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L'EPITRE AUX COLOSSIENS (8)

 
 QUATRIEME PARTIE : Morts et ressuscités avec Christ - La vraie vie chrétienne (Col. 2 : 20 à 4 : 6) - suite
 
 4- Dépouiller le vieil homme et revêtir le nouvel homme : 3 : 8-11
 5- Revêtir les caractères de Christ : 3 : 12-15
 6- La parole du Christ en nous : 3 : 16-17

 
               Pour réaliser en pratique les résultats de notre mort et de notre résurrection avec Christ, il faut d'abord être dépouillé de soi-même. La mortification (v. 5), c'est-à-dire l'application de la mort de Christ, précède le renoncement à certaines choses (v. 8).
            Mais le dépouillement, pour nécessaire qu'il soit, ne suffit pas et n'apporte pas de joie ; il faut d'abord réaliser que l'on a revêtu le nouvel homme, et avoir Christ, notre vie, comme seul objet du coeur.
 
 
4- Dépouiller le vieil homme et revêtir le nouvel homme : 3 : 8-11
 
                        Renoncer : v. 8-9
 
               Dans les versets précédents, il s'agissait de « mortifier la chair », en rapport avec les péchés grossiers dans le corps, qui sont le fruit des mauvaises convoitises du coeur. Il s'agit ici de brider les mouvements de la volonté propre de l'homme qui demeure étrangère à la crainte de Dieu.
            Le croyant doit renoncer à six choses qui souillent son esprit :
                        - la colère
                        - l'animosité
                        - la méchanceté
                        - les injures
                        - les paroles honteuses
                        - le mensonge.
 
            Les péchés signalés ici sont le fruit des mauvaises pensées, mais ils sont commis avec la langue. Or « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue » (Prov. 18 : 21), et « la langue est un feu » (Jac. 3 : 6), qui peut faire de terribles ravages. En nous appliquant à imiter Christ, nous serons gardés en pratique de toutes ces choses qui nous souillent (Matt. 15 : 20).
 
            Le mensonge est le signe distinctif du « vieil homme », le caractère même de Satan, menteur et « père du mensonge » (Jean 8 : 44). Souvenons-nous que la première intrusion du mal dans l'Assemblée provenait du mensonge d'Ananias et de Sapphira (Act. 5). Le mensonge peut être envers Dieu (toute forme d'idolâtrie est un mensonge), envers soi-même ou envers les autres hommes, et particulièrement les frères. L'hypocrisie est une forme courante et subtile du mensonge à l'égard des autres -  elle ruine les relations fraternelles. Au contraire, la vérité et la paix vont ensemble ; que le Seigneur nous aide à les aimer et à parler la vérité chacun à son prochain ! (Zach. 8 : 16, 19).
 
 
                        Ayant dépouillé le vieil homme et ses actions : v. 9
 
               L'apôtre emploie l'image très simple de quelqu'un qui aurait changé de vêtement, qui aurait enlevé un habit pour le remplacer par un autre. Il s'agit de dépouiller le vieil homme (le vieil habit) pour revêtir le nouvel homme (l'habit neuf). Ce changement est considéré comme un fait acquis et déjà accompli (« ayant dépouillé » et « ayant revêtu ») ; l'exercice permanent du chrétien est d'en tirer les conséquences pratiques dans sa vie.
 
            Il n'est pas question d'une amélioration du vieil homme, mais de son dépouillement. Mettre un morceau de drap neuf sur un vieil habit rend la déchirure plus mauvaise ; et de vieilles outres ne peuvent pas contenir un vin nouveau (Matt. 9 : 16-17). Toutes les tentatives dans ce sens déjà dénoncées par l'apôtre (mysticisme, légalisme, ritualisme ou ascétisme) sont vouées à l'échec. En fait, rien ne reste à faire, puisque l'oeuvre de Christ est parfaite et complète.
 
            L'expression « vieil homme » (v. 9 – Rom. 6 : 6 ; Eph. 4 : 22) englobe tout ce qu'est la créature en Adam, homme pécheur responsable. Chez le croyant, le « vieil homme a été crucifié » avec Christ à la croix. Le Seigneur a porté les péchés d'un chrétien, avant même qu'ils ne soient commis. Son vieil homme a été crucifié avec Christ à la croix. Alors Dieu a condamné le péché dans la chair (Rom. 8 : 3). Le fait devient effectif pour le croyant lors de sa conversion ; il lui est appliqué et devient vrai pour lui.
Sous cet aspect, le « vieil homme » est aussi appelé la « chair » ; c'est ainsi qu'il est écrit : « Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair » (Gal. 5 : 24).
 
            Mais la « chair » caractérise aussi la nature pécheresse elle-même, à laquelle le croyant était totalement identifié avant sa nouvelle naissance. C'est une source et une puissance de mal qui subsistent dans le croyant après sa conversion, tant qu'il vit encore dans le corps auquel la chair est attachée. Cette situation présente du chrétien explique le conflit intérieur qui lui est propre (les inconvertis ne le connaissent pas) entre la chair et l'Esprit, deux puissances opposées l'une à l'autre (Gal. 5 : 17). Ce conflit se déroule dans le coeur du croyant et son enjeu est la jouissance présente des bénédictions spirituelles en Christ.
 
 
                        Ayant revêtu le nouvel homme : v. 10
 
               Si notre vieil homme a été crucifié à la croix de Christ (nous l'avons dépouillé), c'est dans le but de revêtir le nouvel homme, l'homme nouveau, Christ lui-même. L'apôtre révèle une vérité nouvelle par rapport à l'enseignement de l'épître aux Romains, qui montre seulement notre mort avec Christ. Ici, nous apprenons que si nous sommes aussi ressuscités avec Lui, c'est pour vivre de Sa vie. Nous avons revêtu un nouvel homme qui fait partie d'une nouvelle création.
 
            Le nouvel homme est renouvelé en connaissance ; ce n'est pas l'état d'innocence, mais la connaissance de Dieu, dans une mesure que les croyants de l'Ancien Testament ne possédaient pas. Le nouvel homme est aussi créé selon l'image de Dieu, lui-même, étant connu dans sa nature (amour et lumière) ; et le chrétien est rendu moralement participant de cette nature divine. Aux Ephésiens, Paul précise que le nouvel homme est « créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » Eph. 4 : 24). Les chrétiens sont ainsi formés selon le caractère de Dieu, en rapport avec le bien et le mal. Par opposition au vieil homme, qui porte le caractère d'Adam, chef d'une race d'hommes pécheurs, le nouvel homme porte tous les caractères de Christ, le commencement d'une nouvelle création, la création de Dieu (2 Cor. 5 : 17 ; Apoc. 3 : 14). Ainsi, le nouvel homme reçoit de Dieu seul la capacité de juger moralement le vieil homme dans la lumière divine. C'est ainsi que le croyant peut réaliser le dépouillement des actions du vieil homme.
 
 
                        Christ est tout et en tous : v. 11
 
               « Christ est tout ». En Lui, toutes les différences d'origine ethnique ou religieuse, ainsi que toutes les inégalités sociales, sont effacées. Pour le nouvel homme dans la nouvelle création, tous sont égaux. Et non seulement toutes ces différences de l'ancienne création disparaissent, mais Christ seul doit être vu et reconnu dans chaque croyant.
Ensuite, « Christ est en tous » : Christ habite par la foi dans le coeur de tous les chrétiens. Le lien qui les unit tous ensemble, c'est Christ lui-même. La première vérité efface tout ce qui est du premier Adam, tandis que la seconde confère toute la plénitude de la valeur de Christ à ceux qui appartiennent à Dieu.
 
            Dans l'état éternel, quand le temps ne sera plus, Dieu sera « tout en tous » (1 Cor. 15 : 28). Alors Dieu - Père, Fils et Saint Esprit - sera connu par une multitude d'êtres heureux qui goûteront le bonheur divin.
 
            Avant que nous soyons introduits dans cette éternité de bonheur (le repos et la gloire célestes) notre foi peut saisir et posséder « Christ » comme le seul objet de nos coeurs, et savoir que « Christ est en tous », comme puissance de la vie divine dans tous les croyants.
 
 
 
5- Revêtir les caractères de Christ : 3 : 12-15
           
           
                        Mortifier pour revêtir
 
              Morts avec Christ, nous avons dépouillé le vieil homme : c'est le point de départ de la mortification des actions de la chair. Ressuscités avec Christ, nous avons revêtu le nouvel homme : c'est l'autre point de départ pour manifester les caractères de ce dernier, ceux mêmes de Christ.
 
            La Parole déclare que les chrétiens ont revêtu Christ (Gal. 3 : 27) et le nouvel homme (v. 10 – Eph. 4 : 24). En conséquence, ils sont invités à manifester pratiquement les caractères de Christ et, par-dessus tout, l'amour.
 
            Le nouvel homme ressemble à un vêtement de « vertus morales ». Le fait pour le croyant de l'avoir revêtu entraîne toute une chaîne de conséquences dans sa vie.
 
           
                        « Elus de Dieu, saints et bien-aimés »
 
               C'est à de tels que l'apôtre adresse les exhortations.
 
                        - « Elus de Dieu » : les croyants sont l'objet d'un choix divin, dès avant la fondation du monde (Eph. 1 : 4)
                        - « Saints » : ils sont appelés pour occuper une position de séparation, selon le caractère qui convient à la nature de Dieu.
                        - « Bien-aimés », ayant reçu miséricorde, les croyants sont les objets des délices de Dieu, de son amour. Aux Ephésiens, l'apôtre rappelle qu'ils sont appelés à être « imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Eph. 5 : 1).
 
            Ce que nous sommes devant Dieu définit ce que nous devons être dans notre vie chrétienne. La nature humaine peut manifester l'apparence des caractères du nouvel homme, mais si la source divine manque, des manifestations réelles et durables ne pourront jamais être produites.
 
            Sept vertus chrétiennes caractérisent le nouvel homme : les trois premières sont en rapport avec l'état intérieur du coeur, les trois suivantes en relation avec les autres. La dernière, l'amour, couronne le tout ; c'est la nature même de Dieu.
La source unique de toutes ces vertus, c'est l'être intérieur, le siège de ses affections - les « entrailles » (Cant. 5 : 4 ; Jér. 31 : 20). Le mot est même employé pour évoquer la source de la vie (Gen. 15 : 4). Toutes les vertus chrétiennes en découlent.
            
           
                        Les vêtements « intérieurs ».
 
               C'est l'affection miséricordieuse, la bonté et l'humilité.
 
            La miséricorde est le sentiment éprouvé par un coeur sensible à la misère des autres ; non seulement les faibles et les misérables, mais aussi les coupables. C'est la compassion du Samaritain pour l'homme tombé entre les mains des voleurs (Luc 10 : 33), image touchante des compassions de Christ envers nous. La miséricorde de Dieu est présentée dans cette déclaration remarquable : « La profonde miséricorde de notre Dieu, selon laquelle l'Orient d'en haut nous a visités » (Luc 1 : 78).
 
            La bonté et l'humilité sont associées à la miséricorde dans les pensées intérieures du nouvel homme. Elles ont brillé sur la terre en Christ, notre modèle (Matt. 11 : 29 ; Phil. 2 : 2-5). Dans un monde dur, où l'orgueil prévaut, les chrétiens doivent montrer qu'ils sont différents.
 
           
                        Les vêtements extérieurs
 
               Ce sont la douceur, la patience, le support et le pardon mutuels.
 
            La douceur n'est pas de la faiblesse, mais plutôt l'expression de la force morale nécessaire pour garder le contrôle de soi et pouvoir en même temps s'approcher des autres en grâce.
            La patience s'exprime dans la souffrance, particulièrement en face des injustices.
            Enfin, nous devons supporter les faiblesses de nos frères et pardonner le tort qu'ils peuvent nous faire. La mesure de notre pardon envers les autres est le pardon que Christ nous a accordé (v. 13), ou Dieu, en Christ (Eph. 4 : 32). Cette mesure est pratiquement illimitée, d'après la réponse du Seigneur à la question de Pierre, confirmée par la parabole qui suit (Matt. 18 : 21). En fait, nous ne pourrons jamais effacer notre dette d'amour envers Christ en manifestant le pardon à l'égard des autres hommes.
 
 
                        Le vêtement excellent
 
               Une chose doit couronner le tout ; elle est d'une valeur morale supérieure. Il faut revêtir l'amour, le « lien de la perfection ». Les gnostiques pensaient que la science était ce lien de la perfection, alors que les philosophes grecs pensaient plutôt que c'était l'esprit de l'homme ; c'est une théorie propagée encore par beaucoup de religions actuelles, notamment orientales. Tous sont dans l'erreur. Seul, le lien de l'amour divin peut faire, des diverses qualités morales rappelées ci-dessus, un ensemble cohérent et durable, dans lequel chaque vertu garde sa place et maintient son équilibre.
 
            L'apôtre Paul élève ainsi la vie chrétienne à la hauteur de la nature même de Dieu, ce que confirme l'apôtre Jean : « Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 4 : 16).
 
 
                        La paix du Christ dans le coeur
 
               L'ornement et le résultat de cet ensemble moral de six vertus chrétiennes couronnées par l'amour se trouvent dans la paix du Christ. C'est un don que Christ a fait aux siens avant de les quitter : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27). La paix citée en dernier, celle de Christ, doit présider (ou dominer) dans nos coeurs, et marquer toute notre vie de son empreinte. L'apôtre mentionne ici « l'unité du corps » pour montrer que la paix du Christ, goûtée par les membres du corps, en est le lien en pratique.
Un bel exemple est donné par les assemblées de la Judée, de la Galilée et de la Samarie, dans les premiers temps de l'Eglise sur la terre (Act. 9 : 31). Leur premier caractère était la paix. Dans la conscience de l'amour et de l'activité de Dieu, nos âmes peuvent jouir de la paix du Christ. Les actions de grâces en découlent. La reconnaissance envers Dieu et les uns envers les autres est un caractère du chrétien, comme l'ingratitude est celui des inconvertis (2 Tim. 3 : 2). La paix du coeur et l'esprit de reconnaissance expriment le contentement d'esprit, qui s'associe à la piété ; c'est un grand gain pour l'âme (1 Tim. 6 : 6).
 
 
 
6- La parole du Christ en nous : 3 : 16-17
 
               Selon le dessein de Dieu exposé tout au long de cette lettre, tout est rapporté à Christ. La Parole est donc appelée ici la « parole du Christ » ; il s'agit plus spécialement de ce qui, dans la révélation divine, se rapporte à lui. Déjà dans l'Ancien Testament, l'Esprit de Christ parlait par avance de ses souffrances et de ses gloires (1 Pier. 1 : 11), même si les croyants de l'époque ne pouvaient pas comprendre pleinement les choses qu'ils écrivaient. Tous les écrits du Nouveau Testament nous parlent aussi de Christ ; conduits par le Saint Esprit, nous connaissons maintenant les vérités librement données par Dieu (1 Cor. 2 : 12).
 
            Cette parole du Christ doit habiter richement dans nos coeurs pour que nous la mettions en pratique et que nous la gardions (Matt. 7 : 24 ; Apoc. 3 : 8, 10). Reçue avec douceur et humilité d'esprit, cette « Parole implantée » dirigera notre vie personnelle (Jac. 1 : 21-22). L'apôtre en tire trois conséquences :
 
                        1- Elle nous rend capables, en toute sagesse, de nous enseigner et de nous exhorter l'un l'autre. En annonçant Christ, l'apôtre réalisait déjà ce service envers tout homme (1 : 28) ; les chrétiens peuvent à leur tour l'accomplir les uns à l'égard des autres. En puisant à la source de la sagesse, qui est Christ (1 Cor. 1 : 30), chacun peut enseigner son frère en lui parlant de Christ, le terme et la somme de toute connaissance (1 Jean 2 : 13). L'exhortation, c'est-à-dire l'avertissement d'amour donné au temps propre, découle de la même source.
 
                        2- Elle produit la louange et la reconnaissance. Ce sont des cantiques spirituels, dont le support est le chant, comme expression de la joie du coeur (Jac. 5 : 13). Cette activité spirituelle est l'opposé de la musique profane, qui touche les sens, et dont les dangereux excès contemporains conduisent à l'idolâtrie et à l'occultisme. L'esprit d'actions de grâces est l'instrument même de l'enseignement et de l'exhortation. Le coeur (le siège des affections), nourri par la Parole du Christ, est la source de la louange.
 
                        3- Elle dirige toutes les paroles et tous les actes du chrétien (v. 17). Le nom du Seigneur doit pouvoir être associé, sans restriction, à tout ce que nous disons et à tout ce que nous faisons. La question n'est donc pas : « Quel mal y a-t-il en ceci ou cela ? » ; elle est plutôt : « Est-ce compatible avec le nom de Christ ? ». En définitive, la vie chrétienne est réglée par cette déclaration de l'apôtre : « Christ est tout et en tous » (v. 11). Christ lui-même est le but et l'objet du coeur du croyant. Alors les actions de grâces s'élèveront à Dieu le Père par Christ.
 
                                              
                                                                                           Extrait de « Sondez les Ecritures » vol. 9                                     
 
(A suivre)