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ELIE, « UN PROPHETE DE L'ETERNEL » (3)

 
  
 
 
5 - LE CARMEL
 
 
Le feu du ciel (1 Rois 18 :16-40)
 
           
            Abdias a délivré le message à Achab. Alors le roi va à la rencontre du prophète ; il l'accuse aussitôt d'être « celui qui trouble Israël » (v. 17). Le pays est pourtant rempli d'idoles et de temples d'idoles ; des ashères et des autels idolâtres, servis par des sacrificateurs idolâtres, se trouvent partout ; le peuple a abandonné l'Eternel pour suivre Baal ; le roi est le chef de l'apostasie et sa femme, une païenne meurtrière ; toute cette accumulation de mal n'est pas un trouble aux yeux du roi ! Mais si la sécheresse dans le pays et une famine en Samarie viennent contrarier ses plaisirs et mettre en danger ses chevaux, il y a alors un trouble profond, et l'homme à la parole duquel les cieux restent fermés est, pour le roi, celui qui trouble. Par la puissance du Dieu vivant, Elie peut ressusciter un mort et commander à la pluie ; mais s'il dénonce le péché et avertit le pécheur, il est aussitôt considéré comme un semeur de trouble.
            La présence d'un homme qui place le péché sur la conscience et amène le pécheur dans la présence de Dieu est toujours troublante pour ce monde. Lors de la venue de Christ sur la terre, Hérode « fut troublé et tout Jérusalem avec lui » (Matt. 2 : 3). Et plus tard encore, Paul et ses compagnons furent considérés comme amenant le trouble, car les citoyens excités de Philippes s'écrièrent : « Ces hommes... jettent le trouble dans notre ville » (Act. 16 : 20).
            Le chrétien mondain ne sera pas traité de perturbateur, pas plus qu'Abdias en son temps. Celui-ci au contraire était considéré comme un membre très apprécié de la société au point d'être nommé préposé sur la maison du roi. Mais l'homme de Dieu, parce qu'il se tient séparé du courant du monde - tout en rendant témoignage du mal et en avertissant du jugement à venir - sera toujours celui qui trouble, même s'il proclame la grâce et indique le chemin de la bénédiction.
            Avec une grande hardiesse et dans un langage très simple, le prophète retourne l'accusation contre le roi : « Je ne trouble pas Israël, mais c'est toi et la maison de ton père » (v. 18a). Il explique fidèlement en quoi ils l'ont fait et dénonce le péché personnel d'Achab : « Vous avez abandonné les commandements de l'Eternel... et tu as marché après les Baals » (v. 18b).
            Après avoir placé devant le roi ses péchés, il lui montre qu'il n'y a qu'une seule manière de mettre fin à la famine et de voir venir le jour où l'Eternel enverra la pluie sur la terre : le péché qui a attiré le jugement doit être jugé. Pour cela, Achab reçoit l'ordre de rassembler tout Israël à la montagne du Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes des ashères, qui mangent à la table de Jézabel. Tous ceux qui ont participé à ce grand péché doivent être présents. Les meneurs et ceux qui ont été séduits doivent se rassembler au Carmel. Aucun privilège particulier, aucune position, si élevée soit-elle, ne seront admis comme prétexte d'absence. Ceux qui festoient à la table royale et ceux qui servent Baal doivent être présents avec tout le peuple.
            Même le misérable roi est conscient de la condition désespérée du pays, et ainsi, sans autre protestation, il exécute la demande d'Elie. Tout Israël et tous les prophètes idolâtres sont rassemblés au Carmel.
 
            Lorsque cette immense foule est réunie, Elie s'approche et s'adresse à « tout le peuple » par trois appels distincts.
            D'abord, il cherche à réveiller la conscience du peuple : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? Si l'Eternel est Dieu, suivez-le ; et si c'est Baal, suivez-le ! » (v. 21b). L'auditoire auquel Elie adresse ce puissant appel était composé d'un roi dégradé, d'une compagnie corrompue de prophètes et d'une foule versatile subissant leur influence. Ignorant le roi et les prophètes, Elie parle directement au peuple. Le roi était le chef de l'apostasie et avait déjà été placé devant son péché. Les prophètes de Baal étaient les adversaires déclarés de Dieu et allaient être confondus et jugés. Mais la grande masse du peuple était indécise, hésitant entre les deux côtés. Ils professaient être le peuple de l'Eternel, mais en pratique, ils adoraient Baal. S'adressant à leur conscience, Elie dit : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? » (v. 21a).
            Nous sommes aujourd'hui confrontés avec les représentants de ces trois classes. Il y a les meneurs de l'apostasie ; des hommes qui ont fait une profession extérieure de christianisme, mais qui renient le Maître qui les a achetés et qui sont retournés se vautrer au bourbier. Puis il y a un nombre croissant de personnes qui ne font pas profession de christianisme, qui propagent avec zèle leurs faux systèmes religieux et sont les ennemis déclarés de Dieu le Père et de Dieu le Fils. Mais il y a une autre classe, la grande masse des chrétiens « de nom », tous ceux qui hésitent entre les deux côtés. Ils n'ont, hélas, pas de foi personnelle en Christ, rien que des « opinions ». Pour eux, Dieu et sa Parole, Christ et sa croix, le temps et l'éternité, le ciel et l'enfer, sont simplement des questions d'opinion – des opinions qui n'aboutissent à aucune conviction ferme, car en regard de ces réalités solennelles, ils ont « deux » opinions. Ils ne s'opposent pas à Christ, mais ils se refusent à Le confesser. Ils ne désirent pas se brouiller avec Dieu, mais ils veulent rester bien avec le monde. Ils voudraient échapper au jugement du péché, mais ils sont déterminés à jouir des délices du péché. Ils aimeraient mourir comme des saints, mais ils préfèrent vivre comme des pécheurs. Ils parlent parfois de moralité, discutent de problèmes sociaux et religieux, ou participent à des controverses théologiques. Mais ils évitent soigneusement tout contact personnel avec Dieu, toute décision pour Christ et toute confession de son nom. Ils balancent, hésitent, remettent de jour en jour, disant pratiquement : « Nous nous tournerons un jour vers Christ, mais pas maintenant ; nous serons sauvés un jour, mais pas maintenant ; nous nous occuperons un jour de nos péchés, mais pas maintenant ».
            Que ceux qui parlent ainsi écoutent la question qu'Elie adresse à leur conscience : « Combien de temps » laisseront-ils en suspens la grande question de la destinée éternelle de leur âme ? Pendant combien de temps perdront-ils leur vie, joueront-ils avec le péché, négligeront-ils le salut et se moqueront-ils de Dieu ? Qu'ils se souviennent que Dieu a une réponse à cette question, que ce qu'Il se dispose à faire est en général très différent de ce que l'homme se propose. L'homme riche du récit de l'évangile se proposait de répondre à cette question selon ses pensées, et Dieu le traite d'insensé. « Combien de temps vivrai-je ? », dit-il. Et donnant lui-même la réponse, il s'accordait « beaucoup d'années ». Mais celle de Dieu a été bien différente : « Cette nuit même, ton âme te sera redemandée » (Luc 12 : 20).
            A cette question solennelle : « combien de temps ? », il faut répondre sans délai. Certes, la grâce de Dieu est illimitée, mais le jour de la grâce tend à sa fin. Pendant de longs siècles, les rayons de Sa grâce ont brillé sur ce monde coupable ; maintenant les ombres s'allongent et la nuit vient apportant avec elle les jugements. Que les moqueurs prennent garde de ne pas hésiter trop longtemps lorsque Dieu dit : « Combien de temps ? » de peur que finalement ils n'entendent ces terribles paroles : « Parce que j'ai crié et que vous avez refusé d'écouter, parce que j'ai étendu ma main et que personne n'a pris garde, et que vous avez rejeté tout mon conseil et que vous n'avez pas voulu de ma répréhension, moi aussi je rirai lors de votre calamité, je me moquerai quand viendra votre frayeur, quand votre frayeur viendra comme une subite destruction et que votre calamité arrivera comme un tourbillon, quand la détresse et l'angoisse viendront sur vous : alors ils crieront vers moi, et je ne répondrai pas ; ils me chercheront de bonne heure, mais ils ne me trouveront point » (Prov. 1 : 24-28).
            Aux jours d'Elie, les hommes furent réduits au silence par cet appel. « Le peuple ne lui répondit mot » (v. 21c). Toute bouche fut fermée. Ils étaient là devant le prophète, un peuple silencieux, frappé dans sa conscience, se condamnant lui-même.
 
            Après avoir convaincu le peuple de son péché, le prophète lui adresse son deuxième appel. Il rappelle à la nation que lui seul est le prophète de l'Eternel, alors que les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante hommes. Quel temps sombre que celui où il n'y a qu'un seul vrai prophète pour résister à quatre cent cinquante faux prophètes ! Il y avait certes sept mille hommes qui n'avaient pas fléchi les genoux devant Baal ; néanmoins il ne restait qu'un seul homme pour témoigner pour l'Eternel. C'est une bonne chose de refuser de reconnaître Baal, mais il y a une grande différence entre ne pas ployer les genoux devant Baal et se lever pour témoigner pour l'Eternel. Abdias pouvait craindre beaucoup l'Eternel, mais son association profane lui avait fermé la bouche. Nous n'entendons rien à son sujet au Carmel. La crainte de Dieu peut amener sept mille hommes à mener deuil devant Dieu en secret, mais la crainte de l'homme les retient de témoigner pour Dieu en public. Au milieu de cette grande foule, le prophète est seul. Et n'oublions pas que, malgré toute sa sainte hardiesse, il était un homme ayant les mêmes penchants que nous. Le Dieu vivant devant qui il se tenait était la source de sa puissance.
            Bien que seul, Elie n'hésite pas à défier la foule des faux prophètes. Il a repris le roi ; il a convaincu la nation d'indécision coupable ; il va maintenant dénoncer la folie de ces faux prophètes et la vanité de leurs dieux. Qui est le Dieu d'Israël ? Telle est la question importante. Elie propose courageusement que cette grande question soit soumise à l'épreuve du feu. « Le dieu qui répondra par le feu, lui, sera Dieu » (v. 24a). Il fait appel à Dieu. La décision n'appartient pas au prophète solitaire de l'Eternel ni aux quatre cent cinquante prophètes de Baal. Il ne s'agit pas de raisonnements humains ou de l'opinion d'un seul homme contre quatre cent cinquante. Dieu décidera. Les prophètes de Baal prépareront un autel, Elie rebâtira l'autel de l'Éternel, et le dieu qui répondra par le feu, lui, sera Dieu.
            Cet appel à la raison reçoit l'approbation immédiate et unanime d'Israël. « Et tout le peuple répondit et dit : la parole est bonne » (v. 24b). Les prophètes de Baal sont silencieux ; face à l'approbation du peuple, ils ne peuvent s'esquiver. Ils préparent leur autel, apprêtent leur taureau et invoquent leur dieu. Depuis le matin jusqu'à midi, ils crient à Baal. En vain ; « il n'y eut pas de voix, ni personne qui répondît » (v. 26). Jusqu'à midi, Elie est un témoin silencieux de leurs vains efforts ; enfin, une seule fois, il s'adresse à ces faux prophètes, mais seulement pour se moquer d'eux. Devant le mépris d'Elie, les prophètes de Baal redoublent d'efforts. Pendant trois heures encore, depuis midi jusqu'à l'heure du sacrifice du soir, ils crient à haute voix et se font des incisions avec des épées, jusqu'à faire couler le sang. Toujours en vain : « il n'y eut pas de voix, et personne qui répondît, et personne qui fît attention » (v. 29).
 
            La défaite des faux prophètes étant totale, Elie adresse son troisième appel au peuple. Il a parlé à leur conscience, il a fait appel à leur raison ; maintenant, il va s'adresser à leur coeur. Il les rassemble autour de lui par une invitation pleine de grâce : « Approchez-vous de moi ». En réponse, « tout le peuple s'approcha de lui » (v. 30). Ils observent en silence le prophète qui prépare l'autel de l'Eternel. Ayant montré l'impuissance de Baal, il dresse l'autel de l'Eternel. Il ne suffit pas de dénoncer ce qui est faux ; la vérité doit être établie !
            Pour maintenir la vérité, il bâtit son autel avec douze pierres. Malgré l'état de division de la nation, la foi reconnaît l'unité des douze tribus. Chaque tribu doit être représentée dans l'autel de l'Eternel. La foi discerne que bientôt l'idolâtrie sera jugée et la nation sera une, avec Dieu au milieu d'elle. Telle est la parole de l'Éternel par Ezéchiel : « Voici je prendrai les fils d'Israël d'entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d'Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Et ils ne se rendront plus impurs par leurs idoles... et je les délivrerai... et je les purifierai ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » (Ezé. 37 : 21-23).
            L'autel est dressé, la victime placée dessus, le tout est aspergé d'eau par trois fois et, à l'heure où l'on offre le gâteau, le prophète s'adresse à Dieu. Dans sa prière, Elie ne fait aucun cas de lui, mais tout revient à Dieu. Il ne cherche point de place pour lui-même ; il n'y a pas le moindre désir de s'exalter devant le peuple ; il ne veut être connu que comme un serviteur exécutant les commandements de l'Eternel. Son seul désir est que Dieu soit glorifié. A cet effet, il voudrait que tout le peuple reconnaisse que l'Eternel est Dieu ; que c'est l'Eternel qui fait « toutes ces choses » (v. 36) ; que c'est l'Eternel qui parle à leurs coeurs pour ramener le peuple à lui.
            La prière d'Elie reçoit une réponse immédiate. « Le feu de l'Eternel tomba, et consuma l'holocauste » (v. 38). Que cette scène est magnifique ! D'un côté un Dieu saint qui doit agir à l'égard de tout mal par le feu consumant du jugement ; et de l'autre une nation coupable, plongée dans le mal, que le Dieu saint doit juger. Le feu de l'Eternel doit certainement tomber et la nation être consumée. Comment peut-elle échapper ? Comment les coeurs peuvent-ils être ramenés à l'Eternel ? Aucun juste, si fervente que soit sa supplication, ne peut y faire face. Si la nation coupable doit être épargnée, il faut que l'autel soit bâti et un sacrifice offert – sacrifice qui représentera la nation coupable devant les yeux de Dieu et sur lequel le jugement qu'elle a mérité pourra tomber. Et c'est ce qui se produit : le jugement tombe sur la victime ; la nation sort libre.
            « Et tout le peuple le vit ; et ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : L'Éternel, c'est lui qui est Dieu ! L'Éternel, c'est lui qui est Dieu ! » (v. 39). Dans la merveilleuse valeur du sacrifice, la justice de Dieu trouve un moyen par lequel la justice est satisfaite, le jugement est subi et le coeur de la nation est gagné.
            Ne discernons-nous pas dans cette scène un type évident du sacrifice du Seigneur Jésus Christ, quand, « par l'Esprit éternel », Il « s'est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9 : 14) ? Néanmoins, il y a des contrastes frappants, car tandis que, sur le Carmel, le feu du jugement consume l'holocauste, au Calvaire nous pouvons dire que le sacrifice anéantit le feu du jugement. Et les sacrifices juifs étaient souvent répétés sans jamais ôter les péchés : le jugement était toujours plus grand que le sacrifice ; mais au Calvaire nous trouvons Celui qui, en tant que Sacrifice, est plus grand que le jugement. Là, les flots du jugement qui étaient au-dessus de nos têtes se sont déversés sur sa tête et ont pris fin ; le jugement qu'il a subi, il l'a épuisé. La résurrection en est la preuve éternelle. Il a été « livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rom. 4 : 25).
            Mais à quoi servira tout cela si nous ne le voyons pas par la foi ? « Et tout le peuple le vit ; et ils tombèrent sur leurs faces » et adorèrent. Pour nous aussi, la contemplation, par la foi, de Christ mort et ressuscité, incitera nos coeurs à l'adoration. Le sacrifice même par lequel Dieu a délivré son peuple de tout jugement a manifesté son amour d'une telle manière qu'Il a gagné nos coeurs. « L'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5 : 5). Nous pouvons dire en vérité aujourd'hui que Dieu a ramené le coeur de son peuple et qu'il ne reste plus aux siens qu'à tomber sur leurs faces dans une profonde adoration, comme l'a fait Israël.
 
 
 
La venue de la pluie (1 Rois 18 : 41-46)
 
            Le jugement ouvre la voie à la bénédiction et ainsi le feu du ciel est suivi par la pluie du ciel. L'oreille ouverte d'Elie perçoit « un bruit d'une abondance de pluie » (v. 41). Un bruissement au sommet des arbres, un frémissement sur les eaux - la sourde plainte de la terre - disaient à l'oreille attentive d'Elie que le jour où l'Éternel enverrait la pluie sur la terre allait enfin arriver.
            Si, par une marche plus intime avec Dieu, nos oreilles étaient davantage exercées à saisir ses doux murmures, et notre esprit plus éclairé pour les interpréter correctement, n'entendrions-nous pas souvent sa voix parler de bénédiction toute proche dans les plaintes sourdes et tristes qui s'élèvent dans ce monde troublé ? Dans le soupir montant d'un lit de malade, ou les pleurs d'un affligé ou le cri de quelque coeur déçu, ne discernerions-nous pas le son d'une bénédiction imminente pour l'âme blessée ?
            Aucun de ces sons ne parvenait à l'oreille du roi Achab. Absorbé par ses propres plaisirs égoïstes, son coeur s'était endurci et ses oreilles appesanties. Seule la foi peut lire les signes des temps et entrer dans le secret de l'Eternel. Quand tout paraît mort parmi le peuple de Dieu, quand la prédication de l'évangile ne semble produire aucun résultat apparent, quand il y a peu de conversions parmi les pécheurs et peu de connaissance parmi les saints, il faut vraiment une marche d'intimité avec Dieu pour voir sa main à l'oeuvre.
            Toutefois, lorsque la voix de Dieu est entendue et que sa main est discernée, des résultats immédiats sont produits. La pluie va-t-elle tomber ? Achab monte alors pour manger et pour boire, tandis qu'Elie - l'homme à l'oreille attentive - va monter au sommet du Carmel pour prier.
            Pendant trois ans et demi, la pluie a été retenue et la famine a pesé lourdement sur le pays. Maintenant, la pluie arrive ; la famine est terminée. Achab va certainement se tourner vers Dieu avec reconnaissance ! Il a vu la vanité des idoles, la défaite des faux prophètes, le feu venu du ciel et l'horrible jugement des prophètes de Baal. Hélas, nulle impression n'est faite sur le roi ; Dieu n'a aucune place dans ses pensées. Peu lui importent l'Eternel ou Baal, le prophète du Dieu vivant ou les quatre cent cinquante prophètes de Baal. Sa seule pensée est : « Cette ennuyeuse famine est terminée, la pluie va tomber ; je peux maintenant me divertir à mon aise ». Ainsi, il monte « pour manger et pour boire » (v. 42), célébrant cette occasion par une fête. Il en est toujours ainsi avec le monde. Dieu fait peser sa main en gouvernement sur les hommes et, pendant un temps, ils sont affligés par la guerre ou la famine et la peste. A peine le soulagement leur est-il accordé, qu'ils se remettent avec un entrain renouvelé à manger, à boire et à se divertir ; et Dieu est oublié.
            Combien l'effet sur l'homme de Dieu est différent ! Il entend le bruit d'une abondance de pluie et il sait que ce n'est pas le moment de festoyer avec le monde, mais plutôt de se retirer à l'écart des hommes et d'être seul avec Dieu au sommet de la montagne. Lorsque le monde festoie, c'est le moment pour le peuple de Dieu de monter pour la prière. La nature dirait : s'il y a un bruit d'une abondance de pluie, il n'est pas nécessaire de prier ; mais pour l'homme spirituel, c'est un appel divin à prier.
            Pour que notre prière soit efficace, il y a toutefois certaines conditions que nous devons remplir. Elles sont placées devant nous dans cette scène solennelle. D'abord, la prière efficace demande que nous nous retirions de la hâte et de l'agitation de ce monde dans une sainte retraite avec Dieu. Comme Elie, il nous faut monter au sommet de la montagne. Le Seigneur lui-même nous en donne l'instruction : « Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, après avoir fermé ta porte, prie ton Père » (Matt. 6 : 6). Combien souvent nos prières sont inefficaces, parce que nous n'avons pas fermé notre porte. Pour être consciemment dans la présence de Dieu, nous devons nous concentrer, rassembler nos pensées vagabondes et fermer la porte au monde. Une sainte séparation et la retraite sont les premières grandes conditions pour une prière efficace.
            Et puis, nous devons prendre notre vraie place dans la poussière devant Dieu, et cela nous est présenté d'une manière frappante dans le prophète. Arrivé au sommet de la montagne, il s'humilie. « Il se courba jusqu'à terre, et mit sa face entre ses genoux » (v. 42). Peu d'heures auparavant, il était debout pour Dieu devant le roi, les faux prophètes et tout le peuple d'Israël et tous ceux du peuple étaient tombés sur leurs faces. Maintenant, les faux prophètes sont morts, les foules se sont dispersées et Elie demeure seul avec Dieu. Aussitôt il se courbe jusqu'à terre et cache sa face. Devant tout Israël, Dieu soutiendra et honorera son serviteur ; mais lui, seul avec Dieu, doit apprendre son propre néant en présence de la grandeur de Dieu. Alors, il rendait témoignage pour Dieu devant des pécheurs, il donnait des commandements au roi, aux prophètes et au peuple ; maintenant, il est seul, s'attendant à Dieu, qu'il supplie et, comme tel, lui aussi doit se souvenir qu'il n'est que poussière, entièrement dépendant de la grâce de Dieu. « Voici, je te prie », dit Abraham, « j'ai osé parler au Seigneur, moi qui suis poussière et cendre » (Gen. 18 : 27). Un chrétien d'autrefois a dit : « Plus le coeur s'abaisse, plus la prière s'élève ».
            Ce récit nous dévoile un autre des secrets de la prière fervente et efficace. Nous ne devons pas seulement prier, mais veiller et prier. L'apôtre nous y exhorte : « Persévérez dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâces » (Col. 4 : 2). Nous lisons encore : « Priez par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit, et veillez à cela avec toute persévérance » (Eph. 6 : 18). Nous voyons cette vigilance, dans la prière d'Elie, car il dit à son jeune homme : « Monte, je te prie ; regarde du côté de l'ouest ». Et il monte et regarde et dit : « Il n'y a rien » (v. 43). Il veille, mais d'abord il ne voit rien. Il entend le son qui l'invite à prier et il prie et regarde, mais d'abord il ne voit rien. Combien souvent il en est ainsi pour les enfants de Dieu aujourd'hui. Ils prient et veillent à cela, mais pour un temps Dieu juge bon de les faire attendre. Dieu a des leçons à nous apprendre et ainsi il peut nous faire attendre à Sa porte pendant quelque temps. Nous veillons pour voir la main de Dieu agir et, hélas, nous ne voyons rien. N'est-ce pas pour nous enseigner que rien de Dieu n'est visible quand quelque chose du moi remplit notre vision ? Nous devons apprendre notre propre néant avant de voir Dieu à l'oeuvre. Nous pensons que Dieu nous écoutera à cause de l'urgence du cas, de la ferveur de nos prières, de la justesse de notre cause. Mais Dieu nous fait attendre jusqu'à ce que nous soyons conscients que, même si devant les hommes notre cause peut paraître juste, devant Dieu nous sommes d'indignes suppliants, n'ayant rien à revendiquer ; nous avons uniquement à faire appel à la grâce de Dieu. En outre, Dieu nous enseigne que la prière n'est pas un charme secret dont nous pouvons faire usage n'importe quand pour obtenir ce que nous voulons, mais que la puissance de la prière réside en Celui que nous prions.
            Mais si certaines causes de retard sont en nous-mêmes, Dieu a aussi son temps et sa manière de répondre aux prières. Si donc nous prions et veillons, et que néanmoins nous ayons à reconnaître avec le jeune homme d'Elie : « il n'y a rien », que pouvons-nous faire de plus ? Cette question reçoit une réponse très précise de la part d'Elie. Il dit : « Retournes-y sept fois » (v. 43). En d'autres termes, nous devons persévérer. L'apôtre nous exhorte non seulement à prier, mais à veiller à cela « avec toute persévérance ». Nous ne pouvons pas bousculer Dieu. Nous pensons à ce qui nous est agréable ; Dieu pense à ce qui est à sa gloire et pour notre profit.
            A la lumière de cette scène, nous pouvons bien sonder nos coeurs et nous demander si nous sommes assez près de Dieu pour entendre son invitation à prier alors que tout le monde festoie peut-être. Et sommes-nous prêts à une sainte séparation pour la prière, prêts à nous humilier dans la prière et à veiller à cela avec toute persévérance ?
            Ces conditions remplies, ne pouvons-nous pas compter sur une réponse à la prière, même si, à vue humaine, il n'y a que peu ou pas de signe de bénédiction imminente ? Il en fut ainsi pour Elie ; sa persévérance fut récompensée. Il savait que sa prière allait être exaucée, alors que ses yeux n'auraient pu voir qu'« un petit nuage », pas plus grand que « la main d'un homme ». Mais derrière la ressemblance d'une main humaine, la foi pouvait discerner la main de Dieu. Avec la plus grande confiance, Elie envoie aussitôt un messager à Achab, disant : « Attelle, et descends, afin que la pluie ne t'arrête pas » (v. 44). Pour la vue naturelle, il n'y avait pas signe de pluie : le ciel était parfaitement clair, à part un petit nuage pas plus grand que la main d'un homme. Mais la foi savait que Dieu était derrière le nuage et lorsque Dieu est à l'oeuvre, une petite chose va loin. Une poignée de farine et un peu d'huile, avec Dieu, peuvent nourrir une famille pendant toute une année. Cinq pains d'orge et deux petits poissons, avec Dieu, peuvent rassasier cinq mille personnes et un petit nuage avec Dieu derrière lui peut couvrir toute l'étendue des cieux. Ainsi, tandis qu'Achab attelait, « les cieux devinrent noirs par d'épais nuages accompagnés de vent, et il y eut une forte pluie » (v. 45a).
            « Et Achab monta dans son char et s'en alla à Jizreël » (v. 45b). Mais « la main de l'Eternel fut sur Elie » (v. 46). La main de l'Éternel était avec l'homme qui avait été avec Dieu au sommet de la montagne. Et lorsque la main de l'Eternel est sur un homme, celui-ci fera toutes choses comme il convient et au bon moment. Guidé par l'Eternel, Elie s'était tenu devant le roi pour lui reprocher son idolâtrie et maintenant, toujours guidé par l'Eternel, le prophète court devant le roi pour honorer et sauvegarder l'autorité du roi devant le peuple. Elie est instruit à maintenir ce qui est dû à Dieu tout en manifestant le respect dû à l'homme. En son temps, il montrera sa crainte de Dieu et en son temps, il honorera le roi.
 
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)