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ELIE, « UN PROPHETE DE L'ETERNEL » (5)

 8 - ACHAZIA
 9 – LE JOURDAIN

 
8 - ACHAZIA
 
Tu mourras certainement (2 Rois 1)
 
            De même que le ministère public d'Elie s'était ouvert par un message de jugement pour Achab, il se termine par un message de mort à son méchant fils, le roi Achazia. Nous lisons au sujet de cet homme : « Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, et il marcha dans la voie de son père, et dans la voie de sa mère, et dans la voie de Jéroboam, fils de Nebath, qui fit pécher Israël » (1 Rois 22 : 53). Son caractère combinait la complaisance pour soi-même de son père avec l'idolâtrie fanatique de sa mère. Les trois ans et demi de famine, la défaite de Baal sur la montagne du Carmel, le jugement des faux prophètes, les voies solennelles de Dieu envers son père, sont autant de faits qui devaient être bien connus d'Achazia. Mais, indifférent à tous ces avertissements, « il servit Baal, et se prosterna devant lui, et provoqua à colère l'Eternel, le Dieu d'Israël, selon tout ce que son père avait fait » (v. 54).
            Il est impossible de s'endurcir contre Dieu et de prospérer. Les sujets de trouble s'accumulent autour du méchant roi. Moab se rebelle et lui-même est arrêté par une chute depuis la chambre haute de son palais. Cette maladie va-t-elle ouvrir les yeux du roi et tourner ses pensées vers l'Eternel, le Dieu d'Israël ? Hélas, dans la prospérité, il avait vécu sans Dieu et, dans les difficultés, il méprise le châtiment de l'Eternel. Bien portant, il avait servi les idoles avec tout le zèle fanatique de sa mère et, dans la maladie, son esprit dépravé est incapable d'échapper à leur puissance démoniaque. Au lieu de se tourner repentant vers l'Eternel, le Dieu d'Israël, il consulte Baal-Zebub, le dieu d'Ekron, pour savoir s'il relèverait de sa maladie.
            A Ekron se trouvait le grand oracle païen de cette époque, le temple de ce dieu sidonien, littéralement le dieu des mouches. Ses adeptes lui attribuaient le pouvoir de guérir des maladies et de chasser les démons. Aussi, aux jours du Nouveau Testament, les pharisiens accusent-ils le Seigneur de chasser les démons par la puissance de Béelzébul. Longtemps auparavant, Saül, réduit à l'extrémité, s'était tourné vers les démons, et avait entendu prononcer son jugement immédiat par le prophète Samuel. Achazia, en son jour, répète l'affreux péché du roi Saül. Accablé par les difficultés, lui aussi, de manière bruyante et publique, provoque le Dieu vivant en réclamant l'aide des démons et, de la même manière, il entend prononcer son jugement par le prophète Elie.
            Hélas, les hommes de notre temps et de notre génération n'ont pas pris garde à l'exemple solennel de ces pécheurs royaux. On voit, au sein de leurs profondes difficultés et des calamités accablantes, des hommes tendre encore leurs mains vers les démons. Ayant vécu sans Dieu dans les jours de prospérité, ne s'étant pas repentis et refusant de reconnaître Dieu dans les jours de leur calamité, ils tombent sous le pouvoir des démons. Des savants, des gens cultivés et même parfois religieux, sont prompts à s'adonner au spiritisme. Ni l'intelligence, ni l'imagination, ni la religion humaine ne peuvent empêcher de tomber sous la puissance des démons, ce qui confirme que jouer avec le diable, c'est sceller son propre jugement. « Le mystère d'iniquité opère déjà » (2 Thes. 2 : 7). Les hommes ayant abandonné Dieu et méprisé l'évangile, sont prêts à se ranger sous la direction de celui « dont la venue est selon l'opération de Satan, avec toute sorte de puissance, des signes et des prodiges de mensonge, et avec toute sorte de tromperies d'injustice pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas accepté l'amour de la vérité pour être sauvés. C'est pourquoi, Dieu leur envoie une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge, afin que soient jugés tous ceux qui n'ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice » (v. 9-12).
            L'apostasie ouvre la voie au spiritisme, et celui-ci prépare le chemin à l'homme de péché, dont la venue est selon l'opération de Satan.
            Mais les hommes oublient - comme Achazia - que notre Dieu est un feu consumant. S'ils méprisent sa grâce et offensent sa majesté, Il finira par les juger et Il revendiquera sa propre gloire. Achazia le découvre à ses dépens. Instruit par l'ange de l'Eternel, Elie arrête les serviteurs du roi et leur transmet un message de l'Éternel qui prononce son jugement. Le roi ne se relèvera pas de son lit, mais il mourra certainement. Comme un autre l'a dit : « La mort doit revendiquer la vérité et l'existence de Dieu, lorsque l'incrédulité renie et refuse toute autre évidence ».
            C'est donc là le dernier message d'Elie avant qu'il ne soit retiré d'une scène de péché pour être introduit dans une scène de gloire. Pour l'humble veuve dans sa maison isolée, il avait été « une odeur de vie pour la vie » ; pour le roi apostat dans son palais impie, il était « une odeur de mort pour la mort » (2 Cor. 2 : 16).
            Après avoir délivré son message, le prophète se retire sur le sommet d'une montagne. Dans la séparation morale du monde coupable de son époque, et spirituellement placé au-dessus de lui, il est hors d'atteinte de la haine des hommes et de la puissance des démons. Sainte et heureuse séparation qui témoigne combien complètement l'homme aux mêmes penchants que nous a été restauré dans cette paisible confiance qui est la part de l'homme de Dieu. Les rois apostats, les Jézabel persécutrices, les chefs de cinquantaine et leurs hommes, n'inspirent plus aucune crainte à Elie lorsque, dans une calme confiance dans le Dieu vivant, il est assis au sommet de la montagne, attendant la merveilleuse scène qui l'introduira dans la demeure de la gloire.
            Combien la position des chrétiens est bénie ! Au sein d'une chrétienté proche de l'apostasie, ils peuvent, comme Elie en son temps, moralement séparés de ce présent siècle mauvais, se reposer calmement : ils attendent le grand moment où, au cri de commandement du Seigneur, ils seront introduits dans une scène de gloire, pour être toujours avec le Seigneur.
            Dans cette position de séparation morale, Elie est non seulement hors de l'atteinte de ses ennemis, mais le feu de Dieu est à sa disposition pour leur destruction. L'ange de l'Éternel qui envoie un message de jugement au roi impie est aussi celui qui « campe autour de ceux qui le craignent et les délivre » (Ps. 34 : 7). Ainsi, deux chefs de cinquantaine et leurs hommes sont dévorés par le feu du ciel. Le roi, sachant qu'il a affaire à un homme d'une puissance peu commune, envoie ses chefs de cinquantaine et leur cinquantaine. Tout à fait impassible devant ce déploiement de forces, Elie répond calmement : « Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende des cieux et te dévore, toi et ta cinquantaine » (2 Rois 1 : 10). Si Elie est un homme de Dieu, alors Dieu est avec Elie et Achazia doit apprendre que les rois et toutes leurs armées n'ont aucune puissance contre un homme si l'Eternel est avec lui.
            Il y a cependant une leçon plus importante dans cette scène solennelle. Deux fois dans l'histoire d'Elie, le feu descend du ciel, mais dans des occasions bien différentes. Au Carmel, « le feu de l'Éternel tomba, et consuma l'holocauste » (1 Rois 18 : 38). Le feu tombe sur la victime comme expiation pour les péchés du peuple coupable et le peuple est indemne - pas un Israélite n'est touché par ce feu. Et le peuple est amené à Dieu ; « ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : L'Eternel, c'est lui qui est Dieu ! » (v. 39). C'est un type de ce moment unique où Christ aussi « a souffert... pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pier. 3 : 18). De nombreuses années se sont écoulées depuis que le feu est tombé sur la victime au Carmel ; la grâce de Dieu, qui a pourvu à un sacrifice et a mis le peuple coupable à l'abri du feu du jugement, a été oubliée. Le sacrifice a été méprisé et maintenant encore, le feu tombe du sommet de la montagne. Dieu va de nouveau revendiquer sa gloire par le feu consumant. Mais cette fois, il n'y a pas de victime entre un Dieu saint et un peuple coupable. Le sacrifice a été négligé et le feu tombe sur le peuple coupable pour une destruction totale.
            Ce n'est qu'une faible image du sort qui attend ce monde coupable. Pendant de longs siècles, la bonne nouvelle du pardon des péchés par le sacrifice du Seigneur Jésus Christ a été proclamée. Les hommes ont méprisé l'évangile au point que, dans ces pays si favorisés de la chrétienté, il est devenu un objet de dérision. On ne se moque pas de Dieu ; si l'homme méprise le jugement de la croix et foule aux pieds le Fils de Dieu, « il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement, et l'ardeur d'un feu qui va dévorer les adversaires » (Héb. 10 : 26-27). Si les hommes ne veulent pas apprendre que Dieu est un Dieu de grâce qui peut pardonner à cause du sacrifice de Christ, ils devront apprendre par le jugement qui tombera sur eux, que Dieu est un feu consumant et qu'Il tire vengeance de tous ceux qui méprisent son Fils. Celui qui a porté le jugement sur la croix est Celui qui viendra du ciel, « en flammes de feu », pour exercer « la vengeance sur ceux qui ne connaissent pas Dieu, et sur ceux qui n'obéissent pas à l'évangile » (2 Thes. 1 : 7-8).
            Combien il est préférable, en présence des avertissements de la parole de Dieu, de suivre l'exemple du troisième chef de cinquantaine qui demande sa grâce et l'obtient.
            Dans cette dernière scène, Dieu reconnaît publiquement son serviteur restauré et se sert de lui. Elie rend sans crainte témoignage pour Dieu dans la ville même d'où il s'était enfui à la menace d'une femme. Obéissant à la parole de l'Eternel, sans trace de crainte, cet homme solitaire, escorté par l'armée du roi hostile, descend dans la forteresse de l'ennemi pour y revendiquer la gloire de Dieu en répétant son message de jugement. Le roi apostat est là, la méchante Jézabel sans doute aussi, mais ni la haine d'un roi ni les menaces d'une femme violente, n'éveillent la moindre crainte chez cet homme restauré qui, là encore, a sa confiance dans le Dieu vivant, ayant le monde derrière lui et la gloire devant.
            Des siècles plus tard, ce dernier acte public de l'histoire d'Elie est rappelé par les disciples du Seigneur Jésus (Luc 9 : 51-56). Sa marche ici-bas touchait à sa fin, les jours de son élévation au ciel allaient s'accomplir. Dressant sa face résolument pour aller à Jérusalem, son chemin traverse le pays d'Elie et, de même qu'autrefois les habitants de cette contrée avaient rejeté le serviteur de l'Eternel avant son enlèvement, maintenant, dans des circonstances analogues, ils rejettent le Seigneur lui-même. Les portails éternels allaient s'ouvrir devant le Roi de gloire (Ps. 24 : 9). Le ciel était prêt à recevoir l'Eternel puissant dans la bataille, mais sur la terre, nous lisons : « on ne le reçut pas » (Luc 9 : 53). Les disciples ressentent l'insulte faite à leur Seigneur et Maître. Ils réalisent peu l'élévation de la gloire dans laquelle Il allait entrer ; ils ne peuvent voir qu'une petite mesure des bénédictions ouvertes par sa nouvelle position dans la gloire. Mais ils aiment le Seigneur et, de même qu'Elie fit descendre le feu du ciel sur les chefs de cinquantaine, ils veulent détruire par le feu du ciel les Samaritains qui l'insultent.
            Leur requête provenait de leur affection pour le Seigneur ; la justice envers ceux qui rejetaient Christ la réclamait et, en fait, comme nous l'avons vu, le jour vient où le Seigneur apparaîtra du ciel, en flammes de feu, pour exercer la vengeance contre un monde qui rejette Christ. Mais ce temps n'est pas encore là ; entre le jour où le Seigneur a été reçu dans le ciel et le moment où Il viendra du ciel en jugement, se déroule la période la plus merveilleuse de l'histoire du monde - la période pendant laquelle Dieu dispense la grâce à ce même monde qui rejette Christ. Les disciples ne savaient pas grand-chose ou même rien de cela. Ils pouvaient comprendre un jugement exercé sur la terre, mais ils ne pouvaient s'élever à la pensée de la grâce dispensée du ciel. Telle est pourtant la glorieuse vérité ; Dieu proclame la grâce à un monde de pécheurs par le Christ ressuscité. « Par lui vous est annoncé le pardon des péchés » (Act. 13 : 38).
 
 
 
9 – LE JOURDAIN
 
 Le char de feu (2 Rois 2 : 1-15)
  
            Dans cette vie extrêmement mouvementée, Elie passe de miracle en miracle et le dernier est le plus grand de tous. Il n'y a point de voyage plus remarquable que son dernier pèlerinage de Guilgal au Jourdain. Conduit par l'Esprit de Dieu, il visite des lieux qui parlent d'une manière frappante des voies de l'Eternel envers Israël.
            Nous pouvons d'abord remarquer que le prophète est accompagné par Elisée qui avait été oint à sa place. Le moment était maintenant venu pour Elie de monter au ciel, laissant Elisée en arrière pour représenter sur la terre l'homme qui est ravi dans le ciel. Le point de départ du ministère d'Elisée est l'enlèvement d'un homme au ciel. Il va être sur la terre le témoin de la puissance et de la grâce qui peuvent avec justice introduire un homme dans le ciel malgré le péché, la mort et toute la puissance de l'ennemi.
            Nous pouvons aussi remarquer que si l'homme sur la terre doit représenter d'une manière appropriée l'homme dans le ciel, lui aussi doit parcourir le chemin qui, passant par Guilgal, Béthel et Jéricho, conduit sur les rives du Jourdain, et il doit avoir là son regard rempli de la gloire de l'ascension.
            Nous avons, dans ces grands mystères, une image frappante de la vraie position du chrétien pendant qu'il traverse le monde. Si nous sommes laissés quelque temps sur la terre, c'est pour que nous y représentions l'Homme qui est monté au ciel - « l'homme Christ Jésus » (1 Tim. 2 : 6) - l'Homme dans la gloire. Quel honneur nous a été imparti, d'être laissés un temps, comme des témoins pour Christ, dans le monde qui L'a rejeté ! Même si nous n'occupons qu'une position humble et obscure dans ce monde, le motif de notre présence ici-bas est élevé. C'est représenter Christ dans la vie de tous les jours. Voilà qui illumine la vie la plus sombre et qui soutient dans la vie la plus triste.
            Mais, pour être des témoins, nous devons connaître, dans l'expérience de notre âme, quelque chose des grandes vérités présentées dans ce dernier voyage. Nous devons aussi aller de Guilgal au Jourdain et retenir la vision de l'Homme élevé et glorifié, avant de pouvoir en quelque mesure présenter ses grâces et ses vertus dans un monde qui l'a rejeté.
            Guilgal est le point de départ de cette journée mémorable. A Guilgal, Israël a été séparé pour Dieu par la circoncision et là, Dieu a pu dire au peuple : « Aujourd'hui j'ai roulé de dessus vous l'opprobre de l'Egypte » (Jos. 5 : 9). Là, la chair a été mise de côté et l'opprobre de l'Egypte a été roulé. A la mer Rouge, les fils d'Israël ont été délivrés de l'Egypte, mais l'opprobre de ce pays n'avait pas été roulé de dessus eux jusqu'à la circoncision sur les bords du Jourdain.
            Nous savons, par l'épître aux Colossiens, que la circoncision est le type du « dépouillement du corps de la chair » (2 : 11). Nous avons été délivrés par la mort de cette chose mauvaise que la Parole de Dieu appelle la chair. Cette délivrance est dans la mort de Christ, et la foi accepte que nous sommes morts avec Christ. Sur la base de ce grand fait, nous avons l'exhortation : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Col. 3 : 5). L'apôtre nous dit aussitôt ce que sont ces membres : « fornication, impureté, affections déréglées, mauvais désirs, et la cupidité (qui est de l'idolâtrie) ». Puis nous avons aussi à renoncer à « tout ce qui est colère, animosité, méchanceté, injures, paroles honteuses » et mensonges (v. 8). Il est important de se souvenir que ce ne sont pas les membres du corps, mais les membres de la chair. Les membres du corps, nous avons à les livrer à Dieu (Rom. 6 : 13) ; les membres de la chair, nous avons à les mortifier. Encore, ce n'est pas la chair que nous sommes exhortés à mortifier, mais les membres de la chair. Cette dernière a été mise à mort à la croix. La foi reçoit cela, mais dans notre marche journalière, nous devons retrancher toute manifestation de la chair - ces choses horribles et mauvaises dans lesquelles nous vivions lorsque nous étions dans le monde ; dans la mesure où elles sont encore vues en nous, l'opprobre de l'Egypte demeure attaché à nous. Car, non seulement toutes ces choses proclament le fait que nous avons été dans le monde, mais elles mettent aussi en évidence le genre de vie que nous y avons mené ; elles deviennent donc un opprobre pour nous. Mais si ces manifestations de la chair sont retranchées, ne sont plus vues, alors l'opprobre de l'Egypte est roulé ; si elles ont disparu, personne ne peut dire quelle sorte d'hommes nous étions lorsque nous vivions dans le monde. Cette mortification de nos membres sur la terre est le « Guilgal » du chrétien. Après ses victoires, Josué retournait toujours à Guilgal ; de même, le chrétien, après chaque nouvelle victoire, doit veiller et rejeter sans hésitation toute manifestation de la chair. Telle est la première étape du voyage et son importance ne saurait être surestimée. Si nous devons représenter l'Homme qui est monté au ciel, il importe que toute manifestation de la chair soit totalement jugée et rejetée.
 
            Béthel est l'étape suivante. La signification profonde de ce lieu renommé est fournie par l'histoire de Jacob. Dans son trajet de Beër-Shéba à Charan, il se trouva en un lieu où il passa la nuit. Avec la terre pour lit et des pierres comme oreiller, il se coucha pour dormir. L'Eternel lui apparut dans un songe, donnant trois promesses inconditionnelles à ce vagabond (Gen. 28 : 10-15).
      1- Quant au pays, il serait donné à Jacob et à sa semence. Israël prit possession du pays et le perdit, sur le pied de la responsabilité. Il ne l'a encore jamais possédé selon cette promesse sur le terrain de la grâce souveraine.
      2- Quant à Israël - la semence de Jacob -, elle sera multipliée comme la poussière de la terre et s'étendra à l'occident et à l'orient, au nord et au midi et, en Israël, toutes les familles de la terre seront bénies.
      3- Quant à Jacob lui-même, pendant vingt années il sera un vagabond exposé à des difficultés et à des dangers, mais l'Eternel lui donne l'assurance qu'Il sera avec lui, qu'Il le gardera et le ramènera dans le pays. « Je ne t'abandonnerai pas », dit l'Eternel, « jusqu'à ce que j'aie fait ce que je t'ai dit ».
            Béthel témoigne ainsi de la fidélité immuable de Dieu envers son peuple. Il a préparé une place pour les siens. Il les prépare pour la place, en gardant chacun d'eux et en veillant sur lui, de telle sorte qu'aucun ne périra, quelles que soient les difficultés et la longueur du voyage.
            Tandis que nous poursuivons notre pèlerinage dans ce monde, nous savons que la maison vers laquelle nous nous rendons est préparée pour nous par la fidélité invariable de Dieu. L'apôtre peut nous rappeler que nous nous dirigeons vers un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour nous. Israël a un pays assuré sur la terre et le chrétien, une demeure conservée dans les cieux.
            De plus nous sommes « gardés par la puissance de Dieu, par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1 Pier. 1 : 5).
            Et lorsque enfin nous serons recueillis dans cette demeure, pas un des siens ne manquera. Le voyage peut être long, le chemin peut être raboteux, l'opposition forte, la lutte terrible - nous faillissons et tombons peut-être souvent - mais les paroles de l'Eternel à Josué nous sont appliquées : « Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas » (Héb. 13 : 5). Si Guilgal parle du mal constant de la chair, dont toute activité doit être rejetée, Béthel parle de la fidélité invariable de Dieu sur laquelle notre âme peut se reposer dans une confiance parfaite.
            Mais aux jours du prophète, le témoignage de Guilgal et de Béthel à la relation de l'Éternel avec Israël n'était qu'un souvenir rappelé par la foi. Pour la vue, Guilgal et Béthel étaient devenus les témoins du péché du peuple. Amos, le berger, accuse le peuple d'avoir péché à Béthel et d'avoir multiplié la transgression à Guilgal. Béthel, le siège de l'un des veaux d'or, était le centre d'idolâtrie ; et si la transgression était universelle, à Guilgal, elle était multipliée. Elie regarde au-delà de l'horrible péché de la nation. Il reconnaît que c'est le propos de Dieu d'avoir un peuple mis à part pour lui, un peuple introduit dans la bénédiction sur le seul terrain de Sa fidélité invariable et de Sa grâce inconditionnelle.
            De même, dans les derniers jours de la dispensation chrétienne, la croix qui est le témoignage du jugement de la chair, est devenue entre les mains de l'homme un objet d'idolâtrie universelle. Combien de personnes la vénèrent tout en rejetant tout ce qu'elle signifie et en méprisant le Christ qui a souffert sur elle. Béthel aussi – qui signifie la « maison de Dieu », le lieu de bénédiction pour la manifestation de tout ce que Dieu est dans sa fidélité invariable - a été transformé en une bâtisse de bois et de pierres où l'orgueil et la gloire de l'homme peuvent trouver leur compte. Que ce soit aux jours d'Elie ou de nos jours, rien ne prouve mieux la ruine totale de ce qui professe le nom de Dieu que la corruption de ce qui est divin.
 
            Puis le prophète est envoyé à Jéricho, la ville contre laquelle Dieu avait prononcé la malédiction. Défiant Dieu, un homme avait rebâti la ville, et avait attiré le jugement sur lui-même. Jéricho devient ainsi le témoin du jugement de Dieu contre ceux qui s'opposent à son peuple et se rebellent contre Lui. La foi d'Elie savait que la nation rebelle allait au-devant du jugement, de même, la foi discerne aujourd'hui que la chrétienté professante marche rapidement vers son jugement.
 
            De Jéricho, Elie va au Jourdain. Comme type, le Jourdain est le fleuve de la mort. Israël l'avait traversé à sec pour entrer dans le pays, et là encore Elie et Elisée le traversent à sec, mais pour eux, il s'agit d'échapper au pays qui était sous le jugement. Ce passage à travers le Jourdain témoigne que tous les liens entre Dieu et Israël sont rompus sur le terrain de leur responsabilité. Le jugement pèse sur le peuple, mais la foi reconnaît que la mort est le seul moyen d'échapper au jugement.
 
            Guilgal nous dit que la chair doit être rejetée et que l'opprobre de l'Egypte doit être roulé pour qu'Israël hérite le pays.
            Béthel parle du propos souverain de Dieu de bénir son peuple sur le terrain de sa grâce inconditionnelle.
            Jéricho témoigne que, sur le pied de la responsabilité, la nation est sous le jugement.
            Le Jourdain, que le seul moyen d'échapper au jugement est la mort.
            Dans ce voyage, nous pouvons voir, en type, le chemin parfait du Seigneur Jésus au milieu d'Israël. L'opprobre de l'Egypte n'était pas en Lui. Il marchait et vivait dans la lumière de la fidélité invariable de Dieu à ses promesses. Il avertissait la nation du jugement à venir et alla jusqu'à la mort qui rompit tous les liens avec l'Israël selon la chair. Il ouvrit ainsi une porte à ses disciples pour échapper au jugement qui allait tomber sur la nation.
 
            Mais si, en Elie, nous voyons le chemin du Seigneur Jésus au travers de ce monde jusqu'à la gloire céleste, en passant par la mort, nous voyons aussi, en Elisée, une image du croyant qui s'identifie de coeur avec Christ ; en esprit, il emprunte le chemin qui conduit hors du monde et, ayant vu Christ monter dans la gloire par les cieux ouverts, il revient dans le monde sous le jugement témoigner en grâce pour l'Homme élevé dans la gloire. Aux jours d'Elie, il y avait beaucoup de fils des prophètes à Béthel et à Jéricho, mais un seul homme fit le trajet avec le prophète. Les fils des prophètes avaient beaucoup de connaissance ; ils pouvaient dire à Elisée ce qui allait arriver, mais ils n'avaient pas de coeur pour suivre Elie. Et aujourd'hui, combien en savent beaucoup sur Christ, sont bien instruits dans les Ecritures, mais ne sont pas prêts à accepter la place hors du camp avec Christ ; ils connaissent peu de chose de leur place avec Christ dans le ciel.
            Quelle est la puissance qui rend une âme capable d'entreprendre ce voyage ? L'histoire d'Elisée nous en découvre le secret. Il a d'abord été attiré vers Elie : un jour dans son histoire, Elie « passa vers lui » et jeta son manteau sur lui. Quel grand jour dans notre histoire que celui où le Seigneur Jésus s'est approché de nous et nous a amenés sous la puissance de sa grâce ! Nous avons pu alors courir après lui. Mais comme Elisée, bien qu'attirés vers Christ, des liens naturels nous retenaient encore. Sa grâce répondant à nos besoins nous attachait à Christ, mais Il n'avait pas la première place pour nous. Néanmoins, dans l'histoire d'Elisée, les liens naturels furent enfin brisés : « il se leva et s'en alla après Elie ; et il le servait » (1 Rois 19 : 21). C'est une chose d'être sauvé par Christ – d'être, pour ainsi dire, à l'abri de son manteau – mais c'est une autre étape de notre histoire, lorsque nous sortons définitivement pour Le servir. Cela signifie-t-il que nous renonçons à notre métier pour suivre Christ ? Pas nécessairement ! Que nous tournons le dos à notre foyer, à notre famille ? Certainement pas ! Mais cela signifie que, si autrefois, nous exercions notre profession avec un but égoïste, maintenant Christ est devenu notre objet. Un enfant inconverti obéira peut-être à ses parents parce qu'il est juste de le faire ou par affection naturelle, l'enfant converti obéira parce que cela plaît à Christ. Et lorsque Christ devient ainsi l'objet de nos coeurs, nous allons tout naturellement après lui et nous le servons.
            Mais en servant Christ, nous croissons dans sa connaissance et cela nous conduit à une autre étape ; nous nous attachons à Lui. Cela est illustré d'une manière touchante dans l'histoire d'Elie : « Je ne te laisserai point ». C'est le langage d'un coeur qui est mû par l'affection. Et l'amour est mis à l'épreuve. A Guilgal, Béthel et Jéricho, Elisée est mis à l'épreuve par les paroles d'Elie : « Reste ici, je te prie », et trois fois la réponse est la même : « Je ne te laisserai point » (2 Rois 2 : 2, 4, 6). Bien que le voyage d'Elie conduise à Béthel, la ville du veau d'or, à Jéricho, la ville de la malédiction, et au Jourdain, le fleuve de la mort, Elisée persiste dans son amour. De même, Ruth pouvait dire : « Où tu iras, j'irai » (1 : 16) ; et plus tard, alors que plusieurs s'étaient retirés et ne marchaient plus avec Jésus, les douze disent : « Seigneur, auprès de qui irions-nous ? » (Jean 6 : 68). Sa grâce les avait attirés après Christ et l'amour les attachait à Lui.
            En outre, l'attachement du coeur mène Elisée à une pleine identification avec Elie. Trois fois dans ce dernier voyage, l'Esprit de Dieu emploie les mots « eux deux » : de Jéricho, « ils s'en allèrent eux deuxeux deux se tinrent auprès du Jourdain… et ils passèrent eux deux à sec » (2 Rois 2 : 6-8). L'amour se plaît à accepter le fait que nous avons été identifiés avec Christ dans le lieu du jugement et aux eaux de la mort.
            Mais si nous avons été identifiés avec Christ dans la mort, c'est pour que nous puissions avoir une  douce communion avec Lui dans la résurrection ; et cela aussi est préfiguré dans ce beau récit, car après avoir passé sur un terrain nouveau par le fleuve de la mort, nous lisons : « ils allaient marchant et parlant » (v. 11). Il y a peut-être de longues années que nous avons été convertis, mais marchons-nous encore avec Christ et parlons-nous avec Christ tandis que nous poursuivons notre chemin ?
            Elie indique le chemin par lequel le croyant est conduit à suivre Christ hors de ce monde destiné au jugement, dans le lieu de la résurrection et de la gloire. Attiré à Lui par grâce, attaché à Lui dans l'amour, identifié avec Lui dans la mort et jouissant de la communion avec Lui dans la résurrection.
            Arrivés sur l'autre rive du Jourdain, hors du pays, tout est immédiatement changé. Maintenant Elie peut dire : « Demande ce que je ferai pour toi » (v. 9). La grâce met toute la puissance d'un homme ressuscité à la disposition d'Elisée. La mort a ouvert la voie de la grâce souveraine. Hélas, combien nous réalisons mal le fait si important que toute la grâce et la puissance du Christ ressuscité sont à notre disposition. Quelle occasion pour Elisée ! Il n'a qu'à demander pour obtenir. Demande-t-il une longue vie, ou la richesse, ou la puissance, ou la sagesse ? Non ! Sa foi, s'élève au-dessus de tout ce que le coeur naturel pourrait convoiter, et il demande aussitôt une double mesure de l'esprit d'Elie. Il réalise que, s'il doit rester sur la terre à la place d'Elie, il aura besoin de l'esprit d'Elie. Cette scène transporte nos pensées à la chambre haute de Jean 14. Le Seigneur est sur le point de quitter ses disciples et de monter dans la gloire et, s'il ne dit pas : « Demandez ce que je ferai pour vous », il fait une demande pour nous : « Je ferai la demande au Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement » (Jean 14 : 16). Combien nous sommes lents à réaliser qu'une Personne divine est montée au ciel pour habiter dans les croyants ! Et la Personne qui est descendue est aussi grande que la Personne qui est montée. Elle peut donc nous donner la puissance de représenter Christ comme Homme exalté.
            Elisée avait demandé une chose difficile, néanmoins elle sera accordée si, dit Elie, « tu me vois quand je serai enlevé d'avec toi » (v. 10). « Et il arriva, comme ils allaient marchant et parlant, que voici un char de feu et des chevaux de feu ; et ils les séparèrent l'un de l'autre ; et Elie monta aux cieux dans un tourbillon. Et Elisée le vit » (v. 11). Il voit Elie monter dans la gloire, mais sur la terre, « il ne le vit plus ». Paul dit : « Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière ; de sorte que si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5 : 16-17). Nous trouvons cela aussi ici : Elisée « saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces » (v. 12). Non seulement il se sépare des « choses vieilles » mais il les rend inutiles. Il n'a pas simplement plié et mis de côté ses vêtements pour les reprendre plus tard, mais « il saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces ». Il en a fini avec eux pour toujours. Désormais il est revêtu du manteau d'Elie. Mais c'est le manteau de l'homme qui est monté au ciel en passant par Jéricho et le Jourdain. En figure, Elie a passé par le jugement et la mort et Dieu peut renvoyer Elisée avec un message de grâce à une nation qui est sous le jugement. Mais pour que ce témoin ait de la puissance, il faut qu'il soit un vrai représentant de l'Homme dans le ciel. Elisée l'a bien été, car à son retour de Jéricho, après la scène de l'enlèvement, les fils des prophètes s'exclament : « L'esprit d'Elie repose sur Elisée. Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent devant lui en terre » (v. 15).
            De même, si nous avons vu Christ en haut et si nos regards sont remplis des gloires de la nouvelle création, c'est notre privilège de nous séparer des « choses vieilles ». Et nous pouvons, dans la puissance de « l'Esprit de vie dans le Christ Jésus », représenter l'Homme qui est monté au ciel ; de sorte que le monde même est contraint de constater que nous avons été « avec Jésus » (Act. 4 : 13).
 
                                                                                                H. Smith