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ELISEE, L'HOMME DE DIEU (1)

Préface
Introduction
1 - L'appel d'Elisée (1 Rois 19 : 14-21)
2 - La formation du serviteur (2 Rois 2 : 1-14)

 
  
Préface
 
            Le nom d'Elisée signifie « Dieu Sauveur » et, conformément à son nom, Elisée a été employé, plus que tous les prophètes des jours de l'Ancien Testament pour présenter la grâce et la miséricorde souveraine de Dieu à un peuple coupable. Celui-ci n'avait pas été maintenu en relation avec Dieu ; à cet égard, les chefs, ainsi que les institutions du pays entre les mains de la sacrificature, avaient entièrement échoué. Les avertissements d'Elie n'avaient pas non plus ramené Israël à l'Eternel. Ainsi, la ruine totale du peuple étant manifeste, Dieu recourt à sa propre souveraineté et suscite un homme qui, ne dépendant pas du temple sacré ni de la sacrificature officielle et divinement instituée, parcourt le pays des dix tribus apostates en accomplissant des miracles de miséricorde et en dispensant la grâce de Dieu à tous ceux qui ont la foi pour la saisir.
            Ainsi, dans l'histoire d'Elisée, nous avons une illustration de ce principe important : Dieu, tout en donnant à son peuple des institutions à observer, n'est pas lié par elles, ni limité à elles, si l'homme faillit dans sa responsabilité. Dans toutes ces voies de grâce souveraine, Elisée a eu l'honneur insigne de préfigurer la venue de Christ, l'Oint de Dieu qui, en son jour, irait de lieu en lieu faisant du bien, indépendamment de l'autorité des sacrificateurs et des chefs du peuple, revendiquant le droit souverain de Dieu à s'élever au-dessus des institutions de la Loi, comme le sabbat par exemple, afin de manifester la grâce aux pécheurs.
 
 
 
Introduction
 
            Jamais au cours de l'histoire d'Israël, la condition morale de la nation avait été aussi misérable que sous le règne du roi Achab. De ce roi faible et méchant, il est dit qu' « il fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui » (1 Rois 16 : 30). La Loi était transgressée. Le culte des idoles s'affichait partout ; on se prosternait devant les veaux d'or à Béthel et à Dan ; de faux prophètes accomplissaient leurs rites idolâtres dans le pays de l'Eternel. Sous la conduite du roi et de sa femme idolâtre, la nation avait abandonné l'Eternel et s'était manifestée mûre pour le jugement.
            Néanmoins, Dieu use de patience envers cette nation condamnée au jugement. Au lieu d'écraser le peuple sous le jugement qu'il méritait, Dieu envoie son prophète Elie pour mettre à nu sa vraie condition et le ramener à Lui. La vie et les miracles d'Elie avaient été un long témoignage contre l'apostasie totale de la nation à l'égard de la loi morale et du culte de l'Eternel. Les années de sécheresse, le feu du ciel, la destruction des prophètes de Baal, le jugement des chefs et de leurs cinquantaines, la sentence prononcée contre le roi dans la vigne de Naboth et la lettre au roi apostat de Juda annonçant une plaie imminente, étaient autant de dénonciations solennelles du mal général.
            Hélas, le ministère d'Elie ne fit que mettre en lumière la faillite complète de la nation à sa responsabilité. Il montrait clairement que non seulement la nation avait transgressé la Loi et s'était enfoncée dans l'idolâtrie, mais que la prophétie - qui ramène à Dieu un peuple égaré - était totalement impuissante à opérer une restauration. Malgré un ministère accompagné par les signes annonçant une famine sur la terre et le feu du ciel, le prophète de Dieu est rejeté par une nation aveuglée et idolâtre. Après avoir achevé son service, le prophète fidèle mais rejeté quitte le pays d'Israël en traversant le Jourdain, le fleuve de la mort. Puis il est enlevé au ciel dans un tourbillon.
            Ainsi, pour autant qu'on regarde à Israël, tout est fini. Incapable d'assurer ou de maintenir la bénédiction de Dieu sur le terrain de sa responsabilité, la nation a complètement manqué. Apparemment il ne reste qu'à exécuter le jugement qu'elle mérite. Ici toutefois, il nous est donné de voir les merveilles des voies de Dieu : Il se sert de la méchanceté de l'homme pour dévoiler les ressources de son propre coeur. L'homme a totalement failli et Dieu a montré qu'il n'est pas indifférent au péché : au moment voulu, il devra agir en jugement. Mais Dieu est souverain et se réserve le droit de manifester sa grâce souveraine, au lieu de retrancher la nation par le jugement. D'une part, Il se réserve un résidu qui n'a pas fléchi les genoux devant Baal ; d'autre part, Il envoie à une nation coupable un ministère de grâce pour quiconque a la foi pour profiter de la grâce. Ce ministère ne peut être limité aux frontières d'Israël. Sa source est en dehors du pays et, tout en étant envoyé à Israël, il est à la disposition du Gentil.
            Elisée est le vase choisi pour être le messager de cette grâce à un monde ruiné. Comme quelqu'un l'a dit, Elisée « complète par un ministère de grâce agissant dans la puissance de la vie, ce qu'Elie avait commencé en justice contre l'idolâtrie ». Elisée retourne dans le pays qu'Elie avait quitté. La malédiction est là : les veuves sont dans le besoin, la faim et la misère sont dans le pays, les ennemis se manifestent et la mort domine sur tout. Dans cette scène de péché et de ruine, Elisée vient avec la puissance d'en haut pour déployer, au milieu d'un monde ténébreux, la grâce divine qui peut répondre aux besoins de l'homme. Ainsi, là où Elisée passe, la malédiction est enlevée : les besoins de la veuve sont satisfaits, la femme stérile devient féconde, les morts sont ressuscités, le mal est écarté, les affamés sont rassasiés, le lépreux est guéri, les ennemis sont confondus et vaincus, la famine de la terre recule devant l'abondance des cieux, et de la mort jaillit la vie.
            Le ministère d'Elisée porte donc manifestement un caractère totalement différent de celui de son grand prédécesseur. En outre, le mode de vie des deux prophètes, tout en étant en accord avec leur ministère respectif, était nécessairement tout à fait différent. Elie a passé la plus grande partie de sa vie à l'écart des lieux fréquentés par les hommes ; Elisée se déplace parmi les foules, entretenant des relations familières avec ses semblables. On trouvait Elie auprès de torrents reculés, sur des chemins déserts et dans les cavernes de la montagne ; Elisée apparaît dans les villes des hommes et dans les camps des rois. Elie a été entretenu par une humble veuve à Sarepta ; Elisée est l'hôte d'une femme riche de Sunem.
            Ces différences dans leurs manières de vivre et de se comporter étaient justes et magnifiques en leur saison. Il convenait que celui qui a été décrit à bon droit comme « l'ennemi juré de toutes les personnes et institutions qui portaient atteinte à l'honneur du Seigneur Dieu d'Israël », mène une vie de séparation stricte d'avec la nation qu'il condamnait si solennellement. C'était également juste que celui dont la grande mission était de faire connaître la miséricorde de Dieu à un monde coupable, entre et sorte librement parmi ses semblables.
            Néanmoins, les prophètes avaient en commun leur sainte séparation du mal de leur époque. Si Elisée se meut parmi ses semblables comme le confident des rois et, parfois, le compagnon des grands de la terre, il est absolument séparé du mal de leur vie. Il apporte la grâce aux coupables, mais marche dans la séparation de leur culpabilité. Il enrichit d'autres des bénédictions du ciel, mais se contente de demeurer pauvre sur la terre. Comme quelqu'un l'a dit : « C'était pour les autres qu'il employait ses ressources et sa puissance en Dieu. Il était riche, mais pas pour lui-même. Ainsi, il fait face aux désagréments des lois de la nature. Sans bourse, il soulage les pauvres ; sans intendance, il nourrit des armées. Il rend inoffensifs les fruits vénéneux. Sans pain, il donne à manger à une multitude et recueille des restes ; sans médicaments, il guérit des maladies ; sans armée, il défait les ennemis. Dans la famine, il nourrit une nation. Bien que mort, il communique la vie ».
            Ne pouvons-nous pas ajouter que, dans toutes ces voies lumineuses de grâce, Elisée conduit nos pensées à Celui qui est infiniment plus grand que lui ?  Il « a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis », dit Paul aux Corinthiens (2 Cor. 8 : 9). Dans l'esprit d'Elie, Jean, le précurseur de Christ, avait habité dans les lieux déserts afin d'amener à la lumière un résidu pieux et de dénoncer la méchanceté d'une génération dévoyée et pervertie. Il prépara ainsi le chemin du Seigneur qui, comme Fils de l'homme, vint « mangeant et buvant » avec les enfants des hommes, côtoyant les foules nécessiteuses, dispensant la grâce de Dieu dans un monde ruiné.
 
 
 
1 - L'appel d'Elisée (1 Rois 19 : 14-21)
 
 
            La première fois que nous entendons parler d'Elisée, c'est dans le commandement de l'Eternel à Elie, aux jours de découragement du prophète. Déçu de l'échec de sa mission, aigri contre le peuple qui n'honorait son Dieu que des lèvres, Elie est occupé de lui-même ; blessé dans son esprit, il parle de lui en bien, et uniquement en mal du peuple de Dieu. Il imagine que lui seul est pour Dieu et que la nation entière est contre lui, cherchant sa vie pour la lui ôter.
            Elie doit apprendre que l'Eternel a d'autres instruments pour exécuter son gouvernement. Il dispose d'autres serviteurs pour maintenir un témoignage pour Lui ; parmi le peuple de Dieu, se trouvent sept mille hommes qui n'ont pas fléchi les genoux devant Baal (v. 18). Ainsi Elie doit revenir sur ses pas depuis Horeb et oindre Elisée, fils de Shaphath, comme prophète à sa place (v. 15-16).
            Bien souvent aussi, à notre époque de corruption croissante, notre vision limitée nous amène à nous imaginer que l'oeuvre de Dieu dépend d'un ou de deux serviteurs du Seigneur dévoués et fidèles et nous pensons qu'après leur départ, tout témoignage pour le Seigneur aura pris fin. Nous devons apprendre que si les serviteurs passent, Dieu demeure. Il prépare d'autres serviteurs et s'est réservé des témoins cachés, inconnus de nous, qui n'ont pas cédé devant le mal général.
            Obéissant à la parole de l'Eternel, Elie quitte Horeb pour chercher Elisée. Celui qui a été choisi pour remplacer le prophète ne se trouve pas parmi les grands de la terre. Dieu ne fait pas acception de personnes et, dans le choix de ses serviteurs, Il ne se limite pas aux grands et aux nobles. Il peut certes employer les riches et les hommes instruits, les rois et les sacrificateurs, selon qu'Il le juge bon. Mais parfois Il confond notre orgueil en prenant un homme des classes les plus humbles de la société pour accomplir le service spirituel le plus élevé. Il peut employer une petite fille pour bénir un grand homme ; Il peut prendre un jeune garçon du parc des brebis pour en faire le conducteur de son peuple Israël ; Il peut se servir de la fiancée d'un charpentier pour introduire sur la terre le Sauveur du monde.  Et ceci étant accompli, Il peut employer quelques humbles pêcheurs pour bouleverser le monde. Ainsi, aux jours d'Elie, Il appelle un simple laboureur à quitter sa charrue pour être le prophète de son temps.
            En outre, ceux que Dieu appelle à son service ne sont pas des hommes vivant dans l'oisiveté et les aises d'ici-bas. Elisée accomplit patiemment son travail, labourant « avec douze paires de boeufs devant lui, et lui était avec la douzième » (v. 19), lorsque l'appel vient. De même David, à une époque plus reculée, gardait les brebis quand il fut appelé à la royauté. Et les disciples, plus tard, jetaient leurs filets dans la mer ou les réparaient lorsqu'ils furent appelés à suivre le Roi des rois.
            C'est sur cet homme en plein labeur qu'Elie jette son manteau, geste qui peut signifier qu'Elisée est appelé à prendre la place, à manifester le caractère et à agir dans l'esprit de celui à qui il appartenait. Et il semble que les instincts spirituels d'Elisée l'aient interprété dans ce sens, car nous lisons : « il abandonna les boeufs, et courut après Elie » (v. 20a). Mais s'il montre un empressement donné de Dieu à suivre Elie, il manifeste un regret naturel à quitter les siens. Ainsi il peut dire : « Que je baise, je te prie, mon père et ma mère, et je m'en irai après toi » (v. 20b). La réponse d'Elie rejette entièrement sur Elisée la responsabilité de répondre à l'appel de Dieu : « Va, retourne ; car que t'ai-je fait ? » (v. 20c). Il ne veut user ni de force ni d'autorité. Aucune pression ne sera exercée sur Elisée : c'est à lui de discerner la portée de l'acte d'Elie, et il est libre de retourner vers les siens ou de suivre le prophète rejeté et persécuté.
            Si par son comportement Elisée laisse voir qu'il s'attarde quelque peu aux choses qui sont derrière, il se comporte aussi comme un vainqueur : il manifeste son détachement de ces choses en préparant un festin pour d'autres. En son jour et à sa mesure, comme l'a remarqué quelqu'un, il a vendu ce qu'il avait pour le donner aux pauvres. En ayant ainsi fini avec sa vocation terrestre, « il se leva et s'en alla après Elie ; et il le servait » (v. 21). L'homme qui jusqu'ici avait accompli patiemment son travail journalier dans les champs, va maintenant être préparé à manifester les merveilles de la grâce de Dieu en suivant Elie comme son serviteur et son compagnon.
 
 
 
2 - La formation du serviteur (2 Rois 2 : 1-14)
 
            Rien ne nous est dit d'Elisée entre le moment de son appel et le jour où Elie est enlevé. Nous pouvons le comprendre, vu qu'Elisée a été oint pour être prophète à la place d'Elie. Les deux ministères ne pouvaient coexister. Mais au terme du pèlerinage d'Elie, Elisée vient au premier plan comme le compagnon de son dernier voyage et le témoin de son enlèvement. Lorsque nous suivons ces deux hommes de Dieu dans ces scènes mystiques, n'apparaît-il pas clairement que les circonstances liées à l'enlèvement d'Elie aux cieux deviennent la préparation d'Elisée à son ministère sur la terre ?
            Que de fois ne pouvons-nous voir, dans l'Ecriture, que Dieu forme dans le secret ceux qu'Il se propose d'employer en public ! Joseph est secrètement formé par Dieu en prison avant de pouvoir être un témoin public pour Dieu dans le palais. Pendant quarante ans, Moïse garde le troupeau de Jéthro derrière le désert, avant de devenir le conducteur du peuple de Dieu à travers le désert. A l'insu de tous, David vainc le lion et l'ours avant d'entrer publiquement en conflit avec le géant. De même Elisée doit être formé comme serviteur et compagnon d'Elie avant de pouvoir prendre sa place comme prophète de Dieu et témoin de la grâce. Ainsi seulement il sera un vase utile au service du Maître et « préparé pour toute bonne oeuvre » (2 Tim. 2 : 21).
            Dans ce dernier voyage, il y a des lieux à visiter, des épreuves à subir et des leçons à apprendre. Les lieux visités, si célèbres dans l'histoire d'Israël, doivent sûrement avoir eu une signification profonde pour Elisée, comme aussi certes pour tous ceux qui veulent servir le Seigneur.
            Guilgal, le point de départ de leur voyage, fut le lieu du premier campement d'Israël dans le pays, après le passage du Jourdain. Là le peuple fut circoncis et là l'Eternel put dire à Josué : « Aujourd'hui j'ai roulé de dessus vous l'opprobre de l'Égypte » (Jos. 4 : 19 ; 5 : 2-9). A la lumière du christianisme, nous avons le privilège d'entrer dans la signification spirituelle de la circoncision. Par l'épître aux Colossiens, nous comprenons que ce rite présente le jugement du corps de la chair dans la mort de Christ, et la mortification pratique de la chair du croyant (Col. 2 : 11 ; 3 : 5). Non seulement Dieu s'est occupé des péchés du croyant mais, à la croix, Il s'est occupé du vieil homme qui produisait les péchés. L'horreur de Dieu pour la chair, son jugement sur elle et la sentence de mort prononcée contre elle, tout cela a été vu à la croix, et porté par Christ. Ainsi le croyant peut dire : « Notre vieil homme a été crucifié » avec Christ. Sur la base de ce que Dieu a opéré par Christ, le croyant est exhorté à « mortifier » toute forme sous laquelle la chair peut chercher à se montrer. Nous devons traiter toute manifestation de la chair comme un membre de ce « vieil homme » sur qui la mort a été exécutée. Si la chair est ainsi jugée, l'opprobre de l'Egypte sera roulé de dessus nous. Il ne sera plus visible que nous avons été autrefois du monde ; le genre de vie que nous menions lorsque nous étions dans le monde ne sera plus toléré ni vu. Quelle importance capitale pour nous qui, aujourd'hui, devons en quelque sorte être les représentants de l'Homme glorieux qui est monté au ciel, d'apprendre et de mettre en pratique cette première grande leçon.
            Béthel était la deuxième étape du voyage - un lieu célèbre dans l'histoire du patriarche Jacob (Gen. 28 : 15-19). Là l'Eternel apparut au pauvre Jacob défaillant dans le triste endroit où son péché l'avait jeté et, dans sa grâce souveraine, Il le bénit inconditionnellement. Pendant vingt ans Jacob allait être un vagabond dans un pays étranger ; mais il reçoit l'assurance que Dieu sera avec lui, qu'Il le gardera, le ramènera dans le pays et sera fidèle à sa parole. Ainsi Elisée, au commencement de son ministère, reçoit l'assurance comme Jacob autrefois, qu'il est béni par la grâce souveraine d'un Dieu fidèle dont il va devenir le témoin. Qu'il est bon pour nous aussi de commencer notre pèlerinage dans l'heureuse assurance que Dieu est avec nous, qu'il nous soutiendra et nous amènera à la fin à reconnaître que ce que son amour s'est proposé pour nous est la seule chose pour laquelle il vaille la peine de vivre !
            Jéricho est la halte suivante de ce voyage significatif. C'est près de Jéricho que s'est présenté à Josué le Chef de l'armée de l'Eternel, son épée nue dans sa main. C'est à Jéricho aussi que le peuple a eu sa première rencontre avec l'ennemi qui lui fermait l'entrée du pays, pour apprendre là que le Chef de l'armée de l'Eternel était plus fort que toute la puissance de l'ennemi (Josué 5 : 13-15 ; 6). Il est bon pour l'homme qui doit aller témoigner devant les rois et affronter leur haine meurtrière de se souvenir qu'en combattant les combats de l'Eternel, il sera soutenu par l'armée de l'Eternel conduite par le Chef de l'armée. Et ainsi, plus tard, alors qu'il se trouvait assiégé à Dothan par une armée avec des chevaux et des chars, Elisée expérimentera que la puissance qui était pour lui était plus grande que l'armée des Syriens qui l'encerclait, car « voici la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu » (2 Rois 6 : 17). A notre époque, c'est encore le privilège des chrétiens de marcher vers la gloire et d'affronter tout ennemi qui conteste leur possession et leur jouissance présentes du propos de Dieu pour eux, sous la conduite du « chef de leur salut » (Héb. 2 : 10).
            La dernière étape de ce remarquable voyage est atteinte au Jourdain, le fleuve qui est un type si constant de la mort effective par laquelle sont rompus tous les liens avec le monde. Elie et Elisée le traversent tous deux à sec, il est vrai ; mais en type, ils traversent la mort, l'un pour monter dans les scènes célestes, l'autre pour rendre témoignage de la grâce céleste dans un monde auquel, en esprit, il est mort.
            Ainsi, ne pouvons-nous pas dire que, par ces lieux mémorables, des vérités importantes sont rappelées à Elisée, vérités que nous devons nous aussi apprendre : à Guilgal, la sainteté de Dieu qui demande le jugement de la chair ; à Béthel, la grâce immuable de Dieu qui nous bénit, nous garde et nous garantit d'atteindre le but de notre voyage ; à Jéricho, la grande puissance de Dieu par laquelle nous sommes soutenus ; et au Jourdain, la séparation du monde, afin que nous puissions entrer sur le terrain céleste et devenir les témoins d'une vie céleste ? Celle-ci, manifestant la grâce de Dieu, pourra dire : « Est-ce le temps de prendre de l'argent, et de prendre des vêtements, et des oliviers, et des vignes, et du menu et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes ? » (2 Rois 5 : 26).
            En outre, il n'y a pas seulement pour Elisée le rappel de grandes vérités aux différentes étapes de ce dernier voyage, mais la mise à l'épreuve de ses affections par ces paroles d'Elie, répétées trois fois : « Reste ici, je te prie » (2 Rois 2 : 2, 4, 6). Les instructions d'aller à ces différents lieux avaient été données à Elie. Elisée n'avait reçu aucun commandement de l'accompagner. Si donc il suit Elie, c'est uniquement une question d'affection. Et la mise à l'épreuve manifeste son affection, car trois fois Elisée répond : « L'Eternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ».
            Cela ne parle-t-il pas aux croyants de nos jours ? N'est-ce pas par affection pour Christ que nous sommes amenés à apprendre les leçons placées devant nous dans les différentes étapes de ce voyage remarquable ? La doctrine du jugement de Dieu sur la chair doit d'abord être apprise comme le point de départ de notre identification avec Christ ; car qui peut marcher avec Christ avec la chair non jugée ? Mais la leçon peut-elle être apprise autrement que par des coeurs attachés à Christ ? De même aussi la vérité de la Maison de Dieu, présentée par Béthel, nous découvrant le propos de Dieu, ne peut être saisie que par un coeur qui désire connaître la pensée de Christ. Ensuite, le jugement de Dieu sur le système du monde, présenté dans Jéricho, ne peut être compris que par celui dont l'esprit et le coeur sont attachés à un autre monde. Enfin, la leçon du Jourdain - le renoncement à l'ordre terrestre et sa mise de côté en faveur d'un ordre de choses céleste présent - fait appel à un amour qui peut conquérir le pays ruisselant de lait et de miel, en étant fixé sur l'Homme monté au ciel.
            En outre, il y avait ceux qui, à deux reprises, rappelèrent à Elisée que l'Eternel allait enlever son maître. Ces fils des prophètes, avec plus de connaissance que de coeur, faisaient seulement obstacle à la communion d'Elisée avec son maître, en l'occupant de lui-même et de la perte qu'il allait éprouver. Elisée réduit au silence ces ingérences dans la communion de son âme en disant : « Je le sais, moi aussi ; taisez-vous » (v. 5). Il dit en quelque sorte : « Pourquoi n'irais-je pas avec mon seigneur Elie et n'apprendrais-je pas ce que signifie être en sa compagnie à Guilgal ? Pourquoi n'apprendrais-je pas avec lui la leçon de Béthel ? Pourquoi devrais-je être séparé de lui lors de la traversée de Jéricho ? Pourquoi ne serais-je pas identifié avec lui dans son passage au travers du Jourdain, même si cela signifie laisser en arrière les bénédictions terrestres du pays, pour être trouvé avec lui dans l'opprobre du dehors ? Car au-delà du lieu d'opprobre, il y a une autre scène, une scène céleste, et mon coeur est saisi par celui devant qui s'ouvre cette scène nouvelle ».
            Ainsi la dernière étape du voyage est atteinte. Les importuns ont été réduits au silence, les affections ont été éveillées, amenant Elisée à s'attacher à son maître au travers de toutes ces scènes successives. Le moment de la séparation est arrivé ; Elie va être enlevé aux cieux ; Elisée, privé de son maître, va être laissé en arrière au milieu d'une nation apostate, qui autrefois était le peuple de l'Eternel. Dans ce moment solennel, Elie prononce ses dernières paroles : « Demande ce que je ferai pour toi avant que je sois enlevé d'avec toi » (v. 9a). Cette offre aurait-elle pu être faite plus tôt ? N'est-ce pas pour ainsi dire, la mise à l'épreuve suprême pour Elisée ? La réponse ne va-t-elle pas manifester si Elisée est entré dans l'esprit de son appel ? S'il a profité de la compagnie d'Elie ? Si, par-dessus tout, il a appris les leçons de Guilgal, de Béthel, de Jéricho et du Jourdain ? Ne va-t-elle pas manifester si le coeur d'Elisée se porte vers un gain terrestre, des ambitions charnelles et une puissance temporelle ; ou bien son seul propos est-il désormais d'être à la place du prophète et de témoigner de la grâce souveraine de Dieu comme le représentant d'un homme qui est monté au ciel ?
            La réponse d'Elisée révèle sa consécration sincère. Il ne demande ni longue vie, ni richesses terrestres, ni célébrité ici-bas. Il ne convoite aucune des choses que l'homme naturel apprécie, mais plutôt ce dont l'homme spirituel a besoin, car il dit : « Qu'il y ait, je te prie, une double mesure de ton esprit sur moi » (v. 9b). Cela n'implique en aucune manière qu'il demande deux fois plus de don ou de puissance qu'Elie n'en avait. Le mot hébreu signifie la double portion du fils aîné (Deut. 21 : 17). Seulement Elisée ne demande pas une double portion de richesses matérielles, mais une double portion de puissance spirituelle. D'autres prophètes auront besoin de puissance spirituelle, mais si Elisée est oint pour remplacer Elie - pour être à sa place - il aura effectivement besoin d'une puissance spirituelle double de celle de tout autre prophète.
            Elie répond : « Tu as demandé une chose difficile » (v. 10a). Acquérir richesses, gloire et puissance terrestre, peut comporter de la peine et du tourment d'esprit, mais ce ne sont pas des choses « difficiles », car les hommes du monde peuvent obtenir ces avantages matériels. Obtenir, ou conférer, la puissance spirituelle est absolument en dehors des capacités de l'homme naturel. Toutefois Elie dit : « Si tu me vois quand je serai enlevé d'avec toi, il en sera ainsi pour toi ; sinon, cela ne sera pas » (v. 10b). L'exaucement de cette requête pour une double mesure de puissance spirituelle est lié à cette condition : il faut qu'Elisée voie Elie dans sa nouvelle position d'homme monté au ciel. La vision d'Elie là-haut sera le secret de la puissance d'Elisée sur la terre.
            Ce sont là certes des mystères dont le christianisme a révélé la signification spirituelle. Car ne savons-nous pas que la vision par la foi de Christ dans la gloire est le secret de la puissance pour le chrétien sur la terre ? N'en a-t-il pas été ainsi d'une manière frappante dans le cas du premier martyr chrétien, car, les yeux attachés sur le ciel, il pouvait dire : « Voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » (Act. 7 : 56). Dans la lumière de cette vision, Etienne était tellement pénétré de la puissance d'en haut que, comme son Maître, il peut prier pour ses meurtriers et, malgré les pierres qui l'atteignent, remettre paisiblement son esprit au Seigneur Jésus. De même aussi l'apôtre des Gentils commença sa carrière chrétienne par la vision de Christ dans la gloire et, dans la lumière de cette vision, il marcha comme témoin pour Christ sur la terre pendant toutes les années de sa vie de consécration. Pour nous-mêmes, le même apôtre ne dit-il pas : « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire » (2 Cor. 3 : 18) ? Nous devons saisir la vision du Seigneur dans la gloire ; dans un certain sens, nous sommes appelés à représenter sur la terre cet Homme parfait qui a été élevé dans la gloire.
            Ainsi, « il arriva comme ils allaient marchant et parlant, que voici un char de feu et des chevaux de feu : et ils les séparèrent l'un de l'autre ; et Elie monta aux cieux dans un tourbillon » (v. 11). Elisée le vit et cria : « Mon père ! mon père ! Char d'Israël et sa cavalerie ! » (v. 12a).
            Rien de tout à fait pareil à cette scène majestueuse n'avait jamais eu lieu sur la terre. Comme quelqu'un l'a dit : « C'est plus grand que l'enlèvement silencieux d'Hénoc et infiniment inférieur à la calme majesté de l'ascension de notre Rédempteur. Aucun char de feu n'a été nécessaire pour enlever de la terre son corps ressuscité, lorsque, comme ils regardaient, il fut élevé de la terre ; « une nuée le reçut et le déroba à leurs yeux » (Act. 1 : 9).
            Si, toutefois, Elisée voit son maître monter au ciel, nous lisons aussi : « il ne le vit plus » (v. 12b). Il le voit dans les cieux où il est monté, mais sur la terre, il ne le voit plus. Cela ne parle-t-il pas au chrétien ? L'apôtre ne dit-il pas : « Ainsi nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et même si nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière » (2 Cor. 5 : 16) ? Cela ne signifie nullement que nous n'avons plus à considérer Christ dans sa marche dans ce monde, et à apprendre de Lui, nos âmes trouvant leur délice dans sa grâce humble, son tendre amour et son infinie sainteté. Mais ces paroles de l'apôtre Paul montrent clairement que nous n'avons plus à Le connaître en relation avec Israël et ce monde, mais bien plutôt comme le Chef d'une famille céleste et dans des relations célestes. Des disciples dévoués mais ignorants peuvent dire : « Or nous, nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24 : 21). La chrétienté corrompue peut essayer de lier le nom de Christ à des plans pour le perfectionnement de l'homme et l'amélioration du monde ; mais le chrétien instruit dans la pensée du Seigneur prendra sa place hors du monde, tout en avançant vers Christ dans la gloire, refusant d'unir Christ à un monde qui L'a cloué à la croix.
            Le résultat de cette connaissance de Christ dans sa nouvelle position céleste est illustré d'une manière très heureuse par Elisée. La vision d'Elie enlevé le conduit à une double action. D'abord, « il saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces » (v. 12c); cet acte signifie la mise de côté d'un premier caractère pour que soit manifesté quelque chose d'entièrement nouveau, car le vêtement parle de la justice pratique des saints et du caractère qu'ils manifestent devant le monde. Elisée ne les a pas simplement mis de côté pour les reprendre en certaines occasions ; il les rend inutilisables à un emploi ultérieur en les déchirant en deux. Puis, seconde chose, Elisée « releva le manteau d'Elie qui était tombé de dessus lui » (v. 13). Désormais il manifestera le caractère de l'homme qui est monté au ciel. De même l'apôtre, après avoir dit que nous ne connaissons plus Christ selon la chair, peut continuer en disant : « Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5 : 17).
            Tout de suite Elisée agit dans la puissance de la vie nouvelle. Il retourne vers une nation ruinée, coupable d'avoir transgressé la Loi, souillée par l'idolâtrie et ayant abandonné l'Eternel. Et au milieu de cette scène de misère et de désolation, il présente la souveraineté de Dieu s'élevant au-dessus de tout le péché de l'homme et agissant dans la suprématie de la grâce envers ceux qui ont la foi pour profiter de la bénédiction sur le terrain de la grâce.
 
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)