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LE LIVRE DE JONAS (2)
 

 LA TEMPETE : Chapitre 1 (v. 4-6)
 LE SORT JETE : Chapitre 1 (v. 7-10)
 LE CONSEIL AU BORD DU NAVIRE : Chapitre 1 (v. 11-14)


 
LA TEMPETE : Chapitre 1 (v. 4-6)
 
«  Et l'Eternel envoya un grand vent sur la mer ; et il y eut une grande tempête sur la mer, de sorte que le navire semblait vouloir se briser.  Et les marins eurent peur et crièrent chacun à son dieu ; et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient dans le navire, pour l'en alléger. Et Jonas était descendu au fond du vaisseau et s'était couché, et dormait profondément.  Et le maître des rameurs s'approcha de lui, et lui dit : Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton Dieu ! Peut-être Dieu pensera-t-il à nous, et nous ne périrons pas ».
 
            L'homme est enclin à s'éloigner de son Créateur ; et l'enfant de Dieu, comme celui du diable, abandonné un seul instant à ses propres capacités, tombe et offense gravement Dieu. David se rend coupable d'adultère et de meurtre (2 Sam. 11) ; Salomon se prosterne dans le temple des idoles (1 Rois 11 : 4-8) ; Pierre renie son Maître avec serment (Mat. 26 : 69-75).
            Jonas devient infidèle et apostat. Dieu va-t-il le laisser périr révolté ? Non, mais Il enverra après lui son messager pour le rappeler à lui. Ce ne sera pas un ange, ce ne sera pas comme pour Elie « une voix  douce, subtile » (1 Rois 19 : 12) : ce sera la tempête. Elle vient exécuter ici les jugements de Celui qui « fait ses anges des esprits, et ses serviteurs une flamme de feu » (Héb. 1 : 7). Jonas a voulu s'enfuir de devant l'Eternel ; ceux qui le poursuivent seront plus rapides encore (Es. 30 : 16). Le Seigneur ordonne à la mer de se jeter sur le navire qui porte Jonas. Le serviteur sera effrayé, et le pécheur ramené à son Dieu.
            L'histoire de Jonas contient de grandes leçons. Refuser d'aller où Dieu nous envoie, et aller où il ne nous envoie pas, c'est une double erreur : c'est manquer de recevoir une bénédiction et aller au-devant d'un châtiment. Ce récit montre aussi comment, par l'épreuve, Dieu nous oblige à quitter le sentier de la propre volonté, un sentier qui mène à la perdition. Alors nous revenons dans le chemin du Seigneur, qui est celui qui mène au ciel. Il est bon jusque dans les châtiments qu'Il nous inflige, et ses grandes compassions se cachent sous son apparente sévérité ! Il frappe ceux qu'Il aime et Il les châtie pour leur profit. La faim ramène l'enfant prodigue dans les bras de son père (Luc 15 : 11-24), et la tourmente va ramener Jonas à son Dieu.
 
            Il y a une différence notable entre les écrivains profanes et les auteurs sacrés ; alors que les premiers arrêtent habituellement nos regards sur les causes secondes, les seconds élèvent nos pensées vers la cause première, vers le Dieu suprême qui ordonne tout. « L'Eternel envoya un grand vent sur la mer ; et il y eut une grande tempête sur la mer », déclare l'auteur inspiré. Ces saints hommes de Dieu montrent dans ce qui se passe ici-bas, l'intervention suprême du Juge de toute la terre (Gen. 18 : 25). La maison de Job s'écroule, le sol tremble, des navires s'abîment dans la profondeur des mers… Ce sont de « simples accidents ou un pur effet du hasard ! »,  dira l'incrédule. « C'est un châtiment de Dieu », s'écrie l'homme formé à l'école du Saint Esprit. Les vents déchaînés, les flots soulevés ou les tremblements de terre ne font qu'accomplir les décrets du Dieu Souverain ; rien n'arrive sans qu'Il l'ait ordonné. « Y aura-t-il du mal dans une ville, et l'Eternel ne l'aura pas fait ? » (Amos 3 : 6.) « Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l'a point commandée ? N'est-ce pas de la bouche du Très-haut que viennent les maux et les biens ? » (Lam. 3. 37-38).
            Remarquons que l'orage qui éclate sur Jonas arrive brusquement. Ainsi l'homme qui marche résolument dans ses voies, décidé à ne prendre conseil que de son propre coeur, avance infailliblement au-devant d'une tempête soudaine. « L'homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement, et il n'y a pas de remède » (Prov. 29 : 1).
Au reste, la souffrance est le juste châtiment de la transgression, elle en est l'inévitable conséquence. « Ils ont semé le vent, et ils moissonneront le tourbillon » (Osée 8 : 7). Le péché appelle toujours la tempête : celle de nos pensées qui s'accusent entre elles, et aussi l'appréhension de la colère à venir. Et ce n'est pas seulement au-dedans de nous qu'un tel orage se soulève ainsi, c'est souvent en même temps au-dehors : dans la famille et, selon notre position religieuse ou sociale, dans l'Eglise ou la nation dont nous faisons partie. « Il n'y a pas de paix » (Es. 48 : 22), dit le Seigneur, pour celui qui marche dans la méchanceté.
            La violence de l'ouragan était telle que le navire était en danger de se briser. Alors tous les passagers « tournent et chancellent comme un homme ivre… ils montent aux cieux, ils descendent aux abîmes ; et toute leur sagesse est venue à néant, leur âme se fond d'angoisse » (Ps. 107 : 26-28). Plus d'une fois, des méchants ont été bénis à cause de la présence de justes. Ceux-ci marchaient dans le sentier de la droiture ; ainsi, à cause de l'amour de Paul envers son Dieu, par exemple, tout un équipage a été sauvé (Act. 27). Les villes de Sodome et de Gomorrhe elles-mêmes auraient échappé au feu du ciel, si seulement il y avait eu au moins dix justes au milieu d'elles (Gen. 18 : 32). Il est avéré, d'autre part, que plus d'une fois des enfants « du présent siècle mauvais » ont eu beaucoup à souffrir, du fait de la désobéissance des enfants de Dieu. La duplicité d'Abraham appela les châtiments du Ciel sur la maison du Pharaon (Gen. 12 : 17), et la révolte de Jonas exposa les marins de Japho aux horreurs d'un naufrage. Nous ferons bien de nous en souvenir : nos péchés pourraient compromettre la paix et le bonheur de ceux qui nous entourent !
            Remarquons l'attitude des marins dans la tourmente. La peur s'empare d'eux. Le coeur manque à ces hommes pourtant accoutumés à voir le péril de près et à braver les tempêtes. Quand tout sourit extérieurement à l'homme et que les choses suivent leur train ordinaire, il est à l'aise et semble plein de fermeté ; mais que l'orage vienne à gronder autour de lui, aussitôt son courage apparent l'abandonne et la frayeur le saisit.
            Belshatsar, le prince impie de Babylone, défiait le Dieu du ciel et de la terre en profanant les vases sacrés de son temple ; mais, dès qu'il découvre sur la muraille une main qui trace des caractères mystérieux, son visage change, son esprit se trouble au-dedans de lui, les jointures de ses reins se relâchent, ses genoux se heurtent violemment l'un contre l'autre ; tous ses seigneurs et ses concubines, loin de le rassurer, pâlissent avec lui et ajoutent à ses terreurs ! (Dan. 5 : 2-6).
            Si, déjà sur la terre, les pécheurs les plus audacieux tremblent ainsi devant le souverain Juge, qu'en sera-t-il au jour de la colère à venir, quand Dieu laissera éclater son indignation ! Les méchants disent déjà aux montagnes et aux rochers, avant que cette colère n'éclate : « Tombez sur nous et tenez-nous cachés de la face de Celui qui est assis sur le trône et de la colère de Agneau » (Apoc. 6 : 16).
            Dans leur terreur, les marins invoquent leurs dieux ; chacun, dans la détresse générale, implore à grands cris le dieu qu'il suppose présider aux destinées de sa ville ou de son pays. L'un appelle peut-être à son aide Jupiter ou Neptune, l'autre crie à Moloch ou à Baal. Mais il médite ou est en voyage, préoccupé de ses propres affaires, comme le disait en se moquant le prophète Elie (1 Rois 18 : 27). Pauvres marins en détresse, rien ne leur sert de crier : leur dieu ne les entend pas ! Un instant plus tard, tous les passagers invoqueront le vrai Dieu, qui a fait le ciel et la terre, et Lui, il les entendra !
            La plupart des hommes ne prient pas tant que tout est calme autour d'eux ; mais que le danger survienne, alors tous implorent la Divinité, telle qu'ils la conçoivent. On ne voit plus certains se moquer, tous invoquent le Ciel, chacun à sa manière ; mais, ce qu'ils attendent, c'est uniquement la délivrance du danger qui les menace ! Sitôt le péril passé, ils retourneront à leurs vanités avec l'élan du cheval qui se jette au milieu de la bataille (Jér. 8 : 6). Ils sont toujours les mêmes ! Achaz est toujours Achaz (2 Rois 16). Il appartient à la grâce de Dieu de changer véritablement le coeur de l'homme.
            Au reste, l'exemple des marins de Japho montre bien toute la folie de se fier à ce qui n'est pas Dieu. Que feront maintenant, pour ces pauvres idolâtres, les divinités protectrices qu'ils implorent ? Elles n'ont pas soulevé la tempête ; comment l'apaiseraient-elles ? Les idoles que l'homme de ce monde sert ne sont peut-être pas de l'or, de l'argent, du bois ou de la pierre, mais elles n'en sont pas moins des idoles ! Que feront pour vous, au jour de l'épreuve et du péril, à l'heure de la mort, vos biens, vos proches, vos amis, tous ces « bras de chair » ? Que feront vos confesseurs, vos « guides » spirituels et tous les appuis trompeurs sur lesquels vous cherchez à vous appuyer ? Auront-ils alors plus de pouvoir pour vous sauver que n'en possédait Baal ?
            Dans l'épreuve et dans le danger, combien le croyant est heureux ! Il connaît Celui qui garde Israël, qui ne sommeille pas et ne dort pas (Ps. 121 : 3-4), Celui qui arrête la tempête et la change en calme (Ps. 107 : 29). Heureux surtout le fidèle au jour de la mort ! Tandis que l'incrédule reconnaît, mais trop tard, la triste vanité de ses idoles et de ses faux appuis, le croyant s'attend à Celui qu'il a cru : Il est puissant pour garder ce qu'il lui a confié, jusqu'à ce jour-là (2 Tim.1 : 12).
 
            Les marins jettent dans la mer la charge du navire pour l'alléger. Comme on le voit, ces païens ne se bornaient pas à prier : en même temps, ils faisaient ce qui était en leur pouvoir pour sortir de détresse.
            Tout homme pécheur doit faire de même : dans le péril, prier Dieu, le vrai Dieu révélé en Christ pour qu'Il vienne à son secours. Mais en même temps il doit agir en accord avec la prière adressée à Dieu par Jésus Christ : rejeter tout ce qui peut Lui déplaire et qui l'expose au naufrage éternel. Chaque chrétien, dans le danger et la détresse, appelle également le Sauveur à son aide et, en l'invoquant, il agit dans le sens de la supplication qu'il présente. Si sa prière est sincère, il sera toujours conduit à une activité de sanctification.
            L'instinct de conservation des marins se manifeste, cet attachement inné à la vie ! L'homme affronte parfois les plus grands périls pour amasser des richesses ; mais s'il voit ses jours menacés, tout ce qu'il a, il est prêt à le donner pourvu qu'il conserve la vie (Job 2 : 4). A quoi servent tous les trésors, comparés la vie ! Ainsi raisonne l'homme naturel et son raisonnement est juste. Puisse-t-il attacher le même prix à son âme immortelle : le gain du monde entier ne peut en compenser la perte !
            De leurs propres mains, les marins font disparaître tous leurs biens, tous leurs trésors, le fruit de tant de travaux et de navigations lointaines poursuivies au milieu de si grands périls. Les biens de ce monde disparaissent comme une ombre, et si ce n'est pas le cas, c'est nous qui, tôt ou tard, devons nécessairement être séparés d'eux. « Ne te fatigue pas pour acquérir des richesses… Jetteras-tu tes yeux sur elles ? Déjà elles ne sont plus ; car certes elles se font des ailes, et, comme l'aigle, s'envolent vers les cieux » (Prov. 23 : 4-5). A quoi servent à l'homme riche de la parabole tous les trésors qu'il a accumulés durant sa vie! Avec quel empressement, s'il les possédait encore, les échangerait-il contre une seule goutte d'eau pour rafraîchir sa langue ! S'il pouvait recommencer sa vie, avec quelle ardeur il rechercherait, à l'exemple de Lazare, les biens impérissables du siècle à venir (Luc 16 : 19-31) !
            Cet avertissement est aussi pour nous, chrétiens. L'amour des richesses est la source de toutes sortes de maux ; « certains se sont égarés de la foi et se sont eux-mêmes transpercés de beaucoup de douleurs » (1 Tim. 6 : 10). « Mais toi, homme de Dieu, fuis ces choses-là » (v. 11), dit Paul à Timothée. Prenons garde que les soucis de la terre et l'amour des biens du monde, ces biens sur lesquels l'anathème divin repose, n'appesantissent notre âme, retardent notre marche vers la sainte cité. Craignons de trop charger le navire qui nous porte et demandons-nous s'il y a des biens que nous pouvons garder sans nous exposer au naufrage éternel ? Sinon, hâtons-nous de nous en séparer ! Il vaut mieux qu'ils périssent, plutôt que d'être jetés dans la géhenne du feu !
 
            Mais que fait donc Jonas au milieu de cette tourmente ? Parle-t-il à ces gens du Dieu vivant et vrai ou du moins prie-t-il l'Eternel qu'il a l'inappréciable bonheur de connaître ? Non, Jonas dort ! « Et Jonas était descendu au fond du vaisseau et s'était couché, et dormait profondément ». Le ciel est irrité, l'orage gronde, une seule paroi sépare Jonas de l'abîme… Alors que tout l'équipage, innocent, crie et agit, le coupable dort ! Ce n'est pas, hélas, le sommeil d'une bonne conscience, mais celui qui vient d'une sécurité trompeuse. Serait-ce plutôt la tristesse, la fatigue, le remords, les émotions profondes qui labourent son âme et l'accablent ? Comme plus tard les disciples de Jésus à Gethsémané, a-t-il finalement sombré dans le sommeil ? 
            Le sommeil profond de Jonas est une image frappante du pécheur qui dort chargé de ses offenses au milieu des menaces du ciel et des flots de la colère divine qui, d'une heure à l'autre, peuvent l'engloutir à toujours. Il est comme cet insensé qui « se coucherait au sommet d'un mât », pendant qu'autour de lui la tempête rugit (Prov. 23 : 34). Que de gens dorment ainsi alors qu'un seul pas les sépare peut-être de l'abîme éternel. Mais il faudra bien pourtant sortir de ce sommeil fatal – déjà dans ce monde ou pire, en enfer. Réveille-toi donc, pécheur, pendant que luit encore le jour de la miséricorde. Pour le salut de ton âme immortelle, réveille-toi pendant que Jésus est encore pour toi l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, avant qu'il ne soit manifesté comme le Juge !
 
           Le maître des rameurs s'approche alors de Jonas et lui dit : « Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton Dieu ! Peut-être Dieu pensera-t-il à nous, et nous ne périrons pas ? ». C'est un nouveau châtiment de Dieu à l'égard de Jonas : il devient un objet de mépris pour l'équipage. Prophète de l'Eternel, honoré d'une grande mission, il aurait dû aller accomplir son service, docile à la voix de son Maître. L'Eternel l'avait appelé à reprendre en son Nom, le plus grand potentat de l'époque ; mais il s'est montré rebelle. Et maintenant il est exposé, lui, Israélite et adorateur du vrai Dieu, l'ambassadeur de Jéhovah, à l'ironique et amer reproche d'un pilote païen ! A quel point le péché nous abaisse et nous dégrade ! « Moab a été à son aise dès sa jeunesse, et tranquille sur sa lie ; il n'a pas été versé de vase en vase, et il n'est pas allé en captivité : c'est pourquoi son goût lui est demeuré, et son parfum ne s'est point changé » (Jér. 48 : 11).
            Quand les enfants de Dieu reposent sur leurs lies (Soph. 1 : 12) n'ayant jamais été transvasés, ne connaissant ni captivité ni épreuve, au point de devenir complètement indifférents et satisfaits d'eux-mêmes, il faut parfois que le Seigneur se serve des méchants pour les réveiller. Que fais-tu là, dormeur? La voix du pilote - et par son moyen, celle de Dieu - est pour le fils d'Amitthaï ce que sera plus tard le chant du coq pour Pierre, le fils d'un autre Jonas.
            Peut-être pensait-il déjà toucher aux rives lointaines de Tarsis ; d'agréables images flattaient son esprit, caressaient ses sens. Qu'on comprenne sa terreur, quand, réveillé brusquement par la voix de ce marin, il entend le mugissement de l'orage, et à travers la tempête, la voix de Dieu. Il comprend soudain que le navire est en perdition ! C'est sa propre sentence de mort qui retentit à ses oreilles. Il ressemble à Acan quand Dieu lui montre son péché (Jos. 7 : 18). Le Dieu souverain est en colère contre lui ; il le sait, il le sent, sa conscience le lui crie !
            Un enfant de Dieu qui marche dans la fidélité peut, comme Job, se trouver momentanément exposé à de grandes tribulations sans que, pour autant, il doive supposer que Dieu le poursuit de sa colère. Il s'agit plutôt de corrections paternelles que le Seigneur lui dispense ; Il veut lui faire sentir plus vivement sa faiblesse, humilier son coeur, éprouver sa foi et l'aider à toujours mieux comprendre tous les trésors d'amour et de fidélité qui sont dans le coeur de son Dieu. Peut-être alors, par un surcroît de maux, cet enfant de Dieu se verra-t-il, comme Job, en butte aux jugements téméraires de ceux qui, malgré leur méchanceté personnelle, cherchent à déceler chez les autres ce qui pourrait se trouver au plus profond de leur coeur (Ps. 64 : 6). Mais une chose au moins le soutiendra, au milieu de ses tribulations, c'est la jouissance de la paix de Dieu. Bientôt on le voit sortir d'une telle épreuve, enrichi de nouvelles grâces, comme l'or qui a été épuré dans le creuset.
            Mais il en est tout autrement pour un rebelle que Dieu châtie. Pour le chrétien fidèle, l'orage gronde à l'extérieur, tandis que pour un rebelle la tempête sévit au-dedans comme au-dehors. Telle était, à ce moment-là, la situation de Jonas. C'est un jugement de Dieu qui l'atteignait, néanmoins c'était le jugement d'un père. Après tout, répétons-le, la tempête, n'est qu'un messager chargé par Dieu de lui ramener un de ses enfants qui s'égarait !
            Tout ceci est écrit pour notre instruction, chrétiens ; si Dieu nous châtie dans la conscience et dans le coeur, en nous privant du sentiment de sa paix, Il peut en même temps nous visiter extérieurement par la maladie ; elle menace de briser la frêle enveloppe de notre corps. Ce peut être aussi par des séparations déchirantes ou les traits cruels de la malice humaine auxquels Il permet que nous soyons exposés. Ce peut être encore par le moyen des privations, de la pauvreté ou de tout autre forme d'épreuve.
            Ne perdons pas courage, c'est dans son amour qu'Il nous frappe, et s'Il le fait avec une grande sévérité, ne doutons jamais de sa miséricorde. Revenons nous jeter dans ses bras, et confessons à ses pieds nos folies. Il ne sera plus obligé d'envoyer de tels « messagers » pour nous ramener dans le sentier du devoir. Quand il doit châtier, il fait « son oeuvre, son oeuvre étrange, et… son travail, son travail inaccoutumé »(Es. 28 : 21).
 
            « Lève-toi, crie à ton Dieu ». Voilà ce qu'il faut crier au pécheur qui sommeille, au bord de l'abîme, comme s'il lui importait fort peu de savoir où il passera l'éternité : au ciel ou en enfer ? « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Eph. 5 :14). Tel est aussi le solennel avertissement que le chrétien doit répéter à son frère dont la vigilance et l'amour se relâchent ! Quand un marcheur s'arrête, épuisé, au milieu des neiges et s'endort, ses compagnons, sachant le sort qui l'attend, recourent aux supplications, et, s'il le faut, à la force, pour l'arracher à une mort inévitable. Ce que l'on fait pour ce pauvre corps qui va périr, ne le ferions-nous pas pour cette âme qui existera éternellement, mais loin de Dieu !
            La Parole compare le péché à un séducteur rusé. Il travaille sans relâche à replonger le chrétien dans le sommeil de la mort, dans le but de l'entraîner vers la perdition. Elle nous exhorte à ne point nous laisser prendre par les « artifices » de cet ennemi infatigable. Pour nous assoupir, que de pièges Satan sait mettre en oeuvre ! Si nous réalisons que notre foi, notre zèle et notre amour pâlissent, que notre conscience a perdu de sa délicatesse et la pensée du ciel son attrait, notre état moral doit nous inquiéter. Mais peut-être alors ce perfide ennemi nous souffle-t-il à l'oreille que nous aurons toujours assez de temps pour nous réveiller, pour préparer notre lampe en vue d'aller à la rencontre de l'Epoux. Pourtant il est écrit : « Que fais-tu, dormeur ? ». Soyons véritablement réveillés et caractérisés par une sainte conduite et par la piété (2 Pier. 3 : 11) !
            Dans ces derniers jours de la patience divine, il convient aux fils de Dieu de s'exhorter l'un l'autre solennellement. Le Seigneur est à la porte ; déjà le cri se fait entendre : voici l'Epoux qui vient ! Malheur aux vierges folles! Malheur à ceux que le Seigneur trouvera endormis à sa venue ! Jésus, après avoir offert sur la terre le sacrifice qui nous sauve de la malédiction, se trouve maintenant dans le vrai Tabernacle, où le sang précieux qu'il a présenté à Dieu parle en notre faveur de meilleures choses que le sang d'Abel (Héb. 12 : 24).
            Bientôt Il apparaîtra, cette seconde fois n'ayant plus rien à faire avec le péché, pour bénir ceux qui l'attendent et les mettre en possession du salut qu'Il leur a acquis. En même temps, l'hypocrite et le serviteur inutile seront jetés dans les ténèbres de dehors (Héb. 9 : 27 ; Matt. 24 : 48-51 ; 25 : 24-30).
            Que les regards de notre espérance restent donc arrêtés sur le Sanctuaire qui va s'ouvrir pour laisser paraître, dans tout l'éclat de sa gloire, le Souverain Sacrificateur de notre confession. Que toutes nos pensées, tous nos désirs volent au devant de Jésus, et qu'à cette bonne nouvelle, trois fois répétée, par laquelle Il clôt toute la Révélation: « Voici, je viens bientôt » (Apoc. 22 : 7, 12, 20a), nos coeurs s'empressent de répondre : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » (v. 20b).
            Plus que jamais, c'est l'heure de prier, de veiller, de résister au sommeil dans lequel tout dans ce monde pervers concourt à nous plonger : intérêts matériels, débats religieux ou questions politiques. Plus que jamais, c'est l'heure de porter nos regards sur le cadran des siècles et d'écouter Celui qui crie : « La nuit est très avancée, et le jour s'est approché » (Rom. 13 : 12). Nous le savons, nous le répétons, et néanmoins nous sommeillons et laissons tranquillement dormir tous ceux qui nous entourent. Que le Seigneur Jésus nous réveille de cette voix puissante qui ressuscite les morts, en criant à chacun de nous : « Que fais-tu là, dormeur ? Lève-toi ! ».
 
            Après avoir inutilement imploré leurs fausses divinités, les marins invitent Jonas à prier son Dieu, le Dieu de son pays. Ces païens-là ne savaient pas encore que Jéhovah est le Dieu de toute la terre. Crie, lui disent-ils, au Dieu que tu sers, plus puissant peut-être que les nôtres. Peut-être pensera-t-Il à nous, et empêchera-t-Il que nous ne périssions ! Ils se tournent donc vers Celui qui a dit : « Hors moi il n'y a pas de Dieu ; - de Dieu juste et sauveur, il n'y en a point si ce n'est moi » (Es. 45 : 21).
            Ici encore, nous ferons bien d'imiter ces païens, nous qui, trop souvent, dans le danger, cherchons le salut partout avant de le demander à Celui qui le donne ! Mais, prenons garde : c'est le Dieu de Jonas qu'il faut invoquer. « Ton Dieu », c'est le Dieu d'Israël et des prophètes, le Dieu de l'Eglise et des apôtres, et quiconque l'implore de tout son coeur sera sauvé - non pas « peut-être », comme disaient ces païens - mais sûrement sauvé. Le Dieu dont on s'approche sans le ministère du Médiateur, le Dieu des philosophes, des déistes et des unitariens, n'est qu'un « ouvrage de l'homme », le produit de son intelligence déchue, une invention de son esprit. Même si elle est d'une nature plus spirituelle, ce n'est pas moins une « idole de jalousie » dont parle Ezéchiel (8 : 3, 5), une vanité des nations, un Baal enfin, qui, pas plus que les autres, n'a d'oreilles pour entendre ni de bras pour délivrer.
 
                                                                 
 
LE SORT JETE : Chapitre 1 (v. 7-10)
 
« Et ils se dirent l'un à l'autre : Venez, jetons le sort, afin que nous sachions à cause de qui ce malheur nous arrive. Et ils jetèrent le sort, et le sort tomba sur Jonas. Et ils lui dirent : Déclare-nous à cause de qui ce mal nous est arrivé ? Quelle est ton occupation ? et d'où viens-tu ? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu ?  Et il leur dit : Je suis Hébreu, et je crains l'Eternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre. Et les hommes eurent une grande frayeur, et ils lui dirent : Qu'est-ce que tu as fait ? Car les hommes savaient qu'il s'enfuyait de devant la face de l'Eternel, car il le leur avait déclaré ».
  
            L'orage qui se déchaîne n'est pas un orage ordinaire ; en vain les mariniers implorent-ils à grands cris leurs idoles ; en vain jettent-ils tous leurs trésors à la mer, et, dernière ressource, pressent-ils Jonas d'invoquer son Dieu, lequel peut-être les délivrera. Mais que pourrait obtenir de Lui le prophète, alors qu'il marche dans la désobéissance et la révolte ? La tempête continue de sévir, toujours plus menaçante ; quelques instants encore et l'abîme entr'ouvert engloutira navire et passagers.
            Tout l'équipage enfin conclut, dans son épouvante, que le vaisseau transporte sûrement un grand coupable poursuivi par la vengeance du ciel (Actes 28 : 4) ! La Divinité ne frappe pas sans motif ; là où elle le fait, doivent se trouver de grandes fautes ! La conscience naturelle de ces païens le comprend. C'était d'ailleurs une opinion généralement répandue chez les anciens et probablement de cette vérité première, que tous les maux de l'homme viennent de sa désobéissance, et que le salaire du péché, c'est la mort.
            Ainsi pensaient de pauvres idolâtres. Aurions-nous une pensée différente, possédant toutes les lumières de la Révélation ? Ces païens ignorants et aveugles seraient-ils mieux avisés et plus intelligents que nous ? Visités par le Seigneur dans nos personnes, dans nos familles ou dans notre patrie, courberions-nous la tête sous Sa main sans en rechercher la cause, sans lui dire : « Pour quelle raison ta colère s'allume-t-elle ainsi ? Seigneur, révèle-nous quel est le tort que nous avons commis et accorde-nous de nous repentir ». Le Seigneur, toujours prompt à répondre, nous montrera peut-être que nos relations avec les méchants sont trop intimes. Fuyons alors leur compagnie ; celui qui reste dans Sodome s'expose à périr avec Sodome ; et ceux qui prennent à bord Jonas et le gardent, risquent fort de connaître avec lui les coups de la tempête.
            Il y a donc un coupable à bord ; tous les mariniers le pressentent, il faut le découvrir. Dirigée par la main invisible de Dieu, une scène solennelle va se jouer maintenant.
            « Ils se dirent l'un à l'autre : Venez, jetons le sort, afin que nous sachions à cause de qui ce malheur nous arrive ». L'usage du sort pour découvrir un coupable était assez généralement répandu parmi les anciens. Dieu l'avait autorisé sous la Loi. « On jette le sort dans le giron, dit l'auteur inspiré des Proverbes, mais toute décision est de par l'Eternel » (Prov. 16 : 33). Ce fut sans doute de cette manière qu'au temps de Josué, le Seigneur révéla le crime d'Acan qui s'était secrètement approprié une portion du butin d'Aï ; c'est le même moyen que l'Eternel a mis à coeur à ces païens d'employer pour découvrir la culpabilité de Jonas. Sa main poursuit le rebelle et le désigne. Il connaîtra la honte et subira le châtiment auquel il avait follement cru pouvoir échapper.
            Quel moment pour le prophète ! Quelle angoisse, sans doute, dans son âme pendant que tout ceci se déroule ! Il a conscience de sa faute, et il sait d'avance qui le sort va désigner.
            Ils jetèrent donc le sort, et il tomba sur Jonas, le coupable. Aussitôt, tous les regards se tournent sur le prophète qui ne sait pas où cacher sa confusion. Cette parole adressée au transgresseur est vraie : « Ton péché te trouvera » (cf. Nom. 32 : 23) ! On peut cacher un moment ses folies ; mais tôt ou tard elles paraîtront au grand jour ; il n'est pas de voile si épais que la main du Seigneur ne le déchire ; il n'est rien de si secret que la lumière ne manifeste, et il a mille moyens pour placer en pleine lumière ce que nous voudrions envelopper de ténèbres.
            Un autre motif nous presse de rejeter tout interdit, toute entrave à la bénédiction divine. Dieu, notre Père, est toujours prêt à nous bénir en Christ : de son côté, il n'y a aucun obstacle, depuis que Jésus a ôté la malédiction en la prenant sur Lui. La bénédiction promise à Abraham peut désormais couler sur nous tel un fleuve (Gal. 3 : 8, 14) ; mais prenons garde que les obstacles de notre côté ne s'opposent à sa libre activité. Se conduire comme Acan ou Jonas nous exposerait au juste déplaisir de Dieu. Or, ce Jonas, cet Acan, peuvent aussi faire partie de notre famille ou se trouver au milieu des chrétiens avec lesquels nous nous réunissons. Prions avec foi le Seigneur afin qu'Il manifeste où est le mal et l'ôte.
            Il faut se juger soi-même avant que Dieu ne soit obligé de manifester devant tous les humiliants mystères que nous cachons dans nos coeurs. Ecoutons notre conscience, et surtout la Parole de Dieu et le Saint Esprit qui veulent nous éclairer et nous corriger, depuis longtemps peut-être. Heureux sommes-nous, si avec un coeur droit, nous Lui demandons : Seigneur, « pardonne toute iniquité, et accepte ce qui est bon » (Osée 14 : 2). Heureux surtout si, avec la force qui vient de Christ, nous abandonnons enfin ce mal qui était doux sous notre langue, ou à nos pensées, et troublait notre communion avec Lui !
 
            Alors les marins dirent à Jonas : « Déclare-nous à cause de qui ce mal nous est arrivé  ? Quelle est ton occupation ? et d'où viens-tu ? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu ? ». Nous l'avons déjà dit : si Jonas avait été fidèle, il aurait pu, par la seule parole de l'Eternel, faire trembler le plus grand potentat de la terre. Rebelle, il est maintenant désigné par le Seigneur comme le coupable. En réponse aux humiliantes questions qui viennent de lui être adressées, il doit déclarer, devant ces païens, qu'il est un serviteur de l'Eternel, mais un serviteur en fuite, lâche et rebelle.
            Ah ! Si le joug du Seigneur est doux pour qui l'accepte avec foi, celui de la volonté propre pèse au contraire sur le coeur ! Le sentier de l'obéissance est agréable ; le chemin de la rébellion est semé d'épines !
            Frères, n'irritons pas Dieu par nos infidélités ! Il a le péché en horreur ; dans sa justice, il ne manque jamais de le punir. Omniprésent, il sait toujours où trouver celui qui l'a offensé. « Celui qui marche dans l'intégrité marche en sûreté, mais celui qui pervertit ses voies sera connu » (Prov. 10 : 9). Dieu châtie ses fils, tandis qu'Il laisse « les autres » suivre un chemin qui leur semble agréable mais dont l'issue est la mort.
            Admirons la modération de ces marins ! Privés de leurs biens, ils sont exposés à un terrible naufrage, du fait de cet étranger. Celui-ci est découvert, et pourtant au lieu de lui mettre aussitôt la main au collet - comme tant d'autres le feraient à leur place -, au lieu de se répandre en injures contre lui, ils l'entourent et l'interrogent avec bonté. Ils veulent apprendre de sa bouche qui il est et ce qu'il a fait pour exciter à ce point la colère de Dieu ! Ils se montrent plus « chrétiens » que ceux qui devraient être prêts à montrer de la compassion au pécheur, dès qu'il s'est humilié !
 
            Quelle est donc ta profession, cher lecteur ? Je ne te demande pas si tu es négociant, militaire, industriel ou homme de lettres. Non, je te demande qui tu sers, Dieu ou Satan, Christ ou Bélial ? A quel maître sont consacrés tes dons, tes forces, ton temps et ton activité ? Pour qui vis-tu ? A quoi es-tu habituellement occupé ?
            D'où viens-tu ? Es-tu sorti du royaume de Satan pour aller vers celui du Fils de Dieu ? As-tu abandonné la ville corrompue, es-tu en route vers la cité du Dieu vivant ? Ou bien, es-tu demeuré jusqu'à maintenant sous l'empire du péché et du diable, asservi à tes convoitises et à tes voluptés. Selon le « prince » que tu reconnais et auquel tu obéis, sera ton salaire.
            Quel est donc ton pays ? L'Egypte ou Canaan ? Appartiens-tu à la sombre région de l'ombre de la mort ou au pays de la vie où resplendit le Soleil de justice ? Tes pensées et tes oeuvres répondent à cette question solennelle !
            Quelle est, enfin, ta nation ? Fais-tu partie du peuple de Dieu ou vis-tu sans Dieu et sans espérance dans ce monde ? Il y a seulement deux peuples : celui où l'on marche selon la chair et celui où l'on marche selon l'Esprit ; celui que gouverne « le chef de l'autorité de l'air » (Eph. 2 : 2) et celui qui est conduit par l'Esprit de Dieu. Notre coeur incrédule imagine peut-être une troisième classe d'hommes formée de personnes n'appartenant ni à l'une ni à l'autre, une sorte de catégorie « intermédiaire » ; mais elle n'existe pas. La Parole de Dieu ne connaît que « les enfants de Dieu et les enfants du diable » (1 Jean 3 : 10). Chers lecteurs, de quel côté vous trouvez-vous ?
 
            Revenons à Jonas. Le passager qui ne se mêlait pas aux autres, celui qui dormait au fond de la cale pendant que rugissait la tempête et que tout le monde était sur le pont, l'inconnu que le sort venait de désigner comme à l'origine de tout le mal, commence à parler. Il va raconter à ses compagnons de voyage, dans leur propre langue, celle de Canaan, ce qui le concerne. Sa bouche était restée obstinément fermée, le Seigneur l'oblige à l'ouvrir ! «  Je suis Hébreu », répond le prophète aux mariniers, « et je crains l'Eternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre ».
            En lisant cette portion du livre, on pense à ce peuple d'Israël non moins mystérieux que le personnage qui le représente ici. Il n'a pas soulevé contre d'autres la colère de Dieu, mais cela le poursuit depuis des siècles ; il rend, au milieu des nations, auxquelles il ne s'est point mêlé jusqu'à ce jour, un involontaire mais éloquent témoignage aux oracles de Dieu ; prédicateur muet mais puissant, il proclame la justice du Dieu qu'il n'a pas voulu recevoir et dont il n'a pas publié les miséricordes. C'est donc un monument de sa juste colère, en attendant de l'être de ses éternelles compassions.
            Je suis Hébreu, un nom qui dérive sans doute d'Héber, arrière-petit-fils de Sem (Gen. 11 : 10-17) ou peut-être d'un autre mot signifiant : « qui provient de l'autre côté, qui traverse ». C'est le nom reçu par Abraham (Gen. 14 : 13) depuis qu'au commandement de l'Eternel, il a traversé l'Euphrate pour se rendre au pays de la promesse ; c'est aussi celui que reçurent, après lui, ses descendants, de la lignée d'Isaac. Il implique l'appel et l'élection de Dieu avec leurs heureuses conséquences.
            Le chrétien est aussi un « Hébreu ». Il quitte le monde à la voix du Seigneur, pour rejoindre la vraie terre de la promesse, dont Canaan n'était qu'une pâle image. Jonas confesse être un membre de ce peuple qui a, pour son Dieu et pour son Roi, le Créateur lui-même. Heureux peuple que l'Eternel, par son appel, avait distingué d'entre tous les autres avec les glorieuses prérogatives qui l'accompagnaient. Mais un Hébreu, en raison même de ses privilèges, était plus coupable qu'un autre s'il s'égarait.
            « Je crains l'Eternel », dit Jonas, comme l'avait déclaré Joseph (Gen. 42 : 18). Ce n'était pas le Dieu de telle ou telle ville, de tel ou tel pays, avec ses divinités imaginaires, la vanité que chacun de ces marins pouvait adorer. C'était «  le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre ».
            Puis, achevant son humiliante histoire, Jonas justifie le Seigneur et se condamne lui-même. C'est le signal et le prélude d'une vraie repentance ; la prière qu'il va tout à l'heure adresser à Dieu autorise pleinement à le croire. Et cependant, il y a des personnes qui contestent à Jonas le caractère d'un enfant de Dieu. Ont-elles bien lu son livre ? Connaissent-elles leur propre coeur ? Il y a sans doute en lui beaucoup de misère. Il s'enfuit vers Tarsis quand l'Eternel l'envoie en Assyrie ; il oublie le Seigneur, fait taire la voix de sa conscience et dort pendant que des païens prient. Plus tard, il montrera que le salut de Ninive lui tenait bien moins à coeur que son propre bien-être et sa réputation ! Sa conduite envers cette ville, son emportement au sujet du kikajon, achèvent de manifester sa nature volontaire, égoïste, irritable que rien ne semblait pouvoir assouplir ! Nous le verrons enfin terminer par le murmure et l'insolence un ministère qu'il avait commencé par la désertion ! Voilà le « vieil homme », dans ce qu'il a, sans doute, de plus révoltant. Mais à côté de cette nature rebelle, il y a de bonnes choses chez le fils d'Amitthaï ! Que de traits révèlent en lui ce qui nous dirions maintenant correspondre à la présence du « nouvel homme » !
            D'abord, c'est par lui que nous avons, directement ou indirectement, l'humiliant récit de ses torts. Ecoutons la confession qu'il fait de ses fautes. Il déclare devant ces païens qu'il appartient à un peuple qui rejette les idoles et sert le seul vrai Dieu, le Créateur des cieux et de la terre. La supplication qu'il fait monter plus tard à Dieu, dans l'abîme, est la prière d'un croyant. Il est dans le ventre d'un cétacé et il s'écrie : « Je regarderai encore vers le temple de ta sainteté » (2 : 5). Dieu l'entendra.
            Jonas n'est pas un homme endurci ; c'est un serviteur - et même, en certaines circonstances précises - un type du Messie. De plus, c'est un prophète et Dieu lui confie un message pour Ninive. Certes, son comportement nous rappelle les pensées de notre coeur, son égoïsme, son irritation, sa jalousie, ses révoltes secrètes et toutes nos contestations avec Dieu.  
            Cependant, les aveux du prophète au milieu de la tempête, des craquements du navire et de la confusion générale de l'équipage, ont produit leur l'effet. Saisis de frayeur, les marins disent à Jonas : « Qu'est-ce que tu as fait ? ». Ces hommes « savaient qu'il s'enfuyait de devant l'Eternel, car il le leur avait déclaré ». Tous n'avaient sans doute pas entendu parler de l'Eternel, le Dieu d'Israël, et des miracles que son bras avait fait en faveur de son peuple (Jos. 2 : 10-11). Maintenant, ils commencent à réaliser qu'Il est le Dieu qui a créé le monde et qui le gouverne. Rien d'ailleurs n'émeut autant un coeur d'homme que la pensée d'un jugement directement venu du Ciel. Mais la discipline s'exerce d'abord à l'égard de ses enfants coupables, son jugement commence par la maison de Dieu mais ensuite tous les incrédules devront boire la coupe de sa juste colère (Jér. 25 : 15). « Quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtront l'impie et le pécheur ? » (1 Pier. 4 : 17-18). Que sera le débordement de son courroux, au grand jour des rétributions !
 
            « Pourquoi as-tu agi ainsi ? », disent les marins phéniciens à ce prophète hébreu. Quel reproche dans la bouche de ces gens-là ! Mais il faut que la malice de Jonas le châtie jusqu'au bout ; il faut que ses infidélités le reprennent afin qu'il sache et qu'il voie que c'est une chose mauvaise et amère d'avoir ainsi abandonné l'Eternel, son Dieu (Jér. 2 : 19). « Pourquoi agir de la sorte s'il est vrai que tu crains l'Eternel et que tu es son prophète? Comment as-tu pu offenser à ce point Celui qui t'a honoré de tant de grâces ? Et s'Il est réellement le Créateur des cieux et de la terre, ainsi que tu viens de l'exprimer, comment as-tu pu imaginer fuir loin de sa présence, nous exposant par ta désobéissance à périr tous avec toi ? Quel exemple enfin tu as donné ainsi, toi, un Israélite et un prophète, à tes compatriotes et aux Gentils ! ».
            « Pourquoi as-tu fait cela ?, disent d'autres Gentils à un autre Jonas ; pourquoi as-tu rejeté avec mépris le Saint d'Israël et foulé aux pieds sa Parole, toi qu'Il avait choisi pour être son peuple particulier et son messager auprès des nations ? Pourquoi, par ton ingratitude, par la dureté de ton coeur et par toutes tes révoltes, as-tu donc attiré sur toi ses justes jugements? Pourquoi t'être volontairement abaissé au dernier rang des peuples, toi que son amour avait destiné à devenir leur lumière, leur salut, leur modèle et leur gloire ? Oui, pourquoi as-tu fait cela ? ».
            C'est encore ce qu'il faudrait savoir dire avec amour à quiconque délaisse la voie de la justice et tourne le dos à Celui qui l'appelait à son propre royaume et à sa propre gloire. Et c'est surtout ce qu'il faudrait dire à soi-même, quand nous nous sommes écartés du saint commandement que Dieu nous avait donné. Pourquoi ai-je offensé Celui qui m'a comblé de tant de faveurs ? Ne répond-il plus à mes voeux ? N'est-il plus ce bon Maître qui donne à ses serviteurs ce qui est bon ? Ou peut-être ai-je pensé que la piété n'est pas le plus grand des « gains » ? Le monde au fond me convient mieux que Jésus ?
            Nos oeuvres démentent parfois la profession de nos lèvres. Abraham a dû précisément entendre un tel reproche de la part d'un homme des nations, Abimélec (Gen. 20 : 9). Frères, ne nous exposons jamais à entendre quelqu'un nous dire : « Toi, tu te dis enfant de Dieu, un disciple de Jésus, éclairé par sa Parole et participant de son Esprit, comment as-tu pu agir de cette manière ? ». Ce n'est pas l'exemple que nous devons donner à nos frères et au monde. Conduisons-nous plutôt de telle manière que nous ne soyons pas en scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'Eglise de Dieu. Faisons mieux encore : que la lumière de nos bonnes oeuvres brille devant les hommes, afin que les paroles aient sur nos lèvres toute l'autorité que donne une vie sanctifiée ; que, selon l'expression du Sage, elles soient, dans notre bouche, comme « des pommes d'or incrustées d'argent » (Prov. 25 : 11).
            Au reste, ce texte, comme la Bible entière, répète cette grande leçon : le bonheur appartient à l'âme qui se tient près du Seigneur et marche avec lui. Avec Asaph, elle dit : « M'approcher de Dieu est mon bien » (Ps. 73 : 28), ou avec Samuel : « Parle, Eternel, car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3 : 9), ou encore avec Esaïe : « Me voici, envoie-moi » (Es. 6 : 8). Nous aurons la paix et la tranquillité, au lieu de l'orage. Cette assurance sera la nôtre : « Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l'Eternel pour de longs jours » (Ps 23 : 6).
 
                                                                                             
 
LE CONSEIL AU BORD DU NAVIRE : Chapitre 1 (v. 11-14)
 
« Et ils lui dirent : Que te ferons-nous, afin que la mer s'apaise pour nous ? Car la mer allait grossissant toujours. Et il leur dit : Prenez-moi et jetez-moi à la mer, et la mer s'apaisera pour vous ; car je sais que c'est à cause de moi que cette grosse tempête est venue sur vous.  Mais les hommes ramèrent pour regagner la terre ; et ils ne purent pas, car la mer allait toujours grossissant contre eux. Et ils crièrent à l'Eternel, et dirent : Ah, Eternel ! que nous ne périssions pas, nous t'en prions, à cause de la vie de cet homme ; et ne mets pas sur nous du sang innocent ; car toi, Éternel, tu as fait comme il t'a plu ».
 
 
            Jonas n'était pas au bout de ses peines. Les marins lui dirent : « Que te ferons-nous afin que la mer s'apaise pour nous ? » ; car la mer était toujours plus violemment agitée par la tempête. Ils venaient d'apprendre que Jonas était un prophète : ils ne feront donc rien sans l'avoir consulté auparavant. Ils lui disent en quelque sorte : « Jonas, toi le serviteur du Dieu qui a fait les cieux et la terre, nous sommes à ton sujet dans une grande perplexité ». Ils comprennent sans doute que s'ils le gardent plus longtemps à bord, ils risquent fort de périr avec lui ; cependant, mettre la main sur sa personne, blesse leurs sentiments les plus intimes et ils craignent aussi que le Dieu qu'il sert ne venge son sang sur eux. Ils lui demandent donc ce qu'ils doivent faire !
            On peut, dans une mesure, admirer ces païens : leur conduite est de nature à faire rougir de honte beaucoup de chrétiens de profession, si prompts à juger un pécheur et surtout à lever la main contre les enfants de Dieu, s'ils ont bronché. Ils seraient prêts à les jeter à la mer s'ils en avaient le pouvoir.
Il y a une certaine bonté dans la façon de faire de ces hommes ; ils ont été émus par les aveux de Jonas et ils ont pitié de lui. Il a pourtant des torts à leur égard ; il est responsable de la perte de leurs biens et du danger de mort qu'ils courent. Ils seraient en droit de le jeter à la mer ; pourtant ils ne le font pas. Il voudrait qu'il leur indique une autre voie de salut.
Oui, certes, il y a là pour nous un exemple à suivre. Au lieu de traiter durement un homme qui s'est laissé surprendre par quelque faute, aidons-le plutôt avec douceur à revenir, sauvant ainsi parfois une âme de la mort ou couvrant une multitude de péchés (Gal. 6 : 1 ; Jac. 5 : 19-20). Si son endurcissement nous oblige à nous éloigner de lui, ne le jetons pas - pour ainsi dire - à la mer, du moins pas avant d'avoir épuisé tous les autres moyens de le ramener à Dieu. N'abandonnons pas le coupable entre les mains de Dieu avant d'être obligés de constater qu'il refuse de se repentir. Surtout, ne condamnons pas avec rigueur celui qui se juge et se condamne lui-même ; ouvrons nos bras à ceux auxquels Dieu lui-même ouvre les siens. Qui sommes-nous pour repousser celui que Dieu accueille et pour retenir des péchés qu'Il a lui-même remis ?
 
            Ici Jonas prononce lui-même sa sentence : « Prenez-moi, leur dit-il, et jetez-moi dans la mer, et la mer s'apaisera pour vous ; car je, sais que c'est à cause de moi que cette grosse tempête est venue sur vous ». Jonas est prêt à mourir. Déjà quelques siècles auparavant, David avait dit à l'Eternel : « N'est-ce pas moi qui ai commandé de dénombrer le peuple ? C'est moi qui ai péché et qui ai mal agi ; mais ces brebis, qu'ont-elles fait ? Eternel, mon Dieu, je te prie, que ta main soit sur moi et sur la maison de mon père, mais qu'elle ne soit pas sur ton peuple pour le frapper » (1 Chr. 21 : 17). Le même esprit semble animer le fils d'Amitthaï : il estime qu'il doit être le seul sur lequel le châtiment doit tomber ! Heureuse disposition de son coeur. En est-il bien ainsi ? Dieu seul pourrait le dire. En tout cas, plus tard, irrité, il dira aussi : «  Maintenant, Eternel, je t'en prie, prends-moi ma vie, car mieux me vaut la mort que la vie » (4 : 3). Il faut se défier de soi-même, s'appuyer seulement sur Christ et Lui dire : « Je ne suis qu'un faible enfant, tiens-moi dans ta main » !
            Néanmoins, il semble que Jonas parle ici en prophète. Il comprend sans doute que c'est la volonté de Dieu qu'il soit jeté à la mer pour qu'elle s'apaise. Il ne peut saisir la portée symbolique de l'acte que ces hommes vont accomplir. Dieu dirige tout : ce qui va se passer arrivera sous une autre forme, un jour, au Messie. 
            Le langage de Jonas autorise à croire qu'il a déjà dans le coeur les sentiments de contrition et de foi que sa prière exprimera bientôt. Son humiliation et l'intérêt qu'il montre pour le salut de l'équipage ont ému ces marins : ils reculent à la pensée de jeter à la mer cet homme qui s'humilie ! Il est bon de se rappeler que tout ceci se passait à une époque où Israël n'hésitait pas à porter la main sur les fidèles prophètes qui l'avertissaient de la part de Dieu tandis que ces païens tremblent à la pensée de mettre la main sur Jonas, coupable pourtant. Ils  espèrent encore qu'à force de courage et d'efforts, ils parviendront à regagner enfin la rive. Ils cherchent donc de toutes leurs forces à regagner la terre. Ils « creusent » (dit l'original), ils « labourent » en quelque sorte la mer, de tout l'effort de leurs rames. Mais ils ne peuvent venir à bout de leur entreprise, la mer est de plus en plus agitée. Elle va briser leur navire et engloutir en même temps les pauvres marins en détresse. Il faut que Jonas soit jeté à la mer ! Nul autre moyen ne peut apaiser les flots en furie.
            Jette aussi à la mer ton Jonas, mon frère ; tu es poursuivi par l'orage intérieur d'une mauvaise conscience, et en même temps, peut-être par l'orage de la tribulation. Tu pousses inutilement sur les rames pour atteindre un port, un asile, un ancrage ! Jette à la mer le péché qui t'obsède, ton idole favorite, cette convoitise que tu caresses secrètement (Job 20 : 12-14), ou la volonté propre retenue obstinément dans ton coeur. L'orage qui bat ta nacelle s'apaisera et tu retrouveras la paix. Tu ne peux obtenir la délivrance qu'à ce prix. Dieu prolongera sa discipline aussi longtemps que tu continueras à résister.
 
            Cédant à la nécessité, les mariniers se disposent à jeter Jonas dans les flots (v. 13) ; mais ils ne le feront cependant pas avant d'avoir crié à l'Eternel. Ils disent : « Eternel ! que nous périssions pas, nous t'en prions, à cause de la vie de cet homme ; et ne mets pas sur nous du sang innocent; car toi, Eternel, tu as fait comme il t'a plu » (v. 14).
            Tel est le fruit de cette épreuve venue d'en Haut : au lieu d'invoquer, comme auparavant, chacun leur dieu personnel (v. 5), les marins implorent maintenant l'Eternel, le Dieu vivant. Spectacle précieux de ces païens, adressant tous ensemble cette touchante prière, à Dieu ! A présent, ils reconnaissent que l'Eternel est le grand Dieu des cieux et de la terre, le Créateur, Celui qui gouverne le monde. Ils s'inclinent devant Sa volonté souveraine et Ses décrets mystérieux ; ils pensent fermement être seulement les instruments de la colère divine. Ils supplient l'Eternel de ne pas leur imputer la mort de cet homme.
            Frères, suivons l'exemple que ces païens nous donnent ; obéissons d'abord à Dieu d'un coeur simple quand, par sa Parole, Il nous appelle, individuellement ou collectivement, à fuir ou à rejeter un pécheur. Mais, tout en faisant ce qu'Il nous commande, examinons-nous sérieusement ; ne combattons pas le péché chez autrui sans l'avoir sincèrement rejeté dans notre propre coeur. Malheur au « Jonas » qui prêterait son concours à en jeter un autre à la mer ! Agissons avec humilité, nous rappelant qu'il est écrit : « Prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Gal. 6 : 1).
 
            La prière achevée, on se saisit de Jonas. Cruel instant pour lui ! Il va se trouver face à face avec ce Dieu dont il avait voulu fuir la présence ! Il appréhende ce moment ! Hélas, ceux qui s'enfuient loin de Dieu, savent-ils vers quelle ruine ils courent ? Ah, qu'ils rompent au plus tôt avec l'iniquité et qu'ils se jettent repentants dans les bras du Seigneur. Sinon la tempête augmentera lentement et ils seront plongés tout à coup dans l'éternelle perdition !
 
            Mais élevons nos yeux plus haut. La page que nous lisons est pleine de mystères. Le livre de Jonas est avant tout un livre typique, essentiellement messianique. Ce prophète dans l'épreuve ne nomme jamais le grand Prophète d'Israël. Pourtant Jonas le dépeint dans les actes les plus importants de sa vie. C'est bien le Fils de Dieu que nous apercevons derrière le fils d'Amitthaï. Il évoque Ses détresses, Sa mort, Sa résurrection, la prédication de Son Evangile dans le monde. Avec une telle perspective, le livre s'agrandit ; on y discerne avec bonheur Celui qui est notre salut et notre vie. En même temps des difficultés disparaissent ; ce qui demeure, pour le Juif et pour l'incrédule, un mystère, n'est plus obscur pour nous. Nous avons la clef de l'énigme ; c'est du Seigneur lui-même que nous la tenons (Matt. 12 : 39-41 ; Luc 11 : 29-30).
            En particulier, nous comprenons le sens de cette terrible parole : « Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer s'apaisera pour vous ». Jonas a dû la prononcer, mais il ne pouvait pas être conscient qu'il le faisait en tant que faible type du Messie. Il y a quelques analogies et beaucoup de contrastes entre les circonstances traversées par Christ et par Jonas. Jonas a dû subir la colère de Dieu à cause de sa désobéissance. La colère divine a frappé Jésus à cause de notre péché. Le Seigneur pouvait dire, en parlant de lui-même : « Il y a ici plus que Jonas » (Luc 11 : 32) ! Tous les prophètes ont rendu « par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pier. 1 : 11).
            Jonas n'était qu'un serviteur, souvent infidèle, dans la maison de Dieu ; Jésus en est le Seigneur et le Maître. Tandis que Jonas n'avait que le nom de « colombe » (Jonas, en hébreu, signifie « colombe »), Jésus a été une vraie colombe, parfaite en innocence et en douceur ; il supporta la contradiction des pécheurs contre lui-même avec une patience inaltérable et Il versa sur Jérusalem les larmes de la compassion.
            Jonas est un rebelle qui tourne le dos à son Maître, fuit vers Tarsis, quand il doit aller à Ninive. Jésus, le Saint de Dieu, déclare au Père, en entrant dans le monde : «  Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre » (Ps. 40 : 7). « Lui qui était riche a vécu dans la pauvreté » (2 Cor. 8 : 9), rencontrant sans cesse la contradiction, les insultes et la fureur de ses ennemis. Sans se plaindre, Il a accepté de la main du Père la coupe des souffrances et l'a bue tout entière pour nous. Enfin, pendant que Jonas, à l'origine de la tempête, est comme forcé de dire aux mariniers : « Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer s'apaisera pour vous », c'est, au contraire, comme le Juste que Jésus a souffert volontairement pour nous les injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pier. 3 : 18).
            Outre l'incompréhensible amour et le dévouement du Christ pour son peuple, nous voyons dans cette page de l'Ecriture un exemple de ce qui se passe journellement dans le monde. Ce navire ballotté par les orages, n'est-il pas le symbole de la postérité malheureuse d'Adam exposée, du fait du péché de son chef, à la tempête et à tous les maux qui en sont le juste salaire, ces « convoitises charnelles, qui font la guerre à l'âme » (1 Pier. 2 : 11) ? Elle est en même temps habitée par la crainte de la mort et de la colère à venir. Cette mer soulevée par les orages semble une image de la triste existence de l'homme, dans un monde misérable que nous traversons pour aller vers le bord invisible du monde à venir.
            Ces marins, enfin, qui tentent vainement de regagner la rive, en ramant de toute leur force, ne sont-ils pas une frappante allégorie des hommes qui s'épuisent en efforts inutiles contre la tempête, entraînés par leurs passions. Ils appréhendent la colère de Dieu et cherchent à atteindre un port désiré.
            Quelqu'un dira peut-être : Mais c'est mon propre état que vous dépeignez ! Et il demandera ce qu'il doit faire pour que la tempête s'apaise « pour lui ». Que faut-il lui répondre ? Cessons tout d'abord de lui dire qu'il doit chercher à maîtriser lui-même ses mauvais penchants pour apaiser le Dieu saint irrité par ses offenses. La tempête, au lieu de se calmer, gronderait toujours plus et il serait plongé dans un malheur plus grand encore. Il doit regarder plutôt vers le Rédempteur qui, pour délivrer les hommes de la condamnation de la Loi - et de l'empire du péché - s'est volontairement présenté pour subir à leur place les coups de la juste colère de Dieu contre le péché.
            Mettez en Lui toute votre confiance ; attachez-vous à Lui entièrement ; recevez avec simplicité de coeur sa Parole qui affirme que celui qui croit au Fils a la vie éternelle (Jean 3 : 36) ; reposez-vous enfin sur son amour. Alors, cette voix puissante qui commande au vent et à la tempête imposera silence aussi à vos passions ; le calme renaîtra dans votre conscience. Et sous l'action de l'Esprit qui habite dans le croyant, votre coeur goûtera cette paix de Dieu qui surpasse tout intelligence (Phil. 4 : 7).
 
 
                                                D'après E. Guers – « Jonas, fils d'Amitthaï » 1846
 
    (A suivre)