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Avant la chaleur du soleil
 
 
Exode 16 : 21
 
 
            L'aube en été ! Spectacle unique de la nature que l'homme moderne ignore souvent. Pas seulement le lever du soleil sur les grands sommets, alors que, dans la nuit, on a quitté le refuge et que, surmontant rocs et glaciers, on s'est élevé très haut dans la montagne. Mais ce lever du jour dans la campagne ou sur les collines où s'éveille la vie, dans toutes ses formes et sa fraîcheur, quand l'âme se sent disposée à écouter la Voix qui pourrait remplir de joie sa journée : « Rassasie-nous, au matin, de ta bonté ; et nous chanterons de joie, et nous nous réjouirons tous nos jours » (Ps. 90 : 14).
 
            Cette heure si importante de la rencontre journalière, du tête-à-tête avec l'Ami divin, est à la portée de chacun : à la ville comme à la campagne, dans la nature ou dans la chambre solitaire – toujours Il sera là, prêt à parler et à écouter. Si l'Israélite au désert ne s'était pas levé à temps pour recueillir « chaque matin » la manne, « chacun en proportion de ce qu'il mangeait », il aurait dépéri (Ex. 16). S'il tardait quelques heures, « à la chaleur du soleil cela fondait ».
            La soirée s'est prolongée ; le lendemain, on se lève au dernier moment et l'on a tout juste le temps de prendre son petit déjeuner avant de partir à l'école ou au travail. Pourtant, la « manne » était à portée ; l'Ami fidèle était tout prêt à réconforter l'âme et à la fortifier pour la journée. Mais on a pensé : « Plus tard j'aurai le temps » et... « à la chaleur du soleil », la bonne intention s'est évanouie.
 
            « Nous avons porté le faix du jour et la chaleur » (Matt. 20 : 12), disent, dans la parabole, les travailleurs de la première heure. Le Maître apprécie sans doute leur effort et leur donnera le denier convenu. Le Seigneur bénit le travail de celui qui s'attend à Lui, la persévérance dans les études, l'effort dans la tâche journalière, la constance pour entretenir sa jeune famille. Mais si, à l'aube, l'âme n'a pas été intérieurement renouvelée, l'ambiance ne sera-t-elle pas bientôt marquée par « le faix du jour et la chaleur » ? On reprendra le harnais avec courage, avec acharnement peut-être, mais on en sentira tout le poids.
            Si, au contraire, à la première heure du jour, avant que l'esprit ne s'adonne à assimiler des connaissances nouvelles, ou à répondre aux mille tâches journalières, on a pris l'heureuse habitude de consacrer, comme le disait quelqu'un, « un quart d'heure sur 96 » pour s'asseoir aux pieds du Maître, quelle différence en résultera dans toute notre vie !
 
            L'herbe était verte, la fleur s'épanouissait ; « le soleil s'est levé avec sa brûlante chaleur et a séché l'herbe ; et sa fleur est tombée, et la grâce de sa forme a péri » (Jac. 1 : 11). Pourquoi en est-il ainsi de plus d'un jeune, ou d'un plus âgé, parmi nous ? Il avait de l'intérêt pour les choses de Dieu ; il fréquentait régulièrement le rassemblement ; il s'épanouissait dans l'ambiance chrétienne... et petit à petit, insensiblement mais trop réellement, l'intérêt pour les choses d'En Haut a baissé. D'autres préoccupations, d'autres distractions ont rempli la vie. « La chaleur du soleil » est venue : les examens, l'effort pour réussir, la multitude des sollicitations qui remplissent les journées, les soirées et les périodes de vacances. Et, hélas, « la fleur est tombée ». N'y a-t-il pas eu, à la base, l'absence progressive de cette nourriture fondamentale que rien, ni réunions, ni contacts, ni rencontres, ne peuvent remplacer : le tête-à-tête matinal avec le Seigneur, où l'on recueille ce qu'Il a à nous dire et où, devant Lui, on dispose sa prière (Ps. 5 : 3) ?
 
            Il faut de l'énergie, une « vertu » constante (2 Pier. 1 : 5). Malgré le froid, l'obscurité ou la fatigue, ne voulons-nous pas nous lever quand même « chaque matin » et, sans être obsédés par l'heure qui passe, prendre le temps de faire silence ? Comme Moïse autrefois, écouter « la Voix qui parle » et « Lui parler » (Nom. 7 : 89) ?
            Quand « les racines de l'arbre » se sont étendues vers le courant, sa « feuille » ne se flétrit pas « à la chaleur du soleil », et « dans l'année de la sécheresse », il ne cesse de porter du fruit (Jér. 17 : 8) ; tandis que les épis semés dans la rocaille sont « brûlés quand le soleil se lève », car « ils n'ont pas de racine en eux-mêmes » (Marc 4 : 6, 17).
 
 
                                             G. André – article paru dans « Feuille aux jeunes »