il y a néanmoins un autre fait qui a excité davantage leur haine et leur colère : ce Jésus de Nazareth revendiquait pour lui-même le titre de Fils de Dieu. Et pourtant, n'auraient-ils pas été éclairés en consultant les révélations merveilleuses de la parole prophétique ? Est-ce que les prophéties qui annonçaient le Messie le présentaient simplement comme un homme, ou laissaient-elles entrevoir son origine supérieure, divine ?
            Les Ecritures ne laissent subsister aucun doute à cet égard. Déjà le nom qui lui était donné, Emmanuel, Dieu avec nous, aurait dû être pour les Juifs une préparation au mystère de l'incarnation. Au Psaume 22, l'Eternel dit au Messie, au roi sur Sion : « Tu es mon Fils ; aujourd'hui, je t'ai engendré ». En Jérémie 23 : 5, 6, son nom est : « l'Eternel notre justice ». Le Psaume 45 est aussi très clair : « Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité ;... c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (v. 6, 7). Le Messie, que Dieu a oint d'une huile excellente, est donc appelé au verset précédent « Dieu » : « Ton trône, ô Dieu ». On pourrait encore citer le Psaume 110, où David appelle le Messie « mon Seigneur », bien qu'il fût son descendant - Michée 5 : 2, Malachie 3 : 1 et bien d'autres versets.
            Le mystère de la piété est grand : « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16) ! Ce rédempteur, tout en étant Dieu, devait donc venir sur la terre, souffrir et mourir comme un homme. Le mot hébreu « gô’êl » - qui veut dire : rédempteur, celui qui a le droit de rachat - signifie également : proche parent (voir note Nom. 5 : 8 et Ruth 2 : 20). C'est merveilleux : pour être notre rédempteur, le Fils de Dieu a dû devenir notre proche parent, un homme comme nous, à part le péché. Il s'est abaissé jusqu'à nous, a payé le prix du rachat, puis Il nous élève jusqu'à Lui, fait de nous les enfants adoptifs de son Père. C'est ainsi que la Parole fait défiler successivement devant nous les gloires variées de cette personne, son origine, sa naissance, sa vie, ses souffrances, sa mort, sa résurrection, sa domination universelle, sa divinité et son humanité parfaite.
 
 
            Puissions-nous, en considérant ce merveilleux tableau des révélations progressives de Dieu quant au Messie, adorer dans nos cœurs l'Homme-Dieu que la gloire couronne, et répéter : Ta gloire, ô notre Dieu, brille dans ta Parole !
                                                                                                                                
                                                                                                                         
                                                                                                                    
                                             J. Koechlin - article paru dans le « Messager évangélique » (1946)