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QUELQUES THEMES DU LIVRE DES PROVERBES (4)

 
 
 
CRAINTE DE DIEU ET SÉPARATION DU MAL
 
 
« Bienheureux l'homme qui craint continuellement » (Prov. 28 : 14)
 
            La séparation - on peut le remarquer - est à la base de l'oeuvre de Dieu dans ce monde. Nous la voyons dans le domaine physique, au début de l'action créatrice des six jours : « Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Et Dieu vit la lumière, qu'elle était bonne ; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Et Dieu appela la lumière jour ; et les ténèbres, il les appela nuit. Et il y eut soir, et il y eut matin : - premier jour. » (Gen. 1 : 3-5)
            Dans ses oeuvres, Dieu se révèle ; Il donne à connaître son caractère qui exclut tout ce qui n'est pas en harmonie avec Lui. N'apprenons-nous pas déjà - comme par anticipation - que « Dieu est lumière et qu'il n'y a en lui aucunes ténèbres » (1 Jean 1 : 5) ?
            Ce même principe se retrouve dans le domaine moral et spirituel.
L'appel d'Abraham et sa séparation de l'idolâtrie
 
            Lorsque les ténèbres de l'idolâtrie couvraient la terre et que le nom de Dieu avait pour ainsi dire disparu de la scène, Dieu, dans sa souveraine grâce, appela Abram et fit de lui le dépositaire de la promesse. La séparation à Dieu et pour lui  - comme quelqu'un l'a exprimé - est à la base de sa vie de foi : « Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il habitât en Charan, et lui dit : « Sors de ton pays et de ta parenté, et viens au pays que je te montrerai » (Act. 8 : 2-3).
            « Le Dieu de gloire ne pouvait en aucune façon associer son nom à l'état de choses qu'Abraham devait quitter ; Il en était, au contraire, la contrepartie absolue. Abraham obéit et fut mis en relation avec Dieu. S'il fut justifié devant Lui par la foi (Gen. 15 : 6), il le fut devant les hommes par des oeuvres de foi. (Jac. 2 : 21-23). Le patriarche marcha avec Dieu et fut intègre, aussi fut-il appelé : « ami de Dieu » (Es. 41 : 8 ; Jac 2 : 23). En dépit de ses manquements, au sujet desquels il eut affaire avec Dieu, voici le témoignage que Dieu se plaît à rendre de sa piété : « Car je le connais, et je sais qu'il commandera à ses fils et à sa maison après lui, de garder la voie de l'Eternel pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l'Éternel fasse venir sur Abraham ce qu'il a dit à son égard » (Gen. 18 : 19.) La séparation morale pour Dieu marchait de pair avec la séparation extérieure. La première justifiait en quelque sorte celle-ci et lui donnait toute sa valeur. Heureux celui qui marche sur les traces de la foi du patriarche ! (Rom. 4 : 12).


Le peuple d'Israël appelé à réaliser la sainteté pratique
 
            Si, en Abraham, nous avons le principe de la séparation du monde, manifestée publiquement dans un individu, nous pouvons observer la chose dans le peuple d'Israël. Voyons de quelle manière il a répondu à sa vocation.
            Il est bon de nous souvenir que c'est en vertu d'un sacrifice que cette mise à part pour Dieu a lieu ; car comment l'homme pécheur serait-il à même de répondre à la pensée de Dieu, s'il n'est tout d'abord réconcilié avec Lui ? C'est grâce au sang de l'agneau pascal - type de celui de Christ - qu'Israël fut à l'abri du jugement qui frappe l'Egypte, et mis en relation avec l'Eternel (Exode 12). Mais à partir de ce moment-là, le peuple amené à Dieu et mis à part pour Lui, est appelé à réaliser la sainteté pratique. Nous pouvons le remarquer dans plusieurs passages de la Parole : « Et vous me serez saints, car je suis saint, moi, l'Eternel ; et je vous ai séparés des peuples pour être à moi, » leur dit l'Eternel (Lév. 20 : 26). Israël a-t-il répondu à l'intention de Dieu ? Ce n'est qu'à cette condition que l'Eternel était glorifié et que le peuple était béni, comme Moïse le lui rappela : « Tu as fait promettre aujourd'hui à l'Eternel qu'il sera ton Dieu, pour que tu marches dans ses voies et que tu gardes ses statuts, et ses ordonnances, et que tu écoutes sa voix ; et l'Eternel t'a fait promettre aujourd'hui que tu seras pour lui un peuple qui lui appartienne en propre, comme il t'a dit, et que tu garderas tous ses commandements, pour qu'il te place très haut en louange et en renommée et en beauté, au-dessus de toutes les nations qu'il a faites ; et que tu seras un peuple saint, consacré à l'Eternel, ton Dieu, comme il l'a dit » (Deut. 26 : 17-19).
            Que de fois la sainteté pratique leur est recommandée : « Car je suis l'Eternel, votre Dieu ; et vous vous sanctifierez, et vous serez saints, car je suis saint » (Lév. 11 : 44). Ce n'est qu'à cette condition, qu'Israël était à même d'être le témoin du vrai Dieu dans le monde : sa séparation des nations devait être, pour ainsi dire, comme le pendant de sa mise à part pour l'Eternel. 
            Nous n'oublions pas qu'Israël était un peuple selon la chair, dans lequel l'état de l'homme pécheur sous les soins de Dieu allait être manifesté ; mais les principes du gouvernement de Dieu sont les mêmes dans tous les temps ; et l'histoire d'Israël est là pour nous instruire, nous que « les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11).
            Une question se pose maintenant : comment ce peuple, privilégié entre tous, a-t-il répondu aux pensées de Dieu à son égard ? Hélas, nous l'apprenons de source certaine : toute l'histoire de ce peuple - du commencement à la fin - témoigne d'une façon évidente de son infidélité à son Dieu, en dépit de tous les soins et de la longue patience dont il fut l'objet de sa part. Nous ne mentionnerons qu'un passage parmi un grand nombre d'autres : « Parce qu'ils ont abandonné ma loi que j'avais mise devant eux, et qu'ils n'ont pas écouté ma voix, et parce qu'ils n'ont pas marché en elle, et qu'ils ont marché suivant le penchant obstiné de leur coeur et après les Baals, ce que leurs pères leur ont enseigné ; c'est pourquoi, ainsi dit l'Éternel des armées, le Dieu d'Israël : Voici je vais faire manger de l'absinthe à ce peuple, et je leur ferai boire de l'eau de fiel ; et je les disperserai parmi les nations » (Jér. 9 : 13-16).
            Ce passage suffit pour nous montrer quelles furent pour Israël les conséquences de son infidélité : « Lo-Ammi » - pas mon peuple – fut prononcé sur eux (Osée 1 : 9), et il le sera jusqu'au moment où, par grâce, l'Eternel les fera jouir de la bénédiction promise ; car ses dons et sa vocation sont « irrévocables » (Rom. 11 : 29). Toute leur histoire pourrait se résumer dans ces paroles du prophète Malachie : « Ils ne m'ont pas craint, dit l'Éternel des armées (chap. 3 : 5).
            Maintenant, pour nous-mêmes, quelle instruction pouvons-nous en recueillir ? La voici, d'une façon succincte : En dépit d'une séparation extérieure, point de témoignage pour le Seigneur sans sainteté pratique et, partant, aucune bénédiction : deux choses intimement unies dans la sainte Ecriture. 


L'Assemblée de Dieu
 
            Considérons maintenant, dans le Nouveau Testament, la question qui nous occupe. Une chose nouvelle y est révélée : l'Assemblée de Dieu qu'il a acquise par le sang de son propre Fils (Actes 20 : 28). Elle est composée des « sanctifiés dans le Christ Jésus, saints par appel » (1 Cor. 1 : 2), tirés des nations aussi bien que des Juifs. Voyons quelle était la condition des croyants sortis du judaïsme par rapport au milieu dans lequel ils se trouvaient.
            Le commencement du livre des Actes nous les présente groupés ensemble à Jérusalem, en attendant l'accomplissement de la promesse du Seigneur (Luc 24 : 49). Ils étaient réunis en un même lieu lorsque le Saint Esprit descendit sur eux et inaugura par sa présence la maison de Dieu (Act. 2 : 1). A la suite de la première prédication de l'apôtre Pierre, trois mille âmes furent ajoutées à l'Assemblée chrétienne nettement séparée du peuple qui lui était hostile. Aussi est-il dit à ces nouveaux convertis : « Sauvez-vous de cette génération perverse » (2 : 40). C'étaient, hélas, les Juifs, toujours opposés à l'oeuvre de Dieu.
            Nous le voyons, au début de la dispensation évangélique, les croyants issus des Juifs étaient séparés du milieu dans lequel ils se trouvaient et formaient l'Assemblée de Dieu. Ces croyants étaient mis à part pour l'obéissance de Jésus Christ et l'aspersion de son sang, ainsi que l'apôtre Pierre l'écrit aux élus de la dispersion (1 Pier. 1 : 2). Enfants d'obéissance (v. 14), ils avaient à mettre leur conduite - dont il est particulièrement fait mention dans les épîtres de Pierre - en harmonie avec leur position de séparation extérieure.
            Trois motifs sont présentés à ces « élus de la dispersion, » en vue d'une marche sainte :
                        - Le premier avait déjà été adressé à l'ancien peuple de Dieu : « Vous serez saints, car, moi, l'Eternel votre Dieu, je suis saint » (Lév. 19 : 2 ; 1 Pier. 1 : 14-16).
                        - Le second découle du fait qu'ils invoquaient Dieu comme Père, « celui qui, sans partialité, juge selon l'oeuvre de chacun » (v. 17).
                        - Et le troisième - des plus importants à retenir - est qu'ils avaient été « rachetés » de leur « vaine conduite »... par « le sang précieux de Christ » (v. 18).
Notons ceci avec soin : le caractère de Dieu - du Dieu saint - doit se manifester dans la vie journalière de ceux qui sont mis en relation avec Lui ; et la crainte de Dieu est comme le couronnement de la sainteté : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre », leur est-il encore rappelé (v. 17).
 
            Considérons maintenant la condition des chrétiens du milieu des nations ; et, pour commencer, disons quelques mots de celui qui en fut l'apôtre, et dont la vie pratique illustre si particulièrement la marche du fidèle. Retiré du milieu du peuple juif, aussi bien que des nations, par l'appel du Seigneur, Paul devint son témoin et son serviteur pour amener les nations à l'obéissance de la foi par la prédication de l'Evangile (Act. 26 : 15-18). Les bien-aimés de Dieu à Rome, auxquels il adressa une de ses épîtres, étaient des saints - mis à part pour Dieu - en vertu de l'appel de l'Evangile (Rom. 1 : 7). Mais ils n'étaient pas seuls dans ce cas : les Corinthiens, auxquels Paul écrit aussi, étaient de même « des sanctifiés dans le Christ Jésus », rendus tels par l'appel de Dieu ; et avec eux étaient compris « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Cor. 1 : 2).
            L'assemblée à Corinthe, composée des sanctifiés en Jésus Christ, était un témoignage pour Christ, la lettre de Christ pour tous ceux qui les entouraient et qui étaient plongés dans les ténèbres de l'idolâtrie. Comment les Corinthiens l'ont-ils réalisé ? En dépit des dons de grâce qu'ils possédaient - et ils ne manquaient d'aucun don (1 Cor. 1 : 7) - ces croyants sont repris par l'apôtre, précisément dans la première lettre qu'il leur adresse, à cause de leur marche défectueuse. Des divisions existant parmi eux leur sont signalées (chap. 1) ; il leur est rappelé qu'il y a de l'envie et des querelles (chap. 3), de la fornication (chap. 5) et des procès (chap. 6). Toutes ces choses étaient incompatibles avec l'honneur dû au Seigneur, avec lequel ils professaient se trouver en communion (1 Cor. 1 : 9). Aussi l'apôtre, au commencement de son épître, reconnaissant ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent, veut-il les amener à mettre leur conduite en rapport avec leur position et leurs privilèges. Car, en aucune façon, le Seigneur ne saurait associer son nom à un tel état de choses.
            Quel effet produisit la répréhension ? Nous apprenons, par la seconde épître, que les Corinthiens furent amenés au jugement d'eux-mêmes et de leurs voies ; aussi l'apôtre peut-il leur rendre ce témoignage : « Vous êtes manifestés comme la lettre de Christ, rédigée par notre ministère... » (2 Cor. 3 : 3). Et son coeur peut maintenant se répandre à leur sujet : « Nous vous parlons très librement, Corinthiens ! Notre coeur s'est grand ouvert. Vous n'êtes pas à l'étroit en nous, mais c'est dans vos affections que vous l'êtes. Et, en juste retour - je parle comme à mes enfants – ouvrez largement votre coeur, vous aussi » (2 Cor. 6 : 11-13).
            Voici, selon ce qu'expriment les versets suivants, dans quel sens ils devaient s'élargir :
                        - Les croyants, qui sont appelés à pratiquer la justice, peuvent-ils être sous un même joug avec ceux qui pratiquent l'iniquité ? (Lév. 19 : 19 ; Deut. 22 : 10).
                        - Etant lumière dans le Seigneur, resteraient-ils associés à ceux qui sont encore dans leur état naturel, dans les ténèbres ?
                        - En relation avec Christ, en communion avec lui, seraient-ils en même temps liés à Bélial ?
                        - Leur part étant celle que Christ leur a acquise, celle de l'incrédulité que l'on trouve dans ce monde, pourrait-elle être aussi la leur ?
                        - Les chrétiens étant le temple de Dieu, quelle convenance y a-t-il entre eux et les idoles ? Il est écrit : « Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : j'habiterai au milieu d'eux, et j'y marcherai ; et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple » (Lév. 26 : 11-12 ; 2 Cor. 6 : 16).
Tous ces motifs qui s'enchaînent appellent cette conclusion : « C'est pourquoi sortez du milieu d'eux et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai » (Es. 52 : 11 ; 2 Cor. 6 : 17).
            Quel précieux encouragement dans ce qui suit, pour celui qui désire être obéissant ! « Et je serai pour vous un père, et vous, vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur, le Tout-puissant » (2 Cor. 6 : 18).
            Au chapitre suivant, deux choses encore sont ajoutées à ce qui précède - et combien importantes à retenir et à réaliser ! - la sainteté pratique et la crainte de Dieu : « Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 7 : 1). Cette crainte, comme nous le remarquons, et ainsi que nous l'avons déjà dit, est le couronnement de la sainteté pratique ; ce n'est nullement une crainte servile, mais bien plutôt une crainte filiale produite par le sentiment de la dignité de Celui auquel nous appartenons et le désir de lui être agréables, en faisant sa volonté. Tel est, croyons-nous, le sens du passage : « Bienheureux l'homme qui craint continuellement » (Prov. 28 : 14).


Le chemin du fidèle dans un temps de ruine
 
            Au début de la dispensation évangélique, il y avait déjà sur la terre, les Juifs, les nations et l'Assemblée de Dieu (1 Cor. 10 : 32). Et de nos jours encore, ces trois même partis se trouvent sur la scène, avec cette différence que l'état du monde a empiré, et que l'Assemblée de Dieu, envisagée comme étant confiée à la responsabilité de l'homme, a grandement périclité. La ligne de démarcation entre cette dernière et le monde tendent à s'effacer toujours davantage. Dans ces conditions, quelle est, pour le fidèle, la ligne de conduite à suivre ? Car la responsabilité individuelle subsiste toujours, malgré la ruine amenée par notre infidélité. La seconde épître à Timothée nous donne les directions nécessaires. Il est bon de ne pas l'oublier, le croyant doit être le témoin de Christ et son serviteur en tout temps. A cet effet, trois choses importantes lui sont rappelées dans cette épître :
                        - Si Dieu connaît ceux qui sont siens au sein de la confusion qui existe dans la chrétienté - le « solide fondement de Dieu demeure » - il n'en reste pas moins vrai, comme nous l'avons dit, que la responsabilité du fidèle reste entière. Le premier devoir qui lui incombe est exprimé dans ces paroles solennelles : « Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2 : 19). On le comprend, il ne saurait être un témoin pour Christ autrement, car en aucune manière le nom du Seigneur ne peut être lié au mal, quel qu'il soit.
                        - Quand la maison de Dieu est progressivement devenue comme une « grande maison » (v. 20), renfermant toute espèce de vases, « certains à honneur, d'autres à déshonneur », le devoir du fidèle est tracé dans ce sens : « Si donc quelqu'un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne oeuvre » (2 Tim. 2 : 21). Nous apprenons à quelle condition le serviteur pourra être utile à son divin Maître et préparé pour toute bonne oeuvre. Si nous voulons agir sagement, selon le Seigneur, nous éprouverons le besoin de nous conformer à ces directions. Mais elles ne se limitent pas là.
                        -  Il reste une troisième chose à rappeler qui est exprimée en ces termes : « Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur » (2 Tim. 2 : 22). Recommandation des plus importantes à mettre en pratique dans les mauvais jours auxquels nous sommes parvenus. Poursuivre l'amour, n'est-ce pas ce que l'apôtre Paul recommandait d'une façon particulière aux croyants de Corinthe ? (1 Cor. 14 : 1). N'est-ce pas ce que réalisaient si admirablement les premiers disciples (Act.  4 : 32), et ce que le Seigneur leur rappela avant de les quitter ? (Jean 13 : 34). « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre vous », ajoute-t-Il au verset suivant.
 
            Des frères, encore liés au monde de bien des manières, se conduisent souvent beaucoup mieux, par leur dévouement pour leurs frères, que d'autres qui insistent avec force sur la séparation extérieure. Si ces deux choses ne vont pas de concert, le témoignage chrétien n'a pas de valeur réelle. Mais n'oublions pas que le monde sera plus frappé d'un témoignage rendu sous la forme de l'amour fraternel, que sous celle d'une séparation extérieure. C'est pourquoi Néhémie dit aux principaux : « Ne devriez-vous pas marcher dans la crainte de notre Dieu, pour n'être pas dans l'opprobre parmi les nations qui sont nos ennemies ? » (Néh. 5 : 9).

                           L. Porret-Bolens – « Messager évangélique » 1912 p. 157-160 ; 171-180



            L'histoire de l'homme n'est, d'un bout à l'autre qu'une succession de manquements. Tout ce que Dieu a créé pour lui, il l'a dédaigné, négligé et gâté. La Parole de Dieu nous signale que les institutions d'ordre divin ne tardent pas à tomber en ruine sitôt qu'elles sont confiées à l'administration et à la responsabilité de l'homme. Cette constatation s'impose à nous d'une manière frappante à la lecture des livres de Josué et des Juges.
 
 
Au temps de Josué
 
            Dans le livre de Josué, nous voyons les merveilleux actes de Dieu en faveur de son peuple et, à de rares exceptions près, l'obéissance de celui-ci aux ordonnances divines. Dans les Juges nous voyons se manifester l'indépendance de l'homme ; la Parole et les ordonnances divines sont négligées et la propre volonté amène le désordre et la licence. Au temps de Josué, temps de grande puissance de foi, Dieu intervient en faveur de son peuple. Sous la conduite du successeur de Moïse, « un homme en qui était l'Esprit » (Nom. 27 : 18), le peuple d'Israël allait de victoire en victoire, après avoir passé le Jourdain et fait tomber « par la foi » les murs de Jéricho, le premier rempart de l'ennemi. La seule exception à ces victoires, la défaite d'Aï, avait été causée par la désobéissance à Dieu et la confiance en soi. Le pays de la promesse devient, morceau par morceau, la propriété d'Israël, suivant la parole de l'Eternel à Moïse : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l'ai donné » (Jos. 1 : 3). Magnifique résultat de l'obéissance du peuple, ainsi que de l'invariable fidélité de Dieu !
 
 
Au temps des Juges
 
            Quel changement dans le récit divin ! Au lieu de la victoire, défaite sur défaite ! Au lieu d'être exterminé ou chassé, l'ennemi opprime les Israélites qui l'avaient laissé habiter au milieu d'eux dans le pays donné par Dieu, où il devint « un fouet dans leurs côtés » (Jos. 23 : 13 ; Nom. 33 : 55). Ce changement a pour cause l'absence de crainte de Dieu, l'indépendance et la désobéissance envers Lui et par suite l'activité de la volonté propre. Cet état est décrit par ces paroles : « Ils se détournèrent vite du chemin où leurs pères avaient marché » (Jug. 2 : 17), et encore par celles-ci : « Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (17 : 6).
            Ce pénible et frappant changement dans l'histoire du peuple de Dieu est clairement annoncé à la fin du livre de Josué. Il y est dit : « Et Israël servit l'Eternel tous les jours de Josué, et tous les jours des anciens dont les jours se prolongèrent après Josué et qui avaient connu toute l'oeuvre de l'Eternel, qu'il avait faite pour Israël » (Jos. 24 : 31). Ce passage est particulièrement important, et cela non seulement en rapport avec l'histoire d'Israël, mais parce qu'il contient un sérieux avertissement à veiller sans cesse qui s'adresse à ceux qui ont succédé aux croyants des temps de réveil. Aussi longtemps que vécurent Josué et les anciens « qui avaient connu toute l'oeuvre de l'Eternel » et qui avaient été les témoins de son action puissante, le peuple, influencé par leur foi et leur force spirituelle, avait été maintenu dans la bonne voie. Mais lorsque ceux-là eurent disparu de la scène, le manque de foi personnelle et de dépendance ne tarda pas à se faire sentir, et il en résulta un éloignement de Dieu et le déclin. Il y eut, sans doute, dans la suite, de nouveaux réveils ; mais, sitôt que disparaissait le juge suscité par la grâce de Dieu pour ramener son peuple à l'obéissance et à la foi, celui-ci retombait dans l'état précédent et même plus bas encore. A l'intérieur, cet état se manifestait par un déclin religieux et moral ; à l'extérieur, par l'asservissement à l'ennemi.
 
 
Une ressemblance, dans l'histoire de l'Eglise, avec les temps de Josué et des Juges
 
            Ces tableaux de l'histoire d'Israël, peuple terrestre de Dieu, sont très instructifs pour l'Eglise de Christ, responsable devant Dieu dans le temps actuel. Le début de l'histoire de l'Eglise offre une ressemblance frappante avec le récit, dans les livres de Josué et des Juges, de la marche du peuple d'Israël. Au commencement les chrétiens étaient séparés du monde extérieurement et intérieurement. Ils professaient être des étrangers ici-bas et la bourgeoisie céleste était une réalité pour eux. Mais déjà du vivant des apôtres, et surtout après leur départ, la puissance et la fraîcheur spirituelles commencèrent à baisser sensiblement, et cet état s'aggrava toujours plus jusqu'à ce que l'Eglise habitât « là où est le trône de Satan » et devînt elle-même « le monde » qui, comme tel, doit être jugé par Christ (Apoc. 2 : 13).
            Sans doute, dans sa grâce, le Seigneur permit, à différentes époques des réveils par le moyen de témoins fidèles dont le dévouement arracha beaucoup d'âmes à la perdition. Mais, quand on considère de près ces grands mouvements, on reconnaît qu'ils n'atteignirent ni la connaissance des privilèges, ni la puissance spirituelle des premiers temps et qu'ils s'affaiblirent dès qu'eurent disparu ceux qui les avaient provoqués. Le protestantisme en offre un exemple. Quelle puissance au temps de la Réformation ! Puis quelle faiblesse ! Cette même constatation ne s'impose-t-elle pas quand on considère les différentes dénominations et communautés qui prirent naissance sous l'influence d'hommes de foi dont la conscience ne pouvait s'accorder avec les principes de l'église professante, opposés à la Parole de Dieu.
            Dans les familles, il en fut comme dans les communautés. Les grands-parents s'étaient séparés du monde et avaient été arrachés à la perdition éternelle par la grâce de Dieu. Dans l'ardeur de leur foi et leur amour pour Christ, ils avaient renoncé à bien des avantages terrestres et supporté bien des souffrances. Leurs enfants, des parents, des amis, avaient été amenés au Seigneur par la fidélité de leur témoignage. En général, les enfants, qui avaient plus ou moins participé aux épreuves de foi des parents, furent encore des chrétiens fidèles et dévoués.
            Mais, à la troisième génération, se dessine bien souvent un relâchement sensible de la force et de la fraîcheur spirituelles, ainsi qu'une tendance à la mondanité. La profession de la foi des parents était maintenue extérieurement mais la force intérieure n'y était plus. Cela s'est manifesté surtout chez les descendants des fidèles chrétiens qui ont dû abandonner pour leur foi leur position, leur maison, leur patrie.
 
 
L'application des réflexions tirées de l'histoire de l'Eglise pour notre propre instruction
 
            Sans doute plusieurs des lecteurs de ces lignes n'ont pas dû sortir du monde pour être amenés à Christ. Elevés par des parents pieux dans les vérités divines qui avaient été révélées à ceux-ci par de patientes études de la Parole et des épreuves de foi, nous avons suivi le chemin de nos devanciers et récolté les fruits que ceux-ci ont conquis souvent au prix de grands sacrifices.
             Ayant acquis si facilement ces privilèges, nous sommes en danger d'en oublier la valeur. Par le fait que nous n'avons pas vécu l'oeuvre accomplie par Dieu du temps de nos prédécesseurs et en partie par leur moyen, et que nous n'en sommes que les héritiers, il peut arriver facilement que nous sous-estimions les glorieuses vérités qu'ils nous ont transmises et que nous les abandonnions en tout ou en partie. Les connaissant sans les avoir complètement saisies avec le coeur pour nous-mêmes, nous n'aurons pas la puissance de résister au courant mondain, dans le domaine religieux.
            Il y a une grande différence entre la vie personnelle de la foi qui pousse en avant dans la compréhension des joies et des privilèges attachés à cette vie, et le fait d'être entraîné par la foi des autres, sans effort personnel et sans véritable joie et reconnaissance du coeur. Dans ce dernier cas la parole du Seigneur risque de se réaliser : « A quiconque n'a pas, cela même qu'il paraît avoir lui sera ôté » (Luc 8 : 18).
            Examinons-nous sérieusement à la lumière de la Parole et demandons-nous si nous ne sommes pas de ceux dont la foi n'a que de faibles racines superficielles et dont le témoignage n'est qu'un reflet des autres au lieu d'être celui d'une propre et profonde conviction. Rien n'est plus dangereux que de proclamer de hautes vérités incomplètement comprises et dont on ne jouit pas. Il est de beaucoup préférable de s'humilier en se souvenant des paroles de l'apôtre : « Que celui qui croit être debout prenne garde de ne pas tomber » (1 Cor. 10 : 12) ;  « Ne t'enorgueillis pas, mais crains » (Rom. 11 : 20). Comment échapper au danger qui nous menace tous, et au déclin ? Prenons garde à nous-mêmes. L'ennemi ne dort jamais. Il est toujours aux aguets pour nous dresser des pièges et ses attaques sont d'autant plus dangereuses que notre foi n'a pas encore été exercée par de grandes épreuves. Ayons une crainte de Dieu personnelle et profonde. Nous devons apprendre à juger, dans la conscience sanctifiante de la présence du Seigneur, toutes les choses avec lesquelles nous sommes en contact.
 
 
            En relation avec ce qui précède, il est nécessaire - et l'on ne saurait assez le rappeler - de sonder continuellement la Parole de Dieu avec prières, et de nous l'appliquer, afin de jouir pour nous-mêmes des vérités que nos pères ou de fidèles serviteurs du Seigneur nous ont laissées en héritage. Elles deviendront alors pour nous aussi une source de force à condition - ne l'oublions pas - que l'étude de la Parole soit liée pour nous à une vie de prière et à une marche selon cette Parole.
            Veuille le Seigneur nous aider à ne pas perdre ce qu'Il nous a confié, mais à le garder dans l'humilité et la dépendance, jusqu'à ce qu'Il vienne. Puissions-nous comprendre clairement qu'un complet abandon à sa volonté doit être le mot d'ordre de l'heure actuelle ! Il est difficile de nier la gravité de notre déclin. Le devoir de chacun, même du plus fidèle, nous est clairement indiqué par l'exemple de Daniel, « l'homme bien-aimé ». Malgré la fidélité personnelle dont il avait donné tant de preuves, il s'est pleinement identifié avec le péché général, avec l'anarchie et le désordre de son peuple, en les confessant comme étant sa propre faute.
            C'est à de telles prières que Dieu peut et veut répondre.
 
 
                                                B. H. C - « Messager évangélique » 1967 p. 21-27