bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

L'EPITRE AUX COLOSSIENS (4)

 
DEUXIEME PARTIE : La prière de Paul et les gloires de Christ  (Col. 1 : 9-29) - suite
 
4- La réconciliation des croyants et l'évangile 
5- Le mystère de l'assemblée
 

4- La réconciliation des croyants et l'évangile
 
 
                        La réconciliation des croyants
 
            L'oeuvre de Christ à la croix a donc opéré une seconde réconciliation, celle de créatures humaines, mais non celles d'êtres célestes ou infernaux. C'est la réconciliation des croyants, qui ôte leur inimitié contre Dieu, leur accorde le pardon de leurs péchés et les purifie de toute leur souillure, pour les introduire dans la nouvelle création.
 
                              - « Autrefois, étrangers et ennemis mais maintenant... »
            L'expression « vos pensées » traduite ailleurs par « intelligence » transcrit un mot plus ancien, « l'entendement ». Il exprime pour l'homme la faculté de penser, grâce à l'intelligence de son esprit. L'entendement des incrédules est corrompu (1 Tim. 6 : 5 ; 2 Tim. 3 : 8) et obscurci (Eph. 4 : 18), alors que celui des croyants est renouvelé (Eph.4 : 23).
            L'entendement signifie aussi simplement les pensées de l'homme (2 Cor. 3 : 14) ou la source profonde de celles-ci (Rom. 12 : 2).
            Auparavant, nous étions, comme les croyants à Colosses, étrangers et ennemis. Souillés et coupables, nous avions toutefois un entendement, cette faculté morale qui distingue l'homme de la bête et qui nous aurait permis d'être en relation avec Dieu. Mais le péché nous avait éloignés de Dieu (étrangers), nous opposait à lui (ennemis) ; toutes nos capacités naturelles étaient au service du mal pour produire des oeuvres mauvaises. Triste tableau des ténèbres morales d'où Dieu nous a tirés !
            Mais maintenant, nous sommes réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils incarné (v. 22 ; Rom. 5 : 10). Désormais, Dieu nous confie le service de la réconciliation, le thème et la bénédiction les plus élevés de l'Evangile (2 Cor. 5 : 18, 19).
 
                              - L'analogie avec le grand jour des expiations (Lév. 16 : 15, 16, 33)
            Plusieurs vérités essentielles de la foi chrétienne viennent d'être présentées : la propitiation, l'expiation (et la substitution), les deux réconciliations (des choses et des croyants). Toutes fondées sur l'oeuvre de Christ, ces vérités étaient déjà annoncées par les ordonnances lévitiques, particulièrement celles du grand jour des expiations. Cinq sacrifices étaient offerts à cette occasion : trois sacrifices pour le péché (un jeune taureau et deux boucs) et deux holocaustes (les deux béliers).
            Le sang du taureau et du premier bouc (choisi par le sort pour l'Eternel) était porté dans le sanctuaire. Placé sur le propitiatoire de l'arche, le sang parle de la propitiation (la paix faite par le sang de la croix). Mais le tabernacle et les ustensiles étaient aussi aspergés du sang des sacrifices : c'est le symbole de la réconciliation de toutes choses.
            Enfin, le second bouc  était choisi par le sort pour « azazel ». Le bouc « azazel » signifie littéralement le « bouc qui s'en va », c'est-à-dire en langage plus habituel, le « bouc émissaire ». Le sacrificateur avait posé ses mains sur la tête du bouc, le chargeant ainsi des péchés du peuple. Alors, le bouc était envoyé seul dans le désert, voué à une mort certaine. Quelle solennelle et merveilleuse image de Christ, la sainte victime de substitution, opérant par son oeuvre la réconciliation des croyants !
 
                              - « Saints, irréprochables et irrépréhensibles » devant Dieu            Alors que les effets de la réconciliation de la création sont encore à venir, ceux de la réconciliation des croyants sont notre part actuelle. Toutefois, ses résultats ne seront pleinement vus que dans la gloire future.
            Selon les desseins éternels de Dieu, nous sommes déjà en Christ « saints et irréprochables devant lui en amour » (Eph. 1 : 4). Mais ici l'apôtre présente le but final que Dieu s'est proposé pour nous, qui est de nous placer devant Lui dans sa propre gloire, revêtus des caractères et des perfections de Christ :
                        * saints (purs et sans tache)
                        * irréprochables (ou sans reproche)
                        * irrépréhensibles, qui ne méritent plus les répréhensions de la discipline.
            Ce qui est dit de chaque croyant sera vrai aussi de l'assemblée dans la gloire (Eph. 5 : 27 ; Jude 24).
 
                              - Les conditions pratiques : « fondés et fermes » dans la foi
            Notre position en Christ, selon les desseins de Dieu, n'est subordonnée à aucune condition. Mais l'expression « si du moins » introduite ici (v. 23) rappelle aux Colossiens qu'ils étaient en danger de se laisser détourner de l'espérance de l'évangile qui leur avait été annoncé.
            Les « si » soulignent donc notre responsabilité comme chrétiens sur la terre, afin que notre conduite soit en accord avec les pensées de Dieu à notre égard (Phil. 2 : 15). Pour cela, nous sommes gardés par la puissance de Dieu, par la foi (1 Pier. 1 : 5) ; maintenus dans la dépendance de Dieu, nous avons pleine confiance en sa fidélité pour le faire. Nous devons d'abord être fondés dans la foi, comme un arbre dont les racines profondes s'étendent vers le courant (Jér. 17 : 8) ou comme une maison bâtie sur le roc (Matt. 7 : 24, 25). Mais il faut aussi tenir ferme, pour ne pas se laisser emporter par toutes les doctrines perverses qui circulent dans le monde, aujourd'hui plus que jamais. La conscience de notre union avec Christ et de la valeur de son oeuvre est essentielle dans notre vie pratique.
 
 
                        L'évangile, le premier ministère (ou service) de Paul
 
            A la seule mention de l'évangile prêché aux Colossiens, les pensées de l'apôtre s'élargissent aux dimensions de l'immense domaine où s'exerce la puissance de Christ : « toute la création sous le ciel » (v. 23), c'est-à-dire le « monde entier » (v. 6).
            Au moment où Paul écrivait, l'évangile, annoncé premièrement à Jérusalem (Luc 24 : 47), avait déjà franchi les étroites limites de la terre d'Israël. L'Asie mineure, le monde grec (Corinthe et Thessalonique), puis le monde latin (Rome) étaient déjà sous le son de cette bonne nouvelle, annoncée à toutes les nations. Toute barrière entre Juifs et nations était à jamais abolie dans le christianisme.
            Paul avait reçu directement de Christ le service d'annoncer l'évangile à Israël comme aux nations (Act. 9 : 15-16) ; et, par la grâce de Dieu, il s'en était acquitté fidèlement (Act. 26 : 20), au prix de grandes souffrances, et même de sa liberté. Il était maintenant prisonnier du Christ Jésus pour les croyants d'entre les nations (Eph. 3 : 1).
            De la part de Christ, son Maître, l'apôtre était ainsi devenu le serviteur de l'évangile prêché dans la première création. Il s'était identifié à son oeuvre dans une mesure telle qu'il peut parler en toute humilité de « mon évangile » (2 Tim. 2 : 8). Cette oeuvre s'est accompagnée pour Paul de beaucoup de persécutions de la part des Juifs, comme des nations (1 Thes. 2 : 15-16 ; 2 Tim. 3 : 11). A la fin de sa vie, il engage son enfant Timothée à poursuivre le travail d'évangéliste, et à accepter à son tour de prendre part aux souffrances qui s'y rattachent (2 Tim. 1 : 8 ; 2 : 3 ; 4 : 5).
 
           
 
5- Le mystère de l'assemblée
 
           
            L'apôtre introduit le second objet de son ministère : le service en faveur de l'assemblée du Christ, accompli à travers d'autres souffrances que celles de l'évangile. Car Paul souffrait aussi pour l'assemblée, corps de Christ, ce joyau du dessein éternel de Dieu autrefois caché. La révélation de ce mystère divin par le ministère écrit de l'apôtre en prison devait rendre complète la parole du Dieu.
 
 
                        Les souffrances de l'apôtre pour l'assemblée
 
            Sur la croix, Christ a enduré les souffrances de l'expiation par amour pour ceux qui seraient ses rachetés et qui constitueraient son assemblée bien-aimée ; tel est le travail de son âme, dont il goûtera le fruit en gloire.
 
            Mais, « maintenant » (v. 24), pendant toute la période de la grâce, l'Esprit Saint opère dans les croyants et Paul souffrait en coopérant à ce travail, comme serviteur de l'assemblée. Par amour pour Christ et pour son Eglise, Paul acceptait avec joie ces souffrances, comme s'il les partageait avec son Maître : c'était « les afflictions du Christ ». Il ne s'agit pas des souffrances de l'expiation, que Christ a supportées absolument seul pendant les heures de ténèbres, et que personne ne peut partager avec lui. Au reste, son oeuvre est complète et achevée. Ces afflictions de Christ expriment en perfection l'amour que Christ avait pour son assemblée, celle qu'il aimait, la perle de très grand prix que son coeur désirait. Le Sauveur avait souffert pour Paul, comme pour chacun de nous, ses rachetés.
 
            Désormais, Christ invitait l'apôtre à partager ses propres afflictions. Paul devait bien souffrir pour le nom de Christ (Act. 9 : 16) ; et, dans une mesure plus ou moins grande, tous les chrétiens fidèles souffrent pour Christ et pour la justice (1 Pier. 3 : 14 ; 4 : 13). Mais les souffrances dont Paul parle ici – les afflictions du Christ – avaient un caractère particulier : elles étaient de même nature que celles que Christ avait supportées sur la terre. Paul souffrait par amour pour Christ et pour son assemblée ; il endurait tout « pour les élus » (2 Tim. 2 : 10).
 
            C'est seulement lorsqu'Il reviendra pour prendre son épouse auprès de Lui, que les afflictions du Christ seront complètes. Mais l'apôtre travaillait avec ardeur à l'accomplissement du dessein divin. Il souffrait afin que la vérité de l'assemblée soit pleinement révélée ; non seulement comme elle existait aux jours de l'apôtre ou à notre époque, mais l'Eglise dans son entier, formée au cours des âges : « l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux » (Héb. 12 : 23).
 
 
                        Paul révèle le mystère divin de l'assemblée
 
            Ce travail de l'apôtre ne découlait pas de son initiative personnelle ; il avait reçu de Dieu une administration, une mission spéciale, dont il s'acquittait avec fidélité (1 Cor. 4 : 2). Ce n'était rien de moins que « compléter la parole de Dieu » (v. 25). En exposant le mystère de l'assemblée, Paul ajoutait aux révélations antérieures ce qui manquait encore pour que tous les sujets que Dieu veut faire connaître à l'homme par sa Parole soient traités. Dès lors, il n'y a rien à ajouter.
 
            Il ne s'agit évidemment pas des dates chronologiques des écrits du Nouveau Testament. En particulier, les écrits de Jean sont postérieurs à ceux de Paul ; l'Apocalypse a été écrite au moins trente ans après les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens. Avant que Paul n'écrive ces dernières, Dieu avait choisi ses instruments pour exposer ses voies envers l'homme, introduire la loi et le royaume. Annoncé depuis longtemps, Christ était venu au temps propre pour accomplir le grand mystère de la piété. Les Evangiles racontaient l'oeuvre de la rédemption et le livre des Actes en décrivait les glorieux effets. Mais rien n'était encore connu du mystère divin touchant l'assemblée.
 
            Alors, maintenant, Dieu révèle le plus ancien de ses desseins (dès avant la fondation du monde) par la plume inspirée de l'apôtre Paul en prison. Il n'y aura pas d'autre révélation que celle-là : c'est la dernière. Dieu nous a désormais ouvert la plénitude de son coeur dans son amour envers nous dans le Christ Jésus. Ce mystère maintenant dévoilé contient des richesses de gloire gratuitement données à tous les croyants, particulièrement ceux d'entre les nations.
 
           
                        « Christ en vous, l'espérance de la gloire »
 
            Toutes les richesses en gloire du mystère de Christ et de l'assemblée sont résumées dans cette expression. Elle contient deux vérités merveilleuses :
                        * Christ habite dans les croyants et au milieu d'eux
                        * Christ, dans sa personne, est le garant de la gloire céleste pour les croyants.
 
                              - Christ en nous 
            Dieu avait autrefois habité au milieu d'Israël dans la nuée et l'obscurité profonde. Ensuite, le Messie était venu visiter ce peuple terrestre, comme Emmanuel, Dieu avec nous. Et les Juifs attendaient le retour du Messie pour partager sa gloire sur la terre. Mais maintenant, une bénédiction entièrement nouvelle était annoncée par la révélation du mystère caché : Christ demeurant en nous, c'est-à-dire dans tous les croyants, particulièrement ceux d'entre les nations, auparavant exclus de tout privilège spirituel. Cette demeure de Christ est présente et réelle, bien qu'elle ne puisse être perçue par les sens de la nature humaine. Sa réalisation par la foi attache nos coeurs à Christ, pour établir nos âmes sur le fondement inébranlable de son amour qui surpasse toute connaissance (Eph. 3 : 17, 19).
 
                             - Christ, l'espérance de la gloire
            Nous ne jouissons pas encore de la plénitude de la gloire qui doit nous être révélée (Rom. 8 : 18) et à laquelle Dieu nous appelle (1 Thes. 2 : 12) ; cette gloire est donc encore en espérance. Mais la présence de Christ par la foi dans tous les croyants, comme au milieu d'eux, donne l'assurance que cette espérance sera transformée un jour prochain en une bienheureuse réalité. Dans cette épître, Christ est présenté lui-même comme le garant de cette promesse. Ailleurs, Paul déclare que le Saint Esprit constitue les arrhes de cet héritage céleste (2 Cor. 1 : 22 ; Eph. 1 : 14).
 
           
                        La prédication et le combat de Paul : v. 28-29
 
            Paul annonçait Christ ; il était le thème de toute sa prédication. Dès après sa conversion sur le chemin de Damas, l'apôtre prêchait déjà Jésus comme le Fils de Dieu, le Christ (Act. 9 : 20, 22). Son message, adressé sans distinction à tous les hommes de la terre (Juifs ou nations), n'a pas varié tout au long de son service.
 
            Mais Christ était aussi la substance de sa prédication envers les croyants, pour que chacun d'eux soit instruit par la sagesse divine à discerner les gloires du Seigneur et le connaître toujours mieux. Sous cet aspect de son service, l'apôtre travaillait pour « présenter tout homme parfait en Christ ». Un croyant « parfait » est celui qui a fait des progrès dans la connaissance de Christ, jusqu'à atteindre l'état de maturité d'un homme fait, un adulte au sens spirituel (Eph. 4 : 13 ; Phil. 3 : 15). Pour autant, un tel croyant n'est pas encore parvenu à la perfection, c'est-à-dire à la gloire (Phil. 3 : 12). Et précisément, Christ en lui en est l'espérance. Tout croyant parfait en Christ était ainsi « présenté », d'abord devant les hommes, mais surtout devant Dieu pour la gloire de son Fils (Héb. 2 : 13).
 
            Pour atteindre ce but, Paul travaillait et combattait avec ardeur, en acceptant toutes les souffrances liées à son service. Thème de sa prédication, Christ était aussi pour l'apôtre la puissance qui lui permettait d'accomplir son travail et de mener ses combats. Ainsi, il n'agissait pas par sa propre énergie, mais Christ opérait à la fois en lui et par lui, dans le but de former les croyants à l'image de Christ, par la contemplation de ses gloires (2 Cor. 3 : 18).
 
 
                        Les deux ministères de l'évangile et de l'assemblée
 
            Bien des vérités viennent de nous être révélées en rapport avec les gloires de Christ dans les deux créations.
Retenons en particulier ce double aspect du service confié à l'apôtre par son Seigneur dans la gloire, pour que s'accomplisse le dessein divin dans sa plénitude :
 
                             * amener des hommes à Christ par la prédication de l'évangile
                             * travailler pour que les croyants fassent des progrès dans la grâce de Christ, et qu'ils comprennent leur union avec lui dans la gloire, et leur unité en lui.
 
            Ces deux services ne peuvent jamais s'opposer, même si aujourd'hui, ils sont souvent accomplis par des serviteurs différents. Au contraire, ils s'unissent pour coopérer ensemble à la réalisation de la pensée éternelle de Dieu, qui est de s'acquérir une assemblée pour lui et de la donner à Christ, pour sa joie et sa gloire.
 
                       
                                  
                                                                         Extrait de « Sondez les Ecritures » vol. 9                               
(A suivre)