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LES DISPENSATIONS (8)
 
 
6 - La loi et la grâce
 
                        Deux dispensations
 
            « La Loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1 : 17).
            Plus de la moitié de la Bible a été écrite durant la dispensation de la Loi, et porte les caractères de cette période. Or nous sommes dans une autre dispensation. Cela signifie-t-il que ce qui a été écrit dans les temps précédents n'est pas pour nous ? Par les nombreuses citations qu'ils font de l'Ancien Testament, le Seigneur et les apôtres y font référence comme à une autorité absolue, l'Ecriture qui « ne peut être anéantie » (Jean 10 : 35). Jésus dit qu'il n'est pas venu pour abolir la Loi ou les prophètes, mais pour les accomplir (Matt. 5 : 17). Et à la question : « Annulons-nous donc la Loi par la foi ? », Paul répond : « Au contraire, nous confirmons la Loi (Rom. 3 : 31).
            D'une part, il y a de grands contrastes entre ces deux dispensations - le Seigneur et les apôtres les soulignent avec force - et d'autre part, il y a une unité merveilleuse dans l'ensemble de la parole de Dieu. Nous pouvons profiter pleinement de ce que Dieu a révélé autrefois, pourvu que nous laissions la lumière du Nouveau Testament briller sur les pages de l'Ancien. La confusion des dispensations de la loi et de la grâce, au cours de l'histoire de l'Église, a été la source de beaucoup de maux.
 
 
                        Des choses révolues
 
            Les normes du bien et du mal découlent de la relation de l'homme avec son Créateur, et sont indépendantes des dispensations. Craindre Dieu, lui être soumis, être droit, ne pas mentir, ne pas tuer son prochain, ne pas le voler, être fidèle à son conjoint, honorer ses parents... ce sont des devoirs de l'homme vis-à-vis de Dieu, aussi bien avant et après la Loi que durant cette dispensation. Agir de façon contraire, c'est pécher.
            La loi donnée à Israël formule ces devoirs de façon très détaillée et y ajoute des règles d'ordre cérémoniel (par exemple touchant les sacrifices, les fêtes, les animaux impurs). Par l'alliance du Sinaï, le peuple était placé dans une relation particulière avec l'Éternel, dans laquelle l'obéissance à la loi attirait sa bénédiction - et la désobéissance, sa malédiction.
            Cependant, si les prescriptions morales de la loi résultent de principes divins qui sont hors du temps, ses prescriptions cérémonielles étaient pour cette dispensation-là seulement. Nous les voyons formellement mises de côté dans le Nouveau Testament, par l'autorité même du Dieu qui les avait données. Voyons trois exemples :
                        - Le chapitre 10 des Actes nous relate une vision l'apôtre Pierre, dans laquelle il apprend que la distinction entre les animaux purs et impurs n'existe plus, et, que le christianisme efface les privilèges particuliers du peuple Juif relativement aux autres nations. Dès lors, l'évangile, va être prêché parmi toutes les nations.
                        - La circoncision était le signe extérieur de la place spéciale d'Israël comme peuple de Dieu. La question de savoir s'il fallait continuer à la pratiquer a soulevé de grandes discussions parmi les chrétiens Juifs du début (cf. Act. 15). Et si, d'une part, Dieu a usé d'une grande patience envers les Juifs qui avaient de la peine à se détacher de leurs rites, il a, d'autre part, conduit l'apôtre avec énergie contre ceux qui voulaient obliger les chrétiens à être circoncis. C'est l'objet l'épître aux Galates. « Si vous êtes circoncis, Christ ne vous sera d'aucun profit », dit l'apôtre (Gal. 5 : 2)
                        - L'épître aux Hébreux a été écrite pour montrer aux Juifs que tout le système de la loi - en particulier la sacrificature et les sacrifices - était mis de côté. Il s'agissait « d'ordonnances charnelles, imposées jusqu'au temps du rétablissement » (Héb. 9 : 10). Mais Christ étant venu, nous avons en lui le seul sacrifice capable d'ôter les péchés (10 : 12, 14), et le sacrificateur parfait qui « nous convenait » (7 : 25, 26). Ainsi, « le commandement antérieur a été abrogé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n'a rien amené à la perfection) » (7 : 18, 19).
 
            Il ne faudrait pas déduire de tout ceci, comme plusieurs ont pensé pouvoir le faire, qu'une partie de la Loi - appelée la Loi cérémonielle - est révolue, alors que l'autre partie -  la Loi morale - est encore en vigueur dans le christianisme. Le système de la Loi forme un tout, et c'est de ce système que la grâce nous affranchit : « vous n'êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce » (Rom. 6 : 14). Nous reviendrons sur ce sujet.
 
 
                        Deux principes de justification
 
            La différence essentielle entre la dispensation de la Loi et celle de la grâce concerne le moyen par lequel l'homme peut être justifié devant Dieu.
 
                        - le principe de la loi
            De façon générale, l'Ancien Testament - à partir du moment où Israël est sous la loi - nous présente un Dieu qui donne la bénédiction et la vie... mais sous la condition d'obéir. Bénédiction et vie sont aussi des éléments de base du christianisme, mais ces caractères ont alors une portée assez différente.
            Dans le Lévitique, Dieu avertit son peuple : «Vous garderez mes statuts et mes ordonnances, par lesquels, s'il les pratique, un homme vivra » (Lév. 18 : 5). Dans le Deutéronome, il commande à son peuple de l'aimer, de marcher dans ses voies, de garder ses commandements, et il ajoute : « afin que tu vives et que tu multiplies, et que l'Éternel ton Dieu te bénisse dans le pays où tu entres pour le posséder » (Deut. 30 : 15). Et plus loin : « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta semence, en aimant l'Éternel ton Dieu, en écoutant sa voix, et en t'attachant à lui ; car c'est là ta vie et la longueur de tes jours » (v. 19).
            Quant à la justice, Moïse dit : « Ce sera notre justice que nous prenions garde à pratiquer tous ces commandements devant l'Éternel » (Deut. 6 : 25).
            Les Israélites ont-ils pu acquérir par ce moyen la vie, la bénédiction, la justice ? Certainement pas, mais la réponse claire à cette question n'est donnée que dans Nouveau Testament. En attendant, ceux qui marchent dans la crainte de Dieu et dans le respect de ses commandements, ceux qui se confient en Dieu, sont appelés des justes. Ce sont eux que Dieu bénit (Ps. 5 : 12 ; Prov. 10 : 16), eux dont il prend soin (Ps. 34 : 15, 17, 19), eux qu'il reconnaît comme ses « Saints » et ses « serviteurs » (Ps. 34 : 9, 22).
 
                        - Le principe de la foi
           « Moïse décrit ainsi la justice qui vient de la Loi : "l'homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles" » (Rom. 10 : 5). Et en grand contraste avec cela, l'apôtre Paul décrit « la justice qui vient de la foi » (v. 6). Ces deux justices sont fondées sur des principes aussi différents que possible : d'un côté la  Loi et les oeuvres qu'elle réclame, de l'autre la foi en Christ et l'oeuvre qu'il accomplie.
            Aux Juifs, le message est donné : « Sachez-le donc... par lui (Jésus) vous est annoncé le pardon des péchés, et de tout ce dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (Act. 13 : 39).
            Les chrétiens de Galatie - qui n'étaient pas des Juifs avaient reçu l'évangile par le ministère de Paul. Peu après, sous l'influence de docteurs judaïsants, ils étaient en grand danger d'abandonner le vrai terrain de la grâce, en mêlant à celle-ci des éléments de la loi. Très anxieux à leur sujet, l'apôtre Paul leur écrit : « L'homme n'est pas justifié sur la base des oeuvres de loi, ni autrement que par la foi en Jésus Christ... sur la base des oeuvres de loi, personne ne sera justifié » (Gal. 2 : 16). « O Galates insensés, qui vous a ensorcelés ? » (3 : 1). « Tous ceux qui sont sur la base des oeuvres de loi sont sous malédiction ; il est écrit, en effet : Maudit est quiconque ne persévère pas dans tout ce  qui est écrit dans le livre de la Loi pour le faire » (3 : 10). La Loi ne peut se contenter d'une obéissance partielle ou approximative ! Mais « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (3 : 13).
            Dans l'épître aux Romains, l'apôtre établit d'abord la culpabilité de toutes les classes d'êtres humains; puis il déploie le merveilleux plan de salut de Dieu. « Maintenant, sans loi, la justice de Dieu est manifestée, comme en témoignent la Loi et les Prophètes : la justice de Dieu par la foi en Jésus Christ » (Rom. 3 : 21, 22). « La Loi et les Prophètes » - ici, les écrits de l'Ancien Testament - avaient déjà rendu témoignage à l'avance, quoique de façon plus ou moins voilée, au fait que Dieu justifierait les croyants sur un autre principe que celui de la loi.
            « Sans Loi », sans que les oeuvres de la loi soient réclamées à l'homme, sans qu'il apporte quoi que ce soit de ses mérites, Dieu le justifie, s'il croit en Jésus. Dieu est juste en le faisant (v. 26), parce qu'Il justifie sur la base de l'oeuvre expiatoire accomplie par Jésus à la croix. Ainsi, nous sommes « justifiés gratuitement par sa grâce » (v. 24). L'apôtre insiste sur le contraste entre le principe des oeuvres et celui de la foi : « A celui qui, sans faire des oeuvres, croit en Celui qui justifie l'impie, sa foi est comptée à justice » (4 : 5). « Ayant donc été justifiés sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu... » (5 : 1-3).
            L'apôtre Paul avait une douleur continuelle dans son coeur en pensant aux Israélites, ses frères selon la chair, qui n'étaient pas sauvés (9 : 1-3). Il leur rend témoignage qu'ils avaient « du zèle pour Dieu, mais non pas selon la connaissance » (10 : 2). Dans les pays christianisés, combien d'âmes aujourd'hui sont dans la même situation ! En effet, « ignorant la justice de Dieu et cherchent à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu : en effet, Christ est la fin de la Loi pour justice à quiconque croit » (10 : 3, 4). Ceux qui cherchent à établir leur propre justice - sur la base de leurs bonnes oeuvres ou de leurs mérites - sont, relativement à la justice de Dieu, à la fois ignorants et insoumis. Ils ignorent les exigences de cette justice, qui ne peut laisser dans l'oubli le moindre manquement ; et ils ne se soumettent pas au seul moyen de salut que Dieu offre.
 
 
                        La bénédiction et la vie
 
            Nous nous sommes arrêtés sur l'immense différence entre la loi et la grâce quant au moyen d'obtenir la bénédiction et la vie - dans un cas, l'obéissance aux commandements de Dieu, dans l'autre, la foi en Christ. Mais il y a encore une autre différence. Elle se trouve dans ce que représentent les mots bénédiction et vie, dans chacun des cas.
            Les bénédictions promises à Israël étaient surtout terrestres : richesse, paix, prospérité matérielle (Deut. 28 : 1-14 ; 30, 15). Par contre, les bénédictions chrétiennes sont essentiellement spirituelles (Eph. 1 : 3). Sur la terre où Jésus a été rejeté, le croyant fidèle doit s'attendre à une place qui ressemble à celle de son Maître. Ses trésors sont dans les cieux, non sur la terre.
            De la même manière, la vie que Dieu promettait à celui qui gardait la loi n'était pas révélée comme la vie éternelle, mais plutôt comme une longue vie sur la terre (Ex. 20 : 12 ; Deut. 30 : 20 ; Prov. 3 : 2). Le Nouveau Testament nous présente la vie éternelle en liaison étroite avec le Fils de Dieu : « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle » ; « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie » (1 Jean 5 : 20, 11,12). Dieu mettra sans doute les croyants de l'Ancien Testament au bénéfice de l'oeuvre de Christ, mais il ne pouvait le révéler clairement avant sa venue sur la terre. Ces croyants ont aussi reçu la vie divine, non par l'obéissance à la Loi, mais sur le principe de la foi.
 
 
                        La justice
 
            Il y a aussi une grande différence entre la portée du mot justice dans l'Ancien Testament et dans le Nouveau. Les livres des Psaumes et des Proverbes, en particulier, parlent très souvent du juste (en contraste avec le méchant, l'impie, le pécheur, le moqueur, etc.). Ces mots : justes et justice se rapportent en général à un état pratique de crainte de Dieu et de confiance en lui, d'où découle une marche éloignée du mal. Il s'agit de justice pratique.
            De son côté, le Nouveau Testament insiste avec force sur le fait qu' « il n'y a pas de juste, non pas même un seul... car tous ont péché » (Rom. 3 : 10, 23). Mais « Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3 : 18). Ceux qui, en raison de leurs péchés, étaient des « injustes » sont déclarés « justes » par Dieu lui-même. Ils sont « justifiés », justifiés gratuitement par sa grâce. Il ne s'agit pas seulement de justice, mais de « justification ».
            Il n'est donc plus question de leur propre justice, de celle que leurs oeuvres pourraient - ou plutôt ne pourraient pas - leur procurer. Il est question d'une justice qui leur est « comptée » par Dieu, le juste Juge, en raison de leur foi (Rom. 4 : 5, 11). Nous en avons le modèle en Abraham (donc avant la Loi) : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » (Rom. 4 : 3).
            Sous la Loi, il s'agissait de la justice de l'homme. Sous la grâce, il s'agit de la justice de Dieu. A la croix, le Seigneur Jésus a été notre substitut devant le Dieu juste et saint. Il a répondu devant lui de tous les péchés que nous avons commis, comme aussi de la source corrompue dont ils proviennent : Il a été « fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5 : 21). Il « nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1 : 30). C'était un acte de justice de la part de Dieu de faire subir à Christ tout le jugement que nous méritions. C'était aussi un acte de sa justice de ressusciter et d'élever dans la gloire Celui qui l'avait pleinement glorifié dans sa mort sur la croix. Et c'est encore un acte de la justice de Dieu de déclarer justes ceux qui croient en Jésus, ceux pour lesquels il a souffert.
            Ainsi, nous sommes sauvés sur le fondement de la justice de Dieu, et non sur celui d'une dérogation à sa justice (qui d'ailleurs serait impossible).
 
 
                        Pourquoi donc la Loi ?
 
            La Loi n'avait pas « le pouvoir de faire vivre » (Gal. 3 : 21). « Elle était faible par la chair » (Rom. 8 : 3) - appliquée à la chair, elle ne pouvait amener aucun bon résultat. Elle était bonne en elle-même (Rom. 7 : 12), comme juste expression des exigences de Dieu envers l'homme naturel, mais elle demandait le bien chez ceux qui étaient incapables de l'accomplir, et elle interdisait le mal à ceux qui ne pouvaient pas s'empêcher de le faire. On comprend que la question soit posée : « Pourquoi donc la Loi ? » (Gal. 3 : 19).
            On trouve la réponse dans les épîtres aux Galates et aux Romains. La loi « a été ajoutée à cause des transgressions » (Gal. 3 : 19), c'est- à-dire « dans le but de faire ressortir le mal par des transgressions » (cf. note de la version Darby). Elle est « intervenue afin que la faute abonde ; mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5 : 20). Les deux termes ajoutée et intervenue évoquent le fait qu'après l'époque où les promesses de Dieu assuraient ses dons à ceux en qui habitait la foi (cf. Gal. 3 : 18), il a plu à Dieu d'introduire pour un temps une chose nouvelle, qui était la Loi.
            L'effet de la Loi était de faire connaître le péché : « par la Loi est la connaissance du péché » ; « je n'aurais pas connu le péché, si ce n'avait été par la Loi » (Rom. 3 : 20 ; 7 : 7).
            La Loi était un test de l'homme, de sa nature corrompue, de ce que Paul appelle « le péché » en Romains 7. Il fallait que le péché « paraisse péché » ; il fallait que, « par le commandement », il devienne « excessivement pécheur » (v. 13). La loi était donc une expérience que Dieu faisait avec l'homme - avec Israël comme représentant de l'humanité - pour manifester son état irrémédiable de perdition. Elle était nécessaire pour l'homme, non pour Dieu - qui connaissait toutes choses à l'avance
 
 
                    J.-A. M – article paru dans le « Messager Evangélique » (1999 p. 165-174)
 
(A suivre)