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Ehud, une victoire de la foi au temps des Juges

 
 Le peuple d’Israël livré à ses ennemis, puis délivré par Othniel (Jug. 3 : 5-11)
 Israël frappé à nouveau en raison de son infidélité à l’Eternel (Jug. 3 : 12-14)
 Un nouveau sauveur est suscité : Ehud (Jug. 3 : 12-19)
 La victoire contre le roi de Moab et le rassemblement du peuple pour le combat (Jug. 3 : 20-30)
 
            Succédant à celui de Josué, le livre des Juges couvre une longue période de l’histoire d’Israël. Le temps glorieux de la fidélité à Dieu et des conquêtes a été relativement court ; celui des infidélités sera, hélas, beaucoup plus long. On ne peut manquer d’être frappé par le triste parallèle avec l’histoire de l’Eglise. L’épître aux Ephésiens met en lumière les pensées de Dieu vis-à-vis de Christ et de l’Assemblée qui est son corps ; la seconde épître à Timothée, écrite seulement quatre ans plus tard, correspond au livre des Juges. La maison de Dieu sur la terre a déjà grandement perdu son caractère de « colonne et soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15).
            En relatant le déclin d’Israël, il est clair que l’Ecriture cherche à réveiller nos consciences. Dans un jour de faiblesse - celui des Juges et celui que nous connaissons - Dieu peut permettre des réveils spirituels précédés par une véritable repentance. Quelle grandeur dans les compassions divines à l’égard des siens ! « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (Jug. 10 : 16).
           
 
Le peuple d’Israël livré à ses ennemis, puis délivré par Othniel (Jug. 3 : 5-11)
 
            Dieu est juste et son gouvernement s’exerce à l’égard de son peuple. A sept reprises, Israël sera livré dans la main de ses ennemis. Mais Dieu aime son peuple, et dès que celui-ci manifeste une sincère repentance, Il suscite des juges chargés de le délivrer en usant des ressources qu’Il leur fournit.
            Déjà au moment du premier réveil, avec Othniel, Dieu souligne les caractères de l’infidélité de son peuple ; ils se reproduiront ensuite constamment. Le peuple se montre assez aveugle pour « habiter » au milieu de ses ennemis (Jug. 3 : 5). Entraînés par leurs affections naturelles, ils contractent des mariages profanes (v. 6). En conséquence, ils oublient Dieu et servent les faux dieux (v. 7), provoquant ainsi Sa colère (v. 8).
            C’est alors que l’on entend pour la première fois ce qui va devenir un tragique refrain dans ce livre des Juges : « Les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel » (3 : 7, 12 ; 4 : 1 ; 6 : 1 ; 10 : 6 ; 13 : 1). Aussi Dieu fortifie-t-Il Eglon, roi de Moab, contre Israël  - littéralement : « Il lui prête son concours » (v. 12 ; 1 Sam. 12 : 9).
            Livrés entre les mains du roi de Syrie, les fils d’Israël, après huit ans, ont crié à l’Eternel. Il leur a suscité un « sauveur qui les délivra » (v. 9). Ces hommes qui ont délivré le peuple sont de faibles types du vrai Sauveur et doivent « attirer » nos cœurs vers Lui.
            Après l’intervention divine et la délivrance, le pays est en repos pendant quarante ans (Job 34 : 29) - en fait jusqu’à la mort d’Othniel. Cet homme courageux et fidèle était le gendre de Caleb, et son épouse, Acsa, était animée de la même foi indomptable que son père.
 
 
Israël frappé à nouveau en raison de son infidélité à l’Eternel (Jug. 3 : 12-14)
 
            Moab, un fils de Lot - fruit d’un péché odieux - était devenu un ennemi déterminé d’Israël. Il avait même cherché en vain à le faire maudire par Balaam, le devin (Nom. 23 : 7). L’Ecriture décrit sa terrible fin (Es. 25 : 10). Ce « proche parent » est une figure de la chair (Jér. 48 : 11 ; Es.16 : 6). Dieu s’en sert ici comme d’une verge pour ramener à Lui son peuple égaré.
            Eglon, le roi de Moab, rassemble auprès de lui les fils d’Ammon et d’Amalek. Ammon est lui aussi issu de Lot, résultant de l’activité toujours désastreuse de la chair ; Amalek figure la puissance de Satan agissant par le moyen de la chair (Ex. 17 : 8-13).
            Puis Eglon va et frappe Israël (v. 13). Ammon et Moab avaient des griefs communs contre Israël. Le peuple de Dieu occupait les territoires que Dieu lui avait donnés. Or le roi d’Hesbon, Sihon, les avait d’abord ravis à ces deux peuples, avant de les perdre définitivement au profit d’Israël (Deut. 2 : 31-36). Quant à Amalek, c’était le premier des adversaires résolus du peuple de Dieu, et cela dès sa sortie d’Egypte (Ex. 17 : 8-16).
            Cette coalition s’empare en particulier de la « ville des palmiers » (v. 14), c'est-à-dire de Jéricho (Deut. 34 : 3). Eglon en fait sa nouvelle capitale. Cette cité semble avoir été un véritable oasis, avec ses palmiers et ses eaux abondantes. Ce lieu de séjour convenait parfaitement pour cet homme sensuel. Mais la prise et la destruction de cette ville avait été le premier triomphe du peuple de Dieu à son entrée en Canaan. Obéissante, leur foi avait remporté une victoire complète. Ils avaient simplement suivi l’arche, belle figure du Seigneur. Il en restait un souvenir précieux dans leur cœur.
            Cette circonstance trouve un écho dans le cœur de plus d’un croyant ! Lui aussi se souvient du temps heureux où ayant placé toute sa confiance en Christ, comme son Sauveur et son Seigneur, il est entré dans la victoire que Christ a remportée pour nous (Rom. 8 : 37).
            Quelle joie de se rappeler comment le Seigneur a rompu notre chaîne, et nous a délivrés de l’homme fort !
 
                        Quels transports, quand la foi, par grâce, nous apprit
                        Que nous avions ta paix, ton salut, ton Esprit !
 
            Pleinement persuadés de la délivrance complète qu’Il a opérée, nous aimons chanter :
 
                        Ah ! tant de charité nous dit que, sans partage,
                        De notre cœur t’es dû l’invariable hommage.
                        Dirige donc ce cœur, qu’il prenne son essor
                        Vers le ciel où ta main plaça notre trésor.
 
            En effet ce sont pour nous des « victoires » d’abandonner peut-être une habitude malsaine ou de refuser une mauvaise compagnie (1 Cor. 15 : 33). Bien des éléments du monde peuvent nous retenir captifs, des années durant ! Ils « dominent » sur notre être intérieur et prennent la place qui appartient tout entière au Seigneur (Es. 26 : 13). Seule la puissance de Christ peut nous en délivrer et nous rendre « plus que vainqueurs » en Celui qui nous a aimés (2 Cor. 2 : 14).
            Mais un danger subsistera jusqu’à la fin de notre séjour ici-bas : oublier la  purification de nos péchés d’autrefois, et les reprendre un à un  (2 Pier. 1 : 9). Il faut être très attentif à cultiver les affections pour Christ qui permettent de goûter une vraie communion avec Lui. La désobéissance aux enseignements de la Parole de Dieu nous éloigne toujours plus loin de Christ.
            C’était à nouveau le cas ici pour Israël. Du temps d’Othniel, ils s’étaient humiliés et ils étaient retournés à leur Dieu. Mais maintenant ils reprennent leurs mauvaises habitudes. Ils ne se tiennent plus séparés des peuples encore dans le pays. Ils auraient dû les détruire ; ils sont avec leurs dieux un piège continuel (Jug. 2 : 3).
            Devant cette rechute humiliante, l’Eternel doit les châtier. Il peut même parfois se servir de Satan, l’Ennemi de notre âme : c’est une terrible école que la sienne (1 Cor. 5 : 3-5) ! Mais, comme on le voit avec Job, la permission que Dieu accorde au diable est toujours soigneusement « limitée » (Job 1 : 12 ; 2 : 6-7). L’Ennemi fait toujours une œuvre trompeuse (Prov. 11 : 18). Le propos de Dieu est de nous faire du bien à la fin (Deut. 8 : 16).
            Chaque croyant peut faire cette expérience : « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8 : 31 ; Deut. 28 : 7). Mais si on refuse de L’écouter, Il peut permettre que nous soyons battus devant nos ennemis (v. 25).
            Quelle terrible conséquence de leur éloignement de Dieu ! « Les fils d’Israël servirent Eglon, roi de Moab, pendant dix-huit ans » (v. 14). Demandons à Dieu de nous garder de suivre un tel chemin.
 
 
Un nouveau sauveur est suscité : Ehud (Jug. 3 : 12-19)
 
            Après cette longue épreuve, « les fils d’Israël crièrent à l’Eternel ; et l’Eternel leur suscita un « sauveur », Ehud, fils de Guéra, le Benjaminite. Il était gaucher » (v. 15), ce qui était considéré comme une infirmité (v. 15). Toutefois, dans la tribu de Benjamin, les gauchers, nombreux et fort adroits, étaient des « hommes d’élite » (Jug. 20 : 16).
            C’est par le moyen d’Ehud que les Israélites envoient un « présent » à Eglon - ou plus probablement un tribut honteux imposé à Israël depuis leur défaite. Par cette démarche, ils cherchaient apparemment à obtenir sa faveur et ils semblaient accepter leur asservissement à Moab, comme du temps de Samson et des Philistins (Jug. 15 : 11). L’homme aime à recevoir des présents et ils servent souvent à calmer sa fureur et à le faire fléchir dans ses intentions (Es. 1 : 23a ; Prov. 21 :14).
            Ehud s’était soigneusement préparé pour sa très dangereuse mission. Il s’était fait faire une épée à deux tranchants, longue d’une petite coudée. Il la cache sur sa hanche, sous ses vêtements ; il portait probablement une large robe d’apparat, convenable pour une telle ambassade.
            L’épée est une figure très connue de la Parole de Dieu (Héb. 4 : 12) ; elle est, pour un enfant de Dieu, son arme offensive - défensive aussi. Il ne doit jamais s’en séparer, ainsi que des autres pièces de « l’armure complète de Dieu » (Eph. 6 : 13, 17). La Parole doit habiter richement dans notre cœur (Col. 3 : 16). Elle doit être notre aliment journalier (Jér. 15 : 16 ; Ps. 119 : 11), avant d’être dirigée, au moment voulu, contre les ennemis.
            Ehud prend la tête de l’ambassade. Il fallait un certain nombre de personnes pour porter ce « présent » (Jug. 3 : 18). Il l’offre lui-même à Eglon et congédie ceux qui l’ont accompagné, allant avec eux jusqu’aux images taillées (Deut. 7 : 5) qui étaient près de Guilgal, à mi-distance du Jourdain et de Jéricho. Il leur laisse ainsi le temps nécessaire pour se mettre à l’abri.
            Puis, comptant sur Dieu, il revient seul de Guilgal - ce lieu où la chair est mise de côté - reconnaissant son incapacité pour rencontrer à nouveau Eglon. Il va mener avec lui un combat secret qui rappelle un peu celui du Seigneur avec le diable au désert. La victoire d’Ehud sera remportée sans bruit, sans témoin : il n’a aucun désir d’agir de façon ostentatoire.
            Il est insisté sur l’obésité d’Eglon (v. 17) ; plus loin, celle de ses soldats est aussi signalée (v. 29). Cet homme est assis, bien à son aise, dans la chambre réservée à son rafraîchissement (v. 20). On se souvient du tableau qu’Asaph esquisse au sujet des méchants : « leur corps est gras… la violence les couvre comme un vêtement, les yeux leur sortent de graisse, ils dépassent les imaginations de leur cœur… ils prospèrent dans le monde » (Ps. 73 : 4, 7, 12). David déclare également : « Ils sont enfermés dans leur propre graisse ; de leur bouche, ils parlent avec hauteur » (Ps. 17 : 10).
            C’était une parole secrète, mais surtout « une Parole de Dieu », qu’Ehud apportait à ce roi (v. 20). « Nos armes ne sont pas charnelles mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses » (2 Cor. 10 : 4-5). Comme pour Gédéon, l’épée est bienfaisante pour celui qui se laisse sonder par son moyen ; en revanche, elle condamne et fait périr ceux qui n’ont pas cru (Apoc. 19 : 13-15).
 
 
La victoire contre le roi de Moab et le rassemblement du peuple pour le combat (Jug. 3 : 20-30)
 
            Aux paroles d’Ehud, Eglon se lève. Aurait-il voulu fuir ? Ehud lui enfonce l’épée dans le ventre jusqu’à la garde. L’ennemi meurt, alors que ses serviteurs croient qu’il se repose ; ils n’osent pas entrer, persuadés qu’il désire être seul.
            Avant de partir par le portique avec un étonnant sang-froid, Ehud a fermé le verrou. Quand les serviteurs découvrent leur roi, l’épée est encore dans son ventre. Preuve est faite, à la confusion des ennemis de Dieu, qu’une « courte » épée a suffi pour abattre cet homme puissant et orgueilleux.
            Après s’être servi d’un homme ou d’un peuple comme d’une « verge » pour discipliner les siens, Dieu la brise souvent. Un homme croit facilement qu’il peut outrepasser le mandat divin, dans le jugement qui lui a été confié. Emporté par son orgueil, « il a au cœur de dévaster et de retrancher des nations, pas en petit nombre » (Es. 10 : 7). Alors Dieu l’ôte (Hab. 1 : 11 ; Zach. 1 : 15).
            La victoire remportée dans le privé ne tarde pas à avoir des effets publics.  Ehud sonne de la trompette pour rassembler Israël, selon le commandement de l’Eternel à Moïse (Nom. 10 : 9). Tout jeune, David, comptant sur le secours divin, avait frappé le lion et l’ours venus attaquer son troupeau. Ces combats longtemps secrets seront les lettres de créances de ce berger fidèle pour aller combattre un ennemi plus terrible encore, Goliath (1 Sam. 17 : 34-37, 50). Si un serviteur désire servir Dieu et combattre à Sa gloire, il commencera par apprendre ses leçons, seul avec Lui.
            Ehud prend la tête des armées d’Israël. « Suivez-moi », peut-il leur dire (v. 28). L’ennemi est vaincu : dix mille hommes sont tués ! Le territoire qu’il occupait en Israël lui est repris, en particulier cette ville de Jéricho qui avait du prix pour les Israélites, suite à la victoire remportée dans le passé.
            Retrouver nos anciennes limites est un grand sujet de joie. Dieu promet à celui qui était dans la misère : « Je vous rendrai les années qu’a mangées la sauterelle » (Joël 2 : 25).
            Le passage du Jourdain est désormais fermé pour Moab. Le contrôle permanent des gués du fleuve préservait le peuple de Dieu de nouvelles incursions ennemies. Il y a ici une importante leçon morale à retenir. Nos conflits doivent aboutir à une réelle séparation du monde, sinon nous avons souffert pour rien.
            Reprendre à l’ennemi les gués du Jourdain n’est-ce pas réaliser que la croix de Christ nous sépare du monde et nous garde de ses pièges (Gal. 6 : 14) ? Le pays a été en repos pendant quatre-vingts ans ! Plus la séparation est réelle et plus la paix est durable !
            Chers lecteurs chrétiens ? Où en sommes-nous avec nos propres gués ? Restent-ils vraiment fermés à l’influence délétère de ce monde mauvais ? Que Dieu nous garde d’en faire mauvais usage, comme cette fille de Jacob qui s’en allait voir les filles du pays (Gen. 34).
            Mais si ces gués doivent être fermés à  tout ce que Moab, Ammon ou Amalek représentent, ils doivent rester ouverts à nos frères. Nous pensons à la triste circonstance où Galaad s’est servi de l’épée pour égorger les membres d’une autre tribu, Ephraïm. Elle était difficile à supporter, parfois agressive, mais la « colère de l’homme » n’accomplit pas la justice de Dieu (Jug. 12 : 5-6). Souvenons-nous toujours qu’il s’agit de ce frère « pour lequel Christ est mort » (1 Cor. 8 : 11). Nous sommes lavés l’un et l’autre dans le sang précieux versé à la croix.
 
            Ces tristes récits, où l’on voit les fils d’Israël retomber toujours dans l’infidélité, apportent en même temps la merveilleuse preuve de la patience et de la fidélité de l’Eternel. A côté du tableau affligeant de l’état de son peuple, Dieu nous montre l’énergie de la foi de ceux qui remportent la victoire sur les ennemis. Les ressources qu’Il a fournies à ces hommes fidèles sont aujourd’hui encore à notre disposition. Dans un temps de faiblesse et de ruine, ne pouvons-nous pas, nous aussi, remporter de telles victoires par la foi ?                                                                                                                       
                                                                              Ph. L    le 04-12-10
           

                        Quelle est l’épée à deux tranchants qui jugera tous les méchants,
                        Qui, brisant la plus forte armure, pénétrant moelles et jointures,   
                        Met à nu les secrets du cœur ? C’est la Parole du Seigneur.
 
                        Que sa Parole habite en moi, source, abri, soutien de la foi,
                        Arme puissante pour combattre, appui du cœur près de s’abattre !
                        Ah ! que toujours je sois vainqueur par la Parole du Seigneur !