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Les immenses richesses de sa grâce
(Eph. 2 : 11-16)
 
            Nous remarquons d'emblée une symétrie entre la fin du premier chapitre de cette épître et le début du second, entre ce que Dieu a fait pour Christ et ce qu'il a fait pour son Eglise. Le point de départ, c'est la mort ; le point d'arrivée : ce sont les lieux célestes. Christ a passé par la mort, une mort volontaire, une mort nécessaire, afin d'y chercher l'homme perdu. Mais Dieu l'a ressuscité, l'a élevé, placé à sa droite comme chef (ou tête) d'un corps qui va venir le rejoindre et dont il s'occupe présentement. Alors le chapitre 2 enchaîne avec ce qui a été fait pour le corps, c'est-à-dire pour l'assemblée. Ceux qui la constituent ont été trouvés dans la mort morale, conséquence de leurs fautes et de leurs péchés. Mais, à cause de la richesse en miséricorde de notre Dieu, ces morts ont été vivifiés, ont été ressuscités ensemble et sont assis ensemble avec le Christ, là où il est lui-même (Eph. 2 : 5-6). Les membres de son corps appartiennent en effet à la même sphère céleste que lui, après avoir suivi le même chemin.
 
            Or ce corps de Christ, issu de la mort, est vu tout au long comme comprenant aussi bien les Juifs que les nations ensemble. Jusque-là il y avait toujours eu, non seulement une différence, mais, nous allons le voir, une inimitié. Et maintenant les croyants de ces deux origines vont s'unir, se confondre, pour constituer le Corps de Christ, un corps vivant, uni à la tête et qui occupe de droit la même place que Celui dont il reçoit sa vie.
 
            Le verset 7 fait mention des immenses richesses de la grâce de Dieu ! Celle-ci montre sa mesure d'abord dans la distance parcourue par le Fils de Dieu s'anéantissant de la gloire divine à la crèche de Bethléem, puis s'abaissant toujours plus, jusqu'à la mort de la croix. Mais elle se mesure aussi dans le contraste existant entre la condition dans laquelle il nous a trouvés et celle dans laquelle il nous place. Il ne pouvait pas nous prendre plus bas que dans la mort, ni nous élever plus haut que les lieux célestes ! Ainsi, sont déployées, dans toute leur immensité, ces richesses de la grâce de Dieu, évoquées par avance dans le cantique d'Anne. Cette femme de foi, dont le nom signifie « grâce », proclame la grandeur de Celui qui, « de la poussière fait lever le misérable... pour lui donner en héritage un trône de gloire » (1 Sam. 2 : 8). Or ces immenses richesses de la grâce, Dieu voulait les « montrer ». Ce verbe sous-entend des spectateurs, des témoins. Il fallait en effet qu'il y ait des êtres -ceux dont il est question au chapitre 3 : 10- qui soient en mesure de découvrir une gloire nouvelle de leur Créateur, celle de sa grâce. En leur présentant l'assemblée, objet de cette grâce, Dieu a voulu révéler à ces créatures célestes ce qui leur était jusque là inconnu et complètement incompréhensible. Et le contraste entre notre condition initiale de mort et la gloire à laquelle nous sommes destinés, suffit à proclamer cet aspect totalement nouveau, pour l'univers moral, de cette grandeur de Dieu qui se montre dans la grâce.
 
            L'Eglise a sa place dans cette gloire avec Christ, et même si elle devait y rester silencieuse -et nous savons que ce ne sera pas le cas- sa seule présence y rendrait témoignage, aux yeux de toutes les créatures, à la grandeur de la gloire de la grâce de Dieu !
            Une telle origine et une telle destination nous confondent. Ces personnes qui ont marché dans les conditions décrites au v. 2, et qui désormais sont vues assises dans une position de repos glorieux, sont désormais conscientes de cette position et appelées à marcher d'une nouvelle manière : dans les bonnes oeuvres préparées à l'avance pour elles sur la terre où elles sont encore.
 
            « Nous sommes son ouvrage » (v. 10) : le mot « ouvrage » suggère la pensée d'un chef d'oeuvre, un objet d'art dont Dieu gardait le secret, et qu'il se réjouissait de présenter, le moment venu, à l'univers émerveillé. « Cela ne vient pas de vous », insiste le verset 8 ! Les croyants n'y sont pour rien. Ils ont été pris dans leur état d'impuissance et de misère totale, un état absolument désespéré, tel qu'il avait été amplement démontré, pour être alors placés sous les regards admiratifs de toutes les créatures de Dieu, y compris les habitants de la terre du millénium, dans la faveur divine. En vérité, tout le plan d'amour de Dieu est là, et se déploie en faveur de ces êtres choisis par la miséricorde souveraine de Dieu le Père pour être donnés à Dieu le Fils.
 
            La répétition du petit mot « ensemble », à chaque étape du déroulement de ce merveilleux plan divin (« vivifiés ensemble, ressuscités ensemble, il nous a fait asseoir ensemble ») met l'accent sur un autre aspect de la grâce de Dieu : celui de réunir enfin des personnes ayant des origines et des vocations d'abord différentes. Pour constituer le Corps de Christ, Dieu se plaît à prendre et à réunir sous une autorité commune deux catégories d'êtres humains que tout séparait et opposait, Israël et les nations.
            C'est à ces dernières que s'adresse spécialement cette épître, les interpellant au v. 11 et suivants, pour les rendre conscients de leurs privilèges : « vous, autrefois les nations dans la chair... ». Oui, rappelez-vous d'où vous venez, rappelez-vous que par rapport à Israël, vous n'aviez ni droit, ni supériorité. Vous étiez « incirconcision », méprisés par les Juifs qui eux étaient circoncis, porteurs du signe d'une séparation extérieure pour Dieu.
 
            Le verset 12 nous rappelle cette condition des nations en contraste avec celle d'Israël, en énumérant tout ce que nous n'avions pas :
            - pas d'attente de Christ, pas de Messie, personne pour régner sur nous, nous étions réduits à un état d'anarchie ou d'oppression exercée par des hommes, eux-mêmes violents et corrompus, abusant de ce fait de leur pouvoir.
            - sans droit de cité, à la différence d'Abraham qui, lui, attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l'architecte et le créateur (Héb. 11 : 10). 
            - étrangers aux alliances de la promesse ; celles-ci, d'ailleurs conditionnelles, étaient réservées au peuple élu.
            - pas d'espérance, à la différence des douze tribus qui, en servant Dieu sans relâche nuit et jour, pouvaient espérer parvenir... (Actes 26 : 7)
            - enfin -c'était l'absence la plus tragique- sans Dieu dans le monde. Pas de Dieu ! Mais par contre beaucoup de faux dieux, beaucoup d'idoles, mais sans connaissance du Dieu vivant et vrai vers lequel se tourner.
 
            Quelles déficiences ! Eh bien, tout ce que nous n'avions pas, maintenant nous l'avons et d'une manière combien plus riche :
            - En Christ, nous avons plus qu'un roi, nous avons un Epoux.
            - Non seulement nous avons acquis un droit de cité, mais nous formons la sainte cité. Les très grandes et précieuses promesses ne sont plus conditionnées par une alliance bilatérale mais elles nous sont garanties par la seule Parole de Dieu.
            - L'Eglise, elle, possède une espérance qualifiée de « bienheureuse » et qui n'est pas conditionnée par un travail de sa part.
            - Enfin, nous n'avons pas seulement, comme Israël, un Dieu unique, certes favorable à son peuple, mais justement redouté. Non, nous sommes en relation avec le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, notre Père et notre Dieu.
 
            Quelles bénédictions incomparables ! Elles deviennent aussi la part de ceux d'Israël qui sont désormais unis aux nations pour être ensemble mis au bénéfice de la merveilleuse grâce divine. Oui, quelle force prend le « maintenant » du v. 13, en contraste avec le « autrefois » du v. 11 et celui du v. 2 !
            Plus de différence donc, entre les croyants pourtant de deux origines : désormais ils sont vus ensemble. Le mur mitoyen de clôture, notion que les Juifs pouvaient bien comprendre, était désormais détruit. Il avait été durant des siècles comme matérialisé par le mur entourant le parvis du temple, que ceux des nations ne pouvaient franchir sous peine de mort. Dès lors, nous aimons à nous reporter à cette parole de Jacob au sujet de son fils préféré : « Joseph est une branche qui porte du fruit... ses rameaux passent par-dessus la muraille » (Gen. 49 : 22). On se souvient que Joseph avait deux fils aux noms prophétiques : Ephraïm (qui signifie « double fertilité »), comme pour annoncer déjà ce fruit que Dieu trouverait aussi parmi les nations, et Manassé (« oubli ») dont le nom fait penser à l'invite: « Ecoute, fille…et oublie ton peuple et la maison de ton père » (Ps. 45 : 10).
            Et ce résultat de l'oeuvre de Christ se trouve souligné non seulement par le mot « ensemble », qui rend compte de l'état actuel, mais aussi par celui d'inimitié, rappel de l'état antérieur. Il existait en effet une inimitié foncière réciproque, des nations contre les Juifs et des Juifs contre les nations. De la part de ces dernières contre Israël, elle se manifeste depuis l'Egypte et tout au long de l'histoire. Le livre d'Esther l'illustre particulièrement. Et jusqu'à aujourd'hui subsiste cette haine tenace, inassouvie, derrière laquelle on discerne l'effort permanent de Satan, cherchant à anéantir ce peuple, objet des promesses de Dieu !   
            Quant à l'animosité des Juifs vis-à-vis des nations, elle s'exprime tout au long du livre des Actes par la violence dont ils ont fait preuve envers les apôtres, quand ils ont constaté que l'évangile qu'ils avaient refusé (Act. 13 : 46) était désormais apporté aussi à ces païens méprisés.
            C'est une des merveilles de la grâce qu'elle abolisse enfin cette inimitié ancestrale (v. 14). Plus que cela, elle la « tue ». En effet, il est écrit : « ayant tué par elle l'inimitié » (v. 16). Ce verbe est particulièrement fort et évocateur. Jadis, les gens des nations voulaient tuer les Juifs, et les Juifs, eux, voulaient tuer les gens des nations. Eh bien, maintenant c'est l'inimitié qui est tuée ! Et comment l'est-elle ? Par la croix de Christ, c'est-à-dire par la mort du saint Fils de Dieu. Rappelons encore une fois les conséquences incalculables de la croix du Seigneur Jésus.
 
            Enfin les v. 15 et 16 nous parlent d'un seul homme nouveau, d'un seul corps, composé de ceux qui étaient loin (les nations) et de ceux qui étaient près (les Juifs). Ils sont les uns et les autres approchés par le même sang de Christ, et ils ont, les uns et les autres accès auprès du même Père par un seul et même Esprit
 
                                                                                                  Auteur inconnu

                        De la grâce ô divin mystère,
                        Tu voulus, dès l'éternité,
                        Nous introduire, ô notre Père,
                        Dans ta propre félicité.
 
                        Les voeux de ton amour immense
                        N'auraient pas été satisfaits,
                        Sans voir au ciel, en ta présence,
                        Des hommes sauvés et parfaits.
 
                        Gloire à ton nom, Dieu notre Père !
                        Gloire à ton ineffable amour !
                        Que tes enfants l'exaltent sur la terre,
                        En attendant ton bienheureux séjour !