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BOKIM

 L'introduction dans l'héritage 
 L'état moral pour jouir des choses célestes
 L'oubli de Dieu et la perte de la jouissance des biens spirituels
 
Lire : Juges 2 : 1-5
 
            « L'Ange de l'Eternel monta de Guilgal à Bokim » - ce nom signifie « ceux qui pleurent ». Ce verset reflète le caractère de tout le livre des Juges. Dans celui de Josué, on voit chez le peuple des fautes, des châtiments, mais aussi des victoires réitérées. Israël est béni de toute manière et jouit en Canaan des promesses que l'Eternel lui a faites, malgré les quelques chutes mentionnées dans ce livre, et dont il a souffert. Dans le livre des Juges on trouve le contraire. Ce sont des chutes continuelles, la misère, la détresse. L'Eternel intervient de temps à autre pour délivrer, mais nous avons l'histoire lamentable de l'oppression et de l'accablement d'Israël à cause de ses infidélités. Dans le livre de Josué nous voyons la puissance de l'Eternel avec son peuple, dans celui des Juges la misère de ce peuple.
            Ces deux livres diffèrent donc essentiellement dans leur application à nous, chrétiens. Selon le premier, tous nos ennemis spirituels s'enfuient de devant nous, condition bien différente de notre état actuel qui est la misère, la conscience que l'adversaire a le dessus sur nous, et la tendance continuelle à nous laisser entraîner par les choses qui ne devraient plus avoir sur nous aucune puissance.
            Le premier état est l'état « normal » du chrétien. Il devrait être toujours joyeux dans cette pensée : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8 :  31). Il devrait être toujours confiant dans la bonté d'un Dieu Sauveur ; délivré d'Egypte et de la puissance de l'Ennemi ; remportant, non sans combattre, des victoires spirituelles, et jouissant des biens spirituels que Dieu lui a promis.
 
On trouve spécialement trois points dans les premiers versets de ce chapitre :
           1- Comment Israël fut introduit dans la jouissance de sa force qui découlait de la présence de l'Eternel (v.1b).
           2- Dans quel état il devait être pour en jouir (v. 2a).
           3- Comment il perdit cet état en perdant la jouissance de l'Eternel (v. 2b-3).
 
           
L'introduction dans l'héritage
 
            On voit ici comment on peut être introduit dans la vraie jouissance des choses célestes, représentées par l'héritage de Canaan. Le passage du Jourdain n'était ni la Pâque, ni la mer Rouge. La Pâque est le fondement initial du pèlerinage d'Israël. Quand le jugement passait et frappait les coupables, le sang, placé sur les portes, garantissait le peuple de Dieu. A la mer Rouge, la rédemption est pleinement accomplie ; c'est là qu'Israël est délivré de la puissance de l'Ennemi, de l'esclavage de Satan et du monde ; c'est là que la mort est vaincue et que le peuple est amené à Dieu. « Je vous ai », dit-il, « portés sur des ailes d'aigle et vous ai amenés à moi » (Ex. 19 : 4). Ensuite Dieu arrête le cours du Jourdain et le peuple passe à sec à travers le fleuve. Ce dernier est la représentation de notre mort et de notre résurrection avec Christ, qui est mort et ressuscité pour nous. La part de Christ est désormais celle de l'enfant de Dieu. « Je monte, » dit-il, « vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 : 17). S'il est ressuscité, je le suis ; s'il est mort, s'il est justifié, je le suis aussi ; s'il est Fils de Dieu, nous sommes les fils et les filles du Dieu Tout-Puissant !Il n'y a pas de moyen-terme entre l'état du premier Adam et l'état dans la jouissance duquel le second Adam nous a placés. Nous parlons ici de la réalité de notre position, car, quant à la réalisation pratique, il y a une grande différence.
 
 
L'état moral pour jouir des choses célestes
 
            Que fait Israël, une fois entré en Canaan ? Que faisons-nous dans le ciel, où nous sommes entrés, non encore corporellement, mais en Esprit ? Dieu veut que nous appliquions cette « vie céleste » à tout ce qui tient à la chair et au monde. C'est ainsi que le peuple se rend à Guilgal, et c'est là que Dieu roule de dessus lui l'opprobre de l'Egypte (Jos. 5 : 9). La puissance, l'énergie de Christ, reposent là où la chair est crucifiée. Guilgal est le lieu de la circoncision. C'est l'application de ce qu'il y a de céleste à notre vie, son jugement d'après la mesure des choses célestes qui nous appartiennent. Quelle que soit la position que j'occupe dans une maison, ma manière de faire est jugée par les habitudes de cette maison. Nous avons à nous conduire d'une manière qui convienne à Dieu. Il juge de ce qui est bienséant dans ce lieu que nous habitons, et nous de même. Ce n'est pas une loi qu'il nous impose. Pour jouir d'une position, il faut juger toutes les choses incompatibles avec elle, sinon l'on a une mauvaise conscience.
            Il est impossible, moralement parlant, de jouir en Esprit des choses célestes selon leur hauteur en Christ, si la chair garde ce qu'elle aime dans le monde. Une telle position nous prive de toute force, aussi sommes-nous appelés à nous mortifier nous-mêmes, comme il est dit : « Si par l'Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8 : 13). Quant à la forme de la chose, Guilgal est la mortification de la chair, le secret de la force de l'Eternel. C'est après Guilgal que l'Ange de l'Eternel apparaît à Josué (Jos. 5 : 10-15). Israël va désormais de victoire en victoire ; la puissance divine est avec un peuple circoncis. La chair est jugée, le but de Dieu est atteint, sauf là où se montre un manque de vigilance, comme dans l'affaire des Gabaonites. Partout où se pose la plante du pied de l'Israélite, le pays lui appartient. Il va de force en force jusqu'à ce qu'il se présente devant Dieu en Sion. La chair étant mortifiée, Christ est connu ; les promesses, la gloire, sont réalisées, Dieu lui-même étant là. Le peuple n'y pensait peut-être pas, mais il y était. La grâce nous a introduits dans le pays céleste pour jouir des promesses. Israël mange du blé du pays, avant le combat, en signe que tout lui appartient : « Je vous ai introduits, dit l'Éternel, dans le pays que j'avais promis par serment à vos pères » (Jug. 2 : 1). Ils y ont la présence de Dieu et la certitude de la victoire.
 
 
L'oubli de Dieu et la perte de la jouissance des biens spirituels
 
            Mais Israël a oublié Dieu et les merveilles de Celui-ci en sa faveur. Une autre génération se lève, qui oublie les richesses et toute la plénitude de la grâce, la délivrance entière de la puissance du péché et de Satan. C'est aussi ce qui est oublié aujourd'hui ; on ne se souvient plus de l'immensité de la grâce, du fait que Dieu a donné son Fils et a effacé tous nos péchés, du fait que Christ est mort et ressuscité pour nous, et l'on est étranger aux merveilles que Dieu a opérées. On ne tient pas compte de l'étendue de la grâce, des choses que Dieu a accomplies pour nous ; on s'allie au monde et on en prend les habitudes. Dieu avait dit : « Vous ne traiterez point alliance avec les habitants de ce pays ; vous démolirez leurs autels. Et vous n'avez pas écouté ma voix » (v. 2). Ils ne le connaissaient pas pleinement, ou avaient oublié toute l'étendue de la grâce de Dieu.
            Quand les motifs qui gouvernent le coeur sont affaiblis, on retourne au monde. Si le christianisme se compose de devoirs, chers lecteurs chrétiens, vous ne les accomplirez pas ; il vous faut des motifs. Si vous faites par devoir l'oeuvre d'un esclave, Dieu ne vous agrée pas. Un enfant ne fait pas les choses par devoir, mais par amour pour son père. Il faut qu'elles soient assez présentes dans le coeur pour être faites avec joie, ou bien il faut servir d'autres dieux dans la peine et l'affliction à la suite de notre infidélité. Dieu dit : « Je ne chasserai point les habitants du pays devant vous » (v. 3) ; puisque vous les avez voulus, vous les aurez !
            Ces mêmes choses arrivent aujourd'hui. Combien de chrétiens, en ne mortifiant pas la chair, trouvent dans les choses du monde une source de chagrins continuels, en sorte que là où la chair a pensé trouver ses délices elle trouve la peine qui s'attache à ces choses. Je ne parle pas de ceux qui abandonnent Dieu tout à fait. La puissance du péché et du monde nous empêchent de marcher avec joie dans le chemin de Dieu.
            Que de fois nous adorons Dieu avec des coeurs accablés et tristes. On ne cesse peut-être pas d'adorer, mais l'affliction est dans le coeur ; on sacrifie, tout en gémissant de sa folie. L'Ange de l'Eternel est à Bokim comme à Guilgal ; mais était-ce la même chose d'avoir Dieu comme source de joie ? C'est là ce que les chrétiens font souvent. Dieu ne se sert pas de sa force et de sa puissance pour nous rendre heureux, lorsque nous l'abandonnons.
            Cependant Dieu est en tout cela ! C'est humiliant, affligeant, mais c'est une grâce infinie, car l'Ange de l'Eternel est là parce qu'il y a des pleurs. Si le peuple n'est pas à Guilgal, séparé du monde, l'Ange de l'Eternel n'y est pas. Il se place à Bokim, au milieu des pleurs, plutôt qu'un Dieu de paix et de puissance !
 
 
 
            Si la Parole nous présente ces choses, c'est afin que nous restions à Guilgal, ou que nous y revenions. Si même nous sommes à Bokim, nous pouvons retourner à Guilgal. Le chemin sera beaucoup plus pénible pour y revenir que si nous y étions restés. Le secret de notre force est de nous souvenir continuellement des merveilles de grâce accomplies en notre faveur : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? ».
            Je laisse la réponse sur nos consciences. Jusqu'à quel point y a-t-il chez nous mortification de la chair, joie et victoire avec Dieu ? Sinon, montons à Bokim. Souvenons-nous que l'Ange de l'Eternel est là. Même quand l'apôtre est souffleté par Satan, le Seigneur lui dit : « Ma grâce te suffit » (2 Cor. 12 : 9).
            Pour être, soit à Guilgal soit à Bokim, il faut appartenir à l'Eternel. Si Dieu ne nous a pas déjà amenés à Lui, nous ne pouvons ni être bénis, ni être malheureux avec Lui. C'est comme enfant de mon père que je jouis de ses caresses, ou que je suis malheureux quand il me punit ; et si Dieu n'est pas pour nous, ces choses ne sauraient nous concerner, car il nous est impossible de marcher avec un Dieu qui nous jugerait à la fin !
 
                                                                                 
                                                               Extrait du Messager Evangélique 1919 p. 241